10 avril 2013 3 10 /04 /avril /2013 20:05

 

 

“La pédagogie des opprimés, en tant que pédagogie humaniste et libertaire, a deux étapes distinctes: Dans la première, les opprimés dévoilent le monde d’oppression et par la praxis, se commettent en sa transformation. Dans la seconde étape, dans laquelle la réalité de l’oppression a déjà été transformée, cette pédagogie cesse d’appartenir aux opprimés et devient une pédagogie de tout le peuple dans le processus de libération permanente [...] La libération authentique, le processus d’humanisation, n’est pas un autre dépôt effectué par les Hommes. La libération est praxis, à savoir l’action et la réflexion des hommes et des femmes sur leur monde afin de le transformer [...] L’éducation en tant que pratique de la liberté, en opposition à l’éducation comme la pratique de la domination, nie le fait que l’Homme ne serait qu’abstrait, isolé, indépendant et détaché du monde; elle nie également que le monde existe en tant que réalité séparée des humains. La réflexion authentique ne considère pas l’homme en tant qu’entité abstraite, ni le monde sans les humains, mais bien les gens dans leur interaction avec le monde. Dans ces relations, la conscience et le monde sont simultanés: la conscience ne précède ni ne suit le monde.”

~ Paolo Freire, “La pédagogie des opprimés”, 1970 ~

 

Hugo Chavez et la pensée critique

 

Santiago José Roca

 

23 Mars 2013

 

Article original en espagnol:

http://www.rebelion.org/noticia.php?id=165703

 

article original en français:

http://www.legrandsoir.info/hugo-chavez-et-la-pensee-critique-rebelion.html

 

« Hugo Chavez et la Pensée Critique », article suivi d’une liste de documents portant sur son parcours politique et intellectuel.

« Beaucoup de gens pensent et pensent et pensent…et agissent peu pour concrétiser leurs pensées ; certains hommes comme Bolivar et Marti ont pensé puis partirent se battre, moururent et donnèrent tout pour la liberté et pour amener à la réalité leurs idées révolutionnaires, leurs idées de justice, d’indépendance et de liberté. A notre tour maintenant d’aller vers les combats d’aujourd’hui, nous n’avons d’autre alternative que de nous nourrir de leur pensée, de nous préparer, de penser avec eux, par eux, pour eux et pour nos peuples, et de nous engager dans les batailles politiques, les batailles sociales, les batailles économiques, les batailles pour l’intégration, ces batailles que nous avons reprises avec force, ces batailles qu’ils nous avaient déjà indiquées alors… »

Le principal objectif de cet article est d’établir un recueil de références des paroles du Président Vénézuelien Hugo Chavez afin d’apporter une contribution à l’étude de son parcours politique et intellectuel tel qu’il s’est exprimé pendant plus d’une décade et élaboré pendant toute une vie.

Nous ne pouvons cependant laisser passer l’occasion d’émettre une brève remarque sur la transcendance de la pensée de Chavez, de par la manière dont il a compris la relation entre savoir et pouvoir au 21è siècle, du point de vue particulier du Sud Global.

Hugo Chavez est sans nul doute le premier grand représentant de la Pensée Critique latino-américaine du 21è siècle. Avec une sagacité exceptionnelle, il a su lier théorie, réflexion et pratique politique ; son aptitude à générer des actions gouvernementales animées par une vocation populaire, nationale, latino-américaine et humanitaire a été notoire.

D’autant plus que les années 1990 furent particulièrement difficiles pour la Gauche en tant qu’alternative idéologique, conduisant à des « inventions » comme la « Troisième Voie », méthode « douce » pour embrasser le néolibéralisme en plein essor qui engendra un processus de dénationalisations dans les pays qui y participèrent.

Durant ces années, en Bolivie ou en Argentine, en Espagne, en Grèce ou encore aux USA, la participation en matière de politique ou d’économie fut arrachée des mains des Peuples pour être octroyée aux agents des élites financières.

La crise systémique que vit actuellement le capitalisme mondial est la meilleur illustration de ce processus.

Entre temps fut adoptée au Vénézuela une Constitution consacrant la participation populaire dans toutes les affaires d’intérêt national et imposant l’obligation d’agir selon un Etat Démocratique et Social de Droit et de Justice, conception de l’Etat qui défie frontalement le fondamentalisme libéral et oblige l’Etat à se porter garant des droits fondamentaux des citoyens. Les uns après les autres, des Projets de Développement Economique et Social de la Nation se sont déployés, dont les lignes stratégiques visent à l’épanouissement intégral de l’être humain dans le cadre de la construction d’une souveraineté politique de la Nation et la création d’un système d’inclusion sociale.

L’émergence du concept de socialisme du 21è siècle a été le résultat d’une recherche visant à doter les actions du gouvernement d’un cadre théorique dans un contexte de vide idéologique généré par le néolibéralisme.

Mais ce concept est aussi l’expression d’une volonté de poser des actes politiques intimement liés à une logique différente, prenant davantage en compte les besoins et les aspirations des peuples plutôt que les impératifs du marché.

De sorte que l’idée de Socialisme Bolivarien est plus proche de la notion du « Bien Vivre » que de n’importe quelle dogmatique apparue au 20è siècle.

Hugo Chavez est l’un des plus importants représentants de la Pensée Critique parce qu’il sut percevoir que tous les domaines des activités humaines ont un sens politique et que l’être humain doit être l’objet central de toute réflexion. Ceci est primordial dans un contexte où les Centres académiques et de communication prétendent que nous suivons le chemin du fondamentalisme économique néolibéral avec la destruction du concept de citoyenneté et l’acceptation tacite d’une « globalisation » hégémonique en accord avec les valeurs et les intérêts de l’économie occidentale.

Tout au contraire, la pensée de Hugo Chavez se rapporte entièrement à sa propre époque et son propre lieu.

Elle s’identifie surtout pleinement aux vicissitudes des masses sociales. De sorte que la voix de Chavez s’est fait l’expression des opprimés de la planète : elle émergea de ce qu’il a lui-même appelé « les catacombes du Peuple » et 
s’éleva pleine d’une force de clarification et porteuse d’un potentiel sens contre-hégémonique.

C’est d’ailleurs aussi pour cela que Hugo Chavez a été décrié par les Centres du pouvoir et que les entreprises de communication à leur service ont mis tout leur acharnement à le qualifier de « tyran » alors qu’en réalité il fut le grand instigateur d’un projet émancipateur.

Chavez généra une pensée fondée sur la géopolitique et à fort contenu latino-américaniste et anticolonialiste.

Sa proposition d’une Unité latino-américaine délivre une vision claire d’une Amérique Latine – et de tous les pays du Sud Global- formant une société géopolitique autonome et souveraine, seul moyen de s’intégrer au système international dans des conditions d’égalité. En contraste avec la pensée intégrationniste libérale qui crée des distinctions entre intégration économique et culturelle, lui conférant un caractère ainsi un caractère nettement néolibéral.

Donc, si la pensée unioniste de Bolivar rencontra celle, antagoniste, de la Doctrine Monroe, et celle de José Marti l’Amendement Platt, la pensée de Chavez s’incarne dans l’opposition à l’ALCA, la plus prodigieuse tentative de créer un marché unique dans la région, c’est-à-dire d’un débouché pour les produits marchands US.

Il est certain que l’intérêt unioniste se retrouve aussi dans la création d’un ensemble d’organismes comme l’ALBA, l’UNASUR…et surtout dans l’impulsion donnée à une rationalité significativement divergente dans les relations internationales car basée sur la complémentarité, la réciprocité et la solidarité.

Si on la compare avec l’insolent unilatéralisme US des débuts du siècle, la géopolitique de Chavez représente un soutien fort à la multipolarité et à un ordre global fondé sur la reconnaissance et le respect mutuels.

Si nous pouvons affirmer que Hugo Chavez est l’un des plus grands représentants de la Pensée Critique, c’est parce que sa conscience géopolitique d’intention anticoloniale est présente dans l’essence même des choix de Chavez en matière de science et de technologie.

De là son engagement à promouvoir des politiques scientifiques et technologiques destinées à apporter une réponse aux besoins sociaux. Comme il l’a dit lui-même un jour : »Nous devons avancer jusqu’à l’explosion massive des connaissances, de la technologie, de l’innovation, en fonction des besoins du pays et de la souveraineté nationale ».

Quelques actions montrant cette orientation ont été l’impulsion données aux « Réseaux Sociaux d’Innovation Productive », la création du « Projet Info-Centre » et du « Projet Canaïma », entre autres, actions animées par l’intention de démocratiser les politiques éducatives et technologiques par le biais de la socialisation des ressources, des processus et des produits de développement.

Chavez a déployé une vision stratégique : « Pour que le peuple devienne une véritable force, il doit avant tout être conscient, et pour que le peuple possède cette conscience, il doit acquérir connaissance et culture ».

C’est ainsi qu’il devint le promoteur de la connaissance et de la culture libre, formulant des décrets adoptant le software libre comme outil de l’Etat venezuelien, créant divers organismes destinés au développement et à l’investigation de politiques publiques basées sur la connaissance libre, mais toujours, comme nous l’avons déjà remarqué, par le biais de la démocratisation de la politique scientifico-technologique.

A une occasion, Chavez affirma : « La propriété intellectuelle n’est qu’une escroquerie des pays qui se sont développés et qui clament maintenant « Cela m’appartient ». C’est l’expression même de l’égoïsme capitaliste. La connaissance ne peut être privatisée. La connaissance est universelle tout comme la lumière du solein. Personne ne peut affirmer « la lumière du soleil m’appartient, je la garde » ou « je garde le vent…ou l’eau des rivières ». Il faut donc réfléchir à ces questions d’appropriation, d’adaptation de la connaissance – comment réaliser cela, comment allons-nous la restituer, la rendre, comment allons nous faire pour garantir l’accès à la connaissance ? »

Dans ses discours sur ce thème, Chavez se référait constamment à l’argentin Oscar Varsavsky qui, dans ses ouvrages, fait la critique du « scientifisme » comme forme d’organisation du travail scientifico-technique, dans les relations de l’Amérique Latine avec le monde, et qui propose, en contraste avec les modes néocolonial et developpemental de compréhension et de pratique des connaissances, un mode créatif, fondé sur la création de capacités endogènes, la satisfaction de besoins locaux et la conduite d’un projet politique basé sur un consensus national.

Peut-on imaginer meilleur antidote au néolibéralisme académique -la mercantilisation du savoir et de la création- modèle qui est d’ailleurs en crise dans le domaine de la création de connaissances scientifique dans le monde dit « développé » ?

Ce faisant, Chavez fit également preuve d’une forme de résistance à ce que Eduardo Lander a appelé la « science néolibérale », qui n’est autre chose que l’expression d’une manière « géopolitiquement neutre » (c’est-à-dire colonialiste) de concevoir les relations savoir-pouvoir entre le nord et le sud.

Avec une claire conscience du rôle révolutionnaire de la connaissance, Chavez déclara un jour : « Le peuple n’aura pas de pouvoir économique aussi longtemps qu’il ne sera pas propriétaire des facteurs de production : la terre, les outils, la technologie, la connaissance, le capital, le travail ».

Un académicien comme Boaventura de Gousa Santos (qui réçut le prix international Simon Bolivar de la Pensée critique), préoccupé par l’émergence d’une autre forme de connaissance et par le dépassement des limites de la rationalité scientifique moderne, signala dans l’un de ses ouvrages qu’il existe une crise de l’épistémologie dominante.

Cette épistémologie se caractérise par l’intérêt d’un contrôle empirique sur les phénomènes sociaux et naturels. Elle est basée sur la réduction analytique des propriétés des phénomènes, sa traduction en grandeurs quantifiées et la recherche d’un savoir basé sur des principes universels.

Une nouvelle forme d’épistémologie devrait chercher à dépasser le positivisme par le biais d’une connaissance qui intègre les différentes dimensions du savoir, la localisation de la connaissance sans pour autant renoncer à sa projection vers le savoir global, la fermeture de la brèche artificielle qui existe entre le sujet connaissant et l’objet de la connaissance, supprimer la séparation entre connaissance commune et connaissance spécialisée, tout cela en quête d’un nouveau savoir commun et d’une science qui ne soit pas isolée.

En résumé, il s’agit de fonder un savoir qui aie conscience de ses bases historico-culturelles et de ses limites épistémologiques, orienté vers la recherche de réponses aux nécessités du bien-être humain au lieu de se restreindre à prédire et à contrôler les phénomènes empiriques.

Hugo Chavez a promu cette sorte d’épistémologie, comme le reflètent ses discours. Il défendit l’importance du sujet de la connaissance par le biais de l’observation de ses caractéristiques historiques et il soutint le dialogue entre les différentes cultures cognitives : « Le peuple est savant, les paysans doivent venir discuter avec nous, nous ne croyons pas que nous autres les penseurs soyons une élite. Non, pas du tout, le savoir du peuple est fondamental pour alimenter ces processus si nous voulons une véritable révolution. Le savoir populaire est illimité. »

Il souligna aussi l’importance de la connaissance dans la constitution du sujet en tant qu’agent historique : « L’éducation, la connaissance entraîneront l’augmentation de citoyens libres, respectueux des lois et des droits d’autrui ».
Chavez aborda tout particulièrement la connaissance sous son aspect de moyen de création de conscience : « La conscience, c’est la connaissance, rien de plus.. ; » ou « La conscience n’est rien d’autre que la connaissance, la connaissance de l’histoire, de la véridique histoire de nos peuples ».

La pensée et l’action de Chavez ont toujours visé à se détacher de l’analytique propre à la logique scientifique moderne – à partir d’une holistique dépassant les dichotomies sujet-objet, théorie-pratique, connaissance critique ou science-culture.L’analytique positiviste propre à la pensée moderne ne convient qu’à définir une hiérarchie de concepts permettant un arrangement des phénomènes sociaux en accord avec la volonté d’un pouvoir hégémonique.

En revanche, l’holistique critique cherche à trouver des relations entre différents aspects d’un phénomène et s’articule mieux avec des politique d’orientation contre-hégémoniques (la tension entre analytique et holistique est une contradiction constante des relations culturelles de l’occident avec les cultures non occidentales).

La reconnaissance du caractère complexe et multidimensionnel des phénomènes sociaux permet à Chavez de refuser la logique fragmentaire et mécaniciste des disciplines académiques occidentales, aujourd’hui tant critiquées par les théoriciens de la « Pensée complexe » et de la « Sociologie du risque » car très proches des logiques mercantilistes et coloniales.

Chavez contribua d’ailleurs toujours à rompre la discipline imposée par la connaissance spécialisée s’agissant de thèmes, de programmes et de définitions des rôles, comme on a pu l’entendre lors de ses interventions.
Cependant, sa pensée ne fut pas tant une élaboration rationnelle d’une nouvelle épistémologie que son expression explosive et sa mise en scène dans le contexte de la géopolitique mondiale et de la politique nationale. Il fut, avant tout, davantage un homme d’état qu’un penseur abstrait.

Depuis le Sud, une pensée orientée vers l’émancipation cognitive des Peuples ne peut se concevoir autrement que comme anticolonialiste. La pensée et l’action de Hugo Chavez a embrassé toutes ces directions et bien d’autres encore parce que la reconnaissance du sujet comme agent de connaissance, de pratique et volitif de la transformation de sa propre réalité historique en était la racine.

Chavez nous invite à dépasser les paradigmes de la Société de l’Information et de la Connaissance, basées sur les transformations du capitalisme des dernières décades et destinées à l’approfondir, pour appeler à créer une société créative et créatrice, une société dans laquelle une épistémologie incluante aide à fonder des projets scientifico-technologiques qui répondront aux besoins d’un Projet National (à ce sujet on peut lire un discours de 2006 intitulé « La Société du talent »). Et il continue à être anticolonialiste pour aider son peuple à prendre conscience de l’importance de sa participation à la création de la culture et à la détermination des relations de pouvoir. A partir du moment où l’être humain commence à dire « Je suis… » en réaction à une identité imposée, il commence à être libre. Mais si esuite il commence à dire « Nous sommes.. ; » il l’est beaucoup plus.

Chavez réussit à obtenir que les Vénézueliens se comprennent comme étant partie intégrante d’une communauté politique nationale partageant un même futur, à une époque de banquereoute intellectuelle et morale des classes dirigeantes -clientèles des intérêts capitalistes- et du vide idéologique de la supposée « fin des idéologies » et dela « postmodernité ». Il les aida à se concevoir comme partie intégrante d’une « Patrie », concept oublié dans les pays qui ont embrassé l’universalisme occidental. Et il l’a fait en tant que dirigeant et éducateur à la fois, guidant son Peuple de bataille en bataille tout en lui rappelant de temps à autre que la connaissance et les valeurs sociales sont les lignes directrices d’une Nation ; imitant en cela Bolivar qui écrivit : »Morale et Lumières sont les pôles d’une république, Morales et Lumières sont nos premières nécessités ». Leurs exemples dépassèrent les frontières et finirent par nourrir les luttes d’autres Peuples.

