12 mai 2012 6 12 /05 /mai /2012 22:02

 

 

A la fac dans la forêt vénézuélienne
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L’éducation par les Indiens pour les Indiens, c’est la philosophie que défend l’Université indigène du Venezuela pour sauver les cultures natives.

C’est une université un peu spéciale, où l’on étudie le plus souvent dehors, assis en rond sous les arbres. Certains étudiants portent un simple pagne, d’autres vont et viennent pieds nus, tous parlent une langue différente de l’espagnol.

L’Université de Tauca (au centre du pays) se situe au cœur du Venezuela indigène, à la confluence du Rio Caura et de la route Ciudad Bolívar-Caicara del Orinoco, les deux principales voies de communication indiennes du pays.

On y enseigne la pisciculture, la cosmovision (ensemble de concepts et de croyances qui forment la vision du monde), l’artisanat ou encore l’histoire du Venezuela à 90 étudiants de onze ethnies différentes dont les Waraos, Kariñas, Pemón, Yekuanas, Sanima, E'ñepá, Wotuja et Pumé.

"Enlever la honte ethnique"

Ces jeunes venus de tout le pays, voire du Brésil, pour étudier ensemble, ont noué des amitiés inter-ethniques pour la première fois, tous animés par la même envie de sauvegarder leur culture ancestrale.

Luis Eduardo Pérez, membre du conseil rectoral de l’UIV, raconte ainsi qu’un Indien Pemón s’est rendu pendant de longues semaines à plusieurs centaines de kilomètres de chez lui pour réaliser un projet d’aide aux Indiens Pumé. "Avant les Pemón avaient à peine connaissance de l’existence des Pumé et vice-versa", remarque-t-il.

"Avec l’Université nous voulons que tous les Indigènes puissent connaître leurs droits, travailler dans leurs communautés et maintenir leur riche culture. Nous voulons leur enlever la honte ethnique qu'ils ressentent souvent."

Le chercheur assure qu’il y a urgence: "Les pertes sont déjà importantes, par exemple chez les e´ñepá, qui racontent que dans les décennies précédentes, beaucoup de leurs anciens sont morts sans avoir transmis leurs savoirs car la génération suivante s’en désintéressait.”

Née comme une association civile issue de la Fondation "cause amériendienne Kiwxi", l’Université Indigène du Venezuela vient tout juste, en juin dernier, d’être reconnue par le président Hugo Chavez.

Se défaire du cadre d’éducation classique

L’idée est née dans l’esprit d’un prêtre, le jésuite José Korta, mais aujourd’hui l’association est principalement dirigée par des Indiens eux-mêmes, et se dit libre de toute influence religieuse.

A l’origine du projet d'université, il s’agissait avant tout de se défaire du cadre rigide de l’éducation classique, des programmes scolaires entièrement réalisés par des personnes non-indigènes. Un cadre dans lequel le concept d’interculturalité ne signifiait que "la possibilité pour les Indigènes, vus comme inférieurs, d’intégrer la culture occidentale, vue comme supérieure".

De l’admission au diplôme, l’Université propose un schéma original à ses inscrits. Le baccalauréat, dont l’obtention requiert souvent "une acculturation du jeune, en l’obligeant à aller étudier dans une ville lointaine et étrangère à ses besoins et valeurs", n’est pas obligatoire pour intégrer les cours. Le candidat, de 18 ans minimum, devra prouver qu’il connaît et utilise sa langue native et être "choisi" par la communauté pour son implication dans la vie de celle-ci.

Des notes de solidarité et responsabilité

Qu’il se penche sur le droit indigène, l’histoire, l’écologie, l’ethnologie, les langues ou l’art comme spécialité, l’étudiant devra après quatre mois d’enseignement théorique le mettre en pratique dans son village en mettant en place des projets productifs pour la communauté, comme la construction de ruches.

Il sera d’ailleurs évalué autant sur ses connaissances que sur son engagement envers cette dernière. Il obtiendra des notes en fonction des valeurs d’identité, responsabilité, convivialité, solidarité et créativité.

A la fin de leur deuxième année d’études, les élèves publient chacun deux ouvrages de référence pour leurs communautés, portant sur des sujets aussi variés que la grammaire ou l'histoire orale de leur famille.

Les débouchés de cette faculté sont eux aussi bien différents de ceux offerts par le marché courant de l’éducation. Les étudiants se professionnalisent en troisième année, par exemple en ethno-botanique ou ethno-médecine, et "se mettent alors à disposition de leur communauté et de leur ethnie, sans viser l’enrichissement individuel mais dans une perspective de solidarité avec leur culture".

Aujourd’hui, les premiers étudiants formés par l’Université Indigène du Venezuela s’illustrent comme dirigeants d'associations de défense des droits des Indigènes, et aident à faire connaître les revendications territoriales de certains groupes marginalisés. L’Université, forte de son indépendance, est en effet très impliquée nationalement pour la lutte des droits des Indiens.

 

Source : A la fac dans la forêt vénézuélienne | YOUPHIL

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10 mai 2012 4 10 /05 /mai /2012 02:03

 

A lire ici,LA MISSION LOGEMENT : une proposition audacieuse pour affronter le problème historique de l’exclusion, par Jesse Chacón  les réponses données actuellement au problèmes de logement au Venezuela, l'article qui suit est une bonne introduction à ce problème et bien plus.

 

Hugo CHAVEZ et l'Habitat social


 
 
Barrios Caracas

Les détracteurs, les ennemis et les opposants de Hugo Chavez, président de la République Bolivarienne du Vénézuela, reconnaissent, avec amertume, que les réformes sociales engagées depuis son arrivée au pouvoir, en 1999, ont permis une formidable amélioration des secteurs de l'éducation et de la santé, félicitée par l’ONU, l’UNESCO et  l’Organisation Mondiale de la Santé.


A l'inverse, l'habitat social n'a jamais été une des priorités du gouvernement Chavez, bien au contraire. Chavez emprunte ainsi, les mêmes chemins balisés par d'autres dirigeants marxistes, pour qui le logement est considéré comme un élément de moindre importance, secondaire. « Le logement est un des grands échecs de ce gouvernement », constate l’historienne Margarita Lopez Maya, chercheuse à l’Université centrale du Venezuela (UCV). En 2011, selon la chambre vénézuélienne de la construction (CVC), « Il manque au moins deux millions de logements dans ce pays de 28,8 millions d’habitants », ce qui est considérable.

 

Petare, Caracas
Petare, Caracas

Le chaos urbain et la prolifération des barrios qui caractérisent la capitale vénézuélienne ne datent cependant pas de l’arrivée au pouvoir du leader «bolivarien». Ces constructions spontanées se sont principalement développées dans les années 50, et ont explosé jusqu’aux années 80, suivant le boom des exportations de pétrole. Le gouvernement Chavez a ainsi hérité d'une situation dramatique, issue des gouvernements précédents utra-libéralistes, plus qu'il ne l'a créé. Cela étant, les sinistrés de la tragédie de Vargas, un glissement de terrain qui avait fait plus de 20 000 morts en 1999, n'étaient toujours pas relogés en 2011. Les mal-logés de Caracas investissent les buildings de bureau pour y trouver refuge et survivre [voir notre article] ou s'entassent dans les favellas des collines environnantes depuis des décennies. 

Building abandonné squatté à Caracas 



Les bidonvilles et les situations de mal-logement subsistent mais leur croissance stagne. Au début de la décennie 2000, les autorités entreprennent une politique de grands travaux avec la construction massive d'habitations destinées aux couches populaires. Des habitations à caractère sociale mais mises en vente et non destinées à la location, le gouvernement subventionnant l’acquisition pour les couches les plus modestes. Des lois ont également été adoptées pour limiter les taux d’intérêts et éviter les situations d’endettement. 

 
En décembre 2001, Chavez promulguait sa loi agraire qui jetait les bases d’une profonde réforme. Cette loi et les progrès matériels directs réalisés les premières années de gouvernance ont incité les habitants des bidonvilles à soutenir en masse la révolution bolivarienne. Ils s’organisent et participent aux initiatives des comités de quartier. Chaque conseil de quartier possède sa propre dynamique. Les membres du comité établissent une sorte de registre de la population et un porte-parole du comité est élu. Le comité peut alors être légalement enregistré et recevoir des subsides. Mais une forme d’organisation plus vaste s’imposait et  une nouvelle loi votée début 2006, institutionnalise les Consejos CommunalesLe gouvernement  soutient financièrement ces comités [près de 4 milliards d’euros en 2007]. Grâce à ces fonds, il peut mettre sur pied des projets dans divers domaines comme l’enseignement, l’aménagement de routes, les soins de santé, l’agriculture ou le logement. Les porte-parole sont réélus à intervalles réguliers. Ils sont « la voix du quartier» mais ne décident rien, cette compétence revient à l’assemblée des habitants. La plupart des participants soutiennent le président Chavez, mais ses opposants y participent également. Selon les estimations 21 000 comités de quartier seront actifs en 2008. Hugo Chavez a en outre proposé d’également développer ces comités dans les usines et les campagnes. Les  Consejos Comunales  (Conseils Communaux) ont donc deux nouveaux petits frères, à savoir les Consejos de Trabajadores auprès des travailleurs et les  Consejos de Campesinos  auprès des paysans. Le Parti communiste du Venezuela (PCV) a joué un rôle important dans la préparation de la proposition de loi qui octroie aux comités de travailleurs une base légale. Leur rôle le plus important sera de permettre aux travailleurs de participer à la direction de l’entreprise et surveiller le fonctionnement du syndicat, tant dans les entreprises publiques que privées.

