18 août 2009 2 18 /08 /août /2009 16:03


23 juin 2009
Hernando CALVO OSPINA
photo : John Negroponte, ex-ambassadeur et protecteur des escadrons de la mort au Honduras, ex-ambassadeur en Irak, ex-directeur du renseignement national US...
Si l’on a retenu la présence massive de Cubains de l’exil dans la tentative d’invasion de la baie des Cochons en 1961, on connaît moins leur rôle dans les opérations ultérieures de la Central Intelligence Agency (CIA). Du Chili au Nicaragua en passant par le Vietnam, à travers coups d’Etat, assassinats de dirigeants, trafics d’armes et de drogue, ils ont été l’un des instruments les plus secrets et les plus meurtriers de la politique étrangère américaine.

« Notre seul délit a été de nous donner nos propres lois, notre crime a été de les appliquer à l’United Fruit. » Elu président du Guatemala en 1951, Jacobo Arbenz, entre autres mesures progressistes, promulgue une réforme agraire. Le 4 mars 1953, il exproprie partiellement la compagnie bananière américaine United Fruit, la privant de 84 000 hectares sur 234 000. Les 17 et 18 juin 1954, une armée mercenaire venue du Nicaragua et du Honduras pénètre au Guatemala et, le 27 juin, renverse Arbenz. Le secrétaire d’Etat américain John Foster Dulles et son frère Allen, directeur de la Central Intelligence Agency (CIA), sont alors tous deux actionnaires de l’United Fruit ! L’opération — nom de code PB/Success — a bénéficié de la participation active d’une « équipe de choc » de la CIA qui va traverser les décennies.

Venant après le renversement en Iran du dirigeant nationaliste Mohammad Mossadegh, le 19 août 1953, PB/Success fait à la CIA une réputation d’invincibilité et devient un modèle pour ses opérations clandestines dans le monde entier. En mars 1960, le président Dwight Eisenhower donne son feu vert à une nouvelle action destinée, cette fois, à déstabiliser Cuba, où la révolution a triomphé le 1er janvier 1959. La plupart des agents qui ont participé au renversement d’Arbenz se retrouvent responsables du « projet Cuba ». Il s’agit notamment, et à leur tête, de Richard Bissell, numéro deux de la CIA ; de Tracy Barnes, qui assume la constitution de la Cuban Task Force ; de David Atlee Phillips, responsable de la guerre psychologique ; de Howard Hunt, chargé de former le « gouvernement cubain provisoire ». Deux jeunes gens se joignent au groupe : M. Porter Goss, officier du contre-espionnage de l’armée, et M. George Herbert Walker Bush (1). Ce dernier aide à « recruter des exilés cubains pour l’armée d’invasion de la CIA (2) ».

Le 17 avril 1961, les quelque mille cinq cents hommes de cette armée, la brigade 2506, débarquent dans la baie des Cochons. Après leur défaite, en moins de soixante-dix heures, les numéros un et deux de la CIA, Dulles et Bissell, doivent démissionner.

Ulcéré par cette déroute, le président John F. Kennedy octroie un pouvoir exorbitant à l’Agence, décision qui affectera les affaires du monde pendant longtemps (3). Ministre de la justice et frère du président, Robert Kennedy supervise une nouvelle agression contre Cuba. Miami devient l’épicentre de la plus grande opération paramilitaire — JM/WAVE — jamais montée sur le sol américain. A sa tête, Theodore « Ted » Shackley et M. Thomas « Tom » Clines. Le groupe reçoit notamment le renfort du général Edward Lansdale, arrivé d’Indochine, où il a travaillé avec les services secrets français impliqués dans la guerre coloniale ; de M. Richard Secord, officier de l’US Air Force ; et de David Sánchez Morales, officier du contre-espionnage de l’armée.

Formés à la contre-guérilla

Lorsque, le 14 octobre 1962, éclate la « crise des fusées », Washington exige que les missiles balistiques installés par l’Union soviétique à Cuba soient retirés. Moscou cède, à condition que les Etats-Unis s’engagent à ne pas envahir l’île (et à renoncer à leurs propres missiles en Turquie). Kennedy accepte et ordonne de démanteler JM/WAVE.

La révolution cubaine n’en amène pas moins Washington à modifier radicalement sa stratégie de sécurité régionale. La restructuration des armées latino-américaines commence, et un centre d’entraînement et d’endoctrinement — l’Ecole des Amériques — voit le jour dans la zone américaine du canal de Panamá. Lorsque Kennedy est assassiné, le 22 novembre 1963, à Dallas (Texas), sa doctrine de sécurité nationale est déjà en place. Le renversement du président brésilien João Goulart, le 31 mars 1964, donne le signal d’une série de coups d’Etat et marque le début des disparitions et tortures d’opposants politiques, de façon massive et sophistiquée.

Cette nouvelle stratégie ne peut négliger l’expérience des agents cubains de la JM/WAVE, ni celle de certains des mille cent quatre-vingt-neuf hommes capturés lors de la tentative d’invasion de la baie des Cochons et de retour aux Etats-Unis en décembre 1962 (4). Environ trois cents d’entre eux, quasiment tous cubains (puis, dans la plupart des cas, cubano-américains par l’obtention de la nationalité du pays d’accueil), reçoivent une formation d’officier dans les académies d’opérations spéciales de Fort Benning (Georgie), Fort Mayers (Floride), Fort Peary (Virginie), etc. D’autres sont envoyés à Fort Gulick (Ecole des Amériques), pour être formés à la contre-guérilla. Ils s’appellent José Basulto, Jorge Mas Canosa (5), Francisco « Pepe » Hernández (6), Luis Posada Carriles, Félix Rodríguez Mendigutía, etc. Censés ne jamais émerger de l’anonymat, leurs noms défraieront bientôt régulièrement la chronique. « L’Amérique du Sud sera le “Far West” où ils tiendront le rôle de pionniers (7) » ; et, par leurs actions clandestines, ils « brilleront » même bien au-delà.

Par exemple, dans l’ex-colonie belge du Congo. Ils y débarquent fin 1962 pour fournir, entre autres, un soutien aérien aux forces du futur dictateur Joseph-Désiré Mobutu. Les avions appartiennent à Air America, compagnie récemment constituée et propriété de la CIA. Au sol, les hommes constituent la compagnie 58, chargée de pister et de poursuivre, sans succès, Ernesto Che Guevara et un petit groupe de révolutionnaires cubains. A la demande de Laurent-Désiré Kabila, le Che est en effet arrivé fin avril pour conseiller en techniques de guérilla ceux qui combattaient Mobutu (8).

Cette équipe de choc se renforce définitivement au Vietnam. Elle reprend et développe les méthodes des forces spéciales françaises vaincues, en finançant des opérations sales avec l’argent du trafic d’opium laotien et birman (là encore avec les avions d’Air America). On retrouve les hommes de JM/WAVE : Shackley, Clines, Sánchez Morales, Secord, « Ed » Dearborn, Rodríguez Mendigutía, en compagnie de M. Donald Gregg, inspecteur des agents de la CIA ; de M. John Dimitri Negroponte, « conseiller politique » de toute l’opération ; du général John Singlaub, ancien chef de la CIA en Corée ; de Lansdale, chargé des opérations depuis le Pentagone ; et de M. Oliver North, du service de renseignement de l’US Navy. En 1968, William (« Bill ») Colby est envoyé sur place pour diriger l’Accelerated Pacification Campaign (nom de code : Phoenix). Objectif : terroriser la population civile afin de neutraliser la résistance vietnamienne. En presque quatre ans, environ quarante mille suspects seront tués.

C’est toutefois sur un autre continent que l’équipe va connaître son succès le plus spectaculaire. En mars 1967, parmi la vingtaine d’hommes des forces spéciales américaines qui débarquent en Bolivie pour poursuivre Che Guevara, figure le Cubain Rodríguez Mendigutía. Lorsque le Che, blessé, est capturé le 8 octobre 1967, c’est lui qui transmet l’ordre de le tuer.

Trois ans plus tard néanmoins, la CIA ne peut éviter l’élection du socialiste Salvador Allende à la présidence du Chili. Richard Nixon ordonne à l’Agence d’empêcher son entrée en fonctions. L’équipe envoyée sur place échoue, mais parvient à assassiner le commandant en chef des forces armées, le général René Schneider, loyal à Allende. Son successeur s’appellera Augusto Pinochet. De nouveau, Phillips et Sánchez Morales figurent parmi les responsables des opérations sur le terrain. Devenu chef de la direction de l’Hémisphère occidental de la CIA grâce à son travail sur Cuba et au Vietnam, Shackley est chargé de la déstabilisation du gouvernement. Il nomme Clines pour qu’il se concentre sur le « cas Allende (9) ». Sous-directeur des opérations spéciales, Colby chapeaute l’ensemble. L’organisation de la campagne internationale de diffamation contre le gouvernement Allende incombe à l’ambassadeur américain auprès de l’Organisation des Nations unies (ONU) : M. Bush.

Allende éliminé en septembre 1973, Pinochet au pouvoir, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si... La CIA devient un objet de scandale et voit ses ailes rognées, une bonne partie de ses crimes étant révélée par la presse et par les commissions d’enquête parlementaires Church (10) et Rockefeller (11). Qu’à cela ne tienne. L’Agence « délègue » une bonne partie de ses actions aux services avec lesquels elle collabore dans le cadre de l’opération « Condor » (12) et à ses agents cubains du Commando d’organisations révolutionnaires unies (CORU). Celui-ci a été fondé en République dominicaine, en mai 1976, sur instructions de la CIA, dirigée du 30 janvier 1976 au 20 janvier 1977 par M. Bush.

A la tête du CORU, dont le financement provient surtout du trafic de drogue (13), se trouvent MM. Orlando Bosch et Posada Carriles. Depuis Caracas (Venezuela), ils organisent l’attentat qui, le 6 octobre 1976, détruit en vol un avion de la Cubana de Aviación (soixante-treize morts). Mais, peut-être parce qu’il a été commis en plein Washington, le crime du binôme Condor-CORU qui causera le plus d’émoi sera, le 21 septembre, l’assassinat de l’ex-ministre des affaires étrangères d’Allende, Orlando Letelier.

Parmi les cinq hommes ultérieurement détenus figurent trois vétérans du « projet Cuba ». La CIA de M. Bush fait son possible pour entraver l’enquête et occulter les preuves. Devenu président, le même Bush amnistiera les coupables, lesquels n’auront passé que quelques années en prison. L’un d’entre eux, M. Guillermo Novo Sampol, sera arrêté au Panamá, le 17 novembre 2000, en compagnie de M. Posada Carriles, alors qu’ils préparent un attentat à la bombe contre M. Fidel Castro, en visite dans ce pays. Condamnés à huit ans de prison le 20 avril 2004, ils seront amnistiés le 25 août suivant par la présidente panaméenne Mireya Moscoso, grande amie des Etats-Unis.

Drogue contre armes

Entre-temps, la guerre de basse intensité de Washington contre le Nicaragua a réuni la plupart de ces agents. Le vice-président Bush supervise les opérations, tandis que MM. Gregg et North, ancien du Vietnam, dirigent le complot. Ambassadeur des Etats-Unis au Honduras — on l’y appelle « le proconsul » —, M. Negroponte transforme ce pays en une plate-forme militaire d’agression, tandis que les escadrons de la mort de l’armée hondurienne — le bataillon 3-16 — répriment l’opposition. Passé de la Bolivie aux rizières asiatiques puis au Salvador, M. Rodríguez Mendigutía ravitaille les contre-révolutionnaires nicaraguayens (la contra) — assisté par M. Posada Carriles (et par M. Basulto en territoire nicaraguayen). Pour lui confier cette mission, la CIA et les milieux anticastristes de Miami ont organisé l’évasion (août 1985) de M. Posada Carriles de la prison vénézuélienne où il avait été incarcéré après l’attentat contre l’appareil de la Cubana de Aviación.

