La tentative de coup d’état ayant échoué après les élections du 14 avril au Venezuela, les tentatives de déstabilisations se poursuivent d’autres manières.
Petit rappel. Après la mort de Chavez, ainsi que le prévoit la constitution de nouvelles élections furent organisées et le PSUV (Parti Socialiste Unifié du Venezuela) ratifia le choix de Chavez élisant en toute bonne logique de continuité Nicolas Maduro comme candidat présidentiel.
Première déconvenue pour l’opposition et ses maîtres de Washington : non il n’y eu pas de guerre interne au sein du mouvement bolivarien mais bien au contraire une volonté de maintenir l’unité. Contrairement à ce que répandent nos médias :Chavez avait bien un successeur préparé à cette tâche, un militant de « toda la vida », proche collaborateur de Chavez depuis 20 ans et qui au cours des 6 dernières années pendant lesquels il fut Ministre des Affaires Etrangères du Venezuela, par sa contribution à l’unité régionale a conquis l’estime et le respect de l’ensemble des mandataires de la région, qui tous de gauche comme de droite ont soutenu la validité du processus électoral par lequel il est devenu Président du Venezuela. Parmi toutes les nombreuses appréciations formulées à l’égard de Maduro, celle qui revient le plus souvent : « C’est un homme de conciliation ».
Pendant le temps qui s’écoule entre la mort de Chavez et le 14 avril jour des nouvelles élections, l’opposition s’agite et fomente les conditions d’un renversement de pouvoir. Lors de la campagne, les médias privés qui occupent 80% du champ médiatique au Venezuela accorderont des temps de parole respectifs de 73% au candidat de Washington Capriles pour 23% à Maduro candidat de la révolution Bolivarienne. Temps de parole que Capriles utilisera principalement pour mettre en avant l’idée d’un état défaillant et d’un pays ingouvernable.
Ce n’est pas innocent. Si nous prenons le document du Pentagone J.V. 2020, qui explicite la mise en place d’une gouvernance mondiale comme militarisation du monde sous égide de ce même Pentagone, nous trouvons cette notion d’état défaillant comme un des fondements des situations dans lesquels les USA se donnent le droit d’intervenir sans autre forme de procès sous prétexte qu’un état défaillant est propice au narcotrafic et refuge pour les terroristes, ce qui d’office menace leurs sécurité et intérêts. Si nous savons que depuis les élections les manifestants de l’opposition présentent des pancartes qui appellent Obama et Pérez à intervenir contre le « coup d’état » qui a eu lieu dans le pays alors que circule une pétition en ce sens qui sollicite l’intervention de Washington pour renverser Maduro nous avons un des axes de ce qui est une conspiration contre le pouvoir légitime du Venezuela, les 7 millions et quelques personnes qui à travers le pays ont élu Maduro. Une faible majorité, mais une majorité incontestable.
Parmi ce qui fait question à l’issue des élections, c’est la différence statistiquement incroyable entre résultats prévus par les sondages et résultats obtenus. A l’exception du résultat d’un sondage d’une agence ayant son siège hors du pays tous les sondages donnaient Maduro gagnant avec un avantage allant de 6% à 20%. Il y a donc la une anomalie. Une anomalie qui doit être élucidée. Quelques pistes rencontrées : Opération Avalanche de Capriles. Elle consiste à déclencher par tweeter des opérations de vote en cascades en fin de scrutin. Les électeurs d’Avalanche sont essentiellement des jeunes.
Il y a donc là une manœuvre concertée, préparée à l’avance, une stratégie questionnable. Qui a organisé Avalanche, comment et avec quels fonds ? Dans quel but, la réponse est connue. Des mises en parallèle ont été faites avec les achats massifs de votes de droite au Chili dans les élections dans lesquelles Salvador Allende se présentait. Rappelons que des dizaines de millions de dollars sont été versés au Venezuela (comme sur tout le continent sud) à des Organisations (officiellement) Non Gouvernementale pour promouvoir la société civile, autrement dit les droites régionales. Des organisations « de la société civiles », elles aussi mentionnées dans le document J.V. 2020 comme faisant partie intégrante du dispositif destiné à maintenir et rendre totale l’hégémonie de ceux que le régime étasunien représente, les concepteurs, promoteurs d’un projet de gouvernance technocratique mondiale dont ils seraient les dirigeants et bénéficiaires.