En février 2002, le gouvernement instaurait dans le cadre de cette loi les Comités de terres urbaines (CTU). Ainsi, les pauvres qui pour la plupart avaient construit illégalement une cabane dans un bidonville se voyaient offrir une chance de régulariser leur bien en prouvant qu’ils l’avaient construite eux-mêmes. Ils devenaient donc propriétaires légaux d’une habitation. Ce système très simple a donné lieu à une mobilisation énorme. Fin 2005, il existait près de 5 000 CTU dans tout le pays, soit 5,7 millions de gens organisés au total. Outre les assemblées des comités locaux, des assemblées sont également prévues au niveau régional, réunissant de 10 à 20 CTU et sur l’ensemble du territoire urbain. 
Les thèmes les plus souvent abordés concernent l’enseignement, l’aménagement de routes, la culture et les problèmes sociaux dans le quartier. 
D'autres mesures complètent le système. Telle la Mission Madres del Barrio (Mères du quartier) créée pour lutter contre la consommation de drogue, l’absentéisme scolaire, la grossesse précoce et afin de recenser les mères de famille en grande difficulté. Pour cette mission sociale, les femmes jouent un rôle fondamental au niveau préventif et éducatif. Des comités dirigés par les mères de famille ont été établis dans chaque quartier, et intègrent désormais les conseils communaux. Les mères au foyer à faible revenu reçoivent désormais un pécule équivalent à 80% du salaire minimum. Près de 200 000 d’entre elles bénéficient de cette aide gouvernementale ; aide qui peut être temporaire ou permanente selon les cas.




En 2008, le gouvernement nationalise le secteur cimentier, en accusant les cimentiers privés d'exporter leur production au lieu de la vendre sur le marché intérieur pour faire face à la pénurie de logements. Une décision qui a étonné les professionnels du bâtiment et les économistes spécialistes de l'Amérique latine, pro ou anti Chavez. « Le ciment n'est pas une ressource stratégique, ou alors le bois et le sable le sont aussi », ironise Luis Miotti, économiste, enseignant à Paris Nord et chercheur associé à l'Institut français des relations internationales (Ifri) : « Cette fois-ci, je ne vois pas la logique économique d'une privatisation des cimenteries. » car contrairement au pétrole, véritable moteur de ce pays, le ciment est loin de porter de tels enjeux. D'autres évoquent l'intention d'ôter des mains du privé, le secteur de la construction.



Toutes les nationalisations portent un énorme préjudice au secteur de la construction privée, les promoteurs, par peur de voir leur société, leurs biens immobiliers et leurs terrains réquisitionnés ou nationalisés refusent d'investir dans de grandes opérations. Dont la première conséquence directe est la permanence de la crise du logement et l'augmentation des loyers, et ce, tout au long des années 2000.





Il faut attendre les inondations de Caracas en 2010, pour qu'enfin le président lance une campagne en faveur des mal-logés : notamment pour les quelques 130.000 sinistrés des pluies diluviennes qui ont fait 38 morts.

La première mesure concrète du président (29 novembre 2010) est d'inviter 25 familles sans-abris dans son palais présidentiel du centre de Caracas : « J'ai 3 grands bureaux. Nous allons transformer le 2ème en plusieurs appartements. Quand à la grande cuisine, nous pouvons y loger environ 20 familles.» Promesse est faite de reloger l'ensemble des familles touchées. Mais les pluies torrentielles continuent de s'abattre pendant des semaines à Caracas et d'autres provinces et la situation prend une tournure dramatique. Une autre déclaration de Hugo Chavez est adressée aux hôteliers privés, les contraignant à héberger les dizaines de milliers de victimes [90,000] qui ont été chassés de leur résidence par les inondations et les glissements de terrain. Il s’en est pris à l’opposition et aux Vénézuéliens mieux nantis et a fustigé les gens issus des classes aisées, qui auraient dû selon lui planter des tentes pour les victimes «sur leurs terrains de golf».



Une des premières annonces faite par Hugo Chavez après la catastrophe (26 janvier 2011) est son intention de nationaliser la banque hispano-vénézuélienne BBVA-Provincial, qui a enfreint la Constitution en refusant d’accorder des prêts immobiliers à des citoyens mal-logés. Après avoir entendu les plaintes de mal logés lui assurant que les responsables du Provincial n’avaient pas voulu les recevoir quand ils ont sollicité une aide financière, Chavez a appelé en direct télévisuel le président de la banque, Pedro Rodriguez Serrano, pour lui demander des explications. Celui-ci a répondu que "sa banque n’était pas à vendre", face à quoi le président a rappelé que la banque n’était pas au-dessus des lois et devait répondre aux demandes de prêts effectuées par les citoyens. « Si la Banque Provinciale refuse de respecter la Constitution et les décrets présidentiels, je vais nationaliser la banque. Je n’ai aucun problème à le faire. Je paierai ce qu’elle vaut », a assuré le président vénézuélien devant des habitants réclamant des logements. Menace prise très au sérieux car peu après ses déclarations, la BBVA-Provincial assura au président son « engagement en faveur du financement de logements pour les familles vénézuéliennes" et son "attachement total au respect des lois" du pays », et promis de chercher « des alternatives satisfaisantes pour toutes les personnes concernées » avec des représentants du gouvernement et des familles plaignantes. Chavez s’en est félicité avant de préciser que le Venezuela avait besoin de crédits pour le logement et comptait sur la banque privée pour en financer la moitié.



Le 17 décembre 2010, les députés du Parti Socialiste Unifié du Venezuela (PSUV) votent une nouvelle loi d’habilitation qui permet à Hugo Chavez de prendre des mesures rapides, par décret, au cours des 18 prochains mois. Le Président du Venezuela pourra légiférer dans les domaines suivants : infrastructure, transports, services publics, logement, finances, fiscalité, utilisation des terres urbaines et rurales, sécurité civile, défense nationale, coopération internationale et « système socio-économique ».

L’un des objectifs de cette loi est de répondre à l’urgence sociale provoquée par les récentes inondations, qui ont laissé plus de 100 000 Vénézuéliens sans logement. Mais Chavez a clairement expliqué que son objectif dépasse la nécessité de répondre aux besoins immédiats des victimes de cette catastrophe naturelle. Dans son billet hebdomadaire, Las líneas de Chávez, le Président explique : « Il ne s’agit pas seulement de faire face aux conséquences des inondations. Il s’agit aussi de répondre à certains problèmes structurels, inhérents au modèle capitaliste, qui ont aggravé la crise actuelle. » (Últimas Noticias, le 19 décembre 2010). L’oligarchie vénézuélienne a réagi avec vigueur. Le journal d’opposition Tal Cual titre en une « Vers une dictature ». El Universal compare Chavez à Hitler et Mussolini, tandis que l’agence Reuters affirme que « les banquiers et propriétaires se préparent à subir une nouvelle vague de nationalisations ».

Selon un auteur du site TMI [Tendance Marxiste Internationale] : « La classe capitaliste craint de perdre ses propriétés et les privilèges qui vont avec. Cette crainte est fondée. Chavez a déjà pris des mesures contre les spéculateurs dans le secteur du logement, en nationalisant des entreprises de construction qui escroquaient des gens. Chavez a également pris des mesures contre 47 propriétaires terriens qui possédaient d’immenses terres dans le sud-ouest du pays. Cela fait partie d’une nouvelle offensive de la Réforme Agraire, qui jusqu’alors n’a redistribué que 3 millions d’hectares, sachant que dans la plupart des cas il s’agissait d’une reconnaissance formelle de rapports de propriété existant. Les organisations paysannes, dont le Front Ezequiel Zamora, ont demandé une accélération de la lutte contre les latifundia, dans le but de réduire la dépendance du Venezuela à l’égard des importations de nourriture. Ces nouvelles expropriations ont rencontré la résistance des propriétaires terriens, qui ont notamment organisé des barrages dans le village de Santa Barbara. Ces actions sont soutenues par des dirigeants de l’opposition tels que le député Abelardo Díaz, qui a appelé les manifestants à bloquer l’autoroute pan-américaine, afin « d’envoyer un message au Président ». Hermann Escarrá – une autre figure de l’opposition – a appelé à une « grève illimitée » et à descendre dans la rue pour « manifester une résistance civile et militaire ». Le député Miguel Ángel Rodríguez en appelle à un « soulèvement populaire » contre les nouvelles expropriations. A ce jour, il n’y a eu que des accrochages mineurs entre les propriétaires terriens et les soldats que le gouvernement a envoyés pour protéger les terres expropriées. Mais on peut s’attendre à de nouveaux actes de sabotage et de violence, comme ce fut le cas lors des expropriations de 2003. L’opposition a appelé à une nouvelle marche pour « défendre la propriété privée », le 23 janvier 2011. Elle fera tout pour rallier les forces de la réaction et créer une situation de chaos et d’insécurité, à tous les niveaux de la société. Le nouveau Parlement se réunira le 5 janvier. La contre-révolution, qui y détient environ 40% des sièges, combinera probablement les actions parlementaires, légales, avec une agitation extra-parlementaire et violente. Chavez a également décrété l’expropriation de Sanitarios Maracay et Alven, deux usines de l’Etat d’Aragua. C’est une victoire pour les travailleurs. Les ouvriers de Sanitarios Maracay avaient occupé l’usine dès 2006, lors d’un conflit avec l’employeur sur des questions de santé et de sécurité. Face au sabotage patronal, ils ont commencé à produire sous contrôle ouvrier et ont demandé l’expropriation de l’usine. Chavez a expliqué que les usines d’Alven et de Sanitarios Maracay ont été ruinées par le capitalisme et qu’elles devraient être réactivées et intégrées au plan d’urgence de construction de logements (Sanitarios Maracay produit des sanitaires et Alven des portes et des fenêtres). Les entreprises Sidor et Sidetur (poutres et barres d’acier), l’industrie du ciment et l’entreprise Inaf (matériaux de plomberie) ont déjà été nationalisés.» 

