14 mai 2012 1 14 /05 /mai /2012 21:09

 

mardi 8 mai 2012

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Très souvent, on a tendance à ne prêter attention qu’à ce qui est matériel, mesurable en quantité. Ainsi, on serait amené à considérer la misère qui règne dans cette société uniquement sous un angle de pauvreté matérielle, autrement dit, le manque de fric. Mais le capitalisme ne nous enlève pas uniquement les moyens matériels pour vivre comme bon nous semble. Il ne nous oblige pas uniquement à aller travailler ou à s’agenouiller devant les institutions de bienfaisance sociale. Il ne nous impose pas uniquement de survivre dans un milieu contaminé par l’industrie, intoxiqué par sa production d’objets inutiles et nuisibles, irradié par son formidable outil nucléaire qui rend tout le monde dépendant de l’Etat et de ses spécialistes au vu des risques et des catastrophes qu’il implique. Non, ce n’est pas seulement ça.


Ce qui est peut-être encore pire que l’appauvrissement matériel, c’est la misère émotionnelle qui règne dans cette société, qui est générée par l’ensemble des rapports sociaux qui donnent à ce monde la sale gueule qu’il a. On fait dépression sur dépression, on assiste à suicide sur suicide, on vit des relations et des rapports imprégnés de méfiance, de concurrence, de violence et d’hypocrisie, les multiples drogues nous cachent quelques instants la réalité laide et brutale. Nos rêves et désirs ne vont pas au-delà du triste horizon de l’existant : l’aventure, l’inconnu, la passion… sont bannis et on ne peut les expérimenter que par procuration (films, jeux vidéos,...). La tristesse nous enchaîne autant que l’ombre des prisons, la galère des boulots, le besoin d’argent.

Ce monde a même inventé toute une palette de « guérisseurs » et de « remèdes » pour cette misère moins « visible », plus intime. De psychiatres en psychologues, de drogues en antidépresseurs, de moments de « soupape » comme la soirée en boîte du samedi ou le lendemain au match de foot en semblants de bonheur vécus en spectateurs derrière un quelconque écran (interactif comme l’internet ou passif comme la télé)… tout un marché est bâti sur la misère affective et émotionnelle. Cependant, encore moins que pour la pauvreté matérielle, aucun « remède » ne suffira jamais. La tristesse revient toujours, elle s’agrippe aux êtres humains, elle les poursuit et les traque…

Mais il y a autre chose aussi. Bien cachée par le pouvoir, bien éloignée par la coutume, bien étouffée par l’ordre social. Ce n’est pas une échappatoire, ce n’est pas un adieu définitif à la tristesse, mais c’est un début : du moment où nous décidons de ne plus subir, mais d’agir ; de ne plus se résigner, mais de se révolter ; de ne plus traîner, mais de vivre, la tristesse commence à fondre. En s’insurgeant, non seulement nous faisons un pas offensif contre ce qui nous étouffe et nous opprime, mais peut-être plus important encore, nous conquérons la joie de vivre, la gaieté des rapports entre insurgés complices, la franchise et l’audace dans ce que nous pensons et ce que nous faisons. Le « bonheur » ne réside en effet pas dans l’accumulation d’argent, dans l’exercice du pouvoir sur d’autres, dans un quelconque au-delà, mais par exemple dans la douce cohérence entre ce que nous pensons et ce que nous faisons. La tristesse provient du fait que nous n’arrivons plus à nous reconnaître quand nous nous regardons dans le miroir, droit dans les yeux. Que la générosité de notre être, de nos pensées, de nos actes se remplace par la méfiance, la retraite, le recul. Que notre vie ne semble avoir aucune valeur, car ce monde ne la donnera jamais. Que nous avons cessé de chercher à conquérir la capacité de donner nous-mêmes la valeur à nos vies.
En effet, toute la richesse de nos vies est là, devant nos yeux. Il suffit d’allonger les bras, les mains armées de confiance, d’idées et de liberté. C’est par l’effort de la liberté, par la révolte contre une existence démunie de sens, qu’on chassera les ténèbres hors de nos cœurs.

Extrait de Hors Service n°27.

Source : Base de données anarchistes

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14 mai 2012 1 14 /05 /mai /2012 11:39

 

Un article et un beau cadeau que je vous invite à aller découvrir sur le site   coco Magnanville  parce qu'il y a vraiment beaucoup de choses intéressantes et de belles choses à découvrir sur ce site.

 

 

La forêt amazonienne : Une forêt tropicale humide

La forêt amazonienne : Des arbres....toujours des arbres !

 

 

 

 

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Mieux comprendre l’écosystème particulier de la forêt amazonienne, son fonctionnement, sa préservation, la vie en son sein est le but recherché de cette série d’articles qui suivront cette introduction dans un monde végétal fragile inconnu, important pour la planète, d’une richesse inouïe et d’une beauté commensurable.


 

Quel type de forêt est-elle ?

 

 

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                                                                      Vallée du Napo en Equateur

 

 

 

 

Un arbre

Un arbre…..

 

 

Amazonie, forêt tropicale source d’inspiration

A ta source je puise pour apporter mon expression

Des arbres, tes sous bois en comptent à foison

Amazonie, tu m’ouvres les portes de tes frondaisons

 

 

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Arbre, tes multiples formes, ton ombre parfaite

Accompagnent ma vie et rythment mes fêtes

Fuir dans l’ombre de tes futaies cette idée me guette

Combien de fois ai-je résisté à cette tentation muette ?

 

 

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12 mai 2012 6 12 /05 /mai /2012 16:06

 

Tout le démontre, autant dans ma pratique de terrain que dans les échos d'autres luttes, le capitalisme ne peut tolérer que des personnes vivant la précarité prennent leur vie en main avec bonheur.... il lui faut des "assistés" misérables qui joue le double rôle de repoussoir  et de boucs émissaires de la vindicte de la populace... (désormais je réserverai le bon nom de peuple au peuple digne et solidaire). Il lui faut son lot de candidats malheureux sur le marché de l'emploi, pour lui permettre de casser toutes les avancées en droit conquises de hautte lutte au siècle passé. et avec la populace, cela marche, elle ne comprend pas qu'elle joue exzctement le rôle qui lui a été attribué, victime du système et bourreau des précaires, préparant le terrain qui permettra d'emprisonner ou de mettre au travil obligatoire les habitants de la rue quand tout les droits de la personne et des travailleurs seront jeté aux oubliettes. Et les identitaires et autres nationalistesqui te boufferait du musulman du moment qu'il ne soitpas dabihah halal, te foncent à pieds joints, tête la première dans une idéologie purement yankee.

Le système, il lui faut des squats qui soit des mouroirs à shootés (et je le dis sans jugement, constat de terrain) mais pas des espaces de créativité et de convivialité parce qu'il faut maintenir l'image du squatteur paumé et glandeur. Comme il faut maintenir le mythe d'une population sans logement inculte et incapable.Nier toute la dimension d'objection de conscience quiexiste chez beaucoupde "précaires" qui n'ont de recoursà l'assistanat que parce que il n'y a plus beaucoup d'espace libre hors système. Toutdoit être marchandisé, la moindre parcelle de terre mais aussi la moindre pensée de nos conciences. Je l'ai encore lu tout ç à l'heure dans une analyse "socio(il)logique, les précaires sont des incultes par définition... Le misérabilisme, cela commence a bien faire ! Comme si on était précaire par définition... on est plus dans la pauvreté résiduelle des années 70, là c'est la misère structurelle, en plein et toujours plus. Et elle touche en priorité les inadaptés au système, ce qui peut aussi être un signe de lucidité et de santé mentale.