Tout soutien financier aux contras ayant été interdit par le Congrès américain, le vice-président Bush récolte des fonds tous azimuts et par tous les moyens. La vente illégale d’armes à l’Iran, par l’intermédiaire d’Israël, débouchera en 1986 sur le scandale de l’« Iran-contragate ». M. Bush devenu président, la commission du Sénat dirigée par M. John Kerry démontrera l’existence d’une alliance entre la CIA et la mafia colombienne (14). Au Costa Rica, en juillet 1989, MM. North et Secord, entre autres membres des cercles du pouvoir américain, seront formellement accusés d’être responsables du réseau « drogue contre armes » organisé dans ce pays pendant la guerre antisandiniste…

Epurée par le président James Carter à la mi-août 1978, régulièrement mise en cause par des commissions d’enquête officielles ou la déclassification de ses archives (en particulier sous l’administration de M. William Clinton), la CIA, depuis sa naissance en juillet 1947, a certes connu des hauts et des bas. Toutefois, tous ceux qui ont participé aux actions clandestines du groupe de choc constitué en 1954 et élargi au fil des années ont bénéficié d’une constante : l’impunité. Pour n’en citer que quelques-uns, MM. Posada Carriles et Bosch vivent en liberté à Miami. M. Rodríguez Mendigutía, qui fit exécuter le Che, réside dans cette même ville, où il dirige une entreprise de conseil en sécurité. Après avoir été le premier ambassadeur des Etats-Unis en « Irak libéré », puis avoir passé vingt mois comme super-patron des services de renseignement américains, M. Negroponte est devenu numéro deux du département d’Etat en janvier 2007. Quant à M. Porter Goss, présent dans le « projet Cuba » dès 1960, il fut directeur de la CIA de septembre 2004 à mai 2006.


HERNANDO CALVO OSPINA.

Journaliste. Auteur de Sur un air de Cuba, Le Temps des cerises, Pantin, 2005, de Rhum Bacardi. CIA, Cuba et mondialisation, EPO, Bruxelles, 2000, et de Colombie. Derrière le rideau de fumée. Histoire du terrorisme d’Etat, Le Temps des cerises, Pantin, 2008.

(1) Il ne sera question dans cet article que de M. George Bush père.

(2) Common Cause, Washington DC, 4 mars 1990.

(3) William Colby, Trente Ans de CIA, Presses de la Renaissance, Paris, 1978.

(4) Ils ont été échangés par Cuba contre 54 millions de dollars d’aliments et de médicaments.

(5) Futur président de la Fondation nationale cubano-américaine (FNCA), principale organisation anticastriste basée à Miami, qu’il dirigera jusqu’à sa mort en novembre 1997. La FNCA a été impliquée, entre autres, dans la vague d’attentats qui a affecté La Havane en 1997.

(6) Actuel président de la FNCA.

(7) Jean-Pierre Gillet, Les Bérets verts. Les commandos de la CIA, Albin Michel, Paris, 1981.

(8) Le Che et ses hommes se retireront en novembre 1965.

(9) David Corn, Blond Ghost : Ted Shackley and the CIA’s Crusades, Simon & Schuster, New York, 1994.

(10) Congrès américain, « Select committee to study governmental operations with respect to intelligence activities », 1976.

(11) Publié le 10 juin 1975, sous la présidence de Gerald Ford (1974-1977), le rapport Rockefeller accuse la CIA d’activités illégales « depuis vingt ans ». Les anciens présidents Lyndon Johnson (1963-1969) et Nixon (1969-1974) sont mis en cause.

(12) Coopération des services secrets des dictatures du sud du continent pour la répression et l’assassinat des opposants politiques.

(13) Peter Dale Scott et Jonathan Marshall, Cocaine Politics. Drugs, Armies, and the CIA in Central America, University of California Press, Los Angeles, 1991.

(14) Ibid.

URL de cet article
http://www.legrandsoir.info/Plus-de-cinquante-ans-de-coups-tordus-L-equipe-de-choc-de-la.html


Le commentaire :

Bonjour,

Un lien que je trouve intéressant parce qu’on y trouve les documents déclassifiés

Sinon, ce que je retiens de cet article, c’est que le problème, partout où l’on s’embourbe est le même : l’impunité. Désolant, et bien réel.

Source Le Grand Soir : Plus de cinquante ans de « coups tordus » : L'équipe de choc de la CIA par Hernando CALVO OSPINA
Partager cet article
Repost0
14 août 2009 5 14 /08 /août /2009 13:23

Cet article est la suite du précédent

Source : Eugénisme et agenda mondial de dépopulation « Les 7 du Québec




«Dans l’éventualité où je serais réincarné, je voudrais revenir comme un virus mortel, afin de contribuer en quelque chose pour résoudre la surpopulation» – Extrait de la préface de la biographie «Si j’étais un animal» du Prince Philip


Différentes personnes à différents moments ont été attirées par différents aspects de l’eugénisme – et ont aussi souvent rejeté d’autres. Il n’y a pas d’emballage parfait, pas de quartier général ni de maitre guide. L’eugénisme est plutôt une collection d’idées et de projets à propos de l’amélioration de la race humaine par le contrôle social de la reproduction humaine. Le mouvement eugénique s’est répandu à travers le monde et affecte toutes les facettes de la vie sociale. Personne n’a besoin de chercher bien loin pour trouver l’eugénisme. C’est dans les livres d’école, dans les journaux et tous les médias, dans la science-fiction, dans les gouvernements et ainsi de suite. C’est une manière de penser à propos de la vie que des personnes très intelligentes ont fait la promotion depuis un siècle, avec peu ou pas de résistance les cinquante dernières années. (Source)

Il existe encore un grand nombre de personnes parmi le public en général, les universitaires et spécialement ceux qui travaillent pour les médias corporatifs, qui sont toujours en déni face à l’agenda de réduction de la population mondial pourtant bien documenté, ainsi que des conséquences de ce programme que nous voyons déjà prendre forme. Cet article, qui fait suite à Eugénisme & darwinisme social qui lui jetait les bases historiques de cette idéologie, se veut une compilation d’évidences en vue de prouver que l’élite a été obsédée par l’eugénisme et son incarnation moderne, le contrôle de la population, depuis plus d’une centaine d’années, et que ce but de réduction de la population globale est toujours en pleine force jusqu’à ce jour.

= = = = = = = = =

1• Des philanthropes milliardaires qui ont assisté au sommet organisé par l’initiative de Bill Gates, le co-fondateur de Microsoft, ont discutés de joindre leur force pour vaincre les obstacles politiques et religieux qui s’opposent au changement concernant la surpopulation mondiale. Ce club, nommé le «Good Club», discute de dépopulation mondiale.

Sous le titre « Le Club des milliardaires tente de juguler la croissance démographique », le Sunday Times du 24 mai a révélé la tenue d’une réunion secrète qui en dit long sur la volonté politique de l’oligarchie financière.

La rencontre, qui s’est tenue à New York le 5 mai dernier, a été organisée à l’initiative de Bill Gates, fondateur du monopole Microsoft, grand promoteur des simulateurs de meurtres sur ordinateur et parrain de Facebook, de Warren Buffet, spéculateur milliardaire et financier de la Fondation Gates, et de David Rockefeller. Au-delà de ces trois là, la petite sauterie a réuni Michael Bloomberg, maire de New York et fondateur de l’agence d’information financière du même nom ; George Soros, spéculateur et parrain du lobby de la drogue ; Peter Peterson, fondateur du groupe financier Blackstone et grand avocat de l’austérité budgétaire ; Julian Robertson, patron du fond Tiger Management ; John Morgridge, ancien pdg de Cisco Systems ; Eli Broad, spéculateur immobilier ; David Rockefeller Jr, fils du premier ; Ted Turner, fondateur de CNN ; et Oprah Winfrey, animatrice phare de la télé américaine.

La réunion a débuté par une présentation de chacun des participants sur la cause qu’il défend, mais très vite, nous apprend le Times, la discussion s’est transformée, sous l’impulsion de Bill Gates, en un consensus sur la « surpopulation », comme la cause supérieure qui englobe les autres. Un autre participant a confié qu’ils étaient aussi parvenus à un consensus pour mettre en place une stratégie « dans laquelle la croissance démographique serait attaquée comme menace écologique, sociale et industrielle ». Les participants ont souligné leur « besoin d’être indépendant des agences gouvernementales qui se révèlent incapables d’affronter le désastre que tous nous voyons venir ». De prochaines réunions sont d’ores et déjà prévues pour organiser la mise en œuvre de cette stratégie. (Source)

2• Ted Turner, l’un des participant et riche propriétaire d’un empire médiatique, est fermement imprégné d’eugénisme et de réduction de la population mondiale qu’il voudrait voir baisser de 95% pour être idéale, selon un interview qu’il a accordé à Audubon Magazine en 1996: «Une population totale de 250-300 millions de personnes, un déclin de 95% par rapport aux présents niveaux, serait idéal». Turner a donné un milliard de dollars à une organisation nommée Fondation des Nations Unies. Cette organisation créé par Turner et la Turner Fondation, sont dévouées au contrôle de la population par la distribution de condoms, la promotion de l’avortement et autres méthodes pour promouvoir l’agenda eugénique, tout comme d’autres tels que Bill et Melinda Gates qui ont aussi donné de larges sommes d’argents à des «organisations charitables» qui servent réellement à promouvoir le mouvement eugénique. Turner a même reçu un prix de l’ONU pour son travail en développement durable, qui n’est qu’un autre nom code pour la réduction de la population. (Source)

3• La Fondation Bill & Melinda Gates, le géant américain de l’agrobusiness DuPont/Pioneer Hi-Bred, l’un des plus grands propriétaires de fabriques de semences brevetés et génétiquement modifiés (OGM) et de produits agrochimiques apparentés; Syngenta, une compagnie de semences OGM et de produits agrochimiques basée en Suisse par l’intermédiaire de sa Fondation Syngenta; la Fondation Rockefeller, ce groupe privé qui a créé la «révolution génétique», avec plus de 100 millions de dollars d’argent des semences depuis les années 1970; le CGIAR, réseau mondial créé par la Fondation Rockefeller afin de promouvoir son idéal de pureté génétique à travers un changement de l’agriculture, travaillent ensemble à des projets communs, dont la Réserve mondiale de semence à Svalbard.

Le CGIAR a été façonné lors d’une série de conférences privées tenues au centre de conférence de la Fondation Rockefeller à Bellagio, en Italie. Les principaux participants aux débats de Bellagio étaient George Harrar, de la Fondation Rockefeller ; Forrest Hill, de la Fondation Ford ; Robert McNamara, de la Banque mondiale, et Maurice Strong, l’organisateur international de la famille Rockefeller au niveau de l’environnement et qui, en tant que fiduciaire de la Fondation Rockefeller, organisa Sommet de la Terre (Earth Summit) de l’ONU, à Stockholm, en 1972. Cela faisait partie de l’objectif de la fondation depuis des décennies afin de mettre la science au service de l’eugénisme, une hideuse version de la pureté raciale, et qui a été appelé Le Projet.

Pour assurer un impact maximum, le CGIAR a appelé l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture des Nations Unies, le Programme de développement des Nations Unies et la Banque mondiale. Ainsi, par le biais d’une levée soigneusement planifiée de son premier appel de fonds, la Fondation Rockefeller, à partir du début des années 1970, était en mesure de façonner la politique agricole mondiale. Et elle l’a façonnée, en effet.

Financé par de généreuses bourses d’étude de Rockefeller et de la Fondation Ford, le Groupe consultatif sur la recherche agricole internationale (CGIAR) a veillé à ce que les scientifiques et agronomes principaux de l’agriculture du Tiers-Monde soient amenés aux États-Unis afin de «maitriser» les concepts de production de l’agro-industrie moderne, et afin de les ramener dans leur patrie. Durant ce processus, ils ont créé un réseau d’influence inestimable pour la promotion de l’agro-industrie américaine dans ces pays, et plus particulièrement la promotion de la «Révolution génétique» des OGM dans les pays en voie de développement, et tout cela au nom de la science et d’un marché agricole efficace et libre.

Créer génétiquement une race de maitres ?

«Le Projet» est le projet de la Fondation Rockefeller et de puissants intérêts financiers depuis les années 1920 afin d’utiliser l’eugénisme, plus tard rebaptisé génétique, pour justifier la création d’une race de maitres créée par génie génétique. Hitler et les Nazis l’appelaient la race des maitres Aryens.

L’eugénisme d’Hitler fut financé dans une large mesure par la même Fondation Rockefeller qui construit aujourd’hui une «réserve de semences du jugement dernier» afin de préserver des échantillons de chaque semence présente sur notre planète. A présent, ceci devient vraiment intriguant. La même Fondation Rockefeller créa la pseudo-science de la discipline de la biologie moléculaire dans leur poursuite incessante visant à réduire la vie humaine à la «définition d’une séquence génique» qui, espéraient-ils, pourrait alors être modifiée dans le but de modifier les caractéristiques humaines à volonté. Les scientifiques de l’eugénisme d’Hitler, dont beaucoup ont été tranquillement amenés aux États-Unis après la guerre afin de poursuivre leurs recherches biologiques eugénistes, ont jeté une grande partie des bases du génie génétique des diverses formes de vie, soutenues ouvertement en grande partie jusqu’au sein du troisième Reich par les généreuses bourses de la Fondation Rockefeller.

La même Fondation Rockefeller créa ce que l’on appelle la révolution verte, durant un voyage au Mexique effectué en 1946 par Nelson Rockefeller et l’ancien Secrétaire à l’agriculture du New Deal et fondateur de la compagnie Pioneer Hi-Bred Seed, Henry Wallace.

