18 novembre 2019 1 18 /11 /novembre /2019 02:16

Dans des immenses Cabildo (réunion politiques) dans tout le pays la résistance des peuples originaires s'organise.

L’usurpatrice de la présidence de Bolivie a émis un décret qui exempte les Forces de l’Ordre d’assumer la responsabilité des conséquences de leurs actes pendant la répression. Qui se déchaîne.

Usurpatrice, parce que alors qu’elle ne représente qu’un faible pourcentage, et qu’elle n’est là officiellement que pour assurer la transition et organiser dans un délai de 90 jours de nouvelles élections, elle prend des décisions qui engagent l’avenir du pays.

La « ministre » des communication a déclaré que les journalistes gênants seraient accusés de sédition. Une annonce très vite mise en pratique contre plusieurs équipes de journalistes de télévision argentine qui ont depuis été évacuées. Des gens qui faisaient simplement leur métier : filmer et rendre compte des réalités de terrain. Mais dit l’un d’entre eux « Ce qui me fait peur ce n’est pas un procès pour sédition, cela ne tient pas la route. » Il explique que ce qui lui fait peur ce sont les attaques que plusieurs équipes ont subit dans la rue. Ils avaient été désignés dans les réseaux sociaux, avec leur photo, comme des fomenteurs de violence, des cibles à abattre.

Si certains pro-gouvernements les attaquaient avec parfois une grande violence, d’autres parts des gens humbles leurs demandaient de rester : « Il n’y a personne pour montrer ce qui nous arrive, ils nous tuent. Il faut le faire savoir dans le monde entier ».

Ce qui domine aujourd’hui dans les manifestations des peuples indigènes, c’est la colère face à l’humiliation : le racisme affiché du nouveau pouvoir, qui brûle et piétine leurs symboles comme leur bannière, la Whipala ; se moque des polleras, jupes traditionnelles des femmes ou pratique des rituels collectifs d’exorcisme des sorcelleries sataniques indigène : la spiritualité de la pachamama d’après ces « amoureux » du Christ. C’est vraiment effrayant, dans ce contexte, cela apparaît plus que comme un droit, comme un devoir d’éliminer le Mal et ceux qui l’incarnent.

Alors ce qui mobilisent les personnes originaires aujourd’hui va bien plus loin que la question d’Evo président ou non, parmi les manifestants se rejoignent des natifs partisans d’Evo et d’autres qui ne le sont pas, unis par une même colère, une même volonté, celle de ne pas être renvoyés dans l’indignité d’une sous-humanisation dont ils ont trop longtemps soufferts. Et une même douleur, un couteau tourné dans les plaies non cicatrisées de la domination coloniale. Et c’est terrible de voir que nous en sommes là en plein 21ème siècle.

Plus bas, vous verrez comment un groupe d’indigènes de Cochabamba qui menaient une marche pacifique pour demander la démission du pseudo-gouvernement se se sont vu refuser l’entrée de la ville par l’armée. Ils évacuent les morts et les blessés… les chiffres officiels parlent de 10 morts pour les manifestations d’hier, de centaines de blessés et d’un nombre indéterminé d’arrestations. Les manifestants transportent leurs morts et leurs blessés dans l’attente d’une ambulance qui n’en finit pas d’arriver. Une pénurie d’essence généralisée laisse les villes sans approvisionnement et les vivre commencent à manquer.

Sur le site Noticias Bolivia vous pourrez trouver  des courtes vidéos qui donnent une idée de la situation. Les images parfois disent plus que les mots.

Anne W

PS, je vous renvoie à un texte qui m’a été signalé par un lecteur Pachamama est enceinte mais porte l’antichrist pour détruire les sacrements et retourner à l’idolâtrie et à la superstition, je ne sais pas trop qui sont ces catholiques du Salon Beige en lien avec l’extrême-droite, mais cela nous montre que l’Europe aussi est touchée et que ces fanatiques religieux ont des réseaux internationaux. Le pire c’est qu’il taxent les autres d’obscurantistes !

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17 novembre 2019 7 17 /11 /novembre /2019 05:24

Je suis en état de choc, j’ai passé la journée d’hier à chercher quelques documents fiables qui racontent ce qui de passe réellement en Bolivie. C’est de plus en plus difficile parce que les journalistes qui témoignaient de la répression se sont vu menacés et ont du fuir le pays. Comme lors du coup d’état au Honduras en 2009, la censure, les menaces de morts, les agressions, le menaces du nouvel officialisme, contre tout journaliste qui témoignait de la répression ont fait qu’il n’y a plus personne ou presque pour témoigner de ce qui est en réalité : un coup d’étatd’utra-droite et de fanatiques religieux, soutenu par les militaires. La vidéo que je vous présente ici a été diffusée par un journaliste mexicain Ruben Luengas de « Entre noticias » que je suis depuis plusieurs mois pour la qualité de son travail. Youtube lui a envoyé un message d’avertissement et de restriction pour le dissuader de la diffuser, Ruben Luengas s’indigne « Offensif, dit-il c’est ce que font les militaires aux indigènes, pas d’en informer. Voici ce que dit youtube à ce sujet : « Si une vidéo contient des sujets violents ou graphiques qui semblent avoir été diffusés avec des fins offensives, sensationnalistes ou irrespectueuses il est probable que youtube la retire pour ne pas publier des contenus qui incitent à des actes violents ou promeuvent des activités dangereuses . Nous révisons au cas par cas et admettons des exceptions à fins éducatives, artistique ou scientifiques... » C’est un reflet de la censure organisée pour occulter le coup d’état d’extrême-droite et de fanatisme religieux qui se déroule en Bolivie actuellement. A fin informatives et éducatives, je relaye ce contenu.

J’ai vu également beaucoup de gens qui ont manifesté contre la réélection d’Evo Morales qui sont atterrés parce qu’ils ont compris qu’ils ont été manipulés et que leur combat pour un changement de gouvernement a été confisqué par des fous dangereux. Plus de 10 000 personnes ont d’ores et déjà été arrêtées. Des lynchages de gens humbles, indigènes se multiplient pour créer dans le pays un climat de terreur et dissuader la population majoritairement indigène de résister. Alors que le MAS, le Mouvement pour le socialisme d’Evo Morales dispose de près des deux tiers des sièges du parlement, la présidente autoproclamée avec le soutien des militaires vient d’un parti d’extrême-droite qui dispose de 4 % des voix. C’est une constante, la même qu’on a pu voir en Ukraine avec Maiden, et dans les autres révolutions de couleurs : un réel mécontentement populaire se voit confisqué par des mouvements d’extrême-droite, alors que les leaders d’une réelle souveraineté populaire sont emprisonnés, quand ils ne sont pas assassinés par des francs tireurs et autres agents du système néolibéral qui dévoile ici sa nature fasciste.

Contenu de la vidéo :

Première partie une femme appelle à l’aide parce que le nouveau pouvoir tue et que la presse est absente. « Nous avons besoin d’aide, ils nous tuent de sang froid, ils tirent directement depuis les hélicoptères, ils veulent nous intimider. Nous avons besoin d’aide, s’il vous plaît » dit cette femme, alors que les avions militaires survolent les manifestations. Ensuite le journaliste qui a tourné la vidéo, avant de fuir le pays face aux menaces très concrètes de mort auxquelles sont équipe a été confrontée (récit sur Telefe), nous dit que sa peau est rouge à cause du soleil mais aussi des gaz lacrymogènes. Il explique avec beaucoup d’’émotion ici qu’il vont se réfugier dans un lieu sûr, mais ils seront dénoncés par des infiltrés et seront évacués dans une opération de sauvetage dont il dira que : « Cela ressemblait à un film d’action ». « C’est lamentable que pour dire la vérité tu doives t’enfuir comme un délinquant, ils nous qualifient de séditieux, accroche-toi Amérique Latine ». Après on voit la nouvelle ministre de communication qui dit que les journalistes coupables de sédition seront punis en fonction de la loi. En réalité, tout qui filme la réalité de la répression est considéré comme séditieux et voit son intégrité, voir sa vie mises en danger. Les uns après les autres, les journalistes quittent le pays et il est de plus en plus difficile d’obtenir des infos de terrain. Après à 2mn20 on voit comment sont arrêtés les opposants, Telefe donne le chiffre de 16 000 arrestation que je n’ai pu vérifier mais qui est plus que plausible.parce qu’il y a une arrestation systématique des opposants et qu’ils sont des millions. Dans la dernière partie, une femme dit que voilà ce que les médias ne montrent pas, comment ils sont massacrés. Les militaires ont voulu pénétrer dans sa maison où elle était là, simplement, en famille […] et ils disent : tuez-les, tuez-les… comme si nous autres ne valions rien. « C’est cela la démocratie pour Camacho, pour Mesa ? »

Les journalistes de Efe qui ont réalisé cette vidéo ont été menacés de mort avec la complicité de l’actuelle Ministre des Communication. Actuellement la censure est maximale en Bolivie et les quelques journalistes qui restaient sur le terrain ont du fuir ou se réfugier dans des ambassades.

Si un calme relatif est revenu à La Paz, dans d’autres régions du pays se déroulent des rafles d’opposants ou des meurtres de civils : la chasse aux indigènes est ouverte.

Chronique d’un ethnocide annoncé. Pendant la campagne de Bolsonaro au Brésil suivant un fil de discussion de l’extrême-droite sur le thème « Hitler était-il ou non socialiste », j’avais découvert le pire. Un autre fil de discussion dans lequel se distinguait l’extrême-droite de la Media Luna bolivienne, qui fut autrefois un des sites d’accueil de l’essaimage nazi de l’après-guerre.Dans ce fil il était question d’appliquer la solution finale à la question indigène en terminant l’extermination inachevée par la Conquista espagnole. Ce n’était pas deux trois commentaires anecdotiques, mais bien des dizaines par lesquels se renforçait la spirale de la haine.

Ainsi en écoutant les discours racisto-religieux du leader de la « société civile » en réalité de l’extrême-droite bolivienne, Camacho ou ceux de la pseudo-présidente, j’ai perçu les sinistres résonances qu’avait ce discours avec les fils de commentaires que j’avais pu lire quelques mois plus tôt.

Dans la vidéo qui suit, ce que je veux montrer, ce sont les premières secondes, le rituels pratiqué par les putschistes pour exorciser le Satan autrement dit la spiritualité indigène. « Le Christ est de retour au palais présidentiel et plus jamais la Pachamama n’y pénétrera », disent les putschistes.

Où on voit le rituel d'exorcisme religieux contre la spiritualité indigéne qualifiée de satanique pratiquée par ceux qui ont pris le pouvoir

Bolivie : la chasse aux indigènes est ouverte !

 

« […] nous allons finir de piquer ce maudit serpent […] La Conquista, la joie et la victoire aucun démon en va nous la prendre […] le seigneur nous a créé comme des guerriers […] et ce genre maudit va finir de tomber […] Shalom ”

Camacho, leader de la « Société civile » bolivienne

 

« Je rêve d’une Bolivie libre de rites sataniques indigènes, la ville n’est pas pour les indigènes, qu ‘ils aillent à l’Altiplano ou al Chaco. »

Jeanina Añez Chavez, présidente autoproclamée de Bolivie 2013

« La Bible est de retour au palais présidentiel »

Jeanina Añez Chavez, novembre 2019

 

Et tout est mis en œuvre pour que le massacre se passe loin des yeux de la « communauté internationale » et du grand public.