La connerie !... mais ou est donc passée cette grande compassion que j'avais pour le sort de tous et de chacun... après la grande tristesse de tout ce gâchis je sens monter une grande colère. S'en prendre au pouvoir en place est une chose, mais pas sur le mode revanchard, pas cette petite hargne mesquine de tous ceux qui auraient bien aimé être riche à la place des riches et jouir des mêmes prérogatives, y compris ceux de commandement. Et d'autre part s'en prendre à ceux qui sont en position de faiblesse, c'est minable... je ne me fais aucune illusion sur cette populace qui a jouit de l'assasinat de Kadhafi, comme qui se précipitaient pour assister aux exécutions au Moyen-Age et qui se prenaient avec jubilation da grands snifs d'odeur de bûchers... beurk ! Faut en finir avec le mythe du peuple et de la lutte de classe. On a pu le voir au cours des dernières décennies, les pires sont les nouveaux riches dont le système a fait ses valets. Des gens qui se sont vu élever de rien auxsphères du pouvoir, la nouvelle bourgeoisie aux ordres, et jeles vois tout ces classes moyennes qui se sont élévés dans la hièrarchie sociale en écrasant les collègues et en léchant les bottes des petits chefs. Mécanisation oblige, des ouvriers, des vrais qui avaient un métier et qui en étaient fiers, il n'y en a plus des masses.

Aujourd'hui je rencontre des "boutiquiers" révolutionnaires, des ouvriers plus coincés que cela en constipation de préjugés, tu meurs, des clochards de génie... dont les récits vous enchantent et les aspirations vous comble... mais quoi de plus dangereux pour le système qu'un pauvre heureux, qu'un "assisté" (c'est la nouvelle tendance assistés qu'on vous rebâche sur tous les tons associées à fraudeur. Pour le Sarko...11 OOO euros pour ses nouvelles fonctions,et 6000 de "pension" de président et il voudrait en plus se faire consultant, ce qui multiplie ces chiffres mensuels, cherchez l'erreur) productif et créatif, que des collectifs comme celui-ci dessous qui n'ont d'autre exigence que l'occupation des bâtiments vides, et pour le reste,très bien merci, on sait faire.... C'est vrai,  ma claque je l'ai aussi de tous ces assistés salariés qui se tournent les pouces dans des boulots de merde qui ajoutent du bordel au bordel déjà plus que suffisant que le système fout sur cette planète, et qui payent fièrement des impôts pour permettre à nos armées d'aller casser de l'Afghan, enfants, femmes et vieillards compris ou pour faire de gros investissements qui rapportent toujours aux mêmes en bousillant de manière toujours plus irréversible notre environnement... faudrait retrouver un peu le sens des réalités, celui des priorités aussi, et pousser un peu plus loin les raisonnementsque ceux servit par la propagande. 

Il y va de l'intérêt de l'ensemble de la population de soutenir les occupations et les mises en place de réseaux d'économies alternatives... des emplois il n'y en aura pas... ou alors quelques-uns et tous sont toujours d'avantage sous payés :c'est travailler plus pour gagner moins aujourd'hui la devise aujourd'hui, alors tant qu'à faire autant faire des trucs à la fois utiles et amusants et qui rendent le monde à sa dimension humaine !

. Presque tous nous voulons d'une autre Europe, mais cela ne pourra se faire que quand un réseau cohérent d'économie alternative sera mise en place... on est plus dans la lutte de classe là, on est dans la construction d'un monde qu'on veut voir exister, maintenant, à dimension humaine... et désolée pour le ton, mais je suis toujours sous l'emprise de ce mélange de rage et de désespoir qui me vient de ce que j'ai publié hier... jamais je ne m'étais imbibée à ce point dans cet enfer sur terre. Manifestement j'ai overdosé, mais j'était énervée par cet article d'un journaliste professionnel plein de bonne volonté mais qui semblait parfaitement dans l'ignorance de tout ce qu'on sait déjà au sujet des guerres sales et de leurs conséquences.

Et même chose pour les assistés fraudeurs et les imigrés no se que... l'ignorance à ses limites... le monde n'est pas une partie de plaisir, nous vivons sur une planète en danger et commme avant quand il y avait le feu au village, tous faisaient la chaîne de l'eau et il n'y avait pas un petit con pour dire "Ah non, à celui je ne passe pas le seau parce que c'est pas mon copain"... Faudrait faire de grands bacs à sables publics pour adultes,comme cela les uns et les autres pourraient se taper dessus avec leur petite pelle en plastique et essayer de voler le seau de l'autre. La réalité elle est dans la rue pas sur les écrans des téléviseurs.

C'est vrai, j'aime pas l'esprit de sérieux, pas besoin d'être sérieux pour être consciencieux.  Mais en plus ce sérieux pontifiant de l'imbécilité mal informée cela fatigue à la fin. Le monde serait bien plus sain si on donnait les emplois à ceux quien veulent et en demandent à grands cris (les aspirants salariés assistés) et qu'on laissait les autres s'inventer des métiers dans la bonne humeur. Ceux qui ne voient pas l'Inquisition derrière les expulsions feraient bien de balancer la poutre. La confiscation immobilière, la confiscation par prédation des terres rurales sont un barrage mis au développement d'alternatives.  Hollande annonce qu'il veut soutenir le large développement du non-marchand... c'est le moment ou jamais de le prendre au mot et de le pressioner un peu si jamais il fait mine de se dédire. C'est de toute façon la seule liberté dont il jouit dans le cadre de la gouvernance technocratique européenne, en finir avec les sanctions et expulsions des espaces autonomes et des occupations de bâtiments et terrains abandonnés. Facilité l'ouverture de lieux de création d'intelligence collective, de lieux de convivialité, de lieux de production locale et artisanale.

 

 

Toulouse: Communiqué de membres du CREA et de la campagne Zéro personne à la rue suite aux expulsions du 27 et 28 avril

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Le 15 avril, des membres de la campagne de réquisition, du CREA, du GPS, et des personnes à la rue ont réquisitionné l’ancienne prison des résistants, place des Hauts Murats à Toulouse. Sept familles et une trentaine de personnes forcées de vivre à la rue par le capitalisme et l’État s’y étaient installées. Ce lieu devait être libéré pour accueillir des activités à destination du quartier. Nous avions réuni toutes les preuves pour attester de notre présence dans les lieux (lettres, photos, attestations des voisins…) qui ont été transmises au propriétaire, au parquet et aux médias. Aux premiers abords, seule une procédure judiciaire pouvait mener à notre expulsion. 

Mais le jeudi 26 avril, la préfecture, par l’intermédiaire de la sinistre Souliman et de son commis, Laurent Sindic, a fait expulser illégalement à 6H du matin sous prétexte de dégradations, alors que nous avions commencé à tout rénover dans ce lieu vide depuis 10 ans. Une fois de plus, on nous a montré que l’État tire seul les ficelles de nos vies et qu’il peut passer outre ses propres lois.

Tout le monde se retrouvant à la rue, nous avons décidé de reprendre le bâtiment. Nous y sommes retournés et sommes rentrés dedans le soir même. Nous nous y sommes réinstallés.

Vendredi soir, la sinistre Souliman a appris notre présence dans les lieux et a détourné, en trente minutes, un escadron entier de gardes mobiles (120 militaires) postés initialement pour le match Toulouse-Montpellier. Après maintes sommations, les militaires décident de détruire la porte, et au bout d’une demi-heure, ils pénètrent…dans un bâtiment vide où il n’y avait plus personne!

L’État et le capitalisme nous ont une nouvelle fois montré que ce sont eux le problème, qu’ils persistent dans leur mission d’organisation de toutes les formes de misères et d’intimidation des populations qui ont décidé de ne plus subir et de s’organiser par elles-mêmes pour leur survie, leur dignité, leur liberté et leur bonheur.

En effet, grâce à la campagne de réquisitions, plus de 7 bâtiments ont été libérés et ont permis à plus de 150 personnes d’avoir un toit !

Affaire à suivre…. !

Des membres du CREA et de la campagne Zéro personne à la rue

[Publié initialement le 1er mai 2012 sur creatoulouse.squat.net.

Toulouse: Communiqué de membres du CREA et de la campagne Zéro personne à la rue suite aux expulsions du 27 et 28 avril

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11 mai 2012 5 11 /05 /mai /2012 15:32

 

 

Toujours ce clou que j'enfonce avec une détermination redoublée : stop à l'accaparement des terres, première condition pour mettre un terme à la destruction de la biosphère,




Les propositions du Forum social mondial

Luttes contre l'accaparement de terres, contre l'« extractivisme », pour des normes comptables transparentes et le désarmement nucléaire : tour d'horizon - forcément incomplet - des idées qui ont émergé au Forum social mondial de Dakar.

