Pas de "liberté" CIA made in USA pour le Venezuela

Pas de "liberté" CIA made in USA pour le Venezuela

 

Après Eliott Abrams, un autre ingrédient de cette recette aux relents de terreur et de sang.

Juan Cruz a été nommé, en mai 2017, directeur pour les Affaires de l’Hémisphère Occidental (Amérique Latine en l’occurrence) du Conseil de Sécurité Nationale des États-Unis d’Amérique du Nord. Un travail qui consiste par exemple à coordonner les actions des différentes agences qui contribuent aux processus de déstabilisation au Venezuela. Après de longues années de travail sous couverture, pour l’agence, il avait été nommé directeur de la CIA pour l’Amérique Latine.

D’origine Portoricaine, il parle parfaitement l’espagnol et selon ses paires c’est un professionnel efficace, pragmatique qui a une grande pratique du terrain (AL) et quantité de contacts utiles.

 

Juan Cruz est un sinistre personnage, il a été longtemps un agent de l’ombre de la CIA en Amérique Latine. Il y a donc peu d’informations qui concernent son action précise. Mais nous savons à quoi il a participé. Et quand il on parle de la CIA, la question se pose immédiatement : Que va-t-on raconter, la version officielle ou la réalité qui de ce qui s’est déroulé, occulté par cette narration fictive ?

Par exemple : Juan Cruz a lutté contre le narcotrafic et l’insurrection de gauche en Colombie. Beaucoup le savent, il serait plus juste de dire que ce monsieur a participé à des opérations menées par les USA pour contrôler le narcotrafic en Colombie. Quand aux « insurrections de gauche » - quoiqu’on en pense par ailleurs, l’action de la CIA ne vise pas qu’elles. Ce prétexte a permis de brûler des villages entiers, de mettre sur les routes 8 millions de paysans déplacés pour faciliter la pénétration des corporations dans le pays. Le travail de la CIA en Colombie a contribué à faire du gouvernement ce pays, dévasté par plus d’un demi siècle de guerre et de terreur, un vassal docile des USA. Cruz était de la partie.

 

Pour comprendre le rôle joué par la CIA en Amérique Latine, on peut rappeler deux de ses mauvaises actions  : l’assassinat, en 1948, de Jorge Eliecer Gaitán Ayala, candidat à la présidence en Colombie et, le renversement de Juan Jacobo Árbenz Guzmán président du Guatemala en 1954.

Je connais mieux l’histoire de Árbenz. Ce n’était pas un communiste, loin de la, son projet, libéral, consistait entre autre, à développer dans le pays un capitalisme national, ce qui impliquait de reprendre le contrôle des ressources du pays investies par des intérêts colonialistes.

C’est exemple est éclairant : ce que visent les actions de la CIA en Amérique Latine, au-delà même de l’éviction de toutes les idéologies socialo-communistes, c’est toute velléité d’autodétermination nationale ou régionale, des projets qui ne peuvent se réaliser sans reprendre les ressources du pays, de la région,  des mains des corporations US qui se les sont appropriées. Dans le Guatemala d’Arbenz, c’est la culture des bananes qui était enjeu. La puissante United Fruit (devenue Chiquita depuis, pour cause de mauvaise réputation) ne voulait pas perdre cette source de profit. Elle ne voulait pas non plus d'un mauvais exemple qui risquait de faire des émules. La CIA est intervenue pour renverser Arbenz.

 

1948, 1954,… … … la CIA a une très longue histoire d’actions criminelles, d’actions déstabilisatrices en Amérique Latine, et en 2019, elle est toujours là, avec des actions de même sens et de même nature Leurs motivations n’ont pas changé, le but est que les Corporations US puissent recommencer ou continuer à se comporter en Propriétaires et Maîtres de la Région au détriment des populations locales. Pour le dire en clair :au prix de leur soumission, par la mort, le sang, la douleur. Encore aujourd’hui elles offrent souvent des conditions de travail similaires à celle de l’esclavage, et pour les dizaines de millions de « laissés pour compte » du capitalisme, l’errance des peuples déplacés de leurs terres, la mort ou une misère souvent pire que la mort. Qui a dit « crime de lèse-humanité » ? 

Pourtant en écoutant ce qui s’est dit à la Conférence du Groupe de Lima, lundi, à Bogota, j’ai remarqué deux tendances présentes à des degrés divers dans ce groupe de gouvernements ennemis de Maduro. De la plus pure vassalité (l’uribiste Duque de Colombie, Guaido lui-même) envers les USA jusqu’à une tendance libérale nationaliste qui refuse de se retrouver (entièrement) sous la coupe des USA. Ces deux tendances s’affrontent actuellement au sein du gouvernement brésilien, par exemple. Dans ce cas et lors du show humanitaire du 23F, c’est la tendance souveraineté nationale dont font partie le vice-président Mourão , général à la retraite et les militaires qui a gagné, contre le Président Bolsonaro dont la campagne s’ornait de portraits de Trump.