Un projet que les avancées du projet d’Union régionale d’Amérique du Sud sur base de principes d’autodétermination et de rejet du néolibéralisme rendent impossible. Nous ne pouvons donc comprendre ce qui se passe au Venezuela en ce moment sans considérer l’intégration régionale dont Chavez fut l’initiateur et le catalyseur et Maduro nous l’avons plus haut un contributeur majeur. Les tentatives de déstabilisation de ce projet régional et des gouvernements qui y participent sont constantes et polymorphes. Une première phase d’intensification a au lieu dès le début du premier régime Obama, alors que le département d’état organise le renversement du président légitime du Honduras. J’ai suivi jour après jour (ici nuit après nuit) le déroulement du coup d’état. Un document en particulier est intéressant pour éclairer ses stratégies de déstabilisation comme la poursuite dans le long terme d’une volonté colonisatrice. Un des deux acteurs militaires principaux de ce coup d’état est Billy Joya, un bon élève de l’Ecole de Tortionnaires Assassins dite « des Amériques » qui avait entre autres faits terroristes déjà participé à la conspiration et au coup d’état du 11 septembre qui conduit à la mort de Salvador Allende et à l’instauration d’une sanglante dictature militaire. Le document dont il est question ici est une intervention de Joya à la télévision à laquelle il s’est rendu muni de son dossier de préparation du coup d’état au Chili dont il s’est inspiré, dit-il, pour préparer celui contre Zelaya. Les arguments en faveur du « golpe » étant une litanie de Guerre Froide bien connue qui se résume par « Un bon communistes est un communiste mort ». Cela pour montrer la continuité dans les conspirations colonialistes de l’Empire du Nord, réactivées par le régime Obama comme son premier acte significatif dans le continent Sud.
Or à présent nous entrons dans une nouvelle étape de cette guerre. La mort de Chavez qui était aussi mur de contention contre les envahisseurs du Nord était le moment, par eux attendu, pour lancer une nouvelle phase d’agression. On ne peut séparer les tentatives de déstabilisation qui ont lieu en ce moment au Venezuela de la déclaration de Kerry
“L’hémisphère occidental est notre cour-arrière, il est d’une importance vitale pour nous. Avec une grande fréquence, beaucoup de pays de la région sentent que les USA ne leur portent pas assez d’attention et dans certaines occasions c’est très certainement la vérité. Nous devons nous rapprocher vigoureusement, nous avons planifié de le faire. Le Président se rendra bientôt au Mexique et ensuite au Sud je ne me rappelle pas dans quels pays, mais il va dans la région ».
Les termes «hémisphère occidental » et « cour-arrière » appartenant au vocabulaire typique de la colonisation, le reste de cette déclaration désignant clairement la possibilité d’intervention militaire à l’appel de la dite société civile, celle qui du Venezuela appelle en ce moment, par pétition, Washington à intervenir dans l’état défaillant du Venezuela. La déclaration de Kerry est une déclaration de guerre à tous les habitants du Sud qui luttent pour leur droit à l’autodétermination.
A travers les faits qui se sont succédés dont certains ont été dévoilés par les services de renseignement du Venezuela, à travers les matrices d’opinions, créatrices d’évènements ou explicatives développées successivement par les medias « Chiens de garde » destinées à l’opinion publique nationale ou internationale, nous pouvons distinguer les étapes prévues d’un coup d’état au Venezuela.
A l’avance Capriles avait annoncé qu’il ne reconnaitrait pas les résultats des élections. Rappelons que ces résultats ne sont rendu officiels qu’après un recomptage manuel de 54% des votes, désignés de manière aléatoire. Rappelons aussi que c’est par ce même système que Capriles fut dérouté face à Chavez en octobre dernier et qu’il fut ensuite élu gouverneur de Miranda sans qu’il songe alors à remettre en cause l’efficacité de ce système (ni lors des 16 élections précédentes). Or Capriles qui a appelé immédiatement ses électeurs à manifester leur rage contre les fraudes électorales n’a jamais demandé officiellement le recomptage des votes. Quelques jours plus tard, il fera la demande officielle, non du recomptage des votes, mais d’un audit des machines, qui est en court depuis le début de cette semaine mais dont Capriles annonce à présent qu’il ne reconnaitra pas non plus le résultat.
