30 mai 2013 4 30 /05 /mai /2013 23:09

 

 

 

Un bon article. A présent les élections ont eu lieu et Cartes a été élu, mais la passation de pouvoir ne va pas sans mal puisque son prédécesseur,  le président de fait Franco, est accusé – à son tour - de multiples malversations dont des détournements de fonds publics.

 

La narco-démocratie et les élections présidentielles au Paraguay

par Vicky Peláez

 

Le pouvoir d’inction par la corruption
est plus mortel que celui des pestes
(Augusto Roa Bastos, 1917 – 2005)

Dix mois ont passé depuis qu’au Paraguay la « quátriple » Alliance [1] MOICN (Monsanto, Oligarques, l’Église Catholique et les Narcos) ont présenté pour la première fois un nouveau type de coup d’État, appelé « Coup Express » ou « Coup Préventif » pour déloger de la présidence du pays, Fernando Lugo légitimement élu par son peuple en 2008.

Son prudent rapprochement à Hugo Chávez, ses timides tentatives de faire quelque chose pour améliorer la vie des 3,7 millions de pauvres (53 % de toute la population), son désir jamais réalisé d’augmenter les impôts sur les exportateurs du soja et de la viande de trois à quatre % (en Argentine ils sont de 30 % n’ont jamais autant irrité les puissants et riches nationaux et étrangers qui ont décidé de le déloger du pouvoir au « nom de la démocratie ».

Bien entendu, a aussi participé à ce complot la multinationale des transgéniques, Monsanto, à qui a déplu l’idée de Fernando Lugo d’abolir les royalties de quatre dollars que les producteurs de soja doivent payer pour chaque tonne récoltée avec sa biotechnologie « Soja Roundup Ready RR1 » et « Intenta RR2 Pro ». Il ne faut pas oublier qu’au cinquième jour de sa présidence, le nouveau président Federico Franco a octroyé de nouvelles facilités à Monsanto pour l’usage des graines transgéniques de coton, de maïs et de soja.

Les pauvres et les marginaux furent ceux qui ont le plus perdu durant ces 300 jours. Le mois suivant le coup d’état, le système de santé qui offrait une médecine gratuite aux habitants sans ressources a été aboli, de même que les allocations pour les 20 000 familles vivant dans une pauvreté extrême. Ont été votées les nouvelles lois de l’éducation qui ignorent encore plus les pauvres et l’aide sociale pour les paysans a été stoppée. Federico Franco a décidé d’effacer de la carte les organisations syndicales. Est apparue avec sa présidence une vague de persécutions politiques, de répression sociale et de licenciements massifs, alors qu’il avait déclaré que « les syndicats doivent disparaître », selon les leaders du syndicalisme national Miguel Zayas et Bernardo Rojas.

Le travail au noir a aussi vertigineusement progressé à 66 %, taux dépassé seulement par le Pérou (67 % et Haïti 92 %), absorbé par les paysans expulsés des champs par les producteurs de soja, Monsanto et Cargill qui avec leur biotechnologie industrialisent la production agricole et transforment les champs en « Désert Vert » hautement contaminé, qui implantent lentement un système « d’agriculture sans agriculteurs ». On estime que 100 000 paysans par an abandonnent leurs terres à cause des pressions et des évacuations forcées des grandes corporations et de la contamination. Si aux Etats-Unis, il y a deux semaines un texte a été approuvé, baptisé « Acte de Protection pour Monsanto » qui permet à la multinationale d’ignorer les ordres judiciaires de suspension de semence de cultures transgéniques, on peut déjà imaginer le pouvoir qu’a ce groupe dans un pays corrompu et sans loi comme le Paraguay.

Actuellement 70 % des producteurs de soja et de viande au Paraguay sont étrangers et l’actionnaire principal de l’une de ces corporations, Pampas Humedas et sa filiale Adecoagro est George Soros. Il a habilement mis de l’or et de l’argent sur la terre cultivable dont le prix mondial a monté depuis l’année 2000 de 1 200%. En même temps, il a envoyé son homme de confiance, Jordi Robinat à Asunción, la capitale du Paraguay, pour faire développer son patrimoine immobilier. Ils expérimentent aussi un développement accéléré d’entreprises d’assemblage gérant actuellement dans le pays 48 industries de ce type.

Il y a une sensation de ce que tout le pays est en vente et les scandales de corruption augmentent jour après jour. Cela fait déjà quelques jours qu’un procès a été lancé contre le président du congrès Jorge Oviedo Mato pour être le bénéficiaire de 12 millions de dollars pendant un obscur transfert d’une grande propriété rurale. Il semble que tous les hommes politiques à la veille des élections présidentielles qui auront lieu ce 21 avril essaient d’acquérir des étendues de terres appartenant à l’Etat, cultivables qui originellement étaient destinées aux 300 000 familles paysannes déplacées par les producteurs de soja. Le scandale a été si grand que le président Franco a du destituer le chef de l’Institut National de Développement Rural et de la Terre, Luis Ortigoza, un parent, qui, après avoir perdu son poste, n’a pas garder sa langue dans sa poche pour dire que la majorité des députés et de sénateurs lui ont demandé l’ attribution de terres pour eux-mêmes ou des entreprises.

La corruption est au coude à coude avec le trafic de drogue, bien qu’en 2011 le même Fernando Lugo ait signé un accord avec l’agence des Etats-Unis d’Amérique USAID , lui octroyant le contrôle sur le pouvoir judiciaire et la police nationale. Le trafic de stupéfiants a déjà plus de 40 ans dans le pays. Selon le livre d’Oliver Villar et de Drew Cottle, « Cocaine, Deathe Squads and the War on Terreur », le Paraguay s’était converti en un centre vital du cartel de la « Mafia de Corse » de la fameuse « French Connexion » au commencement des 1970. L’héroïne était transportée de la Turquie vers la ville de Marseille et de là, déplacée aux EU via le Paraguay. Les auteurs du livre disent que « par la suite la CIA a utilisé la même route qui passait par le Chaco paraguayen pour le transport de l’héroïne asiatique ».

Après s’est ajouté le trafic de cocaïne en utilisant la zone sauvage et dure du Chaco (une vaste région semi-aride et semi-humide dans la partie occidentale du pays) où existent pas moins de 900 pistes clandestines d’atterrissage et où on estime que circulent entre 60 à 70 tonnes de cocaïne par an, selon l’ex-ministre de l’intérieur, Carlos Filizzola. Ce qui est curieux, c’est que dans cette région il y a deux bases US. L’une, située dans la ville Pedro Juan Caballero, Département d’Amambay, et l’autre au Pentagone localisée dans l’aéroport Mariscal Estigarriba dans le Département de Boquerón, appartient au Drug Enforcement Agency (DEA), disposant d’une piste de décollage et d’atterrissage de 3 800 mètres de long.

Tout cela n’empêche pas que le pays soit le troisième producteur de marijuana au monde après les Etats-Unis d’Amerique (15 000 tonnes par an) et le Mexique (6 900 tonnes), selon les Nations Unies. On considère que le Paraguay apporte au marché mondial 15 % de marijuana qui oscille entre 5 900 et 10 000 tonnes par an et est très cotée dans le monde par son taux élevé d’alcaloïdes. Le gain que les cartels obtiennent par la marijuana n’est pas moins de 10 milliards de dollars par an.

Compte tenu de toute cette atmosphère de corruption, de trafic de stupéfiants et le repositionnement préélectoral des élites, qui domine la vie nationale dans le pays, on ne peut avoir de grand espoir dans les élections de ce 21 avril. Les partis de centre-gauche n’ont pu former un front uni et le Parti Guasú (FT) de Lugo a connu quelques désaccords. Fernando Lugo lui même est sur la liste de FT pour la Chambre de Sénateurs. Dans un pays avec une forte culture d’anticommunisme, les possibilités pour une gauche, y compris très modérée, ont toujours été lointaines.

Parmi les 11 postulants à la présidence, se distingue comme favori pour l’emporter le candidat de l’Action Nationale Républicaine (ANR) – du parti colorado, Horacio Cartes, homme d’affaires millionnaire, surnommé populairement le « Pablo Escobar paraguayen ». Le deuxième dans les enquêtes est le candidat par le Parti Libéral Radical Authentique (PLRA) - Parti bleu, Efraín Alegre, avocat de 50 ans et ex-ministre de Travaux publics et de la Communications pendant le gouvernement du Lugo.

Un analyste politique paraguayen respecté, Euclides Acevedo considère que « le succès des élections du 21 avril résidera dans la quantité de l’argent dont dispose chaque candidat. Seulement pour le jour« D » il doit être d’environ 1,5 millions de dollars ». De ce point de vue, Horacio Cartes dispose des plus grandes ressources mais son niveau de culture et sa mentalité pourrait s’exprimer sa déclaration suivante : « je me tire dans les couilles si un jour mon fils se déclare homosexuel ». Cependant, dans un pays plongé dans la corruption les attributs intellectuels ne sont pas requis, ni ne sont pris en considération, mais en revanche l’habileté de faire de l’argent. Cartes est pour cela en tête mais il est entouré de toutes sortes d’accusations, liées à son passé qui compte aussi un passage en prison.

En 2000 un petit avion a été confisqué par le secrétariat National Antidrogue (SENAD) avec 20 100 kilos de cocaïne et 348 850 kilos de marijuana pressée dans sa propriété le Nueva Esperanza, mais par la suite les autorités ont déterminé que l’avion avait été pris à environ trois mètres de la ferme de Horacio Cartes. En 2010 WikiLeaks a divulgué un câble de la DEA sur l’opération « Corazón de Piedra » [« Cœur de pierre »] à la Triple Frontière (Brésil, Argentine, Paraguay), en désignant Horacio Cartes « objet d’observation ». Les agents de la DEA « se sont infiltrés dans l’entreprise de blanchiment d’argent de Cartes, une organisation qui blanchit des grandes quantités de monnaie US générée de la vente de narcotiques depuis la Triple Frontière ». En 2012 la justice paraguayenne a reçu une demande de l’entreprise de tabac brésilienne « Souza Cruz », accusant celle de Cartes, « Tabesa » d’inonder le Brésil avec des cigarettes illégales. Une liste interminable d’accusations existe, mais l’homme le plus « populaire » du Paraguay les considère comme des « bêtises ».

Le deuxième préféré dans les enquêtes, est le candidat libéral, Efraín Aguirre qui a été ministre de Travaux publics et de la Communications de 2008 à 2011 pendant le gouvernement de Fernando Lugo, mais il a été destitué par le président et accusé d’un trou d’environ 30 millions de dollars. Comme Cartes, le candidat Aguirre, qui se présente avec le slogan « Alianza Paraguay Alegre », [« Alliance du Paraguay Joyeux »], n’a pas de programme politique et la seule chose qu’il promet est de créer 5 000 postes sur le champ. Il est accusé par les colorados d’être impliqué dans la vente du pays à l’étranger et de recevoir des dons des transnationales et de l’Argentine et de l’Uruguay. Ces accusations ont pris de l’ampleur après sa récente rencontre éclair avec le président de l’Uruguay, José Mujica où ils ont apparemment discuté de la vente de l’un des aéroports paraguayens.

