La situation en Amérique Latine ne cesse de se complexifier, comme le jeu qui consiste à pêcher des gouttes de vérité dans des océans de fausses nouvelles et de propagande plus ou moins élaborée, selon les publics cibles. Des sites auxquels j’ai pu faire confiance pendant des années, soudain semblent changer de bord, un site indigène (Pérou) publie une ode à Camacho, un site de gauche (Espagne) traite AMLO de fasciste…

Camacho "Jamais la Pachamama ne reviendra dans ce palais" dit-il en pénétrant dans le palais présidentiel

Camacho "Jamais la Pachamama ne reviendra dans ce palais" dit-il en pénétrant dans le palais présidentiel

 

 

La situation en Amérique Latine ne cesse de se complexifier, comme le jeu qui consiste à pêcher des gouttes de vérité dans des océans de fausses nouvelles et propagande plus ou moins élaborée, selon les publics cibles. Des sites auxquels j’ai pu faire confiance pendant des années, soudain semblent changer de bord, un site indigène (Pérou) publie une ode à Camacho, un site de gauche (Espagne) traite AMLO de fasciste…

Les fachos de la Media Luna Bolivienne, cela fait des années que je les suis, irrégulièrement, mais j’ai visité plusieurs de leurs sites, lu des centaines des commentaires qu’ils échangent entre eux avec leurs amis d’extrême-droite d’autres pays, d’autres contrées, les appels à exterminer les populations indigènes qu’ils se répètent ad nauseam, et récemment j’ai trouvé un article-enquête qui faisait une synthèse élargie de ce que j’avais pu apprendre jusque-là et qui ne laisse aucun doute Fundamentalista, paramilitar, fascista y millonario: Luis Fernando Camacho, líder del golpe en Bolivia il mériterait une traduction complète… comme tant d’autres sujets… je vais vous en donner quelques éléments qui concordent avec ce que j’ai pu vérifier par ailleurs. Vous trouverez quelques vidéos illustratives sur le lien donné ci-dessus.

C’est un texte de Max Blumenthal, le fait qu’il soutienne clairement Evo Morales n’enlève rien à la valeur informative de l’enquête. Qui est Camacho, qu’est l’Union des Jeunes Cruzenistes qu’il dirige, comment il va émerger du néant politique pour devenir le leader du coup d’état contre Morales alors que quelques jours avant presque personne ni en Bolivie, ni ailleurs n’avait entendu parler de lui, sinon dans les laboratoires de déstabilisations des USA, qui utiliseront les médias aux ordres pour le transformer en un instant en leader de la « révolution démocratique » en Bolivie.

Aujourd’hui quand j’entends les termes Démocratie, Liberté, Société Civile, je cherche la tentacule de la pieuvre fasciste qui se cache derrière les écrans de la désinformation, de la manipulation des consciences, de même que je prend des pincettes quand je vois les mêmes propagandistes matraquer du dictateur, narco-régime, terroriste, non pas pour JOH au Honduras, un des chouchous de Trump, mais bien pour Evo Morales ou autres des hommes à abattre.

Je suis critique de Morales, en fonction de ma propre vision d’avenir, cela n’efface pas tout ce qu’il a fait de bien pour son pays et pour ses habitants. Le taxer de dictateur narco-terroriste, se servir de cette requalification abusive pour le transformer en Cheval de Troie involontaire de l’invasion armée dont les USA menace le Mexique qui l’a accueillit, cela se sont des mensonges, des manipulations de l’histoire inacceptables. L’ex-indigène, oxygénée, remodelée et mal blanchie, qui joue en ce moment le rôle de Présidente très chrétienne (et raciste) de Bolivie, Jeanine Añez, dépose plainte contre AMLO à la Cours Internationale de Justice de la Haye parce qu’il « protège un terroriste ». Tout cela semblerait ridicule, si cela ne s’articulait pas avec d’autres mouvements et tactiques de l’extrême droite américaine (du nord, du centre, du sud) pour déstabiliser le Mexique et l’ensemble de la région. Ce sont des infos qui arrivent dispersées, un puzzle dont les pièces rassemblées montrent le sinistre dessein de la préparation d’un coup d’état au Mexique. Requalifier Evo de terroriste et faire de même avec les organisations du crime organisé, une autre grande manipulation en chantier (voir l’affaire LeBaron) permettraient aux USA de mener une invasion armée au Mexique sans autre forme de procès… mais les préparatifs de putsch au Mexique, bien que fortement lié est un autre sujet.

Revenons à nos Cruzénistes, mouvement notoirement connu en Bolivie, de longue date, pour son idéologie raciste et les violences qu’il commet contre la population indigène et les installations du gouvernement (ce que confirme un rapport de l’ambassade US, qui ajoute que leurs actions sont plus racistes que politiques). Ses membres reçoivent une formation paramilitaire, et pratiquent le salut nazi. Il faut rappeler que la Media Luna bolivienne dont ils sont originaires fut un des nombreux berceaux latinos de l’essaimage nazi, un des lieux où les héritiers d’Hitler se sont enracinés et reproduits, transmettant leur funeste idéologie à leurs descendant et gagnants de nouveaux adeptes à leur cause.

Dès que Evo Morales arrive à la présidence en 2006, ils sont outragés, humiliés d’être subordonnés à un sous-homme, un cafard indigène… je n’exagère même pas un tout petit peu, loin de là. Ils commencent à préparer leur revanche. En 2002, à l’âge de 23 ans, Camacho a été élu vice-président de l’Union des Jeunes Cruzénistes (UJCà.

Ils sont séparatistes et prêchent pour l’autonomie de leur région, et pour réaliser leurs projets ils ont formé une « garde civile », qui selon eux compterait 7000, un chiffre sur-évalué, toujours selon l’ambassade (US en Bolivie).