Entre son appel à ses partisans à manifester leur rage, doublé d’un appel sur tweeter d’un journaliste de sa suite (qui a un million de suiveurs sur tweeter) à s’en prendre en particulier aux centres de santé, dans lesquels les médecins cubains dissimuleraient des urnes et les menaces de sanctions proférées par différentes instances du régime étasunien qui refuse de reconnaître la légitimité de Maduro… nous avons 10 morts, plus de 150 blessés et des dégâts commis aux locaux du parti, au logement de certains de ses membres, mais aussi et surtout aux acquis de la révolution que sont les centres de santé, les médias populaires locaux et les logements sociaux payés avec la rente pétrolière.
Un exemple : trois logements sociaux construits par leurs habitants avec l’aide de l’état sont incendiés de nuit, alors que dans chacun d’eux dort une petite famille. Sans un voisin qui a lancé l’alerte et permis de sauver les habitants le bilan humain des exactions de l’opposition eut été encore alourdit.
Alors que les médias se focalisent sur Boston, nous constatons encre une fois que les morts étasuniens ont une valeur spéciale et que les victimes des guerres ou du terrorisme sous couverture du régime étasunien n’intéressent pas grand monde. Une militante du PSUV brûlée vive par les hordes fascistes au service de l’opposition qui ici, en a entendu parler ? Je suis vraiment désolée pour les victimes de Boston, comme je l’ai été pour celle des tours jumelles, mais sans plus. Le régime étasunien fait tant de victimes à travers le monde qu’il ne me reste plus beaucoup d’émotions ou de larmes pour pleurer les leurs sinon en tant que victimes additionnelles des méfaits de leur propre gouvernement. Et combien de morts en Irak ce jour-là ?
L’opposition évidement rejette l’origine de ces actions sur le peuple bolivarien. Après des dizaines de lectures et encore et encore de journaux, blogs, commentaires des deux parties, voici la plus grande menace de violence que j’ai relevée du côté chaviste. Un jeune père qui depuis les élections d’octobre a posé un autocollant chaviste sur sa porte extérieure vit sa maison assiégée par des opposants, après avoir proféré des menaces, ils sont repartis. « Je ne suis pas un lâche et je n’enlèverai pas cet autocollant mais, » il s’adresse à Caprilés « si un de tes partisans devait toucher un seul cheveu de mes enfants, moi et mon commando d’ex-parachutiste nous saurions te trouver et te faire payer ».
J’ai suivi la tentative de coup d’état en Bolivie en juin dernier. Ici comme là, les provocations se sont multipliées pour déchaîner à la fois la violence de l’état et celle de ses partisans agressés physiquement par les initiateurs de la tentative de coup d’état. Ici comme là, l’alliance peuple-gouvernement a prévalu dans le respect des appels à ne pas entrer dans les spirales de la violence. Mes lectures me confirment que cette phrase de Maduro qui exprime le fait que « les Bolivariens sont du côté de la paix, de l’amour et de la sérénité nécessaire à la construction d’un pays de bien-être pour tous, alors que l’opposition est du côté de la haine, de la destruction des acquis populaires de la révolution, du rétablissement d’un état raciste et élitiste », cette phrase est le miroir de la réalité.
Oui, des voix bolivariennes se font entendre nombreuses qui exigent des enquêtes approfondies pour désigner les auteurs, les donneurs d’ordre et les commanditaires des faits de violence qui se sont produit et des sanctions exemplaires pour chacun d’entre eux. Et cette même exigence a été formulée par la réunion spéciale d’Unasur qui s’est tenue jeudi dernier à Lima à la veille de la prestation de serment de Maduro. Cette même réunion à laquelle Evo Morales comptait demander une position commune officielle en réaction aux déclarations de Kerry, qui n’a finalement pas été formulée. Mais à observer la recrudescence des actions « anti-ingérence » sur le continent s’il n’y a pas eu de déclaration officielle, il y a bien la mise en œuvre d’une politique commune de résistance.