En réalité, les libéraux parient sur leurs forces au congrès et l’appui des transnationales pour continuer avec leur politique de pillage du pays. Cependant, ils leur manquent les ressources financières qu’Horacio Cartes a pour acheter n’importe qui comme il a pu le faire pour entrer dans le Parti de l’Action Nationale Républicaine – Partido Colorado en achetant, selon le leader syndicaliste Bernardo Rojas, les 500 membres nécessaires pour changer le statut, puisque celui en vigueur ne lui permettait pas d’être candidat n’ayant pas assez d’années de militantisme dans le parti ».

Le fameux écrivain paraguayen, Augusto Roa Bastos a dit que « Chez tous les peuples existe un homme exceptionnel qui compense les différences du reste. Dans certains moments quand l’humanité se trouve collectivement en décadence, restent toujours ces êtres exceptionnels comme points de référence ». Si c’est réel, l’unique chose qui nous reste est de demander : Et au Paraguay où sont ces êtres exceptionnels ? Pourquoi n’apparaissent-ils pas ?

Vicky Peláez pour Ria Novosti

Ria Novosti. La Russie, le 19 avril 2013.

Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi

El Correo. Paris, le 25 avril 2013 La narco-démocratie et les élections présidentielles au Paraguay - El Correo

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25 mai 2013 6 25 /05 /mai /2013 19:16

 

 

Ce texte fait partie de l'ébauche dun travail plus vaste. Une modeste tentative de contribuer à faire connaître un peu mieux ce continent de lespoir si méconnu ici.

Si je devais schématiser aujourd’hui le paysage géopolitique de l’Amérique Latine, je le ferais sur trois plans.

1) La fondation : la base, le peuple le rhizome. Bien Vivre, ensemble, en paix et en bons voisins, autodétermination et souveraineté, partage et complémentarité, sont des notions clé du rhizome

2) Le fondement : venu d’ailleurs, les corporations transnationales ou Washington[i],  le réseau et la militarisation du continent au service de leurs intérêts.  Ingérence et guerre de « basse » intensité, concurrence et exploitation sont des mots clés.

 3) L’interface ;: les gouvernements nationaux plus ou moins proche les uns du peuples, les autres du pouvoir transnational, eux aussi impliqués dans un ensemble d’associations transrégionales. Trop disparates pour qu’on puisse leur trouver des mots clés communs.

Néanmoins, la création de la Celac qui regroupe tous les pays d’Amérique Latine, la reconnaissance unanime et immédiate de la légitimité du président Nicolas Maduro par tous les gouvernements du continent et d’autres indices montrent que l’idée de souveraineté régionale fait son chemin y compris parmi des gouvernements de droite. Un bon petit bout de chemin. Les peuples ont quelques longueurs d’avance et sont la locomotive de cette invention d’un continent nouveau.

Le travail qui suit est une ébauche, une synthèse de ce que j’ai pu apprendre entre rencontres, discussions et lectures, en traduisant aussi. Encore qu’il soit quasi impossible de tenter de faire la synthèse du rhizome, avec sa floraison d’organisations populaires qui s’unissent à travers différentes plateformes, locale, nationales, continentales selon des centres d’intérêts et objectifs communs. Multiplicité, diversité, horizontalité, affinité et complémentarités, selon la contingence ce sont bien des caractéristiques d’un rhizome, celui-ci s’unit à travers un principe de Fondation et Refondation. Fondation d’Abya Yala  la Grande Patrie, depuis les peuples eux-mêmes et Refondation du monde,  c’est certainement la plus belle et passionnante aventure de mémoire humaine.[ii] Ce rhizome est tellement dense et polymorphe que c’est un véritable défi que d’essayer d’en rendre compte. Il est une recherche concrète du comment vivre ensemble en bon voisins, sans table rase, mais à partir de ce qui est. La communalité et la préservation de l’existant sont des notions fondatrices de cette approche.

LE RESEAU

1. La militarisation[iii]

Les éléments territoriaux du réseau, ce sont à la fois les sites d’exploitation  que ce sont approprié les transnationales.

 Leur implantation territoriales se répartissent entre extractivisme, agro-industrie et tourisme, mais aussi les maquiladoras et RED – régions spéciales de développement - zones franches ou s’installent diverses fabriques pour les premières, sortes d’enclaves néolibérale, qui visent à devenir des mini-états extraterritoriaux, doté d’une gouvernance propre et de ses services de sécurité)

Ceci incarnant les intérêts des corporations dans la région, intérêts à vocation expansionniste dont il va falloir garantir la sécurité.

A travers tout le continent se déploie le réseau d’infrastructures militaires,  plus de 40 bases, pas toutes occupées en permanence mais toutes effectives rapidement, par « projection de pouvoir », cette organisation caractéristique des OP, Opérations Spéciales, qui leur permet de débarquer en quelques heures à peu près dans n’importe quel coin de la planète avec du matériel lourd, grâce à de longues pistes d’atterrissages (pour l’expédition de matériel lourd) et des infrastructures stratégiquement situées, parfois dormantes mais toujours prêtes à devenir rapidement opérationnelles. Ajoutons la présence grandissante dans les mers et océan de  navires de guerre encerclant le continent Sud et le surveillant et l’installation nucléaire des Malouines et nous pouvons tracer la carte des infrastructures purement made in USA présentes sur le continent.

Les nouvelles formes de guerres, la guerre diffuse dite doctrine d’Obama, mais je doute qu’il y soit pour grand-chose, réduit au maximum la présence physique de militaires étasuniens sur les lieux de conflits. Les grands foyers comme en Syrie ou en Lybie sont destinés à disparaître et on s’y retrouve devant des guerres menées sur le terrain par des mercenaires payés pour (ou des fanatiques instrumentalisés) – guerres proxy - ce qui évite d’engager l’armée US, parfois  encore ce des pays alliés sont sommés d’intervenir comme la France au Mali, récemment.

Les méthodes liées aux opérations conjointes sont plus « subtiles » et rentables. Pour bien comprendre ce qui suit, il faut garder deux choses en tête. Le coup d’état discret qui a eu lieu aux USA et qui remet le pouvoir effectif du gouvernement au Pentagone, et celui du Pentagone aux OP qui sont le bras armé des corporations. Et la notion d’hybridation. Quand je dis que les pontes du Pentagone sont au service des Corporations, il suffit de suivre leurs trajectoires professionnelles et les cercles de leurs amitiés, on les retrouve successivement dans de hautes fonctions militaires et dans de hautes fonctions ou des rôles de conseillers au service des Marchands d’Armes. Cela comme la reterritorialisation du politique sur le plan économique, avec mélange des genres est une forme d’hybridation dont nous ressentons quotidiennement les effets.

Un autre hybridation au sujet de laquelle nous devrions être vigilant concerne Les Forces de l’Ordre »[iv]. Là il nous faut comprendre les mutations stratégique qui se sont produites au cours des dernières années, pour comprendre comment à travers le monde entier les forces de l’ordre, armées ex-nationales et jusqu’aux forces de police locales ont été progressivement mises au service de l’Ordre sur base de formation à la lutte contre-insurrectionnelle. (Formations prodiguées par les OP et entraînements aux opérations conjointes) Il suffit de suivre le glissement sémantique qui conduit à utiliser indifféremment pour les mêmes terroristes et insurgés. J’ai aussi été édifiée en allant lire quelques sites militaires US, il a deux ans. La lutte contre les insurgés et la guerre asymétrique étaient alors au cœur des débats. Pas le terrorisme.

On peut prendre comme exemple la résistance afghane. Se trouve-t-on face à un pays dont une grande partie des habitants sont des terroristes qu’il s’agit d’exterminer au nom des intérêts et de la sécurité des E.U. ou sommes-nous face à une population résistante qui s’insurge contre l’ingérence étrangère, sa violence, ses destructions et les abominables conséquences de l’usage fait d’Uranium appauvri, entre autres ? Les Talibans en tant que force terroriste sont rappelons-le une invention de Brzezinski, un coup d’échec, dans le cadre de la Guerre Froide, dont il est très fier et se vante encore aujourd’hui. No Comment.

 L’Afghanistan et l’Irak ont été deux laboratoires de nouvelles formes de guerre à l’insurrection qui sont à présent exportées sur toute la planète. Comment ? Les OP parcourent la planète pour former les armées et polices du monde entier ou presque. Si on ne les retrouve ni au Venezuela, en Equateur, en Bolivie, à Cuba (ils y sont mais sous couvert en opération clandestine), selon Nick Turse ses formations avaient eu lieu dans 120 pays du monde début 2012 et 160 étaient prévus au programme. En France, ces entrainements conjoints anti insurrectionnels porte le nom d’opération Scorpion. En Belgique je n’en connais pas le nom, mais j’en mesure les effets à travers les comportements dans certains de nos commissariats où sont  utilisées, de plus en plus fréquemment, des méthodes qui constituent les premiers degrés de la torture.

Coup double pour les corporations, puisque cela permet à la Corporations des Marchands d’Armes d’imposer l’achat de leur matériel, coup triple, en augmentant les dettes des nations concernées, elles seront encore davantage obligées de se plier aux diktats des pouvoirs économistes.[v]

 

 Mais la présence militaro-répressive ne s’arrête pas là. Nous apprenons beaucoup concernant hybridations de forces de l’Ordre à travers les exemples de la Colombie et du Honduras, emblématiques et bien documentés. Aux forces traditionnelles, il faut ajouter la DEA (pseudo guerre à la Drogue),les paramilitaires nationaux en Colombie et les armées privées de mercenaires dont nous avons pu voir à Boston qu’elles marchent main dans la main avec les forces ex-nationales, d’autant que de nombreux mercenaires sont des vétérans et qu’ici aussi sont pratiqués des entraînements conjoints. On peut parler d’interpénétration. Avec cette caractéristique que ces armées privées sont souvent directement aux services des transnationales, affectées à la surveillance de leurs biens et esclaves mais aussi pratiquants des assassinats, violences et menaces contre des syndicalistes, paysans refusant les expulsions... A travers les missions de « Gardiens de l’Ordre » on constate une indiscernabilité croissante dans les missions de contrôle et répression confiées aux forces ex-nationales et privées et celles menées par les force de l’ordre ex-nationales. Au Honduras, il est courant que des policiers se transforment en sicaires pour éliminer les gêneurs ou leurs proches. En Amérique Centrale, ces mercenaires sont au moins 70 000 directement au service d’intérêts privés que défendent également la police et l’armée (voir Trucchi). Chercher à élucider les interconnexions entre intérêts transnationaux, pouvoir politique, judiciaire, armée, police, DEA, narcotrafiquants, etc. revient à plonger dans un nid de vipères dont beaucoup auraient plusieurs casquettes. Chez nous les vipères portent – encore - de la peau de couleuvre,  mais la mue a commencé qui les découvrira.

