
Source.
Un texte original et très intéressant qui nous remémore tous les évènements tragiques qui ont soumis les états d'Amérique latine depuis la colonisation.
En remerciant Lucien Pons pour cette découverte qui j'en suis certaine ne passera pas à côté des camarades qui comme moi sont passionnés par ce continent et restent à l'écoute de cette montée en puissance progressiste qui est une belle lueur d'espoir pour le monde entier.
Caroleone
Par Luis Fernando BASURTO CARRILLO. Enseignant, syndicaliste. Péruvien
Le terme même utilisé pour nommer notre espace géopolitique est une référence lourde au passé colonial puis néocolonial de l’ensemble des pays qui le composent. Le nom donné par les Européens à ce Nouveau Monde, Mundus Novus, au XVIème siècle est un hommage rendu par un obscur cartographe allemand à l’un des navigateurs qui parcoururent les côtes atlantiques caribéennes et sud-américaines, le commerçant florentin Amérigo, Americus, ou Albérico Vespucci, qui émit l’hypothèse que ces terres immenses n’étaient pas l’Asie, le Indes ou l’Extrême Orient. Les toponyme Indes Occidentales aussi donné, laissa la place exclusivement par la suite au nom propre América, apparut, proposé, en 1507.
Le nom « América Latina » fut créé par Francisco Bilbao, chilien, et par José Maria Torres Caicedo, colombien, nom apparut et référencé en 1856 et ensuite récupéré et galvaudé par Napoléon III, l’empereur des Français du Second Empire, pour justifier l’invasion du Mexique en 1861, expédition conquérante désastreuse finie en 1867. Pour être plus justes nous devrions utiliser le terme Indo-Amérique, Indo-Afro-Amérique, Indo-Afro-Euro-Amérique ou Amérique Créole. Ou plutôt tout simplement le terme Patria Grande ou encore « Abya Yala », terme d’origine cuna, groupe ethno-lingüistique panaméen, voulant dire «nuestra loma », notre colline ou notre terre, pour nommer notre ensemble géopolitique. Au passage nous signalerons l’utilisation toujours abusive et équivoque du gentilé, « gentilicio », Américain, rien que pour désigner les citoyens des Etats-Unis d’Amérique alors que le terme Etats-unien existe ou que l’on pourrait aussi les appeler tout simplement Nord-américains, l’ambiguïté serait restreinte qu’au Mexique et au Canada, ou encore Anglo-américains ou Yankees.
Le VIème « Sommet des Amériques », qui eut lieu les 14 et 15 avril 2012 à Cartagena de Indias, en Colombie, s’acheva sans déclaration finale. A ce sommet assistèrent presque tous les chefs d’Etat ou de gouvernement du continent sauf quelques absences remarquées et remarquables, voulues, Hugo Chavez le vénézuélien, Rafael Correa l’équatorien et Daniel Ortega le nicaraguayen. Barack Obama y était et essuya un échec diplomatique car malgré la diversité d’orientations idéologiques des pays participants, le bloc latino-américain se prononça contre la politique des USA d’embargo contre Cuba et l’ostracisme imposé par Washington : le mot d’ordre « plus jamais un sommet continental sans Cuba » fut massivement soutenu. Et la revendication de la République Argentine de voir l’archipel des Malouines retourner au giron de leur Etat fut aussi massivement appuyé contre la position des EEUU de soutien au Royaume Uni qu’y maintient une présence coloniale datant de l’occupation en 1833. Vieux litige, vielle revendication argentine, ayant provoqué en 1982 une guerre où le bloc occidental se rangea derrière l’expédition guerrière de Mme Thatcher pour réoccuper les îles, elles même ayant été récupérées par l’armée argentine peu avant. Les EEUU, avec Ronald Reagan, décidèrent alors de tourner le dos au TIAR - Traite interaméricain d’assistance réciproque- qui obligeait ses signataires de tout le continent américain à une riposte collective en cas d’agression d’une puissance extracontinentale, en le rendant caduque de fait pour soutenir, avec l’Otan, le Royaume Uni. Le Canada et la France (Mitterrand étant président, le soutien français aux britanniques fut alors très actif) se rangèrent aussi derrière Mme. Thatcher, ainsi que -cas isolé- le Chili de Pinochet.
Les décennies des années 1960-1970 furent néfastes pour l’Amérique Latine, sauf exceptions notables comme par exemple l’élection du socialiste Salvador Allende au Chili puis sa chute orchestrée par des généraux fascistes, le patronat chilien et les USA (sept. 1970 à sept 1973) ; le court régime du général progressiste Juan José Torres en Bolivie, octobre 1970 à août 1971 ; l’expérience, inédite, du général Juan Velasco Alvarado au Pérou avec un régime anti-oligarchique, réformiste radical, entre octobre 1968 et août 1975 ; et le régime du général Omar Torrijos, mars 1969 à juillet 1981, qui obtint, en septembre 1977, après la signature d’un traité, la restitution par les USA en 1999 du canal interocéanique et de sa zone adjacente.
Le Brésil vit en mars 1964 l’arrivée d’un régime militaire inspiré par la doctrine de la « sécurité nationale », anticommuniste, avec ce remarquable volet de « guerre [interne] contre-révolutionnaire ». Le maréchal Castello Branco prit le pouvoir suite à un coup d’Etat et les juntes militaires successives ne partirent qu’en mars 1985 laissant le pouvoir à un civil élu vice-président d’abord, José Sarney qui dû être investi à la place du président élu mais décédé peu avant l’investiture, Tancredo Neves . Vingt et un ans de dictature et un départ tranquille, couvert par une loi d’autoamnistie promulguée en 1979.
L’Uruguay vécut une forte dégradation des libertés individuelles, publiques et politiques, dès l’arrivée au pouvoir de Jorge Pacheco Areco en 1967 qui instaura un régime autoritaire cherchant la militarisation du pays. Il interdit en décembre 1967 le Parti Socialiste et d’autres partis de gauche, avec mesures d’exception, état de siège, avec censure et détentions sans inculpation, et répression du mouvement social, mesures reconduites systématiquement jusqu’à la fin de son mandat marqué par le forte présence au gouvernement des ministres issus de la haute oligarchie et l’apparition des escadrons de la mort issus de l’appareil de l’Etat et de l’armée, organisant assassinats politiques et attentas. Les gauches formèrent un Frente Amplio -Front Large- allant du Parti démocrate chrétien au Parti communiste, auquel se rallia le Mouvement 26 mars fondé par le FLN –Tupamaros-, mouvement guérillero. Ce Frente Amplio présenta la candidature du général libéral Liber Seregni qui subit une tentative d’assassinat en novembre 1971 peu avant le scrutin présidentiel. Ce leader fut emprisonné de juillet 1973 à novembre 1974, puis de janvier 1976 à mars 1984 par les militaires putschistes de juin 1973. En effet, en novembre 1971 le candidat du Partido Colorado Juan-Maria Bordaberry fut élu président dans un scrutin entaché d’irrégularités. Il continua la politique répressive de Pacheco Areco. Un coup d’Etat fut organisé par des généraux le 27 juin 1973 et Bordaberry resta à la présidence, à la tête d’un régime militaire dictatorial car le modèle du précédent régime, civil mais répressif, ne suffisait pas à l’armée. La fin du régime militaire, avec le début d’une transition démocratique, eut lieu en novembre 1984 avec l’élection du civil J.M. Sanguinetti du Partido Colorado, le même de Pacheco Areco et de Bordaberry. Liber Seregny n’eut pas le droit de se présenter pour le Frente Amplio. En 1985 une loi d’amnistie fut votée empêchant toute poursuite judiciaire contre les militaires, poursuites seulement autorisées avec l’autorisation de l’exécutif. L’hypothèque militaire ne fut jamais levée en Uruguay.
A la fin des années 1970 les dictatures militaires réactionnaires et anti-communistes, soutenues ouvertement ou en sous-main par les USA étaient la règle et non l’exception. En Amérique du Sud l’Argentine avait le général Jorge R. Videla, arrivé par coup d’Etat en mars 1976 ; le Chili le général A.Pinochet, qui avait commit le célèbre coup d’Etat du 11 septembre 1973 et ne quitta le pouvoir qu’en mars 1990 ; la Bolivie vit l’arrivée de la dictature anticommuniste du général Hugo Banzer en août 1971, qui resta au pouvoir jusqu’au mois de juillet 1978, rappelant ici que ce cycle de dictatures militaires boliviennes fut ouvert en novembre 1964 par le général René Barrientos, en tandem peu de temps après avec le général Alfredo Ovando Candia, celui qui organisa la chasse et l’exécution d’Ernesto «Che» Guevara en 1967, cycle qui prit fin avec le général Guido Vildoso C. en octobre 1982 quand il céda le pouvoir à Hernan Siles Suazo, civil élu démocratiquement, cycle qui comprit l’arrivée au pouvoir entre juillet 1980 et août 1981 du général Luis Gracia Meza, financé par le narcotrafic; au Paraguay le général Alfredo Ströessner, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en août 1954 et qui fut renversé par un autre coup d’Etat militaire en février 1989… trente cinq ans de dictature ; le Pérou eut le général Francisco Morales Bermúdez, qui renversa par coup d’Etat le général J. Velasco Alvarado, au pouvoir du 29 août 1975 au 28 juillet 1980.