Après tout ce qui vient d’être dit, nous ne pouvons que répéter avec plus de conviction que Hugo Chavez est le premier grand représentant latino-américain de la Pensée Critique du 21è siècle.

Santiago José Roca

 

Références :

 

Chávez, H. (2010) La Sociedad del Talento. Discurso pronunciado el 10 de noviembre de 2007. Mérida : Centro Nacional de Desarrollo e Investigación en Tecnologías Libres. Disponible en : http://www.cenditel.gob.ve/files/pagina/album/libro/LaSocied…

De Sousa Santos, B. (2009). Una epistemología del Sur. México, Siglo XXI – CLACSO.

Lander, E. (2005) “La Ciencia Neoliberal”. Revista Venezolana de Economía y Ciencias Sociales. Mayo. Vol. 11. No. 2. Caracas.

Varsavsky, O. (2006). Hacia una Política Científica Nacional. Caracas : Monte Ávila Editores.

 

Annexe : documents pour l’étude de la pensée de Hugo Chavez.

Nous avons essayé de faire un résumé des documents contenant les paroles de Hugo Chavez. Comme tout résumé, il est arbitraire et peut être complété par la consultation d’autres sources. Presque tous les documents sont disponibles sur la page Web du Ministère du Pouvoir Populaire pour la communication et l’information (http://www.minci.gob.ve/).

Nous recommandons la création de supports digitaux de ces documents pour éviter que leur conservation ne repose uniquement sur quelques archives digitales, mais serve avant tout d’outil pour tous ceux qui pensent qu’un autre monde est possible.

1. El Libro Azul

2. Palabras de Abril 2002

3. Nuevo Mapa Estratégico

4. Sólo el Socialismo salvará a la especie humana

5. Vengo a denunciar 200 años de agresión

6. Discurso en la Sexagésima Asamblea General de la Organización de las Naciones Unidas Nueva York, 15 de septiembre de 2005

7. Aló Presidente Teórico 1. Las Comunas y los cinco frentes para la Construcción del Socialismo

8. Aló Presidente Teórico 2. Propiedad Social

9. Aló Presidente Teórico 3. El PSUV, la militancia y el papel de la juventud

10. Aló Teórico 4. La Fuerza Armada Nacional Bolivariana y la batalla de las ideas

11. Aló Presidente Teórico N°5 . La doctrina militar bolivariana y el poder nacional

12. Aló Teórico 6 : Lanzamiento del Sistema de Formación Socialista Simón Rodríguez

13. La Revolución Bolivariana ante la ONU

14. La Sociedad del Talento

15. Primer Congreso Extraordinario del Partido Socialista Unido de Venezuela (PSUV)

16. La militancia y el PSUV en la Construcción del Socialismo

17. Desde la primera Línea

18. El socialismo del siglo XXI : Hugo Chávez

19. Frases I Hugo Chávez Frías

20. Frases II Hugo Chávez

21. De la propiedad privada a la social. Transición al socialismo

22. Apliquemos las “tres erres” al cuadrado

23. A los trabajadores y trabajadoras

24. Las Campañas Admirables del Presidente Hugo Chávez

25. Pensamientos del Presidente Chávez

26. Radicalmente bolivariano, antiimperialista y revolucionario

27. Golpe de timón

28. “Patriotas de Venezuela : Rodilla en Tierra”. Alocución del presidente Chávez del 08 de diciembre de 2012

Sources générales :

Programa “Aló Presidente”. http://alopresidente.gob.ve/

Sistema Bolivariano de Comunicación e Información. http://www.minci.gob.ve

Nota : publicado con el mismo título el 18/03/2013, en : http://www.aporrea.org/ideologia/a161668.html

Fuente : http://reflexiontecnologica.wordpress.com/2013/03/19/hugo-chavez-y-el-pensamiento-critico/

 

=  =  =

http://www.rebelion.org/noticia.php?id=165703

Traduction Frédérique Buhl pour le Grand Soir

 

Source :
Héritage politique et social: Hugo Chavez et la pensée critique | Resistance71 Blog

 

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10 avril 2013 3 10 /04 /avril /2013 18:57

En ce moment ou de nouvelles élections se préparent au Venezuela alors qu’il ne fait aucun doute que Maduro soit l’élu du peuple dans sa grande majorité, les tentatives de déstabilisations se multiplient allant des sabotages de l’électricité ou de la distribution alimentaire jusqu’au agressions contre le peuple bolivarien qui manifeste son soutien à Maduro, son représentant incontesté. Les arrestations d’infiltrés paramilitaires ou terroristes se multiplient. Mais aussi toutes les méthodes décrites ci-dessous, mettant en jeu les mêmes ONG et autres plus locales mais émargeant auprès des mêmes financiers sont en action.

Le brave Nicolas, en alliance avec les autres mandataires, mais surtout avec le peuple, démontrant chaque jour d’avantage ses aptitudes à prendre le relais de Hugo Chavez, tout en redistribuant le pouvoir, il devient à présent cible privilégiée de l’empire. Le parallèle entre une partie des moyens mis en œuvre au Venezuela et ceux utilisés en Moldavie est flagrant. La différence réside dans la réaction de « l’opinion publique » qui au Venezuela ne s’en laisse pas compter et démonte les tentatives de manipulation au fur et à mesure qu’elles se présentent.

Ce qui augmente d’autant les risques de passage à des méthodes plus meurtrières. Et ce qui demande toute notre vigilance, une opinion publique internationale mieux informée de la réalité vénézuélienne, celle d’un peuple bafoué et meurtri qui a retrouvé sa dignité et est en conquête des moyens de la bonne vie dans le cadre d’un état communal, un peuple politisé et mobilisé pour défendre les droits et la dignité conquis, un peuple qui est fier d’avoir pour candidat à la présidence l’un des leurs, alors que l’opposition se disqualifie toujours d’avantage en multipliant les agressions racistes et élitistes qui dénigrent ce peuple debout, et le renvoie virtuellement dans ce que Chavez a appelé ses catacombes, annonçant la destruction immédiate de tous les acquis de la révolution au cas totalement improbable ou Capriles Diablonsky serait élu. Ce peuple provoque la haine non seulement de l'opposition mais surtout celle d'un empire qui ne tlère les peuples qu'à genou et tête baisée et nous savons tus de quoi est capable l'Empire envers ceux qui lui résiste.

Quelques groupes politiques déjà ont annoncé leur défection abandonnant la MUD, alliance de l’opposition. Les uns pour apporter leur soutien au PSUV, les autres parce qu’ils refusent de s’acoquiner d’avantage avec ceux qui voyant leur incapacité à conquérir le pouvoir par les chemins de la démocratie fomentent une nouvelle tentative de coup d’état.

Pour rendre l’ensemble de l’ambiance là-bas, il faudrait traduire des dizaines de textes, et je ne suis pas (encore) assez rapide pour cela. L’écart ne cesse de se creuser entre Maduro et Radonsky en faveur du premier. Et l’empire fourbi ses armes, après l’arrestation d’un groupe de terroristes (assassins) venu du Salvador, ce sont deux paramilitaires infiltrés qui ont été surpris explorant une caserne de l’armée du pays. Deux textes donc qui illustrent les méthdes récurrentes de déstabilisation par l’empire des gouvernements rebelles ou dérangeants

Sur le même thème, quelques exemples :

Avaaz : un écran de fumée …  

Le pacifisme de l’empire, au Honduras comme ailleurs :optor et ses contre révolutions  

Dormir avec l’ennemi ou l’invasion silencieuse. Partie 2 (venezuela)  

Le nouveau plan du pentagone pour affronter la marée rose en amérique latine  

Usaid et cie et les coups détats de l'administration us du 21ème siècle : haïti et le honduras  

Usaid : déstabilisation et espionnage, des piliers de la guerre globale  

Paraguay : monsanto, usaid et le renversement du gouvernement  

Militarisation impérialiste : nouveaux masques pour de vieux projets

 

 

Quelques références en espagnol  des tous derniers jours

PERCY ALVARADO / No solo se busca asesinar a Maduro en Venezuela | CONTRAINJERENCIA

Ministra Varela alerta sobre plan desestabilizador de la derecha en comunidades penitenciarias

Capturados presuntos paramilitares en la 42 Brigada de Paracaidistas en Maracay

Repugnante y fascista pinta de la derecha en Caracas genera indignación popular

Washington met en place ses réseaux Twitter – Facebook pour réaliser des coups d’Etat “soft”

Le Département d’Etat sponsorise un sommet consacré à l’utilisation des nouvelles technologies dans le but de changer des régimes anti-impérialistes. Les 15 et 16 octobre 2009, la ville de Mexico accueillait le sommet de l’Alliance of Youth Movements (AYM).

Sponsorisé par le Département d’Etat, l’événement comprend l’intervention, par internet, d’une oratrice de luxe : la secrétaire d’Etat Hillary Clinton. Par ailleurs, plusieurs « délégués » ont été invités par la diplomatie des Etats-Unis, parmi lesquels des personnes liées à des mouvements de déstabilisation actifs en Amérique latine. La liste des participants inclut les Vénézuéliens Yon Goicochea, du parti Primero Justicia, Rafael Delgado, le chef de l’organisation Venezuela de Primera (un groupe fondé par Goicochea), et Geraldine Álvarez, l’ancienne leader estudiantine actuellement membre de la Fundación Futuro Presente, aussi créée par Goicochea, avec le financement du Cato Institute (USA). Participent également Marc Wachtenheim de la Cuba Development Initiative, un projet financé par le Département d’Etat et l’USAID à travers la Pan American Development Foundation (PADF), Maryra Cedeño Proaño, de la Corporación Foro de la Juventud Guayaquil, entité équatorienne financée par l’USAID, et Eduardo Ávila de Voces Bolivianas, organisation soutenue par l’ambassade des Etats-Unis en Bolivie et financée par l’USAID. Au total, 43 délégués sont venus du monde entier (Sri Lanka, Inde, Canada, Royaume Uni, Colombie, Pérou, Brésil, Liban, Arabie Saoudite, Jamaïque, Irlande, Turquie, Moldavie, Malaisie, Etats-Unis et Mexique).

Orateurs et sponsors forment un étrange mélange de représentants des nouvelles technologies et d’employés des agences spécialisées dans la subversion et la déstabilisation de gouvernements qui refusent de se soumettre à l’agenda de Washington. Les orateurs proviennent notamment de Freedom House, International Republican Institute (IRI), du Département d’Etat et de la Banque mondiale, mais on compte également de jeunes créateurs de technologies telles que Twitter, Facebook, Google, Gen Next, Meetup et Youtube. Les seuls médias traditionnels invités par le Département d’Etat  sont CNN en espagnol et CNN en anglais, un fait insolite prouvant les liens étroits existant entre ces différentes entités. 

Il ne fait aucun doute que le mariage des agences de Washington, des nouvelles technologies et des jeunes dirigeants politiques sélectionnés par le Département d’Etat représente une nouvelle stratégie pour « changer des régimes ». En outre, le sommet confirme le soutien politique et financier apporté par les Etats-Unis au mouvement estudiantin de l’opposition vénézuelienne et fournit à l’opinion publique la preuve irréfutable de la sinistre alliance entre Washington et les nouvelles technologies. 

Centre pour la diplomatie numérique

Selon sa propre définition, l’AYM est né en 2008 en réponse à l’apparition «sur la scène mondiale, d’une série de personnes pratiquement inconnues, généralement jeunes, qui maîtrisent les technologies les plus récentes et ont fait des choses incroyables. Ces personnes ont provoqué de grandes transformations du monde réel dans des pays comme la Colombie, l’Iran et la Moldavie, en se servant de ces techniques courantes pour atteindre les jeunes. Et ce n’est qu’un début. » 

Les agences de Washington ne pouvaient pas manquer de se positionner sur une scène attractive où les jeunes, déjà accros aux nouvelles technologies comme internet, notamment Facebook, Twitter et MySpace, pouvaient devenir les dirigeants et les promoteurs de mouvements sociaux au service des intérêts de l’Empire. Selon les fondateurs de l’AYM, il y avait toutefois un problème. « Ces mouvements du XXIe siècle sont l’avenir de la société civile, mais ils ne disposent pas encore d’un mécanisme permettant de soutenir, de former et d’octroyer du pouvoir à ces dirigeants qui n’ont pour tout bureau qu’une adresse électronique. Ils ne disposent pas non plus d’une entité qui puisse apprendre aux mouvements traditionnels du XXe siècle à utiliser efficacement les instruments et les médias du XXIe siècle pour atteindre leurs objectifs. »

 
Leurs objectifs ou les objectifs Washington? 
 

L’une des premières opérations menées avec succès par la Central Intelligence Agency (CIA) dans les années cinquante et soixante a été la création en Europe du Congrès pour la liberté de la culture (Congress for Cultural Freedom), conçu pour pénétrer et utiliser les espaces occupés par l’art, les universités, les intellectuels et les mouvements sociaux afin de neutraliser l’expansion du communisme. Le recours à la culture pour promouvoir l’agenda impérial s’est prolongé au-delà de la guerre froide. Alors que le phénomène de la dépendance à la technologie prend de plus en plus d’ampleur, il est exploité de manière de plus en plus raffinée. Des nouvelles technologies  – comme Facebook et Twitter, mises au point avec le financement d’entreprises de la CIA, par exemple In-Q-Tel, spécialisée dans l’”exploitation des mines de données” – fonctionnent aujourd’hui comme réseaux de recrutement des “agents” disposés à promouvoir les intérêts de l’Empire. Le potentiel que recèlent ces technologies pour mener des opérations psychologiques et diffuser de la propagande est illimité : elles permettent de diffuser des messages en un temps record à l’échelle planétaire. 

Il ne manquait qu’une stratégie pour exploiter ce potentiel.  

Le modèle suivi : la campagne d’Obama

« L’Alliance of Youth Movements a comblé ce manque. Elle a commencé en 2008 par un sommet au cours duquel le Département d’Etat s’est associé à MTV, Google, YouTube, Facebook, Howcast, AT&T, JetBlue, GenNext, Access360Media et la Faculté de droit le la Columbia University afin de reconnaître et de convoquer les mouvements du XXIe siècle, et, pour la première fois dans l’histoire, de dialoguer avec eux par internet ».

Ont participé à ce premier sommet de l’AYM des membres de l’organisation vénézuélienne d’opposition Súmate (financée par la NED et l’USAID) et les initiateurs colombiens des marches No más Chávez et Un millón de voces contra las FARC. Les principaux orateurs étaient trois architectes de la campagne présidentielle de Barack Obama, à savoir Joe Rospars, directeur pour les nouveaux médias lors de la campagne, Scott Goldstein, directeur en ligne de Obama for America et Sam Graham-Felson, directeur de blog pour la campagne d’Obama en 2008. Ont également répondu présents Sherif Mansour, de Freedom House, Shaarik Zafar, du Département de la Sécurité intérieure des Etats-Unis (Homeland Security), et huit hauts fonctionnaires du Département d’Etat ainsi que les représentants de diverses multinationales actives dans le domaine de la communication et des nouvelles technologies.

Les concepteurs de la campagne « super-technologique » qui allait mener Obama vers la victoire ont travaillé main dans la main avec les agences de Washington pour élaborer la stratégie parfaite en combinant deux forces novatrices en politique : la jeunesse et les nouvelles technologies. Cette combinaison doit permettre d’obtenir ce que la CIA n’avait pas réussi en plusieurs années d’effort : le changement de régime dans des pays non soumis aux intérêts des Etats-Unis, sans qu’apparaisse la main de Washington. 

Le mouvement d’étudiants manos blancas, au Venezuela, financé et formé par les agences américaines, les protestations anti-communistes en Moldavie, les manifestations contre le gouvernement iranien et les dernières manifestations virtuelles contre le président Chávez constituent des exemples de cette nouvelle stratégie. Les principales armes utilisées sont les nouvelles technologies –Twitter, Facebook, YouTube, entre autres. Quant aux médias traditionnels, comme CNN et ses unités affiliées, ils contribuent à exacerber l’effet réel de ces mouvements en diffusant des matrices d’opinion faussées et dont l’importance et la légitimité ont été déformées. 