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9 mai 2012 3 09 /05 /mai /2012 02:09

 

 

Les me’phaa

 


 

Groupe ethnique indigène du Mexique de l’état du Guerrero

 

 

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Population : 100.000 personnes


Langue : me’phaa de la famille de langues oto-mangue

 

On les appelle communément « tlapanèques », un nom qui à une connotation péjorative pour eux car il veut dire « visage peint ou avoir le visage sale ».

 

 

Le nom qu’ils se donnent me ‘phaa veut dire : "habitant de tlapa"

 

 

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Pendant l’époque précolombienne, ils vivaient dans la région montagneuse de la Costa chica juste au-dessu de l’actuel Acapulco. Leur territoire était dénommé « yoptzinco » par les aztèques, ce territoire n’a jamais été conquis par ces derniers et il est resté comme une enclave indépendante au sein de l’empire aztèque.

La ville principale état tlapan qui a donné le nom tlapanèques (habitants de Tlapan).

 

Religion


C’est un syncrétisme religieux car les colonisateurs leur ont donné le catholicisme en héritage même si plus trad il y a eu des tentatives d’évangélisation.

La religion animiste est encore prégnante et elle explique les phénomènes naturels par le biais de mythes comme celui de la création du soleil (akha), de la lune (gon) et du dieu du feu (akuuk ebat suun’) qui sont nés sur les bords de la rivière et ont été soulevés par Akuun nen déesse de la temazcal (sorte de sauna) et patronne de la dualité chaud/froid.

Leur culture comporte également le nahualisme comme chez certains peuple.descendants des mayas.

 

Le nahual


Dans le système de croyance aztèque, le jour de naissance des personnes était calculé dans le Tonalpohualli pour déterminer la nature de la personne, car chaque jour était associé à un animal qui pouvait avoir un aspect fort ou faible. La personne née, par exemple, le jour du chien avait alors le point faible du chien. Le calendrier aztèque reconnaît vingt signes pour les jours du mois, dont dix sont des animaux (caïman, lézard, serpent, lapin...). Ces animaux (nahuales) se manifestent dans des songes et lors de certaines coïncidences. En nahuatl, le mot Tonalli était utilisé pour désigner aussi bien un jour que l'animal lié à cette journée. Les pratiquants de la magie noire étaient normalement nés certains jours liés aux animaux avec un aspect fort ou nocif qu'ils ont souvent, une tonalli spécifique comme celle du jaguar. Dans la mythologie aztèque, le Dieu Tezcatlipoca était le protecteur du nahualisme, sa tonalité était celle du jaguar et il gouvernait la répartition des richesses.


Selon les traditions populaires du Mexique, chaque personne, lors de sa naissance, porte l'esprit d'un animal qui le protège et le guide.


Voir à propos du nahual l' article sur les quichés du Guatemala sur cocomagnanville

 

 

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Une organisation me’phaa

 

 

L’Organisation du peuple indigène Me’phaa (Organización del Pueblo Indígena Me’phaa, OPIM) a été fondée en 2002 pour défendre et promouvoir les droits du peuple indigène me’phaa (tlapanèque) au Mexique. L’État de Guerrero, dans le sud du Mexique, où vivent quelque 116 000  Me’phaa affiche un taux de marginalisation parmi les plus forts et des indicateurs de développement humain parmi les plus faibles de tout le Mexique.

En plus d’être  victimes de discrimination dans leur accès aux services de santé, d’éducation, les peuples autochtones sont la cible d’attaques violentes répétées.

Dans le cadre de la lutte contre le narcotrafic, la région a été a été fortement militarisée ces dernières années. Les membres de l’OPIM dénoncent les violences commises à l’encontre de la population par des soldats et des policiers. Ils réclament justice pour les femmes autochtones violées par des militaires et toutes les victimes de violence, harcèlement et discrimination. Nombre de ses membres ont été placés sous surveillance et reçoivent quotidiennement des menaces de mort pour leur combat pour les droits humains. Un des leaders de l’organisation a d’ailleurs été assassiné en 2008.
Les plaintes pour violations des droits humains de la part de membres des forces armées sont confiées à la juridiction militaire. Les victimes sont alors confrontées à un système qui manque d’impartialité et d’indépendance et qui aboutit à une situation d’impunité quasi systématique.

 

 

 

 

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Mode de vie

 

Agriculture

 

Comme de nombreux peuples du Mexique, leur alimentation dépend du maïs pour faire les tortillas, des haricots, des courges et du piment.

Dans les pentes montagneuses ils peuvent récolter des bananes et ceux qui vivent dans les régions productrices peuvent aussi planter du café dont ils tireront un bénéfice à la vente.

 

 

Article très incomplet faute de source et qui sera amélioré selon les renseignements glanés de ci, de là .

 

Caroleone

D'autres peuples indigènes

 

 

 

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                                                                                              Suivez la plume

 

images.jpgBrésil : karitiana - enawene nawe - kayapo - awa - zo'és-

Etats-Unis : cherokees - séminoles - indiens du sud-est - navajos- indiens des grandes plaines - sioux-

Equateur/Pérou : zapara-

Pérou : peuples isolés - yaminahuas-

Brésil/Guyane : Macuxi-

Sibérie : nenets-

Guatemala : cakchiquel-

Equateur : huaoranis-

Colombie : nukak maku-

Mexique : nation triqui - mixtèques- ikoots- totonaques- Tojolabales - ch'ol - otomis- nahuas-

Guyane française : wayanas - apalaï -

Scandinavie : samis-

Afrique australe : bushmen-

Colombie/ Vénézuela : wayuu -

 

 

Source : Mexique : Les me'phaa - coco Magnanville

 

 

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6 mai 2012 7 06 /05 /mai /2012 13:44

 

 

 

 

 

Thierry DERONNE

La nouvelle Loi du Travail célébrée en grande pompe par les travailleurs vénézuéliens ce 1er mai 2012 est un vieux rêve devenu réalité au bout d’un débat citoyen qui a duré près de trois ans. Plus de 19000 propositions ont été remises par toutes sortes d’organisations de travailleurs, syndicats, coordinations, etc.. à la commission présidentielle chargée d’élaborer le projet. Avec la Constitution Bolivarienne, c’est le texte de loi qui a le plus bénéficié de la participation populaire.



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Nous avions rendu compte de ce débat national il y a quelques semaines : “Le Venezuela ouvre le débat pour construire une nouvelle loi du travail“

Résultat : la loi signée le 30 avril 2012 par le président Chavez brise enfin le carcan néo-libéral où les gouvernements antérieurs avaient étouffé les droits sociaux. Depuis le 2 mai la loi (dont on peut lire ici le texte intégral en espagnol) circule gratuitement sur internet et de main en main, massivement, dans plusieurs journaux. Sauf dans ceux de l’opposition qui relaient les critiques patronales contre la loi, contre l’égalité homme/femme, contre l’augmentation des indemnités dues aux travailleurs, etc… Des réunions seront organisées partout dans les mois qui viennent, notamment par les syndicats, pour continuer à faire connaître la loi et pour qu’elle soit un levier de nouvelles transformations.

Points forts : l’égalité entre hommes et femmes ; l’interdiction de la sous-traitance du travail ; les conseils de travailleurs. Ceux-ci ne substituent pas les syndicats (qui voient leurs prérogatives renforcées par la loi). Leur fonction, bientôt développée par une loi spéciale, est de promouvoir la participation des travailleurs et de la communauté vivant autour des centres de travail, dans la gestion des entreprises. Ainsi que de lutter contre la spéculation, l’accaparement des produits de première nécessité.

 

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Détail amusant (qui rappelle l’extrême misère de l’information sur le Venezuela en France) : pour occulter le débat citoyen à la base de cette loi, le Monde et l’AFP n’ont rien trouvé de mieux que de la présenter comme une épreuve de force entre un autocrate et son opposition. Saluons cette nouvelle victoire du droit des lecteurs qu’on “informe” sur une Loi du travail sans donner la parole à un seul des millions de travailleurs concernés mais en la donnant… au patronat.

Cette loi s’accompagne par ailleurs d’une nouvelle augmentation du salaire minimum, qui en fait le plus élevé d’Amérique Latine. Une augmentation du pouvoir d’achat protégéee par la baisse continue de l’inflation depuis cinq mois consécutifs (0,8% en avril), par une loi de contrôle des prix pour les produits de première nécessité et l’offre concomitante de biens bon marché produits par les entreprises nationalisées.

 

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Voici un résumé (non exhaustif) de quelques uns des droits dont jouissent à présent les travailleurs vénézuéliens.

Les indemnités auxquelles aura droit le travailleur lors de la fin ou lors de la rupture d’un contrat seront calculées en fonction du dernier salaire. Le travailleur y a droit de manière immédiate, tout retard dans le paiement entraînant des intérêts supplémentaires à lui verser. Ce calcul d’indemnités a un effet rétroactif à partir de de juin 1997, date à laquelle le gouvernement néo-libéral de Rafael Caldera et de Teodoro Petkoff avait modifié la loi au détriment des travailleurs. A présent le patron devra verser pour chaque trimestre et à chaque travailleur une somme équivalant à 15 jours de salaire. (Art. 141 y 142).

