A la recherche de la gauche perdue 2
18 oct. 2018Avertissement, dans ce texte je vais utiliser souvent le nous, c’est un nous de paroles partagées, au fil du temps et de multiples rencontres.
La recherche de la gauche perdue est à présent un enjeu premier. Que ce soit ici autour de moi, dans cette Belgique francophone populaire qui a le cœur à gauche, et reste quasiment insensible aux sirènes de l’extrême-droite ou dans la recherche de l’union de toutes ces forces planétaires qui voudraient en finir une fois pour toutes avec le capitalisme néolibéral et sa grande opération de destruction du monde. Parce que cette union est la condition de la réussite.
Quand je parle ici de gauche perdue, je parle d’un projet de monde, généreux, ouvert à la diversité, solidaire et convivial… Je ne parle ni particratie, ni ambition électoraliste première, c’est bien d’un projet de monde dont il est question, un projet dont serait banni le terme « exploitation » et tout ce que cela implique de pratiques destructives. Un projet de monde qui ne soit pas établi dans des rapports de force, de concurrence, de rivalité intégré dans les fonctionnalités qui forment le tissu social et ses réseaux, mais bien dans des relations de complémentarité, d’émulation, d’amitié intégrées dans une trame de convivialité et son riche rhizome de connexion de diversités.
Je parle aussi d’une gauche capable d’intégrer les artisans, la petite entreprise, le petit commerce, les petits paysans en tant que forces créatives et vitales. Des forces aussi qui sont autant de barrières contre la tentation du capitalisme d’état qui caractérisent certaines factions. Une gauche capable d’intégrer « les marginaux et les exclus » n’ont pas par l’apport d’une aide sociale pour les normaliser, mais bien parce qu’elle reconnaît leur richesse, leur potentiel, non intégrable dans le système, mais précieux pour la construction de la bonne convivialité créatrice et productive. Bref une gauche capable de contribuer au développement d’un secteur de travail totalement différencié des circuits de l’emploi.
Ce ne sont pas des descriptions exhaustives. Ce que j’aimerais rappeler c’est que ce que l’on a appelé « Rêve américain », repris aujourd’hui à son compte par le « Rêve Chinois » de Xi Jinping, l’idéal de une villa, un bon job, des enfants éduqués et une bonne pension, le rêve classe moyenne, qui mérite à peine le nom de rêve, comme disait Rimbaud, c’est trop petit pour nous, nous serions à genoux. (Le forgeron, poème révolutionnaire).
Je suis désolée, je sais qu’il a des problèmes, mais bon, je vais citer Mélenchon pour donner un contre-exemple
C'est le cri d'alarme que je lance : si la gauche ce n'est pas la retraite à 60
ans, l'augmentation des petits salaires et plus de démocratie, c'est quoi au
juste?
Le texte dont est extrait cette citation est ici.
Notre gauche de rêveurs c’est d’abord la fin de l’exploitation, donc la fin des salaires comme part minimale de la plus-value, qui maintient en état de fonctionnement l’outil main d’œuvre. La gauche, c’est la réappropriation des moyens de production, c’est l’autogestion. C’est aussi l’encouragement à la création d’une multitude de production artisanale.
La retraite à 60 ans ? Ben non, ce n’est pas une question de fixer les limites d’usure acceptables des employés par de patrons, c’est un autre rapport au travail et aussi à la solidarité avec ceux qui prenant de l’âge se tournent vers d’autres occupations. Le travail, doit être un bonheur, l’idéal, c’est de ne pas avoir envie d’arrêter de travailler, parce que le travail est aussi un plaisir, de la Vie au plein sens du terme. On peut avoir envie de changer d’activité, de faire une pause, cela ne doit pas être une question d’âge. Quand à ceux qui pensent que certains boulots seraient délaissés, je vous assure, en tant que spécialiste des nettoyages difficiles, que non, il y aura toujours des gens comme moi, avec des âmes domestiques (au sens qui concerne les conditions de vie de la maison ou du collectif), qui trouvent que les travaux d’entretien sont une tâche parfaitement honorable et indispensable, et que le faire bien est valorisant.