Depuis dix ans, les forums sociaux mondiaux (FSM) ont pris corps en imposant dans le débat quelques idées phare, comme la taxe Tobin, l'abolition de la dette du tiers monde ou la fin des paradis fiscaux. Dix ans après, quelles sont les propositions qui émanent du FSM qui s'est tenu à Dakar, au Sénégal, du 6 au 11 février 2011 ? La forme « forum » interdit toute déclaration finale ou prise de décision au sein du FSM, mais cela n'empêche pas quelques propositions clés d'émerger. La plupart des participants ayant en tête la notion de justice climatique, leurs revendications combinent les luttes à la fois écologiques et sociales.

Empêcher les accaparements de terres

Le FSM de Dakar a accordé une large place au problème de l'accapare-ment des terres arables. Menace directe contre la souveraineté alimentaire, les cessions de terres à grande échelle, qui se multiplient essentiellement en Afrique, sont facilitées par la fragilité des droits de propriété du foncier.« Avec la hausse des prix agricoles, relate Ambroise Mazal, chargé de mission sur la souveraineté alimentaire au CCFD-Terre solidaire, on a assisté ces dernières années à une véritable ruée sur les terres des pays en voie de développement. On parle ici d'achats ou de locations à long terme de dizaines de milliers d'hectares, par des États ou des multinationales. D'après la Banque mondiale, on est passé de 4 millions d'hectares cédés par an en moyenne au cours de la dernière décennie à 45 millions en 2009 : le phénomène a plus que décuplé »

Or ces utilisations de terres, majoritairement destinées à l'exportation, entrent en concurrence avec d'autres usages à destination des populations locales et fragilisent la sécurité alimentaire de ces dernières. Les débats très vifs qui ont eu lieu lors du Forum ont débouché sur un « Appel de Dakar contre les accaparements de terres », qui demande aux gouvernements l'arrêt des cessions de terres à grande échelle à des acteurs étrangers, le temps de négocier un encadrement des investissements dans l'agriculture paysanne, des lois foncières protectrices des usagers et un partage équitable des plus-values entre pays hôtes et multinationales.

Sortir de l'« extractivisme »

De nombreux mouvements sociaux latino-américains plaident depuis quelques années pour interdire l'exploration et l'exploitation de nouvelles ressources énergétiques fossiles. Une proposition qui avait déjà été large-ment discutée en avril 2010 lors du Sommet des peuples de Cochabamba, en Bolivie. « Leave the oil in the soil » (« Laissez le pétrole dans le sol ») est un mot d'ordre international, notamment porté par les Amis de la Terre et popularisé par l'initiative équatorienne Yasuni-ITT, dans laquelle mouvements sociaux et indigènes, avec le président de la République Rafael Correa, proposent de renoncer à l'exploitation d'un gisement pétrolifère situé dans un parc naturel en échange de subventions internationales.

Avec la hausse du prix des hydrocarbures, expliquent les partisans du moratoire, de nombreuses sources d'énergie peu accessibles, extrêmement polluantes (comme les sables bitumineux, huiles et gaz de schiste et autres hydrocarbures non conventionnels) ou très chères deviennent attrayantes pour les investisseurs. « Le principe serait de conserver les exploitations actuelles, sans en démarrer de nouvelles, explique Maxime Combes, militant altermondialiste de l'Association internationale de techniciens, experts et chercheurs (AITEC). En attendant de redéfinir un schéma énergétique mondial de production et de consommation dans chaque pays, d'amorcer un processus de transition énergétique mettant fin à la surconsommation au Nord qui cohabite avec la sous-consommation au Sud. » Un moratoire de ce type faciliterait la limitation des émissions de gaz à effet de serre, inciterait au développement des économies d'énergie et des énergies renouvelables et préserverait les écosystèmes menacés par les projets de l'industrie extractive.

Imposer un reporting pays par pays aux multinationales

Hormis dans les discours magiques de Nicolas Sarkozy, l'abolition pure et simple des paradis fiscaux, du jour au lendemain, semble hors d'atteinte. Pour obtenir toutefois une victoire partielle, le Tax Justice Network (Réseau pour la justice fiscale) a lancé à Dakar une campagne mondiale pour que les entreprises transnationales établissent une comptabilité pays par pays, permettant de connaître le montant des profits réalisés et des impôts payés sur chaque territoire. Les entreprises qui, pour se dérober à l'impôt, localisent artificiellement des activités et des profits dans leurs filiales domiciliées dans des paradis fiscaux auraient ainsi du mal à justifier leurs écritures comptables.

« Les 50 plus grandes entreprises européennes comptent plus de 20 % de leurs filiales dans des territoires non coopératifs et opaques, explique Mathilde Dupré, chargée de mission sur les paradis fiscaux au CCFD-Terre solidaire. Disposer de leurs comptes pays par pays permettrait donc de leur demander ce qu'elles font dans ces territoires. Ce n'est pas un souci en soi d'avoir une activité réelle dans un de ces territoires, mais il ne faut pas que cela soit une manière de délocaliser artificiellement des profits réalisés ailleurs. » Première avancée d'envergure : le Congrès américain a instauré, dans le cadre de la loi de régulation financière Dodd-Frank de juillet 2010, une obligation pour les industries extractives cotées aux États-Unis de déclarer ce qu'elles versent à chaque État. Pas sûr pour autant que le G20 pousse la curiosité jusqu'à généraliser et améliorer cette mesure.

Abolir les armes nucléaires

A première vue, l'abolition des armes nucléaires a tout d'une utopie. A l'heure de la prolifération nucléaire, un monde sans armes atomiques est une perspective lointaine. Mais les mouvements pacifistes qui le promeuvent mettent l'accent sur les premières étapes à franchir, très réalistes, pour y parvenir progressivement et éloigner le danger d'une guerre nucléaire. Et ce tout en économisant des ressources sur les dépenses d'armement. La société civile pacifiste, à travers la Campagne internationale pour l'abolition de l'arme nucléaire ou l'initiative Global Zero, a proposé un calendrier en plusieurs étapes, approuvé par 127 pays à l'initiative de la Malaisie et du Costa Rica.

« La priorité, c'est de supprimer l'état d'alerte, en vertu duquel 5 000 armes sont prêtes à être mises à feu dans le monde en moins de trente minutes ! », explique Pierre Villard, coprésident du Mouvement de la paix. Les étapes suivantes consisteraient en un rapatriement par les Etats de leurs armes sur leur territoire, puis en une réduction de l'arsenal possédé par les Etats-Unis et la Russie (20 000 armes à eux deux), avant un retrait des ogives nucléaires de leurs vecteurs, une neutralisation des ogives, un retrait des charges et, enfin, un placement sous contrôle international des matières fissiles.

Manuel Domergue
Alternatives économiques

Pour en savoir plus :

L'appel de Dakar contre les accaparements de terres est disponible sur

Le site de la campagne Stop paradis fiscaux : www.endtaxhavensecrecy.org

Le site de la campagne pour l'abolition des armes nucléaires et de l'initiative Global Zero : www.icanw.org et www.globalzero.org
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11 mai 2012 5 11 /05 /mai /2012 13:39

 

Pour vous en mettre plein les yeux de la beauté du monde, un petit détour par monotarcie

 

monoblogue

ici je peux monobloguer sans déranger personne...
mon autarcie est une expérience motivée par la curiosité, mais aussi le fait que dans un futur proche nous ne pourrons probablement pas faire autrement, sans pétrole...
et j'ai la chance d'aimer un mode de vie de Robinson, comme d'autres aiment faire le tour du monde à la voile ou à vélo : je fais en permanence le tour d'un monde casanier...