La Révolution verte visait à résoudre le problème de la faim dans le monde à un haut degré, au Mexique, en Inde et dans d’autres pays choisis où Rockefeller travaillait. L’agronome de la Fondation Rockefeller, Norman Borlaug, remporta un prix Nobel de la paix pour son travail, une chose dont il n’y a pas de quoi se vanter lorsque des gens tels que Henry Kissinger ont partagé le même prix.

En réalité, comme cela est apparu des années plus tard, la révolution verte était une brillante idée de la famille Rockefeller pour développer une agro-industrie mondialisée dont ils pourraient ensuite prendre le monopole tout comme ils l’avaient fait dans le monde de l’industrie pétrolière et qui avait commencé un demi-siècle auparavant. Comme Henry Kissinger l’a déclaré dans les années 1970 : «Si vous contrôlez le pétrole, vous contrôlez le pays ; si vous contrôlez l’alimentation, vous contrôlez la population.» (Source)

4• L’idéologie d’eugénisme et de réduction de la population est bien intégrée dans le mouvement environnementaliste et celui de la théorie du réchauffement climatique causé par l’homme. Que ce soit correctement attribué à l’homme ou pas, les mêmes idées de réduire le nombre de population mondiale, de contrôler les naissances en adoptant des mesures eugéniques imitant la politique de l’enfant unique de la Chine et autres mesures dont l’avortement et la taxation d’enfants supplémentaires, sont présentes. L’humain et même les enfants sont le problème qu’il faut éliminer.

Alors que la planète subit une chute drastique de la production de biens indispensables au maintien de sa population, le Fonds mondial pour la nature (anciennement World Wildlife Fund) a publié le 29 octobre son Rapport Planète vivante (Living Planet Report 2008), affirmant que, puisque «les besoins des hommes en nourriture, eau, énergie et matériaux» représentent la plus grande menace pour la biodiversité, la consommation humaine devrait être réduite d’au moins 30% — pour commencer.

Selon ce rapport, plus des trois quarts de la population mondiale vivent dans des pays dont la consommation dépasse leur bio-capacité (exprimée sous forme d’«empreinte écologique»). Les auteurs en viennent à demander la «réduction de la population, de la consommation individuelle et des ressources utilisées ou des déchets émis pour produire des biens et des services». Pour la première fois, le WWF s’en prend même à la consommation d’eau.

Ce rapport, dont les recommandations, si elles étaient appliquées, conduiraient à la mort de centaines de milliers d’hommes, a été co-rédigé par des membres de la Société zoologique de Londres. A l’origine du WWF, on trouve le prince Bernard des Pays-Bas et son co-penseur, le Prince Philip d’Edimbourg, le prince consort de la Reine Elisabeth II d’Angleterre. Le prince Bernard était un nazi, membre des SS, qui, contraint de démissionner du parti en vue de sa fonction royale, signa sa lettre de démission par un «Heil Hitler !».

Le critère d’«empreinte écologique» dont se sert le WWF fut élaboré par une fondation britannique, l’Optimum Population Trust, qui fait ouvertement campagne pour réduire des deux tiers la population mondiale afin de la ramener à deux ou trois milliards d’individus. (Source)

5• Dans une des rares sortie publique par les médias, Jonathon Porritt, un des principaux conseillers environnemental de Gordon Brown, a averti que la Grande Bretagne doit réduire radicalement sa population si elle désire construire une société durable. L’annonce a été faite à la conférence annuelle du groupe Optimum Population Trust (OPT), duquel il est le patron. Selon leur recherche, la population britannique devrait être réduite à 30 millions, soit la moitié de ce qu’elle est présentement. (Source)

En Australie, un groupe de lobby environnemental, le Sustainable Population Australia, soutient que nous devons réduire drastiquement la population mondiale ainsi que d’adopter une politique d’un enfant unique pour sauver la planète. Selon ce groupe de 1300 activistes, c’est le seul moyen d’éviter un «suicide environnemental». La présidente du groupe, Sandra Kanck, suggère que la population australienne soit réduite de 22 à 7 millions de personnes pour s’attaquer aux changements climatiques. (Source)

De même, la BBC publiait un article de John Feeney, déclarant que la croissance non contrôlée de la population mine les efforts pour la sauver la planète. Il demande au mouvement environnemental de cesser de fuir ce sujet controversé. On y mentionne une autre organisation qui lutte en ce sens: Global Population Speak Out. (Source)

6• Des scientifiques qui se joignent en groupes tels que le Global Population Speak Out (GPSO) font pressions sur les médias pour briser le tabou de la surpopulation mondiale:

Je fais partie d’un groupe de scientifiques, répartis dans 24 Pays, qui s’est engagé à convaincre les médias de faire cesser le tabou qui s’oppose à toute discussion relative aux problèmes posés par la taille et la croissance de la population humaine en relation notamment avec la dégradation de l’environnement. Nous maintenons ce tabou à notre péril et à celui de millions d’autres espèces.

La surpopulation est étroitement liée à toutes les formes de dégradation de l’environnement dont nous prenons conscience maintenant : disparition d’espèces, modifications du climat, pollutions, désertifications, diminution des réserves aquatiques, déforestations, etc., or la croissance démographique mondiale est préoccupante.

Il est illusoire de penser qu’en réduisant notre consommation (même s’il est bon de le faire) nous arriverons à corriger les excès dus à la croissance ininterrompue de la population humaine; personne ne peut réduire ses besoins organiques à zéro, il faut pour cela ne pas exister. Il est temps de réfléchir à ces problèmes démographiques et de préparer l’opinion à une perception nouvelle de leur évolution.

Le problème de la limitation des naissances est difficile dans les pays en voie de développement où de grossières erreurs ont été commises dans le passé. Mais les erreurs doivent être utiles pour progresser.
Il faudra dans ces pays, par recours aux médias sans doute, mieux y éduquer les femmes en exposant de nouvelles options concernant la taille des familles ; il faudra mieux protéger l’enfance pour qu’une forte mortalité ne soit plus la justification des familles nombreuses; il faudra enfin rendre les moyens de contraception facilement accessibles à tous.

Le projet d’aboutir rapidement à un palier de croissance de la population humaine et, par la suite, à sa décroissance est une option dont dépend l’avenir de notre espèce et du reste du monde vivant. (Source)

D’autre, comme le Dr Eric R. Pianka, un biologiste américain basé à l’Université du Texas à Austin qui prononce des discours au niveau international, fait la promotion d’un génocide de masse de 90% de la race humaine pour sauver la planète et est applaudit chaudement par ses pairs. Durant un discours à l’Académie des sciences du Texas en 2006, Pianka proposait d’exterminer 90% de la population mondiale à l’aide du virus Ebola. (Source)

En 2002, le Melbourne Age rapportait que des documents nouvellement découverts détaillaient le plan de l’éminent immunologiste Sir Macfarlane Burnet pour aider le gouvernement australien à développer des armes biologiques qui pourraient être utilisées contre l’Indonésie et autres pays «surpeuplés» de l’Asie du Sud-Est. Sir Macfarlane recommandait dans ce rapport secret de 1947 que des armes chimiques et biologiques pouvaient être développées pour détruire les cultures de pays asiatiques surpeuplés et répandre des maladies infectieuses qui affecteraient que ces pays tropicaux et non pas l’Australie. Cet homme a notamment été le directeur du Walter and Eliza Hall Institute of Medical Research et il reçu un prix Nobel de médecine en 1960. Il est décédé en 1985, mais ses théories sur l’immunité et la «sélection de clonage» ont servi à établir la base de la biotechnologie moderne et de l’ingénierie génétique. (Source)

La controverse entourant les commentaires d’un autre favori du milieu scientifique, le généticien James Watson, qui a déclaré au journal le Sunday Times que les noirs sont moins intelligents que les blancs de façon inhérente, ne devrait pas surprendre personne qui sait que Watson a rempli un important rôle en promouvant la pseudo-science de l’eugénisme. Watson fut le directeur du Projet génome humain jusqu’en 1992 et reconnu pour avoir été le co-découvreur de la structure de la double-hélice d’ADN, une réussite qui lui méritera un prix Nobel en 1962. Mais ce que la plupart ignore, c’est que Watson a joué un rôle crucial dans l’avancement de la légitimité de l’eugénisme/réduction de la population depuis des décennies.

 

James Watson est un important promoteur du dépistage génétique, un test qui détermine si un couple est plus à risque d’avoir un bébé ayant un désordre génétique héréditaire. Puisque le dépistage a évidemment augmenté le nombre d’avortement d’enfants considérés «imparfaits», plusieurs ont dénoncé son introduction comme étant rien de moins qu’un camouflage pour l’eugénisme ou «eugénisme volontaire». (Source)

7• Dans un document que Henry Kissinger rédigea en avril 1974 alors qu’il était Conseiller à la Sécurité Nationale américaine, le National Security Study Memorandum 200, il conclut : «Le dépeuplement est l’axe prioritaire de la politique étrangère américaine dans les pays du Tiers-monde». Le document, qui visait treize pays en particulier pour une réduction massive de leur population, suggérait d’employer la famine, la stérilisation et la guerre pour y parvenir.  Ce document gouvernemental fut rendu public en 1989 et identifiait ces pays comme étant d’un intérêt spécial pour les objectifs géopolitiques des États-Unis et expliquait ce pourquoi la croissance de la population, particulièrement celle des jeunes personnes, était vue comme une menace révolutionnaire contre les corporations américaines. Les pays nommés étaient l’Inde, le Bangladesh, le Pakistan, le Nigeria, le Mexique, l’Indonésie, le Brésil, les Philippines, la Thaïlande, l’Égypte, la Turquie, l’Éthiopie et la Colombie.

8• Lord Bertrand Russell écrivait dans son livre «The Impact of Science on Society»: «Présentement, la population du monde augmente… La guerre jusqu’à maintenant n’a pas eu de grands effets sur cette augmentation… Je ne prétends pas que le contrôle des naissances est le seul moyen par lequel une population peut être empêchée d’augmenter. Il y en a d’autres… La guerre a été plutôt décevante à cet égard, mais peut-être qu’une guerre bactériologique pourrait s’avérer efficace. Si une Mort Noire pouvait se répandre à travers le monde à chaque génération, les survivants pourraient procréer librement sans trop remplir le monde…» (Source)



9• «des formes avancées de guerre biologique qui peuvent cibler des génotypes spécifiques peuvent transformer la guerre biologique d’un royaume de la terreur en un outil politiquement pratique.»

Qui a écrit ces mots dans leur propre document de stratégie? Les nazis? Le régime de Pol Pot?

Non, c’était Paul Wolfowitz, Dick Cheney, William Kristol, Donald Rumsfeld et le reste des collaborateurs néo-con qui ont formé ce qui était nommé le Project For a New American Century – qui constituait le cadre idéologique de l’ancienne administration Bush. (Source)

Il existe aujourd’hui des armes biologiques qui ont la capacité d’affecter et de tuer seulement certains génotypes particuliers, comme les africains, asiatiques, etc.

georgia_guidestones

10• Le Georgia Guidestones a été érigé le 22 mars 1980 aux États-Unis, en Géorgie, près d’Elberton. Il est surnommé le «Stonehenge américain».

Dix «nouveaux» commandements sont gravés sur les deux faces de 4 pierres érigées verticalement et écrits en 8 langues différentes qui sont: l’anglais, le russe, l’hébreu, l’arabe, l’hindou, le chinois, l’espagnol et le swahili. (Source)

Voici trois des dix commandements inscrits:

1. Maintenir l’humanité en dessous de 500 000 000 individus en perpétuel équilibre avec la nature

2. Guider la reproduction intelligemment en améliorant la forme physique et la diversité

3. Ne pas être un cancer sur la terre, laisser une place à la nature

11• De 1932 à 1972, le Tuskegee Study Group a délibérément infecté des pauvres de communautés noires en Alabama avec la syphilis sans leur consentement et ils ont même refusé de les soigner alors que les malades faisaient des dégâts à travers la ville tuant des familles. Des expériences sur des sujets humains non-consentants et à leur insu, par des autorités qui disaient vouloir «observer» ce qu’il adviendrait de ces gens.

François Marginean

 

Eugénisme et agenda mondial de dépopulation « Les 7 du Québec


Partager cet article
Repost0
14 août 2009 5 14 /08 /août /2009 13:03

par François Marginean

 

Mondialisation.ca, Le 5 aout 2009

Les 7 du Québec

 

Darwinisme social

Le darwinisme social est une déformation de la théorie de la sélection naturelle, faisant passer celle-ci du statut d’explication de l’évolution des êtres vivants à celui de précepte appliqué aux populations et sociétés humaines. Le darwinisme social participe, à la fin du XIXe siècle, à l’émergence des thèses racialistes et eugénistes.