Ces régimes militaires, auxquels il faut ajouter les dictatures militaires en place au Brésil, en Uruguay et en Equateur (dont le dernier cycle de dictature militaire date de 1972 à 1979), mirent secrètement en place un macabre système appelé « Opération Condor », né officiellement le 25 novembre 1975, lors d’une réunion sécrète parrainée par le général A. Pinochet. Une sorte d’internationale de la répression anticommuniste et anti-démocratique, toujours soutenus par la CIA, le FBI et le Département d’Etat à Washington. Ce système répressif fit des milliers des victimes dans le Cône sud sud-américain, mais aussi ailleurs dans le monde où des militants sud-américains de gauche ou de simples démocrates exilés furent exécutés par des commandos.
Parallèlement dans la même période, années 1960-1970, en Amérique centrale, au Nicaragua le général Anastasio Somoza Debayle était en fin de règne car combattu efficacement par les sandinistes (s’inspirant des luttes du général Augusto-César Sandino, patriote anti-oligarchique et anti-impérialiste, anti-yankee, assassiné en février 1934 par l’ordre de Somoza-père) du FSLN, malgré le soutien de Washington. La chute di dictateur eut lieu en juillet 1979, mettant fin à quarante trois ans de dictature dynastique où lui, son père et son frère aîné se succédaient au pouvoir depuis 1936, avec l’actif et solide soutien des EEUU.
Au Salvador, le Front Farabundo Marti de Libération Nationale-FFMLN combattait dès 1980, lors de sa création -unifiant partis, syndicats, branches politiques et groupes armés de gauche-, le régime répressif au pouvoir soutenu par les USA, un régime qui utilisait à la fois la répression militaire et policière que des escadrons de la mort d’extrême droite, régime répressif issu du renversement en 1979 d’un gouvernement militaire. Faut rappeler que depuis 1931, lors de l’arrivée au pouvoir du général Maximiliano Hernandez Martinez -fasciste et proche de l’Allemagne nazie, au pouvoir jusqu’à 1944- se sont succédés dans ce pays une série de régimes militaires anticommunistes et répressifs. S’en suivirent après 1979 douze ans d’affrontements et répressions sanglantes jusqu’à la signature en 1992 d’un accord de paix au Mexique (accords de paix de Chapultepec) mettant fin à la guerre civile. Le FFMLN fut légalisé et devint la première force politique du pays mais ne gagna les élections présidentielles qu’en mars 2009, avec Mauricio Funes.
Les cas de l’Honduras et du Guatemala ne sont guère différents des parcours des deux pays centroaméricains que nous venons de citer où ingérences politiques et militaires directes de Washington réussirent à maintenir à la tête de ces pays des régimes répressifs, antidémocratiques et maccarthystes. En 1954 les EEUU, D. Eisenhower avec la CIA, organisèrent un coup d’Etat au Guatemala contre le président Jacobo Arbenz Guzman, élu démocratiquement, car il venait de décider d’une taxe sur les exportations et d’une réforme agraire affectant entre autres les intérêts de la multinationale bananière nord-américaine United Fruit. Ils y installèrent une junte militaire présidée par le général Carlos Castillo Armas et fut ainsi ouverte une longue période de résistances populaires et paysannes -avec résistances armées par des guérillas- et de répression avec actes génocidaires de l’armée et de groupes paramilitaires de droite. Cette sombre période prit fin en 1996 lors de la signature d’un accord historique entre l’Etat guatémaltèque et la guérilla.
L’Honduras est peut-être encore le pays le plus touché pat l’ingérence politique et militaire des USA en Amérique centrale. En 1972 le président Ramon Cruz fut renversé par un coup d’Etat militaire. S’ouvrit une décennie des régimes autoritaires militaires avec les généraux Lopez Arellano, Melgar Castro et Paz Garcia qui servirent les stratégies de Washington pour déstabiliser le Salvador et le Nicaragua où les résistances populaires, armées ou pacifiques, tentaient de renverser des régimes dictatoriaux et répressifs. Les conflits en Amérique centrale allaient être combattus par les régimes autoritaires sur place, au Guatemala, El Salvador et au Nicaragua, et le Honduras allait être la base arrière sûre de l’interventionnisme nord-américain direct, pour éviter un deuxième Cuba et l’extension de l’influence de l’URSS à travers le Nicaragua sandiniste.
La chute de Somoza au Nicaragua en 1979 précipita les actions militaires depuis la plateforme hondurienne. Un régime civil de façade fut installé en 1982 avec Roberto Suazo Cordova jusqu’à 1986, relevé ensuite par un autre civil, José Azcona del Hoyo, jusqu’à 1990. Le Honduras servit pendant toute la décennie des années 1980 comme base arrière pour permettre aux USA de mener ce « low intensity conflit » contre le Nicaragua sandiniste, avec les guérillas « contra » entraînées, financées et armées secrètement par la CIA –rappelons-nous de « l’Irangate » et de l’implication du général panaméen Noriega dans cette sale guerre- dispositif marqué par la désignation de John Négroponte comme ambassadeur de Washington à Tegucigalpa en 1981.
Le Panama du général Omar obtint de James Carter la signature, en septembre 1977, d’un Traité pour la dévolution définitive en 1999 du canal interocéanique annexé par les USA dès son ouverture en 1914. La Zone du Canal, aussi sous souveraineté états-unienne, abritait l’Ecole des Amériques, une école militaire yankee où les officiers des armées latino-américaines étaient entraînés à la lutte anti-subversive, contre-révolutionnaire, c'est-à-dire contre les révoltes paysannes ou urbaines ou toute protestation démocratique et collective. Expériences, manuels et instructeurs, vétérans de l’armée française lors de la guerre d’Algérie, y étaient les bienvenus. Le spectre de la révolution cubaine de 1959 était le grand épouvantail et les USA et les dictatures ou régimes civiles réactionnaires voulaient à tout prix éviter cet éventuel deuxième Cuba.
L’usure des dictatures militaires ou civiles –en Argentine la défaite de l’armée lors de la Guerre des Malouines-, les cycles de crises économiques, commencées dès 1973 à cause du premier choc pétrolier, le début des crises de la dette des Etats, les plans d’ajustement structurels provoquant les cycles de misère accrue et de protestations populaires, les luttes et résistances politiques actives des partis d’opposition des différentes gauches, des syndicats et même d’une fraction de l’Eglise catholique –la Théologie de la libération fut latino-américaine et née au Pérou dans les années 1960-, les changements temporaires de paradigmes politiques autant à Washington –rappelez-vous de la doctrine Carter- que dans les classes dominantes latino-américaines, produirent un passage aux régimes civiles, respectueux à minima au moins des standards de la démocratie formelle occidentale. Ces nouvelles formes politiques, nouvelles normes de domination, furent accompagnés presque partout des lois d’amnistie et d’impunité des tenants des anciennes dictatures, civiles ou militaires, et restèrent en vigueur longs temps après les départs des donneurs d’ordre, des responsables politiques, des tortionnaires, des exécutants de bases besognes et des complices des crimes contre l’humanité commis. Rappelons-nous du cas d’A. Pinochet, emblématique de cette impunité.
Les régimes civils installés dans les années 1980 arrivèrent à l’époque flamboyante du « Consensus de Washington ». L’application de la doctrine néolibérale provoqua des désastres sociaux et économiques mais aussi politiques. Un riche pays pétrolier comme le Venezuela, sous la présidence du social-démocrate Carlos-Andrés Pérez, appliqua la potion néo-libérale lors de son deuxième mandat, réélu en décembre 1988, provoquant le 27 février 1989 une ferme riposte populaire noyée dans le sang, le « caracazo », avec un nombre très important de victimes, entre 300 reconnues et 3000 estimées. Ce fut le début de la fin de l’alternance bipartite –Accion Democràtica (social-démocrate) / Copei (démocratie chrétienne)- et l’annonce de l’arrivée d’un régime anti-néolibéral dès 1992, Hugo Chavez, élu démocratiquement en décembre 1998.
Au Pérou le rejet d’un radical plan néolibéral annocé, celui de Mario Vargas Llosa, candidat aux élections présidentielles du cartel des droites en 1980, permit l’élection de l’outsider Alberto Fujimori qui, tout de suite après son investiture fin juillet 1990, appliqua … le même plan en pire et à peine plus d’an et demi après organisa lui-même un coup d’Etat, en fermant le Congrès et ses deux chambres et mettant en suspens l’application de la Constitution de 1979, pour museler toute opposition à son régime -soutenu par le patronat, l’armée, et les partis de droite- et à l’application de son radical plan d’ajustement structurel. Il resta finalement dix ans à la tête d’un régime autoritaire, répressif et très corrompu. En novembre 2000 Fujimori fuya le pays et la démocratie formelle fut rétablie mais la politique néolibérale reste en vigueur encore de ces jours au Pérou. Fujimori fut finalement extradé et condamné à 25 ans de prison pour crimes contre l’humanité pendant ses dix ans au pouvoir. La résistance civile, politique et syndicale, fut presque laminée au Pérou dans les années 1990 sans pour autant disparaître car dès 1998 elle pût resurgir. Le président péruvien actuel, Ollanta Humala, un ancien militaire de centre-droit, fut élu début juin 2011 grâce au soutien des syndicats et partis de la gauche péruvienne. Le 5 juin 2011 c’était lui et la fille du dictateur Fujimori qui se disputaient le fauteuil présidentiel. Les péruviens élirent le moindre mal. Comme ailleurs, l’alternative entre le mauvais, ou très mauvais, et le pire.
