Pauvreté : Réalité subie par plus de 8 millions de personnes en 2009, dans la 5e puissance économique du monde. La moitié perçoit moins de 773 euros par mois pour vivre, soit une somme inférieure à celle de la définition du seuil de pauvreté !
Ils étaient 8 millions à gagner moins de 954 euros par mois, soit 400 000 personnes de plus que l’année précédente, selon la dernière étude de l’Insee (datant de 2009 !). Près de 20 % des mineurs vivent dans une famille pauvre ; un étudiant sur cinq vit en dessous du seuil de pauvreté ; comme une famille monoparentale sur trois (essentiellement des femmes) et 35 % des chômeurs.
La pauvreté concerne aujourd’hui la ville comme la campagne, qui tend à devenir le réservoir des laissés-pour-compte. Les ruraux sont en moyenne plus souvent pauvres que les autres. Le taux de pauvreté monétaire moyen dans l’espace rural en 2006 est de 13,7 %, contre 11,3 % dans l’espace urbain. En outre, dans plus d’un tiers des départements de France métropolitaine, le taux de pauvreté dans la population rurale dépasse 19 %.
Au final, la pauvreté concerne, en tout, 13,5 % de la population française. C’est le chiffre le plus mauvais enregistré depuis de nombreuses années. Pourtant, en 2006, Nicolas Sarkozy déclarait : « Si je suis élu, d’ici deux ans il n’y aura plus un seul SDF dans les rues ». Ils seraient 150 000 en 2011, soit un nombre deux fois plus élevé que voilà dix ans quand, dans le même temps, les revenus des 0,01 % des ménages les plus riches s’élève à 13 millions d’euros par an, soit plus de un million d’euros par mois, l’équivalent de 1 000 Smic et 2 200 RSA.
Cette hausse inédite de la pauvreté s’explique par la politique menée par l’équipe Sarkozy, qui ajoute de la crise à la crise : inaction coupable face aux licenciements des plus fragiles et à l’explosion des inégalités, baisse des allocations logement, hausse d’impôts indirects, diminution du taux d’indemnisation des arrêts maladie, réduction de plus d’un quart des budgets de l’hébergement d’urgence (Samu social), au prétexte que cela coûte trop cher. Ainsi, rien qu’en Île-de-France, 5 000 places d’accueil des sans domicile vont devoir être supprimées, alors qu’on estime à près de 15 000 le nombre de lits déjà manquants.
Surendettement : Situation personnelle de crise vécue par au moins 800 000 ménages ; fruit d’une mécanique organisée par le secteur bancaire profitant de l’insuffisance structurelle des revenus, liée à la faiblesse des salaires et à la précarisation de l’emploi.
Les ménages pauvres et modestes n’arrivent plus à « joindre les deux bouts ». Pour s’en convaincre, il suffit de lire le rapport du Secours populaire de 2011, qui pointe l’augmentation de près de 20 % du nombre de personnes aidées. Dès le 10 du mois, les trois quarts des revenus des ménages les plus fragiles sont déjà partis pour payer les dépenses incompressibles et pré-engagées – qui augmentent depuis une décennie : loyers, charges locatives, assurances, téléphone… Résultat : le nombre de ménages en situation de surendettement a considérablement augmenté ces dernières années. Fin 2009, environ 800 000 ménages étaient officiellement en situation de surendettement, sans compter tous ceux qui n’avaient pas déposés de demande, par crainte d’être stigmatisés ou par méconnaissance des procédures. Entre mars 2007 et mars 2009, selon la Fédération française des banques, la proportion de ces ménages se déclarant en difficulté financière est passée de 20 à 50 %. Le nombre de demandes de dossiers de surendettement a lui-même augmenté de près de 20 % en deux ans. Une autre preuve de la détérioration de la situation financière des ménages réside dans l’augmentation du niveau moyen d’endettement, qui s’élevait en 2009 à environ 40 000 d’euros.