Les plus importants personnages à être de ce courant de pensée sont Thomas Malthus, et Francis Galton, un cousin de Charles Darwin, qui fonda l’eugénisme et Herbert Spencer. (Source)

Sur le plan politique, le darwinisme social a servi à justifier scientifiquement plusieurs concepts politiques liés à la domination par une élite, d’une masse jugée moins apte. Parmi ceux-ci notons le colonialisme, l’eugénisme, le fascisme et surtout le nazisme. En effet, cette idéologie considère légitime que les races humaines et les êtres les plus faibles disparaissent et laissent la place aux races et aux êtres les mieux armés pour survivre (Ernst Haeckel).

De nos jours, le darwinisme social inspire encore certaines idéologies d’extrême droite.

Le malthusianisme est une politique prônant la restriction démographique, inspirée par les travaux de l’économiste britannique Thomas Malthus

Le malthusianisme du XIXe siècle justifia l’égoïsme des personnes et groupes favorisés par la fortune, en paraissant théoriser l’idée que les pauvres étaient responsables de leur état, et que toute entreprise en leur faveur était non seulement inopérante, mais même contraire à leurs intérêts. (Source)

Origines et brève histoire de l’eugénisme

La notion de ségrégation des personnes considérées inaptes à la reproduction date de l’antiquité. La pseudo-science eugénique qui a suivi avait pour but «d’améliorer» la race humaine. Ce mouvement eugénique est apparu au 20e siècle en deux aspects d’une philosophie commune à propos de la valeur humaine. Le britannique Sir Francis Galton inventa le mot “eugénisme” en 1883. Il le percevait comme une philosophie morale pour améliorer l’humanité en encourageant les sujets plus doués et en santé à avoir plus d’enfants. L’approche idéologique de Galton est communément connue pour être de l’eugénisme positif. Au tournant du dernier siècle, les idées de Galton furent importées aux États-Unis au moment même où les principes d’hérédité de Gregor Mendel étaient découverts. Les eugénistes américains croyaient avec une ferveur religieuse que les concepts mendéliens déterminants la couleur et la taille des pois, du maïs et du bétail gouvernaient aussi le caractère social et intellectuel de l’homme.

D’une autre part, l’eugénisme négatif préconise d’empêcher les personnes les moins favorisées par la vie de faire partie de la population sélectionnée et autorisée à se reproduire pour préserver les aptitudes de l’humanité. Les mouvements eugéniques aux États-Unis, en Allemagne et en Scandinavie ont favorisé l’approche négative.

En 1898, Charles B. Davenport, un biologiste américain important, débutait en tant que directeur d’une station de recherches en biologie basée à Cold Spring Harbor où il expérimentait avec l’évolution de plantes et animaux. En 1904, Davenport recevait des fonds de la Carnegie Institution pour fonder la Station d’expérimentation évolutive. L’Eugenics Record Office ouvra en 1910 pendant que Davenport et Harry H. Laughlin commencèrent à faire la promotion de l’eugénisme (Source). En 1936, les contributions de Harry Laughlin à l’hygiène raciale en Allemagne ont été reconnues avec un diplôme honoraire de l’Université de Heidelberg. 

En 1904, le Carnegie Institution établissait donc ce complexe de laboratoires à Cold Spring Harbor sur le Long Island qui stocka des millions de fiches sur des Américains ordinaires alors que les chercheurs planifiaient de neutraliser des familles, des lignées de sang et des populations entières. De Cold Spring Harbor, les eugénistes plaidaient auprès des législatures des États-Unis ainsi que des agences de services sociaux de la nation et autres associations en faveur de leur idéologie. Cela entrainera, avec l’aide de différentes théories sur la dégénérescence, notamment de l’américain Harry Clay Sharp et son équipe médicale, la première loi eugénique des États-Unis qui sera passée en 1907 en Indiana avec l’appui du président Woodrow Wilson, rendant la stérilisation obligatoire pour les «dégénérés».

L’idéologie de l’eugénisme deviendra ensuite communément présente dans la culture populaire américaine entre 1920 et 1930.  Bien que certains eugénistes appuyaient en privé l’euthanasie et même le génocide de ceux jugés inaptes, le mouvement eugénique américain se limitait à appuyer la pratique légalisée de stérilisation obligatoire. Mais cette idéologie sera particulièrement populaire parmi la classe dirigeante, les scientifiques et plusieurs intellectuels de l’époque. Des éléments de cette philosophie seront alors appliqués dans une trentaine d’états américains comme politiques nationales et prendront forme de lois de stérilisation, de ségrégation, de restrictions maritales et d’immigration. En 1909, la Californie deviendra le troisième état à adopter de telles lois et deviendra un épicentre pour le mouvement eugénique américain. Quelques 65 000 Américains seront stérilisés contre leur gré des suites de ces politiques, sans compter les mariages interdits et les milliers qui furent mis à l’écart en des «colonies», isolés.

L’eugénisme serait demeuré un sujet bizarre et peu populaire s’il n’y avait pas eu l’important financement de philanthropes corporatifs, spécifiquement celui de la Carnegie Institution, la Rockefeller Foundation la fortune des chemins de fer de Harriman. Ils faisaient bande commune avec certains des scientifiques les plus respectés de l’Amérique provenant de prestigieuses universités telles que Stanford, Yale, Harvard et Princeton. Ces universitaires ont embrassé la théorie et la science raciale et ont ensuite trafiqué les données pour servir leurs buts eugéniques et racistes. (Source)

Pendant ce temps, l’eugénisme prenait de l’ampleur en Allemagne – avec l’aide de l’Amérique. En 1927, la Rockefeller Foundation financera la construction du Kaiser Wilhelm Institute of Anthropology, Human Genetics, and Eugenics à Berlin. Le directeur, Eugen Fischer, collaborait avec Charles Davenport dans la gestion de la Fédération Internationale des Organisations Eugéniques. Pour l’occasion du Congrès international d’eugénisme à Rome en 1929, ils écrivirent une note à Mussolini l’encourageant à aller de l’avant avec l’eugénisme à «une vitesse maximale». (Source)

La Rockefeller Foundation aida le programme eugénique allemand et finança le programme sur lequel Josef Mengele travaillait avant d’être mis en charge d’Auschwitz. L’idée eugénique nazi fut calquée sur le modèle américain avec ses propres lois eugéniques déjà en vigueur dans plusieurs états dont la Virginie, visant les handicapés de toutes sortes et autres jugés inférieurs pour ne pas les laisser se reproduire, incluant les populations autochtones. Le Canada n’est pas en reste avec ses propres politiques envers les autochtones et le scandale des écoles résidentielles.

Ainsi donc, l’ignoble docteur SS Josef Mengele avait supervisé des expérimentations faites par les équipes de docteurs SS sur les détenus d’Auschwitz, avec l’aide de IG Farben qui conduisait aussi ses propres expérimentations sur des humains, alors que la compagnie pharmaceutique Bayer suivait avec intérêts les développements.

IG Farben était la seule compagnie allemande dans le Troisième Reich qui opérait son propre camps de concentration. Au moins 30 000 travailleurs-esclaves sont morts dans ce camps. C’est n’est pas par coïncidence que IG Farben a construit des installations à Auschwitz, c’est dû au fait que ses travailleurs (pour un total d’environ 300 000 personnes) étaient principalement des esclaves.

Les gestionnaires de IG Farben furent jugés et déclarés criminels de guerres par le Tribunal de Guerre de Nuremberg de 1946-47, ainsi que 24 gestionnaires de Hoechst, Bayer et BASF qui furent trouvé coupables de meurtres à grande échelle, esclavagisme et autres crimes contre l’humanité. Après la guerre, IG Farben a été scindé en différentes entités, soit BASF, Bayer AG et Hoechst (maintenant devenu Aventis qui développe les OGM, entre autres). Bayer a été rétabli sous le nom de Farbenfabriken Bayer AG en 1951, changeant son nom pour celui qu’on connait maintenant, Bayer AG en 1972. Bien que le Bayer d’après WWII est une entité légale différente de celle qui a précédé IG Farben et celle qui s’est ensuite jointe à IG Farben, une ligne directe de continuité peut être tracée entre le personnel, l’infrastructure et la technologie de ces trois incarnations. Ces compagnies pharmaceutiques ont un passé très trouble et on devrait en être conscient. Ceci est à retenir et sera important pour la suite de ce dossier en plusieurs parties à venir.

Adolf Hitler et le Troisième Reich ont été financés en partie par la droite américaine. Parmi les plus importants personnages ayant financés le Parti nazi allemand dans les années 1930 et les années suivantes se trouvent la famille Harriman, l’arrière grand-père de George W. Bush, George Herbert Walker et son grand-père Prescott Bush. À travers l’industrialiste Fritz Thyssen, la W.A. Harriman and Company et la Union Banking Company propriété de Precott Bush, la famille Bush a vendu pour plus de $50 millions de bonds allemands à des investisseurs américains. Selon le Sarasota Herald-Tribune, «La fortune familiale des Bush provient du 3e Reich». L`histoire remonte à 1924, quand Interessen Gemeinschaft Farben (I.G. Farben), une compagnie allemande manufacturant des produits chimiques, commença à recevoir des prêts provenant des banquiers américains, créant graduellement l’immense cartel I.G. Farben.

En 1928, Henry Ford et la Standard Oil Company (les Rockefellers) ont fusionné leurs avoirs avec IG Farben et dès le début des années trente, il y avait plus d’une centaine de corporations américaines qui avaient des branches et partenariats en Allemagne. Les fonds financiers de I.G. Farben en Amérique étaient contrôlés par un holding nommé Americain I.G. Farben, et figuraient sur son conseil d’administration des gens comme Edsel Ford, President de Ford Motor Company, Chas. E. Mitchell, President de Rockerfeller’s National City Bank of New York, Walter Teagle, President de Standard Oil New York, Paul Warburg, Chairman de la FED (Federal Reserve) et frère de Max Warburg, financier de l’effort de guerre en Allemagne, Herman Metz, un directeur de la Bank of Manhattan, contrôlée par les Warburgs, et un nombre d’autres membres, dont trois qui furent jugés et accusés de crimes de guerre pour leurs crimes contre l’humanité.

Un article du Philadelphia City Paper (1/18/01) par Robert Lederman a révélé que, «Les Rockefellers, DuPonts, General Motors, et Henry Ford, banques et les compagnies de transport opérées par la famille Bush ont été des joueurs cruciaux dans l’établissement du pouvoir industriel derrière le 3e Reich». Ces compagnies ont versé des millions de dollars dans IG Farben, le géant chimique qui fut au cœur de la machine de guerre d’Hitler. IG Farben avait une branche américaine, contrôlée par les Rothschild, par l’intermédiaire des Warburg (Paul Warburg, qui dirigeait, durant sa création, la banque centrale privée qu’est la Réserve Fédérale en 1913, siégeait aussi en tant que directeur d’American IG). IG Farben était chargée de l’organisation du camp de travaux forcés à Auschwitz et était en réalité une division de la Standard Oil, laquelle appartenait officiellement aux Rockefeller (l’empire des Rockefeller fut fondé par les Rothschild).

Les lois raciales

Les Rockefeller avaient leur protégé à la direction de l’Institut Kaiser Wilhelm, le docteur fasciste Ernst Rudin, un psychiatre suisse. Quelques mois plus tard, Hitler prend le contrôle de l’Allemagne et l’appareil Rockefeller-Rudin devient une section de l’État nazi. Le régime nommera Rudin à la tête de la Société d’hygiène raciale (Racial Hygiene Society). Rudin et son équipe, faisant partie du Groupe de travail d’experts en hérédité (Task Force of Heredity Experts) chapeauté par le chef SS Heinrich Himmler, ont façonné les lois de stérilisation allemande. Décrite comme étant une loi Modèle Américain (American Model law), elle est adoptée en juillet 1933 et est fièrement publiée dans l’édition du mois de septembre 1933 de la revue Eugenical News (USA) avec la signature de Hitler. Le Dr Alexis Carrel du Rockefeller Institute et un prix Nobel ont publiquement applaudi Hitler pour prôner le meurtre massif de patients souffrant de problèmes mentaux et de prisonniers. En 1932, le mouvement eugénique mené par les Britanniques désignera le poulain des Rockefeller, le Dr Rubin, pour être le président de la Fédération de l’eugénisme au niveau mondial. Le mouvement réclamera l’élimination ou la stérilisation de ceux qui ont une hérédité déficiente causant un fardeau public.