Mais revenons à Mélenchon, et sa définition de la gauche de la gauche:la démocratie, c’est une grande question. Mais « plus de démocratie » ne veut en fait rien dire. La démocratie est un concept qui ne cesse de changer de formes et de contenus. Les citoyens sont en général une catégorie restrictive qui pour diverses raisons exclu une partie des habitants. La gauche que j’aime veut tout d’abord un débat de fond sur la nature même de la démocratie représentative, participative, populaire ou totalement élitiste et exclusive comme dans son modèle originaire athénien. Bref avant d’en vouloir plus, il faudrait d’abord savoir de quoi on parle. Bush a mené la guerre d’Irak pour apporter la liberté et la démocratie au Irakiens. Tant de vilaines choses se font « au nom de la démocratie et de la liberté » qu’user ses concepts sans préciser de quoi on parle au juste est de la manipulation. (Voir H Laborit, La Nouvelle Grille et l’utilisation de la notion de concept émotionnels dans la fabrication de la propagande)
Le rêve de notre gauche n’est pas un rêve quantitatif, c’est un rêve qualitatif. Qu’est-ce qu’on en a à fiche de pouvoir remplir des caddy de bouffe-poison qui rend malade et obèse grâce au Pouvoir d’Achat qui est le substitut de bonheur que nous propose le système capitaliste. Un Pouvoir d’Achat qui s’obtient dans des batailles dans lesquelles il faut « écraser la concurrence ». A tout échelon de la verticalité sociale, des comportements qui sont inculqués aux enfants dès la crèche, des les premières années de la maternelle, que les parents pratiquent ou non ce genre de relations.
Qu’est-ce qu’on en a à fiche d’avoir une bonne pension si on y arrive miné par une vie perdue dans un emploi fait de contraintes réductrices, de brimades de la part de petits chefs, d’envie de vomir le lundi matin quand le réveil sonne et qu’il faut « s’y remettre » sous le joug, alors que la plus-value que produit ce travail est accaparée par d’autres, la raison du plus fort oblige, et les plus forts dans le système ce sont les détenteurs du capital dans toutes ses formes, capital financier, moyens de productions, et propriété du territoire toujours plus privatisé alors que sa propriété se concentre entre quelques mains. Les mêmes qui après avoir joué et perdu les fonds de pension estime qu’il faut retarder la limite d’obsolescence programmée des employés. Alors que des jeunes vies se perdent faute de trouver une place dans ce monde.
Ce n’est pas de cette gauche de la gauche dont nous voulons, nous ne voulons pas d’une gauche « emplâtre sur une jambe de bois rongée par la mérule », nous ne voulons pas d’une gauche qui améliore les conditions de l’exploitation. Nous ne voulons plus d’exploitation, jamais, nulle part et pour personne. Nous voulons nous réapproprier le monde pour l’habiter en bons voisins (de tous les habitants de la planète).
Ce sont les mêmes qui décident des formes d’aménagement du territoire, «l’aéroport et son monde ». Ce n’est pas une lutte locale, contre un projet spécifique. C’est le refus de cette transformation du paysage par les mutilations des promoteurs. L’aéroport et son monde, illustre aussi un phénomène d’une ampleur effrayante, la multiplication sous différentes appellation des Zones Économiques Spéciales, qui sont des espaces de néolibéralisme débridé soustraites aux territoires des nations. Des Zones de développement exonérées d’impôts par la nation qui les hébergent, qui disposent de leur propres lois, mettant à mal toutes les conquêtes du droit du Travail, disposant parfois de leurs propres tribunaux et de leurs propre système de répression. Certains font appel aux armées privées et autres mercenaires pour régler les conflits internes.
J’attire donc l’attention sur ce point : il n’est pas toujours indispensable qu’une Zone de Développement Spéciale soit officiellement au programme, elles s’installent aussi en douce par des mesures d’aménagement du territoire qui sont des préludes à leur installation. Parce que elles sont l’Incarnation d’un Nouvel Ordre, mondial, un projet auquel souscrivent les Trois Empires. Une de ses stratégies de conquête des territoires, du territoire Terre.