DAVANTAGE DE BÉNÉFICES NON SALARIAUX. La loi crée des avantages nouveaux (non décomptables des cotisations et des épargnes déjà établies en faveur des travailleurs) : notamment le remboursement de soins médicaux, l’octroi de bourses ou le financement de formations, de spécialisations. (Art. 105)

SANTÉ ET ÉDUCATION GRATUITES PROTÈGENT LE REVENU DU TRAVAILLEUR. (Art. 97)

DURÉE DU TRAVAIL. La durée du travail qui était jusqu’ici de 44 heures (ce qui obligeait à travailler les samedis) se réduit à 40 heures hebdomadaires (Art. 173). L’idée est d’avancer progressivement vers plus de temps libre (Art. 174)

SIX MOIS DE CONGÉ PRÉ- ET POST-NATAL (six semaines avant l’accouchement et vingt semaines ensuite) (Art. 336 y 338). Les pères auront droit de leur côté à quatorze jours de congé à partir de la naissance de leur enfant (Art. 339). Les parents sont désormais protégés contre toute forme de licenciement durant deux années à partir de l’accouchement. La loi prévoit des avantages semblables en cas d’adoption. L’idée est de permettre à l’enfant d’être mieux accueilli, mieux entouré affectivement par ses parents . Des repos quotidiens sont prévus pour l’allaitement des nourrissons (Art. 335-330-345)

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LA SOUS-TRAITANCE DU TRAVAIL EST INTERDITE. Cette pratique s’était étendue à toute l’Amérique latine depuis les années 90 avec la néo-libéralisation du continent. On estime qu’au Venezuela 1 million 200 mille travailleurs en sont victimes.

RETOUR DE LA DOUBLE INDEMNISATION, comme l’avait annoncé le président Hugo Chávez peu avant la promulgation de la loi. Ce mécanisme vise à sanctionner le patron qui effectue un licenciement injustifié, et à compenser la perte de l’emploi pour le travailleur en doublant ses indemnités de licenciement (Art. 92)

LE PATRON PAIERA PLUS S’IL LICENCIE. Tandis qu’en Europe les politiques d’ajustement visent à rendre les licenciement moins chers pour le patronat, au Venezuela la nouvelle loi en élève le coût pour le patron (Art. 92)

QUINZE JOURS D’INDEMNITÉS DE VACANCES, c’est ce que devra payer à présent le patron au travailleur en plus du salaire normal (Art 192).

PLUS DE JOURS FÉRIÉS. La nouvelle loi prévoit quatre jours fériés de plus en faveur des travailleurs (Art. 184).

VACANCES OBLIGATOIRES. Le travailleur devra jouir de ses vacances de manière effective et obligatoire (Art 197).

LE CALCUL DES DIVIDENDES ET AUTRES BÉNÉFICES DE FIN D’ANNÉE DÛS AU TRAVAILLEUR se fera a présent sur la base de trente jours au lieu de quinze. La fourchette va donc à présent de trente jours minimum à quatre mois maximum de salaires (Art. 131-132). Les organisations syndicales pourront aussi inspecter les comptes de l’entreprise pour déterminer si ce qui est versé aux travailleurs reflète bien la réalité des bénéfices de l’entreprise (Art. 133-138)

Sanctions légales contre les patrons délinquants, avec DE POSSIBLES PEINES D’EMPRISONNEMENT. Nouveauté introduite par la loi, la détention comme mécanisme de sanction en cas d’infraction à la loi par un patron. Exemples d’infractions : le refus de réembaucher un travailleur, la violation du droit de grève, le refus d’appliquer ou l’obstruction aux actes des autorités du Travail. Ces infractions seront sanctionnées par une mesure de détention de six à quinze mois. (Art. 512, 538)

LA FERMETURE D’UN CENTRE DE TRAVAIL sera également cause d’une mesure de détention qui peut aller de six à quinze mois selon le verdict des organes juridiques compétents de la République. Toute récidive est punie d’une peine augmentée (Art. 539-540)

 

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TRAVAILLEURS FIXES DÈS LE PREMIER MOIS. Les travailleurs de durée indéterminée (comme de durée déterminée, ou à la tâche) seront considérés comme fixes par la loi dès le premier mois et non à partir de trois mois (en fin de période d’essai) comme auparavant. Dans la loi antérieure le patron pouvait rompre le contrat en payant simplement la valeur de celui-ci au travailleur ou en s’appuyant sur les causes de licenciement (Art. 87).

ENTREPRISES SOUS CONTRÔLE OUVRIER : c’est le mécanisme établi par la loi pour faire face à la fermeture illégale ou frauduleuse d’entreprises et de centres de travail. Si le patron ne se soumet pas à l’ordonnance de reprise des activités productives, le Ministère du travail réunira les travailleurs pour former une instance d’administration et réactiver la production. Dans ce Conseil d’Administration Spécial est prévue la participation du patron. Si celui-ci s’y refuse, le contrôle revient totalement aux travailleurs. La loi prévoit la possibilité que l’État offre son assistance technique et participe à la gestion à travers les ministères compétents (Art. 149)

CE N’EST QU’APRÈS LE PAIEMENT DES TRAVAILLEURS et quand ceux-ci s’estiment pleinement satisfaits que les tribunaux peuvent désormais procéder à la déclaration de faillites. Le paiement des salaires est prioritaire par rapport à tout autre engagement de l’entreprise. (Art. 150-151)

CONTRE LE HARCÈLEMENT MORAL AU TRAVAIL ET SEXUEL. La loi interdit tout autant ce harcèlement au travail que sexuel et établit les sanctions. Elle définit le harcèlement au travail comme la pression constante et la conduite abusive exercée par le patron ou ses représentants ou un travailleur portant atteinte à la dignité ou à l’intégrité bio-psycho-sociale d’un travailleur. Le harcèlement sexuel est défini comme l’imposition d’une conduite sexuelle non désirée et non demandée, exercée de manière isolée ou de manière répétée par le patron ou ses représentants contre le travailleur. La norme légale établit à présent que l’État, les travailleurs, leurs organisations sociales, les patrons sont dans l’obligation de promouvoir des actions qui garantissent la prévention, l’enquête, la sanction, ainsi que la diffusion, le traitement, le suivi et l’appui aux dénonciations de harcèlement. (Art. 164-166)

Thierry DERONNE

http://venezuelainfos.wordpress.com/2012/05/04/nouvelle-loi-..

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22 avril 2012 7 22 /04 /avril /2012 08:00

 

Quelques images pour se reposer la tête. Et aussi pour prendre conscience du potentiel de ce pays, si magnifique. Haïti souffre de pauvreté, certes. Mais si on ne prend pas conscience de ces richesses, jamais nous ne parviendrons à accompagner nos amis haïtiens qui se battent pour leur propre développement. Bernard.


Vue des mornes dans la plaine de Cavaillon
Haïti me fait souvent penser au Rwanda où j'ai longtemps vécu. Des collines, qu'on appelle là-bas des mornes, à perte de vue. Celles-ci sont érodées. Plus rien n'y pousse.
Colline aménagée à Pliché, dans le Sud du Pays
Mais les paysans, parfois appuyés par des ONG, essaient de se battre contre l'érosion. Le travail des femmes et des hommes se fait sentir sur cette colline.

Dans les mornes mais aussi dans les plaines, des éleveurs savent nourrir leurs troupeaux. L'élevage est bien développé et une ONG, VETERIMED, fondée par Michel Chancy, actuellement secrétaire d'Etat à la production animale, a monté un réseau de laiteries artisanales dans tout le pays pour donner des débouchés aux éleveurs. Les produits sont commercialisés sous la marque "letagogo" (lait à gogo). Une belle construction sur laquelle nous
 reviendrons dans ce blog.

Une vue des Palmes au-dessus de Petit Goâve
Monter aux Palmes est toute une aventure. Il faut deux heures en 4X4 pour arriver aux habitations sur le haut des Mornes... si on n'est pas obligé de dormir en route. Mais quelle vue magnifique ! Et là encore on trouve des paysans qui se battent pour leur développement appuyés par une ONG, Concertaction, qui fait un travail remarquable. Elle méritera plus tard,elle aussi, un article dans ce blog.
Derrière la vache on remarque les aménagements pierreux et l'habitat local 
Depuis quelques années Concertaction s'est spécialisée dans les aménagements de terrain.  Derrière la vache nous pouvons apercevoir les travaux pour retenir les terres. Au fond une maison de paysan, si simple. Cette maison a résisté au tremblement de terre.
Travaux de maîtrise des eaux aux Palmes
Dans toute la zone on trouve ces aménagements, parfois colossaux, réalisés par les ruraux avec l'appui de Concertaction. Une vraie gestion des difficultés environnementales assurées au niveau local. Maîtrise du paysage, maîtrise de l'environnement.
Paysage de la plaine des Cayes
Les paysages, à l'intérieur des terres sont différents d'une région à l'autre. Nous nous trouvons ici dans la plaine des Cayes. En Haïti (comme au Rwanda d'ailleurs) les morts ne sont pas enterrés dans des cimetières mais là où ils ont vécu.
Culture de riz dans la plaine de l'Artibonite
Nous sommes ici au Nord de Port-au-Prince, dans la plaine de l'Artibonite, le grenier d'Haïti. Malheureusement, c'est d'abord là que le choléra a frappé et frappe encore. Un choléra importé, de l'avis de tous les experts, par les forces népalaises de la MINUSTAH. C'est là-aussi que se développait la réforme agraire pour l'évaluation de laquelle j'avais été mandaté. 
Plage de Cyvadier près de Jacmel dans le Sud Est
A la différence du Rwanda, Haïti se trempe dans plusieurs mers. A Jacmel, au Sud, les plages rocheuses pourraient faire les meilleures cartes postales mais elles sont un peu dangereuses. 
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20 avril 2012 5 20 /04 /avril /2012 12:30

 

Pêcheurs d’Amazonie

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19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 21:44

 


 

Pacha Mama - « la Terre Mère » : explication, ambiguïtés et avancée conceptuelle.

