Comprendre la globalisation, apprendre à y résister
En Bolivie, on a pu voir au cours des derniers jours les équipes d’enquêtes de différentes organisations de droits humains recueillant les témoignages bouleversants des victimes de massacre. Des proches de ceux qui sont morts, en larmes, amènent aux enquêteurs les balles des militaires qui ont tué ceux qui leur êtres chers et les vêtements des défunts transpercés par ces balles. Des gens ont été tués non parce qu’il étaient « séditieux » ou terroriste mais bien parce qu’ils étaient indigènes. Je vais vous traduire ce qu’en dit le Haut Commissaire du Comité International des Droits Humains :
LeHaut commissaire aux Droits Humains déclare :
"La situation en Bolivie est alarmante, très préoccupante. Au point que je commence par la fin et je vous dis : la commission va établir, je suis autorisé à le révéler, que doit être constitué un groupe interdisciplinaire et international d’experts qui puissent être constitué dans le pays et enquêter, approfondir les fait qui ont eu lieu après le renoncement du président Morales et l’annulation électorale qui ont causé au moins deux massacres clairement vérifiés dans l’Alto et l’autre à Cochabamba où il y a eu une vingtaine de personnes qui sont mortes par balles dans des opérations conjointes des forces armées et de la police malgré que l’information officielle parle de morts qui se seraient produites dans des affrontements entre civiles. Nous pensons que cela exige une enquête internationale parce que nous ne rencontrons pas de garanties internes d’enquête impartiale et ferme. Nous allons également poser que la Commission Inter-américaine doit réaliser rapidement une visite dans le pays intégrées par les commissionné(e)s afin de dialoguer, vérifier sur les lieux et amplement avec les autorités, avec les organisations de la société civile, avec la presse, avec les victimes, avec leurs proches sur les faits qui se sont déroulés. Il est également très alarmant de constater que un de ces massacres s’est produit le jour qui a suivit la promulgation de ce décret très questionnable par lequel le gouvernement intérimaire dispose des forces armées et décide que cette intervention sera exempte d’enquête et de tout type de responsabilité. Répression pour les anciennes autorités, répression et réduction au silence d’une partie de la presse et silence délibéré pour l’autre. [une enquête aussi] concernant les personnes qui considèrent avoir été victimes de leurs violation de droit humains pendant le gouvernement d’Evo Morales avant les élections et également victimes postérieures au thème électoral. Il y a une situation très alarmante, un polarisation, des discours de haine, de violence de la part de groupes armés et cela est quelque chose de très sérieux."
Il faut remarquer que si il y aura bien une enquête concernant d’éventuelles violations contre les droits humains de la part d’Evo Morales et de son gouvernement, les crimes contre l’humanité sont eux de la seule responsabilité de l’extrême-droite au pouvoir.
Ce qui frappe en premier lieu, c’est que le délégué du CIDH est dans ce même état de choc de témoins de l’horreur que l’étaient les journalistes internationaux qui filmaient la réalité de la répression et les témoignages des victimes et de leurs proches avant de devoir abandonner le pays à cause des menaces que proférait contre eux le pouvoir putschiste. Le même état de choc dans lequel je me suis retrouvée quand les premières vidéos nous parvenaient qui montraient des scènes de massacres, de rafles de la population civile, des hôpitaux de rue où des volontaires médecins, infirmiers, personnes de bonne volonté tentent de soigner au mieux les blessés alors que certains d’entre eux sont arrêtés pour sédition. Une manifestation pacifique de deuil bombardée de gaz lacrymogène forçant les participants à fuir abandonnant les cercueils qu’ils portaient au milieu des rues. Ils ne respectent vraiment rien.
Le décret promulgué par la présidente usurpatrice, qui a signifié le droit de tuer pour les militaires, le décret 4078 a été abrogé jeudi. Mais ce décret, semble-t-il, n’exemptera pas le pouvoir factice des crimes dont il est responsable face à la communauté internationale.
Les groupes de l’extrême-droite paramilitaires avaient déjà été mis en cause par les organisations de droits humains dès 2008 pour les crimes dont ils étaient responsables, assassinats et agressions de militants du MAS, paysans, ouvriers syndicalistes, et les crimes selon les termes du FIDH, commis contre des personnes « simplement parce qu’elles sont indigènes ou sympathisante du MAS ». C’est ce qui a eu lieu aucours des dernières semaines, des personnes ont été assassinées simplement parce qu’elles étaient indigènes ou opposées au coup d’état.
Samedi dernier lors des débats de la table de négociation entre les mouvements sociaux et le gouvernement de fait, une discussion avait opposé la présidente assassine et le « ministre » de la défense, un personnage répugnant, aux représentants des associations qui exigeaient l’abrogation de ce décret. Et cela donnait envie de vomir. Nous seulement le ton utilisé par le ministre qui semble prendre les militants indigènes qui lui font face pour des imbéciles, mais aussi les mensonges qu’il profère avec beaucoup de conviction comme l’affirmation ceux que l’armée combat sont des étrangers qui se seraient introduits dans le pays pour y semer le chaos. Si,si, il le dit et le répète avec une grande conviction : nous devons combattre les forces étrangères qui ont envahi notre pays. « Tout cela, c’est de la démagogie » lui rétorque un représentant des mouvement sociaux. A d’autres moments l’argument du pouvoir étaient que les morts et les blessés par balles auraient été le résultat d’affrontements entre civiles. Ce que réfute le CIDH. L’attitude tant du « ministre » que de la « présidente » dévoile aussi qu’à leur yeux le vandalisme mérite la peine de mort… et que l’interdiction de tuer le peuple à vue est pour eux une grande frustration, en particulier pour le ministre.
Le CIDH, heureusement, n’est pas dupe et je sais que nous sommes beaucoup à espérer que les enquêtes conduiront le gouvernement putschiste et ses complices devant les Cours de Justice Internationale pour y être jugés pour crime contre l’humanité. Un avertissement pour l’extrême-droite bolivienne et latino qui rêve de pouvoir partir à la chasse aux indigènes sans rencontrer de résistance. Nous sommes tout aussi nombreux à souhaiter que la présence des organisations internationales qui vont enquêter sur le terrain dissuadera les tyrans sanguinaires qui ont confisqué le pouvoir exécutif en Bolivie de perpétuer de nouveaux massacres et tout autre forme d’atteinte aux droits humains et aux droits politiques des personnes.
Anne W
Une vidéo qui montre ce qui s’est déroulé après la confiscation du pouvoir par l’extrême-droite putschiste, comment se sont déroulées les rafles qui se sont produites à ce moment, comme un relent de nazisme :