Alors oui, je relaie l’appel à l’aide des populations indigènes menacées d’ethnocide en Bolivie, alors que tous les journalistes qui voulaient témoigner ont du fuir le pays. Il n’est plus question de savoir si Evo a tort ou raison, il est question d’arrêter le retour des dictatures en Amérique Latine, et la montée mondiale de l’extrême-droite. 21 novembre grève générale en Colombie contre les méfaits du néolibéralisme, au Chili des forces de l’ordre Pinochétistes remettent en actions les vieilles pratiques de tortures et disparitions forcées, au Mexique une tentative de coup d’état se manifeste avec chaque jour plus de force, en Équateur la mobilisation est devenue permanente…

Et moi je ne peux pas dormir parce que je sais que ce qui se passe est gravissime et nous concerne tous

Anne Wolff

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11 juillet 2019 4 11 /07 /juillet /2019 16:44
Les assassins en marche

Les assassins en marche

L’assassinat du leader paysan Aluisio Sampaio par des hommes en armes (mercenaires) dans sa maison, à Castelo dos Sonhos, dans l’Etat du Para, le mardi 11 octobre 2018, pourrait être l’annonce d’une explosion de violence dans les zones agricoles.

Membre du syndicat des travailleurs et des travailleuses de l’agriculture familiale, il était le meneur d’un combat contre des accapareurs illégaux de terre « grileiros », terme brésilien désignant des personnes ou des entités qui fabriquent de faux documents pour prendre illégalement possession de terres, notamment des terres protégées pour des raisons environnementales. Il semble que beaucoup des soutiens de Bolsonaro ne votent pas pour un candidat mais pour un mercenaire. Le candidat extrémiste qui défend le port du fusil pour les fermiers renforcerait en effet leurs milices rurales pour tuer les activistes et promouvrait ainsi un carnage dans les zones agricoles brésiliennes.

Exterminer les indigènes, exécuter les paysans, tuer les leaders des populations quilombolas –descendants d’esclaves fugitifs –, les peuples vivants dans les zones de réserves extractivistes (zones protégées au Brésil, appartenant au domaine public mais sur lesquelles les peuples traditionnels peuvent exercer des pratiques extractives anciennes comme pêcher, chasser ou cueillir des plantes) et les communautés traditionnelles.

Par le biais de ses discours et de son programme de gouvernement, beaucoup d’innocents pourraient venir grossir les sombres statistiques du pays le plus violent du monde, notamment les défenseurs de l’environnement et les défenseurs des droits de l’homme, d’après les données du Global Witness.

Et le plasticage (« pistolagem », terme brésilien pour décrire les actions meurtrières des « pistoleiros », experts du tir au revolver) se déchaine dans les zones agricoles, investissant dans les armes pour de nouvelles œuvres de mort. Peu après le premier tour, Bolsonaro a déclaré qu’il en terminerait avec l’activisme dans les zones agricoles, incitant à l’assassinat de militants du MST, de syndicalistes et d’indigènes.

Les promesses faites verbalement ou bien que l’on peut lire dans son programme de gouvernement sont terrifiantes. Elles pourraient signifier un holocauste écologique et humanitaire. L’écocide et le génocide seront des mises en pratique de la politique de la mort et la matérialisation de la nécropolitique de Bolsonaro.

Dans son programme de gouvernement, « la propriété privée » n’a pas une fonction sociale comme c’est le cas actuellement dans la constitution. C’est à peine un euphémisme pour légitimer le vol, la dépossession, la spoliation et l’accaparement illégal des terres (grilagem). De même, le mot « liberté », n’est pas lié à une garantie de droits, mais à une violation des droits : avec l’autorisation d’exercer la violence contre les autres, la liberté devient permission de tuer. Ces deux piliers du programme de Bolsonaro signifient la construction d’un ordre de violentes injustices, de retours en arrière et de sang. Il sera mis en pratique autant par des milices et des groupes de haine que par des moyens provisoires, des tractations avec le congrès, ou des normes d’exception comme la « garantie de la loi et de l’ordre ».

Pour les zones agricoles, cela représente la fin des réformes agraires et des démarcations (des terres indigènes notamment), la légalisation de l’accaparement des terres (grilagem) sur les territoires indigènes, quilombolas et paysans. Le ministère de l’Environnement sera purement et simplement supprimé et transformé en un secrétariat du ministère de l’Agriculture, dont il promet de donner la direction au président du l’Union Démocratique Rurale (UDR), d’après le journal l’Estadao, (et non de favoriser seulement une fusion comme l’écrit le journal pauliste). Donner aux tortionnaires de l’écologie le pouvoir de promouvoir l’écocide.

Avec cette mesure, l’institut Chico Mendes pour la conservation et la biodiversité (ICMBio) pourrait être sous le commandement du chef de l’organisation justement responsable de l’assassinat de Chico Mendes : l’UDR. Il y a un long historique de l’implication des membres de l’UDR dans l’assassinat des leaders ruraux. Marcos Prochet, ex-président de l’entité, fut condamné pour l’assassinat du sans-terre Sebastiao Camargo, au Parana, en 1998. En 2016, il a été condamné à 15 ans de prison. Ibama et ICMBio sous un commandement ruraliste représenteraient un banquet pour les nantis.

Contacté pour devenir ministre des transports, le chef de la construction de l’infrastructure dans le pays, le général Oswaldo Ferreira s’enorgueillit de dire que de son temps, sous la dictature, « il n’y avait pas Ibama ou MP pour casser les pieds ». Et le général de s’enorgueillir : « J’ai rasé tous les arbres qui étaient devant moi sans que personne ne vienne m’embêter ».

Sans ministère de l’Environnement, sans Ibama et sans ICMBio, avec des milices armées et libres de raser les arbres qui se trouvent sur leur chemin, cela signifie une isolation du pays du cadre international. Or la pression internationale a été responsable des compromis pour contrôler la déforestation qui impacte le climat du monde entier.

Bolsonaro promet de sortir de l’accord de Paris, il promet la fin du compromis de contrôle de la déforestation mais aussi de sortir de la convention 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT) et de sortir de la déclaration des Nations-unies sur les droits des peuples indigènes.

Si après la Seconde Guerre mondiale et la barbarie du nazisme, l’ONU a approuvé la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, c’est seulement en 1989 que l’OIT a approuvé la convention 169. Promue au Brésil le 19 avril 2004, elle a une force constitutionnelle. C’est elle qui est responsable de la reconnaissance de l’existence des peuples indigènes dans le monde et qui donne la responsabilité aux gouvernements de défendre leurs droits. La convention 169 a donné naissance à la déclaration des droits des peuples indigènes, dont le Brésil a été l’un des principaux acteurs.

Bolsonaro promet de sortir de la convention 169 afin de mettre en œuvre sa politique de déforestation de l’Amazonie et d’appliquer sa fameuse phrase qui affirme que « les indiens n’auront plus un centimètre de terre pour les terres indigènes ». Il s’agit également d’en finir avec les procédures de titrage des terres des quilombolas qui « ne servent même pas à procréer » et d’arriver à « un octroi de licences environnementales dans les trois mois » c’est-à-dire l’approbation automatique sans aucun critère de projets qui détruisent l’environnement et affectent les communautés indigènes, quilombolas et traditionnelles. « Les minorités doivent se plier aux majorités. Elles s’adaptent ou elles disparaissent » dit Bolsonaro.

Dans un discours au congrès national, il a attaqué la déclaration des Nations-unies sur les droits des peuples indigènes. Il a répété être contre la démarcation de la terre indigène Raposa Serra do Sol à Roraima. Les terres indigènes Raposa Serra do Sol, Vale do Javari et Yanomami sont dans son viseur. Il accuse les indigènes de vouloir se séparer du pays et considère les démarcations de leurs terres comme un « crime de lèse-patrie ».

L’élection de la députée fédérale Joenia Wapichana (REDE), avocate indigène qui a gagné de la notoriété en défendant la démarcation de Raposa Serra do Sol au STF est un élan pour la résistance et pour le mouvement indigène.

Le scénario actuel prévoit une explosion de conflits. Sonia Guajajara, leader politique indigène de grande envergure aujourd’hui au Brésil dit que Bolsonaro souhaite « légaliser le génocide des peuples indigènes au Brésil et ouvrir un précédent pour un retour en arrière en Amérique du Sud ».

La violence sociologique que le candidat prétend utiliser est tellement forte que les producteurs ruraux les plus sensés sont préoccupés de l’impact que cela aura sur le commerce. Il n’y aura pas de marchés pour manger le sang de ces zones agricoles. Ni ici, ni à l’extérieur. Les négociants agricoles, écrit la Folha de Sao Paulo, « ont peur du radicalisme ». Le mal qui sera causé pour en finir avec la préservation de la forêt amazonienne, du Cerrado et d’autres biomasses brésiliennes sera irréversible d’après Luiz Marques, historien du Unicamp. « Si cela se passe, si nous continuons à perdre la couverture végétale naturelle de ces biomasses, une politique économique qui viserait à améliorer les standards de vie de la société brésilienne ne sera plus possible, peu importe laquelle, », écrit-il dans un échange de courriels. Les vies perdues seront également irréversibles.


Traduction d’Oriane Petteni. Les explications entre parenthèse sont de la traductrice.

 

SOURCE

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21 juin 2019 5 21 /06 /juin /2019 12:39

 

 

Accord signé entre le Secrétaire de Sécurité et des Polices Nationales du Honduras et les Représentants de la Police Préventive et des Groupes d’élite Cobra en grève.

La Conférence de Presse qui précède la signature de l'accord

L’accord nous est présenté par le délégué du Commissionné aux Droits Humains qui a servi de médiateur pour sa rédaction.

 

Premier point de l’accord, le secrétaire d’état de sécurité et des polices nationales s’engage à fournir aux policiers une nourriture suffisante pour leur assurer la santé dont ils ont besoin pour assurer leur (sale ?) boulot.

Deuxième point : il s’engage à fournir aux directions policières des uniforme de qualité pour assurer l’(in-?)dignité de leurs fonctions.

Troisième point, il s’engage à les informer des droits qui leurs sont accordés par la loi, dont la plupart du temps, ils n’avaient pas connaissance jusqu’ici.

Quatrièmement, il s’engage à travailler conjointement avec le haut commissionné aux Droits Humains pour le Honduras afin de mettre en place des conditions de travail décentes.

Cinquièmement, il s’engage à organiser des réunions périodiques avec les différentes directions policières pour les informer de l’évolution des processus qui les concernent et de créer une Table afin qu’ils puissent déposer librement leur requêtes et plaintes.

Six : Il garantit à la population hondurienne le respect des droits humains de toutes les personnes au niveau national, y compris celles qui exercent leur droit à la manifestation publique et pacifique.

Sept, elle s’engage à ne pas mener de processus disciplinaires et sanctions laborales à l’encontre des policiers qui exercent leurs droit constitutionnel de revendication et de grève dans le cadre de ce conflit.

Huit et neuf, les membres de la police qui participent à ce conflit pourront avoir recours au service de ressources humaines pour protéger leurs droits et auront accès direct aux instances supérieures pour transmettre les requêtes qui ne seraient pas transmises par la voie hiérarchique. Tout cela se fera sous contrôle du Commissionné National des Droits Humains.