 

la moutarde est un excellent légume, cru ou cuit... et une fois installée, elle a tendance à se ressemer...

les navets de l'an passé sont maintenant tout en fleurs : ceux-ci ont bien tenu l'hiver alors que d'autres ont entièrement gelé... par sécurité il vaut mieux en garder en cave durant la saison froide, et les replanter au printemps...

 il est utile de tuteurer, si l'on veut faire mûrir les semences dans de bonnes conditions et bien les récupérer...




les fleurs intéressent de nombreux pollinisateurs très divers... par contre je suis étonné de n'avoir pratiquement vu aucune abeille domestique depuis le début du printemps... heureusement que leurs collègues sauvages sont nombreuses et prennent le relais...







il y a les jolies tailles de guêpes... mais aussi les jolis cous... :-)



un coup d'oeil à mon carré d'avoine : semé un peu dru, mais il a bien poussé...
 le seigle vient encore mieux : il se sent bien chez nous, dans les sols montagneux...

avec les navets il ne faut pas oublier la piéride du navet...
on la reconnaît à ses nervures soulignées de gris...

un contrôleur de fleurs de fraisier...

bleu véronique : il y en a de vrais tapis par endroits...

une revenante qui a passé l'hiver : dolomedes notre araignée tout velours...



 bibio marci : il y en a partout...
un petit papillon... de la taille d'une paquerette...

cet après-midi et pour profiter de la pluie annoncée, j'ai semé un carré de sarrasin et trois longues lignes de millet (millet à grappes, de semences que j'ai produites)... planté aussi le reste de pommes de terre : dans mes buttes de mottes d'herbes, et aussi simplement en ligne le long d'une plate-bande.
sur la fin il reste souvent quelques poignées de petites plants "grelots" de pommes de terre... faisant parfois juste un centimètre... : je les sème dans une ligne et ils me donneront des pommes de terre un peu plus grandes à replanter l'année suivante...
j'ai aussi semé un petit carré expérimental de graines de pommes de terre : ce sont les petites billes vertes que l'on peut cueillir après la floraison. elles ressemblent un peu à des tomates cerises vertes et contiennent des graines.

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9 mai 2012 3 09 /05 /mai /2012 15:48

 

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Une compilation. De quoi ? Et pour quoi faire ?

Compilation des textes relatifs à des réappropriations de territoires rural ou urbain. Compilation des initiatives locales de construction d’un autre monde qui ne soit plus dirigé d’en-haut, qui ne soit pas livré à la politique et à ses cristallisation de pouvoir mais qui soit formé d’une mosaïque d’initiatives locales qui forment rhizomes par la multiplicité de leurs échanges.

Compilation aussi des textes qui nous mettent en garde contre les retours de flamme de la société du Profit, de la consommation et de la concurrence mais en envisageant leurs conséquences locales. Les mouvements paysans et indigènes d’Amérique latine sont au cœur de ces luttes et les expériences de reconquête et de lutte pour la conservation et la préservation du territoire fleurissent, prolifèrent et pullulent malgré qu’un peu partout sévissent la répression étatique, les assassinats et enlèvements par les sbires au services des intérêts privés, etc…  Exemplairesssssss avec beaucoup, beaucoup de s sont ces luttes. Je garde en tête l’image de ces femmes honduriennes qui lors du coup d’état de 2009 détournent les fusils que les escadrons de la mort pointent sur elles de leurs mains nues.

Pour construire un autre monde il est essentiel de comprendre les processus de la globalisation y compris dans leurs aspect occulte. Ce qui simplifie les choses, c’est que ce sont finalement toujours les mêmes méthodes utilisées dans les mêmes buts… pas beaucoup d’imagination, ni de variété là-dedans. Sur ce blog et de manière apparemment assez désordonnées, je le reconnais, j’ai partagé une partie du fruit de mes recherches….parfois je me suis laissé entraîner et j’ai foncé sans partager.

20788146_c689dd1820.jpgJ’ai voulu aussi remettre de l’ordre dans ce chaos apparent afin que chacun puisse s’y retrouver, y compris moi-même mais c’est quasi impossible avec un accès internet aussi limité que celui que j’ai en ce moment. Cette compilation est une tentative dans ce sens, réunir des textes, non ceux qui permettent de se faire une idée des situations politiques et économiques globales, tournés vers le passé, mais ceux qui peuvent participer à la constitution de bases à venir

Et sans doute un autre blog qui sera lui tourné vers ce monde en construction et les difficultés qu’il rencontre, les solutions que certains ont trouvé pour les déjouer. La mise en évidence des faux amis, et l’écologie actuellement en comprend un lot impressionnant… bref les textes ci-dessous pour 2012 et ceux qui suivront dans le reste de la compilation sont tous ceux qui peuvent me permettre de développer ma conception de l’écosophie, dont je pourrais dire qu’elle doit beaucoup aux « Indiens » « d’Amérique », du Nord comme du Sud…. Je leur dois surtout d’avoir poussé un grand ouf ! quand j’ai commencé à les lire…. Je ne suis donc pas seule à penser comme je pense, à ressentir comme je sens… cette écosophie qui est idiosyncrasique ici, dans le contexte local, là-bas cesserait de l’être.

L'Europe de la politique est morte, Vive l'Europe du politique !

L'Europe sociale est morte.... vive l'Europe conviviale  !

A suivre donc…

 

 

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Contre la marchandisation de la nature

Banque mondiale : retire-toi des terres !

Pierre Rabhi : « Si nous nous accrochons à notre modèle de société, c’est le dépôt de bilan planétaire »

Il vit dans une grotte sans argent depuis 12 ans

La leçon de l'homme rouge : ne travaillez pas, soyez actifs.

Préservons l’Amazonie.http://storage.canalblog.com/85/64/237369/16721761_m.jpg

Dragon de feu : comment construire un poêle à récupération de chaleur optimale

"Plan Nord" : à qui profite le crime ?

Inhumanité et migration en Amérique Latine ( 

Les Abejas dénoncent le retour des paramilitaires

Indiens d’Amérique : un génocide tranquille et presqu’achevé

Chili : Le revers de la médaille

HAÏTI CHERIE ! DES PAYSAGES MAGNIFIQUES

Au Mali comme ailleurs l'accaparement de la Terre

Ethiopie: les espoirs déçus des paysans réinstallés

Reprendre la terre, des paysans Andalous le font !

Amazonie :Les lois de l’homme blanc.

Amazonie :Les lois de l’homme blanc.

107192474_cdf57c1807.jpgNucléaire, Pétrole, Europe, guerres coloniales : Réflexion sur une logique politique

BRÉSIL - « 128 000 familles de paysans vivent sous des tentes.

BRÉSIL : contre l’impunité des assassins de travailleurs ruraux sans terre

Le méga-barrage de Belo Monte condamne les Indiens du Brésil

Karama : dignité

Quelles « décroissances » en Amérique latine ?

L’Amérique latine et les Caraïbes ont cessé d’êtrel’arrière-cour des USA

La fresque de Taniperla

Vers la décomplexification des métiers

Manifeste des maquisards pour une convergence des luttes

Colombie - communauté de paix San José de Apartadóhttp://farm5.staticflickr.com/4153/5032489668_1dfdcb7544_z.jpg

Agriculture industrielle et oligarchie agricole.

La sobriété heureuse

Argentine, Patagonie : un squat durable

Des paysans occupent la terre en Andalousie

OGM et apparition d'insectes résistants

A Toulouse, un centre social abandonné est occupé par les SDF

Habitat imaginaire en tous milieux

Maison en terre paille.

