15 mai 2018 2 15 /05 /mai /2018 16:34

 

« La tentative nord-américaine de coup d’état, prolongée dans le Venezuela actuel, cœur de la dignité et la souveraineté Latino-américaine du 21ème siècle, ce n’est pas un attentat seulement contre le Venezuela. C’est une atteinte au grand projet d’intégration d’une Amérique Latine digne et souveraine. La tentative de coup d’état prolongée ne se perpétue pas contre Maduro, elle ne se menait pas contre Chávez, elle était et est dirigée contre les idées et projets émancipateurs de l’Amérique Latine. Elle est dirigée contre 500 millions de fils et filles de la Terre qui cohabitons dans cette région avec nos rêves de dignité […] Si nous abandonnons le Venezuela, demain ils viendront contre nous » 

Ollantay Itzamna[i] 2013

 

 

 

Aperçu des acteurs et forces politiques en présence

Si ce que je vous raconte par la suite vous semble désordonné, c’est qu’en réalité, un grand désordre règne au Venezuela, et c’est de ce désordre justement que j’essaye de décrire.

 Cette semaine, de nombreux regards se tournent vers le Venezuela, dimanche prochain auront lieu les élections présidentielles anticipées. Des élections pour lesquelles Maduro part gagnant. Pourtant à suivre au jour le jour les opinions de divers acteurs de la révolution bolivarienne, chavistes ou pas, le constat est clair, une grande partie de la gauche pose une seule question « Comment sortir de « maduro », sans tomber dans la droite, sans provoquer une intervention militaire des EU, qu’elle soit directe ou sous forme d’une guerre par procuration menée par les pays de la région vassaux des EU, comme la Colombie, l’Argentine, le Brésil dont on sait qu’ils pratiquent depuis plusieurs mois des entraînements conjoints aux frontières du Venezuela, alors que Panama, qui a vu débarquer des centaines de militaires étasuniens servirait de base arrière à cette intervention ».

Stella Calloni, Evo Morales, lancent l’alerte, une offensive de la droite, est programmée pour les jours qui viennent, avant et après les élections, elle serait suivie d’une intervention militaire, 11 pages de documents filtrés du Pentagone en témoignent le Commandement Sud est prêt pour une intervention militaire imminente au Venezuela.

Une autre partie de cette même gauche qui n’est pas pro-gouvernement, continue à penser que Maduro reste un moins pire, et que la meilleure manière d’éviter l’intervention est de le plébisciter de telle manière que son élection soit incontestable. Il y a bien sûr, indéniablement une grande partie de la population qui reste acquise inconditionnellement à Maduro et son gouvernement, il y a ceux qui pensent que cela leur permettrait d’avoir un peu de temps et d’espace de liberté pour renforcer les grands mouvements de reprise de pouvoir par le peuple qui se sont intensifiés ces derniers temps, parmi eux des officialistes et d’autres, critiques du gouvernement.. Quant à l’opposition elle est actuellement surtout caractérisée par son morcellement et son inconsistance.

La situation est vraiment confuse, et je dois me limiter à en décrire les tendances, alors que seuls les évènements des prochains jours pourront nous éclairer sur la réorganisation des forces en présence que ce soit face au coup d’état annoncé dans son double caractère de guerre civile et d’intervention militaire US et /ou face aux résultats des élections.

Des sondages réalisés par différents instituts donnent des résultats similaires, environ 80% de la population est opposée à cette intervention militaire programmée et la redoute.  Mais il semble que chacun espère encore un miracle - sans trop savoir de quelle nature il pourrait être - qui détournerait les bombes « humanitaires » d’un peuple déjà malmené par les carences alimentaires, médicales, la multiplication dans tout le pays des coupures d’eaux, d’électricité qui se prolongent toujours d’avantage, la réduction des moyens de transports, l’absentéisme scolaire des élèves comme des professeurs, mais aussi par cette guerre du tous contre tous, corruption, contrebande, par laquelle une partie de la population révèle une absence d’éthique et de sens moral, depuis les plus hautes sphères du pouvoir jusqu’au fin fond des campagnes.

 Au-delà donc de cette unité dans le refus d’intervention, il y a là une fracture réelle, entre la partie de la population qui reste envers et contre tout, ventre vide ou un peu mieux rempli, honnête et prête à construire un pays meilleur, et celle qui se livre à toutes les exactions possibles, y compris en volant ses voisins qui sont déjà dans une situation dramatique. . . Ce genre de division, elle remonte jusqu’au début de l’histoire de l’humanité, et les peuples vertueux dans leur ensemble sont rares.

Ce fut pourtant le miracle accomplit par Chavez, malgré la corruption active ou latente qui existait déjà en son temps, de stimuler la « Bonne Volonté Active, la Conscience d’un peuple, éveillé, dignifié, prêt à prendre en main son destin et surtout conscient de son droit inaliénable de le faire ». Une dignification du peuple qui a eu un rayonnement régional et même mondial. Même les mouvements populaires les plus critiques du chavisme, sur tout le continent, étaient en 2013, comme Ollantay Itzamna, convaincus que soutenir le Venezuela et son nouveau président, c’était soutenir le projet de souveraineté régionale et populaire de toute l’Amérique Latine. Et je rappelle aussi, que malgré le refus des EU, tous, tous sans exception, les gouvernements d’Amérique Latine avaient immédiatement reconnu Nicolas Maduro comme Président légitimement élu du Venezuela.

Or depuis la date clé du coup d’état au Honduras, le 28 juin 2009 (préparé déjà avec l’aide Negroponté depuis 2008), les EU ont poursuivi activement des processus de déstabilisation et de déstructuration de l’Amérique Latine Souverainiste. Aujourd’hui quand on lit les lignes du Commando Sur :

« […] la démocratie se propage en Amérique, continent dont le populisme radical était destiné à prendre le contrôle ». L’Argentine, l’Équateur et le Brésil seraient des exemples à ce titre. « Cette renaissance de la démocratie se base sur des choix courageux, et les conditions régionales sont favorables C’est le moment pour les États-Unis de montrer qu’ils sont impliqués dans ce processus, dont la chute de la dictature vénézuélienne marquera un virage à l’échelle continentale ».

Amiral Kurt Walter Tidd, 2018 (Voir l’article de Stella Calloni qui rend compte de ce document)

Nous voyons tout au long de ce document, que ce que l’amiral  qualifie de retour des démocraties correspond à la mise en place de dictatures qui collaborent au pillage effréné de leur pays par les transnationales et qui ne se privent pour ce faire,  ni de plonger le peuple dans la misère la plus absolue, ni de le réprimer, de plus en plus souvent en utilisant des forces de répressions militaires où militarisées, ni d’emprisonner la dissidence, la résistance, l’opposition, voir de simples habitants qui refusent le contrôle, et chaque jour s’allonge la liste des morts au combat et de ceux qui succombent sous les assauts de la misère la plus absolue. Et nous devons entendre ici que « populisme radical », décrit en fait ce grand mouvement populaire, souverainiste, communaliste, autogestionnaire,

 Chaque fois que je rencontre le terme populiste, tel qu’utilisé par l’ennemi mais pas seulement, je constate que si parfois il est utilisé dans son sens originel, la plupart du temps, il traduit le mépris du peuple. Comme s’il n’existait pas de mouvements authentiquement populaires, comme si le peuple n’était capable d’agir que sous l’influence de quelque gourou, politique, religieux, démagogue. Cela a toujours été le point faible de la gigantesque Machine de Guerre des USA, son incapacité à concevoir la faculté des peuples qu’ils agressent et envahissent à s’autoorganiser pour entrer en résistance.

Face à cette agression programmée du Venezuela, si le premier souhait le plus intense est qu’elle n’ait pas lieu, le plan B des souhaits, c’est que le Peuple du Venezuela retrouve cette capacité d’auto-organisation d’une résistance commune qui mettent l’ennemi à terre, avant même qu’il ait compris ce qui lui arrive. L’armée est déjà et sera divisée, ses choix et son rôle seront déterminants, et je n’exclus pas la possibilité d’un coup d’état interne, une prise de pouvoir par des militaires au sein du chavisme pour faire face à l’état de guerre, qui établirait un Gouvernement Militaire Transitoire de Crise.

Une des grandes différences, parmi tant d’autres, entre Chavez et Maduro, c’est que Chavez, el Comandante, était un chef militaire respecté des troupes dont la loyauté lui était acquise. Alors qu’on voit bien, lors des rencontres de Maduro en tant que Commandant en Chef des Armées, avec les gradés et les troupes des Forces Armées Nationales Bolivariennes, que cela ne passe pas, comme Commandant les militaires ne le prennent pas au sérieux. Le vrai commandant, c’est le troisième larron de la coupole maduriste -  Diosdado Cabello étant le second larron - le Général et Ministre de la Défense Vladimir Padrino qui est le véritable chef militaire du Venezuela. La question est donc : « jusqu’où va sa loyauté à Maduro ? »

 

Pour prendre la température de la partie chaviste, autres gauches ou communaliste de la population, il existe un site de référence, Aporrea (Assemblée Populaire Révolutionnaire), qui publie des articles d’actualité mais aussi chaque jour des billets d’opinion, comme le dit une de ses gestionnaires :

« Cela a été un excercice profondément enrichissant, revoir et publier les dizaines d’articles, de personnes fort diverses, une variation de nuances de l’expression de notre peuple, ceux qui pour diverses raisons continuent à croire dans le gouvernement de Maduro, d’autres qui ne supportent simplement plus cette situation ou simplement partagent leur indignation » écrit Andrea Pacheco au sujet de son travail au sein de l’équipe d’Aporrea

On y retrouve les billets  du Ministre de l’Education Elias Jaua, voisinnant avec les plus sévères critiques du Chavisme ’depuis ses fondations, on y retrouve des membres du PSUV qui sont entièrement acquis au régime et d’autres qui ne le sont pas ; différent courant de gauche tel Marea Socialista (à l’initiative d’Aporrea),, la Izquierda en Lucha, le Parti Communiste du Venezuela… et le Front Amplio de Nicmer Evans dont on ne sait plus trop s’il est « centre-gauche » ou « centre-droit » ainsi que l’autre Front Amplio du Général Visconti (qui a été un des dirigeants de la révolte des Officiers menée par Chavez en 1992) qui est résolument anticolonial et communaliste, anticolonialiste veut dire que Socialiste, ,  de Gauche sont  vu comme des concepts d’importation qui ne conviennent pas à la population majoritairement métisse du Venezuela. Beaucoup aussi de personnes de bonne foi (ou non) désemparées devant l’évolution du régime. Et beaucoup, beaucoup d’etcétéra, et je souscris, lire Aporrea est intéressant et instructif, et donne un pannel complet des courants révolutionnaires depuis les plus organisés jusqu’aux points de vue personnes singulières..

Il y a quelques années, pendant la tentative de coup d’état qui a suivi les précédentes élections présidentielles, Aporrea était le haut lieu d’une production d’intelligence collective de résistance, des groupes comme des personnes se mettaient à étudier les manuels de coup d’état doux de Gene Sharp, à montrer comment il s’appliquait au Venezuela, et cherchait les moyens de couper l’herbe sous les pieds à la tentative de coup d’état en cours, en agissant directement contre ses manifestations souvent meurtrières, ou en cherchant les moyens pour promouvoir une culture de la paix, bref des intelligences en effervescence rivalisaient et se complémentarisaient pour faire barrage à l’extrême-droite et à ses maîtres étasuniens qui lui assurait subsides et formations pratiques, y compris paramilitaire pour renverser le gouvernement légitimement élu du Venezuela.

Grâce à ce travail collectif, j’ai appris ce qu’étaient réellement les révolutions de couleurs, Et bien d’autres choses. C’est bien une ambiance d’Assemblée Populaire que l’on trouve sur ce site en débat permanent.

Depuis  de l’eau et du sang ont coulé sous les ponts du Venezuela, quelques années plus tard, nombre de ces auteurs chavistes, révolutionnaires, bolivariens qui m’ont servi de référence pour suivre les évènements de 2013 se retrouvent aujourd’hui soit terriblement désemparés, soit mènent des tentatives plus ou moins couronnées de succès pour refonder un mouvement populaire de lutte, avant tout contre l’extrême-droite et l’ingérence US, mais aussi pour revenir au projet chaviste de base : la commune.

Certains d’entre eux appellent à voter Maduro, parce qu’il pense que son nouveau mandat, leur conserverait les espaces de liberté nécessaires pour la refondation de ce large mouvement populaire qu’avait catalysé Hugo Chavez. Pour d’autres la priorité est de « sortir de Maduro » sans tomber dans l’opposition radicale, mais en trouvant les moyens d’une intégration à la base, dans les communes de l’ensemble des habitants sans distinction politique, comme ce fut le cas lors de l’élection municipale confisquée de Simon Planas,. Mais jusqu’ici, ils n’ont pas trouver de solution probante, et des divergences de moyens affaiblissent leur tentative.

Pour rappel, Angel Prado, membre du PSUV, comunero actif de la Commune El Maïzal, la commune agraire la plus productive du Venezuela, fondée en 2009 en présence d’Hugo Chavez, une commune modèle, qui fait partie de la municipalité de Simon Planas, avait été choisi par l’assemblée des habitant, su bases de ses qualités et compétences éprouvées, bien connues de tous, pour être leur candidat à la mairie. Angel n’était pas  candidat en tant que membre du PSUV, il était le candidat de l’assemblée des habitants, le Conseil National Electoral et l’Assemblé Constituante lui ont refusé le droit de se présenter….Finalement par une voie détournée, Angel Prado a incontestablement remporté cette élection mais s’en est suivit une trahison qui a mis à la mairie le candidat parachuté par le PSUV.

Je reprends cet exemple, parce que je pense qu’il illustre bien le chemin d’une culture de paix, quii passe par l’organisation de voisins de bonne volonté et désireux de participer à la vie de leur quartier, de leur commune, de leur municipalité. Il montre aussi comment le Pouvoir actuel s’oppose à de telles initiatives. Alors que les habitants de Simon Planas continuent leur lutte pour la reconnaissance du résultat des élections ; Maduro est venu en personne attribuer un fond à el Maïzal pour que cette commune puisse produire des produits traités de manière industrielle (tss, tss…) et bien sûr il en a profité pour faire une photo avantageuse, lui protecteur, aux côtés d’Angel Prado, un peu dubitatif tout de même, qui porte le bon validant le subside,  Une belle carotte pré-electorale….

 Dans cette recherche de revalorisation du pouvoir populaire, je serai plus proche du courant du Général Retraité Visconti qui lui aussi s’est vu refuser le droit de proposer sa candidature aux élections présidentielles cette fois, j’avoue que je ne sais plus sous quel prétexte, parce que les abus de pouvoir du Conseil National Electoral sont récurrents et utilise toute une panoplie de motif pour barrer la routes des urnes à différents candidats. Ni Visconti, ni Angel Prado ne sont des cas isolés.  Visconti, général à l’érudition historique impressionnante, est communaliste et radicalement anticolonialiste, il reconnait qu’un état qui favorise réellement la commune est un état qui prépare consciemment et volontairement sa propre disparition. Il n’est pas socialiste, le socialisme, reste un héritage colonial, c’est une position qui est défendue aussi par de  nombreux mouvements populaires de toute la région. Et me vient naturellement un parallèle avec les zadistes de Notre Dame des Landes, certains ayant une appartenance à un parti ou une organisation politique, d’autres non et pourtant ils ont réussi pendant des années à gagner le pari d’une occupation conviviale et collective d’un territoire commun en faisant de leurs différences une source de complémentarité plus que d’antagonisme… pas sans difficultés, échecs, erreurs, il inventent et expérimentent d’autres modes de vivre ensemble… Chapeau Bas.

Dans le dernier texte que j’ai traduit « Le chavisme à la croisée des chemins », deux versions du chavisme officialiste sont envisagées… Pour faire court : l’une privilégie les structures du sommets du pouvoir, centre directeur autour duquel une « base » politisée (endoctrinée souvent comme en témoignent les discours appris par cœur que servent de nombreux militants de base, un vrai lavage de cerveau à la stalinienne), alors que l’autre tendance se fonde dans un pouvoir populaire, en auto-organisation spontanée, qui tissant des liens à différentes échelles et s’articule avec le pouvoir de l’état, qui redistribue le pouvoir autant que les « richesses » et assure un rôle protecteur de la souveraineté du pays. Le présupposé de ce modèle qui me dérange, c’est qu’il y a une eschatologie un devenir socialiste du peuple inéluctable, comme s’il était inscrit dans un « gène populaire » qui serait par nature socialiste, même si le peuple ne le sait pas, pas encore.