Quand on s’enfonce dans cette jungle, on découvre que les terrains ou atterrissent les avionnettes, transporteuses de cocaïne, appartiennent à telle compagnies privées ou à tel latifundiste,  qui est également  politicien, que les flics du coin sont payés pour ne rien voir et des politiciens le sont pour détourner les yeux de la corruption policière. Et parmi ces derniers, on retrouve certains de ceux qui ont comploté avec le département d’état US pour préparer le coup d’état de 2009, auquel participaient certains militaires latinos qui avait déjà réalisé celui contre Allende. Le réseau est dense, et les interconnexions sont complexes. A tel point que le combat contre le Crime Organisé que prétend mener l’ingérence US dans la région, se retrouve souvent confié à la responsabilité des criminels eux-mêmes qui sont les pupilles de Washington dans la région. Pas étonnant que ce soit un échec, mais c’est un échec qui cause des centaines de milliers de morts et détruits des dizaines de millions de vie. (6 millions de paysans expulsés de leurs terres dans l’intérêt des transnationales pour la seule Colombie.)

 La  Colombie où des proches et membres de la famille de l’ex-président Uribe ont été condamnés aux USA pour narcotrafic alors que lui-même est en ce moment mis en cause pour des collusions avec des paramilitaires incriminés dans différentes malversations. Je ne vais pas approfondir ici le cas du fasciste Uribe. Il apparait en divers lieux du réseau et jamais dans un beau rôle, il est un personnage clé de l’ingérence étasunienne en Amérique Latine, notamment par le parti transrégional (et fasciste) qu’il dirige UnoAmerica,  dans lequel on retrouve parmi ses membres tout ce que ce continent compte de militaires ayant activement participé aux dictatures sanglantes de la région. Autre composante du réseau de la militarisation du territoire.

On constate que la présence des OP et de la DEA dans le cadre d’une soi-disant guerre contre le narcotrafic qui est en réalité une guerre de contrôle et gestion de ce marché juteux, a cet avantage que j’ai déjà évoqué ailleurs de permettre de liquider discrètement les rebelles en collant sur leur cadavre une étiquette « Narco ». En Colombie, les paramilitaires abattent des civils ou des militants pacifiques, puis les affublent d’un uniforme de guérilléro dans le cadre de ce qui est bien une stratégie de la terreur.

La Terreur est indissociable de l’instauration du Nouvel Ordre Mondial ». Au Pakistan, un monsieur raconte ses terreurs nocturnes. Chaque nuit les drones survolent sa maison. (Lu aussi sur les sites militaires US : un certain nombre de morts civils dommage collatéraux - est accepté qui varie selon l’importance de la proie à abattre). Donc n’importe qui est susceptible de faire partie de ces morts « tolérables », il suffit qu’une cible soit à votre proximité au mauvais moment et vous votre femme (mari), vos enfants et le grand-père vous y passez. La fin justifiant les moyens[vi]. Le Monsieur raconte : « Chaque nuit je les entends venir de loin, (les drones) se rapprocher, je sens monter la tension et l’angoisse, la peur. Ils arrivent, ils sont sur moi, … … … ils sont passés. » Et puis, ils reviennent… non ils repassent. Ce n’est pas pour cette nuit. Il en a perdu le sommeil et vit dans un état de terreur permanent pour sa vie, celle de ses proches…

La terreur en Colombie, elle s’appelle, entre autre, « faux positif », n’importe qui, à n’importe quel moment est susceptible de se faire descendre, après on collera sur votre cadavre une étiquette narco, ou on vous enfilera un uniforme de guérillero, et tout rentre dans l’ordre, leur Ordre et chacun de vivre avec cette petite boule de terreur au fond des entrailles. J’ai rencontré des Colombiens en Belgique qui après des années loin de leur pays semblaient porter encore en permanence la peur au ventre.

 

Et donc nous avons des navires de guerre qui cernent l’Amérique Latine, de plus en plus de drones aussi, dans la mer Caraïbe, une quarantaine de bases militaires officielles à des endroits stratégiques comme les frontières des pays rebelles, Venezuela, Equateur, Bolivie. Nous avons des forces spéciales agissant sous couverture comme celle qui ont été surprises à s’entrainer en juin dernier en Bolivie où leur membres avaient pénétré séparément avec des visas touristiques, ou celles qui sous couvertures vont entrainer secrètement des groupes d’opposants dans les pays à déstabiliser. Et nous avons des OP agissant officiellement dans le cadre de cycle de formation et d’opérations conjointes qui font des armées et polices nationales des agents de leur Ordre. Nous avons la DEA et différents groupes paramilitaires ou mercenaires. Mais cela n’est encore qu’un petit aspect de la toile d’araignée que tisse la guerre de basse intensité permanente à laquelle est soumise tout le continent.

En ce moment dans cette déstabilisation permanente à laquelle sont confronté les gouvernements rebelles, la guerre psychologique joue un rôle dominant, à la fois menée par les outils de propagandes que sont les médias aux Ordres qui dominent le paysage médiatique et par un réseau d’associations, de fondations et d’ONG qui mènent plus ou moins ouvertement des missions de renseignement et de subversion au cœur de la population   érigeant en « société civile » la partie de cette dernière qui se sera laissé séduire. Et l’utilisant pour des missions de protestation destinée à l’opinion publique internationales, des missions de sabotage ou d’agression des peuples défendant la souveraineté nationale et régionale contre l’ingérence et l’exploitation menée par le Pouvoir Central. Ce mélange des genres qui associe des civils à la guerre et à la déstabilisation se regroupe sous le « concept de culture stratégique ». Une notion mise en œuvre à l’échelle planétaire.

Voilà les grandes lignes d’une remilitarisation du continent latino-américain, dont une partie – la soumission des armées et police nationales, par des conseils, formation et entrainement et exécution d’opération conjointe, guerre psychologique et création d’une « société civile » instrumentalisée par l’intermédiaire d’associations, fondations et autres ONG manipulées ou créées pour - est l’application régionale d’un programme mondial, Joint Venture 2020, celui que les pontes du Pentagone ont concocté et qui vise la « domination du spectre total », sur l’ensemble de la planète d’ici à 2020. Un programme évoqué par des auteurs latinos, mais  qui semble ignoré des auteurs francophones malgré son importance déterminante pour les luttes à venir, un programme dont l’idée qu’il pourrait se réaliser fait froid dans le dos et qui colle totalement à cette volonté de contrôle total de chacun d’entre nous exprimée par Brzezinzki et dont nous pouvons déjà observer certaines applications et éprouver certains effets au quotidien.

Et la suite quand je pourrai

Anne Wolff

 

 

 



[i] Comme il vous plaira. Le terme de corporations est fort utilisé en Amérique Latine et représente bien la réalité concrète. Washington est un symbole, le lieu d’où sont réémises des instructions décidées ailleurs parce que j’appelle Centre  du Pouvoir Transnational, celui des corporations et de leurs éminences noires comme les tristement célèbres Kissinger et Brezinski. Peu m’importe ici qui ils sont, le principe de la boite noire me convient. La boite noire, dans les processus scientifiques : sachant ce qui y entre on peut calculer ce qui en sortira, sans avoir besoin de comprendre ce qui s’est passé à l’intérieur. Le monde avec ses habitants et ses ressources comme problème est ce qui entre, ce qui sort est exprimé à Washington ou dans son annexe Bruxelles, directives pour contraindre le monde à évoluer dans le sens décidé par les participants de la boite noire. Nuance, depuis la confiscation du pouvoir politique par l’économisme l’OMC, le FMI et autres Banque Mondiale jouant un rôle déterminant, c’est pourquoi je préfère parler de Corporation ou de « Pouvoir central », les Profiteux est aussi un terme qui me convient puisque tout le système est conçu pour maximiser les profits des corporations au détriment des peuples et de la Terre et qu’ils vouent au Profit un véritable culte n’hésitant pas à sacrifier des peuples entiers sur son autel. Bill Gates nous donne l’équation et sa solution corporatiste soit : Dans l’équation de la gestion des ressources disponibles en fonction d’un mode de production-consommation et d’une quantité de population, la solution du « NOM » consiste à réduire drastiquement la population pour conserver les modes de production-consommation. A ceci près, quune nouvelle phase inouïe daccumulation de capital financier et moyens de productions (incluant la Terre, capital foncier et ses ressources) qui devrait à terme faire des corporations les propriétaires de la planète et de ses habitants. Une accumulation quantitative débouchant sur un changement qualitatif, et pas des moindre, puisque l’enjeu est l’avenir de la planète et du vivant en tant que tel. Et je ne simplifie, ni ne caricature, cela je l’ai appris par leurs textes et déclarations. 

[ii] Je pars du principe que l’humanité en tant que telle n’a jamais existé. Des foyers humains sont apparus et ont essaimés se développant indépendamment les uns des autres. Le capitalisme et sa mondialisation nous ont menés au point où nous sommes dans une relation de forte interdépendance avec tous les habitants de la planète. Ce qui nous oblige à chercher les modalités d’un vivre ensemble. Alors que les tenants du « Nouvel Ordre Mondial » nous proposent imposent en bref un monde en guerre permanente, hyper hiérarchisé, sous contrôle absolu du pouvoir central, raciste et eugéniste l’Amérique Latine des peuples (et de certains mandataires) est le terreau de l’organisation horizontale du vivre ensemble par et pour les peuples en paix les uns avec les autres et agissant non en concurrence mais en complémentarité avec un partage de savoirs,  de ressources et beaucoup d’amour.

[iii] A ce sujet par exemple De la remilitarisation de l'Amérique Centrale de  Giorgio Trucchi   

[iv] L’Ordre est aussi un terme qui pourrait désigner le Pouvoir Central en tant qu’ils sont les concepteurs (ou plutôt les héritiers des concepteurs) et promoteurs d’un projet de « Nouvel Ordre Mondial ». Parmi les promoteurs on retrouve des dynasties aristocratiques ou plébéiennes, et des cooptés, dont Bill Gates est certainement l’exemple le plus notable au stade actuel du projet.