Certaines de ces zones sont établies sous pression de la Banque Mondiale et du FMI par un chantage à la dette. C’est le cas par exemple avec la « Loi hypothèque du Honduras ». Quand il n’y a plus d’argent pour rembourser les dettes, un pays doit céder des ressources naturelles et une part plus ou moins importante de son territoire. Un marché de dupes, un contrat léonin, du pillage légalisé dont souffrent les populations déterritorialisées, mise en esclavage moderne. Au Venezuela, elles sont les lieux où la Chine puise dans les ressources du pays en remboursement des impayés de l’énorme dette du Venezuela (20 milliards de dollars de dettes anciennes, plus de nouvelles au sujet desquelles les sources officielles restent imprécises.)
Quand à la Chine, elle possède aussi, sur son territoire, ses propres zones de développement spéciales, avec sa propre main d’œuvre esclave mise à disposition des entrepreneurs de la Silicon Vallée, mais on y trouve aussi entre autres, des entreprises taïwanaises, comme quoi les conflits entre nations sont souvent surmontés sans état d’âme quand les intérêts des Corporations sont en jeu.
Et en matière de zone de développement spécial le gouvernement de « gauche » du Nicaragua n’a rien à envier à celui, d’extrême-droite, issu d’un coup d’état et d’élections confisquées, du Honduras voisin. En Europe, il y a eu en Espagne le projet Euro-Vegas. Je n’ai plus suivi la croissance de l’implantation de ce qui s’appelle aussi Ville Charter, Cité Modèle, mais une chose est certaine c’est que certains plans d’aménagement de territoire préfigurent leur implantation dont l’aéroport est le symbole, puisque les maîtres de ces territoires et leur valetaille se déplacent en avion, d’une « zone libérée » à une autre. Le TGV également. Et le jeu de go chinois, Une Ceinture-Une Voie, obéit à la même logique de soustraction de parties de territoire au territoire national de pays dans lesquelles s’implantent les zones de développement chinoise, leurs méga-minières ou leurs maquilas esclavagistes.
Comme le dit l’ Ex-ministre vénézuélienne, Oly Millán : il n’y a pas de bons empires.
Les documents se multiplient qui démentent la réalité du rapport donnant-donnant, sans ingérence et dans le respect des populations que la Chine présente comme son chemin vers l’hégémonie mondiale. Des cris de protestations s’élèvent tant en Afrique qu’en Amérique Latine.
Ces critiques sont importantes pour la quête de la gauche perdue. Elles font parties des leçons à tirer du passé, il y a des gauches dont nous ne voulons pas. Mais ce n’est pas parce que la réalité a démenti le mythe, en URSS comme en Chine, que nous devons renoncer à notre rêve. Non, il nous faut tirer les leçons du passé, pour ne pas commettre les mêmes erreurs, celles de la naïveté, d’une certaine candeur, d’une spontanéité propice à la manipulation.
C’est pour cela aussi que je « m’acharne » contre le « pauvre » Maduro et la transformation de modèle politico-économico-culturel qu’il essaye d’implanter au Venezuela, là, présentement, en s’étant attribué les pleins pouvoirs, la présidence du Parti et de l’état et le choix de tous les cadres de l’un comme de l’autre.
Maduro qui a son retour de Chine a affirmé qu’il adoptait inconditionnellement le projet de Xi Jinping dans tous ces concepts. Cela c’est lui qui le dit, avec beaucoup d’emphase. Maduro qui nous apprend aussi qu’il s’est réuni à Pékin, avec les Sages Chinois qui lui ont enseigné le chemin parcouru et la manière dont ils ont surmonté chaque obstacle, depuis la fondation de la République Populaire de Chine en 1949. Maduro ex leader étudiant maoïste, formé à Cuba.
Je pouvais voir depuis son accession au Pouvoir une succession de petites dérives staliniennes. Là, dernièrement, il ne s’agit plus de petits glissements qui s’accumulent, mais de la mise en place d’un nouveau régime qui devrait être consacré par une nouvelle « Constitution », un régime totalitaire.
