5 avril 2019 5 05 /04 /avril /2019 23:23

Pourquoi le socialisme du 21ème siècle a foiré ?

Le socialisme du 21ème siècle – ou chavisme - a foiré, de cela je n'ai aucun doute. Chavez en est en partie responsable, mais pas seul. Loin de là.

La remise en question que je fais ici « Le socialisme a-t-il sa place au 21ème siècle ? » est un questionnement qui a guidé toutes mes recherches (de la gauche perdue) préalables. Ma réponse est NON. Pourquoi ? La pensée et les pratiques de Chavez en tant que tentative d'articulation (ratée) du modèle communaliste et du socialisme est une illustration du conflit majeur entre les héritiers de la gauche au 21ème siècle.

 

En quoi. Pour certains aspects, cela saute aux yeux, parce qu'ils sont intrinsèques à un modèle politique qui associe un modèle communaliste, inspiré par le modèle indigène (pré-colonial) et le socialisme (mode de penser imposé par les colonisateurs) qui sont deux chemins différents, opposés, antithétiques. L'organisation communale, qui est auto-organisation spontanée, autogérée, est le résultat de la rencontre entre les habitants qui décident ensemble de ce qui doit être fait pour se donner les moyens du bien vivre, avec les potentiels dont la commune dispose, compétences humaines enracinées dans un territoire. La commune politique idéale, c'est le cercle des voisins, sans position prédominante, quand le pouvoir-parole circule fluidement, s'enrichissant des apports de chacun. Une bonne illustration de ce modèle est la commune indigène de Cheran (ici, par exemple) au Mexique où les habitants ont mis dehors autant les cartels qui semaient la terreur et pillaient les arbres des collines, que les partis politiques, cette invention coloniale qui sème la zizanie entre voisins  et dont la protection du territoire est réalisée par la garde indigène, mais qui reste contrairement au Zapatistes et leur autonomie-autarcie, en interaction hybride avec l’état.

 

Une bonne question ? Est§il possible voir souhaitable d'en finir avec les Partis Politiques ? Dont beaucoup sont conscients aujourd'hui qu'ils ne représentent plus que leurs propres intérêts acquis à de lointains Maîtres qui fixent les règles du jeu. La gouvernance n’est pas le gouvernement. Est-il possible de concevoir et mettre en pratique d'autres formes d’organisation politique humaine ? Et dans quelle mesure est-il possible de le faire sans inventer de nouvelles formes d'exclusion ?

Je ne crois pas au socialisme du 21ème siècle, parce que le socialisme fait partie intrinsèque du modèle industrialiste qui lui a donné naissance et que, si ce que nous voulons, c'est la survie d'une humanité en paix, il est chaque jour plus urgent d'en finir avec le modèle extractiviste consumériste et de redevenir (occidentaux et assimilés) un peu plus raisonnables dans nos désirs de « richesse ».

Le progressisme est une doctrine de l'industrialisme, les gouvernements progressistes d'Amérique Latine ont contribué à la création de classes moyennes qui après se sont retournées contre eux, quand les globalistes ont coupé les rentrées de ces modèles rentistes en faisant chuter les prix des matières premières, pétrole en tête. Pourtant Chavez dit (dans Alo Presidente consacré aux Communes), que le chemin de sa révolution ce n'est pas de prendre modèle sur le consumérisme, au contraire, il veut fonder l'enrichissement dans d'autres valeurs. Il ne l’a pas fait, mais d’autres ont continuer d’appliquer cette idée.

Une chose sont les moyens de la dignité, qui sont une urgente nécessité d'enrichissement matériel pour les plus misérables, autre chose c'est de continuer à en vouloir toujours plus une fois ces moyens acquis. Parce que les richesses qui rendent heureux ne sont pas de cet ordre. J'ai fait vœu de pauvreté il y a quarante ans, j'ai tenu ma promesse et cela a été un enrichissement permanent, apprendre à faire avec les moyens du bord, et surtout prendre le temps de la Rencontre. J'ai quelque fois quand même vécu sur le fil qui sépare Pauvreté de Misère (infra-humanisation quand une personne ne dispose plus des moyens de la dignité). La Pauvreté est une bénédiction, la Misère est inacceptable. Elle est aujourd'hui une arme du chantage capitaliste. Ceux qui refusent de se couler dans le moule seront réduits à la misère. J'ai vu ce principe en action autour de moi, alors que les trottoirs de ma ville comptaient toujours plus d'habitants de la Rue, exclus urbains. Comme partout, Bruxelles, Los Angeles, Caracas... Je ne vais pas faire défiler le monde. 7,8 millions de déplacés internes en Colombie, d'autres qui créent leur favelas au Brésil..... l'expropriation paysanne est aussi cause majeure de misère, dans le monde.