L’Alliance of Youth Movements n’est qu’un chapitre des plans de déstabilisation contre des pays anti-impérialistes souverains qui refusent toute domination. La double morale de Washington confirme la chose suivante : alors que le Département d’Etat soutient, finance et sponsorise la formation de jeunes d’autres pays à l’utilisation des nouvelles technologies pour déstabiliser leur gouvernement, il criminalise le recours à Twitter et à Facebook pour convoquer des manifestations contre les politiques de Washington aux Etats-Unis. On en a eu la preuve il y a trois semaines, lorsque des citoyens américains ont été arrêtés pour avoir utilisé Twitter afin d’informer les personnes manifestant contre le sommet du G-20 à Pittsburgh sur les actions répressives menées par la police.

Site officiel de l’Alliance of Youth Movements:
http://info.howcast.com/youthmovements/summit09/delegates

NdT

Primero Justicia : Bien que les leaders du parti se décrivent comme étant des humanistes de tendance centriste, les partisans du président Chavez prétendent que le parti Primero Justicia est un parti d’extrême droite d’inspiration fasciste. (Wikipedia)

Traduit par Chloé Meier pour Investig’Action.

Source :
Washington met en place ses réseaux Twitter – Facebook pour réaliser des coups d’Etat “soft” | Mondialisation

 

Comment les USA ont préparé la « Révolution Twitter » en Moldavie

Mondialisation.ca, 08 avril 2013

 

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Il y a tout juste quatre ans, des milliers de jeunes Moldaves étaient dans la rue pour contester la victoire des Communistes aux élections. Ces protestations furent présentées comme un nouvel épisode des « révolutions colorées » qui, depuis une dizaine d’années, balayaient en Europe de l’Est une série de régimes jugés « non démocratiques ». Des révolutions dont le terrain avait à chaque fois été préparé par les Etats-Unis en coulisses, et qui n’avaient en fait rien de spontané. Une situation à laquelle n’échappe pas la Moldavie, pays situé aux confins de l’Europe et de la Russie.

Au moment des événements d’avril 2009, la Moldavie était dirigée depuis une dizaine d’années par le Parti des Communistes, qui semblait prédisposé à remporter une nouvelle fois les élections. Ce parti, largement acquis à l’économie de marché, menait une politique jugée trop indépendante par Washington. Sous sa direction, la Moldavie refusait de rejoindre l’OTAN, entretenait de forts liens avec la Russie et, selon la Fondation Soros, se limitait à une « européanisation de façade ». Aussi les Etats-Unis préféraient-ils mettre à la tête du pays l’Alliance pour l’Intégration Européenne (AIE), une coalition de partis de droite qui leur étaient davantage soumis.

Plus d’un an avant le scrutin, l’ambassadeur US organisa une réunion pour « discuter de l’aide du gouvernement US en prévision des élections parlementaires de 2009 ». Etaient présents six membres éminents de l’USAID, dont les dirigeants de la Fondation Eurasia, d’IREX, de l’Institut démocratique international (NDI) et l’Institut républicain international (IRI). Après avoir reconnu que « les élections nationales de 2009 seraient âprement disputées » et que «  le parti au pouvoir serait tenté d’utiliser tous les moyens pour rester en place », ils convinrent d’une série de mesures pour « préparer » ces élections. Ces mesures visaient soit à favoriser les partis de l’opposition (aider à la création d’une coalition, déterminer les préférences des électeurs indécis, créer des sections locales, etc.) soit à former des observateurs en vue de « superviser » le scrutin. L’ambassadeur s’engagea à prendre en main la coordination de toute l’assistance et promit d’offrir des bourses aux ONG dont les activités iraient dans le même sens.

Les organisations US se mirent au travail au cours des mois suivants. IREX lança avec le soutien de l’USAID la campagne « Hai la vot ! » (« Allons voter ! »), destinée à récolter les voix des indécis et des abstentionnistes. Une camionnette remplie de jeunes activistes se mit à sillonner les routes de Moldavie pour convaincre les gens de se rendre aux urnes et, surtout, de voter de façon « réfléchie ». Présentée comme non partisane, cette campagne ciblait en priorité les jeunes, base électorale de l’Alliance pour l’Intégration Européenne. Les partis de l’opposition eurent également droit à des formations. C’est ainsi que, dans un entretien privé survenu quelques mois après le scrutin, le président du Parti libéral remerciapersonnellement l’ambassadeur US pour l’assistance dont son équipe avait bénéficié, en particulier de la part de l’Institut démocratique international et de l’Institut républicain international.

Cependant, comme une nouvelle victoire des Communistes était plus que probable, c’est dans la « surveillance » du processus électoral que les Etats-Unis investirent l’essentiel de leurs forces. Le but n’était pas tant de vérifier la validité du scrutin que de chercher la faute à tout prix. De la sorte, ils espéraient favoriser le déclenchement d’une « révolution colorée » telle que celles survenues avec leur soutien en Ukraine, en Géorgie et au Kirghizistan. En juillet 2008, un ancien membre de l’Institut républicain international dénonça dans la presse la préparation d’une telle révolution avec l’aide de l’USAID, de l’IRI et du NDI, ce qui sema un certain trouble au sein de l’ambassade américaine. Les organisations US purent néanmoins continuer leur travail normalement.

Une véritable armée d’observateurs, la « Coalition civique 2009 », fut mise sur pied avec lesoutien de la NED, de l’USAID et de la Fondation Eurasia. Cette coalition, dirigée par neuf organisations toutes financées par Washington, réunissait au total 70 ONG. Elle prévoyait de faire surveiller le déroulement des élections par 2000 observateurs et de tenir l’opinion publique au courant en direct des irrégularités constatées. Les USA dépêchèrent également en Moldavie des dizaines d’observateurs internationaux choisis par l’USAID, dont un grand nombre furent refoulés à la frontière en raison de leur implication dans les révolutions ukrainienne et kirghize.

Le 5 avril, jour du vote, les 2000 observateurs de la Coalition s’activèrent. Quatre communiqués de presse furent successivement publiés, répertoriant les moindres irrégularités constatées. S’ils n’incriminaient pas seulement le Parti des Communistes, ces communiqués dressaient toutefois un état des lieux globalement négatif, jetant le discrédit sur la validité du scrutin. Le 7 avril, alors que les premiers résultats donnaient le Parti des Communistes vainqueur, un nouveau communiqué fut publié qualifiant les élections de ni « équitables  », ni «  libres dans leur ensemble ». Aucune des critiques concernant les partis de l’opposition n’était reprise, seules restaient celles accusant les Communistes. Ce communiqué fut largement diffusé par l’ensemble des médias soutenant l’Alliance et circula sur les réseaux sociaux.

En réaction aux soupçons de fraudes véhiculés par les médias, des milliers de jeunes Moldaves descendirent dans la rue pour appeler à la tenue de nouvelles élections. La mobilisation se fit essentiellement via Facebook et Twitter. Les manifestants se rassemblèrent devant le Parlement qu’une minorité se mit à saccager. Parmi les casseurs, on retrouvait des nationalistes pro-roumains et des membres bien connus d’organisations d’extrême droite comme Noua Dreapta. Ceux-ci cherchaient visiblement à provoquer les forces de l’ordre pour attiser la colère des protestataires. Ces agitations n’aboutirent cependant pas et il n’y eut au final de « révolution » que le nom. Après un recomptage des voix, le Parti des Communistes fut à nouveau proclamé vainqueur. De son côté, unemission d’observation menée par l’OSCE, l’Union Européenne et le Conseil de l’Europe conclut que les élections s’étaient déroulées de manière globalement satisfaisante et sans incidents majeurs, enlevant à l’opposition son principal motif de contestation.

 

Un des leaders du mouvement fasciste
Noua Dreapta présent lors des protestations

Ce n’est qu’après la tenue d’élections anticipées en 2010 – sans lien avec les événements de 2009 – que le camp pro-occidental parvint finalement à la tête du pays, au terme d’une campagne où il fut encore une fois bien aidé par les USA. En visite sur place l’année suivante, le vice-président US Joe Biden ne put cacher sa joie  : « C’est vraiment un privilège d’être ici à ce moment déterminant de votre histoire », s’exclama-t-il. « La liberté est dans les airs ! ». Puis, déclarant que la Moldavie était en bonne voie mais avait encore du chemin à faire, il ajouta : « nous resterons à vos côtés jusqu’à ce que le travail soit terminé !  » Un beau gage de liberté, à n’en pas douter.

Simon de Beer

Comment les USA ont préparé la « Révolution Twitter » en Moldavie

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30 mars 2013 6 30 /03 /mars /2013 15:45

 

 

 

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Nous les militaires ne sommes pas là pour imposer des politiques de misère”

Première entrevue au Chili du commandant Chavez

 Le Comandant Chavez séjournait à l’hôtel Panamericanno de Santiago en octobre 1994. Le leader du soulèvement militaire de février 1992 avait passé deux années en prison. Au Chili aucun parti politique ne désira dialoguer avec lui et « Punto final » fut l’unique média à le rencontrer. 

Libéré de la prison ou il avait été enfermé pour avoir pris la tête du soulèvement militaire contre le gouvernement de Carlos Andrès Pérez, Hugo Chavez visita en 1994 quelques pays latino-américains, parmi eux le Chili. Sa visite passa pratiquement inaperçue (pour cette raison elle fut qualifiée ironiquement de “secrète”). En tout, l’ex commandant pu avoir une réunion avec un groupe de dirigeants, militants et sympathisants de Gauche, mené par l’historien Luis Vitale et le professeur Pedro Godoy. Punto Final fut l’unique média à avoir en cette occasion une entrevue avec Chavez.

Nous republions cette entrevue (PF 327) réalisée par Hernan Soto. Elle montre l’origine de beaucoup de choses et la capacité prédictive du leader vénézuélien, qui se projettera à l’échelle latino-américaine et même mondiale. Les plans qu’ébauchent Chavez vont être strictement accomplis. Sa pensée aussi va s’élargir et s’approfondir conduisant jusqu’à un nouveau socialisme sans perdre ses racines.

MOUVEMENT BOLIVARIEN

Comment le mouvement bolivarien organisé par des militaires prétend-il se convertir en instance de changement démocratique au Venezuela ?

« Son origine est dans le mouvement de jeunes officiers qui surgit lors du Bicentenaire de Simon Bolivar, confronté à la profonde crise économique mise en évidence par le dit « vendredi noir » de février 1983, alors que le pays se trouvait dans abyssale crise de devises, avec son économie virtuellement pillée.

On percevait également une profonde crise morale qui touchait jusqu’au haut commandement, alliés à des gouvernements corrompus et des intérêts antinationaux. Nous vîmes que se corrompait le “être militaire” que définit Bolivar dans son ultime proclamation de Santa Marta  les militaires doivent empoigner leur épée en défense des garanties sociales.

Le mouvement a grandi dans toutes les branches des forces armées comme un courant rafraîchissant qui finalement devint public. Il fit l’objet de différents arrestations et enquêtes qui ne menèrent à rien parce que l’activité bolivarienne n’était pas conspirative. Vint ensuite le « carasco » de février 1989, Carlos Andrès Perez avait triomphé en promettant un progrès politique et social, mais à peine arriva-t-il au pouvoir, il a voulu appliquer une politique d’ajustements récessif, de shock dans le styles des Chicagos boys, en commençant par une hausse du prix de l’essence.

Le pays a implosé. Pérez a ordonné que les troupes sortent “tuer des gens” (“a matar gente” NdT), ceci fut l’ordre textuel, pour effrayer le peuple. Il y eut plus de 5 OOO morts dans les rues de Caracas et dans les villes principales. Les Bolivariens, nous perdîmes un de nos meilleurs hommes, le commandant Felipe Acosta Canales. Nous avons de gros soupçons quant au fait que le gouvernement commanda son assassinat en profitant de la confusion. Obliger les forces armées à réprimer leur propre peuple signifie un massacre féroce. Hommes, femmes, enfants détruit par les balles, les cabanes dans les collines aplaties à coup de canon. Heureusement j’étais au lit, malade. Après la tragédie nous nous réunîmes, en mars et prîmes la décision. Nous nous dîmes : « ce mouvement va faire tomber Carlos Andres Pérez »

Une autre sorte de militaires

Quelle est l’influence de la doctrine de la Sécurité Nationale chez les militaires Vénézuéliens ?

“Elle perd de l’influence depuis 1970. Dans les sommets de la hiérarchie, il y a encore des études autour de ce modèle de sécurité qui s’appliqua spécialement dans le Cône Sud favorisé par l’Ecole des Amériques et le Pentagone. Nous autres nous nous sommes écartés de cette doctrine. Les militaires nous avons commencé à nous regarder nous-même. Nous nous sommes éloignés des schémas importés, imposés par l’Amérique du Nord. Les militaires vénézuéliens sont en majorité issus du peuple. Je suis un paysan. Presque toute ma génération de militaires vient des barrios (quartiers pauvres. NdT) ou de la campagne. Nous avons commencé à nous poser des questions. Des éléments historiques importants nous ont influencés. Par exemple, le coup d’état contre Allende. Il nous a profondément marqués. Nous nous dîmes : on parle de démocratie, mais quand il y a un gouvernement qui ne convient pas aux militaires ou un secteur minoritaire, ils le font tomber. Ce rôle de gendarmes ou « gorille » au service de gouvernements autoritaires commençait à nous devenir intolérable (…) Tout cela (l’expérience du gouvernement de Velasco Alvadaro au Pérou et de Omar Torrijos au Panama) fut pour moi une grande attraction dans la recherche de ce que nous cherchons encore : une nouvelle sorte de militaires pour l’Amérique Latine. Un militaire du peuple, un militaire dédié à son peuple et non un militaire pour réprimer et imposer des politiques de misère. »


Des militaires soumis aux règles démocratiques ?

“Evidemment. A elles et subordonné à l’Etat de droit. Nous décidâmes de nous insurger après le “carasco” et nous commençâmes le travail de la conspiration. Nous avions déjà une décennie de travail idéologique. Ce ne fut pas un mouvement conjoncturel. Nous avions des semences semées de toutes parts. Pas même moi je ne pensais que la rébellion prendrait une telle ampleur, malgré les manques de coordination qui la firent se fracasser Cela ne se limita pas à Caracas et Maracay, mais aussi dans des villes comme Valencia ou Maracaibo. »

FONDEMENTS POLITIQUES

Que se passe-t-il aujourd’hui avec le Mouvement Bolivarien ¿

“Le Mouvement Bolivarien 200, je crois qu’il a fait vibrer le peuple à l’unisson. Rafael Caldera est à présent président parce qu’il fut le seul capable de dire, quand on combattait encore dans les barrios, qu’un peuple qui a faim ne défend pas la démocratie et qu’il fallait analyser à fond les causes du soulèvement (du Carasco. PF). Le mouvement bolivarien a alors subit une transformation, il se convertit en un mouvement politique et le peuple nous appuie (…). Après le 4 février de 1992 (date du soulèvement contre Carlos Andrés Peréz) les sondages nous donnaient 90% de soutien contre 1% pour Perez. Un soutien qui était plus émotionnel que réel. A présent il s’établit entre 50% et 60%. Et il est très fort parmi les jeunes officiers qui nous appuient à 80%, selon un sondage mené par la direction du Renseignement Militaire. Ce qui effraye le gouvernement.


Vous êtes critiqué par différents secteurs…

« Ils nous ont dit de tout ; que je suis communiste, ce qui n’est pas la vérité, mais je ne suis pas non plus anticommuniste. Je suis allé en Colombie et j’ai rencontré le Ministre de l’Intérieur. J’ai été dans les universités et j’ai rencontré des dirigeants de Gauche, j’ai donné à connaître mes opinions et j’ai écouté celle de mes interlocuteurs. Bien, la Direction du Renseignement rapporta que j’avais offert 4 000 hommes à la guérilla colombienne. Ils disent également que je suis allié aux narcotrafiquants.

Quel est le programme du mouvement ?

“Dans un travail que j’ai écrit en prison, j’ai signalé les trois directions de cette étape de transition : idéologique, pragmatique et organique. Et quant au premier, il est vrai que sans idéologie il n’y a pas de projet de nation. Nous nous refusons à importer de l’idéologie et avons recours à la pensée bolivarienne qui pour nous est symbolique d’une action qui mobilise des anciens aux enfants… »

Mais concrètement…

“Dans le programme national Simon Bolivar nous parlons d’un modèle économique alternatif, d’une économie souveraine que réalise le rôle de l’Etat dans les entreprises de bases et dans les services sociaux, tel que la santé qui est une responsabilité inéludable de l’Etat d’offrir un service national. Dans cette économie souveraine, le secteur privé tient de larges champs d’action. Mais il ne doit pas assumer entièrement le contrôle nous ne devons pas tomber dans l’exagération du marché. Un modèle d’économie mixte, qui est en plus est fortement marqué par les coopératives, avec des modèles coopératifs de cogestion et d’autres formes nouvelles parce que nous devons rassembler le tout en un ensemble cohérent.