Il y a eu, à Bogota, un refus quasi unanime du viol de la souveraineté territoriale du Venezuela. Autrement dit le refus de l’intervention militaire du pays par une nation étrangère, la même posture que celle adoptée par l’Europe, qui avait mis Trump dans une telle colère qu’il avait illico déclaré l’Europe « ennemie des USA ». Un acte de rébellion ? Aux yeux de Trump, Mike Pence, Bolton,  certainement

 

On l’a vu avec Eliott Abrams et les Documents de Santa Fe, les gouvernements d’Amérique Latine se doivent d’être les antennes et les relais des USA dans leurs pays respectifs. Evo Morales, lors de sa première élection, a été très étonné de découvrir une porte dérobée dans le bureau présidentiel. Une porte qui menait droit dans les bureaux des conseillers étasuniens de la Présidence de Bolivie.

 

Ceci vous donne un peu la mesure du genre de travail que va devoir poursuivre, Juan Cruz au Venezuela et dans la région, pour convaincre (de gré ou de force) tout ce beau monde de plus en plus rétif quand il s’agit de se placer sous la domination des EU.

 

Exemple du travail de Cruz depuis son entrée dans ses hautes fonctions. Dans un article daté du 19 juillet 2017

« Juan Cruz a été un des personnages clé pour les sanction du gouvernement de Donald Trup contre le Venezuela. […] Parmi elles [celles qui consistent] à congeler des fonds pour qu’ils ne puissent être utilisés que par un nouveau gouvernement de transition au Venezuela. »

 

Et donc si Guaido a des airs de lapin sorti par surprise du chapeau magique de l’Oncle Sam, le rôle était écrit de longue date. Il fallait encore mettre au point une marionnette qui puisse l’interpréter.

Pas très bon en impro, Guaido accumule les gaffes dont celle scandaleuse qui a fait le tour des réseaux sociaux, son incroyable déclaration :

« Les morts ne sont pas un coût pour nous, ils sont un investissement dans le futur »

Voyons Juan ! ce sont des choses que l’on sait entre « nous », dont on parle éventuellement librement dans le cercle des initiés, mais qu’on ne dit pas à haute voix avec les caméras braquées et les micros qui transmettent vos paroles dans le monde entier.

La devinette du jour : c’est qui « nous » ?

 

Il semble que Juan Guaido « ya no sirve para nada » (ne sert déjà plus à rien). On voit l’étape suivante se profiler à l’horizon, ses petits camarades – avec leurs gros sabots - clament pour qui veut l’entendre que “La vie de Guaido est en danger et que Maduro est rendu par avance responsable de quoi que ce soit de mal qui pourrait lui arriver” et les plus audacieux d’ajouter, guillerets, que cela serait un motif tout trouvé pour une intervention étrangère musclée au Venezuela.

Et plus ils le disent, et plus cela pourrait leur rapporter gros, et moins Maduro a intérêt à ce qu’il arrive quoi que ce soit à Guaido. Mais c’est aussi la responsabilité de chacun de ne pas se faire avoir par d’aussi sordides et transparentes manipulations.

 

Selon Atilio Boron, Juan Cruz aurait été un des francs-tireurs de la CIA en AL. Il a donc également une précieuse connaissance de terrain de ce genre de pratique ainsi que des gens susceptibles de réaliser un assassinat sous faux drapeau. Abrams, Cruz et Pompeo et Gina Hespel… tous des experts en mauvais coups estampillés CIA.

Guaido annonce qu’il rentrera au Venezuela cette semaine, si j’étais Maduro, je lui offrirais un service de sécurité en béton armé.

 

C’était donc Juan Cruz, un autre des ingrédients de la recette de Trump pour l’Amérique Latine. Cela ne promet rien de bon.

Parce que pour les gens au cœur sensible, chaque mort de ces guerre injustes faites aux peuples qui luttent pour avoir le droit de s’autodéterminer, est une douleur qui s’ajoute à tant de douleurs déjà d’un deuil qui n’en finit plus.

 

Je regarde la vidéo un peu nunuche des enfants du Venezuela qui souhaitent un joyeux Noël au monde entier, je regarde ces petits choux, maladroits, touchants, de bonne volonté. Et je souhaite que rien de mauvais ne leur arrive.

 

Cela sert à quoi la politique, si ce n’est pas pour défendre leur droit au sourire, au rire de bon cœur, à l’insouciance de l’enfance.

 

 

Anne W

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