 

Revenons au Venezuela.

Maduro a achevé de brouiller les pistes, il jure en 2012 sur l'épée de Bolivar « Comuna o nada » mais adopte en 2018 totalement, inconditionnellement, sans réserve, le socialisme de Xi Jinping... achevant de pousser le Venezuela dans l'enfer de l'extractivisme pour satisfaire les besoins des petits chinois envers qui le pays a une dette de plus de 50 milliards de dollar.... Ce qui revient à dire que la Chine est aujourd'hui propriétaire d'une grande partie des ressources du Venezuela, hypothéquées pour les besoins de survie politique à court terme de Maduro.

Des petits farceurs ont mis bout a bout le discours récurrent de Maduro depuis son arrivée au Pouvoir. Il y refait en moyenne tous les 6 mois presque dans le même termes, les mêmes promesses. Chaque fois il a trouvé LA recette pour le redressement économique du Venezuela, pour en faire une Grande Puissance pleine de Croissance et de Prospérité. Chaque fois, c’est l’échec. Et d’échec en échec, le Venezuela continue à s'enfoncer. Et les emprunts qu'il a contracté ? Qui viennent grossir ceux immenses faits par Chavez (mais avec Chavez, quand il en prenait conscience, était capable de reconnaître ses erreurs, comme en 1992, voyant que sa tentative de coup d'état était mise en échec, il s'était rendu, assumant la responsabilité de ses actes, pour éviter un bain de sang)... Maduro, il aurait mieux fait d'aller jouer l'avenir du Venezuela au Casino, au moins, il aurait eu une – petite- chance de gagner.

Pourquoi lui et ses petits copains s'accrochent-ils au pouvoir au point de faire des déclarations – quand la population proteste dans les rues  - aussi irrecevables que « Nous autres, nous irons au combat, et ce que nous n'avons pu obtenir par les votes, nous l'obtiendrons par les armes » ? (Merci La Pulla, qui immortalise ce chef d’œuvre de l'anthologie Maduriste, voir revue 2). Ils l’affirment haut et fort, les dirigeants du Parti et membres du gouvernement, ils sont les Propriétaires de La Vérité, ils ont le Devoir de l'imposer au Peuple du Venezuela, et qui résiste est par nature un traître à la Patrie.

Un vieux refrain que Lénine lui-même avait déjà chanté sur tous les tons. Avant même de s'en prendre aux capitalistes, il fallait nettoyer les rangs de la gauche en éliminant tous les éléments dissidents ou divergents du bolchévisme.

La Purge fait partie intrinsèque du marxisme-léninisme, Lénine, Staline, Mao et depuis Xi et Maduro en ont une grande pratique. Normal le marxisme est un scientisme e les scientismes ont la sale habitude de nier ce(ux) qui n'obéit pas à leurs lois, voir de l'éliminer purement et simplement, cela s'appelle créer des conditions objectives favorables. Les scientismes sont des réductionnismes. Quand ils sont appliqués aux sciences humaines, c'est autant de têtes qui tombent pour rendre le projet viable.

Le capitalisme se fonde dans ses propres scientismes, dont l'aboutissement, pour faire exister leur modèle, tant globaliste que nationalisme suprémaciste blanc, passe par l'infra-humanistation ou l'éradication pure et simple des peuples qui ne s'intègrent pas à ce modèle, d'autant plus s'ils ont le malheur d'habiter les territoires riches en ressources naturelles convoités par leur Corporations.

Un lapsus révélateur de Trump (lors de sa réunion avec la femme de Guaido) à ce sujet : « Le Venezuela est une Compagnie [sic] d'un grand potentiel... après, il va se reprendre et parler de pays. Venezuela S.A.…

 