Les Etats-Unis ont essayé et essayent encore d’amarrer économiquement l’Amérique Latine à ses stratégies continentales et mondiales. Mais les pays et les peuples latino-américains ont réussi à résister, conservant leur intégrité territoriale et leur souveraineté et des Etats minimalement solides et viables, avec aussi un minimum de paix civile pour que la vie politique, la primauté du politique, permette des avancées sociales et économiques internes. Cet amarrage économique solide n’a pu s’opérer à cause de la résistance latino-américaine dans un monde économiquement –mais pas militairement- de plus en plus multipolaire. Georges W. Bush échoua avec fracas dans sa tentative de faire signer son projet de traité de libre-échange des Amériques -ALCA, ZLEA ou FTAA- lors du IVème Sommet des Amériques de l’OEA ténu à Mar del Plata en Argentine les 4 et 5 novembre 2005. La négative latino-américaine fut claire pour cause de « proposition inéquitable et déséquilibrée » et un contre sommet fut organisé parallèlement, le « Sommet des peuples ». Les USA se tiennent à leur traité avec le Canada et le Mexique, l’ALENA -entré en vigueur le 1er janvier 1994- et des traités bilatéraux. Et les Mexicains regrettent de plus en plus avoir signé ce traité, et le disent de plus en plus fort, car il est léonin et préjudiciable pour eux. Pays où le maïs est autochtone, le Mexique est devenu dépendant et à présent importateur de ce produit, subventionné et exporté sans entrave par les agriculteurs états-uniens dans le cadre de l’ALENA-TLCAN.
Les initiatives venant de l’Amérique du sud ont le vent en poupe, associations régionales de libre-échange, de circulation des citoyens, associations politiques au delà de l’ALALC, de l’ALADI, du MCCA, du Pacte Andin, du Mercosur, du Caricom et de l’ALBA. Il existe à présent l’UNASUR, le Banco del Sur et la CELAC tout dernièrement, des outils voués à permettre de tourner le dos aux institutions de Bretton Woods –FMI et BM- et à l’OEA, institutions d’ingérence économique et politique destinées au contrôle des pays du sud, du Tiers Monde, pour le plus grand bien et la perpétuation de l’hégémonie des pays occidentaux, de l’axe USA-Canada-UE plus le Japon.
Les forums tel les Sommets des Amériques de l’OEA et les Sommets Ibéro Américains (dont on se rappelle d’un roi espagnol, Juan Carlos de Bourbon, en novembre 2007 criant à Hugo Chavez, le président vénézuelien, à Santiago du Chili « …por qué no te callas … » …tais-toi ! ) sont des survivances d’une histoire qui est en train d’être rapidement dépassée.
L’Amérique Latine des années 2000 n’est plus celle des années 1970, 1980 ou 1990 où Washington et l’Occident en général faisaient la pluie et le beau temps par le biais du FMI, la Banque Mondiale, le Club de Paris et le Club de Londres (les créanciers privés et publics des pays développés des Etats débiteurs du Sud) …, mais aussi de la CIA et du Pentagone. Les USA ne se permettront pas à présent si facilement d’envahir l’île antillaise de Grenade comme en 1983 (car « coupable » d’être proche du gouvernement cubain) ; d’intervenir militairement à Santo Domingo en république Dominicaine comme en 1965 (pour empêcher le retour au pouvoir de Juan Bosch, un président démocratiquement élu, soupçonné aussi d’être « procubain ») ; d’envahir le Panama et bombarder sa capitale, pour ne pas oublier l’expédition meurtrière –qui provoqua entre deux mille et cinq mille civils tués- de l’armée USA appelée opération « Juste cause » –plus de 58 000 mille militaires et 300 avions de guerre- en décembre 1989 pour déposer du pouvoir et capturer le général Manuel Noriega, ancien agent de la CIA devenu l’homme fort puis chef de l’Etat panaméen –dictateur et allié lâché par Washington en 1987- accusé ensuite d’être un agent double et trafiquant de drogue, occasion profitée par les USA pour décréter la dissolution des Fuerzas de Defensa de Panama FDP –l’armée panaméenne - ; ou, pour finir cet échantillon, d’organiser et armer une guérilla contre-révolutionnaire contre le Nicaragua, car gouverné par les sandinistes, détestés par Washington et tout spécialement par Ronald Reagan, comme pendant la décennie des années 1980. Tout cela entre autres « perles » conspiratrices, d’organisation de coups d’Etat et de soutien aux dictatures.
Les ingérences actuelles les plus condamnables des USA sont économiques et financières -par le biais de ses multinationales, des accords bilatéraux de libre-échange et des organismes multilatéraux, FMI, BM, BID-, avec ses limites grandissants ; politiques, avec les tentatives de déstabilisation du Venezuela, de la Bolivie, de l’Equateur, entre autres ; ingérences politiques et militaires aussi avec le soutien du régime putschiste du Honduras ayant déposé le président Manuel Zelaya en 2009 avec la complicité de l’administration de Barack Obama, ou le « Plan Colombia » contre les FARC, guérilla marxiste ; ingérences aussi par les biais des plans et opérations antidrogue, vecteurs d’interventionnisme.
Ingérences politiques et économiques avec l’embargo économique et commercial contre Cuba –accompagné de cette volonté inébranlable de l’ostraciser-, embargo illégal et illégitime ciblé contre le peuple cubain visant à le paupériser et l‘affamer, rappelant aussi l’occupation de l’enclave de Guantanamo, petit territoire devenu base militaire, confisqué aux Cubains et devenu tristement célèbre, où tous les droits humains sont violés 24h/24 depuis 2001 quand George W. Bush décida d’y envoyer des prisonniers de guerre suite à sa guerre d’agression contre l’Afghanistan .
Nous rappellerons finalement cette ingérence inacceptable qui est la mise sous tutelle d’Haïti, depuis 2004, opérée par les Etats-Unis -suite au coup d’Etat qu’il y organisèrent pour enlever Jean-Bertrand Aristide de son poste de chef de l’Etat élu- avec la complicité de la France, du Canada et de l’ONU. Celle-ci installa sa MINUSTAH, qu’y commit dès cette époque exaction sur exaction contre la population civile et qui fut responsable de l’épidémie de choléra apparue après le séisme de janvier 2010.
Et l’existence encore dans notre espace géopolitique latino-américain, ainsi nommé, des restes des empires coloniaux, britanniques, néerlandais et français ou … états-uniens, des colonies « récentes » comme Puerto Rico, envahi et occupé par les USA depuis 1898. Les Départements d’Outre Mer français -DOM échappant « opportunément » à la décolonisation car « départementalisés » depuis 1946. En Guyane comme à la Martinique ou à la Guadeloupe, les Haïtiens, échappant à la misère et aux désastres de leur pays à présent sous tutelle, sont poursuivis par la police française et font l’objet de xénophobie et de racisme.
Ces derniers sujets mériteraient d’être traités à part, et longuement
Luis Fernando BASURTO CARRILLO
Enseignant, syndicaliste. Péruvien
04 juin 2012
Source : coco Magnanville
Ceux qui votent (encore) socialiste le font sans illusion, souvent en espérant que la rustine leur permettra de se rendre à destination afin de pouvoir effectuer une vraie réparation ou tout simplement changer le pneu pourri du système pour un autre qui tienne la route.
Tout ceux qui se sont penchés sur les mécanismes qui ont produit une classe de super-riches savent très bien qu'on aboutit là dans le domaine du "biens mal acquis", du vol organisé à la plus grande échelle connue jusqu'ici, mais quiconque prétend récupérer un peu de ces biens pour les redistribuer à qui de droit voit automatiquement la presse aux ordres se déchaîner contre lui : DICTATEUR. Aujourd'hui le seul fait d'être attentifs aux besoins du peuple et de chercher les moyens de les satisfaire équitablement, vous vaut une étiquette de POPULISTE, alors que toutes les démagogies prolifèrent sans se faire, elles, stigmatiser, c'est de bonne guerre de leurrer le peuple pour obéir au puissance qui dominent le monde, aux véritables dirigeants. Les candidats élus sont d'ailleurs sélectionnés en fonction de cette capacité à jouer d'un double langage, une sorte d'interface entre pouvoir réel et peuple qui dit deschoses tout à fait différentes selonque l'on considère une face ou l'autre.
Comme écosophe je suis très critique vis-à-vis du socialisme bolivarien, mais cela reste de l'ordre des critiques qu'on peut faire à un ami dont on estime qu'ilse trompe dans certaines de ses orientations. Alors que le socialisme européen, n'a plus de socialiste qu'une étiquette recouvrant le vide qui l'aspire toujours d'avantage dans le trou noir du système.