Sous les nazis, les compagnies de produits chimiques IG Farben et la Standard Oil of New Jersey des Rockefeller formaient une seule firme de fait, fusionnées par des centaines d’arrangements de cartel. IG Farben était dirigé par la famille Warburg, partenaire bancaire de la famille Rockefeller et dans le design de l’eugénisme de l’Allemagne nazie. Suivant l’invasion de la Pologne en 1939, la Standard Oil promettait de conserver leurs fusions avec IG Farben même si les États-Unis entraient en guerre. Cela sera exposé en 1942 par le comité d’enquête de Harry Truman et le président Roosevelt pris des centaines de mesures légales durant la guerre pour faire cesser le cartel de Standard-I.G. Farben d’approvisionner la machine de guerre ennemie. (Source)

Rockefeller est ses copains banquiers privés étaient impliqués dans l’eugénisme et les exterminations de masse jusqu’au cou. L’ancien président de la Standard-Germany, Emil Helfferich, témoigna après la guerre que les fonds de la Standard Oil ont aidés à payer les gardes SS du camp d’Auschwitz. Suivant la Deuxième guerre mondiale, le mouvement eugénique des Rockefeller a fait un changement de façade pour se distancer des nazis maintenant discrédités. En 1950, les Rockefeller réorganisent le mouvement eugénique américain et y ajoute le contrôle du nombre de la population mondiale et des groupes d’avortement. La Société d’eugénisme (Eugenics Society) change son nom pour la Société pour l’étude de la biologie sociale (Society for the Study of Social Biology). «Le nom a été changé parce qu’il devenait évident que les changements de nature eugénique en viendraient à justifier d’autres raisons que l’eugénisme, et que d’y attacher cette étiquette aurait pour effet de nuire plus que d’aider à leur adoption. Le contrôle des naissances et l’avortement se sont révélés être des grandes avancées eugéniques de nos temps. Si elles avaient été avancées pour des raisons avouées d’eugénisme, cela aurait retardé ou arrêté leur acceptation», commentait Frederick Osborn, responsable du fonctionnements de l’organisation à cette époque. (Source)

Le reste est histoire. L’eugénisme perd la face publiquement, mais l’idéologie ne meurt pas parmi l’élite, elle devient seulement «underground». Elle sera renommée «science génétique» et sera abritée sous son toit. Cette idéologie recommence à montrer son visage hideux sous différentes formes dans nos sociétés, dont le thème de la dépopulation mondiale, tel que discuté tout autant dans leurs propres documents que dans leurs rencontres, par de nombreux personnages fortunés et influents, programmes gouvernementaux et militaires et d’organisations mondiales.

Ce sera l’objet de la deuxième partie de ce dossier à trouver la semaine prochaine: Eugénisme et l’agenda de dépopulation mondiale


François Marginean: Tech. en Architecture, chercheur indépendant, animateur de radio à l'émission L'Autre Monde sur CHOQ FM de l'UQAM, éditeur du blog Les Nouvelles Internationales et collaborateur chez Les 7 du Québec.


François Marginean est un collaborateur régulier de Mondialisation.ca.  Articles de François Marginean publiés par Mondialisation.ca
Partager cet article
Repost0
27 juillet 2009 1 27 /07 /juillet /2009 15:49

3638742057_152ebbba21.jpg?v=0

Présence et pouvoir du fascisme international dans le monde contemporain : juste de quoi commencer à vous éclairer à ce sujet.


2652282025_d3af28a3b1.jpg?v=0


Au coeur de la réaction

Le Manhattan Institute,laboratoire du néo-conservatisme

par Paul Labarique


2469434162_73ffef33d4.jpg


Pour répandre la pensée libertarienne, Sir Antony Fisher a créé 90 instituts dans le monde. Au centre de cette toile, le Manhattan Institute de New York joue le rôle de briseur de tabous. La « Révolution conservatrice » qu’il promeut veut éliminer la contre-culture des années 60 et en finir avec le féminisme. Surtout, elle vise à démanteler les services sociaux et à repousser les populations noires et pauvres hors de la mégalopole. C’est là qu’ont été élaborés les discours de l’intolérance moderne : l’inadaptabilité des Noirs, le « zéro tolérance » face aux incivilités et la « compassion basée sur la foi ». C’est là qu’ont été formés les politiciens républicains de la Côte Est comme Rudolf Giuliani.

2170613805_f35d140dcc.jpg

 

Le multi-millionaire britannique Antony Fisher, né en 1915, a été l’un des acteurs les plus influents de la montée en puissance des think-tanks libertariens dans la seconde moitié du XXe siècle. Lecteur de Friedrich von Hayek [1] dès 1945, il le rencontre la même année. L’économiste le convainc de la nécessité de mettre en place un réseau de think-tanks pour soutenir le projet de changement de société. Fisher s’y emploie, grâce à son importante fortune et au réseau qu’il a noué à la société du Mont Pèlerin : en 1955, il crée à Londres l’Institute of Economic Affairs, avec Ralph Harris, puis en 1977 à New York l’International Center for Economic Policy Studies (ICEPS), avec l’aide de l’éminent avocat états-unien, William Casey, qui deviendra plus tard directeur de la CIA [2]. D’après Loïc Wacquant, les deux hommes souhaitent que l’institut « applique les principes de l’économie de marché aux problèmes sociaux » [3].

 

2519764785_4f211fcace-copie-1.jpg


Parallèlement, Sir Antony Fisher met en place un organisme de conseil et de financement pour aider les libertariens du monde entier à créer des think tanks équivalents dans leurs propres pays. C’est l’International Institute for Economic Research, qui engendre l’Atlas Economic Research Foundation en 1980 et l’International Policy Network en 2001. En une trentaine d’années, Fisher installe ainsi 90 centres de recherches dans 39 pays [4].

 

2170612347_e50aecd4e8.jpg?v=1199606258

 

 

Le comité directeur d’ICEPS comprend Lew Lehrman [5], Irving Kristol [6], Ed Feulner [7] et William Casey. Sous l’influence de Charles H. Brunie [8], et de William Hammett, qui deviendra président du think-tank au début des années 1980, l’ICEPS change de nom, et en même temps d’objectif : en devenant l’Institut Manhattan, il vise désormais en premier lieu les élites intellectuelles new-yorkaises, qu’il faut convertir aux vertus du reaganisme.


2223574781_6a97a60b10.jpg?v=0

 

Les États-Unis préparent en effet la « révolution conservatrice » à venir, alors que le président démocrate Jimmy Carter vit ses dernières heures à la Maison-Blanche. Les néo-conservateurs regroupés autour de Ronald Reagan [9] et de George H. W. Bush, en passe de le remplacer, cherchent à développer un arsenal idéologique susceptible de légitimer la destruction de l’État providence prévue de longue date. Le Manhattan Institute va jouer ce rôle de fournisseur officiel d’idéologie libéralo-conservatrice. Il s’agit bien d’une idéologie, puisque les théories développées ne s’appuient pas sur des modèles scientifiques, mais plutôt sur un curieux mélange de prénotions pseudo-économiques et sociologiques.

 

3598345319_38c5973834.jpg?v=1244237479


C’est le cas d’un des premiers ouvrages publiés par l’Institut, sous la plume de George Gilder. Cet ancien élève d’Henry Kissinger à Harvard a écrit plusieurs discours pour des personnalités politiques républicaines de premier plan, telles que Nelson Rockefeller, George Romney et Richard Nixon. À partir des années 1970, il s’intéresse subitement aux causes de la pauvreté et de la richesse aux États-Unis.


1127382040_6c55d1dbe9.jpg?v=0















Il publie Sexual Suicide en 1972, dans lequel il explique que la libération de la femme devrait amener à la fin de la race humaine, puisque tout homme qui n’est pas marié est par essence déstructuré. Ce qui permet de classer comme déviants tout ceux qui n’ont pas une pratique sexuelle « traditionnelle ». Dans Visible Man, paru en 1978, Gilder affirme que le racisme n’existe pas, que la société états-unienne est déjà « post-raciste » et que le pire ennemi de l’homme noir est en définitive lui-même, son mode de vie, sa famille éclatée et ses « réflexes de ghetto ». Une rhétorique qui lui permet d’arguer que les subventions fédérales ne font que perpétuer une société dans laquelle les Noirs « mènent une vie déjantée en attendant la marée verte de chèques gouvernementaux » [10].

 

1467224309_91f07f6434.jpg


C’est justement ce discours que cherche à promouvoir le Manhattan Institute. En 1981, l’organisme lui dégote donc une bourse de la Smith Richardson Foundation [11] afin qu’il rédige Wealth and Poverty (Richesse et pauvreté) qui vulgarise ses théories ultra-réactionnaires. George Gilder y explique que la source de la misère en Amérique se trouve dans « l’anarchie familiale parmi les pauvres concentrés dans l’inner city » entretenue par les aides sociales, dont l’effet est « de pervertir le désir de travailler, de miner la famille patriarcale et d’éroder la ferveur religieuse, qui sont depuis toujours les trois ressorts de la prospérité » [12].

 

3592210913_d4e95f39cc.jpg?v=0















Fort du soutien du Manhattan Institute, l’ouvrage est accueilli avec euphorie par la presse économique ultra-libérale, The Economist allant jusqu’à titrer « Bénis soient ceux qui se font de l’argent ». Il devient rapidement un best-seller, mais surtout le livre de chevet de Ronald Reagan. D’après une étude des discours prononcés par l’ancien président des États-Unis, George Gilder y serait l’auteur vivant le plus cité.


2870427516_49cabfa786.jpg?v=0

 

Le Manhattan Institute récidive l’année suivante. Alors que Ronald Reagan mène tambour battant sa révolution conservatrice ultra-libérale, le think-tank, où George Gilder anime désormais un séminaire, cherche un nouveau promoteur de ses théories racialo-économiques. Son choix se porte sur l’universitaire jusque là inconnu Charles Murray. Ce dernier a envoyé l’un de ses articles à Irving Kristoll qui, intéressé par le caractère pamphlétaire du texte, contacte Michael Joyce, alors président de la Fondation Olin, et tente de rassembler des fonds pour transformer l’article en livre. William Hammett, devenu président du Manhattan Institute, accepte d’accueillir Murray au sein de la structure.


2782542052_e718d0eef4.jpg?v=1219267786


Comme il l’écrit alors dans un mémo interne : « chaque génération produit une poignée de livres dont l’impact est durable ; des livres qui changent les conceptions classiques de la façon dont le monde fonctionne (ou devrait fonctionner...) Le Losing Ground de Charles Murray pourrait devenir un de ces livres. Et si c’est le cas, cela altèrera les termes du débat sur ce qui est peut-être la question politique la plus fascinante de notre temps : l’État providence moderne » [13]. L’Institut accorde donc 30 000 dollars et deux ans de tranquilité à l’auteur, qui publie en 1984, Losing Ground : American Social Policy, 1950-1980 (Terrain perdu : la politique sociale américaine, 1950-1980). Selon Loïc Wacquant, ce texte « tombe à point nommé pour donner une caution pseudo-savante à l’énergique politique de désengagement social menée par le gouvernement républicain (avec l’assentiment du Congrès à majorité démocrate) ». L’argumentation est simple, voire simpliste : « l’excessive générosité des politiques d’aide aux démunis serait responsable de la montée de la pauvreté en Amérique : elle récompense l’inactivité et induit la dégénérescence morale des classes populaires, et notamment ces unions "illégitimes" qui sont la cause ultime de tous les maux des sociétés modernes - dont les "violences urbaines" » [14].


2183028628_082123dbc7.jpg?v=0

 

 

Malgré un grand nombre de non-sens logiques et d’erreurs empiriques soulevées par le sociologue Christopher Jencks, l’économiste Robert Greenstein, ou encore le prix Nobel James Tobin [15], l’ensemble de la presse fait de ce pamphlet un « classique » qu’elle place au centre des discussions sur l’aide sociale en Amérique. Il est vrai que le Manhattan Institute n’a pas lésiné sur sa promotion : William Hammett en a fait envoyer 700 exemplaires aux journalistes, hommes politiques et universitaires « qui comptent » aux États-Unis, et a loué les services d’une experte en relation publique pour faire de l’auteur jusque là inconnu, Charles Murray, une véritable « bête médiatique ». Son objectif n’est pas de vendre l’ouvrage en librairie, mais d’en faire le centre des débats politiques. L’Institut organise même un symposium quelques mois plus tard autour de Losing Ground, pour lequel les participants, qu’ils soient journalistes, experts en politique publique ou spécialiste en sciences sociales, sont payés entre 500 et 1500 dollars.