Quand à la Chine, avec son socialisme nationaliste sauce chinoise, qui fonce à toute allure dans le modèle industrialiste - consumériste, au point d'avoir rendu l'air de ses villes irrespirables, de polluer ses ressources en terre, en eau, elle devient un nouveau co-auteur frénétique, coresponsable du grand désastre mondial. Je réponds à ceux qui utilisent naïvement l'idée que contrairement aux USA, la Chine n'a jamais envahi personne (ils oublient le Tibet), et qu'on peut donc lui faire confiance. Ils ne prennent pas en compte le fait que jamais la Chine n'avait eu simultanément le projet de faire accéder la plus grande partie de sa population de 1,4 milliards d'habitants au statut de classe moyenne, ni les moyens économiques et militaires d'imposer sa volonté au reste du monde. Et Xi insiste beaucoup sur l'utilisation du Soft Power, une version perfectionnée du modèle utilisé par les USA, pour coloniser culturellement l'Europe ce qui revenait à la rendre dépendante de produits Made in USA - en utilisant par exemple la télévision, cet outil de propagande chéri de Goebbels. Oui, mais les USA, eux c'est des bons, il l’ont fait pour notre bien... rétrospectivement, vous y croyez ? Et pourtant Xi est parti à la conquête du monde sur base des mêmes promesses. Je n'y crois pas d'avantage... et la réalité ne cesse de me donner raison.

J'insiste là dessus, pour comprendre la manière dont la Chine s'approprie des régions du monde, des ressources extra-territoriales, il faut comprendre qu'elle n'utilise pas les règle du jeu d'échec, mais celles du jeu de Go. La Route de la Soie, une Ceinture un Chemin (il y a d'autres traductions) il s'agit bien de s'approprier des territoires en les encerclant... la Route de la Soie qui est censée ouvrir la Chine au Marché Monde, avec ses TGV, ses routes maritimes et aériennes - qui pourraient aussi s'avérer très utiles et efficaces pour opérer des projections de forces militaires rapides en n'importe quel point du monde, ou procéder à l'installation massive de Colonies de peuplement - et une prise de positions sur un Goban. C'est exactement ce que la Chine avait fait au Tibet. Proposer au Dalaï Lama de l'époque de construire routes et voies de chemins de fer pour lui ouvrir l'accès au monde « civilisé ». A peine les chemins ouverts, la Chine les a utilisé pour transformer le Tibet en colonie de peuplement en envoyant massivement sur place des dizaines ? centaines ? de milliers de chinois exploiter le Tibet. Tss, Tss... puce à l'oreille ? Et gare à ceux qui ne peuvent rembourser les généreux prêts donnant-donnant accordé par la Chine, en matière de contrats léonins et d’usure elle en connaît aussi un bout.

Je l'ai dit ce n'est pas humainement possible de transmettre avec détails et précision l'ensemble de mes recherches... mais pour moi cela se confirme, le néo- néo-colonialisme Chinois, ne fait doute, de nouveaux exemples ne cessent de le montrer.

Le rêve chinois de Xi est l'adaptation du « Rêve Américain », à la sauce chinoise, sauf que Xi le dit clairement: dans l'étape actuelle de développement de son modèle, le peuple, entièrement soumis au PCC, jouit de droits économiques, pas de droits politiques... c'est la Toute Puissance du Parti Communiste Chinois et de son leader Xi Jinping, de sa Pensée Unique, pour le « bien » du peuple Chinois ?

Et ne perdons pas de vue que le modèle de Xi est un modèle nationaliste revendiqué... Suprémacisme Jaune contre Suprémacisme Blanc... comment s'intègrent les Slaves de Poutine dans cette équation, cette confrontation de forces ?Il est difficile de le savoir avec certitude, les accords réellement déterminants de ce partage du monde entre les trois empires se concluent entre les représentants des plus hautes sphères politiques, dans le plus grand secret. Mon point de vue :Poutine reste raisonnable, sa première ambition est la reconstruction de la Russie et sans les pressions US, il aurait sans doute consacré plus de moyens à ce projet qu'à la course à l'armement indispensable pour une guerre entre les 3 Empires... quel gâchis, quel gaspillage, dilapidation éhontée de ressources consacrées à la promotion de la haine et de la destruction, plutôt qu'au Bien Être de la population.

On peut spéculer, guerre mondiale ou pas. J'aime bien la vision du mexicain Jalife « Pas de panique, la guerre mondiale n'aura pas lieu. Par ce que si même elle éclate, nous n'aurons pas le temps de nous en rendre compte »... les armes existent, les puissances montrent les dents... le risque n'est pas nul...loin de là. Mettre une flamme allumée au-dessus d'un baril de poudre, c'est risqué. Un geste maladroit et BOUM ! Entraînant une réaction en chaîne... et la tension croissante entre différents groupes géopolitiques, c'est autant d'augmentation du risque que ce « geste maladroit » se produise.

Poutine comme Xi sont des enfants de dictatures socialistes, alors que Trump est entouré des héritiers du National-Socialisme d'Hitler, dont la meilleur illustration est le nazifasciste (expression lation) Bolsonaro son grand pote en Amérique Latine.