[v] Le système-monde est le terme utilisé par des analystes latino pour décrire ce projet de « Nouvel Ordre Mondial » dans son effectivité. Il s’agit d’un système cybernétique, une modélisation du monde : comme une grande machine, donc une abstraction-réduction, qui prétendant décrire ce qu’est le monde quasi-exhaustivement, prétend aussi dicter ce qu’il doit devenir. Il faudrait au moins un livre pour développer ce thème et l’inadaptation du modèle monde-machine au vivant en évolution. Les principaux outils de ma critique se retrouvent dans « La nouvelle alliance » de Prigogine et Stengers qui ouvre des portes vers une science du vivant et de son évolution, je ne souscris pas totalement aux propositions des auteurs dans leur vision politique, par contre, c’est un incontournable pour comprendre les limites des sciences dites « exactes », leurs domaines d’application et l’inadéquation de leur application au monde vivant qui est tout bonnement catastrophique quand il s’agit de le sommer d’obéir à des lois qui ne sont pas les siennes. Le système-monde est un économisme en tant qu’il se pose comme seul mode économique possible pour la planète – les soi-disant lois naturelles de l’économie qui n’ont rien de naturel mais sont bel et bien une invention conçue dans l’intérêt des Profiteux de manière à leur permettre de phagocyter l’économie mondiale, une aberration, pensée unique et totalitarisme, la main dans la main, au nom du Profit comme fin en soi.

[vi] Ce n’est évidemment pas ma vision des choses. Les moyens déterminent la fin qu’ils constituent. Mais à nouveau ce sont deux conceptions du monde antithétiques qui s’affrontent ici. 

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23 mai 2013 4 23 /05 /mai /2013 20:45

 

 


Ce texte est un extrait du livre America Latina en la Geopolitica del Imperialismo que l’auteur, Atilio Boron, a présenté le 12 mai à la foire du livre de Buenos Aires.

Le coup d’Etat dans cette nation centro-américaine (Honduras) a mis fin aux illusions, entretenues par beaucoup, qui soutiennent que l’impérialisme aurait changé et que le pillage effréné des ressources naturelles et les méthodes brutales de domination étaient une chose du passé.

Ceux qui pensent ainsi oublient le rôle actif que joua Washington dans le coup d’Etat militaire vénézuélien d’avril 2002 et du non moins important rôle joué dans le lock-out pétrolier de la fin de cette même année ; ou ils sous-estiment ( ou ignorent) ce que fit-et continuent de faire !-diverses agences du gouvernement nord-américain comme l’Usaid et la NED, avec des ONG de ce pays, supposées indépendantes, pour déstabiliser la Révolution Bolivarienne, ou le gouvernement d’Evo Morales et provoquer la sécession de La Media Luna Orientale ( l’Est de la Bolivie, Ndt) ; ou ils méconnaissent la façon dont est suscitée la renaissance du séparatisme du Guayas en Equateur, et l’appui à la tentative putschiste de 2010, sans parler de l’incessante campagne mondiale de mensonges et de calomnies lancée contre les leaders populaires de la région.

Ils oublient aussi l’exorbitante expansion des bases militaires qui entourent avec une ceinture de fer toute la région ; de l’imposition - devant des gouvernements qui abandonnent leur souveraineté - d’une législation « anti-terroriste » conçue pour réprimer et désactiver la protestation sociale ; de la terrible offensive médiatique internationale, fixée jusque ses moindres détails et qui transforme les grands médias de la région comme les « états major » d’une droite politique toujours moins influente sans l’aide de ceux-ci.

Les descriptions précédentes parlent avec éloquence de la virulence de la contre-offensive nord-américaine mais en même temps et dialectiquement, de la force des résistances sociales qui s’opposent à ses desseins. Rien ne serait plus pernicieux dans la conjoncture actuelle que l’acceptation d’une certaine opinion qui conçoit les Etats Unis comme une puissance imprenable et invincible.

Si sa puissance continue d’être formidable il n’en est pas moins certain que, comme on l’a souligné plus haut, plusieurs de ses initiatives échouèrent du fait de la résistance tenace que lui opposèrent les peuples de la région. Ses aventures putschistes au Venezuela furent déjouées, de même que ses plans séditieux en Bolivie et en Equateur. Ils n’ont pas pu non plus empêcher la réalisation d’exercices navals conjoints entre les marines de la Russie et du Venezuela dans la mer des Caraïbes, que beaucoup des stratèges des Etats Unis conçoivent comme un lac ou une mer « intérieure ». Cela était impensable il y à peine dix ans, mais aujourd’hui c’est une réalité.

Le rejet de l’ALCA, impulsé par une massive mobilisation continentale, s’inscrit dans cette même ligne, ainsi que la croissante inefficacité des « sommets » lancés en 1994 quand était autre le climat qui régnait et que Bill Clinton mit en marche le dispositif qui était censé aboutir à l’approbation de l’ALCA , terminant ainsi le processus d’annexion économique et politique de l’Amérique latine et des Caraïbes à l’empire. L’un après l’autre les sommets se terminèrent par un revers pour Washington : celui de Trinidad et Tobago, en 2009, réincorporant Cuba au système inter-américain en dépit du véto étatsunien. Et le plus récent, à Carthagène, avec 32 chefs d’Etat déclarant que c’était la dernière réunion qui se tiendrait sans Cuba et exigeant la fin du criminel blocus que l’empire impose à l’île rebelle.

Additionnellement il faudrait ajouter une autre défaite, qui bien qu’elle se soit produite au sein d’une institution moribonde comme l’OEA , n’en est pas moins importante. En 2005, et contre la préférence affichée des Etats Unis les pays de la région élirent comme nouveau secrétaire général José Miguel Insulza, qui fut un éminent fonctionnaire du gouvernement de Salvador Allende et qui devint ainsi le premier à être élu en contrariant la volonté de Washington.

Dans un autre ordre de choses, les Etats-Unis ne sont pas parvenus à empêcher la fermeture de la base de Manta, en Equateur ; à faire échouer la politique de libération des otages des FARC en Colombie et à corriger Evo Morales pour avoir expulsé de Bolivie l’ambassadeur nord-américain (et putschiste et sécessionniste coutumier, « inventeur » du Kosovo dans les Balkans) Philip Goldberg. Ils n’ont pas pu non plus empêcher la création de l’Unasur et de son Conseil Sud-Américain de Défense et la formation, en février 2010 de la Celac, la Communauté des Etats Latino-Américains et Caribéens, dont le premier sommet s’est tenu à Caracas en décembre 2011.

En somme : la résistance des peuples a été formidable et a récolté d’importants succès. Certains de ses succès, abordés dans ce livre, se situent dans la sphère économique, faisant échec à l’application de politiques néolibérales comme les privatisations. D’autres, comme ceux que nous venons de mentionner, érigeant des obstacles insurmontables à la politique de domination de l’empire.

Le mot de la fin

Le moment est venu de mettre fin à cet écrit. De sa lecture nous en déduisons que l’époque que nous traversons fera que la lutte de nos peuples pour l’auto-détermination nationale et la construction d’une vraie démocratie sera ardue et prolongée. Mais, comme le rappelait le commandant Fidel Castro dans sa réunion avec les intellectuels le 10 février 2012, « même si on nous disait qu’il ne reste que quelques semaines de vie au monde notre devoir serait de lutter, de continuer de lutter jusqu’à la fin ».

Nous savons que les impérialistes ne se considéreront pas comme vaincus très facilement car leur défaite sera non seulement politique mais affectera de manière décisive un mode de vie basé sur le gaspillage et l’agression de la nature, qui est insoutenable à moyen terme. Ils se défendront becs et ongles et rien ne les arrêtera ; tout crime, atrocité ou acte de barbarie sera justifié en faisant appel aux prétextes et rationalisations traditionnels : la défense de la liberté, la démocratie, la justice. Et l’Amérique latine, région absolument prioritaire, sera la zone où se livreront ses premiers combats et aussi l’ultime, le final et décisif.

Les premiers, parce que les impérialistes peuvent se résigner à perdre l’Afrique, l’Asie et même l’Europe, mais jamais l’Amérique latine, et sur ces terres ils déchargeront tout leur infernal appareil militaire sur ceux qui seront perçus comme posant les plus élémentaires questions sur leur oppression. L’ultime combat, parce que détruites ses bases de soutien dans d’autres régions du monde, ils chercheront un refuge dans nos pays, se faisant les champions de l’insularité américaine, qui prétendument, mettra l’empire à l’abri de toute incursion terrestre de forces ennemies extracontinentales.

Pour cela, la lutte doit continuer sans aucune pause. La « bataille des idées » est un des scénarios de cette lutte. Pas le seul, mais elle est très importante. Ce livre prétend être une modeste contribution à cette entreprise.

Atilio A. Boron

Source : Pagina.12

Traduit de l’espagnol par Gérard Jugant

 

Source : L'empire n'a pas pu empêcher l'Unasur - Rouge Midi


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22 mai 2013 3 22 /05 /mai /2013 11:31

 

Petite précision : les mouvements sociaux vienne de créer l’ALBA des Peuples, une initiative transcontinentale (SUD), 22 pays participaient à cette fondation, dont le but est de permettre  une organisation horizontale des peuples en action, indépendamment des gouvernements ; développant ensemble leur projet de développement intégral pour la région. Les mouvements sociaux, les associations paysannes sont en première ligne de cette lutte guerre  contre le pouvoir transnational. Chaque jour, certains y perdent la vie, sont enfermés, torturés, expulsés…..

Et donc le titre de l’article est un peu réducteur, ce n’est pas à terme de souveraineté des entités abstraites états dont il est question, mais bien de celle concrète des peuples. Il ne faut jamais perdre de vue que l’Amérique Latine actuelle est une constellation d’associations populaires liées par une toile d’araignée de relations à différentes échelles. Une construction de terrain au quotidien menée par des peuples bienveillants, intelligents, créatifs et dynamiques.

Les mandataires jouent alors un rôle de catalyseur et l’état un rôle organisateur dans la mise en place des mécanismes de défense face aux agressions extérieures. Le troisième évènement notable de conquête de souveraineté est la construction d’une Ecole Régionale de Défense en Equateur… pour en finir avec la sinistre tradition de l’Ecole US ex « des Amériques » où les gouvernements du sud envoyaient leurs militaires se transformer en bourreaux et assassins de leur peuple.

Tout l’espoir du monde les accompagne dans cette construction de la communalité. Refondation du monde, d’un autre monde, digne, populaire, pacifique.

 

Articles ici  en espagnol ;

Desde los pueblos, la articulación hacia el ALBA - Marcha - Una mirada popular de la Argentina y el mundo

Otra integración es posible: Cumbre de los Movimientos Sociales del ALBA 

 

 

 

 

Quand la souveraineté des états se reconstitue face aux multinationales

18 mai par Christophe Ventura

Depuis le 22 avril, plusieurs pays d’Amérique latine (Bolivie, Cuba, Équateur, Nicaragua, République Dominicaine, Saint-Vincent et les Grenadines, Venezuela) se sont associés pour créer une « Conférence permanente des États latino-américains affectés par les intérêts transnationaux ».