Eduardo Gudynas - 19 avril 2012

 


L’Amérique Latine est probablement l’une des régions du monde où les discussions sur les conceptions de la nature sont les plus vives. Tandis que, dans les pays industrialisés, l’environnement devient de plus en plus artificiel, des zones sauvages ou peu modifiées par l’être humain subsistent dans de nombreuses régions du Sud. Cette richesse écologique s’accompagne d’une diversité culturelle qui s’exprime notamment dans différentes manières de concevoir l’environnement. Parmi celles-ci, on peut distinguer les conceptions andines de la Pacha Mama. Il s’agit d’approches qui se sont largement répandues, ont irrigué de nombreux groupes environnementalistes, et ont débouché sur les nouvelles constitutions ou plans de développements en Bolivie et en Équateur.

Les racines

La notion de Pacha Mama puise ses racines dans la manière dont les cultures des Andes centrales d’Amérique du Sud, en particulier les Aymaras, les Quechuas et les Kichwas, conçoivent l’environnement et le rôle qu’y jouent les humains. Il est courant de l’identifier à la Terre Mère ou à la Mère nature, même s’il ne s’agit pas exactement des mêmes idées. Plusieurs clarifications sont donc nécessaires pour comprendre l’idée de Pacha Mama, liée à la Pacha, qui, dans la langue Aymara, désigne le cosmos, l’ordre de l’univers. La Pacha Mama désigne l’environnement dans lequel est inséré l’individu. La dualité européenne classique, qui sépare la société de la nature en deux dimensions clairement distinctes et différentes, ne s’applique pas ici. Dans le monde andin, cette séparation n’existe pas : les personnes font partie de l’environnement, qui n’est pas perçu seulement de manière biologique ou physique, mais également sociale.

Mais cette relation ne doit pas pour autant être comprise comme désignant les interactions d’un individu au sein de la Pacha Mama. Les interactions sont celles d’une communauté, et non d’individus isolés. Il n’y a aucun sens à se représenter une personne seule, absorbée dans la contemplation de l’environnement : les interactions trouvent leurs origines dans des communautés.

Le concept andin de communauté se distingue lui-même de l’acception occidentale. Alors que la communauté est appréhendée en Occident comme une catégorie sociale, qui figure un groupe de personnes ayant des relations étroites les unes avec les autres, ou encore qui se sentent liées à un même territoire, la conception andine est bien plus vaste. Elle englobe en effet les personnes, mais aussi les êtres vivants non humains, tels que les animaux ou les plantes, ainsi que certains éléments non vivants, en particulier les monts et montagnes ou encore les esprits des défunts. Ces communautés sont en outre propres à un territoire donné, qui les définit et auquel il est accordé des attributs spécifiques. Ainsi, les conceptions originelles de la Pacha Mama permettent de la représenter comme une manière de se penser comme faisant partie d’une vaste communauté sociale et écologique, ellemême insérée dans un contexte environnemental et territorial. La Pacha Mama n’est donc pas un simple synonyme, ou une idée analogue à la conception occidentale de la nature : il s’agit d’une vision plus ample et plus complexe.

Dans les philosophies andines, dominer ou contrôler l’environnement n’a aucun sens. On coexiste avec la Pacha Mama. Elle est une source de vie, dont la culture, la récolte de la terre, permet de nourrir la communauté. Dans cette perspective, l’obtention des fruits de la Pacha Mama doit donc être compensée par des rétributions ou des correspondances. Ce qu’il est parfois tentant de ramener à une relation symbiotique est en réalité plus complexe, et se fonde sur des liens de réciprocité, de complémentarité et d’interdépendances entre les humains, la communauté au sens large et la Pacha Mama. Il n’y a ici pas une nature intacte, mais un environnement cultivé, travaillé, de manière parfois intensive, avec lequel sont engagées des relations qui appellent des correspondances. Il s’agit d’un lien dans lequel il n’y a pas d’« adoration » au sens traditionnel du terme, mais bien une « relation ».

Cela ne doit pas surprendre, dans la mesure où, dans les hautes steppes andines, les conditions difficiles, qu’il s’agisse du climat, des sols ou des eaux, obligent à ce que l’usage de ce que nous, occidentaux, appelons ressources naturelles, soit particulièrement prudent et efficace, dans la mesure où il doit assurer la nourriture et le bien-être à la famille et à la communauté.

Cela est également renforcé par la communication. La Pacha Mama a une voix, elle envoie des messages et parle aux communautés. À certains moments, elle accueille et protège, mais elle peut également se mettre en colère et punir. Le paysan andin dialogue avec la Pacha Mama, non comme si elle était un élément extérieur à lui, mais de l’intérieur d’elle.

La pertinence de cette relation de construction de l’environnement et le sens de la correspondance et de l’obligation permet d’expliquer qu’on la distingue parfois de ce qui se rapproche de notre vision occidentale des zones sauvages. En effet, dans certaines communautés, on fait la distinction entre un espace social et territorial des cultures, le monde du maïs (sara) et celui de la mauvaise herbe (cora), ce dernier se rapprochant de ce que nous entendons par zones sauvages. Dans le premier cas, il s’agit de l’ordre qui garantit la nourriture, là où le second est interprété comme un désordre naturel, dangereux, dans la mesure où il peut signifier la faim ou la pénurie. Les humains au sein de leurs communautés sont ceux qui convertissent ce désordre en espace de sara propre à la Pacha Mama.

Droits de la nature et biocentrisme

Ces éléments qui, parmi d’autres, rendent compte de la compréhension et des expériences complexes de la Pacha Mama aident à décrire une véritable philosophie de l’environnement, qui se distingue nettement de l’anthropocentrisme européen. Cette approche a gagné en influence, notamment en raison du rôle central des indigènes dans les changements politiques qui ont eu lieu en Amérique du Sud. Ils ont eu des effets tant dans le domaine normatif que concernant les stratégies de développement de certains pays, et sont à l’origine de nouveaux débats à l’intérieur des mouvements sociaux, à l’échelle continentale comme mondiale.

L’une des avancées les plus importantes a eu lieu en Équateur, où la catégorie « Pacha Mama » a fini par être reconnue dans la nouvelle constitution (adoptée en 2008), comme base de la reconnaissance des droits de la nature. Dans ce pays, la nature est devenue un sujet de droits, et ses valeurs propres sont désormais reconnues. La catégorie occidentale de la nature est située au même niveau que la catégorie indigène de la Pacha Mama, qui est définie dans un sens vaste, comme l’espace « où se reproduit et se réalise la vie » (article 71).

Il s’agit d’un changement radical, qui rompt avec au moins deux idées centrales de la modernité occidentale. La nature n’y est pas valorisée en fonction de son utilité pour les personnes, puisqu’elle a des valeurs propres (intrinsèques). Il s’agit d’une perspective biocentrique assumée, très différente de la posture occidentale selon laquelle seul l’être humain peut accorder et reconnaître des valeurs. Il s’agit également d’une rupture avec la dualité qui sépare la société de la nature, puisque les aspects sociaux et écologiques sont étroitement liés les uns aux autres.

Il ne s’agit pas ici de changements mineurs. C’est ce qui explique, par exemple, que la nouvelle constitution de Bolivie (adoptée en 2009) ne reconnaisse pas les droits de la nature. La posture conventionnelle, qui appréhende l’environnement dans le cadre des droits humains de troisième génération, persiste.

Dialogues et apprentissages mutuels

Même si le concept de Pacha Mama s’éloigne du tronc de la modernité, il se rapproche et entre en dialogue avec des postures qui, bien qu’étant occidentales, expriment des critiques de cette modernité.

Certaines similitudes entre les idées liées à la Pacha Mama et l’environnementalisme de l’« écologie profonde », dont la figure la plus renommée fut le philosophe norvégien Arne Næss, en sont un bon exemple.

L’écologie profonde conçoit les humains comme faisant partie de la nature, et tente de rompre avec la dualité anthropocentrique en reconnaissant que l’environnement a des valeurs propres. Le biocentrisme de l’écologie profonde s’accorde donc parfaitement avec différents éléments centraux de l’idée de Pacha Mama. Mais, dans le même temps, il lui adjoint des exigences plus importantes en termes de protection de la biodiversité et de la permanence des écosystèmes.

Il ne faut pas pour autant conclure que l’idée de Pacha Mama serait un retour vers un passé andin précolonial, ou qu’elle serait isolée des débats contemporains. En réalité, nous assistons à l’ouverture de nouveaux dialogues, dans lesquels certains éléments des traditions critiques occidentales peuvent apprendre, se modifier et grandir aux côtés de certaines composantes des savoirs indigènes qui vont au-delà de la modernité. Nous faisons face à des conversations interculturelles, à des alliances politiques potentielles, qui se font en liant la nature et la société, et qui cherchent des voies qui seraient des alternatives réelles et radicales aux postures conventionnelles actuelles de poursuite d’un développement économique à haut coût social et écologique.

Les controverses locales et mondiales

Le succès des invocations de la Pacha Mama a également débouché sur des prises de position polémiques, y compris de la part d’intellectuels indigènes. Le cas le plus connu est celui des invocations de la Pacha Mama par le gouvernement bolivien d’Evo Morales dans le cadre des négociations internationales sur le changement climatique. Sa position fut de vivement contester les pays industrialisés en raison de leur responsabilité dans les émissions de gaz à effet de serre, de critiquer le capitalisme global et d’exiger des engagements draconiens de réduction des émissions. La Pacha Mama est l’une des principales références sur lesquelles s’appuie cette position.

Le gouvernement Morales a sans doute totalement raison de remettre en question l’état des négociations sur le changement climatique, ou de critiquer le capitalisme. Le problème est cependant qu’il n’applique l’éthique de la Pacha Mama qu’à cette échelle planétaire, et non à l’intérieur de son propre pays. En effet, en Bolivie, les obstacles aux démarches environnementales restent nombreux, et le gouvernement Morales appuie avec entrain l’exploitation des ressources naturelles, qu’il s’agisse de l’exploitation minière ou des hydrocarbures (ce qui explique que la Bolivie ait, en 2011, battu un nouveau record d’exportations, qui s’élèvent à un peu plus de 9 milliards de dollars). Ces choix ont de lourdes conséquences sociales et environnementales, si bien que les protestations sociales augmentent. Dans de nombreux cas, les communautés indigènes se mobilisent contre l’entrée d’entreprises minières ou pétrolières.