 

Un peu d’histoire : Après le coup d’état militaire de 2009, le président de facto, Micheletti, choisit comme conseiller militaire Billy Joya Amendola. Joya avait fait ses classes dans le Chili de Pinochet et on le verra, lors du coup d'état, à la télévision du Honduras, présentant un gros dossier : l’élaboration du coup d’état sur le modèle de celui du 11 septembre 73 au Chili, expliquant qu’il fallait éliminer Zelaya pour les mêmes raisons qu’il fallait faire disparaître Allende et la résistance Chilienne. Pendant les années 80, sous le commandement de l’Ambassadeur US Negroponte, leur créateur (il récidivera en Irak), Joya fait partie de l’escadron de la mort B »-16 et des unités Lince (linx) et Cobra. C’est pour célébrer la réactivation de ce « bon vieux temps des dictatures » que seront recrées les unités Cobra après le coup d’état militaire de 2009. En juillet 2013, ce ne sont pas des lynx qui cette fois leur seront adjointes mais les toutes nouvelles unités d’élites Tigre, formées par le FBI et la DEA. (aide au développement fournie par les USA)

Alors oui : que cette nuit, ces jeunes policiers aient introduit le respect de droits humains constitutionnels de la population incluant celui de manifester publiquement et pacifiquement comme condition indispensable de l’accord, alors que son application devra se faire obligatoirement sous-contrôle du Commissionné National de Droits Humains Roberto Herrera Caceres, c’est un accord historique.

L’autre accord historique des dernières 24 heures est celui de développement conjoint signé par les présidents du Salvador et celui des EU du Mexique. Un programme qui devrait s’étendre au Guatemala et au Honduras, mais dont l’application est empêchée par le haut taux de corruption qui règne dans ces pays. Les fonds ne parviendraient pas à leur destinataires. Le Mexique donnera 30 millions de dollars afin de générer 20 000 emplois au Salvador. Une méthode de gestion des flux migratoires qui vise à supprimer leur cause en transformant les conditions de vie qui provoquent la migration forcée.

Voici les premières lignes de la Déclaration de Principe de MORENA (mouvement de régénération nationale du Président et de beaucoup d’autres Mexicains), un mouvement qui a fait raz de marée dans le pays et déborde les frontières internationalement, un mouvement qui propose un modèle pour le monde, un modèle qui fait appel à la bonne volonté, à la bienveillance, au meilleur de chacun  :

 

Il n’y a rien de plus noble et de plus beau que de se préoccuper des autres et de faire quelque chose pour eux. Le bonheur peut aussi s’atteindre en agissant pour le bénéfice d’autrui, voisins, compagnons d’étude ou de travail, quand une action est menée pour le quartier, la collectivité, le peuple où le pays. Ces actions nous définissent comme genre humain, formant une communauté, construisant une citoyenneté et faisant de ce monde un endroit un peu meilleur.

 

Et je souscris, parce que ce bonheur, je le connais. Sinon pourquoi le blog, sinon pour ce plaisir de partager, pour le plaisir de l’acte gratuit, apporter une contribution, si petite soit-elle à la collectivité. Il existe des personnes comme cela pour qui faire du bien aux autres, c’est se rendre soi-même heureux, je le sais j'en suis et j'en connais beaucoup d'autres.. Depuis des décennies, une question résonne en moi et insiste : « Comment les gens gentils pourraient-ils changer le cours de l’histoire ? », et là je vois des millions, des dizaines de millions de contribution à une réponse qui tient la route. De petites gouttes d’eau qui forment un grand courant.

 

Je connais bien à présent le cynisme, la cruauté, l’insensibilité de ceux qui nous ont fait un monde dans lequel les dépenses militaires des nations prennent le pas sur celles consacrées au bien-être des personnes. Comme je connais toute cette bienveillance humaine que j’ai rencontré tout au cours de ma vie, parmi des milliers, des dizaines de milliers de personnes de toutes origines, sociales, nationales, culturelles. Ces gens gentils avec qui j’aimerais que nous puissions contribuer un jour à changer le cours de l’histoire pour qu’enfin advienne l’humanité.

 

Cette nuit, entendre les jeunes des escadrons Cobra et Tigre s’excuser devant le peuple pour le mal qu’ils lui ont fait, voir qu’ils ont introduit les droits du peuple comme condition de leur accord, cela participe, un peu (et peut-être un peu plus, l’avenir nous le dira) à cette transformation du monde, vers un monde où chacun(e) aurait la possibilité de donner le meilleur de soi-même. Que rêver de plus beau ?

 

Anne W

 

Et en prime

1)la troisième manifestation de dizaines de milliers de professeurs au Chili. Pour vous montrer que le fascisme, cela se combat d’abord par la préservation de sa joie de vivre.  Les fascistes ne sont pas marrants, ils traînent comme une condamnation leur haine de l’autre qui traduit leur profond mal-être.

Hier, triste souvenir, la force de répression ont pénétrer dans les Collèges, mais je n'en sais pas plus

Troisième manifestation des professeurs contre la stratégie de destruction de l'enseignement du Gouvernement

 

2)Et un bouleversant cadeau de la joie comme forme de la résistance, un extrait du film « La noche de los Lapices », un groupe de jeunes militants, enlevés par la dictature militaire argentine, chantent dans leur cellule, bravant la torture, la terreur. Une histoire vraie, seul un d’entre eux, Pablo, survivra pour raconter l’horreur, les autres adolescents font partie des disparus… Je ne sais pas s’il existe une version française de ce film, mais s’il y en a une, vraiment je vous la recommande.

 

Plus jamais ça !

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5 mars 2019 2 05 /03 /mars /2019 15:55
Violence contre les enfants Mapuche

Violence contre les enfants Mapuche

« Le modèle chilien, qui est présenté à l’étranger comme le plus grand succès du néolibéralisme, présente une réalité très différente pour des millions de familles chiliennes », a déclaré Tomás Hirsch, député du Parti humaniste chilien (Élu du groupe Frente Amplio), dans une interview à l’Agence Latino-Américaine d’Information (ALAI). « Cela se traduit par l’écart croissant entre les revenus et la concentration de la richesse, ainsi que par l’endettement asphyxiant dans lequel se trouve la majorité des travailleurs. En fait, tous les indicateurs nous classent comme l’un des pays les plus inégaux de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), avec les pires taux d’éducation, de santé, de pensions, de qualité de logement, d’espaces verts par habitant… », ajoute-t-il. Ce « système profondément inhumain » ne priorise pas la qualité de vie. Voici un échange sur les orientations de la politique du gouvernement chilien, et la mise en doute sur sa qualité morale à critiquer le Venezuela.

 

Monsieur le Député, la critique du Président Sebastián Piñera à l’égard du gouvernement constitutionnel de Nicolás Maduro au Venezuela, dans le contexte de l’attaque du groupe de Lima et de l’OEA contre la révolution bolivarienne, est notoire. Nous aimerions passer en revue certains aspects dans votre propre pays pour vérifier la cohérence de l’attitude du gouvernement chilien.

 

La position du Président Piñera est une position d’incohérence qui frise le surréalisme politique. Le Chili doit être le seul pays au monde qui, 29 ans après la fin de la dictature continue à disposer d’une Constitution issue de la dictature, élaborée par un petit groupe d’hommes d’extrême droite et sans débat aucun, « votée » sans listes électorales, dans le but de pérenniser un système profondément antidémocratique. À l’exception de quelques retouches mineures, c’est toujours la même Constitution qui a maintenu le dictateur Augusto Pinochet au pouvoir. Pendant près de 20 ans, nous avons eu des sénateurs pointés du doigt et un système électoral totalement truqué. Et c’est partant de là que nous voulons donner des leçons de démocratie ?

 

Le Chili, tout en se vantant internationalement de sa prétendue réussite économique, a l’une des pires répartitions de revenus de la planète, avec un salaire minimum honteux qui ne suffit pas à la subsistance du million de travailleurs qui le perçoivent. Et il prétend donner des leçons sur les droits sociaux en partant de là ? Le système de retraite chilien, également créé sous la dictature et maintenu par le pouvoir entrepreneurial sur le monde politique, fournit des pensions misérables, proches du 25% du salaire perçu au moment de la retraite. C’est une véritable violation des droits humains envers les personnes âgées. En même temps, la santé et l’éducation sont des entreprises et non des droits, définis par le président lui-même comme des biens de consommation. Le Chili est le seul pays au monde où l’eau est 100% privée. Les ressources de la pêche ont été livrées à perpétuité par le premier gouvernement de Piñera à 7 familles, à partir d’une loi reconnue publiquement comme corrompue, approuvée sur la base de pots de vin octroyés aux ministres et parlementaires. Le cuivre, le lithium, les forêts, l’énergie, tout, absolument tout, a été dénationalisé et confié à des multinationales qui, bien sûr, parlent en bien de notre pays…

 

La police, les Carabineros du Chili, fait l’objet d’une enquête pour le plus grand vol qualifié de l’histoire de notre pays. Et pendant ce temps, ces mêmes carabineros continuent d’assassiner les Mapuches.

 

C’est depuis ce pays qu’on prétend donner des leçons sur la démocratie, la justice, les droits humains, l’égalité sociale ? C’est honteux de le suggérer.

 

Le Venezuela est qualifié de « dictature » et son gouvernement de répressif. C’est particulièrement délicat dans un pays comme le Chili qui a subi un coup d’État virulent contre un président élu par le peuple et une dictature militaire sanglante pendant 17 ans. Parlez-nous de la position du présent gouvernement concernant cette période néfaste et de l’état actuel de la démocratie au Chili.

 

Malheureusement, nous sommes confrontés à une « renaissance » de la valeur de la dictature et de Pinochet. Sans aller plus loin, aujourd’hui (13 février) l’un des principaux sénateurs du gouvernement s’est déclaré Piñeriste-Pinochetiste. Une tentative de négationnisme de ce que furent les violations des droits humains pendant la dictature est en cours. Piñera prétendait installer comme ministre de la Culture un négationniste déclaré. Il ne faut pas oublier qu’en outre, pour son élection, Piñera a été soutenu, avec sa reconnaissance personnelle, par le « Bolsonaro » chilien, José Antonio Kast, un néo- fasciste populaire qui a le support croissant des parlementaires du gouvernement. Au Chili, selon tous les rapports internationaux, la torture continue, les Mapuches et les leaders sociaux et écologistes sont assassinés. Et le voile de l’impunité a fait en sorte qu’aucun des responsables ne se retrouve en prison. Et ceux qui ont été condamnés pour violation des droits humains, bénéficient d’installations luxueuses dans la prison 5 étoiles de Punta Peuco. C’est très regrettable de le dire, mais au cours de l’année dernière, nous avons vu un gouvernement qui vire par la force vers une droite dure.

 

Le gouvernement chilien dénonce souvent les violations présumées des droits humains au Venezuela. Nous avons assisté récemment au meurtre de sang-froid de Camilo Catrillanca – l’une des nombreuses victimes – et, malheureusement, il est souvent fait référence à la discrimination contre le peuple mapuche, à la répression et à la militarisation dans leur territoire ancestral. Pensez-vous que l’État chilien, et en particulier le gouvernement Piñera, respecte et défend énergiquement les droits humains ?

 

Au cours des dernières années, non seulement au sein de ce gouvernement, mais aussi dans ceux de l’ancienne Concertación [N.d.T. Coalition de partis politiques chiliens du centre et de la gauche, qui a gouverné entre 1990 et 2010], les droits humains ont été violés à maintes reprises, comme la Commission interaméricaine des droits humains et d’autres organisations internationales des droits humains l’ont exprimé à maintes reprises. Les Mapuches ont été assassinés de sang-froid. Des enfants mapuches ont même été attaqués avec des bombes lacrymogènes dans leurs écoles et abattus à bout portant. Et rien n’est arrivé aux criminels, toujours des Carabineros membres de la police ; ils sont tout au plus condamnés à des peines symboliques absurdes. De même, des centaines d’enfants et d’adolescents en difficulté sont morts au cours des 12 dernières années alors qu’ils étaient pris en charge par l’Etat au Sename (Service national pour les mineurs). Et dernièrement, nous avons été témoins d’attaques répétées contre différents lieux de mémoire correspondant aux endroits où la dictature a torturé et assassiné, et le gouvernement laisse faire et regarde ailleurs. Oui, nous pouvons dire avec insistance, bien qu’avec douleur, que les droits humains sont violés au Chili.