Voici donc deux articles qui nous ramènent face au développement de ce concept d'origine occidentale selon ces racines premières et non plus selon son devenir "politiquement correct" qui ici le dénature jusqu'à en faire "autre chose", en quelque sorte une bouture qui se serait adapté et aurait donné une plante nouvelle sous l'influence d'un contexte différent pendant que l'espèce originelle disparaissait là ou elle avait fait son apparition. Il serait temps à présent d'opérer le mouvement inverse et d'aller cueillir quelques boutures de socialisme bolivarien et d'autres adaptation syncrétiques, pour régénérer l'espèce native.
La Mission Mercal[MERCado de ALimentos, Marché alimentaire] du gouvernement vénézuélien célèbre son 9ème anniversaire
source : Venezuelanalysis.com (Venezuela), 27 avril 2012
Changement de Société remercie Maurice Lecomte, qui a traduit ces textes.
La Mission Mercal[MERCado de ALimentos, Marché alimentaire] du gouvernement vénézuélien célèbre son 9ème anniversairePar Correo del Orinoco international
Le ministre de l’alimentation du Venezuela Carlos Osorio a souligné dimanche dernier le rôle que le gouvernement révolutionnaire du président Hugo Chavez a joué pour assurer la sécurité alimentaire à la nation, en fournissant plus de 10 millions de tonnes de produits de base importants pour les personnes économiquement défavorisées.
L’annonce a faite alors que le gouvernement et les citoyens célébraient le 9ème anniversaire du programme social à l’attention du peuple Mercal, qui fournit des produits alimentaires subventionnés aux vénézuéliens et isole/protège les consommateurs de la volatilité des prix nationaux et internationaux.
A son humble origine il s’agissait de seulement 3 petits magasins et deux entrepôts, qui ont distribué quelques 45.000 tonnes seulement en 2003. Le programme alimentaire a grossi pour fournir les centres de distribution à travers les 23 États de la nation et en 2011 atteindre 3,7 millions de tonnes de produits pour les résidents du pays sud-américain.
“Notre action s’est étendue en 2011 et nous avons clôturé l’année avec 14.948.690 personnes ayant visité nos établissements”, a déclaré le ministre Osorio lors de l’ouverture d’un centre de distribution de viande dans le quartier de San Juan dans la capitale de Caracas.
Comme preuve de l’efficacité du programme, le vice-président vénézuélien Elias Jaua a cité la reconnaissance par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture [ONUAA ou, plus couramment, FAO] de Mercal “comme l’un des instruments fondamentaux ayant permis au Venezuela d’être à l’avant-garde de la lutte contre la faim”.
S’exprimant lors d’une visite de l’un des marchés du gouvernement dans l’État de Miranda, le vice-président a informé que le programme a été subventionné pour plus de 7 milliards de bolivars (1,6 milliard de dollars) pour la distribution de produits [alimentaires] en 2012, permettant une économie entre 50 et 60 % pour les résidents en comparaison avec les points de vente commerciaux.
Plus précisément, Jaua a mis en évidence que les prix de certains produits comme l’huile de cuisson qui est disponible permet une économie de 79 %, tandis que le poulet est vendu pour 69 % de moins du prix normal réglementé. La même chose est vraie pour la viande rouge, qui est offerte à la moitié du prix constaté dans les magasins privés.
“Merci au président Hugo Chavez, les pauvres aussi ont maintenant le droit de manger de la viande et ils peuvent l’acheter à Mercal pour seulement 7 bolivars (1,62 $) le kilo”, a t-il déclaré.
Dans le cadre des activités de célébration marquant la 9ème année d’existence de Mercal, le gouvernement a mis en vente, samedi dernier, plus de 3 millions de kilogrammes de produits alimentaires dans 552 points de ventes différents appartenant à un réseau de points de distribution alimentaires d’État en expansion.
“Dans le socialisme, la nourriture est un droit sacré du peuple et de tous les jours qui continuera de l’être d’autant plus qu’avec le capitalisme tout en lui est une entreprise de puissants”, a affirmé Jaua.
Un réseau en pleine expansion
En dehors de Mercal, les réseaux de distribution d’État se sont également étoffés pour inclure d’autres acteurs tels que le Producteur et Distributeur d’Aliments du Venezuela (PDVAL) et la chaîne d’Épiceries du Bicentenaire qui ont offert des produits importants pour les résidents à des prix bien inférieurs à ceux du secteur privé.
“Mercal continue d’être orienté vers les secteurs les plus défavorisés grâce à une subvention de plus de 60, 70 et même dans certains cas 80 %. Maintenant, nous avons le réseau PDVAL et les Magasins du Bicentenaire qui se développent rapidement afin que tous les Vénézuéliens aient accès à des produits alimentaires”, a déclaré le ministre dimanche.
PDVAL a été créé en 2008 comme un programme de la compagnie pétrolière d’État Petroleos du Venezuela (PDVSA) tandis que les Épiceries du Bicentenaire ont été fondées après que l’ État ait nationalisé la chaîne d’épiceries Exito appartenant à un français, en Janvier 2010.
L’idée a été de s’assurer que la population ait accès aux produits de base et que les prix de ces biens soient protégés contre la pratique de spéculation et de thésaurisation qui est devenue monnaie courante dans le marché privé vénézuélien.
Plus précisément, le concept Mercal a surgi après que la droite Vénézuélienne, dans ses efforts pour forcer le président Hugo Chavez démocratiquement élu, se soit engagée dans un lock-out pétrolier à la fin de 2002.
Le sabotage économique a arrêté la fourniture à la nation des biens privés possédés et exploité les chaînes de distribution alimentaire pour étendre et accroître les difficultés dans le pays.
“La mission Alimentaire du gouvernement peut se réaliser uniquement dans le Socialisme et est une conséquence de la grande bataille que notre peuple a mené durant 2002 et 2003″, a dit le Vice-président Jaua samedi.
Les programmes comme Mercal, PDVAL et les Épiceries du Bicentenaire servent aussi pour protéger la population contre les pratiques commerciales sans scrupules constatées dans les transactions quotidiennes du marché.
Afin de contourner et éviter la réglementation des prix adoptée par le gouvernement, certains distributeurs de produits alimentaires et des détaillants commerciaux refusent de vendre certains produits, tels que le sucre ou l’huile de cuisson, créant une rareté artificielle qui oblige le décrochage à la hausse des prix dans un marché parallèle.
Entre les trois programmes d’État qui font partie de la mission alimentaire de l’administration Chavez, les responsables gouvernementaux signalent maintenant que le réseau de distribution d’Etat en expansion compte plus de 21.000 points de vente, ce qui rend la spéculation et l’accaparement par les détaillants plus difficile.
Ceci a également été prolongé par la mise en place des restaurants “populaires” Arepa qui vendent les galettes traditionnelles de farine de maïs à des prix réduits dans plus de 230 unités mobiles et fixes au Venezuela.
Alors que le coût des arepas peut atteindre jusqu’à 50 bolivars (11,62 $) dans des lieux privés en fonction du remplissage utilisé, de la viande, du fromage ou des haricots, le prix de la galette dans les installations gérées par l’État est seulement de 7,5 bolivars (1,74 $).
Ecrivant sur son compte Twitter, dimanche dernier, le président Hugo Chavez a salué les progrès en cours relatifs à la sécurité alimentaire au Venezuela et a félicité les travailleurs du programme pour leur succès.
“La Mission Mercal est possible, seulement avec un gouvernement socialiste ! Félicitations à tout le monde pour ce 9ème anniversaire ! Vive Mercal !”A t-il déclaré.
La Mission pour le Logement, sur la bonne voie pour 2012, cible la construction, par Ewan Robertson.
source : http://venezuelanalysis.com/news/6956 (Venezuela), 27 avril 2012.
Mérida, 27 Avril 2012 (Venezuelanalysis.com) – 41.863 maisons ont été construites jusqu’à présent cette année dans le cadre du programme du gouvernement vénézuélien de construction de masse de maisons, ce qui équivaut à 21% de l’objectif 2012 de 200.000 nouveaux logements, selon le dernier rapport de l’Office gouvernemental du logement.
Le ministre du Logement Ricardo Molina a confirmé que selon les nouveaux chiffres, 188.851 maisons ont été construites depuis que la grande mission des logements (GMVV) a été lancée en 2011. Combiné avec 53% de 2011, l’objectif de 2012 est de 350.000 nouveaux logements.
Le coordinateur de l’Office national du logement, Rafael Ramirez, a expliqué le mois dernier que tandis que plus de 26.000 maisons ont été achevées dans les trois premiers mois de 2012, 253.000 sont actuellement en construction, et que le gouvernement s’attend à atteindre son objectif de construction 2012. L’Office du logement comprend les ministres du logement, de la défense, de l’environnement, de l’industrie, et les communes.
En Mars le président Hugo Chavez a approuvé l’attribution de 21 autres milliards de bolivars (4,9 milliards $US) pour soutenir les projets en logement pour la période 2013-2014. “Nous allons avoir 416.729 unités de logement en construction”, a déclaré Ramirez.
Selon le rapport d’avril de l’Office du logement le gouvernement vénézuélien a remis 2.351 nouvelles maisons à des familles à travers le Venezuela hier. Les familles paient pour les maisons grâce à des prêts subventionnés par le gouvernement selon le revenu familial.
