Comprendre la globalisation, apprendre à y résister
Ça commence comme un titre d'un roman de Vargas Llosa : « La “gringa” aux yeux bleus et le café bio ». Une jeune femme, Christelle Bittner, journaliste et blogueuse française, se plaît au Pérou. Elle pose ses valises dans un coin reculé de la selva Central, à Pichanaki. Une région que les Péruviens des montagnes, en mal de terres, sont venus coloniser et apprivoiser au milieu du siècle dernier.
Bravant la jungle, ils sont arrivés là avec leurs mules chargées de sucre et de sel. A coups de machette, ils ont déblayé la terre et ont fini par la rendre productive : ils ont réussi à faire pousser du maïs, du cacao, des agrumes, des bananes et du yucca pour se nourrir, et du café pour le vendre.
Parmi les premiers colons, une femme, Lucía Cárdenas, crée le village Union Pucusani et une plantation de café de 100 hectares dans les années 1960.
Christelle est accueillie par cette famille. La jeune femme raconte :
« Ce sont des gens qui offrent tout alors qu'ils n'ont rien. Un paysage magnifique, sauvage, qu'eux appelaient leur “enfer vert”. Mais un enfer que les cultivateurs de café ont fini par aimer, au fil du temps. »
Pourtant, malgré cet attachement à la terre et au café, de nombreux cultivateurs commencent à quitter la selva (la forêt) pour « descendre » en ville : la culture du café bio (en Amérique latine on dit « organique ») est fragile : asperger la plante de produits chimiques est un geste plus facile puisqu'il permet d'augmenter la production (même si le chimique a un coût) ; ne pas l'asperger signifie faire la sélection à la main, produire moins et plus lentement.
Pour des questions économiques, la culture du café bio, à Union Pucusani, est donc essentiellement artisanale.
Le problème ? « Un café bio et équitable, plus cher à produire, est vendu – c'est aberrant – au même prix que le café qu'on appelle “ conventionnel ”, cultivé avec des pesticides et des produits chimiques à tout va », explique Juan Carlos, petit-fils de Lucía qui s'est lancé dans la production du café bio.
Ce qui veut dire que le prix du café bio ne tient pas compte des efforts et de la qualité qu'assurent ses producteurs, contrairement au discours marketing que nous servent les grandes marques qui nous vendent de l'équitable en France, selon lequel « acheter un produit bio labellisé permet de consommer juste ».
Pour lire la suite, deux sites à visiter, celui de de Christelle: Un Autre Pérou | Chroniques d'une Gringa dans la jungle péruvienne
et celui de l'auteur de l'article avec des commentaires instructifs sur le commerce soi disant"équitable"