 

Un autre aspect qui est souvent critiqué comme l’un des problèmes majeurs du Venezuela est la corruption dans les rangs du gouvernement. Parlez-nous de l’éthique politique gouvernante au Chili.

 

La meilleure façon de répondre à cette question est de donner quelques exemples que tout le Chili connaît en détail :

 

La loi sur la pêche, promulguée par Piñera dans son premier gouvernement, est considérée comme un exemple presque parfait de ce que sont la corruption et les pots- de- vin. Des dizaines de députés et de sénateurs corrompus, de ministres et de sous-secrétaires qui ont reçu des millions de dollars, complètent des paragraphes de la loi rédigés par les grandes sociétés de pêche et envoyés par la poste au gouvernement. Tout ce qui précède est prouvé par la justice. Résultat ? La loi est toujours en vigueur sous prétexte qu’au Chili, une loi ne peut être annulée.

 

SQM, le plus grand producteur mondial de lithium, a été offert par Pinochet à son gendre, Julio Ponce Lerou. Au cours de ces dix dernières années, il s’est consacré à acheter les parlementaires de tous les partis politiques du duopole [N.d.T. Se dit d’un marché où deux vendeurs se partagent toute la production]. Tous les cas sont documentés, les hommes d’affaires ont avoué et les parlementaires ont reconnu avoir reçu des versements. Résultat ? Tous sont parvenus à des « accords » avec la justice et aucun d’entre eux n’a été condamné.

 

Il y a seulement deux jours a été révélé comment Piñera, dans sa première période, a pris des dispositions (réussies) pour obtenir une plage privée devant l’une de ses nombreuses maisons près des lacs du sud du Chili. C’est un petit échantillon de ce qui se révèle chaque jour dans notre pays : que la corruption et surtout l’abus de pouvoir se sont installés dans la politique chilienne.

 

La principale motivation des gouvernements des États-Unis et de l’Europe, qui promeuvent et soutiennent la tentative de coup d’Etat contre le gouvernement de Nicolas Maduro, est l’énorme richesse en ressources naturelles du Venezuela, aujourd’hui gérées par l’État. Le Chili est également un pays riche dans ce domaine. Dites-nous à qui profitent les ressources naturelles de votre pays.

 

Au Chili, les ressources naturelles ont depuis longtemps cessé d’appartenir aux Chiliens. Le cuivre, autrefois nationalisé par Allende avec le soutien unanime du Congrès national appartient aujourd’hui à 80% aux multinationales. Le lithium, une richesse stratégique, à 2 groupes économiques ; les ressources de la pêche données à 7 familles ; l’eau privatisée dans un contexte mondial unique ; l’énergie entièrement gérée par des groupes multinationaux. Et à part ça, les pensions sont gérées par quatre groupes étrangers. Le pays tout entier est entre des mains privées.

 

La politique étrangère du Chili ne semble pas avoir de soutien propre et s’aligne automatiquement sur les desseins des États- Unis, quelle en est la raison, selon vous ?

 

Il y a une photo honteuse qui a circulé sur les réseaux sociaux il y a quelque temps. Au cours de sa visite aux États-Unis, lorsqu’il a rencontré le président Trump, le président Piñera lui a montré un drapeau nord-américain qui contenait à l’intérieur un petit drapeau chilien. Voir l’image reproduite dans le monde entier fut une honte nationale, mais en même temps une preuve à quel point ce gouvernement, sans aucune dignité, s’aligne avec le gouvernement et les politiques interventionnistes des États-Unis. Il en va de même lorsqu’il s’agit de signer des traités internationaux, dans lesquels le Chili a accepté des conditions absolument défavorables aux petites et moyennes entreprises nationales. Derrière cette attitude servile, il y a clairement des intérêts économiques en jeu. La droite politique et commerciale chilienne est profondément liée aux intérêts nord-américains et le président lui-même fait partie de ce lien.

 

Pensez-vous que les attaques permanentes des gouvernements de droite contre le Venezuela sont un moyen de détourner l’attention des problèmes qui touchent leur pays ? En plus de ce qui a déjà été dit, qu’est-ce qui devrait être changé au Chili ?

 

Le Chili doit passer de la démocratie « formelle » actuelle à une véritable démocratie, avec une participation sociale effective. Pour cela, la première chose à faire est de nous doter d’une nouvelle Constitution générée par une Assemblée Constituante. D’autre part, nous devons progresser plus rapidement vers un État qui garantisse les droits sociaux fondamentaux. Récupérer nos ressources stratégiques est une autre tâche urgente. Au niveau international, nous affilier de manière constructive à l’Amérique latine, en contribuant au renforcement des droits humains et de la démocratie dans la région.

 

Le Chili doit cesser de prétendre être ce qu’il n’est pas. Il doit cesser de donner des « leçons » à d’autres pays et se concentrer sur la résolution des multiples et énormes problèmes sociaux que nous avons ici.

 

Article publié dans la Revista América Latina en Movimiento Por el patio trasero 19/02/2019

 

Traduit de l’espagnol par Ginette Baudelet

 

25.02.2019 - Santiago du Chili

https://www.pressenza.com/fr/2019/02/dialogue-avec-tomas-hirsch-chili-un-systeme-profondement-inhumain/

 

 
Artículo publicado en la Revista América Latina en Movimiento Por el patio trasero 19/02/2019
 
https://www.alainet.org/fr/articulo/198404
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2 février 2014 7 02 /02 /février /2014 16:02

 

Deux élections présidentielles aujourd'hui en Amérique Latine, Costa Rica et El Salvador, deux élections dont les campagnes ont vu une montée à gauche, mais mon suivi approfondi des récentes élections au Honduras, un montage qui comptait au moins 1O formes de fraudes, pressions, menaces, agression et achats de vote, le tout sous égide assumé des USA, qui se comportaient en porte-parole du gouvernement hondurien, je suis dubitative.

Les méthodes de fraude électorale et de confiscation des votes, quand on y met les moyens ne manquent pas et nous savons que les USA corporations ne manquent pas de fonds quand il s'agit d'assurer "leurs intérêts et leur sécurité"

 

"Une victoire du Front élargi permettrait de faire le ménage dans l'État et de renforcer le secteur public"
Entretien avec William Rodolfo Ulloa, secrétaire général et chef de campagne du Front élargi pour les élections du 2 février au Costa Rica



Giorgio Trucchi

Traduit par  Fausto Giudice Фаусто Джудиче فاوستو جيوديشي

 

 

 

Ce 2 février environ trois millions de Costaricains sont appelés à voter pour choisir un successeur à la présidente Laura Chinchilla et les 57 membres de l'Assemblée législative (2014-2018).

Le parti du Front élargi, fondé en 2004 par des membres éminents de la gauche costaricaine, comme José Merino, Eduardo Mora Valverde et Patricia Mora, présenté comme candidat à la présidentielle le jeune (36 ans) député José María Villalta. Son plan de gouvernement a comme priorité de réduire les inégalités sociales et de lutter contre la pauvreté.

Les deux autres candidats qui, selon de récents sondages, ont la chance de gagner sont Johnny Araya  du PLN (Parti de libération nationale) de la présidente sortante Chinchilla et Otto Guevara du MV (mouvement libertaire) de droite.

Pour William Rodolfo Ulloa, secrétaire général et directeur de campagne du FA (Frente Amplio =Front élargi), Villalta a de fortes chances de gagner l'élection dès le premier tour.

 

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- Quels sont les principaux axes du programme de gouvernement du Frente Amplio?

- WRU: Il y a trois axes clés. Le premier est de sauver la sécurité sociale, en particulier, la Caisse costaricaine  de sécurité sociale, en renforçant ses capacités de gestion, en arrêtant le processus de privatisation et de concession du service de santé et en la dotant de ressources financières pour une viabilité à long terme. Le deuxième est de renforcer le ministère du Travail et de la Sécurité sociale, pour qu'il puisse remplir sa mission d'inspection des conditions de travail, garantir le paiement de salaires minima, faire respecter les garanties de travail contenues dans la loi et la défense des droits syndicaux inscrits dans la Constitution.

Enfin, le troisième axe est la relance de la production nationale axée sur le marché intérieur, la promotion des initiatives de micro, petites et moyennes entreprises (MPME), les coopératives autogérées, des entreprises communautaires, en particulier celles constituées par des  femmes, les jeunes, les personnes handicapées et les chômeurs  adultesde longue durée.

 

- A quelques jours du vote José María Villalta se présente comme le challenger du candidat officiel.  Vous vous y attendiez? Quels sont les éléments qui encouragent les gens à voter pour le FA?

- WRU: Nous avons perçu dans la population une montée de  la colère et du rejet du parti au pouvoir (PLN). Cependant, au début octobre, la réalité a dépassé nos perspectives officielles. Il ya plusieurs facteurs objectifs et subjectifs qui pourraient expliquer cette situation.

Le modèle néolibéral actuel n'a pas prouvé ses avantages supposés pour  la population, au contraire, il a créé un fossé social qui se caractérise par le maintien, en moyenne, de 20% des Costaricains dans la pauvreté. Il a également conduit à une mainmise croissante des entreprises sur  l'État se traduisant par de la corruption. Le PLN leur présente pour ainsi dire la facture  parce que, durant ses deux mandats, il ya eu beaucoup d'actes de corruption qui n'ont pas reçu de réponse vigoureuse.

Il y a aussi certains éléments qui jouent en faveur du FA la jeunesse du candidat qui a soulevé l'espoir d'un changement de cap, une pratique politique constante défense des intérêts populaires et une trajectoire parlementaire de huit ans pendant lesquels on n'a pas pu citer un seul acte de corruption.

En outre, les propositions de programme ont reflété la plupart des aspirations de préservation de l' État social qui caractérise le développement historique du Costa Rica pendant une bonne partie du XXe siècle, et qui a été érodé par les agissements des gouvernements PLN et PUSC à partir de 1986.

 

http://globedia.com/imagenes/noticias/2012/1/19/convocan-protesta-costa-rica-poco-aumento-salarial_1_1055878.jpg

- La campagne de dénigrement : qui l'a développée et comment ?

- WRU: Cette campagne a pris trois formes. La première est une campagne systématique orchestrée par une partie des patrons liés  au PLN, qui s'est donnée pour  tâche de contraindre leurs salariés à ne pas voter pour la FA, affirmant que s'il était au pouvoir, les entreprises fermeraient et il y aurait des licenciements. Cette situation est la plus grave, vu qu'elle se base sur un rapport de force inégal, clairement en violation des règles démocratiques, à la fois du Code du travail et du  Code électoral.

Nous avons identifié plusieurs opérations: emails  d'Avon Costa Rica, Subway Costa Rica et TIPS,  qui ont été signalés et ont entraîné une procédure du  Tribunal électoral suprême. Dans d'autres cas, nous n'avons pu déposer de plainte, puisque le tribunal exige que la plainte soit signée, ce qui bien évidemment conduirait  à des représailles.

Le deuxième axe de campagne sale est venu d'une partie des médias. Beaucoup d'articles et d'éditoriaux ont brandi  la bannière de l'anti-communisme comme on ne l'avait pas  vu au Costa Rica depuis les pires années de la guerre froide.

Le troisième provient de groupes religieux conservateurs, qui ont exacerbé les sentiments religieux sur des questions comme l'avortement, la fécondation in vitro ou le mariage de personnes du même sexe. Ils en sont arrivés à distribuer des tracts à la sortie des offices religieux, appelant explicitement à voter contre le Front élargi. Nous avons des informations selon lesquelles que dans certaines congrégations évangéliques on a fait la même chose.