“Merci au socialisme et à la Révolution [bolivarienne], ces familles vont dormir sous un toit correct comme notre peuple le mérite”, a déclaré le ministre de l’Intérieur et de la Justice, Tareck El Aissami, à une cérémonie de remise dans l’État occidental de Tachira.
Parmi les 41.863 maisons construites jusqu’à présent cette année, 30% l’ont été par le secteur privé et 70% par le secteur public.
Le ministre du Logement Molina a souligné que 61% des logements du secteur public avaient été construits avec la participation des communautés et des organisations de base, et a salué “les gens organisés qui travaillent main dans la main avec les institutions révolutionnaires [État], développant la stratégie définie par … Chavez “.
Les GMVV ont été lancés en mai 2011 dans le but de résoudre la pénurie de longue date en logements de bonne qualité à prix abordable du Venezuela.
Le programme vise à construire 3 millions de nouvelles maisons d’ici à 2019, après qu’un enregistrement national réalisé de mai à octobre l’année dernière ait révélé que 3,7 millions de chefs de famille au Venezuela n’avaient pas leur propre maison ou exigeaient des améliorations à leur logement.
Une brève ICI nous fait part de l'intention du président d'Uruguay de mettre le palais présidentiel à disposition des sans-abris pour l'hiver qui vient dans l'hémisphère sud. Alors qu'en Europe sans-abrisme et mendicité se voient de plus en plus menacé de criminalisation et d'incarcération, cette mesure exemplaire devrait faire école. Rappelons que Jose Mujica qui vit avec sa femme dans la ferme familiale a renoncé à la plus grande partie de ses revenus présidentiels -Le président de l’uruguay, fait don de 90% de son salaire mensuel - pour le reverser à des projets d'intérêt général.
Voilà qui devrait être évident... pourtant quand nous voyons les revenus de nos politiciens locaux et des représentants Européens et ceux des ex.... il y a de quoi avoir envie de gerber, surtout en en ce qui concerne ceux de gauche qui affirment être incarnation du bon peuple "d'en-bas"....
Hollande réduit de 30 % un salaire que Sarko avait augmenté de 40 %....reste 10 % d'augmentation par rapport au mandataire précédent.... on parle de geste symbolique.... mais symbole de quoi au juste... d'une entrée en matière qui annonce qu'il sait que le peuple se contentera de peu ?
Je l'ai dit, mais je le répète, peut-être des politiciens honnêtes et valables émergeraient-ils le jour où les fonctions politiques cesseraient d'être aussi démesurément rétribuées...
Notre Ministre du Travail Belge dans sa bêtise aggravée, nous a affirmé que pour trouver du travail en Belgique aujourd'hui il fallait être beau et intelligent ajoutant d'ailleurs avec beaucoup d'ingénuité que du coup cela posait problème aux vieux migrants... à voir sa tête à elle, il semble que les fonctions politiques reste le seul créneau pour les pas trop beaux, plutôt bêtes...
Mais blague à part après m'être intéressée aux salaires des politiciens, aux montants de leurs retraites, au temps presté pour y avoir droit, j'en suis revenue dégoûtée.
Il est plus que temps que la question soit posée. Qu'un audit des dettes publiques soit incontournable pour nous sortir de galère, cela va s'en dire. Mais la question de la rémunération des fonctions politiques se pose également avec acuité
Il serait également plus que temps aussi que nous remettions en question cette immunité dont jouissent les politiques pendant l'exercice de leur mandat et ne les laissions plus se retirer sans leurs demander des comptes clairs et précis de leur action en tant qu'élus et représentants... au vu de la situation actuelle, l'immunité revient tout simplement à donner carte blanche à des escrocs agissants en bandes organisées...
Ils nous prennent pour des cons et il faut bien reconnaître que la plupart d'entre nous réagissent comme une nouvelle sorte d'hybride, un peu moutons soumis, un peu pigeons plumés et de plus en plus chien battus la queue entre les jambes (de ceux qui lèchent la main qui les bat). Ce qui permet aux usuriers de dire avec le cynisme et le mépris du peuple qui les caractérisent :
"Finalement ils n'ont que ce qu'ils méritent !"
Un grand merci aux Dernières Nouvelles du Monde grâce à qui j’ai eu connaissance de ces informations
Que du tout bon encore une fois sur ce magnifique site Laboratoire Urbanisme Insurrectionnel
Là j'ai choiside relayer l'article "Hugo Chavez : Tourisme Social et Ecotourisme" , non parce que c'était le meilleur ou le plus intéressant mais parce qu'il a pour objet cette question du tourisme écologique comme tourisme de luxe, aui permet de réserver certains lieux à quelques provilégiés sous prétexte de préserver l'envirronement dans une opposition à un tourisme social au risque de le voir se transformer en tourisme de masse qui pourrait dégraderles lieux. L'article pose de bonnes questions, montre des solutions intéressantes et nous rappelle que les vénézueliens ont pris cette initiative de netteyer bénévolement les plages qu'ils fréquentent (pas les riches, qui transforme les populations locales en domestiques, les autres, le peuple). Souhaitons au Venezueliens de relever avec succès le défi, de rendre ces lieux accessibles à tous sans qu'ils se dégradent.
Mais avant je vous présente les derniers titres du site : A
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Elle Magazine, juin 2011 |
Ou cela
Ou ça
Schéma de fonctionnement de la télévision française LCP (La Caverne de Platon) au début du 21ème siècle. Source : Platon, philosophe grec (428 av. J-C, 347 av. J-C).
Une émission consacrée au Venezuela et diffusée le 31 mai 2012 par LCP, chaîne de télévision parlementaire, constitue une pièce d’anthologie illustrant à merveille la coupure des médias français par rapport au monde extérieur. “Chemises rouges”, “Corée du Nord”, “dictateur d’opérette”, on a eu droit à l’intégrale. Cette pensée unique, imposée par un animateur et des intervenants face auxquels le journaliste Maurice Lemoine et Farid Fernandez de l’ambassade du Venezuela ont tenté de ramener le principe de réalité entre deux coupages de parole, s’est sédimentée à gauche depuis dix ans.
Elle s’explique par plusieurs raisons : l’idéologie dominante et la sociologie des écoles de journalisme, le poids croissant des actionnaires privés dans les médias, la suppression des postes à l’étranger, le court terme et l’absence d’enquête, la dépendance accrue de l’AFP ou de Reuters, la concurrence, la circulation circulaire de l’information, etc… sans oublier la droitisation accélérée de la société française. Mais le cas de la France est aussi exemplaire d’un isolement et d’une ignorance plus profonds, d’une “insularité” historique (2), face à laquelle des sources anglo-saxonnes permettent parfois (empirisme et “facts first” obligent) de sortir un bref instant de la Caverne de Platon.
Ainsi, dans son World Happiness Report 2012 (“Rapport sur le Bonheur dans le Monde 2012“), l’Université de Columbia (États-Unis) a classé 150 pays. Le Danemark occupe la première place mondiale, suivi par la Finlande, la Norvège, la Hollande et le Canada. En Amérique Latine le pays le mieux positionné est le Costa Rica (12ème rang mondial), suivi par le Venezuela (19ème rang mondial), le Brésil (25ème rang ), l’Argentine (39ème rang) et la Colombie (41ème rang).
Les données de l’Université de Columbia confirment les chiffres récemment publiés par d’autres instituts ou organismes indépendants du gouvernement vénézuélien.
La célèbre Gallup, société d’études d’opinion créée aux États-Unis en 1930, a fait connaître en mars 2012 un rapport qui porte sur 124 pays. Le Venezuela est le cinquième pays le plus heureux au monde selon cette étude publiée par le Washington Post. 64 % des Vénézuéliens déclarent que leur bien-être s’améliore. Le Venezuela se retrouve à égalité avec la Finlande. Le précèdent le Danemark (1er), la Suède (2ème), le Canada (3ème) et l’Australie (4ème). A remarquer que selon ce sondage, on ne compte que 19 pays au monde où les citoyens se disent plus heureux que malheureux.
En mai 2011 le rapport de l’ONG canadienne Fondation pour l’Avancée de la Démocratie (FDA), qui prend régulièrement le pouls des systèmes politiques, place le système électoral du Venezuela à la première place de la liste mondiale pour le respect des normes fondamentales en matière de démocratie et pour l’équité sociale.
Après avoir réalisé une enquête exhaustive sur les systèmes électoraux dans le monde, la FDA conclut que le Venezuela réunit 85 % (grade A +) des lois régissant les élections. L’étude a évalué les élections dans 16 pays sur cinq continents (1). La Fondation explique que le pointage était fondé sur l’égalité dans le contenu politique des médias, des partis politiques participant aux élections et de la réglementation du processus de financement des campagnes électorales. De même, la FDA indique que pendant l’étude, une vérification détaillée de la caisse électorale et des partis politiques a été effectuée en plus d’évaluer la législation électorale actuelle dans chacun des pays étudiés.