Comme beaucoup, j’ai cru retrouver une reterritorialisation de la gauche perdue, dans le "Cycle Progressiste » d’Amérique Latine. Les camarades de la diaspora, rapatriés, pouvaient enfin réaliser ce rêve de pays pour lequel ils avaient risqué leur vie. C’était comme une floraison, celles des graines semées au « temps des dictatures », des graines qui avaient germé dans le terreau fertile de la résistance latino, qui avait grandi à l’ombre des dictatures militaires, et qui soudain fleurissaient dans cet épanouissement de couleurs nourri par la Renaissance Indigène. Des fleurs que la réaction fasciste s’est mise à faucher avec rage pour qu’elles ne puissent pas donner de fruits, pour remettre en place leur modèle stérilisant destructeur de la Vie, destructeur de la dignité des peuples.
Qu’est-ce qui a foiré. Comment se fait-il que la plus grande partie d’Amérique Latine se retrouve sous la coupe de la droite, voir de l’extrême-droite, 3 jours pour connaître le sort du Brésil, alors que les Gouvernements dit de gauche se radicalisent en totalitarismes ? Une autre forme du fascisme. C’est cool, quand on ne fait pas de politique politicienne on peut s’exprimer sincèrement.
Alors oui, la clique Maduriste prétend défendre un socialisme de gauche, mais le modèle qui s’installe est un modèle fasciste, un totalitarisme de la pire espèce. Un modèle qui n’est pas destructeur que pour le Venezuela. Je ne parle pas ici des multiples problèmes parfois très graves qui sont liés à l’émigration vénézuélienne. Non, je parle ici du rôle de repoussoir joué par ce régime dans les campagnes électorales des droites et extrême droites régionales. La Gauche, c’est le Madurisme, est-ce cela que vous voulez ? ». De même que la révélation de la vraie nature du régime soviétique a jeté en Europe une partie de la population dans les bras de l’extrême-droite, démagogue.
Je prends des raccourcis, mais cela est bel et bien réel. Cela a joué un rôle décisif dans l’élection du candidat d’extrême-droite Duque en Colombie, comme cela en joue un actuellement au Brésil. Bolsonaro, politicien obscur de longue date, stagnait dans les sondages, jusqu’à ce qu’il se fasse poignarder par un opposant à son projet. Ce qui ne se dit pas trop par ici, c’est que les photos montrant son agresseur aux côtés de Lula, ou les affirmations disant que c’était un supporter de Maduro, ont été mises en avant dans les médias, sur les réseaux sociaux, dans une propagande bien orchestrée. A partir de là Bolsonaro a commencé à monter dans les sondages jusqu’à parvenir au résultat impensable quelques semaines plus tôt de la récolte de 46 % des voix au premier tour. Dimanche, lors du second tour, les forces de la démocratie réussiront-elles à renverser la dictature annoncée avant qu’elle ne s’installe, on retient son souffle.
Les élections communales en Belgique francophone ont montré la force du courant de gauche dans ce petit bastion profondément antifasciste, héritier de ce grand mouvement de résistance, championne de la résistance passive, qui pendant la seconde guerre mondiale a parcouru le territoire de la Belgique francophone. A côté de hauts faits de résistance, il y avaient tous les petits gestes de toutes les petites gens, qui chaque jour apportaient leur grain de sable pour gripper les rouages de la machine nazie. Et il faut le dire aussi, ce n’est pas parce que l’extrême-droite gagne du terrain en Flandre que nous ne partageons pas une même Belgitude avec tous les cousins flamands qui y résistent. Je ne m’étais jamais trop posé la question du patriotisme, j’aimais mon pays et ses habitants. Mais oui, je suis contente d’être Belge.