Ces dernières années, la Bolivie, Équateur et le Venezuela se sont engagés dans des conflits de forte intensité contre plusieurs entreprises multinationales (Exxon Mobil, Murphy Oil Corporation, Perenco, Conoco-Philips, etc.). En jeu, la renégociation des concessions d’exploitation de leurs ressources pétrolières et naturelles par celles-ci. C’est notamment au sein du Centre international de règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), organisme rattaché à la Banque mondiale en charge de l’arbitrage des conflits entre États et entreprises en matière de droits des investissements, que les disputes se sont déroulées. Mais las de cet organisme trop favorable, selon eux, aux investisseurs privés |1|, ces pays l’ont quitté (respectivement en 2009, 2007 et 2012) pour impulser la création d’instruments régionaux de consultation et de gestion des conflits avec les entreprises multinationales des pays du Nord.

C’est dans ce contexte qu’ils ont organisé à Guayaquil (Équateur), en présence de représentants officiels invités d’Argentine, du Guatemala, du Honduras, du Salvador et du Mexique, cette première Conférence.

Celle-ci a permis de définir, dans le cadre de sa Déclaration finale, le périmètre d’action et les perspectives de l’initiative. Le document fondateur indique que, dans le contexte de la mondialisation, « les pays en développement (disposent) de ressources précieuses qui doivent être utilisées de manière soutenable pour le développement de (leurs) populations ». Il signale également que la période récente « a montré la persistance de cas flagrants de violation du droit international et de la souveraineté des États » (par des firmes transnationales). Enfin, les pays signataires considèrent que « plusieurs processus de négociations bilatérales avec des firmes transnationales sont actuellement en cours qui demandent une assistance solidaire entre les États de la région afin que ces négociations aboutissent à des résultats bénéfiques pour les peuples du Sud ».

Sur la base de cette analyse, ils s’engagent à soutenir la création, au sein de l’Union des nations sud-américaines (Unasur), d’un « mécanisme régional de résolution des différends en matière d’investissement qui garantisse des règles justes et équilibrées lorsque surgissent des conflits entre firmes et États ».

Par ailleurs, ils proposent la création d’un Observatoire international sur les contentieux en matière d’investissements dont les objectifs seront multiples : activité de veille au niveau international, production d’analyses et de recommandations pour les États faisant face à un différend avec une multinationale, réflexion sur la réforme des organismes existants, mutualisation des expériences et des avancées juridiques en matière d’arbitrage dans les conflits commerciaux, création de mécanismes de coordination et de consultation sur les systèmes juridiques entre États latino-américains, élaboration de stratégies communes pour les États face aux multinationales, mise en place de mécanismes de sollicitation des mouvements sociaux, etc.

Enfin, il s’agira de proposer la mise en place « d’espaces de coordination générale des pays du Sud » sur l’ensemble de ces questions au niveau du G 77 + Chine. Et ce, de sorte à consolider un rapport de forces entre ces pays et les multinationales dans tous les espaces institutionnels multilatéraux : Nations unies, Organisation mondiale du commerce (OMC), Fonds monétaire international (FMI), Banque mondiale, etc.

Faisant écho à cette initiative qui vise, dans le cadre d’une coopération collective, à redonner des marges de manœuvre aux États et à la souveraineté nationale face aux multinationales, les mouvements sociaux latino-américains ont adopté, le 9 mai, une « Déclaration des mouvements et organisations sociales sur les propositions de la première Conférence permanente des États latino-américains affectés par les intérêts internationaux ».

Celle-ci affirme : « Nous pensons que les États nationaux doivent non seulement avoir l’obligation, mais également la pleine liberté d’établir et d’appliquer des législations et des politiques publiques favorables aux populations et à l’environnement, et ce en complément de leurs obligations en matière de droits humains, sans devoir subir la menace d’actions ou de revendications du capital transnational ».

Et d’exprimer une solidarité avec les objectifs affichés par les gouvernements et leurs propositions (notamment la création de l’Observatoire international). Le document précise toutefois : « nous ferons preuve de vigilance pour que l’ensemble se concrétise, et de manière à ce que cette initiative ne se limite pas à la question des multinationales privées, mais concerne également les entreprises multinationales d’État ». Cette position indique la préoccupation de ces mouvements sociaux quant à la stratégie des entreprises publiques de ces pays – ou celles d’autres pays du Sud (Afrique du Sud, Chine, Corée du Sud, Inde) – dans le domaine pétrolier et minier notamment.

Quoi qu’il en soit, voici qui devrait inspirer tous ceux qui, en Europe et ailleurs, souhaitent reconquérir du pouvoir face aux forces du capital.

Lire la Déclaration des mouvements sociaux : https://docs.google.com/spreadsheet...

Notes

|1| Le Brésil, Cuba et le Mexique ne sont pas signataires de la convention CIRDI. Pour sa part, la République Dominicaine ne l’a pas ratifié. Pour en savoir plus, lire Cécile Lamarque, « Et de trois : après la Bolivie et l’Équateur, le Venezuela quitte le CIRDI ! », Cadtm, 24 février 2012.

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Source : CADTM - Quand la souveraineté des états se reconstitue face aux multinationales 

Via Mes coups de coeur

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21 mai 2013 2 21 /05 /mai /2013 12:15

 

Aujourd’hui le génocide se poursuit. Chaque jour de nouveaux meurtres, de nouvelles tortures, de nouvelles expulsions et les enfants qui meurent de faim, déracinées de leurs terres. Aujourd‘hui, le fascisme  décomplexé clame toujours plus haut son discours de haine, ses appels à l’extermination et envoie ses hommes de mains mettre en pratique les sales besognes. Eliminer la sensibilité disaient les nazis allemands, c’était un idéal. En lisant ce texte n’oubliez surtout pas qu’il se conjugue au présent avec une intensité qui ne cesse de s’accroitre alors que les corporations transnationales qui dirigent le système-monde sont en urgence de mettre la main sur les ressources du continent sud et aussi de faire taire ses voix dissidentes.

En lisant ce texte, n’oubliez pas que les horreurs décrites sont d’actualité

Un rapport alarmant sur les atrocités commises contre les Indiens du Brésil dans les années 1940, 1950 et 1960 vient de refaire surface, 45 ans après avoir été mystérieusement détruit dans un incendie.


Un couple karajá avec leur bébé mort de la grippe.
La plupart des Umutima ont été décimés en 1969
par une épidémie de grippe.
© Jesco von Puttkamer/ IGPA archive

Le rapport Figueiredo, commandé en 1967 par le ministre de l’Intérieur brésilien, avait déclenché un scandale international suite à la révélation des crimes commis contre les Indiens aux mains des puissants propriétaires terriens et du service gouvernemental de protection des Indiens (SPI). Ce rapport fut à l’origine de la création de Survival International deux ans plus tard.


Dans ce document de 7 000 pages, le procureur public Jader de Figueiredo Correia énumère les meurtres de masse, la torture, l’esclavagisme, la guerre bactériologique, les abus sexuels, les spoliations territoriales dont furent victimes les Indiens du Brésil. Suite à ces atrocités, certains peuples ont complètement disparu et de nombreux autres ont été décimés.

Le rapport a récemment été retrouvé au musée de l’Indien au Brésil. Il sera examiné par la Commission nationale de vérité qui enquête sur les violations des droits de l’homme commises entre 1947 et 1988.

L’un des faits les plus horribles de ce rapport est celui du ‘Massacre du 11e parallèle’(voir ajout) au cours duquel une avionnette largua de la dynamite sur le village des Indiens cinta larga. Trente Indiens furent tués – deux seulement survécurent et purent témoigner.

D’autres exemples relatent l’empoisonnement de centaines d’Indiens avec du sucre mêlé d’arsenic ou bien des méthodes de torture employées contre les Indiens, comme celle qui consistait à écraser lentement les chevilles des victimes avec un instrument connu sous le nom de ‘tronc’.

Les recherches de Figueiredo scandalisèrent l’opinion internationale. Dans son article intitulé ‘Génocide’ qu’il publia en 1969 sur ce rapport dans le magazine britannique Sunday Times, le journaliste Norman Lewis écrivait : ‘Depuis l’époque du feu et des épées jusqu’à celle de l’arsenic et des balles, notre civilisation a provoqué l’extermination de six millions d’Indiens’. Son article fut à l’origine de la création de Survival International la même année par un petit groupe de citoyens concernés par le sort des Indiens.

Suite à ce rapport, le Brésil lança une enquête judiciaire et 134 fonctionnaires furent condamnés pour plus d’un millier de crimes. Trente-huit d’entre-eux furent licenciés mais aucun ne fut condamné à une peine de prison pour ces atrocités.

Le SPI fut ensuite dissous et remplacé par la FUNAI, la Fondation nationale de l’Indien. Si certains de leurs territoires ont déjà été officiellement reconnus et protégés, les Indiens du Brésil continuent de lutter contre l’invasion et la destruction de leurs terres par les bûcherons, les éleveurs et les colons illégaux. Ils sont également menacés par le programme agressif de croissance économique du pays qui comporte la construction de méga-barrages hydroélectriques et l’exploitation minière à grande échelle sur leurs territoires.

Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré aujourd’hui : ‘Le rapport Figueiredo est effroyable, mais dans un certain sens, rien n’a changé : les meurtres d’Indiens restent impunis. Des Indiens sont régulièrement abattus par les hommes de main des propriétaires terriens qui savent pertinemment qu’ils ont peu de chances d’être poursuivis en justice – aucun des assassins de leaders guarani et makuxi n’ont été emprisonnés pour leurs crimes. Il est difficile de ne pas soupçonner que le racisme et la convoitise sont les causes profondes de l’inertie du Brésil qui ne semble toujours pas décidé à défendre les droits fondamentaux et la vie de ses citoyens les plus vulnérables’.

AJOUT
1- La plupart des peuples indigènes aujourd’hui isolés sont en fait les survivants (ou descendants de survivants) d’actes génocidaires subis dans le passé. Ces atrocités (massacres, épidémies, violences effroyables) sont désormais ancrées dans leur mémoire collective et pour rien au monde ils ne souhaitent entrer en contact avec le monde extérieur.

Par exemple, beaucoup d’Indiens d’Amazonie occidentale sont les descendants des rares survivants du boom du caoutchouc qui eut pour conséquence, à la fin du XIXe siècle, la destruction de cette partie de la région amazonienne et l’extermination de 90% de la population indigène, due à une montée de l’esclavagisme et de brutalités inouïes.

D’autres Indiens sont des survivants de massacres plus récents, comme ces Indiens d’Amazonie, surnommés ‘Cinta Larga’ (ceintures larges), qui ont été victimes de monstrueuses attaques de la part d’exploitants de caoutchouc brésiliens, entre les années 1920 et 1960. Le célèbre « massacre du 11ème parallèle » eut lieu en 1963 aux environs de la source de la rivière Aripuana, où l’entreprise Arruda, Junqueira & Co récoltait le caoutchouc.