Ce qui est démenti par les mouvements populaires spontanés qui se multiplient dans le monde entier, non sur base d’appartenance politique mais sur celle de territoires et/ou de droits à défendre contre le capitalisme brutal, ou sur celles de créations d’alternatives à ce même capitalisme… et ces mouvements se rencontrent, échangent, créent des plateformes de luttes communes, font la fête ensemble, les formes d’une nouvelle organisation politique (au sens du vivre ensemble) organique, se dessinent. Aucun de ces mouvements n’est un mouvement de masse, aucun ne reçoit les directives d’un partis dont il serait une sous-composante aux ordres, non, ils sont composés de personne qui chacune ont pris conscience pour soi et rejoint d’autres par affinité, communauté de point de vue, pour réaliser des objectifs collectifs.

Il n’est plus question ici d’éduquer des masses, ainsi que le préconisent les gauches, ce qui représente toujours à divers degrés une forme d’endoctrinement la création d’un inconscient collectif soumis à une même propagande, cela même adolescente je l’avais compris.

Alors que certains me catapultaient « leader de gauche » et quoi encore, juste une gamine convaincante parce qu’elle croyait en les causes qu’elle défendait. Jamais je ne serai de ceux qui disent « Qui m’aime me suive » mais bien de ceux qui propose « Puisqu’on s’aime marchons ensemble », et cela je l’ai réalisé dans une étape suivante de ma vie, mais cela est une autre histoire. Sauf que j’ai vu de l’intérieur les fonctionnements d’organisations staliniennes et vu de très près les autres formes d’organisations de la gauches des 70,  comme j’ai participé au mouvement spontané d’une jeunesse dégagée de l’emprise des partis et qui voulait construire concrètement sur le terrain des alternatives au capitalisme « respectueuses de l’environnement », mais la Terre alors était plus facilement accessible, que ce soit par un accès à la propriété ou l’occupations d’espaces libres.

Nous vivions alors « en marge », pensant qu’il était possible de construire un autre monde sans se préoccuper de la politique et encore moins de géopolitique internationale, nous n’avions aucune conscience de ce qui se mettait en place sous nos yeux, un monde qui réduirait comme peau de chagrin les territoires libres, quand des failles plus ou moins larges du système ne subsisterait que des interstices. Cela est un problème mondial. Le fait est que très vite, j’ai refusé l’idée du prosélytisme  qui implique toujours des pressions sur la conscience d’autrui pour préférer « la contagion par l’exemple » réaliser avec bonheur des projets qui donnent envie à d’autres d’en faire autant, leur montrent que c’est possible.

Le projet de Chavez, souveraineté populaire, souveraineté alimentaire dans un pays libre de droits intellectuels, organisation politique fondées dans les communes était parmi les projets progressistes qui coexistaient au début de ce siècle en Amérique Latine, celui qui allait le plus loin dans la remise en question des structures de l’état. Et lui aussi était habité par ce principe de contagion par l’exemple. J’ai beaucoup appris au cours des dernières années, je sais aujourd’hui que par nature état et commune sont des antagonistes inconciliables, mais quand j’ai découvert le projet chaviste, j’ai été très enthousiasmée, surtout quand, par exemple, la mobilisation spontanée du peuple contre le coup d’état de 2002, montrait un peuple, debout Constitution à la main, qui s’autoorganisait, à travers les radios alternatives qui florissaient, par des échanges d’informations transmis par des messagers motorisés, alors que l’armée s’organisait en solidarité avec Chavez, L’’apathie politique régnait alors en Europe, la conscience éveillée du peuple du Venezuela forçait l’admiration et était revigorante.

J’ai retrouvé cette énergie en 2013 quoique moins intense et aussi moins unanimement organisée. Pour beaucoup Maduro était le choix de Chavez, un choix qu’ils respectaient, malgré que ce ne soit pas leur élection personnelle. Je retrouve les mêmes aujourd’hui, désolés de constater à quel point ils avaient raison. Du propre aveu de membres des hautes sphères du parti et du gouvernement, comme l’inénarrable Iris Varela, ministre du Système Carcéral, et « chaviste » virulente, le régime actuel au Venezuela est un régime présidentiel, le président jouissant d’un régime d’exception qui lui permet de gouverner par décret dans de nombreux domaines un régime dans lequel l’exécutif est le premier (et seul) pouvoir auquel tous les autres sont subordonnés. Et comme le dit la présidente de l’Assemblée Nationale Constituante, Delcy Rodrigez : »Jamais nous n’abandonnerons le pouvoir », tout cela au nom de La Vérité, comme ils disent, celle qu’ils sont les seuls à détenir alors que tous ceux qui ne s’y rallient pas sont potentiellement des « Traître à la Patrie » et que nombre d’entre eux, parmi lesquels des chavistes de la première heure, croupissent en prison, au secret, dans des régimes d’isolement sans qu’aucune motivation claire de leur arrestation ne soit présentée au peuple.  

 

Voilà c’est une première partie de cette description de la situation pré-électorale au Venezuela que je poursuivrai tout au cours de la semaine.  

Anne Wolff

 

 

 

[i] Ollantay Itzamna, est indigène quechua. Il fait partie des organisation indigènes et sociales de la zone maya. Il a appris le Castillan à l'âge de 10 ans, quand il a découvert l'école, la route, etc... Depuis 10 ans il écrit, non pour gagner de l'argent, mais pour contribuer au changement par l'apport de ses réflexions et faire partager l'apport de celles et ceux qui n'ont pas la possibilité d'écrire.  Ollantay Itzamna est également avocat et anthropologue.

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13 mai 2018 7 13 /05 /mai /2018 16:34

http://contrahegemoniaweb.com.ar/wp-content/uploads/2018/05/entrega3-600x445.jpg

Venezuela 

Dans une semaine, au Venezuela se dérouleront les élections présidentielles. Un résultat sans surprise est attendu, tant par ceux qui en sont enchantés que par ceux qui ne le sont pas – Maduro sera réélu. Ce n’est pas l’inconnue. L’inconnue sera la réaction des dirigeants étasuniens et de leurs vassaux d’Amérique Latine. Comme l’affirme Stella Calloni, en se basant sur des documents du Commandement Sud de l’armée US,, l’invasion du Venezuela est programmée de toute manière avant la fin de l’année 2018, reste à voir quand, sous quel prétexte et sous quelle forme.

Ce qui m’intéresse moi, ce sont les manières dont les forces populaires vont s’organiser – ou non – face à une menace d’invasion que refuse plus de 80% de la population. Une autre grande inconnue, y compris pour les analystes locaux consiste dans les choix qui s’opéreront à l’intérieur de l’armée en faveur de l’un ou l’autre camp, avec pour corser les choses la possibilité que des militaires se revendiquant d’une troisième voie et tentent de prendre le pouvoir pour leur compte….

Actuellement il est très difficile de s’y retrouver à travers un chavisme morcelé à l’intérieur comme à l’extérieur de l’officialisme et autres organisations de la gauche révolutionnaire ou communaliste.  Quelles tendances sont vraiment significatives, incarnées dans des mouvements populaires organisés ?

Comment aussi cette mosaïque pourrait-elle se recomposer pour opposer un front uni à un ennemi commun ? Composé de qui ?  Le texte qui suit montre les divergences qui existent entre chavistes au sein même de l’officialisme. Il fait partie d’une série de textes du même auteur qui propose une alternative populaire qui se démarque du chemin pris par les sommets étatiques actuels du « chavisme » que beaucoup appellent  madurisme en tant qu’il rompt avec le projet chaviste.

 

Le chavisme sera socialiste ou ne sera pas

Par Marco Teruggi

Journaliste d’origine Argentine Après l'obtention de son diplôme, il s’installe à Caracas où il a travaillé comme journaliste au ministère du Pouvoir populaire pour les communes (Ministerio del Poder Popular para las Comunas), puis actuellement au ministère de la Culture.

“Made in socialisme” Cette phrase a surgit au Venezuela il y a quelques années presque omniprésente. On la retrouvait sur les chocolats, les yaourts, les huiles, les affiches, avec un cœur et l’inéluctable étoile à cinq branches. Dans l'étape actuelle elle se fait évanescente, plus exception que règle. Ce ne furent pas les uniques choses qui eurent droit à cette qualification révolutionnaire : tout ministère en vint à être de pouvoir populaire, et chaque boulangerie ou route, se retrouva, en parole, socialiste. Chavez s’interrogea à ce sujet sur la chaîne nationale : appeler les choses, socialistes ne les rend pas socialistes pour autant. Et s’il souhaitait construire quelque chose, c’était la transition vers le socialisme du 21ème siècle. Le chavisme devait être socialiste.

Ce n’était pas comme cela dès le départ, du moins pas publiquement. On peut penser que c’était parce que cette conclusion n’était pas encore apparue à Chavez, ou parce qu’il s’agissait, dans le domaine du discours politique de parvenir à cette idée de manière collective, de déboucher sur cette nécessité à travers un processus de masses.    La question n’était pas que lui en soit convaincu, sinon qu’il s’agissait d’une avancée populaire dans cette direction, une maturation du sujet historique, épicentre de la politique. Créer le désir du socialisme, qui fut nommé pour la première fois en 2005.

A partir de ce moment, avec un point de départ dans ses premiers écrits, par exemple le Livre Bleu, il existait des idées fortes, intégratrices et ayant un pouvoir mobilisateur. Comme la récupération du projet d’indépendance trahi, le nationalisme populaire bolivarien, c’est-à-dire, la revendication nationale dont les humbles sont les protagonistes, avec une dimension latino-américaine, la refondation éthique d’un pays effondré, qui pendant des décennies avait été pillé par une classe politique/entrepreneuriale corrompue. La bannière tricolore, le béret rouge, l’autorité militaire, plébéienne, la libération nationale et sociale en un même mouvement. C’était cela les lignes directrices, de  la convocation d’un pays en crise organique dont les classes populaires étaient en mouvement depuis le Caracazo de 1989 et l’apparition comme un éclair de Chavez comme   en 1992.

Le propos, et ici on peut retracer les éléments clés du socialisme avant qu’il soit annoncé, était de construire ce projet à travers la mise en marche de mécanismes centraux : des espaces pour l’exercice de la démocratie participative, la multiplication des organisations populaires, des essais d’institutionnalisés parallèles qui seraient ensuite articulées avec l’état, comme les missions, et la conformation d’un sujet politique capable d’assumer ces tâches. Le centre de gravité stratégique se trouvait dans les classes populaires, dans la construction d’un pouvoir populaire qui prendrait différentes formes au fil des ans. L’État devait récupérer le pouvoir/’économie, pour ensuite les transférer aux gens organisés en processus d’apprentissage de l’exercice du pouvoir. Une architecture complexe, virtuose - possible ? - nécessaire. Les trames socialistes firent leur apparition avant même l’annonce du caractère socialiste [de la révolution].

Il n’était pas question de sortir de cet ordre néo-libéral pour établir un capitalisme avec une meilleure répartition, mais bien de chercher des chemins pour surpasser l’ordre du capital. « Cette révolution a assumé la bannière du socialisme, et cela appelle et exige beaucoup plus que n’importe quelle autre révolution, nous aurions pu en rester à une révolution nationale, mais derrière ces termes souvent indéfinis se cache des stratégies    qui finissent par devenir réformistes, de droite, qui se terminent appliquant un programme gatapardiano (qui change de nom sans rien changer concrètement NdT) », expliquait Chavez.

La définition de 2005 coïncide avec l’élaboration des conseils communaux, suivit par les communes. Chavez traça la voie communale vers le socialisme, ce qui impliquait de reconstruire un nouvel État depuis la base du pouvoir politique, culturel et économique des communes. Il l’a mis par écrit : l’état bourgeois devait être pulvérisé, y pour cela il a rédigé un plan avec différentes étapes. Cela impliquait de construire différemment,  sur base de clés participatives et autogestionnaires, en parallèle  avec la démocratisation de l’État hérité, une clé d’analyse d’Istvan Mezsaros. Un socialisme depuis la base, endogène, c’est ainsi qu’il le définit

Cette proposition socialiste de Chavez entra en tension avec une autre, qui ne fut pas formulée ouvertement. Elle peut se résumer en quelques idées fortes : la centralité devait revenir à l’État, protecteur et acteur/sujet principal du processus, les formes d’organisations populaires devaient se subordonner aux institutions et se cantonner dans des aires limitées et contrôlées, alors que cette force estatale devait conclure des accords avec les entrepreneurs de la vieille garde ou émergents, miser sur la création d’une bourgeoisie nationale, qu’elle soit externe ou provienne des rangs mêmes du chavisme. Un socialisme d’État à la limite de l’idée d’un capitalisme avec une redistribution de richesses, sans changement des fondations.

On peut reterritorialiser   ce débat dans des politiques concrètes. Chavez l’a fait, sur des chaînes nationale, en forme de pédagogie de masse et aussi pour son cabinet : « L’étalon de mesure - disait Meszaros  - des acquis du socialisme est : jusqu’à quel point les mesures adoptées contribuent activement à la constitution et à la consolidation bien ancrée d’un mode substantiellement démocratique, de contrôle social et d’autogestion générale ». La manière de construire depuis l’institutionnalité est différente si l’objectif est une gestion efficiente de l’État ou si, conjointement avec cela, une avancée se fait dans la récupération du pouvoir par les communautés organisées et la mise en marche d’un nouvel équilibre. Le sujet de la révolution n’est pas un ministre, ni un maire, mais bien les classes populaires en processus d’organisation au sein d’une stratégie de pouvoir.

.Chavez planta alors les fondations du socialisme du 21ème siècle qui est communal, féministe, avec le développement de formes sociales de propriété des moyens de production, qui  doivent devenir hégémoniques. Il a laissé des années de tentatives dans cette direction, en politique, en économie dont le bilan est une dette en suspens.

Les différents chavismes à l’intérieur du chavisme envisagèrent ce projet depuis leur hétérogénéité et, depuis 2014, avec une situation économique acculée dans les cordes. La révolution se trouve à une croisée des chemins, avec deux options possibles, une réponse de défense et préservation, avec de possibles reculs des conquêtes, proche de la vision historiquement éloignée de la voie communale. L’autre consiste en  un approfondissement des changements initiés, avec, par exemple, une amplification des champs d’action et de décision du pouvoir populaire. Les deux possibilités sont des guides pour penser à la vision prédominante à l’intérieur du chavisme… - quel chavisme ? - laquelle semble avoir opté pour la première option, renforcer l’accord avec l’entreprenariat et mettre un terme au défi communal.

L’histoire à présent est dans des eaux troubles. Les analystes autant que les acteurs, ont des désirs, des intérêts, des tensions de classes qui coexistent à l’intérieur même du chavisme qui se maintient uni. Où est le socialisme ? Loin ...il s’exprime en expériences concrètes, territoriales qui accumulent de la puissance, en conflit en tant que projet intérieur du chavisme, menacé d’asphyxie imposée par la guerre d’usure  et par les tendances bureaucratiques qui ne croit pas dans  le sujet historique [le peuple] et qui croient en … Mais en quoi croient-ils donc ?

Le chavisme sera socialiste ou ne sera pas.

 Source

Traduction Anne Wolff

 

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12 mai 2018 6 12 /05 /mai /2018 08:44

par Stella Calloni

Je continue à suivre au quotidien la progression des évènements au Venezuela, en particulier en ce moment à l'approche des élections; Parmi les centaines de choses qui devraient être relayées en français, dossiers sur différents thèmes, un sujet est actuellement à mettre en évidence, une chose unit le peuple de "gauche" au peuple d'opposition, la peur et le refus de toute intervention militaire étrangère (US et cie) dans le pays. Seuls quelques traîtres ou imbéciles d'extrême-droite souhaitent et appellent cette intervention. Imbéciles parce qu'ils ne tiennent pas compte des récentes leçons des interventions militaires humanitaires des USA au Moyen-Orient, pourtant connues de tous, ni des leçons à tirer des interventions US qui n'ont amené en Amérique Latine que la terreur, ma mort, la torture, les dictatures, la misère, l'occupation permanente, la militarisation de la répression en déploiement permanent.... etc, Ce qui se prépare aujourd'hui au Venezuela.

 

Je m'apprêtais à traduire ce texte de la grande analyste qu'est Stella Calloni, auteure d'un livre devenu une référence incontournable sur l'Opération Condor, et c'était déjà fait.