J’habite dans une commune bruxelloise où vivent ensemble des habitants de 170 nationalités, en bonne entente, en bonne convivialité, en bon voisinage. J’ai passé 12 ans de ma vie en France, dans des tas de régions différentes, à Paris, jamais je n’y ai jamais trouvé cette multiculturalité bien vécue que nous connaissons ici. Je ne dis pas qu’il n’y a pas des problèmes, mais pas plus que ne devraient en prévoir la loi des grands nombres dans une situation en équilibre.
Les vrais problèmes que j’ai vu se développer au cours des dernières années étaient liés à l’avancée de la misère, à la multiplication des personnes qui habitent dans la rue. Là, oui, j’ai vu monter l’agressivité, la violence parfois, mais elle n’avait pas de fondement interethnique. C’était les débordements d’une frustration de ce sentiment d’impuissance de ceux qui se voient toujours d’avantage réduits à une sorte de non-être, infra-humanisation, sans trouver d’issue.
Et non, l’alcool cela n’apporte pas de solution , mais cela calme la douleur sans supprimer les raisons de colère, une colère qui prendra pour cible celui ou celle qui se trouve au mauvais endroit, au mauvais moment. Des tas de personnes qui sont dans mon cœur vivent cela au quotidien.
Nous avons vu disparaître je ne sais combien de nos amis, il y a eu il y a deux trois ans, une sorte d’hécatombe, tous les amis voyaient dans leur entourage respectif les morts se multiplier à un rythme effrayant. Effrayant parce que la plupart d’entre eux n’atteindraient jamais la cinquantaine, effrayant parce que dans un pays ou l’espérance de vie dépasse les 80 ans, c’étaient des morts prématurées en masse. Tous vivaient en situation de marginalité ou d’exclusion et leurs conditions de vie étaient déterminantes dans leur disparition prématurée.
Volontaire ou phénomène émergeant, il est bien question ici de « nettoyage social », quand le crible de la sélection discrimine ; il y a ceux qui sont employables, et ceux qui ne le sont pas. Des critères qui sont les critères du Marché qui n’a que faire de qualités humaines qui sont des obstacles au bon fonctionnement de son Système-Machine. Est cause d’exclusion, par exemple, tous ce qui peut faire qu’une personne est incontrôlable, imprévisible, trop créative pour pouvoir se couler dans le moule d’une fonction. On peut faire un parallèle avec les mathématiques pour lesquelles systèmes intégrables et systèmes prévisibles sont des synonymes. C’est bien de cela dont il est question, de la capacité d’obéir aux règles mathématiques intrinsèques à un système qui tend vers une prévisibilité absolue grâce à un contrôle total (y compris des comportements).
La gauche que j’aime est une gauche désordonnée. Un désordre créatif, organique et spontané.
Mais puisque d’autres modes de vivre ensemble revendiquent aujourd’hui leur appartenance à la gauche, alors que certains se prétendent même seule vraie gauche, je pense que c’est une perte de temps de se battre pour décider qui est le meilleur candidat au titre de vraie gauche. Il vaut mieux définir des projets pratiques, concrets, en accord avec les valeurs évoquées plus haut de complémentarité, d’affinité, de bonne convivialité.
La bonne convivialité ne veut pas dire que tous et chacun s’entendent ou même s »apprécie, mais bien que personne ne fasse peser ses différents dans les collectifs, focalisant l’attention sur des problèmes d’une autre échelle, d’autres lieux. En pratique, il y a toute une stratégie de la bonne convivialité. Une occupation de l’espace pour ne pas interférer négativement. Mais cela c’est une autre histoire.
Simplement, ce qui est important ce sont les valeurs communes face à l’état d’urgence qui s’aggrave, celles qui permettent de construire un projet de vie, après peu importe le nom qu’on lui donne. Le panaorama politique de la Wallonie communale reflète bien cela. A côté de partis politiques qui élargissent leur électorat sous d’autres noms, apparaissent toujours plus nombreux des rassemblements de voisins qui établissent ensemble un projet pour la commune, avec les autres voisins non-candidats, des groupes dans lesquels les appartenances à des partis politiques de certains, s’effacent au profit de la relation de bon voisinage dynamique.