Le directeur de cette compagnie, Antonio Mascarenha Junqueira, avait en réalité planifié ce massacre, sous prétexte que les Indiens Cinta Larga se trouvaient sur le chemin de ses activités commerciales : « Ces Indiens sont des parasites, ils sont immondes. Il est temps d’en finir avec eux, d’éliminer ces pestiférés. Liquidons ces vagabonds. »

Il affrêta alors un avion duquel furent largués des bâtons de dynamite sur les villages indiens. Après ce massacre, certains des meurtriers se rendirent sur les lieux du crime afin d’exterminer les derniers survivants. Ils y trouvèrent une mère allaitant son bébé. Ils assénèrent alors de coups la tête du nourrisson, suspendirent la mère par les pieds et la découpèrent en deux. Lors du procès d’un des accusés, le juge déclara : « Nous n’avons jamais vu de cas d’une telle violence, d’une telle ignominie, de tant d’égoïsme, aussi dépourvu de considération pour la vie humaine ».

En 1975, l’un des auteurs du crime, José Duarte de Prado, fut condamné à dix ans d’emprisonnement mais fut gracié plus tard dans l’année. Il déclara durant le procès : « II est bon de tuer les Indiens – ils sont paresseux et traîtres ».

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18 mai 2013 6 18 /05 /mai /2013 08:10

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En essayant de retrouver un article dont un passage disait que les étudiants des universités privées du Venezuela avaient Gene Sharp et ses méthodes de déstabilisations (pas si) douces au programme j’avais retrouvé l’article ci-dessous qui fait le lien entre les mouvements qui ont déstabilisé l’Egypte et une préparation de tels groupes de déstabilisation au Venezuela.

Et le lendemain, je tombe sur ce récit d’agression d’un groupe d’enfants qui préparent une exposition de robotique par un de ces groupes, une magnifique illustration.

Dans le texte la grand-mère fait allusion aux mains blanches des agresseurs, les « mains blanches » sont un groupe d’extrême-droite et d’extrême racistes qui pratiquent ce genre d’agression à relent de KKK. La propagande enseignée à ces « sifrinos » - gosses de riches mais aussi ceux qui essayent de leur ressembler – leur assène qu’ils appartiennent à une caste supérieure qui a été injustement dépossédée de ces prérogatives légitimes par des inférieurs colorés juste bon à être exploités.


 

 

Lors d’une action organisée par le Conseil Municipal de Libertador JAVU a interrompu de forme  violente une activité à laquelle participaient 200 enfants dans la tour El Charro

Par: Agencia Venezolana de Noticias (AVN) | 17/05/2013

 

Credito: Agencias


Des membres du groupe extrémiste Jeunesse Active du Venezuela Unie (JAVU) ont fait irruption violement hier (jeudi) dans les installations de la tour El Charro à Caracas sans tenir aucun compte de la présence de 200 enfants qui participaient à une activité à la place des Savoirs, située à l’entrée de l’édifice cité.

 

Les manifestants qui s’identifient comme étudiants de l’ (université) Simon Bolivar arrivèrent au coin El Chorro à 11h30 du matin et interrompirent une exposition sur la robotique que les enfants de préscolaire, premier, deuxième et troisième degrés d’éducation primaire réalisaient, au cours d’une action organisée par le Conseil Municipal de Libertador.


Neilibeth Miller, une des organisatrices de l’évènement qui fut agressée par les membres de JAVU, nous informe que “Est arrivé ce groupe de gamins qui se disent pacifiques et qui se mirent brusquement entre les enfants, sans s’en soucier d’aucune manière. Les enfants s’effrayèrent, sortirent en courant. Un groupe des nôtres les aborda pour qu’ils aillent manifester ailleurs et qu’ils respectent les activités des enfants, mais eux dirent que non, et par leur faute nous dûmes suspendre l’activité. »


“Après ces gamins commencèrent à chercher des problèmes, ils montèrent sur les tables où était présentée l’exposition des enfants, nous allâmes parler avec une des gamines parce qu’ils faisaient des dégâts à l’exposition et elle me lança un coup de poing, une autres d’entre eux me griffa (…). Après vinrent deux gamins de chez eux qui me lancèrent toutes les insultes qui peuvent exister », raconte Miller.

Nous avions beaucoup d’enfants, imaginez, si un de ces enfants était sorti en courant dans la rue et s’était fait renverser, il se serait produit un désastre et eux c’est ce qu’ils veulent, ils cherchent à déstabiliser le pays

Yelitza Goyo, grand-mère d’un des enfants qui participaient  à l’activité, exprima qu’elle s’était sentie fort impuissante alors que son petit-fils avait passé un an à travailler à un projet de robotique avec du matériel de recyclage et qu’il ne put faire son exposition. 

  

“Mon petit-fils a passé un an à travailler la robotique avec du matériel recyclé. Ses compagnons venaient avec beaucoup d’émotion pour réaliser cette exposition et arrivèrent ses fils à papa-maman avec des visages de sifrinitos (gosses de riches) et les mains blanches, à transgresser les droits des enfants. Par leur faute des enfants se sont évanouis, et ont eu très peur, ils ont violé les droits des enfants qui étaient ici », commente Madame Goyo.


“Quand tu viens quelque part pour manifester et que tu vois qu’il y a des enfants, il faut te retirer. Ils auraient dû se retirer, mais peu leur importait qu’il y ait des enfants, il y avait environ 200 enfants. Qu’est-ce qu’ils voulaient ? Ils n’aiment pas leur patrie, ils n’aiment pas leur pays, ce qu’ils veulent c’est que le pays s’enflammera de tous côtés », ajoute Goyo.
 


“Lutte non violente”


Daniel Alvarez, président de la Fédération du Centre des Etudiants de l’Université Simon Bolivar (USB), qui dirige ce groupe de personnes qui a envahi l’espace de la place de Savoirs, dit que leur “lutte étudiante” est supposée être “une lutte pacifique, non violente, avec des caractéristiques vénézuéliennes et surtout universitaires, qui respectent le pacifisme, la loi et l’ordre public”


Il commente le fait que ces groupes d’étudiants étudient les théories de l’étasunien Gene Sharp, qui est un idéologue des méthodes qui sont utilisées pour déstabiliser et dérouter des gouvernements qui contrarient les intérêts des EU et de l’Union Européenne.

JAVU qui a déclenché d’autres « protestations étudiantes » est lié au mouvement Otpor (mouvement financé par la CIA et qui a exécuté la campagne pour dérouter Slobodan Milosevic en Serbie en 2000).

 

Otpor s’est transformée en une entité privée dénommée Centre pour l’application des Actions et Stratégies Non Violentes (CANVA, pour son sigle en Anglais), entreprise qui agit au Venezuela depuis 2006 et conçu un plan d’action pour l’opposition en 2010, afin de promouvoir la déstabilisation du pays en utilisant de préférence des étudiants.

Traduction Anne Wolff, source originale espagnole :

JAVU interrumpió de forma violenta actividad con 200 niños en la torre El Chorro

 

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Mise en relation en 2011 entre les mouvements égyptiens et ceux à venir au Venezuela, tout bon ! Bravo Donde Vamos !

28 février 2011 

Les militants égyptiens formés à Washington et chez OTPOR

jpgImageIl est temps de regarder de plus près ces "révolutions" au Maghreb et au Moyen Orient, puisque nous commençons à avoir le recul nécessaire. Plusieurs éléments amènent à se poser des questions quant au caractère "spontané" desdites révolutions, d'autant plus qu'on a déjà connu les pseudo révolutions 'orange', 'des roses' etc. en Europe de l'Est et dans le Caucase il y a peu.

 

Premiers éléments d'interrogation, comme ça, à chaud: le rôle déterminant de l'armée dans l'ensemble de ces revolutions, l'emballement médiatique international, le silence relatif des Etats-Unis, la répétition très rapide du même scénario: facebook, manifestations, tergiversations, retournement de l'armée, pas de changement radical.

Dans le cas de l'Egypte, c'est un mouvement appelé "mouvement de la jeunesse du 6 avril" (April Six Youth Movement) qui a été l'un des moteurs principaux du mouvement de contestation. Un câble de l'ambassade US au Caire dévoilé par Wikileaks évoque ce groupe (10CAIRO99) daté de janvier 2010 évoque ce groupe et un autre, Kifaya, dont certains membres ont été arrêtés par les autorités égyptiennes en raison d'un rassemblement illégal. Le câble, renseigné par les avocats de ces groupes, précise que "certains des détenus étaient des participants du progamme 'New generation' de la Freedom House qui procurait un entraînement aux jeunes activistes". Il y avait même, en janvier 2010, un programme en cours intitulé "Project on Middle East Democracy Program", probablement le POMED. Parmi les interpellés présents lors du programme d'entraînement, Israa Abdel Fatah, bloggueuse et co fondatrice du mouvement du 6 avril.

Elle avait fait 17 jours de prison pour avoir réuni 70.000 personnes via Facebook le 6 avril 2008, mais on va y revenir.

La Freedom House avait aussi un programme sépécial pour les militants du Moyen Orient et d'Egypte (qui était parmi les quatre pays prioritaires pour la Freedom House), New Generation of advocates, destiné à donner du pouvoir à "la société civile" égyptienne et du Moyen Orient. Notamment en coachant des blogueurs reçus à Washington début 2010. Parmi les activités dudit programme:

           - "procurer un entraînement avancé en matière de mobilisation civique, de réflexion stratégique, de nouveaux médias" etc.

          - professionnaliser la société civile en matière d'information sur les atteintes aux droits humains et à "militer pour une réforme légale"

            - amener les politiques et le public à dénoncer la situation des libertés via les médias, forums etc.

En rentrant en Egypte, les militants avaient une "petite donation" pour lancer des initiatives, mais aussi des contacts à Washington et ailleurs.

La Freedom House est financée en grande partie par les Etats-Unis: en 2006, par exemple, le gouvernement fédéral lui avait versé près de 21 millions de dollars sur ses 26 millions de budget annuel. Parmi ses grands contributeurs privés (+ de 100.000$ versés en 2006, date du dernier rapport annuel disponible en ligne), on a Peter Ackerman, membre du Council on Foreign Relations de Rockefeller et adepte de la réunion Bilderberg, ainsi que diverses fondations et l'incontournable National Endowment for Democracy qui finance lui aussi moult programmes démocratiques à travers le monde.

La Freedom House a publié en 2009 une "carte de la liberté" pour chaque continent, qui différencie les pays suivant le degré de démocratie qu'elle leur attribue. Ainsi, on apprend que le seul pays totalement libre de la zone  Maghreb-Proche orient aux yeux de la Freedom House est Israël. Cinq pays sont "partiellement libres": Maroc (sans la partie saharaouite), Jordanie, Liban, Yémen, Bahrein. Tous les autres pays de la région sont considérés comme "non libres". Il convient donc, bien sûr, de les amener vers la liberté.