- Quel est le message du FA à la classe ouvrière?

- WRU: N'ayez pas peur, sachez que le FA sera un allié solide et loyal. Exercez sans peur votre droit de choisir le président que vous considérez comme le  mieux à même de défendre vos intérêts et les intérêts généraux de notre peuple. Le vote est secret et de nombreux Costaricains sont morts pour ce droit dans le passé. Il s'agit d'un moment comme il y en a peu dans l'histoire d'un pays, et il s'agit de choisir entre la continuité du néolibéralisme et changement, représenté par le progressisme du FA.

 

http://1.bp.blogspot.com/_QKsmt5Fr_Vo/TOL5GmsubEI/AAAAAAAAHaI/oOtvNnjAjaQ/s400/FA-Principios.png

- Sur José María Villalta et son parti, on a dit de tout : qu'il est chaviste,  communiste, sandiniste, qu'il va détruire le pays. Comment pourriez-vous expliquer ce qu'est le FA, sa proposition et son programme ?

- WRU: Le Front élargi est un parti politique qui se situe à gauche, de manière explicite et nous l'avons toujours dit. Cependant, nous croyons que ces ismes  soient des étiquettes valables pour un parti quel qu'il soit. Notre projet est de viser à la construction d'un socialisme démocratique, en conformité avec les caractéristiques historiques, économiques, sociales, politiques et culturelles de notre pays et de sa société. En ce sens, nous ne cherchons à transférer  de manière mécanique l'expérience d'aucun autre pays d'Amérique latine.

Nous avons dans nos rangs des ex-militants du Parti communiste, mais nous avons aussi des gens qui se définissent comme sociaux-démocrates, sociaux-chrétiens, écologistes, féministes.

En bref, comme notre nom l'indique, nous sommes un parti qui rassemble un grand nombre de sensibilités convergeant dans le but commun de construction du «socialisme à la tica". {Les Costaricains s'appellent eux-mêmes les Ticos et Ticas, NdT]

Notre programme est de chercher à reprendre le chemin de la lutte contre la pauvreté, les inégalités sociales, pour une meilleure répartition des richesses, la création d'emplois et redonner du muscle à l'État pour l'exécution des travaux publics et le contrôle de l'économie, donnant du pouvoir aux communautés dans toutes les questions relatives à la production, l'exécution, le suivi et l'évaluation des politiques publiques.

 

- Que signifierait pour le pays une victoire de Villalta et du FA ?

- WRU Une victoire du FA signifierait, avant tout, l'arrivée d'une option permettant faire le ménage dans l'État et de renforcer le secteur public, en révisant l'équation État-marché, comme ce qui a été proposé dans d'autres pays, par exemple le Chili.

- Vous sentez-vous sûrs de vous au FA, même dans en cas de second tour ?

- WRU: Absolument

- La politique étrangère. Que proposez-vous et quelle position aurait le FA face à des processus unitaires que le SICA (CA4-Parlacen-CCJ), ALBA, Petrocaribe et CELAC ?

- WRU: Le Costa Rica a assumé la présidence temporaire de la CELAC (Communauté des États d'Amérique latine et de la Caraïbe), une organisation dans laquelle nous sommes pleinement engagés et espérons approfondir notre implication.

Le SICA est un outil fondamental pour les pays d'Amérique centrale, cependant, une entrée au Parlement centraméricain n'est pas dans nos objectifs à court terme, et nous ne l'envisageons pas dans notre plan de gouvernement. Fondamentalement, c'est quelque chose qui implique une série de changements constitutionnels qui, dans  notre pays, ne sont pas un processus facile et impliquent des négociations assez complexes.

Cependant, nous souhaitons aller au-delà de l'intégration commerciale dans des domaines qui ont été jusqu'à présent au second plan, comme les droits humains, la protection des écosystèmes régionaux, le développement social et économique, la réduction de la pauvreté, la coopération dans la la santé et l'éducation, la promotion de la culture et, en général, la coordination des positions communes dans les négociations politiques avec d'autres pays et blocs régionaux.

En ce qui concerne Petrocaribe, nous avons un intérêt particulier à évaluer la pertinence de l'intégration économique et politique dans cette instance. Dans l'ensemble nous avons soulevé la nécessité de renforcer les relations commerciales et les programmes de coopération avec tous les blocs économiques régionaux, en particulier avec les pays d'Amérique latine, en accordant un intérêt particulier au  MERCOSUR.

En ce qui concerne l'UNASUR, nous voulons approfondir le dialogue politique et contribuer par  notre diplomatie à renforcer cette instance.

- Enfin, comment allez-vous  aborder les questions sensibles telles que la monoculture, la souveraineté alimentaire, l'utilisation de pesticides et d'OGM ?

- WRU: Pour les monocultures, nous disons dans notre plan de gouvernement que nous décrèterons un moratoire sur l'expansion de la monoculture, notamment de l'ananas. Cela ne signifie pas une  interdiction mais tout simplement de ne pas augmenter leur surface. Nous soutiendrons également les municipalités qui ont limité l'expansion des  monocultures en utilisant leurs prérogatives légales en matière  d'administration foncière.

La question des OGM est aussi quelque chose que nous prenons très au sérieux. Nous allons soutenir les municipalités qui ont décrété  leurs territoires sans OGM. Nous chercherons à  faire adopter une loi déclarant un moratoire indéfini pour la plantation et la dissémination d'organismes génétiquement modifiés, tant qu'aucune preuve scientifique convaincante et vérifiée n'aura pas été fournie qu'ils  ne nuisent pas à l'environnement. En outre, il faut protéger la biodiversité agricole des semences traditionnelles, les considérant comme un patrimoine de l'humanité qui ne peut pas être soumis à brevet commercial.

Face à la situation consistant à être  l'un des pays ayant la plus forte utilisation de produits agrochimiques potentiellement toxiques, nous proposons de développer la  production biologique et agro-écologique en recyclant les nutriments et l'énergie de l'exploitation agricole, intégrant la production agro-pécuaire.

Enfin, la souveraineté et la sécurité alimentaires sont un élément clé de notre plan de gouvernement. Par conséquent, notre politique dans ce domaine vise à assurer une autosuffisance raisonnable en matière de  production agricole alimentaire.

 


 





Merci à Tlaxcala
Source: http://nicaraguaymasespanol.blogspot.com/2014/01/costa-rica-una-victoria-del-frente.html

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31 janvier 2014 5 31 /01 /janvier /2014 15:11
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Ce n'est pas un miracle, mais presque. Contre toute attente, la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) se consolide comme institution de "Notre Amérique" et tient son deuxième Sommet des Présidents à La Havane.
Nous parlons de «miracle» car qui aurait pu imaginer, il y a seulement cinq ans, que le rêve bolivarien d'Hugo Chavez, rêve fondé sur un diagnostic impeccable de la situation géopolitique mondiale et qui cherchait à construire un organisme régional sans la présence des USA et du Canada, pourrait donner des fruits ? Pour ce faire, Chavez et ceux qui l'accompagnaient dans cette entreprise patriotique, ont dû surmonter toutes sortes d'obstacles : la résignation de certains gouvernements, la faiblesse des uns, le scepticisme des autres et l'opposition systématique de Washington, fait tout sauf mineur dans la politique de nos pays. Eppur si muove, dirait Galilée en contemplant la réalisation du projet bolivarien qui rassemble, pour la première fois dans l'histoire, toutes les nations d'Amérique latine et des Caraïbes à la seule exception de Porto Rico, pour le moment. Sans aucun doute, le renforcement de la CELAC et de l'UNASUR (au niveau de l'Amérique du Sud) sont de très bonnes nouvelles pour l'émancipation de la Patria Grande.


La Maison Blanche avait d'abord tenté d'empêcher le lancement de la CELAC qui eut lieu à Caracas en décembre 2011, en présence de son infatigable promoteur et mentor déjà attaqué par le cancer qui devait l'emporter. Ayant échoué, l'empire a mobilisé ses alliés régionaux pour faire avorter ou du moins reporter l'initiative dans un futur indéfini. Sans résultat non plus. La stratégie suivante a été d'utiliser certains de ses pions dans la région comme chevaux de Troie pour miner le projet de l'intérieur. Sans grandes avancées mais en arrivant malgré tout à ce que le premier gouvernement qui ait obtenu la présidence tournante de la CELAC en 2012, le Chili de Sebastián Piñera, déclare par la bouche d' Alfredo Moreno, son ministre des Affaires étrangères : "la CELAC sera un forum et pas une organisation, elle n'aura pas de siège, ni de secrétariat, ni de bureaucratie ou autre". Un forum ! C'est à dire un espace pour d'aimables et insignifiantes conversations entre gouvernants, diplomates et experts sans le moindre questionnement sur la domination impérialiste en Amérique latine et dans les Caraïbes. Et la Maison Blanche a également réussi, grâce à l'activisme militant de ses principaux amis de l'Alliance du Pacifique (le Mexique, la Colombie et le Chili), à faire en sorte que toutes les décisions de la CELAC soient prises à l'unanimité. Il semblerait bien que la "règle de la majorité", si chère à la tradition politique US, ne fonctionne que quand ça l'intéresse. Et quand ce n'est pas le cas, cela confère de fait un droit de veto à chacun des trente-trois membres de l'organisation. Mais c'est une arme à double tranchant : Le Panama ou le Honduras pourront s'opposer à une résolution appelant à mettre fin au statut colonial de Porto-Rico ; mais la Bolivie, l'Equateur et le Venezuela pourront faire la même chose s'il est proposé d'en appeler à la collaboration du Commandement Sud (de l'armée US) pour lutter contre le trafic de drogue.
La seconde présidence de la CELAC, en 2013, est allée à Cuba et le président Raúl Castro Ruz a pris d'importantes mesures pour contrecarrer les machinations de la ministre des Affaires étrangères du Chili : on a avancé dans l'institutionnalisation de la CELAC et l'embryon d'une organisation a été créé pour ce sommet, ce qui a permis de produire 26 documents, chose qu'aucun forum ne fait. Certaines propositions, comme celle de déclarer «Zone de paix» l'Amérique latine et les Caraïbes, feront l'objet d'un dialogue de sourds. Car il ne s'agit pas seulement d'éviter la présence d'armes nucléaires dans la région - comment savoir s'il n'y en a pas déjà dans la base de Mount Pleasant, dans nos îles Malouines ? - mais aussi d'utiliser la force pour résoudre les conflits internes. Cela fait subrepticement allusion à la tradition interventionniste de Washington en Amérique latine et à la présence de ses 77 bases militaires dans la région, dont le but est exactement cela : intervenir avec sa force militaire dans la politique intérieure des pays de la région, lorsque les conditions l'y invitent, pour compléter l'intervention ouverte que Washington réalise dans chacun d'eux. Il suffit de se souvenir, comme bon exemple didactique, du rôle crucial de «l'ambassade» pour déterminer le vainqueur de la récente élection présidentielle au Honduras. Ce problème, comme nous le voyons, sera l'un des points d'achoppement et de discorde car il y a des gouvernements, et ils ne sont pas rares, qui ne se contentent pas de tolérer la présence de ces bases militaires US-américaines mais qui comme la Colombie, le Pérou et le Panama, les réclament.
Un autre problème potentiellement perturbateur est l'approbation de la proposition du Venezuela d'intégrer Porto Rico à la CELAC - proposition tout à fait logique compte tenu de l'histoire et du vécu de ce pays, de sa culture, sa langue et ses traditions - mais susceptible de susciter des réserves parmi les gouvernements les plus proches de Washington pour qui Porto Rico est un butin de guerre non négociable. Avec cette guerre dont la victoire a été arrachée aux patriotes cubains et au cours de laquelle, elle s'est approprié Cuba, Porto Rico et les Philippines, la Rome des Amériques a commencé sa sinistre transition de la République à l'Empire. On remarque par contre un soutien unanime à la demande de l'Argentine en ce qui concerne les îles Malouines, la levée du blocus de Cuba et d'autres propositions visant à renforcer les liens commerciaux, politiques et culturels. On sait que l'Équateur va présenter une proposition de rejet de l'espionnage réalisé par les USA et de développement d'un nouveau réseau de communication sur Internet en dépit de l'interdiction de Washington, et il est probable que des propositions concrètes soient adoptées pour combattre la pauvreté et que soient étudiées des alternatives pour renforcer la Banque du Sud et, éventuellement, créer une compagnie pétrolière d'Amérique latine, sujet sur lequel le président Chavez avait insisté encore et encore.
La transition géopolitique internationale actuelle, qui se manifeste par le déplacement du centre de gravité de l'économie mondiale vers l'Asie-Pacifique, le déclin de la puissance mondiale des USA, l'effondrement irrémédiable du projet européen, la persistance de la crise économique qui a explosé à la fin 2007 et qui ne semble que s'accentuer avec le passage du temps et la permanence d'un «ordre» économique mondial qui concentre la richesse, marginalise les nations et approfondit la destruction de l'environnement, ont agi comme une incitation puissante pour éliminer la méfiance initiale que de nombreux gouvernements montraient vis-à-vis de la CELAC. L'accord conclu à Caracas en 2011 a établi qu'une troïka assumerait successivement la présidence pendant les trois premières années : Le Chili a commencé, Cuba a continué (confirmant la condamnation continentale du blocus US et de son but d'isoler la Révolution cubaine) et à la fin du sommet des présidents, la présidence sera dévolue au Costa Rica. Ce pays, allié fidèle de Washington, devra faire face à une élection cruciale le 2 février prochain, lorsque pour la première fois depuis des décennies, l'hégémonie politique de la droite néocoloniale du Costa Rica sera menacée par la montée d'un nouvel acteur politique surprenant : Le Front Elargi. L'actuelle présidente, Laura Chinchilla, qui avait été fonctionnaire de l'USAID pendant de nombreuses années, garantissait avec la victoire du parti au pouvoir la «domestication» de la CELAC et le retour au projet conçu par Sebastián Piñera et impudemment promu par son ministre des Affaires étrangères. Mais tous les sondages donnent pour acquis qu'il y aura un deuxième tour, et le discours et les propositions bolivariennes du candidat du Front élargi, M. José Villata, pourraient le catapulter à la présidence du Costa Rica. Bien sûr, comme cela a été le cas récemment durant l'élection présidentielle au Honduras voisin, tout l'appareil de renseignement, de manipulation médiatique et de financement des partis amis a été lancé par Washington pour qui la défaite de la droite néocoloniale du Costa Rica serait un revers avec des implications régionales plus larges. Si une telle chose se produisait, la CELAC pourrait traverser une autre étape vers son institutionnalisation définitive, ce dont l'Amérique latine et les Caraïbes ont impérativement besoin. Traduit par CM pour le Front de Gauche Latino