En politique nous pensons qu’une Assemblée Constituante est nécessaire qui, entre autre chose, additionne aux trois pouvoirs classiques un pouvoir moral et un pouvoir électoral. Pour nous autres Vénézuéliens, ce ne sera pas vraiment nouveau, puisque Simon Bolivar installa en Angostura, en 1819, et en Bolivie, le pouvoir électoral. Le pouvoir moral unifiera les instances de contrôle, comme un pouvoir élu par le peuple et non comme cela se passe à présent où les pouvoirs de contrôle sont nommés par le pouvoir à travers le Congrès, ce qui équivaut à dire par les grosses têtes » – le sommet de la hiérarchie - qui tient le pays amarré. Ils nomment également le Conseil Suprême Electoral, ce qui explique qu’au cours des dernières années ils durent répéter dix élections de gouverneurs pour fraudes dont on ne trouve jamais les responsables. Nous proposons un pouvoir électoral élu par le peuple, permanent, indépendant de tous les autres pouvoirs, qui contrôle la rectitude des processus électoraux et qui peut convoquer un référendum lorsque les autorités élues s’éloignent de la volonté de la majorité ».

CONJONCTURE ELECTORALE

Si vous n’obtenez pas l’Assemblée Constituante, vous présenterez-vous aux prochaines élections ?

« Non, aux prochaines nous n’irons pas. C’est une décision pratiquement prise. Elles auront lieu d’ici un an et deux mois, : elles sont trop proches (…) Mais oui nous nous présenterons aux élections de 98. S’éliront le Président et aussi des gouverneurs, maires, et conseillers pour trois ans »

Mais parler de 98 cela semble trop loin et aussi tellement improbable.. 

« C’est vrai. Au Venezuela tout peut arriver.  Il y a beaucoup d’effervescences. Nous avons demandé au Président Caldera qu’il convoque une Assemblée Constituante. Selon le dernier sondage – de Mercoanalisis – 82% des gens nous appuient. Mais le président a mésestimé notre pétition. “Ce serait une illusion », a-t-il dit, mais nous insisterons jusqu’à le sensibiliser. Si nous ne l’obtenons pas, si se maintient l’équilibre instable, nous nous présenterons aux élections.


Comment envisagez-vous les grands thèmes de l’intégration et la relation avec les Etats-Unis ¿

“Quant au second point,  doivent être des relations de respect mutuel. Nous n’avons pas l’intention d’envahir les Etats-Unis mais nous n’accepterons pas non plus d’être envahis par les Etats-Unis. Les pays d’Amérique Latine doivent peser leur propre poids et chercher des chemins d’intégration. Le problème de la dette externe exige, par exemple, une action commune. Si le Venezuela déclare un moratoire sur l’impayable dette externe- plus de 32 mille millions de dollars – ils nous écraserons. Mais il n’en sera pas ainsi si nous agissons tous conjointement. Nos relations avec les EU doivent être envisagés avec réalisme mais debout, avec une arrogante souveraineté et avec les bras tendus à l’Amérique Latine.

APPUI A CUBA

Et en qui concerne Cuba ?

“Cuba est une partie de l’Amérique latine. Elle est dans une situation fort difficile dont nous espérons que son peuple et son gouvernement sont capables de la surmonter. Cuba est pour nous un bastion de dignité. Là on est debout. En marge des différences idéologiques nous leur tendons la main”. 

Le Programme du mouvement, quel délai envisagez-vous pour sa réalisation ?

« Il s’agit pour nous d’une entreprise de longue durée, on pourrait dire 20 ans. Le général Omar Torrijos disait : avançons, fusse d’un millimètre, mais sachons bien vers où nous cheminons.

Quels sont les principaux adversaires du mouvement Simon Bolivar ¿

« La hiérarchie militaire qui  représente cette forme prussienne et arbitraire du monde militaire est l’un d’entre eux, et à des plans – nous en sommes convaincus - pour nous liquider. Egalement la police politique, la Disip. Nous avons des adversaires dans les grands intérêts qui savent que nous allons les combattre. Nous allons nous entendre avec ce que l’on appelle la « bourgeoisie nationale » mais pas avec les corrompus qui ont manipulé l’Etat et son truquage. Nous avons également des ennemis dans la hiérarchie politique, dans les structures rances de Action Démocratique et Copei (…) ».

Comment fonctionne le mouvement ? De manière verticale, militaire, hiérarchique ou démocratique ? 

« Nous pensons que la force vient d’en-bas, depuis les « catacombes sociales » et nous voulons donner au mouvement la tendance la plus horizontale possible. Nous avons des assemblée de mille et quelques personnes et nous tentons de parvenir à des formes de démocraties directes (…) »

Vous semblez mener une campagne à toute vapeur comme si vous aviez à gouverner demain.

« Oui, c’est vrai. Nous ne pouvons nous assoir et nous reposer. C’est un combat plus qu’une campagne. Le 1er novembre - et cela est une prémisse - nous commencerons à parcourir le Venezuela durant 54 mois. Nous irons de toutes parts pour faire connaître nos idées et aussi écouter et apprendre.  Je pense que nous ne pouvons pas échouer. C’est un autre siècle, un changement de millénaire dans lequel nous devrons agir. Nous avons dessiné le cercle, la spirale et l’ouragan bolivarien comme étape du mouvement en développement que nous mettons en pratique. Ce sont des temps favorables pour l’espoir, malgré l’angoisse qui est la situation aujourd’hui. »

(re) publié par Punto Final,édition N°776,8 mars 2013

 

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Source : La primera entrevista en Chile del Comandante Chávez 

Traduction Anne Wolff

 

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29 mars 2013 5 29 /03 /mars /2013 17:58

Ce fut certainement le meilleur moment médiatique de cette semaine. Quelqu’un dans l’entourage de Maduro disait qu’il était certain que le conseil principal que Chavez avait dû donner à Maduro était’ « Sois toi-même, Nicolas »

Voici donc Nicolas Maduro, président en exercice du Venezuela dans toute sa splendeur.

 


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Issu des quartiers populaires de Caracas et des luttes étudiantes contre les régimes répressifs (1) d’avant l’élection de Chavez en 1998, l’ex-syndicaliste du transport public Maduro a aussitôt été dénigré par les médias dominants au Venezuela (2) comme le chauffeur d’autobus, c’est-à-dire comme indigne de la fonction présidentielle. Ministre des Affaires Étrangères (2006-2013), Vice-président de la République (2012-2013), actuel président constitutionnel, Nicolas Maduro n’a pas répondu en brandissant son CV mais en prenant le volant d’un autobus pour conduire 61 familles pauvres jusqu’au seuil de leurs appartements construits dans le cadre de la Grande Mission Logement.

 

Extrait des articles que vous pouvez lire ici :

Les bolivariens en campagne ne croient pas aux larmes (I) | Venezuela infos

Les bolivariens en campagne ne croient pas aux larmes (II) | Venezuela infos

Un autre texte en français qui rend bien l’ambiance au Venezuela ces jours-ci :

Au Venezuela, la mort perd son combat face au peuple - Investig’Action

Une rétrospective un peu maigre bien sûr, ce qui en dit long, du Monde Diplomatique

Le Venezuela d'Hugo Chávez, une sélection d'archives du « Monde diplomatique » (Le Monde diplomatique)

Et deux surprises, l’excellent texte de Monsieur Asselineau publié par le Paysan de l’Allier dont je vous laisse la réflexion d’introduction

 Le Vénézuéla et Hugo Chavez vu par un diplomate(Mr Assineau) dont je ne partage pas les vues politiques , mais qui en dit long sur l’honnèteté intellectuelle de cet homme , et de la désinformation ambiante française , à lire et faire lire sans modération , vousny découvrirez ce que la France ne dit pas , ce que les médias ne disent pas , vousy découvrirez qui était Hugo Chavez salué ici par un de ses opposants politique français

L’autre, incroyable mais vrai Rue 89 avec un texte qui ressemble à du vrai journalisme, (il y a bien quelques petites erreurs et imprécisions quel’histoire corrigera)

Pourquoi Chavez rend tout le monde fou | Chez Gaël Brustier | Rue89 Les blogs

 

La campagne électorale bat son plein au Venezuela et Nicola Maduro déjà donné largement gagnant au départ monte dans les sondages alors que le candidat de l’opposition devient tellement dingo que ses sponsors de Washington menacent de le faire descendre pour semer la pagaille, seul intérêt qu’il semble encore offrir à leurs yeux.


 


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Nicolas Maduro, président Populaire dans tous les sens du mot, mandataire du peuple, issu  du peuple, travaillant avec le peuple, pour le peuple, les petits, les humbles, les gens d’en-bas comme disent ceux qui ici se prennent pour nos supérieurs – non mais. Nicolas Maduro qui pendant les 6 années où il a été ministre des Affaires Etrangères a pu tisser des liens avec les autres peuples et mandataires du continent en étant partie prenante des processus d’intégration régionale.

 


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Le peuple du Venezuela, mobilisé, depuis que Chavez avait dû repartir à Cuba en décembre pour y subir une nouvelle opération de son cancer, a donné une leçon à l’Empire le 10 janvier en défendant sa constitution et la légitimité présidentielle résultant d’élections dont la transparence et l’efficacité est vantée dans le monde entier. Le peuple du Venezuela et ses mandataires, nous donnent à présent une autre leçon en surmontant cette douleur partagée de la perte de l’irremplaçable Hugo pour aller de l’avant dans les processus de la révolution démocratiquebolivarienne qui a pour moteur l’amour.

Même libération (Télé : la leçon de Chávez à Mélenchon - Libération) a remarqué cette caractéristique première de Chavez et de tous ceux qui aujourd’hui le sont devenu : il  n’y a pas de haine, jamais, dans ces propos, ni dans ces comportements. Mais si ; l’arrogance souvent comique d’un grand diseur-de’-vérité de portée internationale qui met à plat les mensonges de l’Empire et de ses valets. Œuvre de salubrité publique à l’échelle internationale, en finir avec cette langue bifide que depuis toujours les indigènes attribuent à l’homme blanc.

(Une langue bifide est une langue présentant deux extrémités séparées. Encore appelée langue fourchue, elle est le symbole du diable et du mensonge. Wikipedia)

Double langage, double pensée, double comportement, schizophrénie de l’homme blanc divorce de l’exprimé et du pensé, du ressenti : Oui chef = Sale con ta gueule ! Sortir de cette logique-là, c’est ce que font les peuples en lutte d’Amérique Latine, la révolution bolivarienne étant la figure de proue de la lutte contre les tentatives d’extension de la colonisation et sa mise en déroute sur tout le continent mais un processus parmi d’autre à l’échelle d’un continent qui voit les peuples inventer ensemble de nouvelles manières d’habiter le monde. La Via Campesina qui chapeaute la réforme agraire du Venezuela  est un des symbole de ces unions de complémentarité parmi des milliers d’autres.

 

 

 Plus d’un millions d’hectares de terres ont été restitués aux peuples originaires, des gardiens des semences ont été institués, d’autres centaines de milliers d’hectares de terre dont ce qu’on appelle en Amérique Latine « biens mal acquis » ont été réattribués à de petits propriétaires, le pays est un des rares à être libre d’OGM et les droits intellectuels sur le vivants n’y ont pas cours, des fonds et autres moyens encourage le développement de l’agriculture urbaine qui permettent le développement de petites entreprises agricoles de proximité. Quand on sait que la famine guette le monde, Europe comprise, alors que s’installe le Monopole de Monsanto sur les chaînes de production alimentaire, avec interdiction de nos semences ancestrales et de nos potagers privés, de nos utilisations des plantes et ressources que nous offre la nature, on comprend que cette politique de souveraineté alimentaire qui tenait à cœur à Chavez, dans un état devenu communal, témoigne d’une vision dirigée vers l’avenir à long terme. La transition vers un autre paradigme, une autre manière d’habiter la planète, la seule qui nous promette à la fois la survie de l’humanité et les moyens de la dignité.

Je n’aime pas les slogans en tant qu’ils sont le moteur émotionnel de masses et je n’aime pas les masses. Un peuple debout et déterminé qui partage une intelligence collective n’a rien d’une masse, et « Nous sommes tous Chavez » n’a rien d’un slogan, c’est le cri d’une sensibilité et d’une intelligence partagée, un devenir collectif par lequel pouvoir à présent est partagé entre tous ceux qui en ont accepté l’héritage, Nicolas Maduro en tête.

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 Maduro promet d'être le  président qui surmontera les anti-valeurs du capitalisme et établira un nouveau modèle de société.


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20 mars 2013 3 20 /03 /mars /2013 23:12

 

 

 

 

 

 

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Théologies indiennes dans les églises chrétiennes : nous, les Indiens, pouvons-nous y gagner la place que nous méritons ?, première partie

Eleazar López Hernández

lundi 11 mars 2013, mis en ligne par Dial

Eleazar López Hernández est né en septembre 1948 et appartient au peuple indien zapotèque d’Oaxaca (Mexique). Il est prêtre du diocèse de Tehuantepec et sert la pastorale indienne du Mexique depuis 1970. C’est l’un des principaux instigateurs de ce qu’on appelle la théologie indienne en Amérique latine [1]. Il est membre du mouvement de prêtres indiens du Mexique, de l’Association œcuménique de théologiens du tiers monde (ASETT), de l’Équipe de théologiens amérindiens, de l’Association internationale de missionologues catholiques (IACM) et de l’Articulation œcuménique latino-américaine de pastorale indienne (AELAPI). Il est aussi assesseur du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM) pour les affaires indiennes [2]. Ce texte, que nous publions en deux parties, est issu de son intervention lors du Congrès continental de théologie qui s’est tenu du 7 au 11 octobre 2012 à l’Université do Vale do Rio dos Sinos (Unisinos) (São Leopoldo, État de Rio Grande do Sul) au Brésil.


Centre national d’aide aux missions indiennes, septembre 2012.

Moment d’interrogations transcendantales

Quand, dans le récit du Nican Mopohua, la Vierge de Guadalupe envoie l’Indien Juan Diego rencontrer le premier évêque du Mexique, Juan de Zumárraga – qui s’était déjà installé dans l’ancienne capitale aztèque, devenue après la conquête le siège du pouvoir colonial –, la réaction immédiate de Juan Diego fut : « Dame de mon cœur, tu m’envoies dans un endroit où je ne mets jamais les pieds ! » (Nican Mopohua). Cette conclusion était parfaitement logique chez le vaincu, qui observait comment les missionnaires et les hiérarques de l’Église s’établissaient au même endroit que ceux qui, à coups de canons et de fusils, s’y étaient imposés pour créer des institutions qui le spoliaient de tous ses droits humains, civils, culturels et religieux.

Cette perception critique de Juan Diego concernant la localisation des dirigeants de l’Église perdure de nos jours, malgré les beaux documents conciliaires et les paroles du magistère engageant les plus hautes instances ecclésiastiques – tout cela paraît resté à l’état de souhaits d’une rencontre, qui serait enrichissante pour l’Église, avec les peuples originaires. Elle est patente la contradiction entre les documents et leur concrétisation dans la vie ecclésiale. La pratique théologique, sacramentaire, ministérielle, liturgique et de vie religieuse animée par l’Institution ecclésiastique n’ouvre pas ou ne respecte pas les chemins réels qui surgissent pour faire rentrer dans l’Église la diversité des peuples et des cultures du monde des pauvres. C’est ainsi que nous, frères et sœurs indiennes, le ressentons, nous qui voyons avec effroi quelques agissements récents de la Curie romaine face aux églises particulières qui ont osé prendre au sérieux la proposition évangélique de Jésus et les directives du Concile Vatican II. Je me réfère, et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres, à des processus comme celui du Vicariat de Sucumbíos en Équateur [3], et de plusieurs diocèses de l’altiplano péruvien [4] et aussi de la région Pacifique Sud du Mexique [5], sur lesquels la Curie romaine a fait pression pour qu’ils changent radicalement d’orientation, précisément parce qu’ils avaient pris au sérieux la participation indienne en leur sein, avec toutes ses implications [6].

Selon les documents qui justifient l’intervention romaine, la Théologie des peuples indiens ou « Théologie indienne » – que nous élaborons maintenant à partir de la réalité et de la culture de nos peuples – est la cause principale du problème et de la nécessité de réorienter lesdits processus. Pour ce faire, ils ordonnent de faire disparaître cette théologie ou de la corriger en profondeur. C’est que les pasteurs de plusieurs églises particulières d’Amérique latine ont acquis la conviction que le moment est arrivé de surmonter les ravages d’une évangélisation coloniale qui a refusé l’entrée dans l’Église aux peuples, avec leurs luttes et leurs cultures autochtones, en imposant la culture occidentale comme unique vecteur d’expression de la foi chrétienne [7] ; pour reprendre maintenant la proposition que firent quelques missionnaires de la première évangélisation c’est-à-dire d’animer des processus solides d’indianisation ou d’inculturation, afin d’obtenir comme résultat ce que le Concile a souligné (LG6) : l’émergence d’églises particulières autochtones, enracinées dans leurs propres traditions et cultures et avec des serviteurs pastoraux issus de ces mêmes communautés. Voilà ce qui maintenant est sévèrement remis en question par Rome avec ses exigences de rectifications profondes qui, de fait, annuleraient ou réduiraient au minimum la composante indienne de ces processus.

