Foto G. Trucchi | LINyM

Je continue à suivre ce qui se passe après les élections au Honduras, et de nouveaux éléments qui montrent la genèse d’une fraude électorale qui va bien plus loin qu’un tripotage des urnes – même à aussi grande échelle – ne cesse de s’ajouter à d’autres. Et je sens bien cette incrédulité partagée : comment une fraude aussi monumentale peut elle être construite sur une durée de plusieurs années, impliquant des convergences de méthodes dont une grande partie sont documentées et accessibles, et être passée sous silence par une presse aux ordres qui aussi bien au Honduras qu’en Occident acclame unanimement la « victoire » du candidat de l’oligarchie transnationale Juan Orlando Hernandez, devenu JOH, symbole de l’horreur continuée pour un peuple hondurien qui rêvait d’un avenir à nouveau  confisqué.

Tout commence en 2008, quand l’Empire soucieux de ramener sous sa tutelle un Honduras qui s’en émancipe, renvoie sur place en ambassade, Negroponte, le sulfureux ambassadeur des Contras, qui – ambassadeur au Honduras au début des années 80 - accorda soutien et complicité aux escadrons de la mort de sinistre mémoire. L’homme des mauvais coups, celui qui fut envoyé au Mexique pour mater les zappatistes ou en Irak pour assurer le contrôle étasunien sur les pays implosé par la guerre de conquête US après la mise hors jeu de Saddam Hussein.

Depuis nous pouvons suivre les étapes d’une main mise continuée des transnationales sur le gouvernement du Honduras, sa population, son territoire, ses richesses naturelles. Quand Negroponte, au grand scandale des populations victimes de ses exactions, débarque au Honduras le 3 juin 2008, le signe est clair, la première étape vient d’être franchie qui annonce le retour du pire, la trame se tisse alors qui conduira un an plus tard, le 28 juin 2009 au coup d’état militaire qui renversera Mel Zelaya, le président libéral qui soucieux du bien être du peuple opère un glissement à gauche. (*Honduras : analyse d’;un coup détat 1: Le mythe de la réelection. - Le blog de Anne Wolff)

2009 personne ne peut croire qu'un coup d'état militaire condamné unanimement par  l'ONU va se poursuivre.

Il n’est pas le premier, de Castro à Zelaya en passant par Chavez, nous voyons des souverainistes, se radicaliser quand ils comprennent que jamais l’empire du Nord ne tolérera que les peuples du Sud se libèrent de sa tutelle, comme il lui est inacceptable que les pays du Sud mettent en danger « ses intérêts »,autrement dit mette en marche des mesures de répartition de richesse, qui donnent accès au peuple aux conditions du bien être mais diminue des profits qui ne peuvent être maximaliser que par l’exploitation sans contrepartie des ressources naturelles de ces pays et la soumission des populations au joug de l’esclavages, dans les mines ou les plantations, dans les fabriques des zones franches. Pour ce faire l’empire du nord va s’inféoder une oligarchie locale qu’il créera éventuellement de toute pièce, une classe de nouveaux riches, exempte d’éthique, qui lui sera d’autant plus dévouée qu’elle lui doit tout.

 


C’est donc bien avant le coup d’état 2009 qu’a commencer la mise en place de la construction qui permettrait aux transnationales d’imposer leur candidat comme président légitime à la suite de l’élection du 24 novembre dernier. Après le renversement de Zelaya, les élections de novembre 2009 s’étaient déroulées dans un climat de répression, boycottée par les partisan du président légitime, de telle manière qu’il manquait au gouvernement qui en était issu, les apparences d’une légitimité avérée.