Plusieurs problèmes sont soulevés ici. Il y a, en premier lieu, une contradiction, puisque le gouvernement Morales exige une approche « pachamamique » au niveau international, alors même qu’il ne l’adopte pas au niveau local, en n’étant pas prêt à cesser d’être un grand exportateur de minerais ou de pétrole. De plus, il dédaigne et combat les organisations citoyennes qui portent des revendications environnementales.

En outre, l’idée de la Pacha Mama est ici réorientée du local vers le planétaire. La Pacha Mama est invoquée pour promouvoir des droits à l’échelle mondiale, qui mettent l’accent sur la biosphère. Pourtant, comme nous l’avons vu plus haut, la Pacha Mama est une notion qui est toujours locale, inscrite dans des communautés larges, certes, mais toujours enracinées dans des territoires spécifiques. Étendre l’idée de Pacha Mama jusqu’à couvrir l’ensemble de la planète lui fait perdre la richesse des spécificités locales.

Il y a aussi, pour finir, un débat sur le sens donné à la Pacha Mama comme source des droits de la nature. Pour exemple, le ministre des Affaires étrangères de Bolivie, l’intellectuel David Choquehuanca, a été jusqu’à soutenir que, depuis la perspective environnementale indigène, les éléments les plus importants sont les monts, les rivières et l’air, tandis que « l’humain [viendrait] en dernier lieu » (conférence de presse du 21 avril 2010).

Ni les postures originelles de la Pacha Mama, ni les courants environnementalistes comme l’écologie profonde ne postulent que l’humain viendrait en « dernier » lieu, pas plus qu’il ne viendrait en « premier » lieu. Ils défendent en réalité une égalité biocentrique, dans laquelle tous ont des valeurs spécifiques qui confèrent le droit à vivre et à développer des plans vitaux. Les humains partagent l’environnement avec les plantes et les animaux. Cela ne saurait signifier que tous sont identiques, et, dans la Pacha Mama comme dans l’écologie profonde, les différences qui existent entre chaque forme de vie sont reconnues.

Les revendications actuelles

À l’heure actuelle, les idées de Pacha Mama sont soumises à toutes sortes de pressions. Les cultures dont elles sont originaires font face à différents types d’hybridation de savoirs, aux migrations des membres des communautés au-delà des Andes, ou encore à la progression de nouvelles religiosités, pour ne mentionner que quelques problèmes.

De fortes tensions sont également engendrées par l’arrivée, par exemple, d’une agriculture mécanisée et intensive dans différents territoires andins, grâce notamment aux revenus vertigineux de l’exploitation minière et pétrolière. Mais en dépit de ces impacts, les gouvernements, qu’ils soient conservateurs ou progressistes, comme le gouvernement d’Evo Morales en Bolivie (qui s’est présenté en plusieurs occasions comme un président indigène), persistent dans leur stratégie d’exploitation de la nature pour nourrir la croissance économique.

Les communautés elles-mêmes sont atteintes par ces tensions. Elles sont dans de nombreux cas tiraillées entre des discussions sur les compensations économiques visant à rétribuer l’extraction de leurs ressources naturelles et leurs impacts. Les expériences de la Pacha Mama sont rognées, chaque jour, sous l’effet de la marchandisation de la nature par le capitalisme global.

Pour autant, la résistance citoyenne et les réseaux et coordinations entre différents mouvements sociaux engendrent une réaction d’opposition qui tente de faire face à ces problèmes. En Bolivie, une marche massive indigène est par exemple parvenue à interrompre la construction d’une route sur un territoire vierge, une zone écologiquement protégée. Ces dynamiques ont aussi connu de grands succès, comme la reconnaissance des droits de la nature en Équateur. Mais les tâches restantes sont nombreuses, et les résistances énormes.

L’idée de Pacha Mama se heurte en effet, dans ses acceptions andines premières aussi bien que comme source d’inspiration pour faire émerger une nouvelle culture, aux conceptions profondément enracinées du savoir occidental. Les résistances sont donc énormes, et apparaissent tant à la droite qu’à la gauche du spectre politique. Il ne s’agit pas de prétendre que tous devraient se transformer en indigènes andins, ce qui est évidemment impossible. Il est en revanche nécessaire de prendre au sérieux l’idée de Pacha Mama, de reconnaître ses potentiels et ses limites, et, à partir de ses particularités, de l’articuler à d’autres propositions substantielles de changement. Il s’agit donc d’un appel à abandonner les idées classiques de progrès, qui fragmentent la nature en ressources manipulables ; ou de la croissance économique, selon laquelle la qualité de la vie se joue sur les marchés. L’enjeu est d’abandonner l’arrogance anthropocentrique, dans laquelle l’être humain décide de ce qui a de la valeur, pour tendre vers une communauté plus vaste, partagée avec d’autres êtres vivants et avec le reste de l’environnement.

.......................

Traduit de l’espagnol par Nicolas Haeringer


 

((Source : La Revue des Livres

Eduardo Gudynas est chercheur uruguayen au D3E (Desarrollo, Economía, Ecología, Equidad América Latina) de Montevideo, un centre de recherche et de promotion du développement durable.

Photo : Gomezramos

Ecouter aussi : Qu’est-ce que Pachamama ?

Source : Reporterre.net - La Pachamama rompt avec la modernité occidentale - et tant mieux

 

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18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 19:40

 

A l'heure où les populations européennes sont confrontées au démantèlement de l'enseignement, à l'augmentation des frais de scolarité creusant les inégalités ou causant l'endettement de longue durée des étudiants, situation qui est un handicap pour l'avenir de notre région, voici quelques chiffres intéressants. A titre indicatif, en France et en Belgique les dépenses d'éducation n'atteignent pas 7% du PIB et sont en diminution constante, quand à la Belgique et particulièremet la région francophone, elle se retrouve dans les champions d'inégalité. Ey pour éviter toute erreur, ces inégalités se fondent dans la différece d'origine sociale et non dans les origines nationales. Or il n'y a pasde secrets, les peuples qui auront éduqués leurs enfants ouvrent aussi à leur pays une place de choix sur la scène internationale à venir.

 

L’éducation comme sphère d’inclusion : une comparaison entre le Venezuela, le Chili et la Colombie

Jesse Chacón

jeudi 12 avril 2012, mis en ligne par Thierry Deronne

Presque tous les discours sociaux sont d’accord sur le rôle de l’éducation comme dépassement de l’inégalité et comme source de développement pour un pays. L’éducation est identifiée comme sphère d’inclusion, de construction et de partage de sens sociaux qui garantissent la survie de l’ensemble de la société.

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Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, grâce à l’élaboration de cadres internationaux de protection des droits, l’éducation possède un statut de droit humain. Rappelons que les droits humains sont un ensemble de biens primaires ou de revendications protégées juridiquement par la communauté nationale et/ou internationale et qui expriment les aspirations et les exigences de liberté, de dignité et d’équité à chaque époque de l’histoire.

Le fait de la protection juridique de ces biens par l’État ou par la communauté internationale leur confère le statut de droits. Dans le cas contraire on ne parlerait que d’aspirations morales de la part de l’humanité ou de la part d’une communauté politique nationale spécifique, mais pas d’un droit universel.

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Indice GINI mesurant les niveaux d’inégalité (source : Banque mondiale)

En ce qui concerne la protection juridique du droit à l’éducation, une architecture légale internationale établit clairement le caractère obligatoire pour les États signataires de garantir l’éducation sur la base des principes de gratuité et d’universalité.

À ce sujet l’observation générale numéro 13 du Comité des droits humains, économiques et sociaux de l’ONU, par référence à l’article 13 du Pacte international des droits économiques et sociaux, établit que :

« … L’éducation doit être à la portée de tous. Cette dimension de l’accessibilité est conditionnée par les différences de rédaction du paragraphe 2 de l’article 13 sur l’enseignement primaire, secondaire et supérieur : alors que l’éducation primaire doit être gratuite pour tous, il est demandé aux États signataires de mettre en place graduellement la gratuité de l’enseignement secondaire et supérieur… »

Plus loin, l’observation numéro 13 définit la valeur sociale que revêt aujourd’hui l’éducation tant pour le développement national que pour la satisfaction des besoins et des aspirations humaines :

« … L’idée est de plus en plus acceptée selon laquelle l’éducation est un des meilleurs investissements que les États puissent réaliser mais son importance n’est pas seulement pratique : disposer d’un esprit instruit, intelligent et actif, avec une liberté et une ouverture de pensée, est un des plaisirs et des récompenses de l’existence humaine… »

En tant que pays engagé dans la construction d’une nouvelle architecture internationale garante des droits humains, l’État vénézuélien a assumé la responsabilité de réaliser les principes d’universalité et de gratuité de l’éducation primaire, secondaire et universitaire.

Pour l’éducation maternelle, primaire et secondaire, l’effort vénézuélien a été reconnu par l’UNESCO dans le cadre de la réalisation des Objectifs du Millénaire. En ce qui concerne l’enseignement universitaire, le Venezuela a été classé par l’UNESCO au deuxième rang pour le taux brut d’inscriptions d’étudiants à l’université sur le plan latino-américain et au quatrième rang mondial. Le Venezuela a augmenté pendant dix ans de 170% le nombre d’inscrits à l’université : en passant de 785 285 étudiants en 1998 à 2 120 231 en 2009.

Ces résultats ont pour base une augmentation soutenue de l’investissement dans l’éducation, qui a bondi de 107 % pendant ces années de révolution, en passant de 3,38% du Produit intérieur brut en 1998 à 7% du PIB en 2008.