Stella Calloni est aussi auteure de

Qui décrit la trame de déstabilisation de l'Amérique Latine par les USA, réseaux de bases militaires, subsides aux organisations "civiles" crées de toutes pièces, influence de l'organisation d'extrême droite, Uno America qui réunit entre autres tous les vieux militaires nostalgique des dictatures., dirigéepar l'ex-président de Colombie Uribe, sous égide de Washington... bref une excellente introduction à la guerre de "basse intensité" menée en permanence par l"Empire US en Amérique Latine.

L’espionnage généralisé est une manifestation de la société du soupçon généralisé qui est aussi un mode d’être du fascisme. Lorsqu’on lit les listes des personnes considérées comme susceptibles d'actes terroristes selon les « autorités » étasuniennes...

Les processus électoraux de cette année en Amérique Latine ont rencontrés de sévères menaces de multiples sortes. Les medias de masse, intégrés dans le réseau mondial de la désinformation et de la contre-insurrection ont joué un rôle clé. Au Venezuela...

Une analyse du coup d'état "parlementaire" contre le président Lugo, en 2012, un des coups d'état fomenté par Washongton (et Monsanto) contre l'Amérique Latine Souverainiste.

Entrevue avec Stella Calloni Par Fernando Orellano Ortiz Il y a en Amérique Latine une menace latente qui émane des secteurs militaires d’extrême-droite qui cherche à rééditer l’opération Condor, contre les gouvernements progressistes - la même qui pendant...

 

Autres textes sur la déstabilisation du Venezuela et ses sponsors de Washington

par rubèn ramos

Un autre texte précieux pour comprendre la tentative de coup d'état prolongée au Venezuela, mais aussi ce que sont en réalité les "révolutions de couleur"

Ainsi que le texte suivant qui nous décrit comment les gentils bambins de l'extrême-droite vénézuélienne sont formés en Serbie aux pratiques paramilitarisées des "révoltes populaires spontanées" :

Des documents qui aident à comprendre ce qui se prépare actuellement au Venezuela, et la réelle nature et fonctionnement des coups d'états" doux" en général

Stella Calloni, référence incontournable en ce qui concerne les processus de déstabilisation de l'Amérique Latine

Stella Calloni, référence incontournable en ce qui concerne les processus de déstabilisation de l'Amérique Latine

 

 

Le "coup de maître" des États-Unis contre le Venezuela

Les États-Unis et leurs alliés préparent en silence un plan brutal pour « en finir avec la dictature » au Venezuela. Ce « Coup de Maître » (“Masterstroke”) déjà en marche verrait une première partie se mettre en place avant les prochaines élections, et, s’ils ne parviennent pas à chasser le président Nicolás Maduro lors de la nouvelle offensive, qui sera accompagnée de tout l’appareil de la propagande et des médias, outre des actions violentes « pour la défense de la démocratie », le Plan B est prêt, et il impliquera plusieurs pays, pour imposer une « force multilatérale » d’intervention militaire.

Le Panama, la Colombie, le Brésil et la Guyana jouent un rôle clé, avec l’appui de l’Argentine et d’autres « amis » sous le contrôle du Pentagone. Les bases à occuper, les pays frontaliers qui fourniront un soutien direct, dont leurs hôpitaux et réserves de vivres pour les soldats, tout est prêt.

Tout cela est spécifié dans un document de 11 pages qui porte la signature de l’amiral Kurt Walter Tidd, actuel commandant en chef du SouthCom des États-Unis, non encore divulgué [1].

Le document analyse la situation actuelle et valide une guerre de contre-insurrection contre le Venezuela, ainsi que le schéma pervers de la guerre psychologique qui permet de comprendre la persécution, le harcèlement, le dénigrement, le mensonge utilisés pour en finir non seulement avec les dirigeants populaires, mais aussi avec les peuples en tant que tels.

Le rapport affirme que « la dictature chaviste chancelle au Venezuela, suite à ses problèmes internes, à la grave pénurie d’aliments, à l’assèchement des revenus extérieurs et à une corruption effrénée, qui a gagné le soutien international, à coup de pétrodollars ; le pouvoir acquisitif de la monnaie nationale est en train de plonger ».

Cette situation, ils admettent l’avoir créé de toutes pièces, avec une impunité choquante, et considèrent qu’elle ne va pas changer. Ils justifient leurs actions en affirmant que le gouvernement vénézuélien prendra de nouvelles mesures « populistes » pour se maintenir au pouvoir.

On peut s’étonner du traitement réservé à l’opposition, opposition manipulée, conseillée et payée par les États-Unis, car on peut lire que « le gouvernement corrompu de Maduro s’effondrera, mais malheureusement les forces d’opposition qui défendent la démocratie et le niveau de vie de la population n’ont pas la capacité requise pour mettre fin au cauchemar vénézuélien », à cause de leurs disputes internes, et d’une « corruption semblable à celle de leurs rivaux ; ils partagent le même manque de racines » qui « ne leur permettent pas de tirer le meilleur parti de cette situation et de prendre les décisions nécessaires pour exagérer l’état de pénurie et de précarité dans laquelle le groupe de pression qui exerce la dictature de gauche a plongé le pays ».

Ils considèrent qu’on se trouve face à « une action criminelle sans précédent en Amérique latine », alors que le gouvernement du Venezuela n’a jamais agi à l’encontre de ses voisins, manifestant au contraire une intense solidarité régionale et mondiale. Le plan états-unien soutient que « la démocratie se propage en Amérique, continent dont le populisme radical était destiné à prendre le contrôle ». L’Argentine, l’Équateur et le Brésil seraient des exemples à ce titre. « Cette renaissance de la démocratie se base sur des choix courageux, et les conditions régionales sont favorables C’est le moment pour les États-Unis de montrer qu’ils sont impliqués dans ce processus, dont la chute de la dictature vénézuélienne marquera un virage à l’échelle continentale ».

Ils poussent par ailleurs le président état-unien Donald Trump à agir, au motif que « c’est la première occasion pour l’administration Trump de mettre en œuvre sa vision de la démocratie et de la sécurité, et pour le convaincre que c’est crucial pour le continent et pour le monde entier. Le moment d’agir est arrivé  ».

Cela implique, outre l’éradication définitive du chavisme et l’expulsion de son représentant, de travailler à « intensifier l’insatisfaction populaire, en favorisant plus d’instabilité et de pénurie, afin de rendre irréversible le désaveu du dictateur actuel ».

Si l’on veut pénétrer l’art de la perversion contre-insurrectionnelle, il suffit de lire la partie du document qui recommande de « harceler le président Maduro, le ridiculiser et le présenter comme un exemple de maladresse et d’incompétence, un fantoche aux ordres de Cuba ».

Il est également suggéré d’exacerber les divisions entre membres du groupe au pouvoir, en soulignant les différences de niveau de vie entre eux par rapport à celui des dirigeants, et de veiller à ce que les divergences s’amplifient.

L’idée consiste à mener des opérations fulgurantes, à la façon dont Mauricio Macri en Argentine et Michel Temer au Brésil ont pris certaines mesures chez eux, ces deux majordomes aux ordres de Washington étant par ailleurs des personnalités corrompues mais devenues par la grâce impériale des « avant-gardes de la transparence » qui ont pris des mesures avec la précision d’un tir de missiles, en quelques heures, pour la destruction des États nationaux.

Le document signé par le chef du SouthCom exige de rendre insoutenable le gouvernement de Maduro, pour le forcer à hésiter, à négocier ou à prendre la fuite. Ce plan qui devrait en finir à brève échéance avec la dite dictature au Venezuela appelle à « augmenter l’instabilité interne jusqu’à des niveaux critiques, en intensifiant la dé-capitalisation du pays, la fuite des capitaux étrangers et la dégringolade de la monnaie nationale, par l’application de nouvelles mesures inflationnistes ».

Autre objectif : « faire obstruction à toutes les importations et en même temps démotiver les éventuels investisseurs étrangers », le tout afin de « contribuer à rendre plus critique la situation pour la population ».

On trouve aussi dans ce plan présenté en 11 pages « l’appel à des alliés internes et à d’autres personnes bien insérées dans le panorama national afin qu’ils génèrent des manifestations, des troubles et de l’insécurité, des pillages, des vols et des attentats ainsi que des saisies de bateaux et autres moyens de transport, pour perturber la sécurité nationale dans les pays limitrophes ». Il convient aussi de « faire des victimes » et d’en accuser les gouvernants « en augmentant les dimensions de la crise humanitaire, aux yeux du monde entier » ; il faut pour cela manier le mensonge et parler de corruption généralisée parmi les dirigeants et « lier le gouvernement au narcotrafic afin de dégrader son image tant au plan intérieur que face à l’opinion internationale » ; cela sans oublier de « promouvoir la fatigue parmi les membres du Parti socialiste unifié (PSUV), l’irritation entre eux, afin qu’ils rompent avec fracas leurs liens avec le gouvernement et qu’ils refusent les mesures et restrictions qui pèsent sur eux comme sur tous ;[…] L’opposition est si faible, qu’il faut créer des frictions entre le PSUV et Somos Venezuela ».

Ce n’est pas tout, il faut « structurer un plan pour obtenir la désertion des cadres les plus qualifiés, de façon à priver le pays de tous ses professionnels hautement qualifiés ; cela aggravera encore plus la situation interne, ce dont on fera porter la responsabilité au gouvernement ».

L’ingérence militaire
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Comme dans un roman à suspense, le document appelle à « utiliser les officiers de l’armée comme alternative pour une solution définitive » et à « rendre encore plus dures les conditions au sein des Forces armées pour préparer un coup d’État avant la fin de l’année 2018 si cette crise ne suffisait pas à provoquer l’effondrement de la dictature, ou si le dictateur se refuse à laisser la place à d’autres ».

Considérant que tout ce qui précède peut ne pas aboutir, et avec un mépris criant pour l’opposition vénézuélienne le plan préconise « d’alimenter continuellement la tension sur la frontière avec la Colombie, d’alimenter le trafic de combustible et d’autres biens, les menées des paramilitaires, avec des incursions armées et du trafic de drogues, pour provoquer des incidents armés avec les forces de sécurité frontalières » et en outre de « recruter des paramilitaires principalement dans les camps de réfugiés de Cúcuta, La Guajira et le nord de la province de Santander, vastes zones peuplées de citoyens colombiens qui avaient émigré au Venezuela et maintenant rentrent au pays, pour fuir un régime qui a augmenté l’instabilité aux frontières, en mettant à profit l’espace vide laissé par les FARC, l’ELN toujours belligérant, et les activités [paramilitaires] dans la région du cartel du Golfe ».

Et voici la structuration du coup final à asséner : « favoriser l’engagement de forces alliées pour appuyer les officiers [rebelles] de l’armée ou pour contrôler la crise interne au cas où l’initiative serait retardée, […] empêcher sur une période courte le dictateur de continuer à élargir sa base pour contrôler l’échiquier interne. Si nécessaire, agir avant les élections prévues pour le prochain mois d’avril ».

En fait, ces élections auront lieu le 20 mai et les États-Unis ainsi que leurs comparses refusent à l’avance d’en reconnaître le résultat. Le nœud de la question, c’est « d’obtenir le soutien et la coopération des autorités alliées de pays amis (Brésil, Argentine, Colombie, Panama et Guyana). Organiser l’approvisionnement des troupes, l’appui logistique et médical depuis le Panama. Faire bon usage de tout ce que permettent la surveillance électronique et les signaux intelligents, des hôpitaux et des fonds déployés au Darién (dans la jungle panaméenne) ; mettre à profit l’équipement en drones du Plan Colombie, ainsi que les terrains des anciennes bases militaires de Howard et Albroock (Panama) de même que celles qui appartiennent à Rio Hato. Et aussi dans le Centre régional humanitaire des Nations Unies, conçu pour des situations de catastrophe et d’urgence humanitaire, qui comporte une piste d’atterrissage et ses propres magasins ».

On a affaire à la mise en place d’une intervention comportant « le stationnement d’avions de combat et d’hélicoptères, de véhicules blindés, de postes de Renseignement et d’unité militaires spéciales pour la logistique (policiers, responsables militaires et prisons) ». […] Il faudra « déployer l’opération militaire sous drapeau international, avec l’aval de la Conférence des Armées latino-américaines, sous la protection de l’OEA et la supervision, dans le contexte légal et médiatique, du secrétaire général de ladite Organisation des États américains, Luis Almagro ». ll conviendra de « déclarer la nécessité pour le Commando continental de renforcer l’action, en se servant des outils de la démocratie interaméricaine, avec l’objectif d’éviter la rupture démocratique ». Et surtout il s’agit de « faire l’unité du Brésil, de l’Argentine, de la Colombie et du Panama pour qu’ils contribuent à renforcer les troupes, à faire usage de leur proximité géographique, et de leur expérience en matière d’opérations en régions boisées et dans la jungle. Le côté international sera renforcé par la présence d’unités de combat des États-Unis et des nations mentionnées ; le tout sous le gouvernement général de l’état-major conjoint dirigé par les États-Unis ».

On s’étonne de l’impunité dans laquelle tout cela se trame, dans le dos des peuples, dans une illégalité absolue, et alors que cela seul rend compréhensibles les récentes manœuvres militaires des États-Unis à la frontière entre le Brésil et le Venezuela (Brésil, Pérou, Colombie), dans l’Atlantique-Sud (États-Unis, Chili, Royaume-Uni, Argentine) ; dans le cas de l’Argentine, cela se fait sans la moindre autorisation du Congrès national depuis octobre-novembre 2017.

« Utiliser les facilités du territoire panaméen pour l’arrière-garde et les capacités de l’Argentine pour sécuriser les ports et les positions maritimes […],
- proposer au Brésil et à la Guyana de faire servir leur situation migratoire, sur laquelle nous avons l’intention de peser à la frontière avec la Guyana ;
- coordonner l’appui à la Colombie, au Brésil, à la Guyana, à Aruba, à Curaçao, Trinidad et Tobago et à d’autres États face à l’afflux de migrants vénézuéliens provoqué par les avancées de la crise
 ».

On prévoit en outre de « favoriser la participation internationale à cet effort, comme partie de l’opération multilatérale avec la contribution d’États, d’organismes non gouvernementaux et de corps internationaux et de fournir ce qu’il faudra en matière de logistique, de renseignement ; il faudra anticiper les évènements particulièrement sur les points choisis à Aruba, Puerto Carreño, Inirida, Maicao, Barranquilla et Sincelejo en Colombie, ainsi qu’à Roraima, Manaos et Boavista au Brésil ». C’est ainsi que se dessine la carte d’une guerre d’intervention annoncée.

Information stratégique

Quant à la perspective stratégique, il va falloir « étouffer la symbolique chaviste avec sa représentativité et son soutien populaire » tout en poursuivant le harcèlement du dictateur « comme seul responsable de la crise dans laquelle il a plongé la nation » ainsi que ses plus proches exécutants, auxquels on imputera la crise et l’impossibilité d’en sortir.

Dans un autre paragraphe, on appelle à « intensifier le mécontentement contre le régime de Maduro, […] à signaler l’incompétence des mécanismes d’intégration mis en place par les régimes de Cuba et du Venezuela, tout particulièrement l’ALBA (Alliance Bolivarienne des Peuples de Notre Amérique) et Petrocaribe ».

Pour ce qui est des médias, le plan dessiné par les États-Unis appelle à augmenter la diffusion, à l’intérieur du pays, dans les médias locaux et étrangers, de messages bricolés et basés sur des témoignages et des publications issues du pays lui-même, en faisant usage de toutes les capacités de dissémination, ce qui inclut les réseaux sociaux, de messages « véhiculant sur tous les médias la nécessité de mettre fin à la situation parce qu’elle est en essence insoutenable ».

Dans l’un des derniers paragraphes du document, on parle d’assurer ou de montrer l’usage de moyens violents de la part de la dictature pour obtenir le soutien international, en mettant en œuvre « toutes les capacités de la guerre psychologique de l’armée des États-Unis ».

En d’autres termes, il s’agit de monter les mêmes scénarios à base de mensonges, de montages de nouvelles, de photos et de vidéos truquées, tout ce qui a été mis en oeuvre pendant les guerres coloniales du XVI° siècle.

Autre question, « Les États-Unis devront soutenir au plan interne les États américains qui les soutiennent », relever leur image et « l’ordre multilatéral d’institutions du système interaméricain, comme instruments pour la solution des problèmes régionaux ; enfin promouvoir l’idée de l’envoi indispensable d’une force militaire de l’Onu pour imposer la paix, une fois que la dictature corrompue de Nicolás Maduro aura été balayée ».