Les crédits revolving, proposés par les banques aux ménages les plus pauvres, sont l’une des causes principales d’endettement de ces populations. Ce système, particulièrement pervers, consiste à proposer des prêts à la consommation, de faibles montants, mais à des taux prohibitifs pour des personnes qui ne peuvent, faute de revenus suffisants, se vêtir ou se nourrir sans utiliser cette carte de crédit.
Les propositions des associations de consommateurs, visant à interdire ce type de prêts, n’ont bien sûr jamais été entendues compte tenu des intérêts bancaires auxquelles elles se heurtent. La ministre de l’économie s’est d’ailleurs bien gardée de les remettre en cause quand elle en a eu l’occasion.
Smic : Salaire minimum que l’équipe Sarkozy s’est refusée à augmenter au-delà du minimum légal, pour le plus grand bénéfice du patronat (0,20 euro de gain de pouvoir d’achat du Smic horaire en cinq ans, dont 0,01 euro en 2011 !)
Le Smic est le plus bas salaire dû par l’employeur pour un travail effectué. Ce n’est ni une allocation, ni une assistance, ni un revenu. C’est un salaire interprofessionnel et un salaire de croissance pour assurer aux travailleurs une participation au développement du pays. C’est une question de justice sociale, de reconnaissance du travail, et d’efficacité économique. C’est aussi un outil pour l’égalité salariale entre les femmes et les hommes : toute hausse du Smic fait baisser l’écart de salaires, puisque les femmes sont deux fois plus souvent au Smic que les hommes (c’est le cas de 20 % d’entre elles contre 11 % des hommes). Or, le cap décidé par l’équipe Sarkozy est le même que celui de Reagan et de Bush avant lui : à savoir, organiser la diminution du salaire minimum pour mieux le supprimer, et créer de cette manière une armée de réserve propre à tirer l’ensemble des salaires à la baisse.
C’est ainsi, d’abord, que le report de la fixation du taux du Smic, du 1er juillet au mois de janvier de chaque année, vise à tirer vers le bas les négociations de branche ou d’entreprise, qui ont lieu en début d’année. Ensuite, cette fixation se fait sur les propositions d’une « commission d’experts », prétendue indépendante, selon le souhait de Laurence Parisot, patronne du syndicat patronal (Medef).
De surcroît, et jusqu’en 2013, le gouvernement a supprimé les sanctions éventuelles applicables aux entreprises bénéficiant d’exonérations de cotisations (à hauteur de 20 milliards d’euros), mais ne respectant pas le Smic. Enfin, les branches dont le salaire minimum conventionnel est inférieur au Smic ont obtenu l’autorisation de rester dans cette situation illégale pendant deux ans.
Bref, tout a été fait pour casser le Smic pendant ce quinquennat. Le prétexte ? Ne pas pénaliser l’emploi ou la hiérarchie des salaires, parce que le Smic serait trop contraignant, trop élevé, etc. C’est évidemment faux puisque que les cotisations sociales des employeurs ont baissé de 40 à 14 % depuis 1993. La moyenne de nos salaires, non seulement, n’est pas trop élevée, mais elle est dans la moyenne de ceux de l’UE. Dans un pays comme l’Espagne, où les salaires sont plus bas, il y a davantage de chômage que dans les pays scandinaves, où les salaires sont plus élevés. Ce sont les pays les plus pauvres qui ont les temps de travail les plus importants. Ce sont les travailleurs ayant les plus bas salaires et le moins de qualifications reconnues qui sont les plus exposés au chômage. Les salariés de la restauration, par exemple, qui ne sont soumis à aucune concurrence internationale, ont le plus triste sort.
Quel bilan dresser du quinquennat qui se conclut ? En partenariat avec la Fondation Copernic, qui regroupe des syndicalistes, des acteurs des mouvements sociaux et des chercheurs, Basta ! vous propose chaque jour un abécédaire des « maux » du quinquennat extrait du livre Sarkozy, bilan de la casse, aux éditions Syllepse [1].