Il serait temps d’inventer autre chose que le Socialisme pour en finir avec le Capitalisme.

Je vous renvoyais précédemment une « critique du capitalisme d’Etat comme idéal pragmatique de Lénine, du centralisme bolchévique, de son scientisme et de sa logique d'élimination des oppositions en-dehors et au sein du parti ». On y trouve une compilation de citations de Lénine à ce sujet et ceux qui se revendiquent encore du léninisme aujourd'hui devraient s'y rafraîchir la mémoire pour voir si vraiment c'est vraiment ce modèle qu'ils veulent appliquer dans Notre Monde.

A titre d'exemple

 « À l’ordre du jour s’inscrivent en particulier les mesures à prendre pour renforcer la discipline et accroître la productivité du travail. […] Il s’agit, par exemple, d’introduire le salaire aux pièces, d’appliquer les nombreux éléments scientifiques et progressifs que contient le système Taylor […] La soumission pendant le travail, et une soumission absolue aux ordres personnels des dirigeants soviétiques, dictateurs élus ou nommés par les institutions soviétiques, investis de pleins pouvoirs dictatoriaux […], est assurée d’une façon encore insuffisante » (Lénine, Œuvres, tome 27, pp. 329-330, cité dans Skirda 2000, p. 88)

 

Les autres citations sont à l'avenant... n'oublions pas que le socialisme, étape préalable au communisme s'incarne dans le capitalisme d'état et la dictature du Prolétariat. Je vous recommande vraiment la lecture de ces citations, je me rends compte à quel point, même moi qui suis en lutte contre cette idéologie depuis l'âge de 18 ans, j'avais oublié jusqu'où allait le délire dictatorial et meurtrier de Lénine, qui est une application de la soi-disant eschatologie marxiste. Qui a inventé le Prolétariat pour les besoins de la cause... sa cause

Je ne mets pas sur le même plan les luttes ouvrières de l'Europe Occidentale qui depuis la fin du 18ème siècle, jusqu'à la première moitié du 20ème ont conquis pour les classes travailleuses et les désoccupés du modèle industriel des droits qui depuis ont remis en cause et confisqués. C'est une autre philosophie qui habite ces luttes, une vision du monde sans dictature ni exploitation, sans stratification sociale. N'oublions pas non plus que la Russie pré-communiste est un pays fondé sur le servage. Un terrain différent de celui de ma chère Belgique et ses voisins.

Quand le progressiste d’avant-garde, Leon Tolstoï veut libérer les serfs de sa propriété de Iasnaïa Poliana, les serfs refusent « Qui alors serait responsable de nous ? Qui nous donnerait notre thé quotidien ? ». Des décennies plus tard, dans un essai « Ni liberté, ni égalité, ni fraternité », le logicien dissident Zinoniev, montre que cet état d'esprit n'a pas changé et que les dissidents d’URSS qui se sont échappés vers les USA considèrent que la Liberté, cette obligation d'avoir à sans cesse choisir son destin, est plus un poids qu'un avantage.

Je vous donne cet exemple, parce qu'il soulève une question d'importance : dans nos sociétés coexistent des personnes pour qui cette liberté de choix est la condition du bonheur alors que d'autres sont prêtes à s’accommoder d'un contrôle, jusque dans leur comportement, pour autant qu'ils disposent de droits économiques et de Sécurité. Tous n'ont pas le « goût du risque ». On ne se surpasse pas sans se mettre en risque, mais tous n'ont pas envie de se surpasser, et c'est légitime.

J'ai des réponses à proposer à cette question, elles vont dans ce sens : il n'y aura pas de Paix dans le monde sans que soit mis un terme à toute forme d'exploitation (entre humains et de la nature) qui est un mode de rapport au monde dont on peut très bien se passer. L'exploitation c'est une forme de vol, ne vole pas ton voisin, si tu ne veux pas d'ennuis... C'est une manière d'être au monde. Toute la différence entre la conception du monde comme environnement, qu'il faut contrôler, dont il faut se protéger , un monde dans lequel chacun est d'emblée seul contre tout et tous. Les métaphores qui président à la naissance de la science moderne vont en ce sens : il faut la violer, la dominer, la contrôler... la nature. La science moderne, se construit contre la conception du monde comme « milieu ambiant » auquel chacun participe au devenir comme partie intégrante de ce milieu dont il prend soin. Cela se traduit dans les conflits entre monde urbain comme déracinement et monde ruraux originaires - que l'industrialisme agraire transforme et détruit irrémédiablement : il annule les habitants, il détruit les modes de vie, paysages, manière de produire. L'expropriation rurale a fait que récemment le nombre des urbains a dépassé dans le monde celui des ruraux avec pour conséquence une multiplication du sans-abrisme et des bidonvilles. Génocide c’est aussi la mort d’un peuple comme culture.