Après avoir visiter les membres de la UJC en 2007, le journaliste Benjamin Danglo les décrit comme « le poing de fer » du mouvement séparatiste de Santa Cruz et écrit à leur sujet :

« L’Union Juvenile est connue pour frapper et fouetter les paysans qui marchent en faveur de la nationalisation du gaz, lancer des pierres sur les étudiants qui se sont organisés contre l’autonomie, lancer des cocktails Molotov sur la télévision de l’état et attaquer brutalement le mouvement des Sans Terre qui luttent contre les monopoles agricoles ».

En 2008, Camacho a trouvé un ami et complice en la personne de Branko Marinkovic, président du Comité Civique pro-Santa Cruz, organisation marraine de UJC, dénoncé par la Fédération Internationale des Droits de l’Homme en tant qu’acteur et promoteur du racisme en Bolivie. Quand Marinkovic dénonce Evo Morales devant cette organisation pour les soi-disant persécutions politiques dont il serait l’objet, la FIDH lui répond par une lettre dans laquelle elle dénombre les actes de violence dont lui-même et son organisation se sont rendus coupables !

En Bref :  La FIDH exprime sa profonde préoccupation pour la recrudescence des actes violents fondés dans l’intolérance, la discrimination et le racisme pratiqués par le Comité pro-Santa Cruz et l’Union Juvénile Cruzéniste  – qualifiée par le FIDH « d’espèce de groupe paramilitaire » - parmi lesquelles figurent les harcèlements, menaces, assassinats de défenseurs de droits humains et de paysans qui luttent pour une juste répartition des terres mais qui mènent aussi des attaques contre des personnes ou des groupes du seul fait qu’ils sont indigènes ou partisans du gouvernement…..

En 2013, alors que les USA soutiennent ces organisations dans leur préparation d’un coup d’état contre EVO, le New York Times évoque une autre organisation membre du complot, la Phalange Socialiste (en souvenir du National Socialisme d’Hitler) Bolivienne, fondée sur le mode des Phalanges espagnoles de Franco, elle accueillera le bourreau nazi Klaus Barbie, avant que la CIA ne le recycle dans l’Opération Condor qui installe les dictatures militaires d’Amérique Latine à la fin du siècle dernier. Dans ce cadre la Phalange avait mené en Bolivie en 1971 le coup d’état qui avait renversé le gouvernement de gauche, son chef le général Hugo Banzer Suares s’attribua la présidence. Le précédent président avait commis le crime de nationaliser les industries du pays et d’en expulser les agences vecteurs d’ingérences de Washington…. Déjà vu ?

 

En 2019, ce sont ces mêmes organisations qui après des années de préparation et plusieurs échecs ont dirigé le mouvement qui a mis Evo Morales en déroute et à présent ce sont les mêmes Organisations Cruzénistes et leurs émules qui accompagnent police et militaires, au service du pseudo-gouvernement, dans des opérations destinées à remettre, par l’épouvante, à leur place d’esclaves et de bétail, les populations indigènes et les partisans d’Evo, et à les dissuader par la menace de tenter de participer à l’avenir à la vie politique du pays.

Et si demain l’occasion leur était donné de tuer massivement tout habitant originaire non exploitable sans merci pour leur propre profit, je n’ai aucun doute il le feraient, sans hésitation, ni état d’âme, ni remords…. Qui parlait d’éternel retour du même ? J’espère que non et que la réorganisation qui se produit au sein des mouvements ouvriers, paysans, indigènes arrivera à empêcher ce coup d’état de se perpétuer lors de prochaines élections. Mais cela c’est la suite de l’histoire.

L’article est encore long, il donne des éléments de la préparation de ce coup d’état militaire et paramilitaire, montre ses liens avec Washington et avec une nébuleuse fasciste internationale, etc.

Ce que je voulais mettre en évidence ici c’est la continuité et la répétition de politiques d’ingérence US en Amérique Latine et leur utilisation systématique d’organisations d’extrême-droite pour parvenir à leur fin. Ainsi que la menace que ces gens et les groupes auxquels ils appartiennent font peser « contre des personnes ou des groupes du seul fait qu’ils sont indigènes ou partisans du gouvernement….. » Afin de mettre en lumière les raisons d’une modification du rapport de force, nous ne sommes plus dans la lutte entre pro et contre Evo, mais dans un combat différent qui oppose les putschistes qui voudraient s’installer au pouvoir de manière durable à tous ceux qui par le passé ou récemment ont souffert des actes violents fondés dans l’intolérance, la discrimination et le racisme pratiques récurrentes des groupes suppôts de ce pouvoir fasciste.

La résistance s’organise et une jeune femme de 32 ans, Eva Copa Murga, membre du MAS a été élue constitutionnellement Présidente du Sénat. De nouveaux leaders apparaissent, qui réorganisent les forces politiques de manière critique et autocritique… Lien vers l’entrevue (en Esp) réalisée par radiodeseo, Eva y explique que sa première motivation pour accepter d’assumer cette lourde charge, c’est pouvoir contribuer à mettre un terme à la répression et restaurer un ordre constitutionnel dans le pays. Elle a pris en main les négociations avec la pseudo-présidente pour l’organisation d’élections et un accord a été signé dimanche. Mais cela je vous en parlerai par la suite

Anne W

 

Pour finir sur une note d’espoir, Eva Copa Murga, nouvelle présidente du Sénat que je soutiens de tout cœur, vous pouvez la voir ici une vidéo de quelques secondes qui ne peut être reproduite sans droits d'auteur...

Eva la courageuse

Eva la courageuse

Autres vidéos qui dressent un panorama de la situation Noticias Bolivia., la plupart sont courtes et illustratives.

 

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