Traduction
Maria Poumier

[1] En voici l’intégralité : « Plan to overthrow the Venezuelan Dictatorship – “Masterstroke” », Admiral Kurt W. Tidd, Voltaire Network, 23 février 2018.

Source

 

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1 avril 2018 7 01 /04 /avril /2018 16:23
Fosses communes pour les prisonniers morts dans l'incendie

Fosses communes pour les prisonniers morts dans l'incendie

 

5 Policiers ont été arrêtés, rendus responsables de l’incendie du commissariat prison de Policarabobo, Valencia, Venezuela, et de ses regrettables conséquences. Officiellement 68 morts dont 66 détenus et deux visiteuses, ainsi que d’une centaine de blessés dans des états plus ou moins graves. Justice vite faite. Justice bien faite ?

Survit la douleur des familiers des victimes, dont les questions restent sans réponses. Incompréhension.
 

5 policiers rendus responsables de l’incendie de Policarabobo au Venezuela

La plupart des corps des victimes ont à présent été rendus à leurs familles, une dizaine de corps n’ont toujours pas été réclamés.  39 des victimes ont été « enterrées » dans le cimetière municipal dans des caveaux maçonnés, à la hâte, dans un recoin du cimetière, où les défunts seront empilés, 3 par caveau, dans des cercueils que les familles n’ont pas eu le droit d’ouvrir. Pour chaque mort, une petite croix blanche sur laquelle son nom est écrit à la main, anonyme.

Seule présence officielle, une douzaine de policiers motorisés, circulent dans le cimetière, veillant « au bon déroulement » des multiples ensevelissements, sans cérémonie, pas le temps, tout est planifié, les suivants attendent leur tour. Aucun accompagnement, aucune présence officielle, ni assistance religieuse. Pas un représentant du pouvoir politique, qui depuis les sommets de l’état est resté silencieux. Les seuls communiqués, la liste des survivants lue le lendemain de l’incendie par une femme policière, sans détail de leur état et les quelques tweets par lesquels le procureur général annonce qu’une enquête aura lieu, puis l’arrestation des 5 policiers considérés comme responsables. Une déclaration conventionnelle aussi d’un adjoint du gouverneur de l’état… aucune déclaration officielle, la Ministre responsable du système pénitentiaire, contrairement à ses habitudes, brille par sa totale absence.

 Aucune présence de terrain, aucune aide psychologique aux survivants où aux familles des victimes, aucune présence officielle pour accompagner les familles et les informer, pour présenter des excuses. Quant aux catholiques, leurs évêques vitupèrent, en chair, contre le gouvernement dans les églises des quartiers chics, le maudissant pour sa responsabilité dans cet incendie, mais l’église ne s’est pas dérangée pour soutenir les familles… Il y a là, abandonnés de tous, « Rien que » des gens simples qui portent les cercueils des aimés, peinant dans la poussière du cimetière, avant de les laisser glisser dans les fosses communes. Des gens en larmes, des enfants aux regards si tristes, d’autres se redressent, l’œil sec et le cœur en bouillie. Et beaucoup d’incompréhension, d’incrédulité se lit sur les visages.

5 policiers rendus responsables de l’incendie de Policarabobo au Venezuela

Le seul élément d’« enquête » qui ait transpiré, c’est que les « autopsie » ont-elles aussi été réalisées à la hâte, à l’air libre, dans le patio de la prison transformé en morgue improvisée. On a également appris que finalement, il n’y a aucun policier décédé dans l’incendie. Trop de versions et de rumeurs circulent sur ce qui se serait « vraiment » passé, et ce serait l’intérêt du régime lui-même que de rendre public les éléments de l’enquête. Mais y en a-t-il eu une digne de ce nom ? En deux jours ? Difficile à croire.

. La Ministre Iris Varela, responsable du système pénitentiaire, « le meilleur du monde » selon ses dires, n’a pas même pris la peine de se manifester. Pas un mot, une apparition publique, pas de déplacement sur les lieux, rien… Alors que ce qui est mis en cause ici, n’est pas seulement l’incendie, mais toutes les conditions qui l’ont rendu possible, des conditions que vivent toujours les quelques 30 000 détenus qui se retrouvent dans des conditions similaires depuis qu’elle a décrété que les prisons étant surpeuplées, certains commissariats feraient office de lieu de détention. Des détentions dans des conditions inhumaines.

Sa seule manifestation, hier, a été pour protester contre le gel de ses avoirs au Panama.

Alors, il y a les on-dit, certains plus crédibles que d’autres. Peut-être un jour les doutes seront levés, mais ce ne sera certainement pas grâce au gouvernement

Pas besoin d’entrer dans un débat spéculatif sur les causes de l’incendie et la totale absence de dispositifs d’évacuation des prisonniers, pour être interpellée, choquée, Les conditions d’existence des prisonniers comme l’inhumanité des traitements qui ont été réservés aux proches des victimes parlent d’elles-mêmes.

Comme parle aussi cette « enquête » bouclée à la hâte, qui conduit à l’arrestation « des cinq responsables » sans qu’aucun de ses éléments ne soient rendus publics, sans que les responsabilités partagées à différents niveaux des pouvoirs publiques soient seulement évoquées. On reste avec un sentiment de frustration, un malaise… ils portent le chapeau.

Aujourd’hui, ce sont plus de 33 000 prisonniers qui occupent pour des mois, voir des années les quelques 8OOO places en cellules prévues dans les commissariats pour des détentions qui ne devraient pas excéder 48 heures.  Les conditions d’hygiène sont déplorables, les prisonniers entassés, sans possibilité de se mouvoir. A Policarabobo, jamais non plus ils n’avaient le droit de sortir dans le patio. Ce sont les familles qui apportent la nourriture, les vêtements propres, les autres objets et produits de première nécessité. L’eau fait partie des priorités !

Alors que selon plusieurs témoignages de proches, pour une heure de visite aux prisonniers en détention préventive, les proches devaient payer aux policiers 10 000 bolivars l’heure. (0,00016 €, si, si ; le salaire minimum est entre 300 et 400 mille bolivars)

Mal nourris, entassés, sans hygiène, sans possibilité de faire de l’exercice, autant dire que la plupart des détenus se retrouvent en mauvaise santé. Tuberculose et VIH sont les maladies les plus répandues.

Ajoutons que les policiers en charge ne reçoivent aucune formation pour leur nouveau rôle de gardiens de prison. Ce n’est pas la même chose de garder quelques individus temporairement, en garde à vue en cellule ou d’avoir à gérer l’intendance et les comportements de centaines de prisonniers, dans les conditions décrites ci-dessus, pour des emprisonnements prolongés.

 

Dans le patio les prisonniers survivants attendent leur transfert

Dans le patio les prisonniers survivants attendent leur transfert

Alors bien sûr, il est possible que 5 d’entre eux aient fait preuve, dans le cas de l’incendie du commissariat prison de Valencia d’un comportement répréhensible ou criminel. Ce ne sont pas les seuls membres des Forces de l’ordre ou militaires qui au Venezuela sont mis en prison pour de tels comportements. Il y avait trois ailes à cette prison improvisée, une pour les détenus en préventive, celle qui a pris feu, une autre pour ceux déjà condamné et une troisième, pour les (135 ? non vérifié) membres des forces de l’ordre qui  « ont failli » à leur devoir. Chaque jour des policiers des militaires sont mis en prison pour diverses raisons, des vols, des agressions, des enlèvements, des assassinats, des actes de corruption, de trahison à la patrie, etc…

Un des premiers doutes qui m’a taraudée, lors des prémisses du gouvernement de Maduro, au printemps 2013, c’est cette tendance qui se dessinait déjà : emprisonner toujours plus massivement semblait être la réponse du pouvoir à la dissidence comme à la délinquance. Cela me fait toujours penser aux « Chimères » du Moyen-âge, les « malformés » de toutes espèces devaient disparaître car ils étaient une insulte vivante à la perfection de l’œuvre divine. Quand un pouvoir quel qu’il soit tend à faire disparaître le problème plutôt que d’y apporter des solutions, je me pose des questions. Depuis j’ai entendu les maduristes, Nicolas en premier clamer de manière réitérée qu’eux, les leaders de la révolution, détenaient La Vérité, celle que devait partager tout vénézuélien qui se respecte.  Associé à la religiosité du régime, le glissement vers une proclamée vérité d’Ordre Divin n’est jamais loin.

De telles prémisses vont conduire vers une société punitive.  Quand celui qui contrevient aux règles de l’ordre social incarne LE MAL. Faut écouter leurs discours, aux dirigeants de l’état et de la « révolution », ils le disent et l’affirment avec toujours plus de force et de conviction. Comme il semble toujours d’avantage que le peuple dont ils auraient à tenir compte se limite aux membres du parti et ceux qui les soutiennent. Les autres, tous les autres étant de l’ordre de la chimère. Alors qu’importe la mort de quelques délinquants sociaux ? Comme le déplorait la maman d’un des détenus décédés : « Dans de telles conditions, nos enfants n’ont aucune possibilité d’insertion, au contraire, la prison empire les choses ».

5 policiers rendus responsables de l’incendie de Policarabobo au Venezuela

Les pandillas, maras bandes de jeunes criminels qui ont trouvé leur origine dans les prisons de Californie sont aujourd’hui légion en Amérique Latine. Quand je dis légion, il y a quelques années leur membres étaient évalués à 8OO OOO rien que pour l’Amérique Centrale. Elles ne sont pas un destin naturel pour les jeunes qui s’y retrouvent embrigadés et ne peuvent en sortir que par la mort, et beaucoup meurent très jeunes. Il existe dans la région d’autres types de bandes criminelles, paramilitaires, une culture de violence qui est la voie sans issue pour une jeunesse sans avenir.

Au Venezuela, voler, dépouiller les autres de leurs terres (j’y reviendrai), de leurs, - souvent maigres - biens, de la nourriture ou des médicaments qui leur sont destinés, des produits de première nécessité, des éléments d’infrastructures, du bétail, c’est un sport national …. La liste est sans fin.  Tous n’y participent pas, tous sont touchés.

D’autres vols sont liés à la corruption financière, détournements de fonds, pots de vin, « taxes » et autres rackets, autres malversations depuis les sommets du pouvoir, jusqu’au plus bas de l’horizontalité, la aussi la liste est sans fin, et s’allonge et s’allonge… Les uns détournent des millions de dollars, les autres quelques dizaines de milliers de bolivars, cela reste du VOL. C’est ici un mal social que seules de profondes réformes de la société pourraient endiguer.

L’explosion du nombre de personnes incarcérées au Venezuela dans ces dernières années montre la dérive « punitive » qui résulte de choix politiques, de la misère et du manque d’éthique qui souvent l’accompagne. Ce n’est pas l’ensemble de la population qui se comporte comme cela, loin de là, je m’apprêtais justement quelques beaux exemple de constructions pour et par le peuple, quand l’incendie a éclaté et que de fil en aiguille j’ai suivi et recoupé les sources et j’ai été touchée par la douleur des famille, par leur colère impuissante à cause de l’incendie, à cause du silence des autorités, du traitement réservé aux morts, aux blessés qui ne peuvent recevoir de visite, ne donnent aux téléphones que de brèves infos sur leur état de santé, leurs besoins urgents, mais ne parlent pas de ce qui s’est passé, ou à cause des survivants en attente de transfert qui regroupés dans le patios voisinent avec les corps calcinés de leur codétenus qu’aucun proche n’a réclamé…

Alors oui, il est évident que faire la lumière sur toute cette affaire ne se borne pas à désigner cinq coupables parmi tous ceux qui ont une responsabilité dans ce drame. Mais si la lumière un jour est faite, cela ne viendra certainement pas du régime, ni des falsificateurs de l’opposition oligarchique, ce sera parce que des familles se seront mobilisées, auront mené leur propre enquête, auront refusé de se laisser impressionner ou acheter pour se taire.  Parce qu’elles auront été soutenues dans leur combat par d’autres forces populaires organisées ou non, dans et hors du pays. Et la totale victoire serait que ces forces populaires, organisées depuis la base, les assemblées des familiers, des voisins, prennent en main la mise en place de dispositifs qui donneraient à ces détenus, très jeunes pour la plupart, la possibilité d’un avenir. C’est possible.

5 policiers rendus responsables de l’incendie de Policarabobo au Venezuela

Cela se fera ou pas, l’avenir nous le dira. Et je garderai un œil sur les suites de ce drame. Jusqu’à ce que les échos se taisent. Ou non. Parce que peut-être les familles ne laisseront pas faire ou parce que l’opposition de droite portera l’affaire sur la scène internationale des Droits de l’Homme C’est fait à l’ONU, qui somme le régime de rendre justice et d’assumer ces responsabilités. La droite non plus ne se contentera pas de cinq responsables désignés à la base et de quelques Tweet du Procureur Général, sans aucun détail de l’enquête en guise d’unique réponse des sommets de l’état. Au contraire ce manque de réactions est autant d’eau - eau qui s’ajoute aux larmes versées par tous les proches des victimes-  au moulin des détracteurs au service des intérêts de Washington, Des détracteurs locaux qui joue la carte de l’ingérence étrangère, pour qui cet incendie est avant tout une bonne aubaine dans leurs stratégies de déstabilisation du pays.

 Je peux me tromper, mais je ne crois pas qu’ils vont laisser tomber, ce que je crois au contraire, c’est qu’à quelques semaines des élections ils vont enfoncer le clou pour qu’elles se déroulent dans un climat d’émeutes qui les rendraient impossible ou les discréditeraient complètement. En plus un tel thème susceptible est de soulever tous les jeunes des quartiers pauvres ! Trop beau !

Sur CNN et d’autres sources aussi versées dans la propagande de masse de mauvaise foi, le thème du « nettoyage social » a été abordé, le gouvernement aurait volontairement fait « disparaître » des détenus surnuméraires. Alors que dans l’autre camp des voix évoquent un complot de l’extrême-droite pour impliquer le gouvernement. Mensonges contre autres mensonges ? Comme le répète Maduro lui-même, un mensonge répété cent fois devient une vérité. Sauf que, quand cette stratégie est utilisée de toutes parts, on se retrouve dans une schizophrénie sociale à grande échelle.  Seules les actions d’union populaire, locales, entre personnes qui se connaissent et se respectent, agissant sur bases de faits connus, éprouvés, peu vaincre le vertige schizophrène social.

De telles puissances existent dans le monde. Au Venezuela des forces populaires qui ont été déboussolées par les trahisons et les mensonges du pouvoir se reconstituent, forces productives autoorganisées, assemblées de voisins qui s’unissent pour faire face aux problèmes qui affectent leur territoire, soutien horizontal entre différents mouvements… c’est de cela dont j’ai envie de parler, c’est plein de puissance, d’espoir, de joie aussi. C’est un vaste sujet. Et j’espère que les familles des victimes auront l’impulsion, le courage et la force de s’unir dans la recherche d’une vérité qui seule leur permettrait de faire leur deuil. Sachant que dévoiler cette vérité feraient d’elles, sans doute, des ennemis de l’état.

 

 

Un moment de recueillement pour les victimes et leur souffrance. Un moment d’humanité.

 

 

A suivre donc…

Anne

Dernier adieu

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31 mars 2018 6 31 /03 /mars /2018 06:24
Enterrement des victimes de l'incendie

Enterrement des victimes de l'incendie

C’est de la folie !

68 morts (au moins) dans l’incendie d’un commissariat prison,  policarabobo,    au Venezuela.

Alors que tous les yeux sont tournés vers la Russie et l’incendie d’un centre commercial, ici aussi un incendie qui fait tout de même autant de morts.

C’est de la folie… le système carcéral du Venezuela, c’est du délire, de l’inconcevable. Entre des prisons transformées en hôtel de luxe avec piscine et discothèque, ou des prisonniers armés cultivent tant des bananes que de la Maria et les commissariats surpeuplés (à 300 ou 400%) qui servent de prisons préventives, chaque regard sur le système carcéral du Venezuela, nous entraîne plus loin dans le délire.

Iris Varela, ministre responsable du système pénitentiaire, dépasse de loin la Clinton dans le registre Harpie, Haineuse et Hystérique.  C’est vraiment une Horrible personne, une des plus fanatiques parmi les fanatiques maduristes, ivre de pouvoir, on peut la voir poser dans les bras de différents Prans, ces prisonniers qui dirigent les prisons et poursuivent leurs négoces depuis leur lieu d’incarcération. Certains disposent d’un « régime de confiance » accordé directement par la Ministre. Malvenus les membres du pouvoir judiciaire qui voudraient s’opposer aux décisions de l’exécutive Iris.

