*Tout est question de logique. Boite à outil n°2. Partie 1
20 avr. 2009
La première boite à outil était l’article « L’utopie ou la mort, un peu de théorie ». Pourquoi des « boites à outils » ? Parce que ces outils sont les armes de la pensée. Les armes dont nous avons besoin pour faire des choix éclairés dans nos prises de position concernant les options pour un monde à venir. Parce que chaque habitant de la planète à le droit de participer -en étant informé et outillé intellectuellement- aux choix qui s’imposent à nous avec urgence (irréversibilité), qui nous concernent tous et chacun et qui seront déterminants pour l’avenir du monde et de ses habitants.
La qualité de l’enseignement ne cesse de se dégrader ! Aucun remaniement de programme cohérent n’a été fait pour permettre aux futurs citoyens de comprendre les enjeux des choix de société qui nous sont posés. De plus, l’univocité des médias renforce constamment les postulats de la Pensée Unique et l’idée qu’il n’y a pas d’échappatoire possible au modèle du Profit, à l’économie dite de Marché avec ses corolaires : concurrence et loi du plus fort, quantification et marchandisage généralisé de tout ce qui peut faire l’objet de commerce ; avec ses doctrines économistes qui reposent sur des postulats qui sont inadmissibles pour ceux qui veulent construire un monde fondé sur des qualités de relations, d’environnement, de mode de vie…
Je me propose donc de partager avec vous les outils que je me suis forgé au fil du temps, de mes expériences, de mes études, de mes rencontres. Chacun peut, à condition d’être prêt à passer au crible de la réflexion les évidences qui constituent sa conception du monde et de prendre la peine de définir clairement son projet pour le futur, se forger ses propres outils d’interprétation du monde.
Non à la logique économiste
« La mesure du coût de la pollution altérant la santé dépend des gains prévus de l'augmentation de la morbidité et de la mortalité… De ce point de vue une quantité donnée de pollution affectant la santé doit être faite dans le pays ayant les coûts les plus faibles, qui sera le pays dont les salaires sont les plus bas. Je pense que la logique économique derrière le déchargement de déchets toxiques dans le pays aux salaires les plus bas est irréprochable et nous devons la regarder en face. »
Larry Summer
Pour le texte complet et en savoir un peu plus sur la grande arnaque du renflouement des banques, lui aussi de toute bonne logique économiste (Je souligne économiste, car ce type d’économie, celle du profit est une forme de gestion économique possible, celle qui implique une dictature de l’économisme et la fin du politique. Contrairement à ce qu’on veut nous faire croire, il existe de nombreuses autres formes de gestion économique possibles pour la planète): L'Aut'Journal - Journal libre et indépendant. Vous trouverez la suite du texte dans la partie intitulée « Le Consensus de Washington ».
Vous y apprendrez également qu’en tant que directeur du FMI, cet homme est responsable de politiques économiques qui ont jeté dans la misère des centaines de millions de personnes à travers le monde. C’est cet homme qu’Obama a nommé à un poste économique clé qui en fait le secrétaire d’état à la relance économique. La majorité de l’équipe économique du président-vedette est du même tonneau.
Il convient donc de nous interroger sur les conceptions du monde de ces gugusses à la triste figure et sur les valeurs qui sous-tendent leur conception du monde car nous allons devoir les affronter et réfuter le droit que prennent les Profiteurs de nous imposer leurs choix de société sans aucune consultation des populations alors que les enjeux sont déterminant pour l’avenir de la planète. Je proposerai de défendre un autre modèle destiné à toutes celles et tous ceux qui sont prêts à pratiquer « simplicité volontaire », coopération, convivialité, chaleur humaine et joie de vivre.
.
Qu’est-ce que la logique et quelles sont ces limites ?
La logique nous instruit au sujet de la validité de la forme de nos raisonnements. Et c’est tout. Il n’est pas de son ressort de juger de la validité des prémisses qui servent de fondation à ces raisonnements.
Aristote a étudié les 64 formes du syllogisme afin de déterminer lesquelles de ces formes constituaient à coup sûr un raisonnement valable. Voici deux exemple, celui d’une forme valide et une autre qui ne l’est pas.