C’est ce qu’on fait dans des conditions beaucoup plus dramatiques les habitants de la Commune Indigène de Cherán au Mexique, ils ont jeté dehors à la fois les narcos et les partis politiques, pour reconstruire une assemblée de voisins, et une garde indigène qui sur base du volontariat protège la commune contre le retour des envahisseurs. Ici, heureusement on en est pas encore à devoir protéger physiquement nos communes des mafias et autres malfaiteurs. Je donnais l’exemple de Cheran, parce que que les habitants s’expriment très clairement au sujet des partis politiques : ils divisent là où il faut unir les forces.
Cela se voit aussi aujourd’hui sur le terrain de nos communes ; quand ce ne sont pas des groupes d’habitants, ce sont les partis qui travaillent sur les plus larges bases d’interaction avec la population qui ont rencontré du succès. Des candidats qui sont des personnes abordables et favorisent les rencontres d’échanges et de discussion - pour ne pas employer le mot galvaudé de participation qui est trop souvent un piège à cons.
Ce qui est encourageant ici, c’est de voir que les habitants de notre région ont appris à faire la différence. - Ce qui est inquiétant par contre, c’est que nous sommes plutôt isolés actuellement dans une Europe où l’extrême-droite gagne du terrain presque partout ailleurs. - Une partie significative de la population vient de montrer qu’elle ne croit plus trop non plus aux « solutions » proposées par le libéralisme ou la particratie professionnelle, dont les réalisations sont souvent des catastrophes pour l’habitat, sans contrepartie pour les habitants.
Beaucoup de belles personnes s’apprêtent à prendre leur responsabilité politique en main en mettant en pratique dans leur commune les projets dont ils sont co-auteurs. Des projets d’habitants pas des projets d’investisseurs.
Beaucoup de belles personnes s’apprêtent à prendre leur responsabilité politique en main en mettant en pratique dans leur commune les projets dont ils sont co-auteurs. Des projets d’habitants pas des projets d’investisseurs.
La recherche de la gauche perdue c’est aussi la mise en lumière de la gauche dont je ne veux pas – dont nous ne voulons pas, un nous, écho de beaucoup de paroles partagées - des socialismes dont nous ne voulons pas.
Or, le modèle meurtrier et liberticide que Maduro met en place, à vitesse accélérée en ce moment au Venezuela est un de ces modèles qui se fondent dans la prévisibilité et le contrôle des comportement comme je le démontrerai par la suite.
Un modèle qu’une partie de la gauche européenne, et pas que l’extrême, de la « radicale » gauche, des gens comme Zapatero, continuent à défendre aveuglément. Je peux comprendre pour ceux qui ne parlent pas espagnol, en français on ne trouve pratiquement que des apologues de l’opposition ou du régime, tiers exclu : le peuple. Pour les hispanophones, en particulier les professionnels de l’info, je trouve que cela témoigne pour le moins d’un manque de conscience professionnelle dans la recherche des sources.
Et pour ceux qui sont sur place, je ne peux m’empêcher de penser à Sarte qui était revenu de sa visite en URSS enthousiasmé, tout était beau, parfait, admirable et qui se mordait les doigts quelques années plus tard en se demandant comment il avait pu se laisser berner de la sorte.
Le fait est que j’en vois quelques-uns venir de loin, des cryptostaliniens et autres cryptomaoïstes, des manipulateurs qui ont en tête une fin qui justifie à leurs yeux les moyens douteux utilisés. J’ai eu l’occasion de participer aux cours des dernières années à quelques-uns de ces « débats participatifs », dans lesquels un « maître du jeu » ramène les interventions vers une conclusion décidée d’avance par des instances supérieures. Je sais comment cela marche parce que j’ai par le passé fait partie de ces instances décideuses, un jeu que j’ai refusé de jouer. Ce sont des maux toujours présents, comme une endémie. Autoritarisme, disqualification de la parole d’autrui par des arguments d’autorité, manipulation de débats dont les conclusions sont déjà décidées… Tout ce dont nous ne voulons pas.
Voilà quelques pas de plus en direction de la gauche retrouvée, qui n’est déjà plus la gauche…
Anne W