D'un coup, on  s'étonne moins de l'ampleur de cette 'révolution facebook' en Egypte, dont le logo (un poing fermé en blanc 150px_Otpor19fev20111sur fond noir) est le même que celui du mouvement OTPOR!, créé en 1998 et qui avait lancé les "révolutions" en Serbie en 2000 contre Milosevic, en Géorgie, avec le mouvement Kmara en Biélorussie avec Zubr et en Ukraine avec le mouvement Pora, mais il y a eu des tentatives ailleurs, comme en Azerbaïdjan avec le mouvement Kelkel ou au Kirghizistan. Des révolutions qui avaient été largement poussées par le NED (National Endownment for Democracy), l'USAID, l'Albert Einstein Istitution de Gene Sharp et la fondation Soros, qui injectaient les fonds dans divers mouvements tels qu'OTPOR.

Les révolutions en Europe de l'Est  ont été pilotées savamment par la CIA et autres agences US, qui ont financé des associations, commandé moult sondages publiés dans moult médias, secoué le bananier des agences de presse pour qu'elles répercutent les infos partout dans le monde, etc.

Bref, les scénarios tunisien, egyptien etc. ont des airs de déjà vu.

A noter: OTPOR a mis en place à partir de 2003 une sorte de centre de formation pour activistes appelé  Centre for Applied Nonviolent Action and Strategies (CANVAS), auquel serait passé le porte parole du mouvement égyptien du 6 avril, Mohamed Adel. Il se serait en effet rendu en Serbie au cours de l'été 2009, pour y apprendre à regrouper les gens et mener des manifestations non violentes.

CANVAS publie aussi beaucoup de manuels sur les révolutions non violentes, sans se rendre compte que si les Etats Unis n'étaient pas derrière eux, les choses se seraient passées comme d'habitude avec les révoltes populaires. L'une de ces publications est intitulée "la lutte non violente en 50 points", publié dans de nombreuses langues dont le français, et qu'on retrouve sur le site du mouvement du 6 avril.

Exemple d'application de ces superbes formations, lors d'une grève dans une usine textile au printemps 2008, des militants ont crée une page facebook pour les soutenir, mais aussi organiser des actions de soutien et autres manifestations, ce qui a donné le regroupement du 6 avril. Début décembre 2008, six militants du 6 avril étaient venus  deux semaines aux Etats Unis, où ils  avaient rencontré des "officiels US" et de membres de différents think tank, et s'étaient rendus à l' "Alliance of Youth Movements summmit", dont le but était un "changement démocratique en Egypte", comme le mentionne ce câble diplomatique de décembre 2008.  Pas de bol, les services égyptiens leur ont piqué tous leurs documents quand les militants blogueurs sont arrivés à l'aéroport du Caire.

A ce moment, il semble que les mouvements d'opposition, "6 avril", Kifaya, Frères Musulmans, Parti socialiste, s'étaient déjà mis d'accord pour lancer une action avant les élections présidentielles égyptiennes de 2011, un plan que l'ambassadeur qualifiait alors d' "irréaliste".

Suite à cela, les US et les activistes ont cherché à mieux préserver leurs identités, conseillés par les Etats unis, qui leur ont aussi filé un peu d'argent à cet effet.

Mubarak_2_1_11_webEntre parenthèses, Moubarak avait dénoncé un complot de l'extérieur, de même que Ben Ali, et comme par hasard ils  se sont tous les deux retrouvés dans le coma quelques jours après leur éviction.Enfin passons.

Dans la nuit du 2 au 3 février, donc, le mouvement du 6 avril a lancé un appel "à tous les défenseurs des droits de l'Homme".   

En fait, les Etats Unis se demandent depuis un bon moment qui va succéder à Moubarak, et en mai 2007 déjà, l'ambassadeur US décrivait l'incertitude qui régnait à ce sujet. Son fils Gamal? Un coup d'Etat militaire? D'autres câbles montrent l'attention portée par l'ambassade US aux tracas rencontrés par les blogueurs subversifs en Egypte, ou bien l'attention tout particulière pour El Baradei, ex chef de l'AIEA (agence de l'énergie atomique), qui semblait avoir le vent en poupe il y a un an. A ce moment, le mouvement du 6 avril et le parti d'opposition El-Gahd travaillaient à ce qu'il arrive au pouvoir, et un groupe Facebook lancé pour sa candidature avait déjà 64.000 membres. 

Mais il semble que la rue n'ait pas embrayé. Aujourd'hui, c'est le Conseil Suprême des Forces Armées qui a pris le pouvoir en Egypte, et ses propositions pour un changement démocratique seront votées par référendum avant les élections prévues d'ici six mois. Mais, l'armée ne semble pas pressée d'accorder plus de libertés démocratiques, comme par exemple en facilitant la création de partis politiques, ce qui agace quelque peu une partie des opposants à Moubarak. En outre, elle a aussi laissé en place nombre de ministres de Moubarak, comme ceux de la Défense, de la Justice, des Affaires étrangères ou de l'Intérieur, placés par Moubarak avant son départ. 

Les procès en cours contre d'anciens ministres et contre des hommes d'affaires véreux proches du régime montrent que la population veut solder les comptes. Des manifestations dénoncent encore la corruption et réclament le départ d'Ahmad Shafiq, qui dirige le gouvernement par intérim, ainsi que des ministres de la Justice et des Affaires étrangères, ainsi que celui des gouverneurs nommés par Moubarak et qui sont encore en poste.  

Déjà, des manifestants accusent l'armée de trahison. Ils veulent rester sur la place Tahrir, mais l'armée , qui veut absolument empêcher une contre révolution, en a décidé autrement et n'a pas hésité à tirer sur la foule et à arrêter des "insurgés" dans la nuit du 25 février. Reprise en main sévère, donc, de la part des forces armées. Le risque pour la population est de se retrouver avec un régime militaire imposé, ou bien avec des gouvernants fantoches qui font exactement tout ce que les Etats-Unis leur demandent. L'option religieuse est également possible, mais il serait très étonnant que Washington laisse faire.

 

La prochaine au Venezuela?

 

 cartel_huelga_hambre_oea_2011

On notera que les Etats Unis n'ont pas financé les révolutions zapatistes au Mexique, les associations paysannes de Bolivie ou les jeunes Grecs qui s'insurgent contre les mesures d'austérité du FMI. Par contre, ils financent des mouvements de jeunes libéraux au Venezuela, où le plan a échoué jusqu'à présent. D'ailleurs, même les coups d'Etat classiques ont raté dans ce pays. 

La Freedom House s'intéresse également beaucoup au Venezuela, où elle travaille avec les "défenseurs des droits de l'homme" auxquels elle procure une "assitance technique", un "entraînement", à qui elle fournit de la documentation afin qu'ils compilent consciencieusement toutes les violations des droits de l'homme dans le pays. Cela va sans dire, le Venezuela est aux côtés de la Bolivie, de l'Equateur, de la Colombie ou du Mexique notamment dans la catégorie des pays à moitié libres.

J'ai déjà évoqué les tentatives de déstabilisation du Venezuela de la part des Etats Unis, et les nombreuses associations civiques ou d'entrepreneurs dynamiques financées par les agences US et autres fondations: USAID, National Endowment for Democracy (NED),  Office of Strategic Influence (OSI), Rendon Group... L'USAID y est très active depuis l'électiond e Chavez en 2002, via son Office of Transition Initiatives (OTI), qui mène un programme gouvernemental de soutien à la stabilité "démocratique", via un financement d'organisations de "la société civile" et des "leaders politiques" triés sur le volet, c'est-à-dire favorables aux Etats Unis et à une politique libérale. Plus de 20 millions de dollars ont ainsi été versés par l'OTI et l'USAID depuis 2002.

Il se trouve que la Freedom House et OTPOR y ont essaimé également. Début février 2011, des étudiants, qui constituent avec les riches les principales forces d'opposition à Chavez, ont mené un grève de la faim pour réclamer la libération de "prisonniers politiques", grève qui, étrangement, a eu un impact médiatique considérable pour une grève menée par une dizaine d'étudiants au fin fond de l'amérique latine, où les indiens et paysans se font massacrer à chaque manifestation ou presque. A tel point que dès le 19 février, le département d'Etat US a affirmé son "soutien inconditionnel" aux étudiants grévistes, et que le 23, le gouvernement Obama a dit qu'il était "préoccupé par ces jeunes qui risquent leur vie" (sic.). Tous les jours, les médias ont fait le compte du nombre de grévistes de la faim, qui a pu approcher des 80 à un moment.

Les grévistes ont cessé leur action le 27 février. Ils réclamaient la venue de représentants de la Commission Interaméricaine des Droits de l'Homme et de l'Organisation des Etats Américains (OEA, devant le siège delaquelle s'est déroulée la grève) pour observer les violations des droits de l'homme et les conditions de détention des "prisoniers politiques", ce pour quoi Washington les a fortement appuyés. Les "prisonniers politiques" dont ces étudiants réclamaient la libération sont des gens comme la juge María Lourdes Afiuni, qui a relaxé un banquier et homme d'affaires véreux de manière frauduleuse d'après les autorités, et s'est retrouvée en prison en décembre 2009. L'homme d'affaires dénommé Eligio Cedeno a fui aux États Unis, une vraie terre d'accueil pour les opposants vénézuéliens. Lui aussi a été qualifié de "prisonnier politique" alors qu'il était poursuivi pour banqueroute frauduleuse et trafic de devises.  

354955350_48af57b741Autres "prisonniers politiques" visés, des députés comme Biagio Piglieri ou Freddy Curupe, poursuivis pour corruption (une pratique des plus courantes sur le continent, mais les députés de gauche massacrés en Colombie inquiètent moins les Etats Unis), ou José Sanchez, poursuivi pour homicide.  Tous passent pour des martyrs du chavisme auprès de l'opinion US et tous sont passés de la prison à la détention -préventive- à leur domicile à la suite du battage médiatique en leur faveur.       

Le leader de ces étudiants, un "fils à papa", s'appelle Lorent Saleh, le porte parole de "Juventud Activa Venezuela Unida" (JAVU), qui a sa page Facebook, à laquelle moult blogs sont reliés. La JAVU affirme être soutenue par un groupe dénommé "Organismo Táctico Para Orientar la Resistencia": OTPOR.

Comme en Tunisie et en Egypte, on a vu au Venezuela certains membres de l'armée affirmer franchement leur sympathie avec les étudiants, comme le General Antonio Rivero, ce qui constitue en gros la deuxième étape dans le processus de "transition", après la mobilisation des gens et des médias, et avant que l'armée retourne sa veste. Il se trouve que ledit général s'épanche depuis un moment dans les médias, expliquant que l'armée vénézuélienne -insulte suprême- est en cours de "cubanisation" et infiltrée par les cubains. Juste avant de défendre la cause des grévistes de la faim, Rivero a rejoint le parti Voluntad Popular, financé lui aussi par l'USAID qui a offert plus de 600 "donations" à des partis, associations et universités du pays.