Si vous ne me croyez pas, faite une recherche Iris Varela Imagnenes, et vous tomberez droit dans les bas-fonds du régime maduriste. Quand même ! Une ministre qui pose dans les bras des plus horribles chefs de gang  et narcos du pays, comme s’ils étaient les meilleurs potes du monde, c’est assez déconcertant.  

Un incendie, s’est déclaré mardi, dans les locaux surpeuplés du poste de Commandement de la Police de l’état de Carabobo, transformée comme beaucoup d’autres commissariats du pays, par ordre de la ministre Varela,  en prison préventive, alors que s’y trouvaient environs 200 personnes. En majorité des prisonniers en attente de jugement, des policiers et quelques visiteurs.

Comme toujours aucune déclaration claire n’a été faite officiellement concernant les causes de l’incendie. La version la plus officielle voudrait que lors d’une tentative de mutinerie, des prisonniers pour faire diversion aient mis feu à leur literie, le feu se serait alors propagé rapidement piégeant les personnes qui se trouvaient sur les lieux.

Certains ont pu appeler leurs familles, avant de mourir carbonisés ou asphyxiés.  « Ils nous tirent dessus », « Ils nous jettent de l’essence »  sont des échos qui nous parviennent de ses appels, mais il y a peu de chance que cela soit jamais tiré au clair.

Les proches des prisonniers se sont rapidement retrouvés sur les lieux pour s’enquérir du sort de leurs enfant, frère, ami pris au piège entre flammes et fumée. Ils ont été repoussés à coup de lacrymogènes par les forces de l’Ordre. Mères éplorées, sœurs en larmes, pères dans le pire état d’anxiété n’ont reçu d’autres réponses à leur question « Mon fils, frère, mari, ami est-il en vie ? » que la répression. Et pendant ce temps, ils entendaient des coups de feu à l’intérieur de la prison. Mais comme au Venezuela il est banal que les prisonniers disposent d’armes à feu… qui tirait ?

Personne n’a pris la peine de leur parler, ni aucun « officiel » celle de se rendre sur les lieux. Pourtant, dit une maman dont le fils décédé était en attente de jugement depuis plus d’un an pour un simple vol : « Il n’avait rien fait qui mérite la peine de mort ». Finalement une fliquette lira une liste des survivants. Voir ici

OK, il s’agit de prisonniers, pas de chalands dans un centre commercial comme en Russie, où Poutine en personne s’est rendu sur les lieux de l’incendie. Prisonniers oui, mais surtout des petits délinquants, toujours présumés innocents puisqu’ils attendaient, indéfiniment, d’être jugés. Des morts et des blessés, dont les proches, pour la plupart des braves gens sont autant de victimes, n’ont reçu d’autres réponses que les coups qui les ont dispersés

Le Ministre de la Justice a désigné 4 enquêteurs pour mener des investigations sur cet « incident » (sic)

Mais cette enquête semble déjà manquer de sérieux puisque les corps des victimes ont été rendus aux familles sans qu’il y ait eu matériellement le temps de pratiquer des autopsies en règle.

Et parmi tous les pires de cet incident, les conditions d’enterrement des victimes, dont vous trouverez ici quelques photos, affligeantes, quelques fosses érigées à la hâte dans la terre aride d’un cimetière qui ressemble à une sorte de dépôt d’ordures. Des familles y traînent les cercueils des êtres aimés entre larmes et poussière dans une odeur pestilentielle.

Mais bien sûr dans un pays où la famine et le manque de soins médicaux, la violence criminelle (y compris celle de l’état) font chaque jour leur lot de morts, d’enfants qui subiront toute leur existence les séquelles de la dénutrition, la mort de 68 personnes (au moins), 65 prisonniers, 2 visiteuses et 1 policier ne sont qu’un incident de plus. Pas de quoi s'éplorer

 

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29 mars 2018 4 29 /03 /mars /2018 08:09
Le Petro et le labyrinthe économique vénézuélien

 

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13 mars 2018 2 13 /03 /mars /2018 10:47

J’ai laissé ouverte ma fenêtre sur le Venezuela. J’essaye de comprendre. Que s’est-il passé. Comment ce peuple debout, dans une impressionnante auto-organisation, qui Constitution à la main a fait échouer le coup d’état de 2002, se retrouve-t-il aujourd’hui complétement désemparé face au régime de Maduro ?

Je précise que pour chaque point que j’évoque ici, j’ai une documentation redondante issue de sources indépendantes., et très majoritairement bolivariennes. J'ai aussi analysé des documents du régime et de l'opposition, sur le mode "c'est eux qui le disent"

Je sais bien que la situation est au pire pour tous les peuples de la région. Au Salvador, un pays encore plus petit que le mien, avec une population de moins de 7 millions d’habitants, des centaines de milliers d’enfants vivent dans les rues, abandonnés par leurs parents qui ont été chercher une meilleure vie au Nord. Ils sont livrés sans défenses aux Maras, ces bandes criminelles. Alors oui, le sort de ces enfants aussi devraient nous interpeller. Comme celui des enfants de paysans déplacés par les multinationales en Colombie, j’en étais restée à 6 millions de personnes déplacées, un enfant sur quatre mourrait de faim. La situation ne s’est pas améliorée. Au Honduras, après une nouvelle confiscation des élections le peuple continue de lutter. Et là-bas aussi résister signifie mettre sa vie en jeu. Alors que des enfants se pissent dessus en voyant les uniformes qui signifient terreur. Militarisation de la répression au Brésil, … … … et je pourrais continuer, …. … …

Je pourrais ajouter que dans chacun de ces pays sont installés de gouvernements qui ne prétendent pas créer un pouvoir populaire. Alors que le régime Vénézuélien nous gave de ses déclarations de « triomphe de la révolution »  pendant que le peuple agonise. Je ne le mets pas en cause parce qu'il serait pire que d'autres, loin de là, mais bien parce qu'il prétend être autre chose, qu'il ment au sujet de sa véritable nature.

Alors je cherche des réponses.

J’en étais restée à cette nouvelle mobilisation populaire contre la tentative de coup d’état de 2013-2014, après l’élection de Maduro. A ce moment tous les gouvernements de la région avaient ratifié cette élection, la liste des mouvement sociaux, des personnes notables et autres qui avaient signé la déclaration de soutien à Maduro et au peuple du Venezuela était interminable. Et la population, quoique moins enthousiaste et moins organisée, qu"en 2002, mettait de côté d’éventuelles divergences et critiques pour soutenir le gouvernement de « l’héritier politique » d’Hugo Chavez. L’opposition qui manifestait alors était principalement et presque uniquement formée de la progéniture de l’oligarchie dont une grande partie appartient à des organisations fascistes. Une progéniture formée aux techniques de subversions (y compris paramilitaire) par les « bons soins » et immenses subsides que leur accordaient Washington via des ONG, telle la NED.

Cette fois encore le peuple était mobilisé. Nombreux étaient ceux qui étudiaient le manuel de Gene Sharp sur l’organisation de coups d’état doux. Merci, grâce à leur travail, j’ai pu comprendre la nature de ces coups. D’autres recueillaient « les preuves », filières de formations en Serbie pour les uns, formation à Harvard, où ces techniques sont enseignées…. … … un immense travail de production d’intelligence collective.  

Les coups d’état doux, pour aboutir, doivent surfer sur la vague d’un légitime mouvement de protestation populaire qui sera leur vitrine dans les médias internationaux. Quand la sauce a pris, ils sont repris en main par des fascistes et autres « alliés » ou « vassaux » de Washington, qui s’empressent de liquider dans le chaos de l’explosion de violence qui succède ceux qui se sont distingués comme meneurs potentiels de mouvements populaires souverainistes. Pour le dire comme cela. Il y a des variantes locales, mais le schéma est le même, renverser des gouvernements en utilisant un pouvoir populaire qui sera évincé par la suite.

Une vieille technique : instrumentalisation du peuple. Au Venezuela, la droite détient des listes des chavistes à abattre en priorité.

Simultanément avec cette tentative de coup d’état au Venezuela, se déroulait le coup réussit en Ukraine. La différence était qu’à ce moment les putschistes du Venezuela, n’avait pas réussi à rassembler même l’ébauche de rassemblement de ce mouvement populaire. Leur arrogance de sales gosses de « clasa alta », et une violence aveugle leur avait aliéné jusqu’à ceux parmi le peuple d’opposition qui la subissait indifféremment.

Il faut se rappeler qu’à l’époque, une enquête réalisée par un institut de sondage étasunien avait montré des indices de confiance de la population en la démocratie, extrêmement élevés ‘plus de (80%) dans les pays à gouvernements progressistes d’Amérique Latine, De quoi faire pâlir d’envie la plupart des gouvernements occidentaux donneurs de leçons.

C’est donc cela la question. Que s’est-il passé, aujourd’hui je retrouve une gauche aussi divisée que celle de Belgique depuis les années 80, un mouvement communaliste par nature anti-particratie, réprimé, privé du droit de se présenter aux élections, et un mouvement de protestations populaires légitime et massif, qui subit la répression du régime.  La Vitrine nécessaire pour justifier un coup d’état aux yeux de l’opinion publique internationale. SAUF QUE… la majorité de ces mouvements est composés de ceux qui veulent que ce pouvoir populaire protagonique proclamé par la constitution devienne une réalité, ceux qui justement reproche au régime d’avoir facilité les conditions de reprise de pouvoir par l’opposition.

Cette voix du peuple, vous ne l’entendrez ni dans les grands médias, ni dans ceux qui répercutent imperturbablement les mensonges du régime. C’est cette voix que j’essaye de relayer, à la faible mesure de mes humbles moyens. Ce qui me donne bien sûr un sentiment d’impuissance, mais ce serait pire si je ne faisais rien.

Et si je me concentre en ce moment sur le Venezuela, alors que je constate que pour les peuples la situation s’aggrave de toutes parts dans toute la région, c’est parce qu’ il y a eu un potentiel pour construire un pouvoir populaire et donc aussi l'énergie pour une production locale susceptible de faire face aux pénuries d’importation annoncée. Il était là, il répondait présent !

C'était évident, la guerre économique était en marche, depuis 2002, il était clair que Washington ne renoncerait jamais au pétrole du Venezuela, de même que le précédent d’un pouvoir populaire auto-organisé à l’échelle d’une nation était un précédent inacceptable, un modèle pour d’autres peuples dangereux pour le capitalisme et son nouvel ordre mondial dans lequel le peuple doit s’en tenir à son rôle de bétail productif.

Dans ces discours Chavez met l’accent sur la priorité de la souveraineté alimentaire, or non seulement le pays regorge de terres cultivables, mais aussi de nombreux projets d’agriculture urbaine avaient vu le jour ; la détermination était là pour développer des productions locales artisanales, de quoi poser les bases d’une économie d’autosubsistance sans que de gros investissements financiers soient nécessaires. Bonne volonté et huile de bras. De quoi se soustraire au chantage à la mort de l'Empire et de ces sbires.

Comment est-il possible à partir de cela de se retrouver dans une situation dans laquelle les enfants s’évanouissent de faim à l’école, certains n’ont même plus la force d’y aller. Une autre cause d’absentéisme est le manque d’uniforme en règle. Il serait peut-être temps d’abolir l’uniforme.

Je me suis demandé ce que je ferais dans une telle situation de pénurie. Personnellement, et collectivement. Une chose est certaine, plutôt que de faire la queue pour une nourriture improbable et de mauvaise qualité, j’irais chercher les ressources de la nature. Orties, pissenlits, des plantes à haute teneur en vitamines et oligo-éléments. Les plantes comestibles ne manquent pas dans la nature sauvage, champignons riches en protéines, les glands pour la farine, salade de mouron aux fleurs de véronique, délicieux! … A l’échelle collective, je déploierais un plan national d’incroyables comestibles, une révolution des pissenlits faciles à semer en tous lieux, qui produisent leurs propres semences.... Même sur son balcon, il est possible d’en cultiver. Quelques graines, de la bonne volonté, des formations ponctuelles à l’agriculture familiale et urbaine. Je ne sais pas si les pissenlits fleurissent au Venezuela, mais je suis certaine qu’il doit exister des plantes locales qui sont aussi nourrissante et facilement reproductives. J’utiliserais la méthode Suisse, qui réserve des terrains à cultiver, comme la plaine de Plainpalais à Genève, transformée en champ de blé, pendant les pénuries d’importation alors que ce petit pays était encerclé par la seconde guerre mondiale…. Prévoyance. J'adopterais le "un œuf par enfant chaque jour" qui a sauvé de la dénutrition les enfants d'Angleterre face au pénuries du blocus allemand.

Avant de faire du pays "une grande puissance" comme le promet (des promesses, toujours des promesses) Maduro, en faire un pays où chacun mange à sa faim, se serait pas mal non plus. Cela coûte pas très cher pour de grands résultats en termes de bien-être. Cela relève du plus simple bon sens.

Donc d’un côté, la guerre économique est une réalité. Le sadisme de ceux qui veulent prendre leur revanche sur ces « animaux arrogants », le peuple souverainiste, animaux sont des termes qui reviennent dans la bouche surtout des jeunes, de l’oligarchie -les plus vieux devant conserver leur façade de sauveurs potentiels du peuple (le relookage angélique de Cruella Machado sur le mode dames en blancs de Cuba en témoigne). Certains des charmants bambins vont jusqu’à regretter que les Espagnols n’aient pas mené le génocide indigène à son terme comme l’avaient fait avec raison les Anglais aux USA.  Ce ne sont pas des propos isolés que je reproduis ici, mais bien l’état d’esprit de ces 1/10 000 (et sans doute moins) qui prétendent redevenir propriétaires du Venezuela.

Au cours de mes recherches j’ai trouvé plusieurs axes à approfondir ; « incompétence et corruption », entraînant une hémorragie de capitaux et la destruction des infrastructures productives ou de bien public du pays. Le sabotage constitue une part infime des toujours plus nombreuses et longues coupures d’électricité qui affectent le pays, la cause principale c’est la destruction faute de maintenance de ce réseau (un des meilleurs du monde)  qui aujourd’hui tombe en miettes. Les coupures d’eau récurrentes et prolongées sont de la même veine. De même pour les transports, les hôpitaux, les écoles et universités….

Toutes les ressources naturelles recensées jusqu'au plus profond sous-sol sont, soit mises en gages de prêt que le pays ne pourra jamais rembourse. Il ne peut déjà faire face aux échéances sinon en livrant en toute opacité toujours d'avantage de ces richesses, bradées pour faire face à l'urgence. Elles sont re-privatisées, alors que les membres du régime se servent abondamment pour leur enrichissement personnel. En plus, Le régime a généreusement offert 500 OOO dollars à la campagne de Donald Trump ! Une vidéo montre Maduro accordant à Donald le Nobel de la Paix (c’est tout comme) avant qu’il soit élu.  L’extractivisme se déchaîne détruisant sur son passage les communautés indigènes, le milieu ambiant, les ressources d’eau potables du pays.

Axe manque de soutien au pouvoir populaire, sa confiscation progressive, puis accélérée, jusqu’à cette répression de plus en plus systématique qu’il subit à présent. Quand Chavez revient à Miraflores après sa séquestration par les putschistes de 2002, sa première déclaration : « Le peuple a écrit une page d’histoire ». C’était vrai. Le peuple avait aussi démontré qu’il était mûr pour écrire les suivantes…

Et corrélativement l’axe qui conduit à la négation du pouvoir communal. L’état communal est un des moments de l’histoire de la commune. C’est un état qui est censé tout mettre en œuvre pour favoriser sa propre disparition au profit du pouvoir populaire organisé depuis les assemblées de voisins. Au Venezuela, les impossibilités mises au développement de ce pouvoir se conjuguent.

Un pouvoir populaire bolivarien, autrement dit souverainiste, cela tient la route et cela inclut une grande majorité de la population : les patriotes, ceux qui sont prêt à défendre la souveraineté nationale, y compris parmi les bourgeois et autres entrepreneurs. Cela permet une unité nationale, indispensable pour résister aux déstabilisations extérieures. Cela renforce les liens internes du peuple souverain.