Aménageons nos villes ! Les initiatives citoyennes d’aménagement de l’espace public

http://storage.canalblog.com/65/93/237369/16721302_m.jpgFungi et mycota, histoire d'intelligence et d'espoir

Fungi et mycota, histoire d'intelligence et d'espoir

Le lait et le non sens: agrobusiness contre petite production locale

OGM et mutations génétiques irréversibles

Monsanto, round up et les atteintes à la santé

Le village de Kirène, symbole du cynisme des multinationales

Changer le monde sans prendre le pouvoir

Les femmes du chiapas occupent un camp militaire pour la journée de la femme

En Espagne les occupations fleurissent et fructifient

Colombie : Manifeste pour la paix, jusqu'à la dernière goutte de nos rêves

Bill Gates et l'ingénierie climatique

Cinq fois plus de pesticides autorisés dans l'eau du robinet depuis février 2011

URGENT : Sauvons nos abeilles !http://storage.canalblog.com/25/72/237369/38366860_p.jpg

Des poisons au quodidien dans nos assiettes

Une maison autonome et sans factures

Guatemala : Militaires et multinationales (

Petite histoire des crimes US en Haïti

Un climat « favorable aux affaires » : le modèle colombien

Haïti : Où est passé l'argent collecté pour la reconstruction?

Honduras : journalistes assassinés, policiers criminels et prêtre président ?

Semences libres, Kokopelli en marche vers la victoire ? ( 

mobilisation pour les écoles en milieu rural

Des Boliviens nous proposent : la convivialité plutôt que la machination

http://storage.canalblog.com/15/60/237369/37529279_p.jpgLe cri de Montesinos, hier et aujourd’hui

« Nos caméras sont des armes, les reportages, des balles »

Qui est débiteur de qui ? La véritable dette extérieure

Amérique Latine en rupture avec l'idéologie néolibérale et la pensée unique

Tu trembles petit homme ? ou L'écologie au service du capitalisme

Les maisons en sacs de terre

Ils nous chassent des campings… occupons l’espace commun…occupons l’espace public

Indigènes, paysans, militants... au Brésil on assassine 1

Indigènes, paysans, militants... au Brésil on assassine 2

Pendant ce temps là en Amazonie

Colombie : pays de tous les terrorismeshttp://img.over-blog.com/300x199/2/83/75/18//23478046.jpg

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8 mai 2012 2 08 /05 /mai /2012 19:20

 

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Quelle alimentation pour une économie plus équitable ?
Dimanche 13 mai : de 10h30/20h, péniche Alternat (Paris)


Dans le cadre du "Printemps pour une économie équitable", l’association Consom’Solidaire organise la deuxième édition des « Rencontres des circuits courts alimentaires », le dimanche 13 mai 2012, de 10 h 30 à 20 h, sur la péniche Alternat, amarrée près du port de Tolbiac dans le 13 arrondissement de Paris. A l’occasion de cet évènement festif et citoyen Minga met sur la table une contribution exprimant son point de vue sur les circuits courts.


- Découvrir le programme de la journée : http://www.minga.net/IMG/pdf/courts-circuits-2012-A5rv-1-2.pdf

Contribution de Minga à l’occasion des "Rencontres des circuits courts alimentaires:Faire de l’alimentation un sujet de « haute » nécessité démocratique

Concernant la vie quotidienne de chacun d’entre nous et étant articulé à des enjeux ultra prioritaires en ce début de XXI siècle, l’alimentation est un sujet aux cœurs de projet que nous défendons à travers la promotion d’une économie équitable.

 C’est notamment pour ces raisons que depuis 2009 Minga est à l’ origine des campagnes de mobilisation citoyenne tel que « alimentons l’Europe », « alimentons les régions », puis « alimentons 2012 » (www.alimentons2012.fr) et de l’initiative « alimentons nous » (www.alimentons-nous.eu) la première rencontre de jeunes professionnels et citoyens pour « démocratisé l’alimentation et alimenter la démocratie ».

 C’est aussi pour ces raisons nous avons organisé la première rencontre des circuits-courts entre professionnel (commerçants, artisans, producteurs) à Poitiers en partenariat avec les trois chambres consulaires (métiers, commerces et industrie, agriculture) de la Vienne pour favoriser les convergences professionnelles entre acteurs d’un territoire ;

Les circuits-courts, c’est n’est pas uniquement un moyen de diversification de marché pour une profession agricole fragiliser, ni de court-circuité tous les intermédiaires par de la vente directe. Les circuits sont un enjeu pour garder des métiers et de la valeur ajouté localement sur les territoires.

C’est aussi un moyen d’ouvrir des perspectives citoyenne pour élaborer un modèle productif adapté aux enjeux d’un territoire et aux attentes des populations permettant de garantir l’accès à une alimentation pour tous, partout dans le monde.

Alors que le litre de carburant va bientôt dépasser 2€, les circuits courts sont une façon de replacer concrètement le débat alimentaire aux cœurs de nos choix de développement et d’aménagement du territoire

La participation aux deuxième « rencontre des circuits courts alimentaires » organiser par l’association consom’solidaire le 13 mais 2012 est donc pour minga tout naturel.

 

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8 mai 2012 2 08 /05 /mai /2012 16:58

 

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Encore un petit coup su'le clou.... la lutte paysanne avec ses pieds bien ancrés dans la terre, prenez-en de la graine !!! Par là est la sauvegarde, la seule possible ! Conservatrice et évolutive, syncrétique, comme la vie-même.

 

Rio+20 : Journée internationale de luttes Les peuples du monde contre la marchandisation de la Nature

8 mai par Via Campesina

 

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La Via Campesina appelle toutes les organisations paysannes du monde ainsi que ses alliées et alliés à organiser des actions au cours du mois de juin.


L’avancée du système capitaliste qui, pendant les deux dernières décennies, est arrivée à des dimensions inédites, conduit à des crises tout aussi inédites. Les crises financière, alimentaire, énergétique et environnementale sont les visages multiples de la crise structurelle du capitalisme, qui ne connaît pas de limites dans sa quête de profits. La crise structurelle actuelle, comme d’autres crises de cette sorte, touche les peuples du monde mais laisse indemnes les élites et les grandes sociétés.

 

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Sur tous les continents, nous avons vu que, même pendant la crise, l’élan du capitalisme n’a pas diminué. Car nous constatons les accaparements illégaux des terres par des sociétés étrangères, l’avance de l’industrie extractive (minière et pétrolière), les cultures génétiquement modifiées de plus en plus présentes dans les champs, les agro-carburants, les pesticides vendues à une échelle gigantesque. En fin de compte, la crise du capitalisme ne veut pas dire que le système fait volte-face. Au contraire, c’est à ce moment précis, qu’il avance avec le plus d’intensité, parce que les entreprises profitent de la crise pour étendre leur domination aux territoires qui n’ont pas encore été conquis.

La Conférence Rio + 20 en est un exemple clair. Au lieu de rassembler les gouvernements du monde entier pour trouver de vraies solutions à la crise environnementale, cet événement servira à consolider les fausses solutions aussi bien que l’accaparement des territoires des paysannes et paysans, ainsi que des peuples premiers. A la Conférence de l’ONU, il n’y a que les intérêts des grandes sociétés qui trouveront leur place.2303080651_905decfaae.jpg

Afin de résister à ces intérêts et à les confronter, il est fondamental que les peuples du monde continuent à renforcer leurs organisations et leurs luttes, qu’ils élèvent leur voix et qu’ils démontrent que seulement la souveraineté populaire offre de réelles solutions.

Ainsi, en tant que Via Campesina , nous demandons à nos organisations membres et à nos alliées et alliés d’organiser et de coordonner des luttes pendant tout le mois de juin, principalement durant la Journée internationale de l’environnent, le 5 juin. De cette manière, nous démontrerons notre unité et notre force afin d’envoyer à l’avance, de partout dans le monde, un message radical aux représentants des gouvernements qui se réuniront à Rio + 20, du 20 au 22 juin, à Rio de Janeiro, Brésil.

Chaque lutte, chaque résistance, chaque territoire que nous récupérons doit être l’expression de cette unité mondiale devant l’offensive du système capitaliste contre la nature.

 


1-12100098870RIY.jpgParallèlement à la Conférence officielle, nous, les peuples du monde, serons réunis au Sommet des Peuples, dans un processus de construction collective et de mobilisation permanente. Au cours de la semaine du 18 au 22 juin, il y aura aussi une période de mobilisation mondiale, car notre tâche ne se situe pas seulement à Rio de Janeiro. En effet, nous devons poursuivre les luttes dans notre propre pays, particulièrement lors de la journée inaugurale de la Conférence officielle, le 20 juin. Cette période de luttes sur tous les continents devrait se répercuter à Rio de Janeiro et dans le monde entier.