Des réponses implicites fermes, comme Maduro qui dit qu’il se passe très bien de la reconnaissance des USA, affirmations de souveraineté, nationales ou régionales, sont données à ces déclarations implicitement agressives. Soutien réaffirmé à Maduro, mais aussi, entre autre, examen par Morales de l’opportunité d’expulser ambassadeur US et USAID de son territoire, création d’un observatoire régional des pratiques des transnationales, déclarations multiples de Rafael Correa lors de sa tournée européenne notamment et plus récentes qui réaffirment la souveraineté régionale et stigmatisent la conspiration contre Venezuela….
Il faut dire que parler de conspiration de l’Empire du Nord contre le Sud en Amérique Latine, c’est raconter l’histoire passée avérée, mise en lumière par des documents déclassifiés et des enquêtes fouillées, c’est dévoiler la trame qui au présent se tisse pour mettre les peuples de la région sous tutelle néo-libérale.
Même des gouvernements de droite comme ceux de Santos (Colombie) et Piñera (Chili) se sont associés à la défense de la légitimité de Maduro. Toute défiance gardée à l’égard de Santos, il est clair que le tandem Santos-Maduro est un grand progrès par rapport à celui de Chavez-Uribe en matière d’intégration régionale. Alors que président de Colombie, Uribe, chef de UnoAmerica qui regroupe tous ce que le continent compte de nazis et militaires sanguinaires, appelait quasi ouvertement à assassiner son homologue Vénézuélien Santos réitère son respect pour la personne de Maduro. (Faux cul et futur Judas ? Peut-être. L’avenir nous le dira).
Chavez et Maduro sont des acteurs majeurs des processus de rétablissement de la paix dans le pays, et qui ont amené à une même table de négociation gouvernement et le mouvement de résistance armée des FARC. Des négociations entrecoupées de heurts, ruptures, reprises, des négociations qui ont reçu récemment le soutien d’une manifestation de plus d’un millions de personnes à Bogota, et qui sont partie intégrante de la construction d’une unité régionale.
Le coup d’état qui devait avoir lieu après les élections a échoué grâce au calme et à la présence d’esprit conjuguées du peuple et du gouvernement. Une mobilisation massive a eu lieu à travers tout le pays pur défendre ceux ou les locaux assaillis par les hordes de fascistes déchaînées entraînées par et au service de l’opposition. Dans ces opérations de défense des chavistes ont été blessés ou ont perdu la vie. A travers tout le pays des habitants continuent à veiller sur les cibles potentielles de nouvelles exactions, les enquêtes ont débouché sur de nombreuses arrestations. D’autres enquêtes, officielles ou populaires, dans le pays et en dehors, se conjuguent pur mettre en lumière les fils d’un complot.
La déclaration de Kerry a reçu une réponse ferme qui se traduit aussi par un renforcement des processus d’intégration régionaux et la condamnation de toute nouvelle tentative d’ingérence. Certains demandent même des excuses. La nouvelle date annoncée comme appelant à une vigilance particulière est le 1er mai.
Pour beaucoup, dans le monde entier, la construction régionale du continent SUD est source d’espoir, polymorphe et multipolaire, une construction qui prend son sens dans le dense rhizome d’interrelations tissé entre les organisations populaires et prend forme sur la scène internationale dans les différentes associations entre états de la région. L’empire du Nord a ouvertement déclaré la guerre à la volonté de souveraineté régionale. Malgré la brèche créée dans le mur de contention par la mort de Chavez, le mur tient bon et certaines parties se renforcent même.
Les enjeux de cette guerre nous concernent tous, non seulement par ce rôle de contention de la mise en place d’un nouvel ordre mondial mais aussi par le caractère exemplaire de construction souveraine à différentes échelles qu’est le projet en marche de construction d’une grande patrie fondée non sur la notion de concurrence qui préside à la construction de l’Europe mais bien sur la mise en complémentarité des ressources matérielles et de connaissance. L’Europe se construit comme une annexe du marché US dans des conditions fixées par des lis commerciales internationales qui posent les conditions de possibilité d’une phagocytose des marchés régionaux au profit du Marché Monopolistique des Transnationales. Quand l’Empire s’attaque à la révolution bolivarienne sur tout le continent des personnes, des associations des gouvernements manifestent leur solidarité active avec le peuple bolivarien du Venezuela et sn président légitime Nicolas Maduro.
L’Europe aurait tout intérêt à apprendre et s’inspirer des peuples d’Amérique du Sud pour envisager une construction de l’Europe sur des bases entièrement différentes. Refondation Souveraine.