Le socialisme marxiste-léniniste est intrinsèquement lié à la tradition urbaine. Il appartient à la culture urbaine industrielle et considère que la paysannerie est par nature une force petite bourgeoise, égoïste et réactionnaire. Jean Ziegler raconte les dégâts qui ont été commis dans le tiers monde par des militants de bonne volonté qui ont poussé à l'industrialisation de leur pays en dehors de tout bon sens, pour avoir sous la main une nouvelle classe, révolutionnaire dans son essence, le Prolétariat.

Dans la partie communaliste de sa vision Chavez place en priorité l'agriculture artisanale, la souveraineté alimentaire dans un pays sans OGM, avec des semences libres de droit. Cela fait partie de ce que j'appelle les « Belles idées de Chavez », une partie de sa vision du monde avec laquelle j'étais en coïncidence totale.

Entramos en PETARE, el barrio más peligroso de VENEZUELA en VO

L'expression « Les belles idées de Chavez », me vient d'une brave (au sens littéral) dame, habitante de Petare, considéré comme le barrio le plus dangereux du Venezuela.

 

 

Parmi les vidéos du youtuber voyageur, Lethal Crysis, celles consacrées à Cuba qui sont pleines de tendresse et rendent différents points de vue des habitants et celles qu'il a tourné au Venezuela en particulier, celle qui nous montre sa visite à Petare, en grande partie en caméra cachée. Petare, c'est un quartier où on peut se faire descendre pour moins que cela, pour rien, une mauvaise conjonction de hasard. La dame en question travaille dans une cantine sociale du quartier. Maduro elle ne l'encadre pas et émet un silence sceptique quand aux pratiques de Chavez, pourtant elle affirme que « Il faut continuer à appliquer les Belles Idées de Chavez ». C'est une expression que j'ai adopté parce qu'elle décrit très bien cette différence entre les habitants de terrain qui poursuivent la mise en pratique les « Belles Idées de Chavez » et des dirigeants des hautes sphères de pouvoir, sans enracinement, qui en ont exacerbé les mauvaises manières. Manière au sens de comportement avec cette culture politique de l'insulte qui prend le pas sur l'argumentation, qui nie ou réprime la pensée dissidente, et manière au sens de manière de gérer l'économie du pays.

Chavez a amené énormément de bonnes choses dans toute l'Amérique Latine, mais sans même prendre en compte ses contradictions personnelles en tant qu'être humain, corriger ses erreurs oblige à être critique tant de sa théorie politique pragmatique et évolutive que de ses pratiques concrètes toujours moins de commune, toujours plus de socialisme ;le principe de « convaincre pas de contraindre », lui-même y contreviendra. Et vous avez vu plus haut (La Pulla) Maduro est résolument passé au chantage... « tu ne votes pas , pour moi tu te brosses » « Tu t'opposes, je t'envoie mes troupes armées »... Il le dit, ....

Avec, La Revue, c'est aussi cela ce que je voudrais, ce n'est pas donner des réponses sans équivoques, ni essayer d'imposer « Le Bon Choix » par rapport à d'autres qui ne le seraient pas. Ce que j'aimerais, c'est ouvrir des pistes de réflexions, inciter certains nostalgiques de la gauche du 20ème siècle, dont les romantiquement fans de Maduro à se poser des questions sur le modèle qu'ils défendent. Je ne voudrais pas qu'ils se réveillent comme Sarte un beau matin, horrifié. Après avoir fait une visite guidée de l'URSS, il était revenu en vanter les merveilles... plus tard quand les horreurs et terreurs du Stalinisme ont été révélée, il s'en est amèrement voulu de s'être fait avoir.