Voici une des formes valides du syllogisme :
Tous les hommes sont mortels Socrate est un homme donc Socrate est mortel
Voici une forme invalide :
Tous les hommes sont mortels Mon chien est mortel donc mon chien est un homme
L’exemple valide ci-dessus est de la forme « tous les X sont Y, S est X, donc S est Y ». « Toutes les vaches sont des mammifères, Marguerite est une vache, donc Marguerite est un mammifère. Autre exemple : « Tous les anarcho-autonomes sont des terroristes, Julien est anarcho-autonome donc Julien est un terroriste. » Nous voyons que la forme du raisonnement reste valide quelles que soient les « valeurs » attribuées à X, Y et S, mais que la vérité est, elle, fonction de la valeur de nos prémisses.
S’il n’existe pas d’anarcho-autonomes et que ceux que l’on appelle à tort ainsi ne sont pas des terroristes, il se pourrait bien que Julien ne soit pas non plus un terroriste. Nous voyons donc que nous pouvons faire dire à la logique ce que nous voulons. Souvent nous nous laissons berner et manipuler, car face à la pertinence apparente d’un raisonnement, nous oublions de nous interroger quant à la validité de ses prémisses.
Les prémisses sont donc autant de jugements de valeur préalables au déploiement de l’enchaînement logique qui nous conduit vers une conclusion qui servira de mot d’ordre à une action. Dans le cas de Julien considéré comme terroriste, l’action est son maintien en prison, ce qui si les prémisses sont fausses serait une erreur judiciaire.
Si nous prenons le texte de Larry Summer ci-dessus, il contient un certains nombres de prémisses qui sont autant de présupposés, autant de jugements de valeur. Le présupposé fondamental est celui, implicite, qui pose la « logique économique (iste) » comme unique moyen possible de gestion du patrimoine planétaire.
Ensuite viennent les présupposés dans lesquels se fondent cette logique qui subordonne les valeurs humaines qualitatives à une valeur quantitative qui suppose ici qu’une personne est évaluée à la mesure de son salaire. En l’occurrence, dans le cadre de cette logique là, le raisonnement de Larry Summer n’est pas irréprochable.
Il fonde ici son raisonnement sur la valeur « salaire perçu », mais dans d’autres textes ce qu’il met en évidence, c’est 1 )la valeur d’investissement que constitue quelqu’un en fonction de l’éducation reçue et 2) la mesure de sa participation potentielle à la genèse d’un futur Profit. Je le précise parce que dans la logique des Profiteurs, tels sont les étalons de mesure de la valeur d’un être humain. S’il ne contribue pas à la genèse du profit, un être humain se voit attribuer une valeur négative par les Profiteurs.
Dans un précédent article je proposais une règle qui disait « Plus une personne gravite haut dans la hiérarchie sociale, plus il est probable qu’elle ait été l’objet d’un conditionnement fort qui lui impose ses manières de percevoir le monde et la réalité selon des catégories préétablies. »
Cela semble bien être le cas de Larry Summer, «brillant économiste » de Harvard, pour qui il semble absolument évident et normal (encore deux notions douteuses) d’utiliser une « logique économique irréprochable » pour décider du sort d’êtres humains sans les consulter, pour décider de l’avenir d’une nation en y important des déchets toxiques susceptibles d’influer négativement sur la santé de ces habitants et de rendre ce pays ou des parties de ce pays inhabitables.
Cet homme est totalement dénué de compassion, d’empathie, de sympathie pour des populations qu’il condamne à la morbidité sans autre forme de procès. Il ne leur témoigne même pas le simple respect du à chaque être humain du simple fait qu’il existe.
Il faut le dire, il y a des gens qui se sont trouvés sous camisole de force pour des délires mégalomaniaques nettement moins démesurés que ceux des zozos de l’élite autoproclamée, qui voudrait également s’autoproclamer « Maîtres du Monde » et qui décide que, vu que nous sommes un peu trop à son goût à avoir des valeurs négatives sur cette planète, il va falloir opérer une réduction drastique de la population. Qu’on leur donne des bacs à sable, des jeux de monopoly et jolis petits entonnoirs à se mettre sur la tête, qu’ils aillent faire joujou entre eux et nous laissent nous mettre au boulot pour réparer les dégâts qu’ils ont commis ! Que penser d’être à la fois privés des émotions naturelles du genre humain et du plus élémentaire sens moral qui prétendent diriger la planète. Sommes-nous obligés d’accepter cela ? Personnellement je refuse !