La chasse aux grippés A(H1N1) se poursuit
25 août 2009Chez Charlotte ce texte La chasse aux grippés A(H1N1) se poursuit - Le blog de mamie sceptix/Charlotte
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Diplômes
- Ingénieur de l’Ecole Nationale Supérieure des Mines de Saint-Etienne, 1980
- Doctorat de Pharmacologie, Toulouse, 1985
- Doctorat de Philosophie, Poitiers, 1996
La chasse aux grippés A(H1N1) se poursuit
Hermann Broch a tenté de théoriser la folie collective. A l’ère des masses, c’est de folie des masses dont il fut question il y a 70 ans. A l’ère des médias de masse et des paniques sanitaires, une nouvelle folie semble s’emparer de nos sociétés. La chasse au grippés a commencé. Non pas comme une chasse au sorcière, avec les procès et les tribunaux de l’Inquisition, mais une chasse médiatique, doublée de mesures d’isolement telle qu’on se croirait revenu au Moyen Age, avec ses léproseries et ses pestiférés.

Notre pays montre des signes inquiétants. Une affaire toute récente révélée par le journal Sud Ouest fait état d’une vingtaine de jeunes détectés comme grippés, conduit aux urgences, plus rétablis sans même l’usage des antiviraux. Tous les étés il y a des cas de grippe. Mais cette année 2009, il suffit d’une dizaine de patients présentant des signes de grippe pour que toutes les machineries se mettent en branle. Le système sanitaire bien évidemment et c’est son rôle, même si la définition des mesures a été revue ( à la hausse comme du reste la menace qui fut rehaussée d’un cran dans l’échelle des alertes). Le fait de conduire des grippés aux urgences est une pratique assez nouvelle, pour ne pas dire surprenante. Avant, c’était le lit, trois jours de repos et un peu d’aspirine ou de paracétamol pour contenir la fièvre. Mais ce n’est pas tout. Dans cette affaire de banales grippes, toutes les machines se mobilisent. La DASS, la préfecture, la mairie et surtout les médias. On peut se demander combien de temps cette comédie va durer. Ce qui est fort étonnant, c’est que maintenant, le grippé possède une « valeur médiatique » aussi prisée qu’une photo de Ségolène faisant son marché à Saint Trop ou alors une image faussement volée chez les Sarkozy, ou même une réaction de Martine après le pataquès d’un Valls. La traque des grippés ressemble à celle des vedettes serrées de près par les paparazzi. Dès qu’une rumeur de colonie grippée se dessine, les journaux dépêchent leurs employés, préposé à recueillir des informations aussi cruciales qu’un bon mot de George Clooney grappillé sur les marches du palais. Qu’une rumeur de la venue de Madonna se précise dans un village du Roussillon et c’est la horde de journalistes qui débarque. Un centre de vacances dans un patelin d’Ardèche et quatre cas de grippe, cela fait venir au moins quelques journalistes, voire même les radios et les télés. Le monde est devenu fou. Aussi étrange que cela puisse paraître, ce sont les enfants et les moniteurs grippés qu’il faut protéger contre la meute médiatique. Si, c’est exact, ce ne sont pas des bobards si l’on en croit ce billet de Sud Ouest
Les moniteurs du centre de vacance ont dit aux journalistes de partir. Un homme qui semble jouer le rôle de vigile signales aux médias qu’il faut décamper, énervé par leur présence, indiquant que le lieu est interdit, pour finir par brandir des menace en s’écriant, « laissez ces enfants tranquilles ». Et dieu sait s’il a raison. Ces enfants n’ont rien demandé, ni à être filmés, ni à être célèbres. Ce ne sont pas des stars qui, en tant que personnages publics et promotionnés, sont à la limite légitimement surveillés par les médias. De toute façon, ce monsieur avait déjà déminé le terrain en affirmant aux journalistes, « vous arrivez après la bataille ». Vocable sous-entend que cette comédie de cache-cache relève aussi d’une drôle de guerre civile. Quant au autorités, certains semble s’excuser et se justifier que l’affaire ne soit pas sortie plutôt, histoire de se dédouaner des critiques et de justifier leur intégrité en jurant qu’ils n’ont rien caché. Le maire n’a pas répondu non plus. Cette atmosphère est pesante. On dirait que chaque cas de grippe prend une importance démesurée, comme s’il s’agissait d’une fuite d’uranium dans une centrale nucléaire.