 

2462712275_55b4b50dd6.jpg?v=0


La carrière de Charles Murray est lancée : en 1994, il publie The Bell Curve : Intelligence and Class Structure in American Life (La Courbe en cloche : l’intelligence et la structure de classe dans la vie américaine) [16], un « authentique traité de racisme savant (...) qui soutient que les inégalités raciales et de classe en Amérique reflètent les différences individuelles de "capacité cognitive" » [17]. Le quotient intellectuel, hérité génétiquement, déterminerait la réussite sociale, la capacité à réussir son mariage, à bien élever ses enfants, et à être un bon citoyen : « les enfants plus intelligents de toutes les classes sociales, même chez les plus pauvres, apprennent plus vite comment fonctionne l’État et sont plus susceptibles de s’informer et de discuter d’affaires politiques et d’y participer », écrit-il. À l’inverse, un QI faible augmente la propension au crime et donc la probabilité d’incarcération. On ne devient donc pas criminel parce qu’on souffre de privations matérielles (deprived), mais bien parce qu’on a des carences mentales et morales (depraved). Cette argumentation donne lieu à deux conclusions.


3661139542_c931fb60da.jpg?v=0

Tout d’abord, il faut en déduire que si les minorités ethniques sont surreprésentées au sein de la population carcérale, ce n’est pas la conséquence de la montée des inégalités au sein de la société états-unienne, mais bien de leur plus faible quotient intellectuel. Deuxièmement, il s’ensuit que « l’État doit s’interdire d’intervenir dans la vie sociale pour tenter de réduire des inégalités fondées en nature, sous peine d’aggraver les maux qu’il tente de soulager en perpétuant "les perversions de l’idéal égalitarien apparu avec la Révolution française". Car "qu’elles soient jacobites [sic] ou léninistes, les tyrannies égalitaristes sont pire qu’inhumanitaires : elles sont inhumaines" » [18].


2178447590_b24c37cefc.jpg?v=0


Cette fois, Charles Murray est allé un peu trop loin pour le Manhattan Institute, qui refuse de mêler son nom au projet. La nouvelle icône des néo-conservateurs se fera donc héberger par l’American Entreprise Institute, avec la bénédiction d’Irving Kristoll. Cela n’empêche pas l’Institut de s’intéresser à la problématique : fin 1994, peu après la publication de son livre, le think-tank organise un dîner de gala pour honorer Murray et son dernier travail. À la tribune le politologue propose une explication génétique à la différence de 15 points entre le QI moyen des noirs et des blancs, critiquant au passage l’inutilité des programmes de discrimination positive.


 

2820160209_5d27fc8d7f.jpg?v=0

 

Le Manhattan Institute s’intéresse ensuite à la question des « violences urbaines », en popularisant pour la première fois la fumeuse doctrine dite « de la vitre cassée », formulée en 1982 par James Q. Wilson, le théoricien de la criminologie conservatrice, et George Kelling, dans un article publié par le magazine Atlantic Monthly [19]. Les auteurs y défendent l’idée que la lutte quotidienne contre les petits désordres (aujourd’hui appelés « invicilités ») permet de faire reculer les grandes pathologies criminelles.

 

2792997470_40bef9219c.jpg?v=0


Cette thèse intéresse particulièrement le procureur de New York, Rudolf Giuliani, qui assiste donc, au début des années 1990, à une conférence organisée par le Manhattan Institute. Le thème central défendu est que « "le caractère sacré des espaces publics" est indispensable à la vie publique et, a contrario que le "désordre" dans lequel les classes pauvres se complaisent est le terreau naturel du crime ». Le futur maire de New York, qui vient d’être battu aux élections municipales par le démocrate noir David Dinkins, y cherche les thèmes de sa campagne victorieuse de 1993. Ce sera la « tolérance zéro », une doctrine qui affirme que toute faute même mineure doit être sanctionnée, faute de quoi le délinquant se muera tôt ou tard en criminel, car « qui vole un œuf, vole un bœuf ».

3661034226_2285881ef6.jpg?v=0

Dans la pratique, cela revient à poursuivre sans relâche les petits délinquants et à écarter les mendiants et les sans-abri du centre-ville pour les cantonner aux quartiers déshérités. Cet axe central de la campagne de Giuliani a l’avantage de plaire aux classes moyennes et supérieures de New York, qui sont justement celles qui votent. Répété à l’envi dans le colonnes de la nouvelle revue du Manhattan Institute, le City Journal, c’est ce thème qui va assurer, au finale, l’élection de l’ancien procureur républicain. Or, pour être appliquée, la « tolérance zéro » suppose que l’on renonce à toute proportionnalité entre la faute et les moyens mis en œuvre pour la réprimer. Cette doctrine ouvre donc la voie à une spirale de violence publique balayant sur son passage les libertés individuelles.

 

2460345715_cd0c9516af.jpg?v=0

 

Une fois au pouvoir, Rudolf Giuliani applique l’arsenal idéologique élaboré, pour partie, au Manhattan Institute. Il s’appuie pour cela sur William Bratton, le responsable de la sécurité du métro de New York nommé chef de la police municipale [20]. En cinq ans, la ville augmente son budget de police de 40 %, jusqu’à atteindre 2,6 milliards de dollars. Elle embauche en même temps 12 000 nouveaux policiers, alors qu’au même moment, les services sociaux de la ville perdent un tiers de leur budget et 8 000 de leurs employés. Ce déploiement spectaculaire de moyens pour réprimer des infractions (tel que le recours à des hélicoptères et à plusieurs voitures de police pour interpeller un chauffard) marque les imaginations, mais détourne les forces de l’ordre de la répression du crime.


144210212_ea3bb63378.jpg?v=0

 

Le plus surprenant est que le résultat de cette politique est bien moins impressionnant que l’arsenal qu’il nécessite. Si l’on compare New York à San Diego, qui a eu recours à la « police communautaire » , on constate qu’« entre 1993 et 1996, la métropole californienne affiche une baisse de la criminalité identique à celle de New York, mais au prix d’un accroissement des effectifs policiers de seulement 6 %. Le nombre d’arrestations effectuées par les forces de l’ordre diminue de 15 % en trois ans à San Diego alors qu’il augmente de 24 % à New York pour atteindre le chiffre faramineux de 314 292 personnes arrêtées en 1996 (...) Enfin, le volume des plaintes contre la police fléchit de 10 % sur les rives du Pacifique alors qu’il s’enfle de 60 % dans la ville de Giuliani ».

2423484274_8de908a514.jpg?v=0


Cette hausse de la défiance de la population new-yorkaise, et surtout des Noirs, à l’encontre de sa police, est révélatrice du climat de « guerre sociale » qui est le corollaire de la « tolérance zéro ». Mais ces mauvais résultats n’ont pas découragé les partisans de ce système, qui ont ensuite diffusé le modèle new-yorkais un peu partout dans le monde. Après sa mise à pied par le maire de New-York, auquel il faisait apparemment trop d’ombre, William Bratton devient ainsi un consultant régulier du Manhattan Institute, mais aussi de nombreuses municipalités par le monde.


3308973765_8e56a517e3.jpg?v=0

 

Les auteurs du Manhattan Institute continuent, tout au long des années 1990, de développer l’idéologie néo-conservatrice, fondée sur des préjugés raciaux et ethnocentriques, et notamment sur la supériorité du modèle de vie des États-uniens blancs. Le discours est similaire à celui proposé, à la même époque, par de nombreux journalistes et experts français sur le caractère « inassimilable » de l’islam et sur la menace d’« invasion » que constitue l’immigration. Aux États-Unis, ce sont les populations noires et latinos qui sont particulièrement visées. Abigail Thernstrom, membre du Manhattan Institute, co-écrit ainsi un ouvrage avec son mari, le professeur d’Harvard Stephan Thernstrom, sur les ravages de la discrimination positive et intitulé America in Black and White : One Nation Indivisible (L’Amérique en noir et blanc : une Nation indivisible) [21].


3537752255_287325b674.jpg?v=0










 







Un livre financé par la John M. Olin Foundation, la Lynde and Harry Bradley Foundation, la Smith Richardson Foundation, la Earhart Foundation et la Carthage Foundation. Tamar Jacoby, lui aussi membre du Manhattan Institute, écrit la vanité de l’intégration à l’états-unienne dans Someone Else’s House : America’s Unfulfilled Struggle for Integration (La maison d’un autre : la lutte inachevée de l’Amérique pour l’intégration), financé par la John M. Olin Foundation, la Joyce Foundation et la Smith Richardson Foundation. En 1993, Myron Magnet dénonce dans The Dream and the Nightmare (Le rêve et le cauchemar) la responsabilité de la contre-culture des années 1960 dans la création de l’urban underclass [22].


2456691025_971a49fdc5.jpg?v=0


Les financements du Manhattan Institute sont variés, mais proviennent pour l’essentiel des organisations dites philanthropiques les plus réactionnaires [23], notamment la fondation Olin [24]. Son influence est importante à Washington où le think-tank sert autant de caution idéologique, que de boîte à idées. Il permet aussi, grâce à une grande maîtrise de l’art de la promotion, de préparer les médias et, par leur entremise, l’opinion publique, aux thèses les plus ultra-libérales et socialement rétrogrades. Ses théories en matière sociale sont en tout cas écoutées à la Maison-Blanche : John J. Diulio Jr et Stephen Goldsmith, tous deux membres du Manhattan Institute, ont ainsi été chargés par George W. Bush d’appliquer une vision défendue depuis longtemps par l’Institut. Celle qui consiste à désengager l’État de ses missions sociales, pour les confier aux congrégations religieuses.


830647132_d3227e60f5.jpg?v=0

 

Cette doctrine a été récemment relayée par l’influent Myron Magnet, du Manhattan Institute, dans un ouvrage intitulé What Makes Charity Work ? A Century of Public and Private Philantropy (Comment fonctionne la charité ? Un siècle de philantropie publique et privée). Paru en 2001, juste après l’arrivée de George W. Bush à la Maison-Blanche, ce livre défend un système d’aide sociale fondée sur la charité et non sur la solidarité, qui serait plus efficace, moins chère et surtout plus noble. Un programme « compassionnel » rapidement mis en œuvre par l’administration Bush après sa prise de fonction et la création à la Maison-Blanche du Bureau des initiatives basées sur la foi [25].

Censé promouvoir l’État minimum, le Manhattan Institute a montré le vrai visage du libertarisme : il a à la fois justifié le désengagement de l’État en matière sociale et son hypertrophie en matière de répression.


2719302812_f18e973192.jpg?v=0

 

 

 

 

 

Paul Labarique
Les articles de cet auteur

3656986468_b9094a74df.jpg?v=0

Partager cet article
Repost0
29 juin 2009 1 29 /06 /juin /2009 23:32

Si si j'en rajoute une de couche, les faits ne datent pas d'hier, mais ils le pourraient,  J'ai eu d'autres "échos" similaires oralement, beaucoup plus récents. Et pour le flics qui font convenablement leur boulot souvent difficile, je précise que je ne cherche pas jeter l'opprobre sur l'ensemble de la profession, si les actes publiés dans l'article précédent c'est grêce à des policiers qui ont eu le courage de témoigner à leur risques et périls. Mais il est notoire qu'il existe des brebis galeuse dans la police et que les gens, qui sont victimes de leurs exactions, ont peur de porter plainte, même s'il n'ont absolument rien à se reprocher. Pour les raisons exposées ci-dessous : subir une agression policière et se retrouver dans le rôle de l'accusé, il y a des braves gens qui ne veulent pas subir cela en plus.

Ce serait donc la responsabilité citoyenne de ces policiers honnêtes de contribuer à nettoyer la profession de ceux qui n'ont rien à y  faire et qui aux yeux de la population jettent le soupçon et la méfiance sur l'ensemble des policiers.
Tout mon respect à François pour le courage dont il a fait preuve, le texte montre bien que ce n'est pas si courant, puisque personne n'interviendra en sa faveur.
Si vous avez vécu ou été témoin de faits similaires, je suis prête à publier vos témoignages. Trop de faits inadmissibles restent dans l'ombre. J'aimerais pouvoir à nouveau dire un jour que j'ai confiance en la justice et en la police de mon pays, mais ceux qui ont lu mes textes savent que je suis une irréductible utopiste.
Ce témoignage a été publié par
L'En Dehors


A lire aussi le rapport de 2009

COMITE CONTRE LA TORTURE DE L’ONU : LA BELGIQUE EPINGLEE

COMITE CONTRE LA TORTURE DE L’ONU : LA BELGIQUE EPINGLEE -FIDH > Human Rights for All / Les Droits de l'Homme pour Tous

Tabassé et torturé par la police, puis piétiné par la justice belge
--> Description détaillée des faits du 8 juillet 2003



Lu sur  « Bruxelles 8 juillet 2003. Je me dirige vers mon lieu de travail. Centre de Bruxelles (derrière la Bourse), environ 14h30, soleil radieux et plein de gens dans les rues. Je suis habillé d'un tee-shirt et d'un short de marche 

A une cinquantaine de mètres devant moi avance dans ma direction un groupe avec à sa tête au moins trois types qui emmènent brutalement un jeune homme (en réalité, il y a quatre policiers emmenant 2 personnes menottées). Ce dernier porte des menottes attachées dans le dos. Il a le buste penché en avant et il grimace.