 

 


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28 décembre 2013 6 28 /12 /décembre /2013 23:56

 

 

 

par Vicky Peláez

 

La Terre n’appartient pas à l’homme,
c’est l’homme qui appartient à la Terre

(Sagesse amérindienne).

 

Il est de ces événements internationaux que la presse mondialisée s’efforce de passer sous silence ou simplement d’occulter afin d’éviter qu’ils ne se propagent et perturbent l’agenda des multinationales, qualifiées de « club international des banquiers et des guerriers » par l’écrivain Eduardo Galeano. Leur dessein est de contrôler non seulement la vie humaine, mais aussi la nature. C’est ainsi qu’est passé inaperçu le « 5e Sommet continental », qui s’est tenu récemment dans le territoire autochtone La Maria dans le département du Cauca en Colombie, terre de la communauté indigène Nasa, où 4 000 représentants indigènes du continent américain ont formulé des propositions pour la défense de la Terre-Mère et ont exprimé leur rejet du modèle économique néolibéral dominant.

Les chefs de plus de 40 ethnies – parmi lesquelles, les Emberá, les Wayuu, les Guaraní, les Mapuche, les Arauco, les Machiguenga – ont exigé un arrêt des signatures de Traités Bilatéraux d’Investissement (TBI) et d’Accords de Libre Échange (TLC) qui créent des politiques d’expropriation de ressources naturelles et des règles permettant le pillage des biens et des cultures des peuples. Les communautés amérindiennes s’inquiètent de la décision prise par quatre pays d’Amérique latine (Chili, Colombie, Mexique et Pérou) de signer l’Accord de Partenariat Trans-pacifique (TPP en anglais) avec les États-Unis, le Canada, le Japon, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Vietnam, la Malaisie, Singapour et Brunei.

Le TPP, qui se négocie à huis clos et à l’initiative du gouvernement de Barack Obama, est qualifié de « cheval de Troyes corporatiste » ou de « NAFTA (accord de libre-échange nord-américain : États-Unis, Canada, Mexique) élevé aux stéroïdes », car il fait prévaloir les intérêts des multinationales sur les intérêts nationaux des pays signataires. Bien entendu, cet accord répond aux règles d’un marché libéralisé à l’extrême, mais, selon ses créateurs, multiplierait par deux le volume des exportations nord-américaines, harmoniserait les lois environnementales des pays signataires en fonction des intérêts des entreprises, et modifierait les standards de sécurité alimentaire.

De plus, les multinationales prendront en charge la sécurité sociale, les fonds de pension et les mutuelles, restreignant le recours aux médicaments génériques, entre autres, comme le montre l’exemple du Guatemala : après que le pays a signé l’accord de libre échange États-Unis / pays d’Amérique Centrale (ALEAC), la vente de génériques a été interdite, faisant grimper immédiatement de 20% le prix des médicaments. Une des causes du coup d’État de 2009 au Honduras fut précisément la décision de l’ex-président Manuel Zelaya de conclure un accord avec Cuba afin de faire baisser le prix des médicaments. Les 4 000 représentants amérindiens ont exprimé un NON ferme et définitif à ces pratiques et exhortent leurs gouvernements à préserver la souveraineté de leurs pays en cessant de conclure des accords de libre-échange.

Les participants au Sommet Continental ont farouchement rejeté le recours aux cultures transgéniques de la multinationale Monsanto sur les territoires indigènes du continent et ont appelé en Colombie à l’abrogation de la résolution 9.70 du traité de libre-échange avec les États-Unis. Cette loi interdit l’usage par les agriculteurs de semences naturelles et les contraint à n’utiliser que les « semences certifiées ». Autrement dit, les 14 millions de paysans colombiens sont dans l’obligation d’utiliser exclusivement des semences transgéniques stériles produites par Monsanto, Cargill, DuPont, Dow Chemical Co. et par plusieurs autres entreprises. Selon Carlo Petrini, le pape de la gastronomie et de l’alimentation, à l’heure actuelle, « 80% des semences de la planète appartiennent à 5 multinationales ». Selon le spécialiste, quand l’industrie aura mis la main sur la totalité de la production, ce sera la mort des paysans et des agriculteurs.

Les peuples indigènes d’Amérique latine, à l’instar de tous les hommes de conscience, s’opposent au projet des multinationales de faire de la nature une marchandise, elles qui en sont déconnectées, alors que, comme l’explique Eduardo Galeano « les cultures amérindiennes la vivent de l’intérieur », et la considèrent comme partie intégrante de leur propre existence. Ils se rendent parfaitement compte que le système actuel mondialisé réunit les conditions idéales pour la destruction de l’environnement, et comme l’affirme Carlo Petrini, « produit un gâchis jamais vu dans toute l’histoire de l’humanité, il n’a aucun respect pour les traditions, il détruit les peuples et confisque l’avenir ».

Selon ce spécialiste, affirmer que « ces vingt dernières années, on a utilisé plus de produits chimiques qu’au cours des 120 années qui ont précédé » n’est pas une révélation. Les peuples amérindiens réunis en Colombie s’inquiètent du modèle prédateur et d’exploitation irrationnelle qui « met en péril la vie et la survie de l’ensemble des êtres vivants de la planète ». Les récentes critiques émises par le Comité des droits économiques, sociaux et culturels (DESC) des Nations Unies au gouvernement argentin confirment les inquiétudes exprimées lors du Sommet. Le déboisement, les engrais chimiques, le soja transgénique et les mines à ciel ouvert « ont contraint les peuples indigènes à abandonner leurs terres », de plus l’utilisation de pesticides chimiques a « affecté la santé de ces communautés », comme le dit le rapport, qui conclut que le modèle agricole actuel porte atteinte à l’agriculture indigène.

Les peuples amérindiens sont extrêmement conscients de la situation, eux qui alertaient déjà il y a plusieurs décennies sur les dommages irréversibles qu’engendre la surexploitation des ressources échappant à tout contrôle sur la Terre-Mère et la nature dans son ensemble. L’industrie agricole et les politiques économiques extractivistes imposées par le néolibéralisme afin d’obtenir le maximum de bénéfices provoquent des dommages majeurs à l’environnement et affaiblissent l’agriculture paysanne. De plus, les lois anti-terroristes en vigueur dans la majorité des pays d’Amérique latine, du Honduras à l’Argentine, ouvrent la voie à l’agro-industrie et permettent de chasser les peuples primitifs de leur terre ancestrale, une violation évidente des droits de l’homme.

Les représentants indigènes ont également exigé l’annulation des concessions minières qui occupent actuellement de nombreux territoires indigènes sur tout le continent, et de mettre un terme à la vente par lots de leurs territoires aux compagnies pétrolières et minières. Au Pérou, à titre d’exemple, 72% de l’Amazonie a été divisé en lots pour plus de 30 multinationales productrices de gaz et de pétrole, en majorité américaines, européennes et chinoises, sur les zones les plus riches en termes de populations de mammifères, d’oiseaux et d’amphibiens. Le plus tragique est que 58 des 64 lots autorisés par les gouvernements d’Alejandro Toledo (2001-2006) et d’Alan Garcia (2006-2011) se situent sur les terres des communautés paysannes et indigènes. Le même phénomène se produit au Brésil, en Équateur, en Colombie et en Bolivie, où les explorations de pétrole et de gaz mettent en péril l’une des dernières forêts primitives à la biodiversité exceptionnelle.

Les projets d’extraction de gaz de schiste en Amérique latine suivent l’exemple des États-Unis et de l’Union européenne et représentent un nouveau danger pour la nature, puisqu’ils pollueraient les nappes phréatiques et mettraient en péril les générations futures. Il est d’ores et déjà prouvé que l’extraction de gaz naturel des formations géologiques appelées schiste gazifère par fracturation hydraulique (FH) pollue l’environnement. Selon des études scientifiques, chaque puits d’extraction nécessite entre 4 et 30 millions de litres d’eau et de 80 à 300 tonnes de produits chimiques cancérigènes, comme le benzène, le toluène, l’éthylbenzène ou le xylène.

Tous ces problèmes figurent dans la déclaration finale du 5e Sommet Continental, qui a déclaré le 12 octobre jour de la Résistance Continentale « contre le capitalisme extractiviste et le pillage des ressources naturelles par l’extraction minière, l’exploitation pétrolière, le gaz et les mégaprojets ». Les participants exigent de même que les Nations Unies signent une Déclaration Universelle des Droits de la Pachamama (la Terre-Mère) afin de pouvoir la défendre et la protéger sur l’ensemble de l’« Abya Yala », le continent américain.

