Croissance qualitative : le quartier de la Baraque menacé
13 mai 2010 Le quartier de la Baraque se voit à nouveau menacé. La Baraque c'est aux dires de beaucoup comme le village d'Astérix, un hameau gaulois qui résiste dans un monde romanisé. Ce quartier doit lutter de manière récurrente contre la volonté des administrateurs-spéculateurs de l'Université de le faire disparaître.
Fondé parallèlement à Louvain-La-Neuve city, dans les années 70 le quartier à trouvé son équilibre et atteint un rythme de croisière grâce à une gestion collective fondée sur le consensus.
Ce n'est pas la première fois que les habitants du quartier doivent affronter la volonté des spéculateurs de l'université de récupérer le terrain occupé par les constructions originales, un mode de vie "à part" pour le rentabiliser. Il ne s'agit pas ici de croissance qualitative, vous l'aurez bien compris mais de pure spéculation immobilière.
Il faut avoir visiter simultanément la Baraque et les cages à lapins que sont certains studios de la ville (450 à 500 euros pour 25 mètres carrés de constructions mal finies, mal isolées qui se dégradent à toute vitesse) pour s'interroger sur l'opportunité d'appliquer ici le plan H.P. qui vise à reloger les habitants permanents des campings et zones de loisir dans des logements traditionnels. Toute la perversité de ce plan censé venir en aide aux personnes à vie précaire apparaîtra alors, incontestable.
La Baraque n'a rien d'un bidonville. C'est un lieu de vie fort agréable avec une diversité de logements, - roulottes, cabanes, bulles, maisons de terre pailles, serres - qui ont admirablement réussi à s'intégrer harmonieusement entre eux et dans le paysage. Bref, c'est un bien joli endroit, un endroit où se vit au quotidien la croissance qualitative : écoconstruction et faible empreinte écologique, convivialité et solidarité entre les habitants.
Il est plus que douteux que les enfants du quartier qui vivent dans un grand jardin où ils peuvent s'épanouir en liberté gagne en qualité de vie une fois relogés dans l'univers aseptisé de béton caractéristique de Louvain-La-Neuve ville.
Voici donc un exemple parfait de la "protection" que notre société accorde à ses membres contre leur volonté et de l'usage pervers de lois fait en ce sens. Un exemple : pour protéger les locataires des propriétaires qui voudraient leurs louer des logements insalubres, une norme est fixée, un minima pour la hauteur des plafonds. Cette norme est aujourd'hui utilisée dans un sens qui va à l'encontre de l'esprit (avoué) de la loi pour tenter de déclarer insalubres certaines des roulottes pleines de charme du quartier de la Baraque.
Ce lieu devrait au contraire être protégé et donner en exemple de solution pour les problèmes de logements que connaît aujourd'hui notre pays. Une manière de démontrer comment recyclage, solidarité, convivialité, créativité permettent une vie de qualité avec de petits budgets. Mais sans doute cette insulte faite au tout consumérisme, à l'absolue spéculation est-elle insupportable pour un système qui dans sa volonté de conformisation ne peut tolérer les exemples qui infirment son absolue nécessité.
Voici une vidéo, assez ancienne mais toujours d'actualité qui vous donnera un bon aperçu du quartier, de son histoire et de son quotidien