 


Arrivé à leur hauteur je dis aux hommes (je supposais qu’il s’agissait de policiers, bien qu’ils étaient en civil et ne portaient pas de brassard) qu’ils ne sont pas obligés de faire mal au type, surtout qu’il est déjà menotté dans le dos et qu’ils (les policiers) sont en surnombre. Ceux-ci me poussent alors violemment sur le côté en me hurlant des menaces d’arrestation. Sans opposer aucune résistance, je réponds que j’ai le droit de m’exprimer. Un des policiers se retourne alors vers mois en brandissant une matraque rétractable en caoutchouc, je recule en me protégeant le visage de mon avant-bras droit … sur lequel le policier frappe un coup sec.


Puis il rejoint alors le groupe, qui continue de se diriger vers le commissariat. Il sont maintenant à une quinzaine de mètres de moi et s'éloignent vers le commissariat situé à une centaine de mètres. Ulcéré et apeuré, je crie que c’est scandaleux que la police se comporte ainsi. Un des policiers (je pense que c’est celui qui m’avait déjà frappé), se retourne et crie l’ordre de m’attraper. Lui et au moins un autre policier en civil courent vers moi matraque en main. Je ne bouge pas, et me tais. Sans aucune sommation, un policier me matraque alors que l'autre me donne un coup très douloureux sur l'arrière de la cuisse, ce qui me fait tomber. Pris de panique, je crie "Au secours, à l'aide!"Des .menottes enmétal me sont passées dans le dos.

 


Ils me redressent. Par une clé de bras ils me forcent à baisser le buste de sorte que je dois dresser la tête pour voir les passants. Je crois qu’ils vont me casser l’épaule. Je leur dis qu’ils me font mal et que ce n’est pas nécessaire. Alors ils accentuent la clé de bras pour me faire taire. Je me tais, grimaçant de douleur je regarde les passants. Il y a des dizaines de personnes sur les trottoirs du carrefour, ils/elles sont tou(te)s arrêtées, ils ne bougent pas, ne disent rien.

 


Arrivés au commissariat, un policier de faction en uniforme dit à mes agresseurs de ne pas prendre l’entrée principale et leur indique une porte de service. Je suis poussé au travers d’un couloir d’une dizaine de mètre de long, et d’environ un mètre cinquante de large. Il n’y a que deux portes, c’est un sas. La traversée de ce sas ne dure que quelques dizaines de secondes, mais de très longues secondes. Je suis bousculé contre les deux murs, un des policier (Se. V.) hurle « on est pas des homosexuels, nous, on est pas des petits PD ». La peur me montre on ventre. L’envie de chier dans mon froc. On m’emmène alors à un étage où je suis attaché à un banc. Je reste calme, sans bouger ni parler. A côté de moi, également attaché, un type d’environ 25 ans. D’après les commentaires des flics entre eux, ce serait un des deux types qu’ils étaient en train d’emmener. « Des pic-pockets qui venaient de tabasser une petite vieille sur la Grand Place (?) » selon les flics. Le jeune type ne disait pas un mot et avait l’air plutôt terrorisé.

 


- « Qu’est ce qui s’est passé ? », je lui demande.

-  « Allemand », qu’il me répond, « huit fois arrêté, policiers racistes » 

Qui croire ? Mais peu importe. Quoi qu’il ait fait, s’il l’a fait, cela ne justifie pas la violence par la police, la police n’est pas la justice, et même la justice ne peut punir par sévices corporels.


Pendant une demi heure cinq policiers entrent et sortent du bureau dont l’entrée est à côté du banc. Les regards et les commentaires sont agressifs : « Ca te dit d’être attaché à un camé en crise ?, on en a justement un pour le moment. Comme ça tu verras ce que ça fait de prendre la défense de ce type d’individu » me propose Se. V.. Je réponds que le boulot de la police n’est pas de rendre la justice. « Et bien si t’es pas d’accord, t’as qu’à porter plainte au Comité P ! Et si tu veux mon nom, le voici, » me dit-il en me montrant sa carte de flic à quelques centimètres des yeux, : « Se. V.».


Ensuite, mon second agresseur (Pa. D.) précise : « tu vas voir ce que tu vas ramasser, on va porter plainte contre toi pour outrage à agent et rébellion. Moi je suis assermenté, tu vois, alors crois moi que ta parole contre la mienne, ça vaut rien du tout ». Un troisième flic que les autres appellent « papy » se joint à eux (ils sont tous en civil avec une arme à la ceinture). Il est très nerveux et dit à mes deux agresseurs que s’ils ont besoin d’aide pour me calmer (malgré que je ne bouge ni ne parle) ils n’ont qu’à appeler. Un quatrième passe devant moi avec un regard menaçant. Il repasse devant moi en frottant son pantalon contre le bout de ma chaussure (j’ai les jambes croisées). Sentant la provocation, je dis immédiatement « pardon », décroise les jambes et place mes pieds en-dessous du banc. Lui s’arrête, se retourne, fait mine de vouloir venir sur moi, mais continue finalement son chemin. Je comprends qu’il s’agit de petites mises en scènes mainte fois répétées.

 


Mon agresseur me demande ma carte d’identité. Je réponds que je ne l’ai pas sur moi. Je lui donne mon nom et adresse, il me demande mon second et troisième prénom, le prénom de mon père. Ca colle, je suis identifié. Il voit sur le papier qu’il tient en main que je suis universitaire (?) . A partir de ce moment les flics deviennent un peu moins agressifs. On me propose un verre d’eau, l’allemand peut fumer une de ses cigarettes et moi aussi. J’en profite pour demander que mes menottes de métal soient desserrées, ce qui est fait (mais elles ne sont pas enlevées).

 


Mais le spectacle continue, Se. V. revient devant moi en se passant des gants en plastic sur les mains. « Une fouille à poil, ça vous dit ? ». Je ne réponds pas. Il me détache du banc et me pousse vers le fonds du couloir. « Allez, direction les toilettes », précise-t-il. A ce moment, papy sort d’un autre bureau et demande à mon agresseur « t’as besoin d’un coup de main ? ». « Non, non, ça va, Monsieur est calmé ». Il me fait entrer dans les toilettes et me dit : « lavez-vous les mains, c’est pour les empreintes ». Je suis tellement soulagé de ne pas subir la fouille anale que je ne proteste pas et accepte sans broncher d'être fiché. Se. V. prend l’empreinte de mes dix doigts. Après quoi je suis à nouveau attaché sur le banc où je constate que l’allemand a disparu.

 


Sur les deux heures passées dans le couloir, les policiers que j’ai vus ont parlé entre eux, ils se sont raconté des blagues, un d’entre eux est même entré dans le bureau à côté de mon banc en chantonnant sur un air inventé « la la la laaa, et mon ami Hitler » (sic). Je pense qu’il l’a fait précisément pour que je l’entende.

Après encore une demi heure d’attente, je suis amené dans le bureau du commissaire M.W. pour y faire ma déposition. Pendant la durée de ma déposition un des mes deux agresseurs est assis derrière moi. L’officier me regarde droit dans les yeux pendant plusieurs dizaines de secondes, d’un air méprisant. Je comprends que cela fait partie du spectacle, et le regarde aussi droit dans les yeux, d’un regard le plus neutre possible. J’attends qu’il détourne le regard le premier, ce qu’il fait. Il me lit alors un texte que la loi l’oblige, semble-t-il, à réciter dans ce type de circonstance. Il le fait en parlant extrêmement vite et en articulant très peu, de sorte que ce qu’il dit est inaudible.



Je lui demande de répéter. Il souffle d’un air énervé et recommence aussi vite sa dernière phrase dont je ne comprends que quelques mots. Je renonce à insister. A un certain moment, le second de mes agresseurs vient nous rejoindre. Le ton des policiers est menaçant. L’officier supérieur me dit « on a autre chose à faire que perdre notre temps avec des snuls comme vous ». Ensuite il commence ma déposition en me demandant quel est mon employeur. Plutôt que répondre que cela ne le regarde pas, je réponds que je souhaite ne pas mêler mon employeur là-dedans afin de ne pas avoir d’ennuis.



Je comprends immédiatement que cela pourrait être interprété comme un sentiment de culpabilité, mais je n’ose pas revenir dessus. L’officier continue en parlant à la première personne, tout en tapant sur son clavier : « je m’approche des policiers pour les empêcher de … ». Je ne lui laisse pas terminer et précise que je n’ai à aucun moment tenter d’intervenir physiquement, j’ai juste demandé qu’ils arrêtent de faire souffrir la personne qu’ils étaient en train d’emmener.

 


Un des mes deux agresseurs intervient alors (Se. V.). Il crie presque : « et ça c’est quoi ? » demande-t-il en relevant sa manche, faisant apparaître des ecchymoses sur son bras. Pendant quelques secondes je pense qu’il veulent m’accuser de coups et blessures, mais je comprends qu’ils veulent me déstabiliser.


Je réponds que les deux types qu’ils ont arrêtés leurs ont peut-être porté des coups, mais cela ne justifie pas que la police impose des sévices une fois que ces personnes sont maîtrisées (ayant moi-même subi le même traitement que l’allemand, je peux vous garantir qu’il est impossible de faire quoi que ce soit avec les bras attachés en clé de bras dans le dos). La police n’est pas la justice, et même la justice (belge) ne peut punir par sévices corporels.

On me fait signer ma déposition. Que je lis attentivement. L’officier montre des signes d’énervement : « Bon, vous allez signer, car on n’a pas que ça à faire nous ». Ensuite, suite à une erreur technique, il faut réimprimer ma déclaration, que je relis rapidement avant de signer à nouveau.

 


L’officier supérieur demande si on a également pris ma photos. On va le faire à l’instant répond Se. V.. Je sors en boitant du bureau. L’officier supérieur, de son bureau, me lance « et que ça vous apprenne la prochaine fois à vous mêler de ce qui vous regarde ». Je ne réponds pas, et suis Se. V. au rez-de-chaussée où il prend trois photos de moi : face, profil droit et profil gauche.

Ensuite il me conduit au hall d’entrée, et je sors du commissariat de Bruxelles 1000. Ma jambe me fait mal et je sens des courbatures sur tout mon corps. En repassant sur le lieu de mon agression je passe dans deux magasins afin de trouver des témoins. Mais en m’expliquant les larmes me viennent aux yeux.


Je n’ai craqué à aucun instant pendant mon passage au commissariat, mais le fait de raconter ce qui m’est arrivé provoque une crise de larme. Dans le premier magasin la dame me répond qu’elle n’a rien vu car un camion cachait la vue. Dans la crêperie du coin, la fille répond qu’elle ne préfère pas témoigner afin d’éviter des problèmes. Je retourne alors à mon lieu de travail. Arrivé au bureau je craque à nouveau devant mes collègues. L’un d’entre eux me conduit à l’hôpital St Pierre où le médecin de garde va constater des « contusions des deux avants bras, contusions musculaires et possible déchirure musculaire au niveau de la face postérieure de la cuisse droite, excoriations cutanées au niveau du dos". Il a également signé un document attestant mon incapacité de travail pendant cinq jours.

 


J'ai donc créérès bien documenté et aux sources vérifiables, pour informer la population en temps réel. Vous pourrez y constatez comment la justice protège les policiers violents. » 

 

Je plaide moi-même ma défense

.

 

Avocat-conseil : ok. Avocat-répresentant : pour quoi faire ?

François Jortay

Mis en ligne par Mirobir, le Jeudi 14 Octobre 2004, 15:02 dans la rubrique "International".



fran74

16-09-08
à 15:39

Constatant que - cinq ans après les faits - cette page apparaît en première page de plusieurs outils de recherche lorsqu'on effectue une recherche sur mon nom, j'en profite donc pour ajouter quelques précisions importantes concernant des faits que j'ignorais au moment de la rédaction du texte présenté dans l'article ci-dessus et publié en 2004.

1. Les deux personnes pour lesquelles je suis intervenu ont été finalement condamnées à un an de prison avec sursis pour vol à la tire, condamnation extrêmement lourde puisqu'elle est équivalente à celle dont ont écopés les gendarmes qui ont assassiné Semira Adamu. Notons en outre que ces deux allemands d'origine algérienne avaient tous deux un casier judiciaire vierge, et affirment dans leur déclaration que les objets qu'on leur accuse d'avoir volés ont été placés par les policiers dans leur sac à dos.