par Bernard Dugué (son site)
Décidément, si tant est que les dirigeants de la firme Baxter soient au-dessus de tout soupçon, ils seraient en droit de se demander s’ils ne sont pas maudits. Leur laboratoire est suspecté de multiples malversations, notamment d’avoir livré des vaccins contaminés en 2008. Sur le Net circulent des rumeurs de conspiration mondiale. Les élites se prépareraient à exterminer une partie de la population mondiale en prenant appui sur cette pandémie de grippe qui aurait été fabriquée pour pratiquer une vaccination forcée des gens. Et voilà maintenant que Baxter est encore en ligne de mire des informations alternatives. Cette fois, la nouvelle est partie de CTK, une agence de presse tchèque et anglophone. Le ministre de la Santé tchèque a cessé pour l’instant les négociations avec la firme Baxter pour un motif précis. Ce laboratoire n’a pas pu garantir qu’il livrerait un vaccin homologué par la communauté européenne. L’information n’a pas de quoi faire un buzz. Cette décision entre parfaitement dans les prérogatives d’un responsable de santé. Et fait partie de la routine ordinaire en la matière. Des centaines de produits à visée thérapeutique sont logés à la même enseigne. Et chaque pays dispose de ses propres normes d’homologation. Les professionnels de la pharmacie savent pertinemment qu’entre la découverte d’un principe actif et la mise sur le marché du produit, c’est carrément le parcours du combattant. Une série de quatre phases pouvant durer près de dix ans. Marek Snajdr, le ministre de la Santé, évoque également dans une autre dépêche la dangerosité du vaccin, avec des effets secondaires et un risque de décès. Rien de bien scandaleux, dans un sens ou dans un autre. Qu’un produit fabriqué dans l’urgence soit suspecté de ne pas répondre aux critères d’innocuité en vigueur relève du bon sens. Qu’un responsable de santé parle au nom du principe de précaution est tout à fait légitime. Mais cela ne justifie pas qu’on accuse de tous les maux un laboratoire dont le bon sens démocratique invite à pratiquer la présomption d’innocence. C’est la base même de l’Etat de droit. Un citoyen comme une entreprise a le droit à cette présomption mais lorsqu’il y a un délit, la machine judiciaire doit se mettre en ordre de fonctionnement. C’est sans doute ce que craint le laboratoire Baxter qui n’a aucun intérêt à rester dans la partie en vertu du calcul coût bénéfice. En cas de procès, si la vaccination « tourne mal », les indemnisations risquent de créer un trou dans les profits. Le droit est complexe mais on peut penser qu’en répondant aux critères d’homologation, une firme pharmaceutique peut se prémunir contre des procès un peu trop coûteux. C’est une partie bien ordinaire qui se joue, et bien évidemment, avec son lot de parties de cache-cache, mais dans un contexte extraordinaire, celui de la panique de pandémie.