Mais le plus angoissant à l’heure actuelle est que cette attitude ecclésiastique face à l’altérité culturelle et religieuse des Indiens et des pauvres ne subsiste pas seulement dans les hauts commandements de notre Église. Il y a aussi des signes de sa présence dans les milieux de la théologie et de la vie religieuse et pastorale latino-américaine qui, tout en cheminant avec une certaine autonomie dans leurs propres domaines, n’avancent pas suffisamment pour s’ouvrir pleinement aux filles et fils des peuples originaires et de celles et ceux qui veulent rester différents. Dans beaucoup de schémas prévalent encore des attitudes colonialistes que nous devons bannir pour ne pas mener à la contradiction les grands projets de la rénovation initiée dans l’église latino-américaine.

De sorte qu’il est juste que nous, les descendants des peuples originaires de ce continent, nous nous interrogions avec sérieux, non seulement face à l’autorité suprême de notre Église à Rome, mais aussi dans les instances intermédiaires et de base, si nous pouvons réellement espérer de l’ensemble de l’Église ou plus exactement du christianisme actuel, qu’un jour il y ait pour nous que l’on appelle « indigènes » un lieu digne en son sein, ou si, pour arriver à cet autre monde possible dont nous rêvons, nous devons laisser de côté de telles expectatives car elles manqueraient de racines et fondements.

Ces questionnements radicaux sont ceux auxquels je me suis vu obligé à penser encore et encore, en me connectant à l’angoisse comme à l’espérance de mes frères et sœurs d’origine indienne, qui nous sentons interpellés par les implications de l’époque actuelle, laquelle heureusement ou malheureusement coïncide avec la fin du Baktún 13 du calendrier maya, que certains ont reliée à de supposées prédictions indiennes de fin du monde.

Il y a des raisons à l’interpellation indienne

Il y en a qui, au vu du contexte actuel de la lutte indienne, émettent des doutes raisonnables sur la possibilité que cette trajectoire à contre-courant et totalement désavantagée ait quelque succès, s’agissant de transformations radicales des structures qui soutiennent le pouvoir de la classe dominante et des églises. À tel point qu’il semble qu’il n’y a plus qu’à réaffirmer ce que Jésus dit à un de ses disciples : « Laisse les morts enterrer leurs morts ; toi, viens et suis-moi » (Luc, 9,60) ; ou – ce qui serait plus terrible et drastique – répéter maintenant ce que les sages indiens de l’Anáhuac mexicain soutenaient, désespérés, au milieu de la crise sans précédent que provoquèrent par leur conquête les vainqueurs européens : « Si vous avez tué nos dieux, nous n’avons plus qu’à mourir aussi » (Bernardino de Sahagún, Colloques et doctrine chrétienne, Chapitre V ; Mexico, UNAM, 1986, p. 85).

Personnellement, je parie bien sûr sur l’espérance. Celle-là même que mes ancêtres ont eue dans des circonstances semblables à celles d’aujourd’hui, avec la conviction que les obscurités de la nuit qui nous sont imposées ne dureront pas toujours ; une nouvelle aube est en route, l’étoile du matin l’annonce. C’est le moment de Pachakutic et de Kairós ; et nous les Indiens devons contribuer à ce que le Soleil accélère l’arrivée de l’aube nouvelle de vie. Notre désir, comme croyants et membres actifs d’églises chrétiennes, est que Jésus et son projet du Royaume soient aussi présents, d’une manière constructive et digne, dans cette nouvelle aube.

Nouvelle présence indienne dans des cadres cléricaux et officiels des églises

C’est un fait indéniable que la présence indienne dans les églises chrétiennes a maintenant de nouvelles connotations, tant sur le plan du nombre que de la combativité en théologie et en pastorale. Nous autres, indigènes, sommes maintenant nombreux à occuper des postes de direction, de formation ou de service dans nos églises, qui nous placent bien au-delà de ce qui nous était assigné traditionnellement, c’est-à-dire le porche des temples et les espaces de la religiosité populaire, réduits à des sujets périphériques ou marginaux de la vie ecclésiale et ecclésiastique. Maintenant nous pouvons parler d’égal à égal avec ceux qui ont été nos missionnaires et maîtres, et même les interroger sur les schémas occidentaux avec lesquels ils ont construit et implanté les christianismes particuliers que nous vivons maintenant. Il est évident qu’en nous gagne du terrain le désir de ne plus être à leur image et à leur ressemblance, mais d’être des croyants en Jésus-Christ qui ne renoncent pas à l’identité indienne héritée de nos aïeules et de nos aïeux, mais plutôt la conduisent à sa plénitude au sein de l’Église. Ce qui nous pousse à reprendre des éléments fondamentaux de ces racines ancestrales de nos peuples pour les recréer à l’intérieur de l’Église et dans les nouveaux contextes civils où nous avons à vivre désormais.

Cette attitude indienne a été cause de beaucoup de malentendus, soupçons et reproches d’un secteur de frères et sœurs dans la foi chrétienne, surtout de ceux qui sont nos autorités ecclésiastiques. Mais elle a aussi suscité solidarité et compréhension d’autres qui se sont joints à nous pour lancer des transformations audacieuses et novatrices des structures ecclésiales afin de faire place à ces cris et exigences qui sont les nôtres mais aussi ceux d’instigateurs et instigatrices de rénovations radicales. Voilà les signes d’espérance qui nous font croire que l’Église aussi peut bouger dans un sens favorable à notre cause ; ainsi, ce que Galilée disait au sujet de la terre, quand l’Inquisition le menait au bûcher « e pur si muove » (et pourtant elle tourne), nous aussi nous l’affirmons à propos de l’Église.

Désir de décolonisation de la mentalité ecclésiastique

L’une des raisons principales pour lesquelles des membres de nos églises ne peuvent avancer vers les transformations que nous voyons nécessaires aujourd’hui, en relation avec les peuples indiens et les pauvres en général, est que persiste dans la grande majorité un mode de pensée et d’action qui vient du modèle colonial imposé à ce continent depuis plus de 500 ans. Dans ce modèle, on part de l’idée que le vainqueur européen – ainsi que ses clones fabriqués en Amérique – est en tout meilleur ou supérieur à l’Indien ou le pauvre vaincu. Il en résulte le persistant complexe de supériorité du ladino ou latin étranger face à l’infériorité induite du natif du lieu ; l’indigène ne peut avoir raison en rien simplement parce qu’il n’a pas gagné la guerre.

Cette attitude, qui a prévalu à presque tous les niveaux, a rendu impossible dans le milieu ecclésial tout effort de dialogue interreligieux, vu que l’on postule que le christianisme européen, avec ses expressions et institutions inculturées dans la matrice occidentale, se tient au-dessus des croyances populaires érigées en mythes, rites et symboles des peuples. En conséquence le Credo et la pratique théologique et pastorale de l’Église romaine ne peuvent donner lieu à discussion avec l’autochtone évangélisé, lequel doit les accepter tels que le missionnaire les présente puisque ce sont la concrétisation de l’« Unique Religion véritable ».

Aujourd’hui, si nous ne franchissons pas cette montagne que constitue cette manière de procéder, la lutte des peuples n’a aucune possibilité d’obtenir de grandes transformations, ni dans les sociétés nationales ni dans les églises. Nous avons tous besoin, comme l’ont déclaré les évêques à Aparecida (Ap. 96), de décoloniser notre esprit et notre cœur par rapport aux Indiens, aux pauvres et aux personnes différentes. Les pasteurs confessent dans ce document que l’histoire de l’évangélisation en Amérique latine enregistre une dette de l’Église vis-à-vis des peuples originaires, puisqu’au lieu de reconnaître leurs cultures et leurs religions comme le lieu où nous devions identifier et accueillir les « Semences du Verbe », celles-ci furent satanisées et attaquées par les missionnaires. Conséquence de cette pratique coloniale : ni on a permis que surgissent des églises particulières indiennes, ni on est venu à bout des croyances populaires, appelées par les missionnaires « idolâtries et superstitions ». Celles-ci survivent aujourd’hui dans ce que l’on appelle la « religiosité populaire », qui est l’expression majoritaire de la religion en Amérique latine. En d’autres termes, le fruit de cette manière colonialiste de procéder est que ni nous ne sommes les Indiens que les missionnaires ou agents de pastorale veulent que nous soyons, ni nous ne pouvons désormais être ce qu’étaient autrefois nos ancêtres. Nous restons Nepantla, – comme l’a dit pertinemment, durant la première évangélisation, un Indien mexicain à Frère Diego de Durán dans l’Histoire des Indes de Nouvelle Espagne et des îles de terre ferme (XVIe siècle), c’est-à-dire nous restons entre deux mondes culturels et religieux qui n’ont pu se réconcilier, précisément parce qu’ils en sont empêchés par les schémas coloniaux présents chez nos pasteurs mais aussi dans bien des bases ecclésiales, y compris chez quelques frères et sœurs indiennes.

Chemin ecclésial ouvert aux Indiens au milieu des épines

De toute évidence, nous ne pouvons nier que le processus de décolonisation a déjà commencé dans les églises chrétiennes. Preuve en est que la Pastorale indienne s’est étoffée dans beaucoup de nos églises particulières, surtout en ce qui concerne l’attention et la défense des droits des peuples originaires, exigeant des autorités civiles des transformations profondes et audacieuses des structures politiques et économiques. Un autre indice est l’existence de dialogues de haut niveau qui sont menés à bien tant dans l’Église catholique que dans le Conseil mondial des Églises et dans beaucoup d’autres instances ecclésiales, régionales ou locales, où apparaît clairement le désir de maintenir en activité ces espaces de rencontre et de recherche de propositions théologiques qui ne portent pas atteinte à l’intégrité de la foi chrétienne héritée de la tradition apostolique et postérieure.

De plus les documents pastoraux de beaucoup d’églises insistent régulièrement sur la nécessité de prendre au sérieux la parole et l’action des Indiens au sein des églises ; ils répètent encore et encore qu’il faut passer des actions indianistes, faites par des personnes non indiennes en faveur des peuples originaires pris comme objet d’attention et d’assistance, à des processus sérieux d’inculturation de l’Évangile, de l’Église, de sa liturgie, de sa théologie et de ses programmes ecclésiaux. On dit fréquemment qu’il ne suffit pas d’incorporer les natifs dans la vie ecclésiale comme des « corps présents » sans la vie qui provient de leurs cultures et de leurs expériences religieuses propres. Et en ce sens il y a certainement quelques pas significatifs qui ont été faits, comme d’utiliser les langues indiennes dans les célébrations liturgiques et dans la lecture de la Bible ; ou collaborer à des initiatives civiles pour la promotion et la défense des droits individuels et collectifs indiens.

Mais comme nous sommes loin de dialoguer vraiment avec les propositions culturelles et religieuses des peuples dans le but d’incorporer avec joie dans l’Église ce qu’il y a de bon et noble en elles comme patrimoine du Christ et de l’humanité. Souvent, les mots inspirés lancés par le Concile comme rencontre, dialogue, inculturation se sont réduits peu à peu dans l’Église d’aujourd’hui à des euphémismes ou à des manières nouvelles de conserver la même attitude anti-dialogue et impérative de toujours. C’est ainsi qu’il ne manque pas de pasteurs qui continuent de penser que plus nous, les Indiens, revendiquons notre origine ancestrale, plus nous nous éloignons du christianisme et devenons même antichrétiens. C’est sûrement ce qui a motivé les paroles du Pape Benoit XVI lors de l’ouverture de la Conférence de l’Épiscopat latino-américain à Aparecida (2007) : « L’utopie de retourner aux religions précolombiennes, en les séparant du Christ et de l’Église universelle, ne serait pas un progrès, mais un recul. En réalité ce serait une involution vers un moment historique ancré dans le passé » (Aparecida, Discours inaugural).

La deuxième partie de ce texte sera publié dans le numéro d’avril.


- Dial – Diffusion de l’information sur l’Amérique latine – D 3232.
- Traduction de Sylvette Liens pour Dial.
- Source (espagnol) : intervention de l’auteur lors du Congrès continental de théologie qui s’est tenu du 7 au 11 octobre 2012 à l’Université do Vale do Rio dos Sinos (Unisinos) (São Leopoldo, État de Rio Grande do Sul) au Brésil.


 

Notes

[1Sur ce point, on peut se reporter à la synthèse proposée par Alain Durand, « AMÉRIQUE LATINE - La théologie indienne latino-américaine », ou à l’ouvrage d’Alain Durand et Eleazar López Hernández, Sagesse indigène : la théologie indienne latino-américaine (Paris, Cerf/Dial, 2002) – note DIAL.

[3En 2010, alors que Mgr Gonzalo López Marañón, évêque du Vicariat de Sucumbíos, avait atteint l’âge de 75 ans, la Curie romaine décida non seulement de le relever de sa charge mais aussi d’ôter les Carmélites du Vicariat pour donner celui-ci aux Hérauts de l’Évangile, nouveau mouvement religieux clairement défini par une ligne missionnaire et pastorale à l’opposé de ce que Mgr Gonzalo et ses coreligionnaires avaient animé pendant tant d’années. Cela provoqua une crise très forte dans les bases indiennes du Vicariat et aussi dans l’Église équatorienne ; celle-ci a cherché à la résoudre en demandant le départ des Hérauts du Christ comme des Carmélites. En fin de compte les plus affectées ont été les communautés indiennes catholiques du Vicariat, qui se demandaient, découragées : « Pourquoi Rome agit-elle ainsi envers nous ? Quel mal lui avons-nous fait ? Quel pêché avons-nous commis ? » L’affaire s’est compliquée au point que Mgr López Marañón s’enhardit à poser publiquement le problème au moyen d’un jeûne prolongé qu’il mena à son terme sur une des plus grandes places de Quito. Jusqu’à présent, le problème n’a pas été résolu de manière satisfaisante pour les communautés catholiques. [Pour plus de détails sur cette question, voir DIAL 3155 - « ÉQUATEUR - « Hiver ecclésial » en Amazonie équatorienne » – ajout DIAL.]

[4Sur l’altiplano péruvien, durant les années 1950 à 1980, sont nées des expériences riches et paradigmatiques de rapprochement missionnaire et pastoral de la vie des peuples andins de cette région, qui se manifestaient par des matériaux théologiques, catéchétiques et liturgiques produits par lesdites églises engagées auprès des pauvres et des Indiens aymaras et quechuas. Mais, à partir des années 80, tout ce cheminement fut systématiquement bouleversé par des changements contrastés de pasteurs et par l’inclusion de nouveaux mouvements ecclésiaux qui firent virer à presque 180 degrés le travail missionnaire et pastoral réalisé là. [Pour plus de détails sur cette question, voir DIAL 2978 - « PÉROU - Situation de l’Église sud-andine » et DIAL 3107 - « PÉROU - Situation de l’Église en 2010 » – ajout DIAL.]

[5Dans les années 80, on imposa à Mgr Bartolomé Carrasco Briseño, archevêque d’Oaxaca, le « Tata des peuples indiens », un coadjuteur doté de pouvoirs spéciaux pour changer l’orientation de la pastorale qu’il avait animée dans cette église et dans la région. La même chose se passa en 1996 pour le diocèse de Tehuantepec, présidé par Mgr Arturo Lena Reyes, à qui on imposa un coadjuteur avec les pleins pouvoirs afin de modifier radicalement sa ligne de travail dans cette Église particulière.

[6Dans le diocèse de San Cristóbal de las Casas, au Chiapas, la Congrégation pour le clergé vient d’envoyer quelques observations au Directoire diocésain pour le diaconat indien permanent, qui concluent par l’exigence « de se corriger en profondeur » car on considère qu’il subit une « évidente influence pernicieuse de la théologie de la libération de type indianiste » (Lettre de la Congrégation pour le clergé au diocèse de San Cristóbal, juillet 2012).