Tous les scrutins organisés au Venezuela ont été validés internationalement par des rapports officiels de l’Union Européenne, de l’Organisation des États Américains (OEA), de l’Association des Juristes latino-américains ou de la Fondation Carter. José Miguel Insulza, actuel patron de l’OEA, et qui n’est pas un sympathisant de Hugo Chavez, a déclaré en 2011: “Toutes les élections qui ont eu lieu au Venezuela se sont déroulées de manière parfaitement normale et nous ne voyons pas pourquoi il en serait autrement à l’avenir”.
Latinobarómetro est une ONG indépendante d’études d’opinion qui effectue annuellement près de 19000 interviews dans 18 pays d’Amérique Latine totalisant plus de 400 millions d’habitants. Son rapport rendu public en novembre 2010, montre que le Vénézuéla est de tout le continent latino-américain le pays qui jouit du taux le plus élevé de confiance dans la démocratie (84%).
La CEPAL, l’organisme des Nations Unies chargé de mesurer le développement économique et social en Amérique Latine, indique dans son rapport de janvier 2012 que le Venezuela est le deuxième pays d’Amérique latine sur la liste de ceux qui ont réduit la pauvreté au cours des dernières années (de 2002 à 2010 la pauvreté a baissé de 20,8%), derrière l’Equateur.
Enfin, alors qu’en France les grands médias affirment depuis dix ans que “Chavez contrôle” ou “réprime la presse”, il est intéressant de consulter une enquête de OpenNet - initiative de la Faculté de Droit de Harvard et du Citizen Lab de l’Université de Toronto- qui révèle une carte des pays qui censurent Internet, quels contenus ils filtrent et comment ils le font. En Amérique Latine, des pays comme le Mexique, le Venezuela, l’Equateur, la Bolivie, le Chili et le Paraguay n’exercent aucun type de censure. Par contre le rapport indique la présence d’une “certaine censure” aux Etats-Unis, en Colombie, au Pérou, au Brésil et en Argentine.
Le boom des télécommunications au Venezuela – démocratisation de la téléphonie sur tout le territoire, multiplication des “infocentros” (internet accessible dans les quartiers populaires) vient d’être étudié par la fondation Latinobarometro : en mai 2012 le Venezuela est le pays d’Amérique Latine faisant le plus usage de Twitter. En général et en comparaison avec le reste des pays latino-américains le pays se trouve en tête de liste pour la massification de l’usage d’internet et des différents réseaux sociaux (Facebook).
Contrairement à ce qu’on croit communément à l’extérieur, plus des trois quarts des médias vénézuéliens (TV, radio, presse écrite) sont privés et font librement campagne contre les politiques de l’actuel gouvernement, réunissant 90 % d’audience dans le cas des télévisions privées. Une simple recherche sur internet donne accès aux nombreux titres disponibles dans les kiosques à journaux, aux radios dans les autobus ou taxis, aux chaînes visibles dans les restaurants et les commerces. Last but not least, l’éclosion de toutes sortes de médias associatifs, radios, Tv, sites internet, parfois très critiques, témoignent de la liberté d’expression revenue au Venezuela depuis l’élection de Hugo Chavez alors que ce type de médias reste illégal voire réprimé dans la plupart des pays d’Amérique Latine, Brésil y compris. Pour la télévision privée, qui reste le média dominant au Venezuela, on peut se référer au rapport du CEPR (Washington) basé sur des chiffres de firmes privées d’études d’audiences de télévision : http://www.cepr.net/index.php/press-releases/press-releases/private-opposition-tv-continues-to-dominate-in-venezuela (partiellement traduit ici en FR : http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-12-14-Medias-et-Venezuela )
(1) L’échantillon de la FDA se compose, entre autres pays, du Danemark, de la Finlande, du Canada, des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, de l’Argentine, de la Tunisie, de l’Egypte, du Mexique, de la Birmanie, du Venezuela et de l’Inde.
(2) Le cliché souvent entendu : «Ah ! quel dommage que Chavez soit trop primaire pour comprendre que les ennemis de ses ennemis ne sont pas forcément des amis » exprime la difficulté de s’informer et d’admettre que l’Autre est capable de penser subtilement, d’avoir une stratégie à long terme et une Histoire assez dense pour qu’on ne le définisse pas en creux. Comment ignorer encore le mouvement profond d’une diplomatie qui procède en droite ligne de Simón Bolivar et de son projet de réunir “les trois quarts de l’Humanité” lors d’un vaste congrès à Panama (1826) pour bâtir «l’équilibre du Monde » ? Rêve multipolaire saboté par les grandes puissances de l’époque mais souvent repris depuis par les nations du Sud (Bandoeng 1955) ? Au-delà des contingences de qui gouverne chacun des États (combien de despotes ici ou là à l’époque de Bolivar, à l’époque de Bandoeng, aujourd’hui ?), la stratégie bolivarienne consiste à préparer, par des accords d’État à État, le jour où comme en Amérique Latine, et peut-être sous son influence, l’intelligence collective des peuples finira par démocratiser les institutions politiques et permettra des relations internationales enfin basées sur les principes de souveraineté, d’égalité, de respect et de coopération. C’est dans ce sens que Caracas resserre ses liens avec l’Afrique et l’Asie, et accueillera le sommet des non-alignés en 2015.
Thierry Deronne
Continuons dans l'exemplarité politique de l'Amérique latine, après Camila Vallejo qui refuse la concentration du pouvoir, celle de Jose Mujica, président de l'Uruguay qui fait don de son salaire se contentant du minimum pour mener une vie d'une grande simplicité. En finir avec le règne de la ploutocratie est un impératif. Tout candidat se prétendant de gauche mais ne renonçant pas aux avantages financiers de sa fonction est un usurpateur qui reconnait implicitement l'établissemnt d'une hiérarchie élitiste. Les gestes symboliques ne suffisent pas. je ne croirai à la sincérété d'un mandataire que lorsque celui-ci commencera sa lutte contre l'austérité en acceptant de partager les conditions de vie du peuple qui l'a élu... tout le reste, c'est du blabla, de la poudre aux yeux.
Issu d’une famille de fermiers et ancien guérillero des Tupamaros, le président de l’Uruguay, José Mujica, alias Pepe Mujica, n’a pas renié ses origines sociales et ses convictions d’homme du peuple. Malgré son accession au pouvoir en 2010, il continue de vivre dans le cadre buccolique de sa ferme de Rincón del Cerro avec sa femme, la sénatrice du Mouvement de participation populaire, Lucia Topolanski, et leur chienne.
Mújica fait don de 90% de son salaire à des organismes d’aide sociale, à des ASBL, à son parti Frente Amplio ou encore à des ONG. Le président de l’Uruguay reçoit environ 250.000 pesos uruguayens par mois, soit 9.500 euros, pour sa charge de chef de l’Etat mais il ne perçoit réellement de ceux-ci que 20.000 pesos, ce qui équivaut à 760 euros.
Lire la suite : Pepe Mujica, le président de l’Uruguay, fait don de 90% de son salaire...
La “Maison de lecture” de la Réforme Agraire reçoit un prix dans l’État de Rio Grande do Sul.
Par Vanessa Ramos
De la Page du MST
C’est lentement et sûrement que la simple lecture d’un livre ou d’un conte a transformé la vie des enfants de l’Unité Productive « Filhos de Sepé » (État de Rio Grande do Sul).
Le projet “Le conte dans l’unité de production Filhos de Sepé”, développé par la Faculté de Lettres de l’Université Fédérale de l’État de Rio Grande do Sul (UFRGS) a permis aux enfants des sans terre d’entrer en contact avec la littérature brésilienne et en espagnol dans un milieu historiquenent limité dans son accès à l’information comme l’est le milieu rural.
Pour la coordinatrice du projet, la professeur Graciela Quijano, “le conte dans l’unité de production de Sepé” est une expérience concrète de développement d’une relation culturelle créatrice et diversifiée en milieu rural, au sein d’une unité de production du Mouvenent des Sans Terre.
“Le grand objectif est de faire en sorte que la lecture, la recherche de nouveaux apprentissages et une plus grande jouissance des biens culturels deviennent un élément de la vie quotidienne de l’unité de production” explique-t-elle.
Ce projet qui existe depuis 14 ans a déjà valu la reconnaissance professionnelle à Graciela Quijano, qui a reçu le prix “Machado de Assis” de l’Académie Brésilienne des Lettres ; et le Prix “Viva Leitura” des ministères de l’Éducation et de la Culture.
En avril 2012, le projet a également reçu la mention “Amis du Livre” lors d’un hommage réalisé par la Chambre du Livre de l’État de Rio Grande do Sul.
Après avoir débuté par des activités de narration d’histoires en portugais et en espagnol pour les enfants, le travail s’est étendu à l’ensemble de la communauté des producteurs agricoles et à toutes les tranches d’âges. Près de huit élèves du cours d’extension de l’Institut des Lettres de l’UFRGS ont participé au projet initial.
Graciela raconte comment les activités du projet ont commencé dans l’Unité Productive du 13 mai, à Charqueadas, dans l’intérieur de l’État de Rio Grande do Sul. Mais la continuité du travail a souffert de la distance. Entretemps, pour ne pas l’interrompre, le travail a été redirigé vers l’unité productive qui se trouve à l’entrée de Cocão, dans la municipalité de Viamão, également située dans l’état de Rio Grande do Sul.