 Proclamer un gouvernement socialiste dans un pays où cette tendance ne représente pas la moitié des habitants n’offre déjà plus cette garantie. Pour la commune c’est une catastrophe. Alors qu’elle doit être le lieu de conciliation entre voisins, dans un souci de bien commun, sans aucune intervention de quelque particratie que ce soit, le lieu où se révèle la volonté du peuple réel, lui imposer de fonctionner dans le cadre du socialisme, c’est en étouffer la voix avant qu’elle ait pu s’exprimer. Mais et c'est très grave, c'est imposer des référents coloniaux à des peuples qui justement veulent dépasser ces cadres de pensée occidentaux, d’où le rôle fécondant de la pensée des primo-habitants et de ces modes d’organisation multimillénaires. C'est intéressant aussi pour les occidentaux toujours plus nombreux qui en ont plus que raz-le-bol de la particratie, d'élections jouées d'avance qui ne donnent plus de choix qu'entre un pire et un peut-être un peu moins pire.

Or le régime maduriste ne répond même plus au prérequis de la démocratie moderne. Les gouvernements progressistes ont choisi la voie pasifique de la démocratie moderne, un système dans lequel la représentation parlementaire est censé faire entendre les voix des différentes composantes de la nation. Tout le peuple est censé y être représenté.

 

Cet axe va donc de l’étouffement des communes, jusqu’à la confiscation du pouvoir législatif et à la consécration d’un nouveau « petit père du peuple », un président qui gouverne par décrets, ce qui donne une suite interminable de « J’ai ordonné… » dans la bouche de Maduro… peu compatibles même avec les versions les plus défaillantes de nos imparfaites démocraties. La confiscation des pouvoirs législatif, judiciaire, populaire et électoral par l’exécutif sont la raison pour laquelle je parle de régime et non plus de gouvernement.

Un autre axe est le rôle de l’armée dans ce gouvernement civico-militaire. Certains vont jusqu’à dire que c’est l’armée qui contrôle le pays. Ce qui est certains c’est que l’on retrouve des généraux et autres gradés dans des postes de directions des principaux rouages de l’administration politique et civile et des entreprises de (non)production de l’état. Rappelons aussi que Chavez, meneur d’une révolte des officiers (89-92) qui refusaient de tirer sur leur propre peuple voulait créer une armée de défense vers l’extérieur qui jamais plus n’ait à réprimer son peuple. Ce n’est plus le cas, non seulement l’armée réprime et parfois assassine le peuple, les militaires qui se révoltent alors sont emprisonnés pour trahison, mais entre corruption à grande échelle, opérations de rackets et acte de délinquances (‘agression et vols) qui se répètent. Une série d'organisations de malfaiteurs, on se demande où est passé le « civico » de l’histoire.

C’e qui nous amène au dernier axe que j’évoquerai ici. Où est la morale dans tout cela. Il ne suffit pas à Washington d’affamer le peuple, il lui faut aussi détruire son âme et sa conscience. Zibechi attribue l’échec de la révolution au Venezuela a un manque d’éthique. Il compare le haut niveau d’éthique qui a permis aux Zapatistes de se maintenir comme organisation populaire dans un état de guerre permanent. Et je ne peux que lui donner raison.

  Quand des bandes de voisins en viennent à attaquer d’autres voisins pour leur voler les conditions de leur survie, quand le détournement de nourriture est un sport national à toutes échelles et autant de crimes contre l’humanité. On entre dans ces processus de sub-humanisation chers à l’Empire.

Il existe aussi à Bruxelles, je les vois grandir en même temps que la misère, sauf qu'en Belgique si les logements sont toujours plus inaccessibles pour les plus petits revenus, la nourriture surabonde, surplus et gaspillage crée une abondance de bien accessibles à budget presque zéro, les soins existent. Les principaux obstacles sont souvent de savoir où trouver les accès. La démoralisation (éthique et enthousiasme) elle est par contre patente. Et agressivité, vol entre amis…. Où je veux en venir c’est que ce problème trouve une partie de sa réponse dans des considérations qui font appel à la « nature humaine ». Une autre vient de se socialisme imposée aux communes par des instructeurs parachutés par Le Parti en vertu de cette nauséabonde "éducation des masses" qui sert de justification au pire formatage prosélyte et aux exclusions de toute dissidence possible qui en sont le corrélat. Un acte de pire mépris. Un petit constat, si Chavez savait écouter, Maduro lui répond aux interpellations par des arguments d'autorité, parfois de la pire espèce. A peine s'il ne qualifie pas d'hystérique une chaviste, qui proteste pour un problème de pollution de l'air, je pense aux mères d'Ituzaïngo, à Cordoba, et à leur lutte victorieuse contre les fumigation de Monsanto. Ces mères aux foyers qui ont réussi à créer un immense mouvement, on rencontré le même genre de disqualification. Cela se trouve sur une vidéo, parmi d'autres,  que j'aimerais traduire au moins en partie, elle est édifiante concernant Maduro. Cela en dit mille fois plus long et clair que le plus long des discours.

Après ce tour d'horizon, j'en reviens à la question : où se trouve aujourd’hui ce réel pouvoir populaire, qui apparait aussi à tous les détours du paysage. Il est là, mais tellement implosé, morcelé, divisé, épuisé par les privations, qu’il n’arrive plus à trouver un sens commun. Mais il est là, il existe, il se cherche. Certaines initiatives semblent faire sens, trop tôt pour en parler. Un des principaux obstacles à leur entrée sur la scène politique : l’interdiction des candidat indépendants, donc ceux élus directement par des pouvoirs populaires que ce soit pour des élections municipales jusqu’aux présidentielles.

Conclusion, s’il est évident que Washington et ses valets locaux sont cause première du désastre Venezuela, le régime aujourd’hui en est cause principale. A cause de perversions qui remontent jusque dans les racines des gouvernements de Chavez et d’autres qui sont propre au madurisme. L’impérialisme US et ses méthodes sont des thèmes bien documentés, même dans la pauvre littérature politique francophone. Et je n’y trouve que très peu de traces du pouvoir populaire pris entre la guerre capitaliste et l’autoritarisme d’un régime qui s’approprie la gestion du « bien public » et des ressources naturelles du pays, véritable capitalisme d’état, qui plus est totalement corrompu et de plus en plus répressif.

J’ai compulsé et corroboré des centaines de documents. Jusqu’à la nausée, une immense tristesse… Je suis profondément désolée. La seule chose que je peux faire c’est relayer des voix du pouvoir populaire pour les francophones qui n’en ont pas beaucoup d’échos. Je suis prête à répondre à toute question, toute demande de documentation supplémentaire sur chacun de ces points.

A suivre donc

Anne

 

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8 mars 2018 4 08 /03 /mars /2018 11:58
Les Etats-Unis assassinent les enfants du Venezuela

. Rappelez-vous les 500 000 enfants morts de faim en Irak pendant  l’opération pétrole contre « pas de nourriture ». C’était un dommage de guerre acceptable à leurs yeux, un nécessité de la logique de guerre, comme l’avait exprimé sans vergogne Madeleine Albright.

Ceci se passe à Sabana Grande/Venezuela. Dans cette vidéo est mise en évidence une réalité dont on ne parle pas, les enfants qui cherchent à manger dans les ordures, dans le désespoir de la famine. Je lance un appel à la solidarité, à celui qui peut où qu’il soit et comme il le peut, réunissons nos grains de sables. Le Venezuela a besoin de nous »

Vous trouverez la vidéo muette ici sur Aporrea. C’est un des cris que lance en écho la multitude des voix d’un peuple en danger.

 Aporrea est un site chaviste qui publie chaque jour des nouvelles et des articles d’opinions. Parmi ceux-ci, il y en a de toutes sortes, de l’essai politique, à l’opinion, aux témoignages de mamans qui interpellent le gouvernement ; « Pourquoi mon enfant doit-il s’endormir la faim au ventre ? » « Pourquoi ne peut-il plus aller à l’école, faute d’énergie,  de transport ? » « Pourquoi la vie de mon enfant est-elle en danger faute de nourriture, de médicaments » en redondance toujours plus intense. De jour en jour la gravité de la situation augmente de manière visible.

Voici ce que disait Raul Zibechi (journaliste, accompagnant des mouvements sociaux d’Amérique Latine) déjà en 2016 ;

« Il n’y a d’autocritique d’aucune part [gouvernement/opposition oligarchique]’. Dans l’actuel processus, il y a des maduristes et des chavistes. Il y a des gens qui soutiennent le processus bolivarien mais qui sont contre Nicolas Maduro. Si on passe en revue, par exemple, la page d’Aporrea, il y a d’abondantes critiques envers le gouvernement de Maduro qui proviennent du chavisme. »

Alors pour ceux ici qui défendent aveuglément le régime de Maduro, et qui comprennent l’espagnol, cherchez les échos des voix du peuple. Sur des sites de gauche. Des sites où chacun reconnait que la guerre économique menée par l’es USA et leurs valets locaux est cause première , des sites où aussi sont toujours plus nombreux ceux qui s’interrogent et s’indignent ; « Pourquoi le gouvernement par son silence, sont déni de réalité, par les mensonges qu’il profère pour occulter cette réalité se fait-il cause principale de ce qui, s’il n’y a aucune aide d’urgence, pourrait devenir très vite le génocide du peuple vénézuélien ? »

 

 

Voici d’autres vidéos, même pour ceux qui ne comprennent pas l’espagnol, les images parlent. Depuis plusieurs semaines, je coupe et recoupe les infos. Je voudrais tant que ce ne soit pas vrai. Mais non, c’est bien réel

Ici, je n’ai pas cherché une pureté des sources, que la droite qui crée la misère l’utilise à son profit, pour affaiblir le peuple et contre le gouvernement, fait partie du  problème. Ne la laissez plus instrumentaliser la misère du peuple à son profit. Il y a réellement  un peuple en danger. Des vidéos comme cela, ne manquent pas, je n’en ai que trop vu, s’il vous en faut plus, faite vos propres recherches,

Je vais vous donne quelques chiffres, parus également sur Aporrea ici ;

Dénutrition et crise alimentaire ont un impact sur l’espérance de vie des Vénézuéliens

Par Mónica Duarte |

 

Je résume ce long article qui déroule un tapis de douleur, jusqu’à l’insoutenable, lui aussi fait partie des échos de la voix du peuple vénézuélien en agonie. Il s’agit d’une étude réalisée par trois universités. Le gouvernement, en ce domaine là comme en d’autres, ne publie plus les statistiques de ce qui va très mal.

Ce sont 9 vénézuélien sur 10 qui ne peuvent subvenir à leurs besoins alimentaires. Et la nourriture est le plus souvent de mauvaise qualité. Source des données, un rapport Encovi 2017,

50 à 60% des enfants sont en état de dénutrition plus ou moins avancé.

Le régime alimentaire est constitué principalement de riz, maïs, farine de blé et tubercules contenus dans les Caisses Clap  et tubercules. Il y a un manque croissant de légumes et fruits. La ration alimentaire moyenne de 1800 ne permet plus une vie active

(Les caisses Clap sont les colis alimentaires accordés par le gouvernement en guise de salaire ou d’aide sociale , o y on trouve des farines OGM importés du Brésil. Des «‘laits » , en fait des boissons à peine lactées, importés du Mexique qui n’ont aucune valeur nutritive et de hautes teneurs en sel, avec une étiquette mensongère NdT)

Ont commencé à proliférer une série de maladies associées à la dénutrition : anémie, pélagre, diabète et maladies cardiovasculaires. (et de plus en plus de vénézuéliens perdent leurs dents NdT)

Affaiblis les gens sont plus vulnérables à la maladie. Se crée une génération atteinte de malades chroniques. Si le processus de dénutrition s’arrêtaient aujourd’hui, les conséquences affecteraient la santé du peuple pour les 40 ans à venir.

Cela affecte aussi la capacité de travail et donc la production, entraîne une déscolarisation et provoque une délinquance à toute échelles. (cela n’atteint pas que les corps, les âmes aussi se dégradent, les gens volent, le peuple dépouille le peuple, les USA aiment sous-humaniser ceux qui lui font obstacle. La dégradation morale fait partie de la guerre. NdT)

En moyenne, en deux ans, chaque vénézuélien a perdu 19 kilos, 8 en 2016 et 11 en 2017). Cette perte n’est pas seulement celle de graisse. Cette perte est principalement une perte de protéine qui entraîne une perte d’eau. La nourriture, de base qualité entraîne des manques de vitamines et d’oligoéléments. Provoquant les maladies associées.

Un enfant ayant un déficit en zinc aura des problèmes de croissance, un adolescent  aura en plus des problèmes de gonades et de testostérone. Le fer est indispensable au transport de l’oxygène dans le sang et maintenir l’activité cérébrale. Les capacités cognitives sont affectées de même que les aptitudes physiques.

Dans les hôpitaux les cas de dénutrition infantile montent en flèche. Ils atteignent 15%.qui ne sont que la pointe émergée de l’iceberg. Et augmentent le nombre des parents qui verront leurs enfants disparaître avant eux.

Tous voient leur espérance de vie affectée. Et la situation s’aggrave de jour en jour, chaque jour sont plus nombreuses les personnes qui meurent prématurément, manque de nourriture et manque de soins pour remédier aux maladies celles qui résultent de la dénutrition et les autres.

Toujours plus nombreux sont ceux qui cherchent la nourriture dans les ordures, des jeunes, des vieux, des familles et les bandes d’enfants des rues (ce qui entraîne des morts par intoxication. Les enfants de plus en plus jeunes qui quittent leur famille pour vivre dans la rue sont toujours plus nombreux c’est un sujet à part entière.  NdT)

La dénutrition, le manque d’insuline, les dialyses qui ne peuvent plus se pratiquer, les médicaments pour les maladies de cœur qui manquent, etc… Alors non seulement les morts prématurées augmentent, mais la question se pose avec intensité ; Quel impact ’auront les séquelles de la dénutrition pour l’avenir ? Pendant combien de décennies ?

 

L’article continue. Il met en évidence, un fait connu de tous là-bas, le gouvernement, même s’il y mettait la meilleure volonté du monde, n’a pas les moyens de renverser le cours des choses à court terme. (La production agricole diminue. Et elle est mal gérée, mal ou pas distribuée - volée NdT)

Il y avait longtemps que je n’avais pas pleuré pour des événements tristes, je  ravale mes larmes, mais là en approfondissant les recherches, oui, les larmes coulent. C’est tout un peuple qu’on assassine, les USA et leurs alliés locaux, avec  leur cruauté bien connue de tous, par la guerre économique qu’il mènent au peuple de ce pays qui leur a résisté. Le gouvernement par son silence. Mon opinion, c’est qu’avec son manque de prévoyance caractéristique, il n’a pas prévu que cela irait jusque-là. Et maintenant, il est empêtré dans ses mensonges.

Et donc deux axes d’actions sont possibles.

 D’abord la mise en cause des USA, en relayant le message, en dénonçant le caractère génocidaire du blocus, et par toutes formes d’interpellations, de demandes de rendre compte. ..

Quant au gouvernement, il faut l’aider à reconnaître la réalité, à sortir des mensonges dans lesquels il s’enferre.  Et l’amener à accepter une aide, une solidarité, de la part de ceux qui le soutiennent en même temps que le peuple, De ceux pour qui  seul le peuple importe, qu’ils prennent ou non, en dehors de cela position politiquement..

 Peu importe, il faut casser le blocus par une aide de solidarité, avant l'irréversible, "génocide doux" ou intervention humanitaire musclée. C’est une question urgente de vie ou de mort pour un peuple au bord de l’agonie

Anne.

Cela a été très dur émotionnellement de réaliser ce travail, mais il aurait été encore pire de ne rien faire. Il y a quelques années, la vitalité du peuple du Venezuela m'avait sortie de désespoir... la plus grande douleur est le sentiment de mon impuissance à pouvoir faire quoi que ce soit qui permette l'entraide.

 

Ceci st une image publiée sur ce blog en 2010. Peut importe les querelles politiques, ce qui compte avant tout c'est le sourire des enfants. A moins que vous ne partagiez la cruauté de ceux qui pensent que leur mort importe peu si elle fait tomber "le régime".

Ceci st une image publiée sur ce blog en 2010. Peut importe les querelles politiques, ce qui compte avant tout c'est le sourire des enfants. A moins que vous ne partagiez la cruauté de ceux qui pensent que leur mort importe peu si elle fait tomber "le régime".

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4 mars 2018 7 04 /03 /mars /2018 19:06
Venezuela : Alerte Malaria !!! Epidémie en pleine explosion.

 

 

Mon prochain sujet sera l’Arc Minier de l’Orénoque.