Nous convoquons toutes les organisations paysannes et leurs alliée et alliés à organiser des mobilisations et des actions partout dans le monde : des marches dans les villes ou dans les campagnes ; des conférences de presse ; des actions pour demander la Réforme agraire et l’accès à la terre ; des campagnes de communication ; des programmes de radio ; des mobilisations contre les entreprises responsables de la dégradation environnementale ; des débats dans les écoles et les universités ; des projections de films documentaires ; et d’autres actions que vous organiserez collectivement chez vous.

Au moment où le capitalisme veut mondialiser davantage son système, dominer nosdv5-f793d.jpg territoires et exploiter notre main d’oeuvre, nous devons internationaliser notre lutte. Nous allons nous organiser, préparer des actions, faire appel à nos bases et à nos alliés pour cette grande journée de lutte contre le capitalisme. La force de notre journée de luttes viendra de notre capacité de nous organiser et d’atteindre une visibilité nationale et internationale.

Nous vous demandons de nous informer de vos actions à l’adresse électronique suivante : lvcweb@viacampesina.org

Non aux fausses solutions du capitalisme vert

Pour l’agriculture paysanne !

Globalisons la lutte. Globalisons l’espoir.

A lire aussi :

 

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8 mai 2012 2 08 /05 /mai /2012 13:54

 

 

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460452133_75aec01415.jpgJe devrais créer une nouvelle rubrique que j'appellerais Les Clous, ceux que je ne cesse d'enfoncer, comme celui de la mise en garde contre la confiscation généralisé des terres de toute la planète par une machine de capture de plus en plus efficace. Les mécanismes et processus d'accaparement sont multiples. On a pu voir au USA comme en Espagne, et partout ailleurs plus "discrètement" la création artificielle d'une crise de l'immobilier et d'une crise de dette qui font passer toute une partie du patrimoine immobilier aux mains des financiers. La dépossession du patrimoine terrien rural se fait de deux manières principales. La ruine des petits agriculteurs et la concentration des terres entre les monopoles agro industriels et d'autre part, la confiscation de territoires entiers qui au nom de l'écologie sont mis entre les mains des promoteurs mondiaux d'un tourisme pseudo-écologique, bobo, juteux en terme de profit.

L'écosophie idiosyncrasique ne place pas l'humain au centre de la Terre qui ne serait là que119448838_03ad2b73e8.jpg pour être exploitée dans son intérêt. Je combattrai toujours tout courant qui développe ce point de vue, comme le font la plupart de ceux, peuples ou personnes qui ont encore leur racines bien ancrées dans la terre concrète et non le point de vue de surplomb extérieur de citadins dénaturalisés. car c'est là que se trouve le véritable enjeu aujourd'hui, un enjeu de terroir mais qui n'a rien d'identitaire, si ce n'est la préservation de l'identité d'écosystèmes menacés... d'autres ont été détruits et les restaurer ne se fera pas par un retour en arrière irréalisable, mais bien par une grande marche en avant dans laquelle toutes les solutions venues de partout devront être mise à disposition comme patrimoine commun. IL N'Y A PAS DE RETOUR EN ARRIERE POSSIBLE, notre planète a subi des transformations irréversibles. Seule une marche en avant faite de créativité peut redresser la situation.

 

2881773437_16c5b7fb45.jpgIl y a là de quoi mettre en activité la totalité de la population de la planète...nettoyage et restauration, nous ne sommes pas trop pour faire cela. une telle restauration, de par l'essence même des équilibres de la nature et de part la finitude de nos capacités de compréhension et d'appréhension des processus impliqués qui culminent dans ce tout que constitue la biosphère, avec les phénomènes d'échanges et qui la constituent, font que oui, nous sommes face à un problème global qui doit se solutionner par des actions locales coordonnées... Autrement dit, c'est en réunissant les connaissances acquises par des restaurations locales, en en faisant un patrimoine à la libre disposition de tous, en procédant avec des essais, des erreurs, des corrections, des succès aussi que nous avancerons. Il n'y a pas de recettes, seulement quelques principes fondateurs qui visent à mener vers une humanité à empreinte écologique positive, une humanité jardinière de la planète. Les bons jardiniers aiment à préserver les espaces sauvages, pour leur beauté, mais aussi pour leurs richesses gratuites. En finir avec ce consumérisme stupide qui nous enchaîne, fait de nous les esclaves à la fois de notre avidité et de ceux qui la sollicite pour leur plus grand profit. Je sais pour beaucoup cela reste paroles creuses, homo citadinus dévitalisé n'a souvent aucune idée de ce peut signifier cette plénitude d'être plongé dans la nature sauvage et d'y vivre avec le sentiment de lui appartenir, d'être "partie de". L'épprouvé ne se transmet pas par les mots, les mots ne peuvent que chercher à inciter à faire l'expérience qui seule donne accès à la connaissance.

Nous, gens de la Terre, y compris ceux qui comme moi ont des racines mobiles, coupés de33-12106257500qPm.jpg ces racines, éloigné des bains de vie que sont les lieux de nature sauvage, nous nous étiolons et nous mourrons, comme le poisson privé d'eau, comme la plante déterrée. La Prise de Terre, ce n'est pas seulement une sécurité des installations électriques, c'est aussi un contact direct avec la terre qui nous conserve notre équilibre et nous décharge des tensions accumulées. Or ce sont les possibilité de cet enracinement qui disparaissent avec la confiscation généralisée du territoire. Nous réappropiez le territoire, petit à petit pour y installer nos jardins est donc une priorité incontournable.

 

 

Banque mondiale : retire-toi des terres !

 

 

Déclaration conjointe de CRBM, FIAN International, Focus on the Global South, Friends of the Earth International, GRAIN, La Via Campesina, Transnational Institute. (28 avril 2012)

 

À l’occasion du Congrès de la Banque mondiale sur le Territoire et la pauvreté - du 23 au 26 avril 2012 à Washington, D.C.

Washington, le 23 avril 2012

« La régie des terres dans un environnement en transformation rapide » est le thème du Congrès de la Banque mondiale sur le Territoire et la pauvreté, qui a lieu du 23 au 26 avril 2012 à Washington, D.C. Des représentants de sociétés investisseuses, de gouvernements et d’institutions financières internationales se réunissent au quartier général de la Banque mondiale pour « discuter des enjeux qui préoccupent les intervenants et responsables des politiques entourant la régie des terres ». Au moment où ces gens imaginent de nouveaux moyens pour permettre aux entreprises de s’accaparer toujours plus de terres un peu partout sur la planète, les populations concernées souffrent directement des lois promues par la Banque mondiale et ses alliés et des politiques d’aménagement du territoire conçues en faveur des entreprises.5933012968_c7beba57a2.jpg

La Banque mondiale, fidèle à ses recettes politiques et économiques de réduction de la pauvreté, favorise depuis plusieurs décennies une approche du territoire axée sur les forces du marché. Elle a promu la privatisation des terres et cherché à créer les conditions nécessaires à l’établissement de marchés fonciers en transformant les droits fonciers traditionnels et coutumiers en titres « marchandisables » et en finançant des programmes d’enregistrement de titres fonciers dans plusieurs pays. Tout ça, bien sûr, en faveur d’un modèle de développement agro-industriel placé au service des entreprises.