La littérature au campement
A cette époque un grand nombre d’enfants vivait sur un lopin de terre très réduit, insalubre, au relief abrupt, sans canalisation d’eau ni électricité. Malgré cela, parmi les baraques couvertes de bâches noires, il y en avait une consacrée à la bibliothèque, avec l’indication des heures d’ouverture.
Dans deux autres baraques fonctionnaient une salle de classe, une école itinérante. “Ce fut dans ce local sans grandes ressources matérielles mais grâce à un profond engagement pour l’éducation que notre groupe d’étudiants en lettres, de lecteurs et conteurs d’histoires, s’est consolidé comme projet proprement dit, et donne encore des fruits aujourd’hui”, se souvient la coordinatrice.
En 1999, à quelques kilomètres de l’UFRGS, à Àguas Claras, autre municipalité de Viamão à 30 km de Porto Alegre, les travailleurs ruraux ont conquis une terrain de 9 mille hectares, qui a donné naissance à l’unité productive de « Filhos de Sepé ». C’est là où le projet a déménagé.
Pendant trois ans, les activités du projet d’extension ont été développées dans cette unité agricole où vivent environ 500 familles, réparties dans quatre secteurs. “Nous avons visité les différents secteurs et nous sommes restés dans chacun d’eux pour y mener des activités de stimulation à la lecture avec les enfants, durant près de huit mois” raconte Graciela.
Ces activités se sont déroulées les samedis matins dans des hangars, des chapelles, des baraques ou tout simplement sous les arbres, c’est-à-dire dans des espaces informels transformés en lieux de culture associée au loisir.
“La présence spontanée des enfants et des jeunes, poursuit Graciela, a toujours favorisé la création d’une ambiance de fortes implication et participation, et d’une relation harmonieuse entre les conteurs d’histoires, les promoteurs de l’activité ludique et les enfants des producteurs agricoles.”
Actuellement le projet a donné naissance à la bibliothèque «Maison de Lecture», un espace ou se développent toutes sortes d’activités culturelles et qui intéressent les familles de l’unité agricole. La Maison possède pour l’heure plus de mille livres de toute catégorie et offre plusieurs ateliers dont la photographie, la cuisine, le théâtre, le recyclage de ferraille et la capoeira.
Pour Graciela, Il existe aujourd’hui de nombreux “latifundios” (grandes propriétés terriennes, NdT) à briser et à redistribuer comme le latifundio du savoir, de la culture et des arts. “Tous ensemble nous devons contribuer à la poursuite de la construction d’un si bel espace, construit avec autant d’amour et de tendresse, et qui servira certainenemt d’exemple pour d’autres unités productives et d’autres campements dans tout le Brésil” confie-t-elle.
Source : http://www.mst.org.br/content/casa-de-leitura-da-reforma-agraria-e-premiada-no-rio-grande-do-sul
Traduction : Thierry Deronne, pour www.mouvementsansterre.wordpress.com
Pour soutenir concrètement le MST dans sa lutte, on peut écrire à Lucas Tinti, prointer@mst.org.br
Pour une information continue en français sur les activités du MST :http://mouvementsansterre.wordpress.com/
La justice de l’Etat du Rio Grande do Sul, au Brésil, a décidé de suspendre la collecte de royalties par Monsanto sur son soja génétiquement modifié et d'imposer à la multinationale de rembourser les frais de licence payés par les cultivateurs de soja transgénique. Une décision qui pourrait être étendue à tout le Brésil, si la Cour suprême de justice l'approuvait.
Monsanto risque de rembourser quelque 6,2 milliards d’euros à plus de 5 millions de cultivateurs de soja brésiliens, selon l’association Inf’OGM et la société de conseil suisse Trace Consult. Le 4 avril 2012, le tribunal de l’Etat du Rio Grande do Sul aurait suspendu la collecte de royalties sur les semences de soja génétiquement modifiées (GM) de Monsanto. Il aurait également demandé à la transnationale de rembourser les frais de licence payés par les cultivateurs de soja depuis la campagne de cultures menée en 2003-2004. La raison ? Les multinationales semencières comme Monsanto violeraient la loi brésilienne sur les semences, le Brazilian cultivars act. Monsanto est aussi accusée de collecte abusive de royalties.
Ce jugement résulte de la plainte, déposée en 2009, par les associations d’agriculteurs de Passo Fundo, Santiago et Sertão. Motif: l'injustice des royalties prélevées par Monsanto lorsque les paysans conservent, ressèment et échanger leurs semences de soja. En plus de celles payées lors de l’achat lui-même des semences ! Les paysans réclament donc le droit de replanter et de vendre les graines de soja qu’ils ont achetées librement, sans devoir payer de nouveaux droits de licence. D’autres organisations paysannes se sont jointes à la plainte : celle du Rio Grande do Sul, ainsi que les associations des villes de Giruá et d’Arvorezinha. D’après Trace Consult, plus de 9 euros payés par hectare à la firme semencière seraient illégaux.
Ce jugement tombe bien pour les producteurs de soja, puisque Monsanto comptait introduire cette année une nouvelle variété de soja GM, Intact RRpro, assurant selon lui meilleurs rendements, protection totale contre les chenilles et tolérance à l'herbicide glyphosate (qu'il vend). Sans oublier les royalties, annoncées par la firme comme 5 fois plus élevées que pour la variété Roundup ready. Trace Consult relève que si tous les cultivateurs brésiliens de soja adoptaient cette nouvelle variété, ce seraient 1,5 milliard d’euros par an supplémentaires que Monsanto se mettrait dans la poche.
La Cour suprême de justice du Brésil décidera courant mai 2012 si le jugement de l’Etat du Rio Grande do Sul peut être étendu à tout le pays. Rappelons qu’en France, la nouvelle loi de 2011 sur les certificats d’obtention végétale impose aux agriculteurs de payer une redevance, lorsqu’ils conservent une partie de leur récolte pour la ressemer plus tard. Une situation équivalente à celle des paysans brésiliens face à Monsanto. Et qu’ils refusent.
Source : Brésil: Monsanto privé de royalties sur son soja OGM | BIO CONSOM'ACTEURS
Au Venezuela, la pêche industrielle au chalut a été interdite en 2009. Deux ans plus tard, la mesure porte ses fruits : la pêche artisanale vit un nouvel essor. Mais le manque de vision globale et à long terme du gouvernement pourrait freiner cette réussite.
La péninsule d’Araya, dans le département de Sucre, est connue depuis la colonisation pour ses salines. Ici, rien ne pousse, ou presque. La côte est aride et le sol poussiéreux. L’agriculture (principalement des plantations de bananiers) ne se développe que dans les zones plus humides, à flanc de montagne. Les ruines du vieux fort témoignent de l’importance stratégique d’Araya à l’époque coloniale, pour l’approvisionnement en sel de la métropole espagnole.
A Caimancito, petit village situé sur la péninsule, on vit de la pêche de père en fils. Car les côtes du département, aujourd’hui, sont aussi et surtout la réserve poissonnière du Venezuela : plus de 60% du poisson pêché dans le pays en provient.
« Moi, je pêche depuis l’âge de 8 ans. Mon père est mort jeune et j’étais le seul garçon de la famille. J’ai dû arrêter l’école et sortir en mer pour ramener de quoi manger à la maison », explique Persiliano Rodríguez, membre d’une coopérative familiale de distribution de poisson. A Caimancito, on savoure l’interdiction de la pêche industrielle au chalut [1] comme une victoire.
Pêche industrielle néfaste
« Les chalutiers pêchaient la langoustine et le corocoro (Haemulon Plumieri), ils décimaient le petit poisson et faisaient fuir le reste », raconte un pêcheur sur la plage. Persiliano précise : « Ils pêchaient en zone interdite, trop près des côtes, et sans aucun respect. Ils cassaient fréquemment les filets tendus par les petits pêcheurs et payaient rarement pour les dommages occasionnés ». D’après les témoignages, les propriétaires de chalutiers soudoyaient la Garde nationale (gendarmerie) pour échapper aux contrôles le long des côtes. La langoustine se vend cher sur le marché, quelques caisses offertes à la Guardia suffisaient pour s’assurer une sortie en mer sans réprimande.
Les pêcheurs du coin n’avaient alors d’autre choix que d’aller chercher le poisson ailleurs. Leurs petits peñeros (bateaux à moteur) les emmenaient jusqu’à l’île de Margarita, située à environ 40km en face de la péninsule. Certains faisaient l’aller-retour dans des journées et des nuits interminables. D’autres préféraient passer jusqu’à deux semaines complètes sur l’île ; ils rentraient ensuite quelques jours à la maison et repartaient à nouveau.
« Aujourd’hui, on sort quatre à cinq heures par jour et on ramène beaucoup plus de poisson. On a commencé à voir la différence à peine quelques mois après l’interdiction de la pêche industrielle », continue Persiliano qui aime raconter ses anecdotes. Il faut dire qu’il n’est pas seulement pêcheur, c’est aussi un agitateur qui reconnaît « ne pas s’être fait que des amis » par ses actions et ses apparitions dans la presse pour dénoncer les abus des chalutiers et la connivence des autorités. « Une nuit, nous avons organisé une expédition punitive. Nous sommes sortis en mer avec un petit groupe pour aller foutre le feu aux chalutiers qui nous pourrissaient la vie. Mais les équipages ont eu vent de notre plan et ils ne sont pas sortis », se souvient-il avec un petit sourire au coin des lèvres.