Le grand extractivisme est une catastrophe à dimension mondiale.  Une mise en danger de la vie sur notre planète.  Il fait partie de l’essence même du capitalisme, son agriculture industrielle est elle-même un extractivisme.  Ils sont aujourd’hui tellement inextricablement liés qu’on ne peut combattre l’un sans combattre l’autre.

Je continue mon enquête et traductions mais aujourd’hui, un grand cri d’alarme a été lancé au Venezuela et un appel à l’aide :

Alerte à la Malaria.

https://1.bp.blogspot.com/--RShsNlCyHw/Wg4jZOMChKI/AAAAAAAAU44/P1b0Ou8KDsUao6Lqv9nGFMAA4kXiFLjPgCLcBGAs/s1600/epidemiamalariaVzla2017.jpg

 

En 1961 le Vénézuela avait reçu un prix de l’organisation mondiale de la santé pour avoir été le premier pays à éradiquer la Malaria en zone de populations denses. Cela appartient au passé

La malaria est une maladie favorisée par la déforestation et la présence de lagune d’eau stagnantes, le cas de la région minière de l’Orénoque. Les mineurs illégaux qui vivent dans des camps improvisés auprès de ces lagunes, sont les plus touchés, faute aussi de prévention et de soin. De même que les indigènes.

La Malaria est une maladie infectieuse causée par un parasite qui occasionne de fortes fièvre, des maux de tête, des douleurs musculaires et qui peut entraîner la mort.

Le parasite est transmis à l’humain par la piqûre d’un moustique femelle infecté. Via la circulation sanguine, les agents pathogènes atteignent le foie, où ils arrivent à maturation. Les plasmodiums retournent dans la circulation sanguine où ils se multiplient dans les globules rouges (érythrocytes). Après quelques jours, les érythrocytes éclatent et libèrent des toxines. L’organisme du patient réagit par une poussée de fièvre… Piquées par un moustique « sain » , les personnes infectées lui transmettent le germe.

 

La société Vénézuélienne de Santé Publique et le Réseau de défense épidémiologique National affirment que les 312 720 cas  recensés en date du 14 octobre 2017, dans l’état de Bolivar qui compte 2,1 millions d’habitants, est un nombre en dessous de la réalité Dans.l’Etat Amazonas, 42 mille cas pour 180 mille habitants selon une médecin d’un hôpital local qui veut rester anonyme de crainte d’être renvoyée. Tous les jours 15O à 200 personnes se présentent pour un dépistage, positif pour la moitié d’entre eux. Elle insiste sur le fait : - que les moyens de dépistages sont insuffisants, en particuliers dans les zones écartés (comme des zones minières souvent distantes de plusieurs jours de barques) – les médicaments eux aussi manquent !

Et quand il y en a, les gens sont dans un tel dépouillement général, que même infectés, ils revendent les médicaments, dont un traitement pour être efficace doit être pris jusqu’au bout, en plus. Le prix peut atteindre 1 à 2 grammes d’or pour Une dose.

Le tableau continue dans les mêmes teintes, les gens meurt du manque de médicaments et/ou parce qu'ils vivent en zone minière écartée. Non seulement les trajets sont impossibles… a pieds, jusqu’au lieu ou il faut attendre l’arrivée du bateau, un bout sur une mule et puis la fin en jeep, par exemple. En plus les mineurs qui arrivent de tout le pays, pour gagner un peu d’argent, y consacrent aussi leur temps libre.,  Le médecin qui raconte ça, lui-même travaille à la mine pendant son temps libre. Mais malgré les gains, il va y renoncer, entre malaria et violence, c’est devenu trop dangereux.

Le pire de l’épidémie est à venir disent les experts en épidémiologie, on s’en doute. Les mineurs migrants dans leurs déplacements peuvent contribuer à étendre le territoire de l’épidémie dont 80% ces das sont actuellement concentrés dans l’état de Bolivar.. Les pays voisins, Brésil et Colombie sont en alerte. Des personnes infectées traversent sans cesse leur frontière en venant du Venezuela.

Les migrations internes ont provoqué un état d’épidémie ou de pandémie dans 17 des 23 états que compte le pays.

La crise a vraiment éclaté en 2016 quand le Mission Malaria du gouvernement a été annulée faute de crédit et de fournitures. Le contrôle de l’épidémie a été perdu et plus de 60% des personnes traitées font des rechutes. Sont aussi mis en avant l’usage de médicaments inadéquats, parce que leur inefficacité est prouvée, parce qu’ils sont destinés à traiter un autre des quatre germes cause de la maladie ou parce qu’ils sont administrés à contre-temps. Il y a aussi un manque d’experts en épidémiologies pour ce qui est de la gestion de crise et de médecins formés, sur le terrain. Bref aucune gestion cohérente de la crise par le gouvernement. Il agit de façon chaotique, dans l’urgence,sans y consacrer les moyens suffisant pour reprendre le contrôle de l’épidémie.

Le risque d’une épidémie internationale est grand. En 2000 le nombre de cas de malaria au Venezuela était de 2,5% de ceux de tout le continent, à présent 50% des cas sont au Venezuela, et le mouvement migratoire actuel, entraîne des situations de danger pour le Brésil et la Colombie.

Les populations indigènes en plus de tous les autres aspects ethnocidaires que constituent pour elles l’arc minier qui violent tous leurs droits, droits hhumains et droits spécifiques, :  ceux constitutionnellement mis en place pendant la présidence de Chavez, mais aussi les droits qui leurs sont garantis par la Convention 163 de l’Organisation Mondiale du Travail ONU.

Non seulement ils se voient exproprier de leurs terres et de leurs modes vie, ceux qui vivent près des mines d’or sont empoisonnés par le mercure, ils sont pris dans un raz de marée de violence qui a déferlé sur la région. Violence des forces de répressions officielles et celles des bandes armées.  Le mouvement de ceux qui sont venu essayé de gagner un peu d’argent à la mine, amènent avec eux bar, alcool, bordels et compagnies. Les indigènes qui étaient essentiellement agriculteurs, privé de leur terre se retrouvent à travailler dans les mines dans des conditions effroyables. Leur famille les y accompagne subissant les mêmes toxicités, les mêmes risques de maladie ou de violence, la prostitution se répand parmi les femmes et les jeunes filles.

Et jamais il n’a été question de pratiquer l’obligatoire consultation libre et bien informée prévue par le C163. Et bien sûr, ils sont aussi particulièrement touchés par la malaria.

 

 

Un groupe s’est formé en résistance à l’arc minier. Il a publier la semaine dernière sont premier bulletin en téléchargeable en pdf (et en espagnol). Ici

 

Autres sources en espagnol :

Arco Minero del Orinoco es malaria para los próximos 100 años en Venezuela

Ce dernier plus ancien est aussi celui qui présente la vision la plus large de l’ensemble du projet, alors que les deux premiers ont la malaria comme thème principal.

 

En français ce n’est pas évident de trouver des références, côté de l’opposition, le principal reproche est celui fait à la place réservée aux Russes et Chinois » parmi les multinationales qui à travers des entreprises mixtes  dont elles peuvent détenir 35% des part, le reste revenant au gouvernement.  Quand à  ceux qui répercutent ici les mensonges de l’officialisme, ils se réjouissent de cet extractivisme enfin écologique, et de l’intervention armée de l’état pour protéger les petits producteurs, etc, etc... et je passe la pommade à Maduro...

J’ai recoupé des dizaines de sources, chavistes ou anticapitalistes et toutes concordent, tant en ce qui concerne le contenu théorique du projet que les constats sur le terrain. Dans l’Arc rien n’est bon pour le peuple.  Et la petite goutte, 90% des réserves d'eau du pays sont menacées par une contamination irréversible, alors qu'on le sait, l'eau est l'or bleu de demain. Sauf qu'on peut se passer d'or, pas d'eau.

 

Extrait d’une précédente traduction :  

« La fuite en avant extractiviste

Par une fuite en avant désespérée, commencée en 2016, le gouvernement de Maduro a publié un décret appelé «el Arco minero del Orinico » qui a pour objet de confier 111.846,86 km2 – soit 12,2% du territoire national à des dizaines de multinationales étrangères (chinoises, russes mais aussi occidentales comme la Gold Reserce canadienne) en vue de l’exploitation de l’or, des diamants, du fer, coltan, bauxite et autres minéraux.9*

Ce projet contrevient à l’affirmation de souveraineté nationale sur le sous-sol garanti dans la constitution promulguée lors de l’accès au pouvoir d'Hugo Chavez. L’Arc minier de l’Orénoque justifie son existence légale grâce à son statut de Zone Economique de Développement National, version Vénézuélienne de la Zone économique Spéciale chinoise, éliminant impôts, droit du travail… Ce projet est nocif non seulement pour les salariés mais aussi pour les dizaines de communautés indigènes qui vivent sur ces terres depuis des siècles.

Derrière ce projet, on constate le maintien du modèle extractiviste dans la perspective du gouvernement, paradigme à l’origine de la crise économique actuelle accentuant la dépendance au pétrole, ne se préoccupant pas de la diversification des sources de revenus, enfermant la société dans une logique à court terme. Si l’opposition néolibérale critique radicalement le projet d’Assemblée Nationale Constituante, il ne se mobilise pas contre l’Arc Minier de l’Orénoque. Partageant sur le fond le projet de dépossession des terres indigènes, d’exploitation des travailleurs et de dégradation du milieu ambiant avec le gouvernement de Maduro. »

extrait de : Venezuela : Retour sur le cycle de mobilisations et de violence d’avril-juillet 2017 (et sur ses causes)

 

Anne   (à suivre)

 

 

 

 

Venezuela : Alerte Malaria !!! Epidémie en pleine explosion.
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3 mars 2018 6 03 /03 /mars /2018 14:43

Pour terminer cette mise e évidence de la situation actuelle, et des forces en présence au Venezuela, j’ai traduit ici un texte de Raul Zibechi, interviewé après un séjour au Venezuela, en Juin 2016. J’ai introduit quelques références d’autres textes postérieurs du même. Celui par lequel il introduit la gauche non comme solution mais comme partie du problème pourrait à quelques détails spécifiques près s’appliquer aux gauches européennes.

Ce texte est intéressant parce qu’il se situe à une charnière. On est au moment où les forces sont présentes qui permettent à l’opposition d’exiger le referendum révocatoire prévu par la constitution de 1999. Aux élections de décembre 2015, la droite a gagné les élections législatives avec un score écrasant puisqu’elle a emporté 112 des 167 sièges.

 Mais le gouvernement va rompre la constitutionnalité en ne réalisant pas ce referendum. Le plus probable, s’il avait été réalisé,  est que le gouvernement aurait dû passer la main, entraînant un retour de la droite, faute de forces de gauches organisées pour prendre la relève. Mais le Chavisme était fort, l’est toujours, et il serait revenu au pouvoir organisé sur d’autres bases, après cette période d’alternance.

Après il aggravera son cas provoquant la convocation d’une Assemblée Constituante favorable au Régime, qui supplante les pouvoirs de l’assemblée législative démocratiquement élue. Des choix dont le peuple paye le prix fort pendant que les corrompus du régime continuent d’amasser des fortunes, tout en faisant amis-amis avec la droite et les multinationales. Les 2 coupoles droites et gauche vivent dans un pays différent de celui que connait le peuple vénézuélien. La différence, c’est que l’officialisme, en plein déni de réalité, multiplie les déclarations triomphalistes, dans une tentative désespérée pour s’accrocher au pouvoir, ne reconnaissant la crise que pour l’imputer à la droite et à l’empire, alors que la droite qui impulse cette crise avec un sadisme éprouvé, se sert d’elle pour appeler au renversement de Maduro.

Depuis une situation de pauvreté aggravée en 2016, on en est venu à une misère apocalyptique avec de sales relents de génocide, aujourd’hui. Quand une majorité d’enfants souffrent de dénutrition (62% selon une enquête récente), avec les séquelles que cela entraînera, pour ceux qui survivront, jusqu’à l’âge adulte, en matière de santé mais aussi les carences en éducation parce qu’un gosse qui crève de faim, cela n’aide pas à se concentrer à l’école, c’est l’avenir du pays qui est détruit. Le taux de déscolarisions augmente. L’Arc Minier de l’Orénoque provoque un ethnocide indigène, empoisonne la plus grande réserve d’eau du pays (90%)… Et beaucoup de etc… misère à mille visages. Misère assassine. Ce qui est terrible c’est de savoir que chacune de ces souffrances qui affaiblit le peuple est pour la droite oligarchique et fasciste qui veut redevenir Maître et propriétaire du pays, chacune de ces souffrances est un point marqué contre le peuple chaviste qui est son véritable ennemi.

 

De son côté, le régime donnera toujours plus de bonnes raisons à l’Impérialisme pour auto-justifier une invasion militaire du pays. Auto-justifier, parce que ces raisons sont les outils de propagande qui permettent à l’impérialisme de justifier ses œuvres de mort et de destruction en les qualifiant d’humanitaires. Quant à la Chine, j’en sais un peu plus, en fait elle est prête à accepter n’importe quel régime qui ne porterait pas atteinte à ses intérêts dans le pays. Bref elle n’interviendrait que pour sauver ses intérêts s’ils étaient menacés, mais très certainement pas pour venir en aide ni au régime, ni au peuple. Cela a le mérite d’être clair.

Et la Russie pareil. De cela Zibechi en parle dans un autre texte (déjà traduit, cool), l’Amérique Latine en tant que lieu où s’affrontent les intérêts de grandes puissance USA d’un côté, Chine et Russie de l’autre. Il parle de mouvements de fracture tectonique, affrontements d’Empires dont le Venezuela serait épicentre. Il croit plus à l’hypothèse de la guerre civile qui éclaterait au Venezuela qu’a une invasion impérialiste officielle Mais quoi qu’il en soit ce serait à l’origine d’une crise continentale.

On connait le rôle de guerres civiles en tant que guerre par procuration de l’empire . Il a facilité, à travers différents circuits - Colombie, ex-Yougoslavie et Miami pour ceux dont j’ai connaissance -,l'entraînement paramilitaire de la progéniture de leur valets locaux, oligarchie de droite, voir d’extrême-droite et néo-nazie en vue de tels évènements déstabilisation et sabotages, quand ils ne bénéficient pas d’une formation politique sur la réalisation de coup d’état doux à Harvard University dont à bénéficié Leopoldo Lopez). Je repasse en vue des textes de l’époque où les connections fascistes de ces mouvements sont à l’honneur. Entre soutien financier ou logistique à l'opposition.

Moi, il me semble qu’à terme l’affrontement ouvert entre puissances à vocation hégémonique mondiale, est inévitable. Auquel cas, l’Europe aussi serait champ de bataille. Poutine ne cache pas son désir de l’annexer dans son grand projet eurasiatique..

Mais on le sait, au Venezuela en cas de guerre civile, comme en cas d’invasion, la population chaviste et/ou militante de gauche, comuneras serait une cible privilégiée. Elle l’est déjà dans la guerre économique meurtrière qui se déroule sous nos yeux.

Alors des questions, et encore des questions, de celles auxquelles « seul l’avenir peut répondre »

Et puis d’autres pour comprendre la réalité présente. Générales : Quel monde je voudrais voir exister ? Comment m’insérer dans l’actuelle contingence ?

Toujours selon Zibechi,   (éléments de réponse) la nature du régime maduriste et de ceux qui le composent : les corrompus de la nouvelles « bolibourgeoisie » qui infiltrent et dominent le gouvernement, s’accrochent au pouvoir pour augmenter leur accumulation capitaliste par dépossession (du peuple, des ressources du pays) et la sécuriser. Dans ce texte, il met en évidence, la gauche comme partie du problème en tant qu’elle est symétrique de la droite dans la quête du pouvoir d’état comme but en soi, et parce que ce dualisme polarise la division au sein de la population. Autant pour nous.

Anne

 

LE VENEZUELA DANS SON LABYRHINTE

Entrevue de Gloria Muñoz Ramírez avec Raúl Zibechi

Raul Zibechi est un journaliste et analyste uruguayen, qui accompagne les luttes et processus autonomes dans différents pays d’Amérique Latine. Il parle pour Ojarasco de la crise que traverse actuellement le Venezuela, un pays où il cheminait récemment en compagnie des paysans de la « Centrale Coopérative de Services Sociaux de Lara (cecosecola), réseau de 50 coopératives de production rurale et urbaine et d’un marché à Barquisimeto, une ville d’un million d’habitants et capitale de l’état de Lara.

Zibechi parle des pénuries, des longues files d’attentes qui dominent le paysage, de la crise de l’Etat, mais par-dessus-tout il raconte les expériences qui depuis «l’en-bas » se construisent de manière solidaire. Il décrit une société en éveil, organisée et très loin d’être prête à se rendre.