Je suis vraiment tombée en amour de ces petits bijoux, les épisodes de La Pulla. Encore un sujet que j'aimerais approfondir. Pour les jeunes journalistes il y a beaucoup à apprendre de cette expérience, menée par une équipe d'un des plus anciens quotidiens de Colombie, elle a conquis les jeunes et moins jeunes publics de youtube, ramenant la politique dans les foyers. A les regarder je me suis délectée, j'ai appris plein de choses, en peu de temps et souvent en riant. C'est l'invention d'un nouveau journalisme, brillant, engagé et bienveillant, ce qui m'impressionne par dessus tout : la capacité de synthèse sur base d'une abondante documentation sans failles. Avec une présentation incisive, pleine d'humour qui vous tient en haleine. Et qui a rencontré un immense succès qui a surpris jusqu'à ses inventeurs. Maria Pauline Baena qui incarne La Pulla (la verve) raconte que la caissière d'un supermarché la reconnaît et lui dit « Je ne suis d'accord avec pratiquement rien de ce que vous dites, mais on vous regarde en famille et cela nous permet de discuter »... La Pulla on en parle et en parler, c'est participer au débat politique. Et de cela ses inventeurs sont très contents.

 

Et là, je vais aller prendre mon bain d'infos quotidiennes, tout va très vite en ce moment, en différents lieux de la planète impliqués comme enjeux de cette guerre qui apportent leur propre réponse. Les nouvelles alliances Iran, Irak, Syrie constituent une réponse locale qui change l'équilibre globale. La guerre entre l’Inde et le Pakistan et celle d’Ukraine. La charmante petite lettre dans laquelle Xi Jinping fait une déclaration d'amour et proposition de partenariat à la Ligue Arabe, nouvel élément révélateur de sa stratégie (de conquête de l'hégémonie planétaire) La guerre déclarée par le Washington Post à Donald Trump est une déclaration de guerre de la direction des démocrates. Les négociations d’AMLO président Mexique qui discute les nouvelles règles de voisinage et échanges avec les USA dont l'enjeu dépasse vers le Sud le seul Mexique…. Autant d’événements et encore bien d’autres, qui sont partie des mouvances de la tectonique géopolitique du monde, quand une étincelle en un lieu pourrait embraser la planète.

Rappelons que Trump ne se contente pas d'un mur frontière Mexique et USA déjà construit aux 2/3, par ces trois prédécesseurs à son arrivée au pouvoir. pays. Non, il veut en construire 3, trois « frontières intelligentes » un second à la frontière Sud du Mexique avec le Guatemala, et un autre plus au Sud... alors qu'il vient d'annoncer la fin de l'aide que les USA apportait au gouvernement du Honduras, du Salvador et 3.. du Guatemala ?, des pays dont les habitants fuient la misère et la violence en masse. Selon Trump, ces trois pays n'étaient pas capables de garder leur infra-humains d'habitants, drogués, voleurs, tueurs, délinquants en tous genre, à l'intérieur de leur frontières. Les USA qui continuent à semer toujours plus de misère et de violence en AL prévoient donc la construction de trois murs successifs qui maintiendront les populations affamées, agonisantes, armées de leur colère voir de leur haine dans leur Prison-région, loin de la cause de leur malheur, dont le centre de commande est à Washington.

 

Maintenir les conditions de la vie sur notre (encore, malgré tout) belle planète implique passe en priorité par la recherche des moyens pour désarmer cette tentation de la violence avant qu'elle n'éclate. Ici encore le Venezuela est exemplaire. Le régime arme des groupes de citoyens, y compris des prisonniers alors que l'opposition fait de même de son côté, elle arme les groupes d'extrême-droite qui ont reçu des formations paramilitaires et des bandes de délinquants, souvent payés pour semer le désordre. Alors beaucoup de brave gens, comme notre brave dame de Petare, comme une majorité de gens au Venezuela et dans le monde, s'interrogent : comment empêcher l'explosion d'une violence fratricide, un suicide pour le pays.

 

Désarmer la violence, apprendre à s'entendre entre voisin sur l'essentiel et sauver ce qui peut l'être pour ne pas nous voir remplacé demain par des robots seuls capable d'exister dans les nouvelles conditions de la planète... je ne dis pas qu'on en est là, mais c'est cette direction que prenne les choses... et quand on écoute les inventeurs d'intelligence artificielle, la plupart d'entre eux pensent que celle-ci produira des individus plus sages, plus raisonnables que cet échec de la vie : l'Homme. Encore une fois, le Venezuela est malheureusement pour lui un point focal de ces tensions mondiales et locales, de leurs interactions... un pays dans lequel il a été clairement établi que l'immense majorité des habitants ne veulent ni d'une guerre civile, ni d'une intervention extérieure… mais désarmer la violence, partout à toute échelle, c’est un devoir pour ceux qui veulent voir advenir l’humanité.

 

Anne W

 

 

 

 

 

 

 

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Gilles Deleuze, février 1977.

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