Une prière maya dit :

« Ô Grand Créateur, Cœur du Ciel, Cœur de la Terre, notre Mère :
Donne-nous la vie, beaucoup de vie et une existence utile pour que nos peuples trouvent la paix dans toutes les nations du monde
 ».

Vicky Peláez pour Ria Novosti
Ria Novosti, Moscou, le 6 décembre 2013.

Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Audrey Garcia-Santina

El Correo. Paris, 27 décembre 2013

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28 décembre 2013 6 28 /12 /décembre /2013 23:49

 

 

 

Le Ve Sommet continental des peuples indigènes de l’Abya Yala (Amérique du Sud) — qui se tient dans la région de Cauca au sud-ouest de la Colombie à partir du lundi 11 novembre — s’est ouvert avec le IIe Sommet continental des femmes indigènes (les 11 et 12 novembre). Plus de 1 500 femmes y ont défini ensemble des propositions et des accords visant à défendre leurs droits, leurs peuples et la Terre-Mère. Parmi les principaux accords figurent le soutien au processus de paix en Colombie, les solutions face aux violences faites aux femmes, l’exigence de parité dans les mécanismes de gouvernement des communautés et des organisations.

Lors de ce sommet, un grand nombre d’autorités indigènes (en majorité des hommes) étaient présents lors des débats. Les femmes ont considéré cela comme une avancée puisque cela n’avait pas été le cas lors du premier Sommet des femmes qui s’était tenu quatre ans plus tôt à Puno (Pérou). « À Puno nous n’avions travaillé qu’entre femmes et nous n’avions pas obtenu un tel soutien. Lors de ce sommet-ci les autorités étaient présentes et ont soutenu nos propositions », a déclaré à ALAI une des organisatrices du Sommet, Arelis Uriana. « Nous nous sommes affirmées politiquement en tant qu’organisation de femmes indigènes », souligne la responsable de l’Organisation nationale indigène de Colombie (ONIC), qui précise « notre principe de base doit être dès le départ celui de l’unité dans la dualité, un principe de complémentarité entre les hommes et les femmes. »

Lors de l’ouverture du Ve Sommet continental, le mercredi 13 novembre, plusieurs dirigeants ont insisté sur le fait qu’ils soutenaient la démarche des femmes, et ont fait part de leur souhait de participer aux groupes de travail. Gerardo Jumi, coordinateur général de la Coordination andine des organisations indigènes (CAOI), a expressément suggéré que toutes les résolutions du Sommet des femmes soient intégrées aux résolutions du Ve Sommet. Cette proposition a été acclamée.

Droits humains, paix et arrêt de la violence

Les échanges des femmes ont tout particulièrement porté sur l’élaboration de stratégies concernant les droits humains et collectifs des femmes indigènes, ainsi que sur la proposition de moyens pour lutter plus efficacement contre la violence, les discriminations, le racisme et les inégalités. D’autres thèmes ont été abordés, notamment la relation avec la Terre-Mère et le territoire, la cosmovision, les industries extractives dans les territoires indigènes, la militarisation, les frontières entre les peuples et la communication interculturelle.
Des messages de solidarité et de soutien concernant les négociations de paix en cours ont été adressés à la Colombie, l’hôte du Sommet. La proposition de demander au gouvernement du pays d’ouvrir la participation aux négociations aux peuples indigènes, en particulier aux femmes, a notamment été adoptée ; elle pourrait faire l’objet d’un processus d’accompagnement à l’échelle du continent.

Au sujet des violences faites aux femmes, la situation de la frontière entre le Guatemala et le Mexique a tout particulièrement été examinée. La décision a été prise de soutenir les organisations du Chiapas, qui demandent au ministère de l’Intérieur mexicain de décréter « une alerte pour faire face à la violence de genre » dans l’État du Chiapas. En effet, 92 femmes y ont été assassinées rien que cette année, et 52 de ces crimes sont des fémicides, dont les coupables demeurent en liberté.

Mercedes Osuna, déléguée du Mexique à la table de coordination du IIe Sommet, nous a expliqué que les victimes étaient majoritairement des femmes indigènes qui quittent leurs communautés à cause du manque de travail. On constate que bon nombre d’entre elles sont des migrantes originaires des pays d’Amérique centrale parties chercher du travail aux États-Unis. Elle souligne, « De même qu’à la frontière nord, entre le Mexique et les États-Unis, il y a un mur physique, à la frontière sud, le gouvernement mexicain a créé un mur de violence en cautionnant la présence des « maras salvatruchas » (ndt : gang ultra-violent d’Amérique Centrale) tout au long de la frontière, qu’il autorise à semer la terreur parmi les migrants. Ces femmes, assassinées au profit du trafic d’organes, sont séquestrées et prostituées, même quand elles sont mineures ; il y a beaucoup de cas de pornographie enfantine. C’est pourquoi nous voulons mettre ces gouvernements face à leurs responsabilités. Le manque de terres, la pollution des terres par les produits agrochimiques, le changement climatique, le manque de travail, voilà ce qui pousse ces femmes à émigrer ; on est bien confronté à de la violence structurelle »

Vers une coordination continentale des femmes indigènes

Les accords de la [Déclaration du IIe Sommet des femmes] reprennent la proposition énoncée à Puno — qui n’a toujours pas été concrétisée — de former une Coordination continentale des femmes indigènes de l’Abya Yala, en s’appuyant sur les coordinations sous-régionales existantes. La nécessité d’une rotation entre hommes et femmes aux fonctions d’autorité et d’une participation dans des conditions d’égalité au sein des communautés indigènes a également été mise en avant. En outre, il est instamment demandé aux communautés de mettre en œuvre des mesures qui bloquent l’accès à des postes de responsabilité aux personnes ayant des antécédents de violence envers les femmes et les enfants, ou bien des problèmes d’alcoolisme ou de toxicomanie.
Enfin, les autres propositions incluent notamment une rencontre autoconvoquée de femmes indigènes migrantes et la garantie d’une participation effective, c’est-à-dire avec leurs propres représentantes, des femmes indigènes dans les processus internationaux.

Les premiers accords du Ve Sommet

Le Ve Sommet continental des peuples indigènes, qui se tient dans la réserve de la communauté indigène La María, à Piendamó, dans le Cauca, jusqu’au 15 novembre, a communiqué ses premiers accords politiques [Déclaration politique du Ve Sommet continental]. Il est en particulier fait mention du jugement obtenu en faveur des peuples indigènes d’Amazonie, en Équateur, contre la transnationale Chevron-Texaco. Le jugement, qui vient d’être rendu par la Cour nationale de justice équatorienne, reconnaît l’entreprise coupable de la pollution environnementale et des impacts sociaux, territoriaux et culturels en découlant. Le communiqué du Ve Sommet salue cette victoire et va plus loin : « Nous lançons un appel à tous les peuples indigènes du continent et du monde pour qu’ils s’engagent collectivement dans des actions judiciaires visant à défendre le territoire et la vie, en se référant à la jurisprudence établie par la Cour nationale de justice d’Équateur. »

Il énonce également le rejet des « projets d’intégration néolibérale, tels que l’Alliance du Pacifique et la mise en place de Traités de libre-échange (TLC), qui représentent un attentat contre la souveraineté des États et des peuples, et qui ont des effets néfastes sur la souveraineté alimentaire et sur l’économie communautaire, sur la santé et sur le Sumak Kawsay (Vivre Bien) des peuples indigènes. »

Gerardo Jumi a indiqué à ALAI que le Ve Sommet avait pour objectif de rassembler les peuples indigènes et les organisations de la société civile autour de consensus et d’ainsi fortifier l’unité continentale. Le but est d’« aller vers l’amélioration des conditions des peuples, la démocratisation et de continuer à lutter contre la criminalisation, la persécution et la militarisation des territoires indigènes. » Il s’agit également d’harmoniser les moyens d’influence et le langage employé sur la scène internationale, par exemple concernant les Objectifs de développement pour le millénaire et l’Agenda 2015 de l’ONU. En particulier, les modalités de participation à la Conférence des peuples indigènes organisée par l’ONU à New-York en 2014 — dans le cadre de la Déclaration mondiale sur les droits des peuples indigènes — ont été définies.

La jeunesse indigène a également organisé une rencontre les 11 et 12 novembre, dans la réserve La María, à Piendamó. Le [Mandat de la jeunesse] fait état de l’engagement pris pour renforcer l’organisation des jeunes, afin de renforcer par là même l’organisation des peuples, grâce notamment à la création d’un conseil de coordination de la jeunesse. De plus, il est d’ores et déjà annoncé qu’un Ier Sommet continental de la jeunesse de l’Abya Yala se tiendrait lors du VIe Sommet des peuples. Les jeunes participants aspirent en outre à une éducation politique et à une coordination efficace de la communication. Ils ont également prévu d’organiser une manifestation pour la vie et pour le territoire à l’échelle du continent.

Alai-Amlatina. Équateur, le 15 novembre 2013.

Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Jessica Pagazani

El Correo. Paris, le 6 décembre 2013

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10 décembre 2013 2 10 /12 /décembre /2013 10:59

 

 

Comme beaucoup, j’attendais le résultat des élections communales au Venezuela. Avec confiance. Deux grandes victoires en quelques semaines, voilà de quoi remettre en place ceux qui espéraient voir un « chavisme » moribond à la disparition de Chavez. La première victoire est celle de la « Loi habilitante », obtenue avec plus des 3/5 des votes à l’Assemblée Nationale et qui permet à Nicolas Maduro de légiférer par décret en matière d’économie pendant un an.

Mais la défaite de l’opposition se traduit aussi par ce qui ne s’est pas produit. Après les élections présidentielle, la droite dure de Capriles n’a pas réussi à mettre le feu aux poudres, et après les quelques étincelles, (11 morts chavistes tout de même), le feu s’est éteint. Or le plan était clair, après les élections d’avril, le pays était censé sombrer dans le chaos au point de nécessiter une intervention extérieure « humanitaire » pour rétablir l’ordre. Un feu de paille, vite éteint et ce fut la déroute et la perte sèche pour les sponsors qui depuis des années à coup de millions de dollars subventionnent la subversion et forment la jeunesse dorée aux « coups d’états doux » à la mode OPTOR, ou comme vient encore de le faire le leader d’extrême-droite Leopoldo Lopez, qui dans la grande tradition que ne renieraient pas tous les terroristes cubains, formés à cette école, subventionne pour la jeunesse des stages d’entraînement paramilitaire à Miami. Perte sèche sur investissements.

La mort de Chavez était censée mettre fin à la révolution faute de successeur à la hauteur. Et là, l’oligarchie commet une énorme erreur par incapacité de projeter sa pensée dans d’autres systèmes de valeurs que la sienne. Elle n’a pas mesuré à quel point la révolution bolivarienne prenait sa source dans le cœur du peuple, elle n’a pas compris que « Chavez était le peuple et le peuple est Chavez », n’était pas un culte de la personnalité artificiellement entretenu mais bien une symbiose, que Chavez et le peuple ont grandit ensemble. La base de la révolution bolivarienne est ce petit peuple coloré qui humilié, discriminé, abandonné à la misère et à l’ignorance pas l’oligarchie, rencontrant des conditions de dignité de vie, à découvert sa propre intelligence politique, est devenu trop grand pour se laisser à nouveau réduire au néant de la misère et entend bien plutôt que d’y renoncer augmenter sa participation à la prise des décisions qui le concerne. Au-delà d’une mise en scène propagandiste parfois grandiloquente de la révolution bolivarienne, qui donne une image ponctuelle, emphatique à laquelle manque l’humour de Chavez pour rire du spectacle, il y a la basse solide de tous ceux, de toutes celles pour qui la révolution bolivarienne a permis d’accéder à la dignité d’humain à part entière. Une large base populaire qui n’est pas remise en question par la disparition de Chavez, parce que la condition de sa dignité est de poursuivre l’œuvre y compris par une critique parfois très aiguë du gouvernement actuel non pas anti-chaviste, au contraire, une critique constructive qui incite le gouvernement à aller de l’avant dans la révolution et donc vers l’état communal gouvernement par et pour le peuple. Je lis souvent des critiques faites aux institutions, dénonçant les abus de tel maire du PSUV ou des polices locales, de mafias de profiteurs à l’intérieur du PSUV, ce ne sont pas des critiques qui se plaignent du chavisme, mais au contraire elles montrent où et comment certains trahissent l’héritage ou n’en porte pas assez haut le flambeau.  