[7Mgr Samuel Ruiz, évêque de San Cristóbal de las Casas, au Mexique, s’est exprimé ainsi en 1999 : « L’urgence de ce passage est absolument requise par 500 ans d’action évangélisatrice ; par le message de Guadalupe qui demande de construire une église auprès des Indiens vaincus, Sainte Marie de Guadalupe étant un exemple d’évangélisation parfaitement inculturé (Saint Domingue. Jean-Paul II : Discours inaugural n° 24 § 2) ; mais aussi par l’émergence actuelle des Indiens sur le continent comme sujets de leur histoire, comme l’a affirmé le Pape Jean-Paul II en mai 1993 au Yucatán. En ces circonstances, si l’avancée de l’action pastorale indienne repousse encore plus son but, qui est d’arriver à implanter fermement les Églises autochtones sur le continent, on ne réalisera pas l’unité des communautés indiennes autour du christianisme, où se vit une dichotomie (entre une culture propre qui survit encore et la culture occidentale imposée comme vecteur d’expression de la foi) mais on retournera, et cela a déjà commencé, à la religion préhispanique, où il y a unité entre la religion précolombienne et la culture, imposant, après 500 ans, la nécessité d’un dialogue interreligieux entre les religions indiennes et le christianisme, dialogue qui n’a pas eu lieu au temps de la conquête. » (Directoire diocésain pour le diaconat permanent, présentation).

 

Source :
AMÉRIQUE LATINE - Théologies indiennes dans les églises chrétiennes : nous, les Indiens, pouvons-nous y gagner la place que nous méritons ?, première partie - AlterInfos - América Latina


 (Dial - www.dial-infos.org)

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24 février 2013 7 24 /02 /février /2013 07:49

 

Je ne suis évidemment pas d’accord avec la conclusion de cet article par ailleurs excellent.

 Je me suis fait la réflexion début janvier, quand tous le peuple du Venezuela priait pour le retour de Chavez, pour sa vie, que si l’église devait excommunier Chavez, c’est lui que le peuple suivrait parce que c’est lui qui plus que l’église incarne les valeurs d’un christianisme authentique, un mot que j’emploie rarement mais qui trouve ici tout son sens.

Un mot sur toutes les lèvres, et bien au-delà des frontières du pays, en ces temps difficiles : »Amour », un principe religieux – re ligere – ce qui relie. Cette dimension religieuse, n’en déplaise à la secte athéiste universaliste qui gangrène notre gauche, est fondamentale, quand la religion n’est plus un opium mais une force qui met debout un peuple qui a retrouvé sa dignité et se battra pour la conserver. Chavez est le libertador, celui qui amène la liberté, soulève le joug de l’esclavage, du racisme, de la misère et de la honte qui les accompagne, celui qui ouvre les espaces de liberté dans lesquels le peuple apprend à prendre en main son destin, il est la dignité retrouvée du petit peuple, le chemin du Christ, comme celui de Bolivar. Quelqu’un a écrit : « Même les athées prient pour Chavez ».

D'ailleurs quand l'église a essayé de critiquer Chavez par lav oix d'un évêque local, elle a été rembarée et sommée de se taire au nom du respect pour une personne en lutte contre la mort,au nom du respect pour tous ses proches du monde entier partagés entre l'espoir et la douleur.

Ce peuple debout, faisant barricade contre les tentatives de déstabilisation de la droite avec ferveur et détermination, dont le message était « Nous sommes tous Chavez », autrement dit, il est déjà immortel, parce qu’il est en chacun de nous, malgré que je n’ai pas été élevée dans une religion cela évoquait assez fort la transsubstantiation.

Une révolution socialiste et chrétienne (on attend plus que de la voir plus écosophe, chemin qu’elle prend), c’est un phénomène inédit et qui mérite d’avantage notre attention, parce que ce qui nous manque cruellement dans nos révolte aujourd’hui c’est ce moteur d’amour.

Comme disent les zapatistes  « Il faut beaucoup d’amour pour faire une révolution » et comme disent les lakotas (sioux pour leurs ennemis) Mitakuye Oyasin « Nous sommes tous reliés ».

 

 

Joseph Ratzinger est essentiellement connu comme pape mais ses principaux faits d'armes, il faut les chercher durant la période où il était Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. En cette qualité il fut en effet l'architecte d'une des plus vastes campagnes idéologiques et politiques de l'après-guerre, ce qu'on a appelé la « Restauration ».

 



Néoconservatisme


En 1978 Karol Wojtila (nom du pape Jean-Paul II, ndlr) est appelé à diriger la plus grande communauté religieuse du monde. Il se trouve devant une église post-conciliaire en état de crise profonde : assistance à la messe et vocations en chute libre, nombre élevé de divorces entre catholiques, rejet de l'autorité papale en matière de contrôle des naissances ; un monde plein d'hérésie.


Il veut un virage radical. Plus de risques, plus d'expériences, c'en est fini des réflexions et des interventions. On garde sans doute les textes du Concile mais on en enterre l'esprit. Le pape se prépare à une politique ecclésiale centralisée et orthodoxe, accompagnée d'un réarmement moral et spirituel.


Pour ce faire il joue habilement du climat de cette époque qui présente d'ailleurs bien des ressemblances avec le nôtre. Au milieu des années 1970 commence une profonde crise économique. Le climat mental optimiste des années 1960 bascule et se caractérise par une aspiration à la sécurité et à la protection, le recours à une autorité – de préférence charismatique –, un réveil éthique, la fuite dans le domaine privé et l'irrationnel, etc.


C'est sur cet arrière-plan que se développe le « néoconservatisme ». Ce nouveau conservatisme ne se cantonne plus sur la défensive mais lance au contraire une offensive politique et idéologique. Ce courant est porté par de « fortes » personnalités, comme Ronald Reagan et Margaret Thatcher. Jouant habilement des massmedia, ils traduisent une tendance mondiale à accueillir un sauveur, la développent avec des représentations du monde simplistes, rayonnent d'assurance et d'optimisme, etc.


Le rottweiler de dieu


Un casse-tête encore plus important pour le pape, c'est la montée d'une église populaire progressiste en Amérique Latine. Wojtyla est polonais et anticommuniste jusqu'à la moelle ; combattre marxisme et communisme dans le monde est un des buts de sa vie. Comme l'influence du marxisme est indéniable dans l'église de la base et dans la théologie de la libération, il mettra tout en œuvre pour ramener le continent dans le droit chemin.


Pour ce faire, il compte sur Ratzinger qui a été nommé en 1981 Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, en quelque sorte le Ministère de l'idéologie et de l'information du Vatican. Il exerce ces fonctions pendant un quart de siècle et il en fera le meilleur usage pour imprimer sa marque sur les événements.


Ratzinger devient l'architecte d'une offensive pastorale et ecclésiale d'envergure à laquelle il donne lui-même le nom de « Restauration ». Le but est le renforcement de l'appareil de direction central et la dislocation de toute forme de dissidence à l'intérieur de l'église. Ratzinger se révèle bientôt un véritable grand-inquisiteur, ce qui lui vaudra le nom de « rottweiler de dieu ».


Toute l'église catholique est visée mais les flèches sont surtout dirigées vers l'Amérique Latine et c'est là que l'impact politique est de loin le plus important. Nous nous bornerons donc dans la suite de l'article à ce continent


L'anéantissement de l'église du peuple et de la théologie de la libération


La première démarche est l'établissement d'une base de données reprenant les conférences épiscopales, les théologiens de la libération, les religieux progressistes, les projets pastoraux suspects, etc. Dans presque tous les diocèses sont nommés des évêques et des cardinaux ultra-conservateurs et ouvertement de droite. Rien qu'au Brésil sont nommés une cinquantaine d'évêques conservateurs. A la fin des années 1980 cinq des 51 évêques péruviens sont membres de l'Opus Dei. Le Chili et la Colombie suivent le même chemin. Des évêques dissidents sont mis sous pression, certains reçoivent des lettres d'avertissement ; à d'autres il est interdit de voyager ou on leur demande des comptes.


Cette politique de nominations est d'autant plus grave que l'épiscopat joue un rôle important dans ce continent. Dans bien des cas c'est la seule opposition possible à la répression militaire, à la torture, etc. Si les évêques du Brésil et du Chili s'étaient tus, comme l'ont fait ceux d'Argentine, le nombre de victimes de la répression eût été bien plus élevé.


Aux niveaux inférieurs aussi on a fait le ménage. On retravaille la formation des prêtres en mettant sous pression séminaires et instituts de théologie, en les réorientant ou en les fermant. On tente de mieux contrôler les religieux qui sont souvent protagonistes de l'église de la libération. Une attention spéciale est accordée aux théologiens. Ils sont dorénavant tenus en respect en leur faisant prêter le nouveau serment de fidélité.


En 1984 Ratzinger rédige l'« Instruction de la Sainte Congrégation pour la Doctrine de la foi au sujet de quelques aspects de la théologie de la libération ». Il y attaque de front les théologiens de la libération, surtout ceux d'Amérique Latine. Un an plus tard, il est interdit à Leonardo Boff, une des figures de proue de ce mouvement, de s'exprimer. La mainmise sur les journaux catholiques est renforcée : là où on le juge nécessaire, on les censure, le conseil de rédaction est remplacé ou le journal est mis sous pression financière.


Les projets pastoraux progressistes sont mis sous contrôle ou même on y met fin. En 1989 le Vatican cesse de reconnaître l'Association internationale de la jeunesse catholique, beaucoup trop progressiste. Elle doit céder la place au CIJOC, confessionnel et opposé à la gauche.


A côté de la destruction de tout ce qui est progressiste, de gigantesques projets sont mis en route pour ramener les croyants dans le droit chemin. Evangélisation 2000 et Lumen 2000 sont des projets à grande échelle visant l'Amérique Latine, qui n'ont pas moins de trois satellites à leur disposition. Les projets sont établis par des personnes et des groupes de droite ultra-conservateurs : Communione e Liberazione, Action Marie, Renouveau catholique charismatique, etc. Les collaborateurs de ces géants de la communication comparent leurs activités à une sorte de nouvelle « puissance de lumière ».


Ceux qui savent lire sont inondés de livres religieux édités à bon marché. Des retraites sont organisées pour les prêtres et les religieuses. Pour ces projets à grand spectacle le sommet de la hiérarchie catholique peut compter sur l'appui financier du monde des affaires.


Croisade anticommuniste


Rien n'est laissé au hasard. Un à un tous les piliers de l'église du peuple d'Amérique Latine sont écartés. Des observateurs parlent du démantèlement d'une église. Nous avons ici affaire à l'une des campagnes idéologiques et politiques les plus importantes de l'après-guerre.


Cette campagne est en phase avec la croisade anticommuniste de la Guerre froide. On peut aussi y voir une revanche des USA après la perte de puissance des années précédentes.


Pendant les années 1960 et 1970 les pays du Tiers Monde ont en effet renforcé leur position sur le marché mondial. Ils ont arraché des prix plus élevés pour les matières premières et ont ainsi amélioré leur pouvoir d”achat sur le marché mondial. Le point culminant est la crise du pétrole de 1973. En 1975 le Vietnam inflige une cinglante défaite aux Etats-Unis. Peu après la Maison Blanche est humiliée par deux fois d'abord par la révolution des sandinistes dans leur arrière-cour (1979), puis par le drame des otages en Iran (1980). Dès son arrivée au pouvoir Reagan se sent en outre menacé par l'attitude d'indépendance économique de deux Etats aussi importants que le Mexique et le Brésil.


La Maison Blanche ne baissa pas les bras et déclencha une contre offensive sur plusieurs fronts. La théologie de la libération fut une des cibles les plus importantes. Dès la fin des années 1960 la théologie de la libération, encore à un stade embryonnaire, fut considérée comme une menace pour les intérêts géostratégiques des USA, comme en témoigne le rapport Rockefeller.


Dans les années 1970 furent créés des centres théologiques qui devaient engager le combat contre la théologie de la libération. Mais c'est surtout à partir des années 1980 que cette contre offensive atteignit sa vitesse de croisière. Les Etats-Unis versèrent des milliards de dollars pour soutenir la contre-révolution en Amérique Latine. Cette sale guerre a fait des dizaines de milliers de victimes. Escadrons de la mort, paramilitaires, mais aussi l'armée régulière ont fait la sale besogne. Dans les rangs des mouvements chrétiens de libération sont tombés beaucoup de martyrs. Les plus connus sont Mgr Romero et les six jésuites du Salvador.


Pour combattre la théologie de la libération sur son propre terrain, on introduisit des sectes protestantes. Elle reçurent un soutien financier massif des USA. Par des slogans racoleurs et des messages sentimentaux elles devaient essayer d'attirer les croyants. Pour les arracher à l'influence pernicieuse de la théologie de la libération, on a fait usage de moyens électroniques coûteux. La religion se révèle ici opium du peuple sous sa forme la plus pure. L'armée aussi est enrôlée dans cette guerre religieuse. Des officiers supérieurs des armées latino-américaines ont rédigé un document pour donner consistance au « bras théologique » des forces armées.


Mission accomplie


Les efforts combinés de Ratzinger et de la Maison Blanche ont été payants. Dans les années 1990 un coup très dur a été porté à l'église de la base en Amérique Latine. Bien des groupes de base cessent d'exister ou fonctionnent encore à peine par manque de soutien pastoral, par crainte de la répression, parce qu'on ne croit plus à la percée espérée, ou simplement parce qu'ils sont liquidés physiquement. L'optimisme et l'activisme des années 1970 et 1980 font place au doute et à la réflexion. L'analyse de la société perd de son poids au profit de la culture, de l'éthique et de la spiritualité, tout profit pour Ratzinger.


Globalement le centre de gravité passe de la libération à la dévotion, de l'opposition à la consolation, de l'analyse à l'utopie, de la subversion à la survie. Le récit de l'Exode fait place à l'Apocalypse et aux Apôtres.


A la fin du siècle l'église de la base n'est en tout cas plus une menace pour l'establishment. Tant le Vatican et le Pentagone que les élites locales d'Amérique Latine ont pour le moment un souci de moins. Cette trêve prend bientôt fin avec l'élection de Chavez à la présidence du Venezuela, mais ceci est une autre histoire.


En 2005 Rarzinger est récompensé pour le succès de son œuvre de restauration et élu à la tête de l'église catholique. Mais il est bien moins brillant comme manager que comme inquisiteur. C'est finalement un pape faible. Il laisse une institution affaiblie, menacée par un manque de prêtres et un dessèchement à l'ouest ainsi que par des scandales répétés. Il ne réussit pas à mettre de l'ordre dans les affaires du Vatican, peut-être une des raisons pour lesquelles il abdique.


Ratzinger entrera dans l'histoire avant tout comme celui qui a accompli la restauration de l'église catholique et mis l'église du peuple d'Amérique Latine hors d'état de nuire. Ce ne sont pas des mérites négligeables.



Pour les sources de cet article voir La crise de la Théologie de la libération et le marxisle religieux (en néerlandais).


Source en français : michelcollon.info

Via :
Mes coups de coeur

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16 février 2013 6 16 /02 /février /2013 00:45

 

 

Une Opportunité pour dignifier la condition des ouvrières de la maquila

Par Maria Cruz Tornay

Définition du terme maquila (maquiladora - Wiktionnaire)

Description : Origine et histoire de « maquiladora »Étymologie 

Mot espagnol, lui-même issu de maquilar (percevoir un pourcentage sur la farine en échange de l'utilisation d'un moulin).

maquiladora /ma.ki.la.dɔ.ʁa/ féminin

  1. Usine qui bénéficie d'une exonération des droits de douane pour pouvoir produire à un moindre coût des marchandises (en Amérique latine). Abréviation : maquila.
    • Parmi les points d'interdépendance, on trouve la maquiladora, conçue comme un vecteur de production et depuis le début, comme une stratégie de réduction des coûts de l'appareil productif américain par le déplacement de ses processus de production, à la recherche de main d'œuvre et/ou nuisibles à la santé humaine et environnementale. (Blandine Laperche, L'innovation pour le développement: Enjeux globaux et opportunités locales, Khartala, 2008, page 39. ISBN 281110030X) 

 

Pueblos

 Description : Maquila - El Salvador

L’assemblée législative du Salvador prépare depuis l’année passée la réforme de la Loi des Zones Franches Industrielles et de Commercialisation, lois qui régulent le fonctionnement à l’intérieur de ces aires de production, ainsi que ce qui concerne les bénéfices et obligations des entreprises qui y sont installées. La Chambre étudie les propositions présentées avec l’objectif de mettre en adéquation la législation avec les règles de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en relation avec les subsides. Avant le 31 décembre 2015, le Salvador et 18 autres pays en voie de développement doivent éliminer les subsides à l’exportation dont bénéficient actuellement les entreprises situées dans ces Zones Franches.

L’importance  que peut avoir le résultat  final de la réforme de cette loi est plus qu’évidente si on observe le poids que pèse dans l’économie salvadorienne l’industrie des maquilas et concrètement de la maquila du textile.  Il existe actuellement 16 zones franches situées dans 6 des 14 départements qui composent le pays, dans lesquelles sont installées plus de deux cents entreprises  (1) dédiées au secteur textile, à la confection, l’électronique et l’agro-industrie entre autres.