L’éducation récupère sa place comme sphère d’inclusion. L’enfance et la jeunesse circulent positivement à travers tout le système éducatif. Les aspirations d’une vie meilleure trouvent leurs corrélats matériels dans une sphère liée à un modèle économique plus humain. Le Venezuela est devenu le pays le moins inégal de l’Amérique Latine avec un indice GINI de 0,39, sur une échelle où le « zéro » indique la plus grande égalité et le « un » la plus grande inégalité.

Tandis qu’au Venezuela le droit à l’éducation se fortifie, dans des pays d’Amérique latine sous hégémonie néo-libérale nous voyons ces principes communs convertis en politiques qui font de l’éducation un privilège et un outil d’exclusion générationnelle. Voyons certaines de ces politiques :
- L’État s’est désengagé de son devoir de garant et de financeur de l’éducation, la transférant peu à peu aux municipalités. Des municipalités aux ressources fragiles ont reçu une haute responsabilité.
- On abandonne le principe de la gratuité et de l’universalité de l’éducation à tous les niveaux.
- L’éducation a été remise au marché, l’éducation est devenue une marchandise. Ce processus a visé le transfert aux capitaux privés des budgets de l’éducation, que ce soit via le système des subventions éducatives au Chili ou via la sous-traitance en Colombie. Au Chili par exemple pour 1990, l’éducation subventionnée concernait 980 000 élèves alors qu’en 2009 elle a cru à 1 700 000 élèves. De même l’éducation publique municipale comptait en 1990 1 700 000 élèves pour descendre à 1 430 000 élèves en 2009.
- On cherche à installer l’idée des « écoles efficaces ». Ainsi l’éducation privée est présentée comme « de meilleure qualité » et donnant « de meilleurs résultats » alors que l’éducation publique est stigmatisée comme celle qui donne de « moins bons résultats ».

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1. Investissement éducatif en pourcentage du PIB (UNESCO). 2. Indice GINI (niveau d’inégalité) (Banque mondiale). 3. Rang mondial pour le nombre d’étudiants universitaires (UNESCO). 4. Rang latino-américain pour le nombre d’étudiants universitaires (UNESCO). 5. Taux d’analphabétisme (UNESCO)

Ce modèle néo-libéral a fait de l’éducation un commerce, de sorte que les réussites en matière d’extension de la couverture éducative ne s’accompagnent pas de processus d’inclusion sociale ni d’amélioration de la qualité de la vie. Les cas du Chili et de la Colombie sont exemplaires. Ce sont les sociétés les plus inégalitaires d’Amérique latine. La Colombie possède un indice Gini de 0,58 et le Chili de 0,50. Les taux d’analphabétisme sont de 3.5 pour le Chili et de 6,4 pour la Colombie. Parallèlement ces pays maintiennent de faibles taux d’inscription universitaire et les jeunes qui accèdent à l’enseignement doivent le faire sous la modalité du crédit éducatif, ce qui hypothèque leurs vies pour près de 15 ans après l’obtention d’un diplôme.

L’option socialiste de construction de la société a amené le Venezuela à faire sortir l’éducation du marché et à la garantir en tant que droit à tous les niveaux, ce qui permet aujourd’hui d’élever le capital culturel de toute la population.

Lors des élections présidentielles du 7 octobre 2012 le choix se fera entre deux modèles : capitalisme néo-libéral ou socialisme bolivarien. Nous ne disons pas cela par spéculation idéologique mais à partir de la compréhension de l’impact négatif que le capitalisme néo-libéral a sur la vie quotidienne des majorités en Amérique latine.

Le 7 octobre 2012 les vénézuéliens choisiront entre l’éducation comme droit humain et comme principal outil d’inclusion sociale, ou la transformation de l’éducation en marchandise qui marginalise et exclut les grandes majorités.


Jesse Chacón est directeur du GISXXI, www.gisxxi.org

Source (espagnol) : http://www.gisxxi.org/articulos/la-...

Traduction de Thierry Deronne pour www.venezuelainfos.wordpress.com

Source ; L'éducation comme sphère d'inclusion : une comparaison entre le Venezuela, le Chili et la Colombie - AlterInfos - América Latina

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18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 19:29

 

BRÉSIL - « 128 000 familles de paysans vivent sous des tentes. Nous attendons du nouveau ministre qu’il accélère les expropriations et la réforme agraire » : entretien avec Alexandre Conceiçao, membre de la Coordination nationale du Mouvement de travailleurs ruraux sans terre (MST)

Luis Felipe Albuquerque

mardi 10 avril 2012, mis en ligne par Thierry Deronne

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Alexandre Conceiçao, membre de la Direction nationale du Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST)

Comment évalues-tu le changement de ministre du développement agraire ?

Ce changement incombe à la présidente Dilma. Cependant nous attendons que le nouveau ministre accélère le processus d’expropriation des terres, ce qui n’a pas été fait en 2011 à cause de la bureaucratie interne de l’INCRA (Institut national de colonisation et de réforme agraire) et du ministère lui-même. Les premières victimes ont été les familles installées dans les campements.

La présidente fait valoir que la réforme agraire ne consiste pas seulement à remettre des terres. Nous sommes d’accord là-dessus mais aujourd’hui la réalité, c’est qu’il y a près de 186 mille familles qui vivent sous des tentes dans tout le Brésil. Si l’on ne crée pas de nouvelles unités productives de plus en plus de familles vont aller vivre dans des campements, ce qui créera davantage de problèmes pour le gouvernement lui-même. Voilà pourquoi nous attendons l’accélération des expropriations des latifundiums (grandes propriétés non productives) de la part du ministre et de l’INCRA.

Pourquoi ces chiffres extrêmement faibles pour la réforme agraire en 2011 ?

Les données pour 2011 sont les pires des 16 dernières années. La présidente a signé le premier décret d’expropriation des terres juste à la fin du mois de décembre, ce qui démontre que l’INCRA ne fonctionnait pas et que le MDA (Ministère du développement agraire) ne dialoguait pas avec l’INCRA, au détriment de la possibilité d’expropriation. Le gouvernement a un modus operandi qui ne fait qu’aggraver la bureaucratie du ministère et de l’INCRA. Nous attendons que le gouvernement dégèle le processus et reprenne les expropriations de terre.

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Travailleurs ruraux occupant des grands domaines pour les mettre en production, et qui sont actuellement menacés par la justice, Buriticupu, État de Maranhao, 2012

Quelles sont vos attentes pour l’avenir ?

Nous attendons que le gouvernement puisse accélérer et débureaucratiser l’INCRA et le MDA. Les surintendants de l’INCRA dans chaque État doivent se rendre dans les zones rurales pour établir le cadastre précis des zones qui peuvent bénéficier de la réforme agraire, mener les enquêtes de terrain et mettre en œuvre rapidement les processus d’expropriation de terres.

Ces nombreuses familles qui vivent dans des campements au Brésil vont lutter dans la période qui vient. Avec la poussée de l’agrobusiness et du capital international dans l’agriculture brésilienne, l’expulsion des familles des zones rurales et le travail esclave se sont renforcés. Ce qui a entraîné une augmentation des problèmes sociaux. De plus en plus des paysans qui campent au bord des routes sont prêts à s’engager dans la lutte pour la terre.

Malgré le discours gouvernemental d’investissement dans la réforme Agraire, dans les unités productives et dans l’expropriation des terres, il n’y a pas de budget. Couper dans un budget déjà si restreint nous fera perdre une année de plus. Le gouvernement doit augmenter, non pas réduire, le budget pour permettre de réels investissements.

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Travailleurs ruraux réduits en esclavage, État de Goiás, Brésil, 2012

Le gouvernement a pris des engagements vis-à-vis du MST lors des mobilisations du mois d’août. Ces engagements ont-ils été respectés ?

Non, il y a eu très peu de progrès. Nous mobilisons notre base du nord au sud. Nous avons obtenu un budget supplémentaire et une plus grande adéquation des ressources. Cependant le budget n’a été libéré qu’en décembre : à cause de ce blocage de l’INCRA et du MDA, moins de la moitié du montant a été utilisée. Pour te donner une idée, seules 600 familles du Mouvement des travailleurs sans terre (MST) ont bénéficié de ce supplément.

Qu’attend le mouvement de la journée de lutte en avril prochain ?

La journée des femmes a eu beaucoup de succès pendant la semaine du 8 mars, avec des mobilisations dans huit États. La semaine passée d’autres mobilisations ont eu lieu dans des agences bancaires pour revendiquer l’accès au crédit destiné à l’agriculture familiale. Ce sont des exemples qui montrent la volonté populaire de lutter.

La journée d’avril constituera une autre mobilisation de masse, avec des actions dans divers états : marches, occupations, actes publics en défense de la réforme Agraire et en mémoire des victimes du massacre dans l’Eldorado de Carajás. La réforme Agraire et l’agenda des mouvements de la Via Campesina ne se détacheront qu’en étant portés par ces grandes mobilisations. C’est pourquoi dans cette journée doivent s’additionner les mobilisations de tous les mouvements ruraux.

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Mobilisation des travailleuses rurales sans terre dans tout le Brésil, mars 2012

Quelles seront les principales revendications ?

C’est faux de dire que ce pays va se développer grâce à l’agriculture familiale sans créer de nouvelles unités de production, car l’exploitation des ressources naturelles est liée directement à la concentration des terres, principalement par les entreprises transnationales qui prennent possession de nos terres. Rien que la Chine, par exemple, a consacré un budget de 30 milliards de dollars pour l’achat de terres au Brésil l’an dernier, c’est une dénationalisation de nos terres. C’est pourquoi la revendication principale est le territoire et l’expropriation, la déconcentration du territoire à travers la réforme agraire.