C’est ce plus de légitimité que devait assurer le 24 novembre des élections entièrement manipulées, à travers une préparation continuée depuis le coup d’état. Non seulement le candidat du Parti National en tant que président du Congrès, avait concentré le pouvoir de manière à contrôler tout à la fois, le tribunal électoral, mais aussi l’armée chargée de la logistique électorale et des interventions d’intimidations tant des électeurs que des observateurs étrangers les plus malvenus. Le statut d’observateur a même été refusé à l’ex président du Brésil Lula da Silva, à la Prix Nobel de la Paix Rigoberta Menchu et à l’ex juge B ; Garzon. Ce dernier viendra néanmoins y apporter le grain de sable de son observation et de son témoignage à charge contre une fraude organisée conjointement par les officialistes et l’ambassade des E.U. L’ambassadrice de ce pays, Kubiske, apparaîtra tout au long de la campagne comme une sorte de porte-parole du gouvernement hondurien, organisant la partie technique de l’élection, accordant une formation à 6OO OOO honduriens à qui l’ambassade étasunienne fait distribuer des cartes d’électeurs accompagnées d’une formation au bon vote. En autres formes d’ingérence flagrante (La embajada de EEUU “enseñó a votar” a 600 mil hondureños - Por: Norelys Morales Aguilera)

 


L’église également y a été de son “coup de crosse” contre le parti Libre, Liberté et Refondation, mené par Xiomara Castro qui avait pris la tête de la résistance populaire lors du coup d’état en 2009. Elle a même fait très fort, puisque le vice-président de la Confraternité évangélique – qui compte près de 2 millions de fidèles - est apparu à la télévision, Roy Santos, il y a un peu plus d’un mois pour annoncer que Dieu lui-même lui était apparu pour critiquer la candidature de Xiomara Castro, menaçant de châtier le pays (Dieu) si les Honduriens ne respectait pas les conséquences du coup d’état qu’il (dieu) avait organisé en juin 2009 en votant pour l’axe du mal (Libre) plutôt que pour les continuateurs de son (dieu) putsch militaire redresseur de tort. Si, si, il a osé, pas dieu, Roy Santos… Bref le coup d’état planifié par Washington et réalisé avec sa participation, s’avère soudain être la réalisation d’un plan imaginé par Dieu lui-même. On aura tout vu.

Et oui, en plus des campagnes de dénigrements dans la presse qui renversent entièrement les rôles et font des auteurs du coup d’état militaire des braves bergers venus chasser les loups communistes (Zelaya) et son équipe qui conduirait le pays vers la misère, et aussi, on vient de le voir, voter pour Libre serait s’exposer à la perte de son âme.

Ajoutons à cela des tripotages de votes qui amènent à se poser des questions sur le bourrage d’urnes avant ouvertures des bureaux, en faveur de JOH, en faisant voter y compris les morts, les transferts douteux des bulletins, que ce soit par système électronique ou les mallettes à charge de l’armée, les incohérences dans les retranscriptions de résultats et les bulletins écartés ou disparus (400 OOO) pour des raisons restées mystérieuses… au bas  mot 8OO OOO votes litigieux ou envolés, on a assisté à une fraude d’une ampleur inédite, à la fabrication confiscation d’une élection à travers une machination polymorphe de longue durée… Nous voyons que des observateurs s’indignent du silence qui leur a été imposé (Honduras : un observateur électoral de l'Union européenne dénonce… -- Maurice LEMOINE   ) quand aux tricheries dont ils furent témoins, alors que d’autres après avoir été enlevés ou intimidés par l’armée ou des paramilitaires, ont tout simplement renoncé à leur fonction, par peur pour leur intégrité personnelle… je ne vais pas reprendre la listes de tous les éléments, j’en avais rassemblé quelques-uns dans de précédents bilans, je voulais surtout revenir sur cette incrédulité qui transparaît de toute part : comment une élection peut-elle avoir été manipulée à ce point, alors qu’une certitude grandissante habite les membres et les sympathisants de Libre, malgré le recomptage des votes qui a leur demande se fera très probablement, sans pourtant changer des résultats très clairement écrit d’avance par les employeurs de Kubiske, ambassadrice yankee qui n’a pris aucune précaution pour dissimuler ce qui est une ingérence flagrante, allant jusqu’à prévenir qu’elle déciderait du moment opportun pour annoncer les résultats des votes, le TSJ étant sommé de ne présenter de résultats que ceux qui se conformeraient aux résultats – décisions – de l’ambassade..