 Lors de ton récent voyage au Venezuela, qu’est-ce que tu as vu ? Qu’est-ce que tu as ressenti ?

Dès la tombée du jour, les gens ne sortent plus dans les rues parce qu’ils ont peur. Le rues sont peu ou pas éclairées. Peu de véhicules circulent parce qu’il n’y a pas de pièces pour les réparer. Il y a de ces voitures énormes des années cinquante et soixante comme celles qu’on peut voir à Cuba. Il y a une file de voitures interminable pour acheter des batteries. La queue pour acheter des aliments. A présent il y a des personnes qui y passent des journées entières et cela devient leur principale activité. L’administration publique ne travaille que le lundi et le mardi pour économiser de l’énergie électrique. Ce sont les images d’une société en plein effondrement. Mais il faut se retrouver dans cette situation pour la comprendre.

Un jour, j’ai demandé aux compagnons de l’organisation de faire un parcours en voiture depuis l’Est jusqu’à l’Ouest de la ville. Dans les quartiers riches, on ne voit pas de files d’attentes, on voit des bâtiments neufs ou en construction, des voitures neuves. On voit l’argent, les marchés et centre commerciaux sont approvisionnés. Dans les rues se promènent des gens aux cheveux blonds et à la peau claire comme dans n’importe quelle ville riche d’Amérique Latine. Dans la zone sud au contraire, la nourriture manque, les maisons sont précaires, les rues poussiéreuses, de vieilles voitures circulent, la sensation de précarité est tangible.

Pourquoi je raconte ça ? Parce que quand j’entends le concept de révolution je pense à Cuba. Là aussi la pénurie qui est répartie de manière plus ou moins similaire. Mais au Venezuela on voit clairement qu’il n’y a pas de révolution, que les classes sociales sont là et continuent d’exister des quartiers riches et des quartiers pauvres. Chez les riches il y a des arbres et des jardins, chez les pauvres pas de verdure. La première image, c’est que la situation économique affecte de manière distincte les différents secteurs sociaux. Les pauvres souffrent, il n’y a pas de médicaments dans les pharmacies. Il n’y a pas de gaz, pour se procurer une bonbonne de 10litres il faut faire des queues énormes. La production et la distribution se sont effondrés. Tout le contraire de ce qu’on attend d’un processus de changement.

La population souffre d’incertitude à ne pas savoir si on va pouvoir se procurer ce dont on a besoin.  Pour obtenir des langes, il faut se munir de l’acte de naissance des enfants, et bien entendu il y a des falsifications. Ici apparaissent toute la malice, la pourriture et la mesquinerie humaines, mais aussi des situations très belles.

 

Comment l’état affronte-il cette situation ? Comment le font les gens ?

L'état adopte deux attitudes. L’une est le discours qui rejette toute la faute sur l’impérialisme, la droite, les « bachaqueros » (ceux qui détournent les produits pour en tirer un bénéfice). Il n’y a pas d’autocritique. Il y a une mauvaise gestion des aliments par exemple, mais de ça l’état n’en parle pas, alors qu’il s’appuie sur les conseils communaux dans la recherche de solutions pour améliorer la distribution et il en est venu à se décharger sur la population plus ou moins organisée pour garantir la distribution.

Parmi la population il y a une contrebande de fourmi. Mais il y a aussi des grands contrebandiers qui détournent les ressources : les aliments, le ciment, les batteries. Au Venezuela, tout cela se trouve à des prix dérisoires, subventionnés, alors les contrebandiers les amènent à la frontière avec la Colombie où ils sont payés à prix international. Les prix sont une folie. Acheter une cigarette dans la rue coûte la même chose que de remplir un réservoir de 50 à 60 litres d’essence. Une bouteille d’un demi litre d’eau vaut autant qu’un réservoir plein d’essence. La bouteille coûte 100 bolivar et le réservoir 70 . La différence de prix entre produits régulés et les autres est de 1 à 20. (aujourd’hui les prix d’un litre de lait, d’un kilo de viande, de sucre  ou de poulet atteignent des 300 000 bolivars NdT)

 La population survit de la contrebande. Une personne va au marché, fait la queue pendant des heures et réussit à se procurer quatre kilos de farine, aliment de base pour la préparation des arepas. Cette personne va alors échanger, au marché noir, son kilo de farine contre un sac de maniates‘ (?NdT) Il y a une logique d’abus. Un kilo de farine sur le marché régulé coûte 19 bolivares, et des heures à faire la queue. Au marché noire ce kilo de farine vaut mille bolivares. Le salaire minimum est de 18 mille bolívares. Je me suis retrouvé dans les foyers de chavistes et antichavistes, et tous sont affectés.

(Depuis hier : le salaire minimum est de 392.646 bolívares., complété par des bons jusqu’à atteindre 1 million 307.646 bolívares revenu minimum intégral, soit un peu moins de 37 euros NdT)

Quelle autre réponse donnent les gens ? Est-ce qu’il y a un quelconque type d’organisation par laquelle ils tentent d’apporter une réponse à la situation ?

Depuis le début du 20ème siècle, Le Venezuela a vécu des revenus du pétrole. La logique de la population est rentiste et changer cette culture est fort difficile. Elle attend que l’état pourvoie à ses besoins. Mais je suis allé dans 5 coopératives paysannes qui prennent des mesures. Par exemple les producteurs de papa et carotte ont des problèmes de semences, de fournitures et pour amener leur produits jusqu’au marchés. Parfois alors qu’ils transportent un camion de papa, la garde civile les arrête et exige de l’argent pour les laisser passer. Les paysans sont en train de diversifier leur production pour dépendre moins du marché, un peu comme les communautés zapatistes.

Une autre chose sont les échanges de produits par d’autres moyen que l’argent. Les produits régulés sont ceux qui se consomment traditionnellement : farine, pain, sucre, huile, café, pâtes. Actuellement les paysans disent que si les gens devaient se mettre à se battre pour la farine ou pour les pâtes on serait dans une guerre, qu’il vaut mieux se focaliser sur la production et l’échange de produits maraîchers, de fruits qui coûtent moins cher, mais qui sont aussi de la nourriture et de la bonne. Il faut laisser de côté les produits régulés, qui provoquent les files d’attente et la guerre, pour se centrer sur les tomates et autres produits maraîchers. Détenir des aliments est un pouvoir au Venezuela. Alors les paysans se posent la question. Que faire ? User des aliments comme d’un pouvoir, ou se tourner vers d’autres aliments qui ne constituent pas un mécanisme de pouvoir comme en usent les contrebandiers, les militaires, les policiers, l’opposition et le gouvernement ?

 

Qu’en est-il de la sécurité dans les rues ? On parle de attaques, assassinats, violence.

Je n’ai rien vu de cela, mais tout le monde en parle. Ce que j’ai vu ce sont des queues de six à huit mille personnes. Pour obtenir un produit à six heures du matin, les gens commencent à former les files depuis la veille à la mi-journée, ils passent parfois plus de 24 heures dans une file. Les bachaqueros colonisent les files, ils s’approprient le territoire, si les gens ne les payent pas, ils en empêchent la formation. Il y a des personnes armées et il y a eu des morts. Il y a des tensions. Les pénuries compliquent tout et des groupes de délinquants apparaissent ou des groupes de citoyens qui adoptent des formes maffieuses.

Dans le registre de la genèse de la violence, il y a des groupes professionnels mais cela peut aussi être de simples habitants qui ayant besoin de quelque chose, s’approprient à leur tour des biens de nécessité d’autres personnes. Ce n’est pas qu’ils aient une histoire de délinquance, sinon qu’ils profitent de la situation. C’est important de le garder à l’esprit puisqu’en plus des problèmes traditionnels apparaissent des délinquances spontanées de la part de gens d’un faible niveau éthique.

 L’image que transmettent les grands moyens de communication est celle d’un désastre total, l’image d’un effondrement

Je suis allé dans une coopérative qui s’appelle Kennedy, composée de 300 personnes, en majorité des associés. Les coopératives de Cecosesola ont des caractéristiques propres. Une d’elle est que : ceux qui y travaillent emporte la même quantité de produits que le reste de la population., de manière que s’il y a deux kilos de riz par habitants, ils prennent la même chose. Et l’autre, c’est qu’ils vendent leurs produits à toute la communauté, pas seulement aux associés. Il y a eu une tentative de pillage la coopérative et un des référents de l’association de longue date, raconte que ceux qui encouragent le pillage appartiennent à l’opposition. Cela signifie que l’opposition en profite pour générer des situations de violences, et les médias s’en servent pour donner une image apocalyptique.

 Moi, j’ai vu des gens ordinaires, pas des militants, dire : « ‘Non, ici, il n’y aura pas de pillage », ils se mettent devant la porte pour tenter de dissuader ces gens afin qu’il n’y ait pas de pillage et le plus souvent, ils y parviennent. Il y a un secteur important de la population qui ne veut pas de la désintégration.

Comment réagit l’armée ?

 L'attitude des forcé armées, du moins jusqu’ici est ferme et respectueuse, mais on ne sait pas comment cela va évoluer, parce que si la situation, bien que pas apocalyptique, est grave. Je ne crois pas que le régime s’effondre, en rien, les militaires ont une attitude prudente. Il y a beaucoup de corruption dans toutes les sphères – gouvernement, opposition, police, armées, partis – mais tout paraît encore plus ou moins sous contrôle. Tant de la part du gouvernement, que dans la population, y compris certains secteurs de lopposition, l’attitude est de ne pas pousser les choses à l’extrême.

Quels facteurs contribuent à la crise ?

 La production diminue, il y a une chute claire. Dans les usines nationalisées ou étatisées, il y a eu une gestion mauvaise ou corrompue., mais il a aussi un boycott de la part du capital mondial pour affaiblir le processus (de changement) et provoquer les pénuries.

Sur le plan interne, que s’est-il passé ?

Il n’y a d’autocritique d’aucune part. Dans l’actuel processus, il y a des maduristes et des chavistes. Il y a des gens qui soutiennent le processus bolivarien mais qui sont contre Nicolas Maduro. Si on passe en revue, par exemple, la page d’Aporrea, il y a d’abondantes critiques envers le gouvernement de Maduro qui proviennent du chavisme.

Un autre facteur est qu’il n’y a pas eu au Venezuela un pouvoir populaire, assis sur une éthique solide. Dans les communautés zapatistes il y a une fermeté éthique chez ceux qui mettent la main à la pâte. Mais ici, il n’y a pas cela, cela donne lieu à un processus clientéliste et populiste. A un certain moment, il y a des années, Hugo Chavez dit, dans un discours « bon, si celui qui vole le fait par nécessité, il n’y a pas de mal ». Ceci avalise le comportement des secteurs populaires qui ne sont pas bien.

Nous savons tous que le narco trafic est apparu dans les secteurs populaires, parce que cela ne demande ni travail d’éducation, de formation, de débat, de discipline, une chose qui ne s’est pas faite au Venezuela. Aujourd’hui, il faut ajouter qu’une partie du gouvernement et du parti sont corrompus.

Il y a une différence avec le processus cubain. Chacun peut avoir son opinion au sujet de Cuba, mais on n’a pas constaté de corruption dans le Parti Communiste. Il peut y avoir des corrompus, mais ce n’est pas une généralité. Au Venezuela, si. Ici, il y a un problème éthique, qui je crois est la principale faille du processus bolivarien. On ne peut construire sans éthique. On ne peut gouverner, militer et organiser, sans éthique. C’est pour cela que les zapatistes, dans les Chiapas, insistent tellement à ce sujet, et ce n’est pas banal. Certains pensent que l’éthique est un discours pour les prêtres, mais elle est au fondement de nos vies. Au Venezuela, ce n’est pas pris en compte, et le résultat est un processus vicié de l’intérieur par le « tout se vaut ».

 La crise pourrait-elle générer, au moins dans certains secteurs, un processus différent venant plus de la base ?

Le chavisme ne va pas disparaître au Venezuela. C’est un processus de vérité entre gens du commun. A côté de choses horrifiantes, se passent des choses positives. En fait partie par exemple, l’expérience de Cecosesola. Beaucoup de conseils communaux agissent fort bien. Ces gens ne vont pas disparaître et ils ont la possibilité de continuer à travailler. Ils démontrent qu’il est possible de continuer à travailler sans l’état. Il existe des réseaux de troc, de solidarité, les gens donnent des médicaments par solidarité. Il y a beaucoup de cela et c’est encourageant. C’est la que réside la valeur du processus vénézuélien.

 La crise opère un partage des eaux. Elle montre la misère (morale pas financière NdT,) de ceux qui gèrent l’état. Alors que parmi les secteurs populaires coexistent misères et merveilles. Il y a un désir de poursuivre le processus d’un peuple qui crée le peuple. C’est important de ne pas l’oublier Sinon on finit par croire à la vision des étriquées des médias d’une fort laide réalité.

Qu’est ce qui apparaît depuis la base ?

 Il y a des moyens de communication qui bien que recevant le soutien de l’état sont apparus indépendamment de lui et qui font un travail stupéfiant. Ces initiatives d’en bas se renforce par la nécessité d’un retour aux racines, de rester des gens qui s’organisent, là où cela doit être fait et qui ne dépendent pas des appuis ou ressources de l’état, alors qu’ils continuent à être chavistes. Les secteurs populaires ont une autonomie culturelle et politique. Il est nécessaire de les renforcer.

Est-ce la naissance d’un nouveau sujet politique ?

Je ne sais pas s’il est déjà né, mais c’est une des questions qui est sur la table. Cela s’est produit au Brésil, en Argentine et dans une bonne partie de l’Amérique Latine. Malgré les difficultés quotidiennes, les secteurs populaires continuent à chercher des interstices d’autonomie, des espaces pour se perpétuer et ils défendent leur projet, par forcément posés explicitement en termes d’autonomie mais chacun voit qu’ils sont d’un autre genre, qu’ils ne passent pas par l’Etat, mais bien par la construction de formes de vie en dehors du contrôle du capital et de l’Etat. Il s’agit de projets locaux et territoriaux.

 C’est une société très éveillée, très différente de l’image que transmettent les media. La société vénézuélienne aime débattre et s’organiser. Ici il y a un peuple qui a encore beaucoup de choses à dire. Les gens ont conscience qu’au cas où l’opposition prendrait le pouvoir, les choses ne changeraient pas beaucoup, au sens où les pénuries et les problèmes persisteraient. Il y a une maturité et une connaissance de la réalité. Les gens ne sont pas déprimés, ils sourient, cherchent des issues et des solutions avec créativité. C’est une société qui ne se rend pas.

Comment envisage-tu le dénouement de cette étape ?

Il y a un doute concernant ce que font faire les forces armées, mains indépendamment de cela il va y avoir un referendum révocatoire (il y a déjà des signatures) et il est probable que Maduro le perde. Mais dans quelques années, trois, cinq, dix, un gouvernement populaire reviendra en force. Le chavisme est apparu pour durer, ne grande partie de la société, pour le moins la moitié, s’identifie avec ce projet. Les gens d’en bas vont répondre. Il est probable que le régime s’écroule et que vienne un gouvernement de droite, très controversé, et qu’après un temps revienne un gouvernement populaire, c’est clair.

C’est cela qui se produit en Amérique Latine ; Des virages importants à droite au Brésil et en Argentine, au Pérou. Mais les populations ont acquis de l’expérience. Les gouvernements progressistes ne sont pas tombés du ciel, les gens les ont mis là. Le Mexique est le seul grand pays d’Amérique Latine qui n’ait pas eu de gouvernement populaire, mais dans le reste des pays, il y a eu des expériences qui ne s’oublient pas, parce que les gens les ont construites et qu’ils s’en sont bien sortis.

Source en espagnol

Traduction Anne Wolff

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"Le vieux fascisme si actuel et puissant qu’il soit dans beaucoup de pays, n’est pas le nouveau problème actuel. On nous prépare d’autres fascismes. Tout un néo-fascisme s’installe par rapport auquel l’ancien fascisme fait figure de folklore […].

Au lieu d’être une politique et une économie de guerre, le néo-fascisme est une entente mondiale pour la sécurité, pour la gestion d’une « paix » non moins terrible, avec organisation concertée de toutes les petites peurs, de toutes les petites angoisses qui font de nous autant de microfascistes, chargés d’étouffer chaque chose, chaque visage, chaque parole un peu forte, dans sa rue, son quartier, sa salle de cinéma."

 

Gilles Deleuze, février 1977.

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