Ses programmes de gestion du territoire ont accru la concentration des terres dans les mains d’une minorité et planté le décor pour un accaparement massif des terres et des sources d’eau à l’échelle globale. Attirées par les prix élevés des denrées alimentaires et par la demande accrue pour les agrocarburants, les aliments pour animaux et les matériaux bruts, les entreprises multinationales d’agro-industrie et les protagonistes de l’industrie financière, comme les 1203972480_ecc3ff5387.jpgbanques privées et les fonds de pension, se précipitent pour prendre le contrôle des terres et des ressources connexes comme l’eau. On estime qu’entre 80 et 230 millions d’hectares de terres ont été loués ou achetés au cours des dernières années, principalement pour produire de la nourriture, des aliments pour animaux ou des agrocarburants destinés au marché international. Par voie de conséquence, les paysans, paysannes, éleveurs de bétail, pêcheurs et ménages ruraux perdent leur accès traditionnel aux ressources naturelles (terres, sources et plans d’eau, pêcheries, forêts, pâturages, etc.) et le contrôle des processus de production. Ils se trouvent alors dépossédés des moyens de subsistance essentiels à leurs familles et leurs communautés. Les populations locales sont expulsées et déplacées de force, leurs droits humains fondamentaux, comme le droit à l’alimentation et au logement, sont violés impunément, et l’environnement, au même titre que les structures communautaires traditionnelles, est de plus en plus dévasté.

En proposant du capital et des garanties aux sociétés investisseuses multinationales, en offrant de l’aide et du soutien technique pour « améliorer le climat d’investissement dans le domaine agricole » dans les prétendus pays bénéficiaires, et en encourageant des lois et politiques axées sur l’entreprise plutôt que sur le bien commun des populations, la Banque mondiale joue un rôle-clé dans ce processus d’accaparement massif du territoire. En même temps, la Banque vante ses sept principes pour un Investissement agricole responsable, qui visent à légitimer l’accaparement mondial des terres par des sociétés investisseuses à des fins agroindustrielles. La Banque mondiale agit en toute impunité. Les États doivent mettre un terme à tout cela et respecter à la lettre leurs obligations extraterritoriales en matière de droits humains.1807603998_4563732f1e.jpg

Alors que la Banque mondiale se réunit avec les accapareurs internationaux dans l’enceinte de son quartier général, à l’extérieur les populations se mobilisent un peu partout sur la planète pour rendre illégale l’accaparement des terres et pour reprendre les territoires perdus. Elles affirment qu’aucun plan de transparence et de responsabilité conçu par et pour les entreprises ne pourra rendre acceptable ou viable l’expropriation des populations au profit du modèle agroindustriel.

 

 


Dans le cadre de la Journée internationale des luttes paysannes, établie par La Via Campesina le 17 avril, nous nous joignons aux mouvements des paysans et pêcheurs, aux organisations de travailleurs et travailleuses de la terre, aux étudiants et étudiantes, aux militants et militantes pour les droits humains, aux groupes écologistes, aux organisations féminines et aux mouvements pour la justice sociale, dans la lutte contre l’accaparement des terres et le contrôle territorial des entreprises, et pour contrer les tentatives de la Banque mondiale et de ses alliés de présenter l’expropriation des terres des paysans comme une opération responsable.


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BANQUE MONDIALE, RETIRE-TOI DES TERRES MAINTENANT !

 

Source : Via Campesina

 

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8 mai 2012 2 08 /05 /mai /2012 00:34

 

 

 

 

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Pierre Rabhi : « Si nous nous accrochons à notre modèle de société, c’est le dépôt de bilan planétaire »

Par Agnès Rousseaux, Ivan du Roy (7 mai 2012)

Et si, après une stressante campagne électorale, on respirait un peu ? Quelle société voulons-nous aujourd’hui construire ? « La croissance est un problème, pas une solution », affirme Pierre Rabhi, paysan-philosophe. Face à la disparition des questions écologiques dans le débat politique, et à la frénésie marchande qui nous a pris en otages, il invite à repenser la vie sur un mode à la fois « sobre et puissant ». Et à inventer, pour éviter des explosions sociales et un chaos généralisé, un autre modèle de civilisation. Entretien.

Basta ! : Vous défendez une société de la sobriété. Les crises actuelles et l’austérité qui menace vont-elles permettre de remettre en question le système économique dans lequel nous vivons ?

Pierre Rabhi [1] : Je ne me réjouis pas de cette situation, mais je me dis finalement que l’être humain a besoin d’entrer dans des impasses pour mieux comprendre. Les impasses peuvent soit finir sur un chaos généralisé, soit permettre d’initier autre chose. Le chaos est tout à fait possible : une sorte de cocotte-minute d’incertitudes et d’inquiétudes est en train de miner les âmes et les consciences. Qu’une seule ville explose et toute la France explose. Le problème aujourd’hui n’est pas de se réjouir de cela, mais de voir ce qu’on peut tirer de cette évolution. Notre modèle de société montre son inadéquation, son incapacité à continuer. Si nous nous y accrochons, ce sera le dépôt de bilan planétaire. Tous les pays émergents veulent vivre à la moderne. Où va-t-on puiser les ressources ? C’est totalement irréaliste. Il y a aujourd’hui à repenser la vie sur un mode qui soit à la fois sobre et puissant. Je crois beaucoup à la puissance de la sobriété. Je ne crois pas à la puissance des comptes en banque. La vraie puissance est dans la capacité d’une communauté humaine à se contenter de peu mais à produire de la joie. Notre société déborde de tout, mais nous sommes un des pays les plus consommateurs d’anxiolytiques, pour réparer les dégâts que produit la « société de la matière » ! Nous sommes une espèce de planète psychiatrique. Combien de souffrances produisons-nous ?

 

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Pendant la campagne électorale, l’écologie a quasiment disparu du débat politique. Qu’en pensez-vous ?

C’est parce que les citoyens ne sont pas véritablement conscients de l’enjeu de l’écologie que nous sommes obligés d’avoir une écologie politique pour lui donner une place au forceps. Dans la réalité, l’écologie concerne absolument tout le monde. Je suis évidemment reconnaissant envers ceux qui essayent de placer l’écologie dans le débat politique. Mais c’est une anomalie. Car l’écologie est une affaire de tous. C’est ce qui détermine l’existence de tout individu, du phénomène de la vie. Nous sommes donc tous concernés.

Selon vous, le progrès technologique nous asservirait ?

La civilisation moderne est la civilisation la plus fragile de toute l’histoire de l’humanité538546417_9bd128fc68.jpg. Plus d’électricité, de pétrole, de télécommunications et la civilisation s’écroule. Elle ne tient sur rien du tout. Le progrès ne libère pas. Plusieurs avancées ont apporté un certain bien-être. Mais ce bien-être n’est pas forcément partagé. Il faut que l’humanité se pose la question : le progrès, pour quoi faire ? Et avant : qu’est-ce que vivre ? S’il s’agit juste de consommer, je n’appelle pas ça la vie, cela n’a aucun intérêt. Nous sommes devenus des brigades de pousseurs de Caddie. Cela me terrifie. Nous sommes revenus au néolithique : nous sommes des cueilleurs, nous passons dans les rayons et nous cueillons. Tout cela n’est pas bon. On a évoqué la décroissance, qui est considérée comme une infamie dans le monde d’aujourd’hui : remettre en cause la croissance ! Au Moyen Âge, j’aurai été brûlé vif.

Peut-on se passer de l’industrie et du progrès technologique sur une planète qui comptera bientôt 9 milliards d’êtres humains ?

198569628_062985eb35.jpgnic.jpgLe progrès technologique ne rétablit pas de l’équité dans le monde, au contraire. Une minorité en bénéficie. Ce ne sont pas les pays en voie de développement qui consomment le plus de voitures ou de frigos. C’est un leurre de dire que la planète ne pourra pas suffire, parce que nous serons plus nombreux. C’est une injustice totale : sur 7 milliards d’humains aujourd’hui, la moitié n’a pas accès à la nourriture pendant que les autres se bâfrent et gaspillent à outrance. Un cinquième de l’humanité consomme les 4/5es des ressources produites. Ce serait très pernicieux d’invoquer la démographie pour dire qu’on ne va pas s’en sortir. Non ! Plusieurs milliards d’humains ne s’en sortent déjà pas. Ce ne sont pas les pauvres qui épuisent les ressources. La démographie n’est pas en cause. Je sens cet argument s’insinuer de façon très vicieuse.

Pourquoi, après avoir été ouvrier, avez-vous choisi de devenir paysan ?