Comment face à une fraude d’une telle ampleur, sentons un tel sentiment d’impuissance, celui né de la quasi certitude que le rétablissement de l’équité ne se fera pas par une rectification de la fraude et que le peuple du Honduras va devoir trouver d’autres moyens pour se préserver et vaincre ce que la résistante lenca Bertha Caceres coordinatrice de la COPINH, particulièrement menacée de mort à présent, qualifie à juste titre de Dictature transnationale ? (Les mouvements sociaux à l’épreuve d’une « dictature transnationale » - Mémoire des luttes)

 

Depuis ces élections des manifestations ont eu lieu, en particulier une mobilisation étudiante anti-JOH s’organise. La manifestation de Libre dimanche a Tegucigalpa était endeuillée par l’assassinat la veille d’un de ses motards militants par des sicaires, qui a fait son dernier voyage au sein de la manifestation, couché dans son cercueil.

Donc si les assassins ne chôment pas au Honduras, les répresseurs non plus puisque les militaires de l’opération Xatruch organisait en fin de semaine dernière une chasse aux militants dans le Bajo Aguan, alors que le gouvernement de transition négocie la cession d’une nouvelle étendue de quelques trente mille KM (la Belgique) carré de fond marins, après celle équivalente accordée au groupe BG  aux larges de la Moskita (Honduras, pétrole, le groupe bg et la farce de la “consultation” à la mode serna ) et l’installation d’une base étasunienne plus grande encore que celle de Palmerola dans la même région.

Je crois que l’essentiel a été dit concernant les élections et leur confiscation. Commence à présent pour les Honduriens une période plus dure encore que celle qui a précédé et ressemble toujours d’avantage, à l’horreur des années 80, avec quelques perfectionnement dans le régime de terreur. Une fois de plus les Honduriens ont fait appel à la protection de la communauté internationale, une fois de plus leur cri a été étouffé par l’indifférence de l’opinion publique, Le peuple du Honduras a donc repris le flambeau de ce combat qu’il doit mener sans attendre de soutien extérieur.  Et il le fait puisque la constitution des dossiers de fraude qui ont été déposé lundi au Tribunal Suprême Electoral a demandé la participation de dizaines de milliers de personnes pour les collecter et les rassembler, l’action collective d’une population consciente qui se bat pour son droit à la vie d’abord et à une bonne vie, et ce n’est pas gagné !

 


 

Je continuerai les suivi des exactions du régime hondurien, et de celles qu’il autorise les transnationale à pratiquer sur son territoire grâce à leurs armées de quelques 60 000 mercenaires et plus présent sur le territoire de ce petit pays d’Amérique Centrale. J’espère pouvoir relater de nombreuses victoire et avancée d’un mouvement populaire engagé dans un combat à mort.

Et bien des images le disent, si le peuple du Honduras, débordants d’énergie et d’enthousiasme luttait en 2009, les yeux brillant pour le retour de Mel Zelaya  qui construisait avec et pour ce peuple un nouveau destin, un avenir meilleur, aujourd’hui, les visages souvent ravagés par la souffrance, avec le regard sombre de ceux qui doivent au quotidien vaincre la terreur ambiante, parlent d’un peuple qui se bat avec l’énergie du désespoir.

Je continuerai donc a relayer ces luttes pour une meilleure planète, que mènent des populations lointaines,  toutes conscience et intelligence collective en éveil,  rempli d’une courageuse détermination d’affronter la mort plutôt que de se soumettre, mais je n’attendrai plus de voir mes voisins se solidariser, comment le pourraient-ils, ces troupeaux qui se laissent aujourd’hui mener à l’abattoir avec la soumission de ceux qui croient que l’austérité et la misère sont inéluctables.  Là haut l’Olympe a décidé. Car c’est cela, mes voisins sont des esclaves pour qui cette notion d’une sorte d’Olympe dirigeante fait sens et qu’ils acceptent sans trop rechigner, et c’est cela justement que combat la population éveillée du Honduras, la notion même d’Olympe, non pas des maîtres mais bien des ennemis qu’il s’agit de remettre à leur juste place, sur le plancher des vaches, au raz des pâquerettes…

 


Anne Wolff 

 

source photo :  Giorgio Trucchi | LINyM

 

Libre y Fnrp se movilizaron en Honduras contra el fraude electoral

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Foto G. Trucchi | Opera Mundi


les étudiants sont mobilisés pour leur avenir



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