Cette lutte contre les chalutiers affectait aussi les relations entre villages voisins. Non loin de là, à Taguapire, la majorité des hommes travaillaient sur les chalutiers. « A l’époque, je n’étais pas vraiment le bienvenu à Taguapire. Parce qu’ils disaient que si on interdisait la pêche au chalut ils allaient perdre leur travail. Mais je pense qu’ils ont pris conscience de l’opportunité que cela représente pour tout le monde », ajoute Persiliano.
Récupérer le fruit de son travail
Taguapire aujourd’hui, ce sont 48 bateaux pour près de 280 pêcheurs. Carlos Salazar est un de ceux-ci. Reconverti à la pêche artisanale, il salue lui aussi la mesure. « J’ai travaillé pendant 28 ans sur les chalutiers. A l’époque, on pêchait la langoustine mais on ne la mangeait pas, c’était trop cher pour nous. Et puis on était obligés de vendre le produit de notre pêche au propriétaire du bateau. Il gardait 75% de la vente et les pêcheurs devaient se répartir les 25% restants », commente-t-il. D’après les chiffres de l’Institut socialiste de la pêche et l’aquiculture (Insopesca), la crevette était le principal produit de la pêche des chalutiers industriels et 98% étaient destinés à l’exportation.
Aujourd’hui, les hommes du village se sont eux aussi reconvertis à la pêche artisanale, même si celle à la langoustine inclut toujours l’utilisation de plus petits chaluts. « C’est différent, on n’est plus dans la pêche intensive industrielle », estime Persiliano. « Et puis c’est le type de pêche qu’ils manient, on ne peut pas leur interdire du jour au lendemain, ces hommes ont leurs familles à nourrir. Au moins, maintenant, cet argent reste dans le village ». La loi prévoit en effet une période de transition pour ce type de pêche (voir encadré).
Organiser les pêcheurs
Dans la foulée de la réforme, des crédits ont été accordés par le gouvernement pour la reconversion. L’Insopesca a voulu également organiser les pêcheurs de la zone en « conseils de pêcheurs et aquiculteurs ». L’idée s’inspire des conseils communaux, organes de démocratie locale participative dans les villes et les campagnes. Officiellement, ces conseils doivent permettre aux pêcheurs de participer directement à la planification, gestion, direction, exécution, contrôle et évaluation des politiques nationales en matière de pêche.
Persiliano fut, à une époque, président de l’association des pêcheurs de Caimancito. Il a son opinion sur ces conseils : « Le problème c’est qu’ils ont été instrumentalisés dès le départ. Le gouverneur, le maire et même un député de la région ont chacun créé ‘leur’ conseil de pêcheurs, avec un groupe de personnes qui les soutient. Donc, à la tête de ces conseils, on trouve des gens qui n’y connaissent pas grand-chose et qui ne revendiquent pas beaucoup ; ils sont cooptés ». Pour Persiliano, ce qu’il manque aujourd’hui c’est une organisation effective de la pêche entre tous les villages de la zone.
Besoin d’une vision à long terme
Sur le marché de Carúpano, à deux heures de route de Caimancito, le poisson frais s’étale tous les jours sur les échoppes. On y vend au gros pour le distribuer ensuite vers Caracas et les autres villes du pays, mais aussi au détail pour les habitants du coin. « Les défenseurs de la pêche industrielle disaient que les pêcheurs artisanaux n’allaient pas pouvoir alimenter le marché national. En à peine six mois après l’application de la loi, le marché était déjà amplement alimenté », explique Persiliano.
Alors que les vieux chalutiers sont coulés le long des côtes comme récifs artificiels pour attirer le poisson, le gouvernement a commencé les travaux pour construire un chantier naval sur la route entre Caimancito et Taguapire. Mais cette nouvelle initiative est vue d’un mauvais œil par Persiliano et les siens : « C’est contradictoire de construire ça ici, cela va inévitablement entraîner une pollution. Nous ne sommes pas une zone industrielle, nous vivons de la pêche artisanale. Cela démontre vraiment un manque de vision à long terme de la part du gouvernement ». Il existe d’ailleurs déjà un chantier plus loin sur la côte, près de la ville de Cumaná ; et d’après les pêcheurs, les coquillages pêchés dans cette zone ont un goût de gasoil.
Cofinancé par le Brésil et le Venezuela, le nouveau chantier devrait être amené à produire des supertankers de près de 300 000 tonnes, afin de fournir le marché asiatique en pétrole vénézuélien. Par ailleurs, la nouvelle flotte industrielle de l’ALBA [2], Pescalba, a été créée en 2009 entre Caracas et La Havane comme « alternative » à la pêche au chalut. Certains membres des équipages de chalutiers ont été reconvertis et formés pour travailler sur les bateaux de Pescalba. Le gouvernement vénézuélien ne cache son ambition de convertir le pays en « puissance poissonnière » de la région en développant sa propre flotte industrielle. Les pêcheurs artisanaux de la péninsule d’Araya espèrent que cela se fera dans le respect de leur habitat et de leurs traditions de pêche.
Quid des eaux usées ?
Finalement, si la nouvelle législation favorise l’écosystème marin et les pêcheurs locaux, elle n’est pour l’instant pas intégrée à une politique générale de protection de l’environnement et des ressources naturelles. Les eaux usées, par exemple, sont très rarement traitées et les rivières chargées de reflux industriels, agricoles ou encore ménagers finissent leur parcours directement dans les eaux turquoise de la mer des Caraïbes. Le cas du Guaire (cours d’eau qui traverse la capitale Caracas) est emblématique : Il ressemble plus à un égout à ciel ouvert qu’à une rivière. Selon la biologiste Evelyn Pallotta, des stations d’épuration existent mais très peu fonctionnent réellement. « Le poisson ne diminue pas seulement à cause de la surexploitation de la pêche, il est aussi affecté par la pollution » [3].
Sur la route entre Caimancito et Carúpano, les déchets ménagers des villages environnants sont entassés dans une décharge à ciel ouvert, l’épaisse fumée et l’odeur qui s’en dégagent laissent présumer qu’ils sont fréquemment brûlés en plein air, à quelques centaines de mètres du front de mer. Sur le bord de la route, un panneau gouvernemental annonce la construction d’un futur (hypothétique ?) compacteur de déchets...
Notes :
[1] Le chalut est le filé traîné par le chalutier. Il fonctionne comme un entonnoir au fond clos, dans lequel le poisson est capturé. Il permet une pêche intensive (les plus grands chaluts peuvent être tirés par deux bateaux à la fois) et est un des principaux responsables de la surexploitation des ressources marines.
[2] L’ALBA, ou l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique, est une organisation politique, sociale et économique de coopération entre des pays de gouvernements progressistes d’Amérique latine et des Caraïbes. Elle est née en 2005 à l’initiative de Cuba et du Venezuela, comme alternative à l’ALCA (ZLEA en français, Zone de libre-échange des Amériques, alors impulsée par Washington).
[3] Humberto Márquez, El calor sube y la pesca disminuye en el Caribe venezolano, IPS Noticias, octobre 2010, www.ipsnoticias.net
Plus de 10 km de protection exclusive
Depuis 2001, un décret-loi réserve aux embarcations artisanales une zone exclusive de pêche de plus de 10 km le long des côtes. Ce décret figurait parmi un ensemble de mesures qui avaient déclenché les foudres de l'opposition et mené au coup d'Etat patronal et militaire du 11 avril 2002.
En ce qui concerne la pêche industrielle au chalut, elle est interdite depuis 2008 « dans les eaux territoriales et la zone économique exclusive de la République bolivarienne du Venezuela ». La législation laissait un an aux entreprises actives dans le secteur pour s’adapter, les chalutiers sont donc définitivement rentrés dans les ports le 14 mars 2009.
La loi dit également dans son article 23 que « la pêche artisanale au chalut sera progressivement remplacée par d'autres méthodes afin de garantir le développement durable des ressources hydrobiologiques et l'environnement ».
Selon l'Insopesca, le Venezuela produit environ 400 000 tonnes annuelles de poisson. Le pays compte près de 30 000 pêcheurs, dont la majorité travaille à bord de petites embarcations artisanales.
Article publié dans dlm, demain le monde, n°8, juillet-août 2011 // www.cncd.be/dlm
Via la voix du sud: Venezuela : quand le poisson revient
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"Le vieux fascisme si actuel et puissant qu’il soit dans beaucoup de pays, n’est pas le nouveau problème actuel. On nous prépare d’autres fascismes. Tout un néo-fascisme s’installe par rapport auquel l’ancien fascisme fait figure de folklore […].
Au lieu d’être une politique et une économie de guerre, le néo-fascisme est une entente mondiale pour la sécurité, pour la gestion d’une « paix » non moins terrible, avec organisation concertée de toutes les petites peurs, de toutes les petites angoisses qui font de nous autant de microfascistes, chargés d’étouffer chaque chose, chaque visage, chaque parole un peu forte, dans sa rue, son quartier, sa salle de cinéma."
Gilles Deleuze, février 1977.