Le négoce de la maquila au Salvador s’est dynamisé avec l’entrée en vigueur des accords de libre-échange par lesquels s’est potentialisée l’exportation de produits non traditionnels comme le textile et la confection. Quoique au cours des dernières années l’entrée aux EU de produits en provenance de Chine a eu un impact économique négatif sur les exportations de l’Amérique Centrale, ce qui est certain c’est que l’industrie textile du Salvador a réussi a maintenir une représentation à 45% des produits d’exportation et que 77,8%(2) de ses produits sont vendus sur le marché étasunien, malgré la chute de la consommation dans ce pays.

L’impact économique de la maquila s’évalue au volume de main d’œuvre. On estime que quelques 81 000 personnes, la plupart des ouvrières avec peu de qualification professionnelles, travaillent comme salariées pour les maquilas, ce qui convertit ce secteur en une des rares options d’emploi formel pour les femmes du Salvador. En marge de ces données nous trouvons les bordadoras, les couturières à domicile sans relation de travail avec la fabrique, malgré que certaines travaillent depuis des années pour la même entreprise.

Barbelés et caméras de sécurité

Les Zones Franches sont des territoires pratiquement impénétrables entourés par des fils de fer barbelés, surveillées par des caméras de sécurité et des gardes armés. Personne n’y entre ni en sort sans identification ou sans avoir reçu au préalable l’autorisation par une des entreprises. Seul le témoignage des travailleuses donne un peu de lumière sur ce que souffrent des milliers de personnes pour lesquelles les garanties minimum du droit du travail ne sont pas respectées. Dans un rapport dans lequel sont documentées les conditions de travail dans la fabrique Ocean Sky(3) sont récoltées les plaintes pour les cris et menaces de la part des superviseurs comme moyen de pression pour obtenir les rendements imposés. Six travailleuses furent renvoyées pour avoir dénoncé la contamination fécale des eaux qui approvisionnent l’usine

Les humiliations quotidiennes dans la fabrique et l’existence d’un salaire minimum de 187,6 dollars mensuel convertissent l’emploi dans la maquila textile dans l’un des travaux dans lesquels existe la plus grande précarité mais aussi la plus grande impunité. Malgré que la Loi des Zones Franches garantisse les droits du travail des personnes employées, jamais n’ont été retirés à aucune fabrique les incitants fiscaux auxquels la loi condamne les entreprises qui violent ces droits.

Pour les mouvements qui travaillent depuis des années pour la défense du droit du travail et humains dans les maquilas, la réforme de la loi actuelle se convertit en une opportunité pour en finir avec l’impunité des fabriques. Ce fut la préoccupation des Mujers Transformando (MT), organisation qui depuis une décennie lutte pour la défense des droits et l’augmentation du pouvoir des ouvrières.

Monserrat Arévalo, coordinatrice de cette organisation, située dans la municipalité de Santo Tomas, explique comment la modification de la Loi des Zones Franches coïncide avec l’arrivée du « gouvernement du changement », slogan avec lequel le Front Farabundo Marti pour la Libération Nationale (FMLN) a obtenu la victoire aux élections de 2009 après 20 ans de gouvernement de l’Alliance Républicaine Nationaliste (ARENA). Cette conjoncture, d’après MT, pose l’opportunité d’un processus dans lequel les travailleuses introduiront leurs demandes et celle-ci seront récoltées par les organismes institutionnels pour l’élaboration de la future loi.

Capacitation des ouvrières

Avec la collaboration de la Professeure en Economie Politique de l’Université centraméricaine Simeon Cañas (UCA) Julia Evelyn Martinez, s’est menée une capacitation des ouvrières en matière de concepts économiques qui leur facilitent l’analyse de leur sort comme ouvrière à l’intérieur des maquilas, ainsi que les outils nécessaires pour l’élaboration de leurs propositions. Une analyse qui, selon ce que commente Montserrat, se réalisa avec les « gafas moradas » ( Lunettes UV? NdT) pour entendre la logique des politiques néolibérales et comment elles exploitent les femmes. Grâce à cette capacitation et au travail depuis l’organisation qui se réalise depuis des années, les femmes travaillent avec des concepts de la production mondiale et comprennent « pourquoi ce sont elles qui touchent le moins pour assembler des pièces et pourquoi les travaux mieux payés s’effectuent dans le Nord ».

Marylin Sanchez, avocate de MT, rappelle comment la capacitation concernant différents aspects du capitalisme,  du patriarcat et des chaînes de production, a permis qu’à la fin du processus, les ouvrières elles-mêmes élaborent leurs propositions pour définir quelles améliorations elles souhaitent obtenir dans leur travail. Tenant en compte que l’économie malmenée du Salvador, le salaire des maquilas n’atteint pas le panier de base, les premières propositions allèrent dans le sens d’une augmentation de salaire, mais aussi l’introduction dans la loi des bordadoras à domicile pour qu’elles obtiennent les mêmes garantie que les travailleuses qui cousent à l’intérieur de la fabrique. Le reste des propositions se dirigèrent dans le recouvrement des besoins pendant les journées de travail, comme la création de réfectoires et l’obligation de pauses pour éviter les maladies provoquées par les mouvements répétitifs.

Sandra Patricia Nareja a 33 ans, elle travaille depuis 8 ans à la maquila et résume son désir de changement dans la fabrique comme “l’existence d’un traitement digne”. Pour Paty, comme l’appellent ses compagnes, un point clé pour obtenir la dignité à l’intérieur de la fabrique passe par une augmentation « réelle » du salaire. C’est que, pour cette ouvrière de San Tomas, l’augmentation annuelle de 5 dollars sur un salaire de 187,60 dollars mensuel est une moquerie. Elle est également consciente des injustices,  endurées comme travailleuses et comme femmes et, qui se traduisent en sort de misère, de maltraitance, de manque de repos car s’ajoutent les heures de travail à la maison après les heures de travail.

Après des années à être organisée dans MT, elle ne doute pas qu’à l’intérieur de la fabrique peuvent être apportées des améliorations qui ne s’obtiendront « qu’à travers la lutte et l’Union des Compagnonnes ». Uniquement ainsi s’obtiendront les bénéfices qui peu à peu furent concédés via l l’organisation et qu’il faut recommencer à défendre chaque fois que l’entreprise, se ferme et se rouvre avec un autre nom, malgré qu’elle n’ait pas changé de propriétaire.

Proposition de réformes

Les propositions réalisées par les travailleuses furent le point de départ du travail d’une équipe d’avocates pour mettre en forme juridique les revendications et identifier les vides qui permettent aux entreprises de contourner la loi. Depuis que le processus s’est mis en marche, différentes organisations féministes et syndicales se sont ajoutées à l’élaboration de la proposition afin de concevoir les mécanismes légaux pour empêcher que les maquilas se soustraient à l’accomplissement de la loi.

Le processus qui a commencé il y a plus d’un an, s’est matérialisé en octobre dernier quand les 11 organisations qui avaient participé à la rédaction du texte,  présentèrent à l’Assemblée Législative la présentation de réforme composée de 22 articles conçus pour garantir l’accomplissement de l’article 29 de la loi actuelle, dans lesquelles se règlent les droits du travail dans les maquilas.

Parmi ces propositions figure la création d’un fond destiné à couvrir les indemnisations des travailleuses et le réengagement des anciennes travailleuses en cas de fermeture et réouverture, une pratique habituelle des entreprises pour continuer à bénéficier des incitants fiscaux que reçoivent pendant 10 ans les entreprises installées en Zone Franche.

Le texte inclut une autre série de mesures pour améliorer les conditions à l’intérieur des fabriques. Comme la création de salle de repos et de réfectoires pour que les travailleuses disposent d’un espace à l’heure du déjeuner et qu’elles ne se voient pas obligées de déjeuner sur les trottoirs hors de la fabrique, ainsi que cela se pratique dans la majorité des zones franches jusqu’ici Quelques autres mesures qui composent le texte visent à en finir avec les pratiques habituelles qui porte atteinte à la dignité des ouvrières, comme les tests de grossesse ou de séropositivité et les inspections abusives (fouilles au corps. NdT) pour contrôler s’il n’y a pas « soustraction » de matériel.

D’après les Mujeres Transformando, il résulte que cette proposition de réforme est la seule qui recueille la voix des travailleuses qui sont affectées par la loi. L’unique texte présenté à l’Assemblée législative avait été l’accord conclu entre l’exécutif du gouvernement de FMLN et le patronat des maquilas dans une négociation dont furent exclues les ouvrières et qui étudie seulement les aspects fiscaux et économiques de la loi.

Les travailleuses organisées dans MT sont conscientes que l’entrée de la proposition de réforme à l’Assemblée Législative est seulement un pas de plus pour obtenir l’accomplissement des droits du travail. Monserrat Arevalo nous rappelle que c’est le pouvoir économique qui possède l a plus grande influence dans ce pays » et n’importe quelle proposition dans le contexte de la maquila précisément implique de toucher les intérêts économiques. Pour elle, la stratégie actuelle, consiste à faire pression sur les députés de l’Assemblée et obtenir que le gouvernement réalise des politiques pour l’amélioration sociale du Salvador.

En tant qu’organisation insérée dans les réseaux de solidarité de la maquila, la stratégie pour conquérir des droits passent par l’alliance des travailleuses de la maquila de Centramérique. La coordinatrice de MT explique qu’étant donné que les capitaux circulent dans la région, les liens entre les ouvrières sont importants. Un de ces échanges entre travailleuses a eu lieu au Honduras en octobre passé  dans le cadre d’une rencontre entre travailleuses honduriennes et salvadoriennes de la maquila du textile dans laquelle elles purent partager les expériences de travail de chaque pays.

Comme fruit de cet échange, les ouvrières apprirent comme les patrons utilisent la même menace de transférer la production dans l’autre pays obtenant des rendements plus élevés. Selon Monserrat, cela fut utile parce que les ouvrières acquirent les arguments pour répondre aux menaces des superviseurs à présent qu’elles savaient qu’il n’est pas certain que dans d’autres pays on couse plus vite.

Stratégie régionale

L’alliance entre les organisations de femmes de Centramérique est une clé pour créer des stratégies qui permettent d’avancer dans l’accomplissement des droits humains des femmes d’une région dans laquelle se donnent les plus grandes inégalités de genre du continent. Dans le cadre de la défense du droit des travailleuses, les organisations Réseaux Centraméricain de Femmes (Redcam), Réseaux de solidarité des Maquilas (RSM) et Fonds centraméricain des Femmes (FCAM) initièrent un processus de dialogue et d’échange d’expérience avec l’objectif d’avancer dans la construction  collective d’un agenda des droits du travail des travailleuses de la maquila.

Le processus commença avec la convocation d’ateliers nationaux dans lesquels les ouvrières du textile de chaque pays identifièrent les problèmes principaux soufferts dans les fabriques, en plus de planter leur proposition d’action pour y apporter une solution. Les bas salaires, le non-accomplissement des normes de sécurité et de santé occupationnelle  et les mauvais traitements verbaux sont des situations qui se répètent constamment dans les témoignages qui arrivent de l’intérieur de chaque maquila textile. Mais le débat entre travailleuses et organisations présentes dans tout le pays permit que soient mises en lumière d’autres situations qui reflètent les humiliations auxquelles les ouvrières sont soumises quotidiennement.

Un des cas les plus alarmant pour le danger qu’il implique pour la santé des travailleuses  est l’imposition d’objectifs “exagérés et trompeurs » comme elles-mêmes les dénomment. Les superviseurs obligent à l’accomplissement d’objectifs pour obtenir une prime qui, de manière habituelle, se perd  faute de 3 ou 4 pièces. Une des stratégies des superviseurs est la réalisation d’objectifs en équipe de travailleuses qui est supposé permettre une prime pour elles toutes. Dans le cas ou toute l’équipe n’a pas finalisé sa partie, l’entreprise se charge de faire savoir à l’équipe qui a failli à la tâche par la pose d’un ruban rouge à son poste. Le reste des travailleuses alors savent bien que malgré qu’elles aient atteint leur quota, elles ont perdu la prime par faute de la compagne qui n’a pu finir sa tâche.

L’information récoltée à travers les différents ateliers nationaux a été unifiée lors d’une rencontre en novembre dernier à Managua à laquelle s’étaient donné rendez-vous les organisations centraméricaines de défense des droits du travail pour établir un agenda qui encadrera la stratégie de lutte pour les prochaines années.

Avec l’objectif de réaliser une analyse du contexte centraméricain, les mouvements du Honduras, Guatemala, Salvador et Nicaragua exposèrent les situations que subissent les travailleuses en matière de droit de se reproduire et sexuels et en matière de santé du travail. Dans les cas du Guatemala, l’Association de Femmes en Solidarité (AMES) dénonça la situation de harcèlement sexuel, la pression et harcèlement  que subissent les femmes enceintes pour qu’elles finissent par renoncer à leur poste, ou la discrimination et les humiliations que subissent les travailleuses lesbiennes  qui sont affectées aux tâches les plus dures.

Les organisations du Honduras lancèrent l’alerte sur le recul que subissent les femmes dans leurs droits sexuels et de la reproduction depuis le coup d’état, comme dans le cas de la récente interdiction de la pilule d’urgence. Le Collectif des Femmes du Honduras (CODEMUH) présenta les résultats d’une enquête(4) réalisée récemment dans laquelle il fut démontré que les hautes fréquences de maux musculaires, osseux et de problèmes psychiques sont liées avec les conditions de travail dans la maquila du textile.

La synthèse des discussions et débats des organisations de travailleuses du Honduras, Guatemala, Nicaragua et Salvador se matérialisa dans plus de 40 propositions regroupées en 3 axes : droit du travail, droits sexuels et économie féministe. La construction de l’Agenda et de la stratégie régionale à moyen terme connaîtra une nouvelle avancée en mars prochain, quand les lignes d’action seront présentées, discutées et rectifiées au Nicaragua par plus de mille travailleuses de la maquila textile.

Défendant les ouvrières depuis des années, les organisations sont conscientes que les entreprises répondent aux exigences par les menaces de délocalisation.  Malgré cela, il y a quelque chose avec quoi toutes ont été d’accord au long de ce processus : défendre l’emploi dans les maquilas mais toujours dans des conditions de dignité.

Notes

(1)Données de la Chambre d’Industrie Textile, Confection et Zones franches du Salvador (CAMTEX)

(2)Idem

 (3) Les travailleuses sont payées seulement 8 centimes pour chaque chemise de NFL ( ? NdT) de 25$ qu’elles cousent pour Ocean Sky au Salvador. Institut pour les Droit du Travail et Humains, Mujeres Transformando ; 2011

 (4)Les conditions de travail et la prévalence de maux musculaires, osseux et psychiques dans la population travailleuse de la maquila de la confection, département de Cortès, Honduras. Collectif de Femmes du Honduras (CODEMUH) et Université Autonome Métropolitaine Xochimilco du Mexique

Maria Cruz Tornay est communicatrice spécialisée dans les questions de genre et journaliste de Mujeres Transfoemando (Salvador)

Cet article a été publié dans le n°55 de Pueblos- Revue d’Information et de Débats – Premiersemestre 2013

Source : http://www.rebelion.org/

Traduction Anne Wolff

 

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7 février 2013 4 07 /02 /février /2013 22:31

 

Esther Vivas

On a occupé des places, des banques, des logements, des auditoriums universitaires, des hôpitaux et même des supermarchés. On a désobéi aux lois et aux pratiques injustes. Nous avons revendiqué dans la rue, dans les institutions, dans les banques, pour plus de démocratie… Une marée indignée a remise en question et en difficulté l’actuel système économique, financier et politique. Mais il est nécessaire de porter cette indignation plus loin. Et l’une des questions à résoudre, parmi de nombreuses autres, c’est d’occuper quelque chose d’aussi élémentaire que le système agricole et alimentaire. 
 
Nous devons tous manger. Nous alimenter est fondamental pour survivre mais, bien qu’il semble que ce soit le contraire, nous n’avons pas le droit de décider de ce que nous consommons. Aujourd’hui, une poignée de multinationales de l’industrie agro-alimentaire décide de ce qui est produit, comment, où et à quel prix on achète ce que nous mangeons. Des entreprises qui placent leurs propres intérêts au dessus des besoins alimentaires des personnes et qui font business avec une chose aussi indispensable que la nourriture. 
C’est pour cela que, dans un monde où l’ont produit plus d’aliments qu’à aucune période de l’histoire, 870 millions de personnes souffrent de la faim. Si vous n’avez pas d’argent pour payer le prix, chaque jour plus cher, des aliments ni n’avez accès aux ressources naturelles comme la terre, l’eau, les semences, alors vous ne mangez pas. Ainsi, selon la FAO, 75% de la diversité agricole aurait disparue au cours de ces cent dernières années. On produit en fonction des intérêts du marché, en optant pour des variétés résistantes au transport de longue distance et qui ont un aspect optimal, en laissant de côté d’autres critères non marchands. L’appauvrissement de la paysannerie est une autre des conséquences du système agro-industriel actuel. On met le paquet en faveur d’un modèle agraire qui piétine les savoirs paysans, qui subventionne l’agro-industrie et où l’agriculture familiale et à petite échelle n’a aucune place. 
 