Et en ce qui concerne les unités de production ?

Les politiques publiques menées tout au long des gouvernements de Lula et de Dilma pour développer ces unités productives, ont permis des avancées importantes mais elles doivent s’améliorer et d’autres doivent être soumises à révision. Nous avons besoin d’une requalification de ces politiques tant du point de vue budgétaire que de celui de la débureaucratisation pour qu’elles s’universalisent au Brésil. À quoi servent de bonnes politiques si elles ne concernent que peu de familles.

Le gouvernement doit concrétiser la mise en œuvre du programme des agro-industries pour que les petits agriculteurs et les unités de production puissent non seulement fonctionner, améliorer les productions naturelles, ajoutant de la valeur à leurs produits et générant des revenus pour les familles. Dans ce but nous avons besoin de science et de technologie au service de la réforme Agraire.

Comment va l’assistance technique ?

Nous allons lutter pour que l’assistance technique soit universelle et continue. Le processus reste saisonnier parce qu’il souffre du manque de budget à chaque récolte. Autrement dit il n’y a pas de continuité dans le processus et celui-ci n’est pas encore devenu une politique massive. Il y a beaucoup d’erreurs, par conséquent la production souffre du manque d’assistance technique. Pour que l’agriculture familiale continue à produire des aliments, il faut une assistance technique universelle, une capacité technique et l’incorporation de technologie orientée vers l’agroécologie, pour éliminer la consommation élevée d’agros-toxiques qui résulte de cette matrice de production calquée sur l’agro-business.

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Travailleurs ruraux sans terre résistant à la répression de la police et des hommes de main des grands propriétaires, Hacienda Serro Azul, municipalité d’Altinho, État de Pernambuco, 2012

Que signifie l’articulation des diverses organisations rurales ?

La lettre historique signée le 28 février 2012 par toutes les organisations rurales du Brésil est un symbole puissant [1]. Il y a plus de 50 ans, en avril 1961, que pour la première et seule fois dans l’Histoire toutes les forces rurales se sont réunies pour le premier Congrès Paysan du Brésil. La lettre est chargée de toute cette symbologie – les forces rurales qui se retrouvent à nouveau après 50 ans pour faire une révision du monde rural, de la situation agraire du pays et refaire une analyse ensemble, avec le désir d’orienter le gouvernement et la société dans la défense de la réforme Agraire.

Plusieurs réunions et rencontres entre nos mouvements se déroulent actuellement pour tracer le programme de lutte pendant toute l’année, avec de grandes mobilisations. Peut-être que nous pourrons répéter le grand congrès de 61. Chaque organisation a son propre agenda politique mais du point de vue de la lutte pour la réforme agraire nous marchons déjà dans le même sens.


Source : MST, http://www.mst.org.br/node/13057

Traduction : Thierry Deronne

Pour soutenir concrètement le MST dans sa lutte, on peut écrire à Salete Carollo, prointer[AT]mst.org.br

Pour une information continue en français sur les activités du MST : http://mouvementsansterre.wordpress.com/

Source : BRÉSIL - « 128 000 familles de paysans vivent sous des tentes. Nous attendons du nouveau ministre qu'il accélère les expropriations et la réforme agraire » : entretien avec Alexandre Conceiçao, membre de la Coordination nationale du Mouvement de travailleurs ruraux sans terre (MST) - AlterInfos - América Latina

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18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 19:12

 

BRÉSIL - De Carajas à Pernambuco, contre l’impunité des assassins de travailleurs ruraux sans terre : appel aux amis du monde entier

vendredi 13 avril 2012, mis en ligne par Thierry Deronne

Cher(e)s ami(e)s

Le 17 avril 2012 nous réaliserons diverses actions pour protester contre 16 ans d’injustices et contre l’impunité persistante des responsables du massacre de Carajas, au cours duquel 19 compagnons de lutte ont été assassinés.

À la suite d’un recours des coupables condamnés lors du premier jugement, le procès dort dans les tiroirs du Tribunal suprême fédéral. Les policiers sont toujours en liberté.

Pour appuyer cette mobilisation nous vous proposons de réaliser une action de solidarité dans vos pays, auprès de l’ambassade du Brésil, et d’envoyer des messages :
- au Président du Tribunal suprême fédéral, le ministre Carlos Pelusso. carlak@stf.gov.br
- au Secrétaire spécial des droits humains du gouvernement fédéral, la ministre Maria do Rosario, Brasilia. c/o pedro.pontual@sdh.gov.br
- ainsi qu’aux familles des travailleurs vivant actuellement dans l’unité de production Asentamento 17 de abril, municipalité d’Eldorado dos Carajas, État de Pará, c/o Ayala Ferreira, ayalaferreira@hotmail.com.

Un fraternel abrazo à toutes et à tous

pour le secrétariat national du MST,
Joao Paulo Rodrigues
Janaina Strnozake
Joao Pedro Stedile


Le massacre d’Eldorado dos Carajas

Le 17 avril 1996, à environ 15 heures, la police militaire a débarqué dans un campement de 1.500 travailleurs sans terre au lieu-dit de la « Courbe en S » entre Eldorado dos Carajas et Maraba. Sous le commandement du major José Maria de Oliveira, commandant du CIPM 10/1 CIPOMA, deux bus et un camion en provenance de la ville de Parauapebas, avec à bord 68 hommes armés de deux carabines, quatre mitrailleuses, cinquante fusils et de revolvers.

Dans l’autre sens de la route sont arrivés trois autobus de plus. Sous le commandement du colonel Mario Pantoja Colares, commandant du bataillon de police militaire, ont débarqué 200 hommes équipés de mitrailleuses et de revolvers. Aucun des policiers ne portait d’identification appropriée. Ils avaient retiré et laissé dans la caserne la bande de tissu brodé qui les identifie.

Le bataillon de Maraba, commandé par le colonel Pantoja, a fait irruption en lançant des gaz lacrymogènes. Initialement, les travailleurs ont résisté avec des bâtons et des jets de pierres. En entendant les premiers coups de feu, ils ont tenté de s’échapper et de se protéger. Le massacre a duré environ une heure. 19 travailleurs ont été tués et 69 autres ont été blessés.

Les travailleurs assassinés sont Altamiro Ricardo da Silva (42 ans), Antonio Costa Dias (27 ans), Raimundo Lopes Pereira (20 ans), Leonardo Batista de Almeida (46 ans), José Ribamar de Souza (22 ans), Oziel Alvez Pereira (17 ans), Manoel Alvez de Souza (49 ans) Lourival da Costa Santana (26 ans), Antonio Alves da Cruz (59 ans), Abílio Alves Rabelo (57 años), João Carneiro da Silva, Antonio “Irmão”, José Alves da Silva (65 ans), Robson Vitor Sobrino (25 ans), Amâncio dos Santos Silva (42 ans), Valdemir Ferreira da Silva, Joaquin Pereira Veras (32 ans) et João Rodrigues Araujo.

Deux des blessés sont morts peu après : Francisco Divino da Silva et João Batista Penha.

Avril 2012. Les assassinats de Sans-terre continuent au Brésil

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Ces derniers jours quatre travailleurs sans terre ont été assassinés au Brésil

Le 23 mars dernier, Antônio Tiningo a été assassiné dans une embuscade alors qu’il se dirigeait vers le campement de l’hacienda Açucena, municipalité de Jataúba, dans une zone rurale de l’État de Pernambuco.

Tiningo était un des coordinateurs du campement installé sur le grand domaine de l’hacienda Ramada, occupé il y a plus de trois ans. A la fin de 2011, bien que mise en production par les Travailleurs Sans Terre, cette hacienda a été rachetée par un entrepreneur du secteur de la confection et de la spéculation immobilière, connu comme Brecha Maia. Après l’achat des terres, ce grand propriétaire – qui possède d’autres haciendas dans la région – a expulsé illégalement des familles sans aucun mandat de justice ni présence de la police.

Les familles paysannes ont réoccupé la terre en février 2012 et depuis lors le propriétaire a menacé de les expulser par la force, menaçant personnellement plusieurs leaders régionaux dont Antonio Tiningo.

La semaine passée, Brecha Maia avait déclaré qu’il procèderait de gré ou de force à l’expulsion des familles et que cela se ferait le vendredi 23 au plus tard, jour de l’assassinat de Tinigo.

L’assassinat d’Antonio Tiningo est une conséquence de plus de l’inaction de l’État face à la violence et à l’impunité qui règnent dans l’état de Pernambuco. Vu que dans cette région les pouvoirs publics entretiennent des liens étroits avec les grands propriétaires terriens, le Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST) exige que soit nommé un délégué spécial pour traiter rapidement cette affaire.

La direction du MST a également exigé la présence de l’Ombusdman agraire national, Dr. Gercino Filho, pour qu’il visite la région afin de dialoguer et de trouver des solutions aux fréquents conflits agraires dans cette zone.

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Rassemblement du 2 avril 2012 en mémoire de João Pedro Teixeira, leader paysan assassiné par des hommes de main du grand propriétaire terrien, le 2 avril 1982, sur l’autoroute de Café do Vento, Sapé
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Elizabeth Teixeira, veuve du leader paysan assassiné : « bien que je porte le poids de mes presque 90 ans je lutterai toujours pour la réforme agraire au Brésil, qui n’a pas encore été réalisée »

Source : MST Traduction : Thierry Deronne

Pour soutenir concrètement le MST dans sa lutte, on peut écrire à Salete Carollo, prointer[AT]mst.org.br

Pour une information continue en français sur les activités du MST : http://mouvementsansterre.wordpress.com/

 

Source : BRÉSIL - De Carajas à Pernambuco, contre l'impunité des assassins de travailleurs ruraux sans terre : appel aux amis du monde entier - AlterInfos - América Latina

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