Une autre information sensible court sur le Net, sans pour autant être reprise par nos médias. Sans doute, étant protégés par cette Europe si stricte, nous ne craignons rien. Les vaccins seront homologués. Seront-ils garantis sans risque ? Ce n’est pas certain. Mais aux Etats-Unis, un petit détail a son importance. La ministre de la Santé Kathleen Sebelius a signé un décret garantissant une immunité juridique préservant les laboratoires pharmaceutiques de tout procès en cas de problème survenant au moment de la vaccination. Autre petit détail qui a son importance, les responsables fédéraux sont eux aussi inclus dans cette clause d’immunité juridique. Ce qui montre bien que l’opération H1N1 est du ressort des autorités sanitaires et politiques, bien plus que des labos qui se contentent de répondre à la demande en escomptant des profits juteux. L’éventualité d’effets secondaires et de cas de décès pouvant être liés au vaccins s’avère être un vrai cauchemar pour ce pays habitué aux pratiques procédurière. Les fabricants de cigarettes en savent quelque chose. Et Apple a intérêt à surveiller ses produits. Un Ipod qui explose et c’est une série de procès. En 1976, une campagne de vaccination contre la grippe fut menée aux Etats-Unis. Un contexte assez proche de celui de 2009. Un nouveau virus fut découvert. En fait, il s’agissait du H1N1 qui avait disparu pendant deux décennies et qui s’invita à la fête. Quant à sa nouveauté, à part qu’il soit du type H1N1 (c’est-à-dire banal puisque présent dans les épidémies saisonnières avant 1960 mais affublé d’un sigle qui fait peur car en 1918 c’était aussi un H1N1) les autorités ne pouvaient rien savoir puisque la technique de PCR n’existait pas, or elle est indispensable pour déterminer le profil génomique du virus. Toujours est-il que chacun a ses propres peurs. Le citoyen faisant confiance aux autorités a peur du virus H1N1, le citoyen qui doute craindra plus les effets secondaires de la vaccination. Laissons de côté les paranos du complot. Quant aux autorités, elles ont peur des procès. Les historiens peineront sans doute à démêler des entrelacs de ce théâtre ubuesque où se déroule le je te tiens par la barbichette. Un citoyen facétieux convoqué par le responsable de sa boîte pour parler vaccination lui lancera « Roselyne je te vois ! ». Pour conclure, la procédure d’immunité juridique décrétée aux Etats-Unis se comprend parfaitement. Mais d’un point de vue politique, c’est tout simplement un coup de canif à l’Etat de droit et l’antichambre vers une dictature sanitaire. Les plus sévères diront qu’il s’agit d’un nazisme sanitaire et face à un responsable de la Santé, ils s’exclameront « Eichmann je te vois ! »
Cette épisode de la pandémie de 2009 s’avère être un cas d’école pour étudier non seulement le déroulement de la pandémie et des répliques sanitaire mais aussi l’état d’esprit de nos sociétés (voir mon livre à paraître si éditeur se précise) Le principe de précaution, pratiqué par les autorités pour gérer le virus, se retourne contre le système puisque maintenant, c’est la vaccination qu’il faut gérer et cette fois, il faut aussi invoquer ce même principe pour prémunir les populations d’un danger nouveau résultant du premier danger (par exemple, risque d’autisme lié à la vaccination). Un cas classique prévu par les prélats de la précaution dans leurs développements canonique et casuistique. Mais assez simple dans le principe. Qui est plus dangereux, le H1N1 ou le vaccin ? Aussi étrange que cela puisse paraître, la presse française assomme le citoyen avec les messages de peur, de recommandations sanitaires, d’expertises officielles sur le virus, quitte à répéter des contre vérités scientifiques qu’un procès intellectuel pourrait établir. Par contre, aucun mot pour les risques de vaccination. Les médias auraient-ils choisi le camp des autorités sanitaires et des laboratoires ? Ce 18 août sur France Inter Dominique Wolton, le spécialiste habilité des médias, a évoqué une presse qui n’a pas de marge de manœuvre, qui doit à la fois informer sur les menaces parce que ça répond à un demande du public qui, depuis Tchernobyl, a besoin d’être alerté pour ne pas virer dans le « on nous cache quelque chose » ; et ne doit pas affoler pour ne pas engendrer une panique populaire. L’analyse de Wolton, assez subtile, n’a pas été assez loin, occultant bien des aspects essentiels du problème et notamment l’effritement de la démocratie, du débat politique, sur ces questions sanitaires, et la docilité de tout un système dont la formule serait « H1N1, nous voilà ! ». La vaccination forcée relève de la même casuistique que le travail forcé si on mène un procès historique.