J’ai accompli mon retour à la terre, ici en Ardèche, en 1961, parce que je considère que2082836585_a6d71919c7.jpg notre système n’a pas d’intérêt. Je n’ai pas envie d’être né pour produire, pour consommer et mourir. C’est une destinée un peu limitée ! Je suis né pour vivre, je suis né pour admirer. Si on doit toute sa vie besogner pour que les poubelles débordent de déchets, cela n’a aucun sens. Il n’y a pas si longtemps, en mai 68, les jeunes défilaient dans les rues pour protester contre la société de consommation. C’était l’excès. Leur intuition était forte : nous ne sommes pas des consommateurs. Les gagneurs d’argent, la frénésie marchande nous ont pris en otages pour faire de nous des gens qui doivent absolument consommer pour faire monter le produit national brut. C’est complètement stupide. Les jeunes disaient : on ne tombe pas amoureux d’un produit national brut ! Ils lançaient des slogans très importants, qui étaient un appel à la vie. Nous ne vivons pas : nous sommes conditionnés, endoctrinés, manipulés, pour n’être que des serviteurs d’un système. Ils ressentaient ce besoin de sursaut de la vie. Depuis, je ne vois plus les jeunes défiler dans la rue pour dire qu’ils ont trop. Nous sommes au contraire entrés dans la phase du manque. Les certitudes d’une idéologie triomphante, c’est terminé ! Aujourd’hui, les jeunes ne savent pas quelle place ils auront et s’ils auront une place dans l’avenir. Ce système-là peut-il encore perdurer ? Non. Il ne faut donc pas s’illusionner et se raconter des histoires : notre système arrive à ses limites. Il faut maintenant que l’imagination se mette en route, pour en créer un autre.

D’où peut venir le changement ? D’abord de chaque individu ou de transformations portées collectivement ?

2-1191498267.jpgVous pouvez manger bio, recycler votre eau, vous chauffer à l’énergie solaire, tout en exploitant votre prochain, ce n’est pas incompatible ! Le changement radical de la société passe par une vision différente de la vie. L’humain et la nature doivent être au cœur de nos préoccupations. Le rôle de l’éducation est souverain : et si on éduquait les enfants au contentement et non à l’avidité permanente ? Une avidité stimulée par la publicité, qui affirme qu’il nous manque toujours quelque chose. Cette civilisation du besoin chronique et permanent, sans cesse ressassé, installe dans les esprits la sensation de manque. Le phénomène de la vie, ce qui fait que nous existons, devrait avoir une place dans l’éducation des enfants. Or nous n’avons que des structures éducatives qui occultent complètement les fondements de la vie pour, le plus vite possible, fabriquer un petit consommateur et un petit producteur pour le futur. Cela en fait un petit ignorant qui s’occupera bien davantage de savoir comment il va avoir un bon boulot malgré la compétitivité.

L’exigence fondamentale, c’est que tout le monde puisse manger, se vêtir, se soigner. Voilà ce qu’une civilisation digne de ce nom devrait pouvoir fournir à tout le monde. Aucun bonheur n’est possible sans la satisfaction des besoins vitaux. Notre civilisation a la prétention de nous libérer alors qu’elle est la civilisation la plus carcérale de l’histoire de l’humanité. De la maternelle à l’Université, nous sommes enfermés, ensuite tout le monde travaille dans des boîtes. Même pour s’amuser on va en boîte, assis dans sa caisse. Enfin, on a la boîte à vieux quand on n’en peut plus, qu’on est usé, avant de nous mettre dans une dernière boîte, la boîte définitive.

Comment convaincre ceux qui profitent le plus de la société de consommation et d’accumulation ?

Qui enrichit ces gens-là ? C’est nous. Ils s’enrichissent parce que des gens insatiables1367251-1806066.jpg achètent de plus en plus, parce que toute une communauté humaine leur donne les pleins pouvoirs. Ils n’existent que parce que nous les faisons exister. Je ne roule pas en char à bœufs mais en voiture, je pollue malgré moi, j’ai le confort moderne. Ce qui fausse tout, c’est que cela devient prétexte à un enrichissement infini. Ce serait différent si les objets fabriqués par le génie du monde moderne avaient vocation à améliorer la condition humaine. Nous donnons très peu de place à ce qui est indispensable, à ce qui amène véritablement la joie. Et nous ne mettons aucune limite au superflu.

Cela signifie donc s’attaquer aux puissances de l’argent ?

L’argent est noble quand il permet l’échange. C’est plus facile d’avoir quelques billets dans sa poche que de transporter deux kilos de pommes de terre. L’argent n’est pas à récuser dès lors qu’il participe au mécanisme de régulation du bien-être entre tous. Mais quand il régule seulement la richesse, non. Toutes les choses vitales, les biens communs – eau, air, terre, semences – devraient être soustraites à la spéculation. Ceux qui ont de l’argent commettent un hold-up légalisé sur le bien de tous. Un vol illicite mais normalisé par la règle du jeu. L’argent rend l’humanité complètement folle et démente. Aujourd’hui, on achète le bien des générations futures. Je possède de la terre, mais je suis prêt à dire que ce n’est pas la mienne. Je l’ai soignée pour qu’elle soit transmise à mes enfants ou à d’autres gens.

Comment soustraire les biens communs à ceux qui spéculent ?

2877551607_3982cbb944.jpgAdmettons qu’on aille jusqu’à la logique extrême : un jour, un petit groupe d’humains hyperriches va posséder la planète. Aux enfants qui arriveront, on leur dira qu’ils sont locataires. Qu’ils doivent payer leur droit d’exister. C’est stupide. C’est navrant. C’est d’une laideur infinie. Parce que j’ai de l’argent, j’ai le droit sur tout… C’est là que le politique devrait réguler. Mais, pour l’instant, les responsables politiques sont là pour maintenir en vie cette inégalité criante. Ils font de l’acharnement thérapeutique sur un modèle moribond. On peut le mettre sous perfusion tant qu’on voudra... on sait très bien qu’il est fini. Le drame serait que tout cela finisse dans le chaos, si on ne met pas en place une nouvelle orientation de la vie.

Il faut changer les règles du jeu démocratique, dites-vous… Pour aller vers quoi ?

On ne peut pas changer un monstre pareil du jour au lendemain. Ce que je regrette, c’est2269038697_ea736f931b.jpg qu’on ne se mette pas sur la voie du changement. Ce modèle a été généré par l’Europe. La première victime de ce nouveau paradigme, cette nouvelle idéologie, c’est l’Europe elle-même. L’Europe était une mosaïque extraordinaire. Tout a été nivelé, standardisé. Et on a exporté ce modèle partout ailleurs, en mettant un coup de peinture « démocratie » là-dessus. Aujourd’hui ce modèle se délite, il n’a aucun moyen d’être réparé. Il faut aller vers autre chose. Ce que propose la société civile : elle est le laboratoire dans lequel est en train de s’élaborer le futur. Partout des gens essayent de faire autrement. Un État intelligent devrait encourager ça. Sinon, cela se fera sous la forme d’explosion sociale. Une grande frange des citoyens sont secourus par les dispositifs de l’État. Cela ne durera pas. Le jour où la société ne pourra plus produire de richesses, où prendra-t-on ce qu’il faut pour soutenir ceux qui sont relégués ? Nous sommes dans un système « pompier-pyromane » : il produit les dégâts et prétend en plus les corriger. On met des rustines au lieu de changer de système : ce n’est pas une posture politique intelligente.

Recueilli par Ivan du Roy et Agnès Rousseaux

Vidéo : Agnès Rousseaux

Photo : Ivan du Roy

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Notes

[1] Pierre Rabhi vit en Ardèche, où il a été paysan. Il a crée en 2007 le Mouvement pour la Terre et l’Humanisme appelé ensuite mouvement Colibris. Il est aussi l’inventeur du concept « Oasis en tous lieux » et a lancé en 2012 la campagne Tous Candidats

Source : Pierre Rabhi : « Si nous nous accrochons à notre modèle de société, c’est le dépôt de bilan planétaire » - Ecologie - Basta !

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    Gilles Deleuze, février 1977.

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