Un système dans lequel les aliments voyagent en moyenne 5.000 kilomètres avant d’atterrir dans notre assiette. On privilégie, d’une part, la production dans les pays du Sud en exploitant sa main d’œuvre et en profitant de législations environnementales très laxistes, pour ensuite vendre le produit chez nous. Et, d’autre part, des multinationales subventionnées avec de l’argent public produisent en Europe et aux Etats-Unis très au dessus de la demande locale et vendent à l’autre bout de la planète leurs excédents en dessous des coûts de production, exerçant ainsi une concurrence déloyale aux producteurs du Sud. Les paysans du monde sont les grands perdants de ce modèle d’agriculture globalisé au service des intérêts du capital. 
Conclusion : nous subissons actuellement un modèle d’agriculture irrationnel qui génère la faim, la pauvreté, l’inégalité, la destruction environnementale, et qui ne se justifie que parce qu’il offre de plantureux profits aux multinationales qui monopolisent le secteur. Il n’y a pas de démocratie dans le système agro-alimentaire. Et c’est pour cela qu’il est nécessaire de revendiquer cette « démocratie réelle » également dans le modèle actuel de production, de distribution et de consommation alimentaire. 
 
Si quelque a caractérisé le Mouvement du 15-M (dans l’Etat espagnol, NdT), c’est qu’il a commencé à construire ici et maintenant cet « autre monde possible » que nous revendiquons. En affirmant que d’autres modèles économiques, sociaux, de consommation, énergétiques, de soins, etc. sont possibles. De l’occupation des places nous sommes passés à l’occupation des terres pour cultiver des potagers urbains, on a créé des réseaux d’échanges, on a organisé des groupes de consommation agro-écologique. Généralisons ces pratiques. Et exigeons la souveraineté alimentaire. Pour décider à nouveau de ce que nous mangeons, pour que les paysans aient accès aux ressources naturelles, pour qu’on ne spécule pas avec la nourriture, pour promouvoir une agriculture locale, paysanne et de qualité. Occupons le système agro-alimentaire. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons garantir que l’alimentation soit un droit pour tous et non un privilège pour quelques uns. 
*Article publié dans la revue « Números rojos », nº5. ** Traduction française pour Avanti4.be : Ataulfo Riera. +info: http://esthervivas.com/francais/
 



Source : Occuper le système agricole et alimentaire - América Latina en Movimiento

 

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7 février 2013 4 07 /02 /février /2013 22:22

 

Leandro Albani

 

Ce samedi 19 janvier, le représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture (FAO) au Venezuela, Marcelo Resenda de Souza, a souligné qu’alors que dans le monde 800 millions de personnes souffrent de la faim, aucune d’elles n’est vénézuélienne. Un des objectifs du plan socialiste 2013-2019 soumis par Hugo Chavez lors des élections présidentielles et approuvé par la majorité le 6 octobre 2012, est de parvenir à la souveraineté alimentaire intégrale. En 1998, avant la révolution, la production annuelle d’aliments était de 13 millions de tonnes. Elle en atteint aujourd’hui 24 millions, soit près du double. La réforme agraire et, dans les deux dernières années, l’octroi de crédits aux petits et moyens producteurs par le biais de la « Grande Mission AgroVenezuela » ont permis à 600 mille familles de se consacrer à la production agricole et à l’élevage.
 
Derrière ces chiffres il y a les visages et les voix d’êtres humains invisibles dans les médias occidentaux.
 
mapapolitico
 
Dans l’ouest du pays, à la frontière avec la Colombie, s’étend l’état d’Apure. Quelques kilomètres avant le village de Guacas, là où le fleuve Apure marque la frontière avec l’État de Barinas, fonctionne depuis trois ans l’Unité de Production socialiste Jorge Eliécer Nieves qui fait partie de la ville communale Simón Bolívar.
 
Pivot de cette unité agricole et d’élevage : une longue maison couleur de terre. Au fond de ces installations, des enclos et une structure en cours de construction où fonctionnera la cantine des travailleurs; un peu plus loin, des étangs pour la pisciculture des « cachamas ».
 
Ni patrons ni employés
 
La chaleur du « Haut Apure » laisse filtrer un vent frais. Amparo s’approche lentement, offre d’une voix douce, timide, quelque chose à boire. Cette femme d’un peu plus de cinquante ans, aux cheveux noirs et brillants, revient avec une limonade glacée.
 
Il y a trois ans, le conseil comunal “Jorge Eliécer Nieves” a mis en marche son unité productive. Actuellement celle-ci compte 32 têtes de bétail qui produisent entre 72 et 74 litres de lait par jour, 11.500 alevins de «cachamas», poissons qui seront prêts pour la vente dans six mois, à quoi il faut ajouter des hectares de riz, de manioc, de haricot et de maïs, ainsi qu’un projet d’auto-construction qui donne ses premiers résultats : aux alentours de Guacas, six logements de trois pièces, aux espaces amples, sont sur le point d’être achevés.
 
Willy Ríos, 24 ans, est ingénieur de production et travaille depuis le début dans le projet. Quatre jours par semaine il se charge avec ses compagnons de produire pour la communauté elle-même mais suivant un modèle éloigné des paramètres capitalistes.
 
“Nous commençons à huit heures du matin et nous planifions le travail tous les 15 ou 20 jours en commissions” explique ce jeune homme maigre, direct, coiffé du chapeau « llanero ».
 
Son histoire ressemble à celle de ses compagnons : “Avant je travaillais pour le privé, pour les capitalistes. Aujourd’hui il n’y a ni patron, ni employés : ce qu’on a dans le sang, c’est le côté social, le travail en communauté, apprendre et tenter de construire un modèle de production différent. Dans le capitalisme tout se résume à donner des ordres ou à obéir. Ici c’est plus humain, au lieu d’exploiter l’autre, on discute avec lui”.
 
Du total de la production laitière que génère cette unité, la majeure partie est vendue à prix solidaire aux habitants, et le reste est commercialisé, comme les poissons. Les excédents reviennent à la communauté. Willy : “Nous les utilisons pour améliorer la qualité de vie. Si un compagnon a besoin d’argent pour un transfo électrique, on le prend dans les excédents”.
 
Un schéma nouveau
 
Willy et Yorlis Fernández, membre du mouvement social paysan Frente Nacional Campesino Ezequiel Zamora (FNCEZ), précisent que « dans l’unité 25 familles travaillent trois ou quatre jours par semaine sur les terres collectives. Ce rythme permet de consacrer le reste du temps aux terrains de 50 hectares que chacune d’elles possède en propre et où elle produit pour son bénéfice personnel. Si quelqu’un a besoin d’aide pour sa production  familiale, il y a toujours cinq ou six compagnons disponibles. Tout ce qu’on produit sur une terre collective est destiné à l’ensemble des habitants ».
 
Le changement passe aussi par le refus d’utiliser des produits agro-toxiques ou des concentrés alimentaires pour les poissons. Dans le premier cas le débroussaillage se fait manuellement, dans le second les poissons sont alimentés avec du maïs, des fleurs, du manioc et des haricot, produits sur place.
 
En ce qui concerme les salaires, Willy explique : “Ceux qui travaillent n’ont pas de salaire fixe parce que nous tentons d’appliquer un autre modèle de production, différent des méthodes capitalistes. Ici nous gagnons tous la même chose, notre revenu hebdomadaire provient de la vente du lait, il est réparti entre tous les associés. Nous travaillons pour améliorer la production, ce qui permet d’augmenter notre revenu. Même chose, en augmentant le poids des poissons, nous vendons un peu plus. Ce n’est pas un salaire fixe pour chacun sinon nous retomberions dans : « Je te fais exécuter telle tâche, et je te paie pour ça. Ce n’est pas l’idée”.
 
Comme la vie en général dans l’unité, le processus d’auto-construction de logements est soumis à des assemblées qui discutent les plans : “la communauté a créé l’association coopérative Zamora Vive 2011 – explique Willy -, la mairie de la municipalité Pedro Camejo nous a donné les matériaux mais nous avons dessiné les plans nous-mêmes, le système de distribution des eaux, des égoûts, l’électricité, les modèles de toits et de fenêtres. Nous avons produit nous-mêmes les blocs. Tout s’est fait en nous appuyant sur le potentiel propre du conseil communal. Certains d’entre nous sommes forgerons, d’autres maçons, électriciens… Nous avons économisé la mise sous contrat d’ingénieurs, ce qui permet de construire plus de logements. Nous en sommes à six maisons qui vont être réparties aux habitants ».
 
« Nous associer entre compagnons, discuter des problèmes qui nous touchent et voir ensemble comment les résoudre, bref, vivre ensemble est toujours préférable même si dans les discussions en assemblées nous avons des visions différentes. Ensuite nous travaillons sur la base des plans approuvés, nous nous retrouvons les après-midis ou les fins de semaine pour une partie de foot. Même le terrain de foot a été auto-construit”.
 
Jusqu’à Guasdualito s’étend la cité communale Simón Bolívar, expérience née quelques mois après un moment complexe pour le pays : la réforme constitutionnelle proposée par le gouvernement du président Chávez venait d’être rejetée lors du référendum. Le mandataire national visita la grande propriété d’El Cedral. Un groupe du Frente Nacional Campesino Ezequiel Zamora lui remit en mains propres la proposition de créer une cité communale.
 
 
A partir de cette rencontre, et sur la base de la Loi des Communes, l’initiative a pris corps en regroupant les huit communes des secteurs de San Camilo, Urdaneta et Guasdualito, dans la municipalité de Páez. A cette expérience s’ajoutent d’autres de nature semblable organisées par le FNCEZ, comme une commune à Biruaca, dans le « Bas Apure » et six communes dans la zone urbaine de Guasdualito, ces dernières étant formées par 36 conseils communaux.
 
Dans la zone urbaine, grâce à un financement du budget participatif de la mairie de Guasdualito, les communes organisent des coopératives de coordonnerie, de fabrication de jeans et une petite usine de plastique. Fernández reconnaît que le principal obstacle est que dans une économie encore majoritairement privée, il faut “une plus grande assistance technique, savoir comment administrer, comment lutter dans le cadre d’une économie de marché traditionnelle, à partir d’une entreprise formée de personnes qui n’ont pas de connaissances en économie et en marketing ». La coopérative de chaussures est celle qui marche le mieux, selon Fernández. Les paires de chaussures de cuir sont vendues à cent bolivars pièce, ce qui leur a permis d’organiser des opérations de vente à San Fernando de Apure et à  Caracas.
 
Avant que s’allume l’enregistreur et que filent les heures de questions en réponses, les militants locaux du FNCEZ offrent à boire, installent des chaises et montrent avec fierté le local de la FM 96.3, la radio « Bolívar Vive ». Parmi les lignes stratégiques de cette organisation, la communication joue un rôle fondamental.
 
“Auto-gouvernement”
 
Le but avoué de la cité communale est l’auto-gouvernement. Un objectif que les membres du  FNCEZ comprennent comme “la prise de décisions en assemblées d’habitants, la formation socio-politique, le développement d’une culture du travail comme moteur fundamental, et la conscience que chacun doit atteindre chacun sur sa responsabilité collective. »
 
Braulio Márquez, depuis le studio de la radio associative, explique: « Nous comprenons que le gouvernement national ne peut tout nous donner, qu’il nous appartient de jeter les bases d’une culture nouvelle, de valeurs socialistes. Cela signifie que nous devons tous nous engager parce que c’est au peuple d’assumer le rôle central. Il serait contradictoire que le gouvernement fasse tout à notre place; nous devons être nous-mêmes le gouvernement, non pas faire partie du problème mais de la solution ».
 
Dans la cité communale le fonctionnement se base sur des réunions et sur les activités de travail : « une famille apporte une tôle d’acier, l’autre un sac de ciment, une autre une quantité de blocs, un jour on se réunit et nous construisons ensemble la maison communale ».
 
C’est en suivant cette méthode qu’ont été auto-construits les logements mais la population se charge aussi du maintien des voies d’accès et des câbles électriques.
 
Quand la cité communale a fait ses premier pas, le gouvernement national a collaboré pour mener le diagnostic de la zone et pour financer les projets initiaux. La cité a reçu un ensemble de machines telles qu’élévateurs, remorques et camions. « Par exemple, explique Márquez, si une machine de type Patrol, qui sert à labourer, est remise à une commune, tous les habitants deviennent responsables de son entretien et de l’appui au chauffeur et à l’opérateur. Si la machine est abîmée, c’est la même commune qui doit financer sa réparation. C’est ainsi que les habitants assument eux-mêmes les problèmes, cette culture a déjà généré une nouvelle conscience ».
 
- Leandro Albani, AVN.
 
Traduction de l’espagnol : Thierry Deronne
 
 
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8 janvier 2013 2 08 /01 /janvier /2013 00:29

 

Haïti-Société/Prostitution : Masqué, le phénomène étend ses tentacules dans le Centre


mercredi 19 décembre 2012

 

Correspondance Ronel Odatte

Hinche, 19 déc. 2012 [AlterPresse] --- Le proxénétisme ne chôme pas au Plateau central.

La prostitution s’infiltre jusque dans certaines sections communales. Et des jeunes filles, prises dans la spirale de la misère, basculent dans cette pratique où leur corps devient le territoire d’une lutte pour la survie, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.

Le phénomène garde encore mille et un masques dans ce département.

Hormis un club-bar restaurant, une maison de débauche qui fonctionne à toutes les heures du jour et de la nuit, au cœur de la ville de Hinche, tous les autres restent très discrets.

Souvent, comme à Thomonde, Thomassique et Mirebalais, la prostitution est pratiquée dans des domiciles privés.

« Je suis exploitée et humiliée, mais le destin ne me prépare à aucun autre choix que d’offrir mon corps pour quelques gourdes », témoigne, résignée, une jeune femme originaire de Thomassique, âgée de 22 ans, qui n’a pas voulu donner son nom, utilisant de préférence un pseudo « Micky ».

Micky et ses deux autres camarades, répondant au nom de Jacqueline et Susie, ont dû abandonner l’école peu après leur échec aux examens de 9e année fondamentale.

Tous les soirs, elles font le trottoir, mais leur endroit privilégié est la place Charlemagne Péralte. Leurs clients sont, pour la plupart, de jeunes hommes universitaires.

Le proxénétisme gagne du terrain également dans certaines sections communales du département du Centre.

Les sections Juanaria et Savannette Cabral (respectivement dans les communes de Hinche et de Thomonde) abritent des maisons de débauches qui fonctionnent à couvert, selon les données obtenues par AlterPresse.

Un autre phénomène très courant dans le Plateau Central, c’est le cas de sexagénaires et d’octogénaires qui exploitent de jeunes femmes de moins de 25 ans.

Limaille François, qui dirige l’Union des journalistes du Plateau central, demande aux autorités compétentes d’agir pour l’éradication du phénomène de prostitution dans le département.

Le commissaire du gouvernement par intérim près le parquet de Hinche, Moleon Richard, invite simplement les citoyennes et citoyens à le tenir informer des cas de prostitution.

Les victimes d’agressions sexuelles ou d’autres types d’abus ne doivent pas hésiter à porter plainte, exhorte le chef du parquet près le tribunal civil de Hinche.

En février 2012, l’ancien chef du parquet de Hinche, Noé Massillon Pierre-Louis, a fait procéder à l’arrestation de 9 personnes, dont deux femmes dans des clubs au centre de la ville de Hinche, dans le cadre d’une opération contre la débauche et la délinquance juvénile.

Depuis son départ, le parquet semblerait moins intéressé à combattre le phénomène qui tend à gagner en ampleur dans le département.

« Selon la Constitution haïtienne, l’État reconnait le droit de toute citoyenne et de tout citoyen à un logement décent, à l’éducation, à l’alimentation et à la sécurité sociale. Mais le non respect de cette prescription nous a conduits dans le désarroi », réalise la secrétaire de la Ligue pour la défense et le respect des droits humains au Plateau central, Pételine Petiton.

Plusieurs parents, interrogés par AlterPresse, lancent un cri d’alarme aux institutions nationales pour mettre fin au phénomène de la prostitution dans le Centre. [ro kft rc apr 19/12/2012 10:35]

 

Source que je vous invite à visiter : Haïti-Société/Prostitution : Masqué, le phénomène étend ses tentacules dans le Centre

 

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