Le ballottage se produit dans la classe moyenne, dont une partie a accédé récemment – grâce à la redistribution bolivarienne des richesses - à ce statut et dont une grande partie aspire à ce que la révolution bolivarienne devienne une espèce de capitalisme amélioré sur le mode de l’état providence qui lui permettrait d’adopter un mode de vie comparable à celui du mythe occidental, véhiculé notamment par les séries télé (amplement diffusées) ou autres fictions produites à cet effet, celui de brosser un tableau idéalisé d’un Occident qui n’existe que dans les studio d’Hollywood. Les plus vulnérables sont les jeunes qui sont d’ailleurs la cible principale de la propagande de l’opposition, ils n’ont pas connu l’avant Chavez, et ne sont pas sensibles au miracle d’un pays qui va à contre-courant de la globalisation, redistribuant le pouvoir politique, les richesses, investissant dans l’éducation, le logement social, la santé… bref tous les aspects de démocratie, bien commun et services publics qui en Occident (comme ailleurs) font l’objet d’une attaque sans pitié des Corporations qui jettent à bas les acquis de siècles de lutte populaire pour conquérir des droits de dignité et de bien-être. Ainsi le commentaire d’une jeune fille après les élections d’avril. Elle appelait Obama à intervenir, elle préférait mourir sous les bombes occidentales en écoutant lady Gaga, que vivre sous le « régime » chaviste. De tous les commentaires que j’ai lu, c’était le plus pathétique, mais quasiment tous allaient dans ce sens, l’aspiration à un mythe Hollywoodien de richesse et de la liberté qu’elle confère.

Une grande partie de la critique interne va donc en ce sens : le gouvernement en fait trop pour satisfaire et conquérir cette classe moyenne et une partie des capitalistes nationaux en adoptant un modèle plus proche du capitalisme d’état que d’un état communal, et favorisant des aspirations à un mode de vie en contradiction avec la nécessité de changer nos manières d’habiter la planète si nous voulons que l’humanité puisse vivre en paix, dans la dignité et le bien-être ou tout simplement survivre.

Et donc, lorsqu’après les élections d’avril Capriles a lancé son appel « à fiche le bordel dans le pays » et à mettre le feu aux poudres, lançant en avant-garde des militants de choc entraîné à cet effet, il s’est très vite heurté à la détermination tranquille d’un peuple veillant sur ses acquis, une fois  l’effet de surprise passé, les gens se sont mobilisé pour défendre pacifiquement leur centres de santés, medias populaires et autres cibles des attaques, établissant des tours de garde en ayant la maturité de ne pas répondre à la violence par la violence mais bien d’éteindre le début d’incendie avec calme et détermination.

Pour ceux qui espéraient faire du Venezuela une autre Syrie, une autre Lybie, un autre Honduras, ce fut une grande déconvenue. Et pour l’équipe au gouvernement, une première victoire, fragile certes, mais trouvez moi un gouvernement d’Occident, un seul parti qui après 14 ans et la disparition de sa figure de proue, gagne, même de peu, les élections (8O% de participation)  grâce à sa large base populaire satisfaite de l’évolution du pays. D’autant plus, il faut le dire, que la campagne électorale de Maduro était absolument désastreuse. Mais Maduro, c’est maintenant qu’il va commencer à donner sa pleine mesure. En avril, Maduro, encore sous le choc et dans la douleur, chausse les bottes encore chaudes de Chavez et elles sont trop grandes pour lui. Il n’est pas encore élu à part entière et sa très faible majorité électorale lui lie les mains alors que la déstabilisation bat son plein et qu’il est censé satisfaire tout autant ceux qui ont voté pour lui, que ceux qui ont voté contre. La révolution bolivarienne va batte les ailles pendant quelques mois, sans pouvoir décoller, entravée par la nécessité de parer au plus pressé, les pénuries sciemment organisées, les sabotages électriques, la spéculation, tout cela dans un climat de déstabilisation psychologique, savamment orchestrée, alors que l’opposition envoie par exemple ses sbires faire du ramdam dans les files d’attente en dénonçant les incuries du gouvernement. Exemple de critique de la base : organisons-nous qu’ils trouvent à qui parler et que le débat populaire se retrouve sur le terrain, allons-nous aussi dans les files mener le débat.

Et donc malgré la lutte contre les pénuries organisées qui permet de mettre au jour des dizaines d’entrepôts où l’opposition retient en otage les produits de première nécessité, malgré les mesures prises pour empêcher les transferts de ces produits vers la Colombie, à force de demi-mesures et de compromissions avec l’opposition et ses capitaliste, entre deux eaux, le gouvernement se retrouve affaiblit, on redoute la chute libre que l’opposition souhaite.

Il faut avoir le programme de Capriles et ses potes de Washington et Miami en tête pour comprendre l’immense victoire qui vient de se produire pour la révolution bolivarienne du Venezuela, un pays ou rappelons-le, 80% de la population à confiance en la démocratie. Combien en Belgique ? En France ? En Espagne ? En Grèce ?

Après le demi-flop d’Avril, la prochaine échéance, était les élections communales du 8 décembre.  Le gouvernement affaiblit était censé s’écrouler de lui-même et le bide des élections communales devait être la justification de son renversement. Seulement voilà, quelques semaines avant les élections coup fourré… point d’inflexion, la Loi Habilitante, et c’est là que tout se joue. Maduro a pris un grand risque, une loi habilitante doit être acceptée par les 3/5 de l’Assemblée Nationale. Mais si Maduro est la figure de proue, d’autres figure se détache en avant plan comme celle de Diosdado Cabello, président de l’Assemblée qui à la carrure pour éviter que cette Assemblée ne sombre dans le Chaos malgré toute les tentatives parfois grotesques, parfois violentes de l’opposition de rendre tout débat impossible. Il développe un certain art de se mettre à leur niveau et de répondre en adulte ferme et apitoyé au comportement de cour de récréation des députés de l’opposition. Il a aussi l’autorité nécessaire pour mettre un terme à leur violence quand elle menace de se déchaîner. Si Maduro, pendant les années où il fut ministre des Affaires Etrangères a prouvé son talent pour la diplomatie – plus diplomate que Chavez, à coup sûr - et s’est gagné le respect des mandataires régionaux, Cabello, c’est une autre paire de manche. Formé à l’école militaire, il a la poigne et l’intelligence nécessaires, et le zeste d’humour qui était indispensable pour que le pouvoir législatif puisse continuer à faire son boulot malgré les obstacles dressés par l’opposition et il faut lui rendre hommage, c’est un beau tour de force. Maduro et Cabello sont chacun à leur juste place, et d’autres aussi et on découvre donc que la succession de Chavez était assurée, non pas par une seule personne qui serait devenue Chavez à la place Chavez, ce qui est impossible, mais par une redistribution de pouvoir qui comporte dans son programme la mise en place de l’état communal et donc l’ouverture pour un pouvoir accru d’une large base populaire à la décision politique, c’était le programme sur lequel avait été Chavez, et c’est plus que jamais de programme qui sert de guide au peuple pour rappeler à l’ordre le gouvernement quand il semble s’en écarter. La notion de mandataire prime ici sur celle de dirigeant. Le gouvernement est formé de mandataires, élu sur base d’un programme très clair et précis, s’il outrepasse son mandat, il se fait rappeler à l’ordre, et cela donne 80% de confiance en la démocratie…Demander une « Loi habilitante » était un pari, un défi, un quitte ou double… et ce fut double.

Avant sa mort Chavez disait à Maduro en guise d’ultime conseil : « Sois toi-même Nicolas », et jusque-là Maduro ne suivait pas ce conseil, il nageait dans les bottes trop grande de Chavez, au risque de se noyer. Il savait bien que son élection comme président était plus un respect populaire de la volonté de Chavez et de son choix qu’un plébiscite spontané. Quand après plus d’une demi-année de gouvernement l‘Assemblée Nationale a voté pour la loi habilitante demandée, ce fut la première élection, par les élus, de Maduro en tant que tel après des mois d’épreuve du feu. A ce moment, Maduro dont les mains sont déliées commence à prendre d’énergiques mesures contre toutes les formes de spéculations, d’accaparement, et redresse la barre de la déliquescence économique, un début, prometteur, même si restent très critiques tous ceux pour qui il faut surtout et avant tout en finir avec le capitalisme. Si Maduro selon beaucoup ne va pas assez loin, pas assez vite, pas assez profond, et pas toujours dans la bonne direction, la révolution  bolivarienne continue et permet  au mouvement communal et autres mouvements de bases de continuer à s’organiser, se structurer, il lui permet de développer et faire valoir son point de vue, un travail de longue haleine, la révolution bolivarienne a commencé bien avant que Chavez se présente aux présidentielles. Les cibles des partisans de Capriles, en Avril, ont très clairement montré que s’il était élu, il n’aurait rien de plus pressé que de jeter à bas tous les acquis de cette révolution et de rétablir les anciens privilèges de l’oligarchie.

Maduro a donc obtenu une première victoire, strictement personnelle, en obtenant la Loi Habilitante ; une confiance accordée par d’autres mandataires.  Les élections communales sont la ratification par le peuple de Maduro président de la République, le signe très clair que la révolution bolivarienne, après plus de 14 ans de pouvoir politique, se porte bien, qu’elle a une large base populaire et que le désir de poursuite de la révolution l’emporte de loin sur le désir de changement. Elu en Avril par la volonté de Chavez, Maduro près de 8 mois après les élections d’avril est confirmé dans sa fonction de président par la volonté du peuple.

L’opposition va devoir modifier son planning et ses méthodes, et nous l’espérons apprendre à ces dépends que quel que soit sont degré de malfaisance, le Venezuela est plein de petits Chavez, va-nu-pieds, comme il le fut dans son enfance, qui se préparent à prendre la rélève, les héritiers de la dignité acquise d’un peuple que cette opposition raciste et élitiste méprise, mais bien moins que le mépris que leur rend ce peuple fort de son humanité, et qui sait que celui qui exploite, discrimine, maintient dans la misère le peuple, en se vautrant dans la richesse des plages de Miami, en se fichant éperdument du bien-être de la majorité ne mérite pas, eux, pleinement le beau nom d’humain.

Un peuple qui clame haut et fort, à qui veut l'entendre :


CHAVEZ VIVE, LA LUCHA SIGUE !

Anne Wolff

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"Le vieux fascisme si actuel et puissant qu’il soit dans beaucoup de pays, n’est pas le nouveau problème actuel. On nous prépare d’autres fascismes. Tout un néo-fascisme s’installe par rapport auquel l’ancien fascisme fait figure de folklore […].

Au lieu d’être une politique et une économie de guerre, le néo-fascisme est une entente mondiale pour la sécurité, pour la gestion d’une « paix » non moins terrible, avec organisation concertée de toutes les petites peurs, de toutes les petites angoisses qui font de nous autant de microfascistes, chargés d’étouffer chaque chose, chaque visage, chaque parole un peu forte, dans sa rue, son quartier, sa salle de cinéma."

 

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