 


2. Le commissaire qui prend ma déposition est celui qui va coordonner la fabrication des PV mensongers à ma charge. Par la suite je découvrirai dans des articles de presse que ce même commissaire venait de faire l'objet d'une plainte pour faits de violence contre détenu, et faux PV ayant provoqué l'incarcération d'un innocent. Malgré que ces faits serons qualifiés lors de son procès, ce commissaire sera néanmoins acquitté pour "services rendus" (sic) [NB: Ces articles peuvent être retrouvés dans la base documentaire de www.police-justice.net (NB : ce nom de domaine ne m'appartient plus, mais une copie du site a été sauvegardée par www.webarchive.org ).



Mais ce n'est pas tout semble-t-il : selon une avocate du barreau de Bruxelles ce commissaire aurait fait l'objet d'une nouvelle plainte pour faux PV qu'il a fabriqué cette fois pour charger le mari de sa maîtresse. Je n'ai cependant pas eu l'occasion de vérifier les affirmations de cette avocate. Quoi qu'il en soit, un fait est incontestable : ce commissaire de police se comporte exactement comme s'il se savait indéboulonable, càd bénéficiant de solides protections judiciaires. Combien d'innocents sont aujourd'hui en prison suite aux méfaits de ce salopard ?

 


3. L'intervention - pendant mon interrogatoire - du flic qui me présente un coup sur son bras est en réalité une grossière manipulation. En effet, je découvrirai par la suite dans le dossier des deux personnes pour lesquelles je suis intervenu (leur dossier était joint au mien) que dans les PV dressés par les policiers après leur arrestation, il n'est à aucun moment fait mention de coups portés par les deux allemands sur les policiers. Ces derniers disent seulement que les deux jeunes hommes ont résisté à leur arrestation en s'accrochant à un pilier, et que les quatres policiers, qui en outre étaient assistés par cinq ou six vigiles, ont "du" porter des coups de poing "dans les côtes des deux récalcitrants pour leur faire lâcher prise". Des coups de poings ? Pour faire lâcher prise, à dix contre deux ? ...



4. Le passage concernant mon employeur dont je tais le nom durant mon interrogatoire mérite quelques explications. Au vu des faits que je viens de vivre, je comprends que ces flics qui m'interrogent sont idéologiquement d'extrême droite. Je me méfie donc. En particulier je voulais éviter que mon employeur subisse les conséquences d'éventuels coups tordus de ces petites frappes. En effet, mon employeur n'était autre que le cinéma Nova, ASBL du secteur culturel et jouissant d'une réputation progressiste voire contestataire. Etant donné que le Nova fonctionne grâce au travail de nombreux bénévoles, mais aussi grâce à des subsides publics, je voulais éviter de les flics en profitent pour accuser le Nova d'être un lieu de terroristes potentiels à qui il faut donc retirer les subsides.


Voilà pourquoi je ne mentionnai pas le nom de mon employeur. Ce fait est d'autant plus tragi-comique qu'il s'avèrera par la suite que non seulement aucun des administrateurs du Nova ne manifestera la moindre solidarité par rapport à moi-même et les deux personnes pour lesquelles je suis intervenu, mais qu'en outre ces administrateurs iront jusqu'à se retourner contre moi en affirmant que j'ai "provoqué les policiers" (sic).

 


5. En ce qui me concerne je fus acquitté suite à une longue et stressante procédure judiciaire qui dura près de  deux ans (finie en 2005) et dans laquelle j'assumai ma propre défense. Je tiens à préciser que mon acquittement ne constitue pas une "victoire de la justice". On ne peut parler de justice lorsque la victime est tranformée en accusé et que ses agresseurs restent impunis. Ce n'est pas de la justice mais de la répression (le but étant de m'inciter à fermer le site police-justice.net) - sous forme de harcèlement judiciaire - qui se drape des habits de la justice. Le prononcé de mon acquittement fut d'ailleurs rédigé de façon à rendre difficile son utilisation dans le cadre d'une nouvelle procédure contre mes agresseurs : ainsi certains faits à leur charge furent "oubliés" dans le prononcé.

 


6. Certains trouvent exagéré le terme de torture que j'utilise pour qualifier la technique de clé de bras sur détenu menotté. Je maintiens mon affirmation : il s'agit d'une contrainte par la douleur. Que cette contrainte soit utilisée pour faire taire plutôt que pour faire parler n'y change rien. Tout détenu doit avoir le droit de s'exprimer, et même d'appeler à l'aide. J'espère que le progrès de la société se traduira par l'interdiction de ces pratiques perverses et barbares.


Je suis convaincu que ce progrès social sera le fruit d'une multitude d'actions individuelles de conscientisation telles que celle que j'ai menée.

7. Il ne m'a été rapporté aucun témoignage de virus chopé en visitant police-justice.net (rappel : ce nom de domaine ne m'appartient plus, mais une copie partielle du site est consultable sur www.webarchive.org). L'affirmation du commentaire ci-dessus me paraît donc d'autant plus étonnante. Cependant, il est effectivement techniquement possible que la police ou le renseignement civil placent des virus traceurs sur un site web, avec ou sans la collaboration de l'hébergeur.

 


François


Partager cet article
Repost0
29 juin 2009 1 29 /06 /juin /2009 13:12
Algériens torturés au Midi


Des récits qui jettent l’effroi et l’opprobre sur une partie de la police

BRUXELLES Un racket était organisé à la gare du Midi par des policiers fédéraux. Ce racket, qui s’est accompagné de violences graves, visait spécifiquement des Algériens en séjour illégal. La pratique consistait à laisser les pickpockets algériens commettre un maximum de vols à la tire et, pour les policiers ripoux, à récupérer en soirée ce qui avait été volé en journée aux usagers, dans la gare et aux abords immédiats de celle-ci.

 


Votre quotidien La Dernière Heure-Les Sports a pu se procurer le récit d’une ratonnade d’un Algérien que des policiers fédéraux avaient réussi à isoler en pleine nuit dans leur garage de la rue Couverte, 1, sous les voies de la gare du Midi. Ce qui est décrit porte un nom : ce sont des tortures. Selon ce récit, il est invraisemblable que l’officier de garde n’ait pas entendu les cris. Cet officier, lui, n’a pas été inquiété.


De nouvelles révélations (les premières dans La DH/Les Sports du 5 juin) sur ce dossier à l’instruction chez la juge, Mme Geneviève Tassin. Selon le 1er substitut Colpin, du parquet de Bruxelles, l’affaire implique 9 policiers fédéraux dont deux femmes, mais pas de gradés.

“Ils avaient attendu que notre chef, la commissaire S., soit rentrée chez elle. Cette fois-là, il était minuit et demi. C’était encore un Algérien sans papiers qu’ils avaient ramassé dans la gare. Environ 30 ans, bien connu pour vol à la tire.

 


“Après lui avoir tout confisqué et s’être partagé entre eux ce qu’il avait volé dans la journée, GSM, portefeuilles, etc, ils l’ont emmené dans le garage. Il fait sombre et sale. L’endroit est complètement isolé. Le gars savait qu’il ne pouvait compter sur personne. Il était menotté dans le dos et les policiers étaient à 4 dont Frédéric D. et Philippe M. qui avait été infirmier avant d’entrer à la police. Ils ont fait courir l’Algérien dans le garage, lui disant d’aller plus vite et l’insultant. “T’es qu’une merde. T’es même pas un chien.”

 


“L’Algérien recevait des coups. C’étaient des coups qui font mal. Des coups de bottines, de combat shoes, qui visaient la colonne vertébrale, au milieu, plus haut que les poignets menottés.

“L’Algérien hurlait. Pas des cris : des hurlements. C’était terrible. L’officier de garde, le commissaire K., se trouvait au Rapid 100 (dispatching de garde situé juste au bout du couloir venant du garage). Il ne pouvait pas ne pas entendre. Je suis formel. Il n’est pas intervenu. L’Algérien avait le visage en sang. Du sang coulait du nez et de l’arcade sourcilière.”

“C’étaient des coups à casser la colonne, à briser des vertèbres. Et c’était chacun à tour de rôle. Ils l’ont plaqué au mur et frappé dans le ventre à coups de poing. C’était un jeu pour eux. [...] L’Algérien était toujours menotté.

 


“Ils l’ont fait tomber à terre. Et ça a continué. Ils le traitaient d’”animal”, de “fils de p.”, rien de raciste par contre. L’Algérien était sur le ventre. Il y en a un qui a sauté à pieds joints sur la colonne. L’Algérien a perdu connaissance. Alors ils l’ont démenotté.

“Pour le ranimer, ils l’ont pris par les pieds et l’ont suspendu tête en bas. Ils rigolaient. En fait depuis le début ils rigolaient et se moquaient. L’Algérien a rouvert les yeux. Ils lui ont dit de déguerpir. Ils l’ont sorti par l’entrée des véhicules. Je sais qu’on lui avait aussi cassé les dents. Il n’y a aucune trace (dans les P.-V.).


On se sentait mal dans la peau de travailler avec des collègues comme ça. On a voulu dénoncer. Ceux qui l’ont fait à l’Inspection générale ont pris des risques. Ils ont été menacés en interne : il ne fallait pas que ça sorte. Deux véhicules (de policiers dénonciateurs) ont été cassés. On n’a rien jamais pu prouver.”

L’instruction du parquet porte aussi sur 8 autres faits.

Gilbert Dupont

juin,18,09

(18/06/2009)

lire aussi : Deux véritables furies

L’IG a essayé de filmer les scènes



Les deux brèves données en lien évoque l'étrange cadeau d'anniversaire fait à une fliquette bruxelloise : un algérien  à torturer à volonté. Un cauchemar.. Le pire est que personne ne bouge plus, il y a trente ans des dizaines de milliers de personnes seraient descendues dans la rue pour exiger l'exclusion des policiers en question, et des enquêtes pour dénoncer de tels faits...


Nous nous habituons à la violence...elle est banalisée, normalisée par sa mise en scéne quotidienne sur nos écrans de télévision qui mélangent violence réelle et violence fictive des films et séries.
Juste une anectode qui concerne les images d'horreur et de torture. Je vivais en Espagne, dans la montagne et ne disposait d'aucun média. Il y avait dans le village un bar épicerie où j'allais parfois me réapprovisionner. J'y suis allée deux fois, à plus ou moins deux mois d'intervalle. La télé marchait en permanence. Le hasard a voulu que les deux fois j'arrive au moment où était montrées des images de torture des prisonniers irakiens. Mes voisins buvaient tranquillement leur cervecita en regardant du coin de l'oeil, pas du tout interpellés. Moi il m'a fallu chaque fois plusieurs jours pour me remettre.


Je pense qu'il y a une banalisation de l'horreur par l'image; qu'il y a des images qu'il ne faut regarder qu'en pleine conscience et avec recueillement.
J'ai  été voir quelques images sur différents sites de ces pauvres petites choses, les bébés uranium appauvri. Une fois, c'est suffisant pour que ces images me hantent et nourissent ma volonté de combattre ceux qui sont capables de provoquer cela.
Yo. Et c'est pour cela que sur mon blog je mets des belles choses du monde et de temps en temps une photo qui interpelle.
Depuis quelques jours, je me demande d'ailleurs si ce n'est pas en partie d'être confrontés à tant de vision d'horreur au quotidien qui créée ce refus chez beaucoup de gens de prendre conscience de ce qu'ils savent en fait : les bourreaux sont parmi nouss.


Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de Anne Wolff
  • : Comprendre la globalisation, apprendre à y résister
  • Contact

Profil

  • Anne Wolff
  • Amoureuse de la vie, d'une fleur, d'un papillon, d'un arbre, du sourire d'un enfant, je m'oppose à tout ce qui conduit à la destruction systématique de ce que la nature a créé, de la vie, de la beauté du monde, de la tendresse et de la dignité
  • Amoureuse de la vie, d'une fleur, d'un papillon, d'un arbre, du sourire d'un enfant, je m'oppose à tout ce qui conduit à la destruction systématique de ce que la nature a créé, de la vie, de la beauté du monde, de la tendresse et de la dignité

No Pub

Malgré les publicités imposées dans sa nouvelles versions qui apparaissent sur ce blog,celui-ci reste un acte gratuit.

Recherche

Nouvelles formes du fascisme

"Le vieux fascisme si actuel et puissant qu’il soit dans beaucoup de pays, n’est pas le nouveau problème actuel. On nous prépare d’autres fascismes. Tout un néo-fascisme s’installe par rapport auquel l’ancien fascisme fait figure de folklore […].

Au lieu d’être une politique et une économie de guerre, le néo-fascisme est une entente mondiale pour la sécurité, pour la gestion d’une « paix » non moins terrible, avec organisation concertée de toutes les petites peurs, de toutes les petites angoisses qui font de nous autant de microfascistes, chargés d’étouffer chaque chose, chaque visage, chaque parole un peu forte, dans sa rue, son quartier, sa salle de cinéma."

 

Gilles Deleuze, février 1977.

Toutes Dernières Archives