On peut donc dire que le décor est planté en ce qui concerne le Venezuela. Comme, d'ailleurs, d'autres pays sur les listes de l'USAID etc.

 

Source :
février 2011 : Tous les messages - donde vamos

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16 février 2013 6 16 /02 /février /2013 17:45

 

 

L’Amérique centrale se remilitarise

Giorgio Trucchi | Opera Mundi / Alba Sud

 

La Guerre contre les drogues impulsée par Washington est en train de remilitariser la région. Mais ses vrais objectifs sont liés à une volonté de repositionnement politico-militaire, à l’exploitation des ressources naturelles et à la répression sociale.


  Crédito Fotografía: Militarización de Centroamérica. Fotografía de Juan Chinchilla.

Le 7 août 1987, la signature de l’Accord de Esquipulas II par les Présidents du Guatemala, du Salvador, du Honduras, du Nicaragua et de Costa Rica marque le début d’un processus qui conduit à la fin des conflits armés internes. Les guerres civiles Centraméricaines trouvèrent leur place dans le cadre de la Guerre Froide et laissèrent un solde de centaines de milliers de victimes dans la région.

Cet évènement historique non seulement témoignait d’une première  prise de distance des gouvernements centraméricains d’avec les deux superpuissances d’alors – États-Unis et Union Soviétique – sinon qu’il ouvrait le chemin pour la pacification et la démilitarisation de l’Amérique Centrale, par le moyen d’une réduction drastique des forces militaires et de l’armement.

Vingt-cinq ans plus tard, cette même région est secouée par une vague de violence sans précédent. L’avance du crime organisé en relation avec le narcotrafic, associé à de hauts indices de pauvreté qui affectent la grande majorité de la population, ont converti les pays centraméricains en corridor de transit de drogues vers les Etats-Unis.

Dans de nombreux cas les institutions ont été infiltrées par les cartels de la drogue et les bandes criminelles, minant la déjà fragile institutionnalité démocratique qui, avec difficulté s’était construite dans l’après-guerre 

Une situation fort compliquée, surtout pour les pays du Triangle Nord – Guatemala, El Salvador et Honduras – qui ont atteint des indices de violence et de criminalité parmi les plus élevés du monde et un taux d’homicide qui dépasse ceux de différents pays en guerre.

Selon William Brownfield secrétaire d’Etat adjoint pour les Affaires Internationales de Narcotiques, à présent la menace la plus grande pour les Etats-Unis s’est déplacée en Centramérique, « où les trafiquants et les bandes criminelles facilitent le flux de 95% de toute la cocaïne qui arrive sur « le territoire nord-américain ». Le Département des Etats-Unis assure que plus de 70% de cette quantité transitent par le Honduras.

Face à ce scénario préoccupant et avec l’objectif déclaré de combattre les dommages causés par les narco activités, les EU ont retourné récemment le regard vers l’Amérique centrale. D’un côté ils ont constitué et impulsé leur présence militaire, le travail de renseignements, la capacitation des forces de sécurité nationales, et d’autre part ils ont implantés les techniques et technologies militaires appliquées à de nouvelles tactiques de guerre.

Les principaux instruments de cette nouvelle stratégie “belliqueuse” ont été l’Association de Sécurité Citoyenne d’Amérique Centrale, lancée par le Président Barack Obama en 2011 durant sa visite au Salvador, et la CARSI (Initiative Régionale de Sécurité pour l’Amérique Centrale), la version centraméricaine de l’initiative Merida et du Plan Colombie.

De fait il s’agit de la principal structure d’application et de financement des EU dans la région, avec laquelle ils prétendent coordonner les pays centraméricains avec les institutions financières internationales, le secteur privé, la société civile et le SICA (Système d’Intégration Centraméricain) « pour former, professionnaliser et doter les Forces de Sécurité des Etats », ainsi que pour les appuyer dans le combat direct contre le narcotrafic », souligne Brownfield

Remilitarisation

Durant sa visite au Honduras en mars de l’année en cours, le vice-président des Etats-Unis, Joe Biden, accompagné par le directeur des Affaires de l’Hémisphère Occidental du Conseil de Sécurité Nationale Dan Restrepo, dit que, malgré la crise économique, son pays va maintenir les contrats conclus avec la région.

Selon des données du Département d’Etat, entre 2008 et 2012, l’aide financière annuelle destinée par Washington à la région centraméricaine pour la lutte contre le narcotrafic a augmenté de 75% atteignant un total de 496 millions de dollars. Pour 2013, l’administration Obama a sollicité du Congrès  l’approbation d’un nouveau montant de 107 millions.

Un  rapport du SIPRI (Institut International d’Investigation de La Paz), met en évidence le fait qu’en 2011 l’Amérique Centrale et les Caraïbes ont totalisé des dépenses militaires conjointes s’élevant à 7 milliards de dollars, soit 2,7 % de plus que l’année antérieure. Le troisième pays avec la plus grande augmentation fut le Guatemala 7,1%. A la tête des pays qui investissent le plus dans le secteur guerrier dans le monde les Etats-Unis restèrent en tête avec 711 milliards en 2011.

 

 

 

Militarización en el Bajo Aguán, Honduras. Fotografía de Giorgio Trucchi. 

Le Guatemala avec l’appui économique et technique des EU, créera une force militaire pour combattre le narcotrafic dans l’Océan Pacifique et dans la région de San Marco à la frontière avec le Mexique. La même chose est en train de se produire au Honduras avec la création de la nouvelle force de sécurité, Tigres (Troupes de renseignement et Groupes de Réponse Spéciale de Sécurité). Pendant ce temps les gouvernements du triangle Nord, en coordination avec le gouvernement Nord-Américain et la participation d’autres pays d’Amérique Latine et d’Europe lanceront « l’Opération Martillo », un effort multinational qui fait partie de la nouvelle stratégie de sécurité régionale du gouvernement Nord-Américain et de la CARSI pour combattre le crime organisé transnational.

L’Institut International d’Etude Stratégiques enregistre que, entre les années 2009 et 2010, il y eu une augmentation de presque 2000 effectifs dans les forces militaires du Guatemala et du Salvador, et que le Honduras espère en faire autant dans les prochaines années. Cette augmentation fut moindre dans le reste des pays de la région.

De la même manière, l’Atlas comparatif de la Défense en Amérique Latine et dans les Caraïbes (2010), élaboré par RESDAL (Réseau de Sécurité et de Défense d’Amérique Latine) met en évidence que de 2006 à 2010, le Salvador expérimenta une augmentation de presque 20% dans son budget de défense, le Guatemala presque 16%, Nicaragua 9% pendant que l’augmentation au Honduras fut de 64%.

Dans le cas particulier du Honduras en 2011, le Pentagone augmenta ses dépenses militaires dans le pays de 71¨% par rapport à l’année antérieure. Malgré la grave crise économique, politico-institutionnelle et sociale qui sévit au Honduras depuis le coup d’état de 2009 et les dénonciations répétées de corruptions, violations des droits humains et collusion avec le crime organisé dirigées contre la Police Nationale, les EU lui octroient  53,8 millions de dollars et ont prévu de continuer avec leurs programmes.

Quoique sans compter sur l’armée –mais bien avec des forces de sécurité fortement militarisées – Panama et Costa Rica ne restent pas en arrière dans cette course à l’armement. Selon Roberto Cajina, membre de la Junte Directive de RESDAL, ce processus de remilitarisation s’exprime sous différentes formes ; comme par exemple l’acquisition d’un nouvel armement aérien, naval et de terre, mais aussi à travers la présence massive d’effectifs militaires et de moyens navals, terrestres et aériens étasuniens, à la demande des institutions de l’Etat comme c’est le cas au Costa Rica.,

En 2010, le Congrès de Costa Rica autorise l’arrivée de 46 navires de guerres et de sept mille effectifs des troupes étasuniennes sur les côtes du Costa Rica pour réaliser des  opérations militaires, des missions antinarcos et de prétendues missions humanitaires dans la région. En juillet de l’année en cours, les députés ont autorisé l’entrée, l’amarrage, le débarquement et la présence permanente dans les eaux territoriales du navire de guerre USS Elrod.

Le Nicaragua maintient le profil bas et donne une  information insuffisante concernant la gestion et l’usage de son budget annuel, ainsi qu’au sujet de ses investissements militaires. Cependant grâce à l’appui du gouvernement sandiniste et de ses députés, il y eu d’importantes modifications de sa base juridique au moyen de l’approbation de loi qui lui confèrent d’importantes dotations de pouvoir et de nouveaux et plus grands espaces d’autonomie.

Militarisation de la sécurité publique

Un autre élément souligné par Cajina est la croissante participation des armées dans la dite “guerre contre les drogues”, laquelle a conduit à la militarisation des polices et à la « policisiation » des armées. En effet, dans les pays du Triangle Nord, on a légiféré pour que les militaires puissent accomplir des tâches d’ordre public. « Peu à peu s’efface la fine ligne rouge qui sépare Défense Nationale et Sécurité Publique, une menace émergente réelle contre les faibles processus de construction d’une institutionnalité démocratique en Amérique Latine », dit Cajina

 

 

 

Militarización en el Bajo Aguán, Honduras. Fotografía de Giorgio Trucchi. 

A ce propos, le VIème Rapport Centraméricain sur les Droits Humains et les Conflits Sociaux, élaboré par différentes instances de droits humains de la région, signale que la militarisation à laquelle a été soumise la sécurité publique en Centramérique serait en train de dénaturer les institutions policières.

“Le fait même de déplacer nouvellement l’armée dans les villes centraméricaines, non seulement ne s’est pas traduit par une réduction des indices de violence et de la criminalité, mais au contraire, ils ont augmenté, l'armée servant d’outil pour freiner les rébellions de malaise social contre des systèmes oppresseurs qui  lancent les populations dans la marginalité sociale et la pauvreté » signale le rapport final.

Et si ceci ne suffit pas, il faut savoir qu’il existe en Amérique Centrale, une véritable armée d’agents de sécurité privée. On a calculé qu’il y aurait presque 70 000 gardes fortement armés qui travaillent pour 717 entreprises de la région formant partie de la nouvelle militarisation régionale et qui en plus ont des méthodes très particulières.

“Dans la nouvelle organisation militaire centraméricaine post années 90, la majorité des armées ont dirigé leurs pas vers l’administration d’entreprises productives ou de service. Ce sont les nouveaux entrepreneurs, les nouveaux investisseurs et le lieu où se conjugue le pouvoir militaire et le pouvoir économique du nouveau libéralisme des temps modernes », assure la journaliste Dea Maria Hidalgo 

Les EU envoient des troupes

L’autre visage du processus de remilitarisation de Centramérique est le repositionnement militaire des EU. Les Nord-Américains ont recommencé à faire résonner les bruits de leurs bottes militaires sur le sol de Centramérique, cette fois avec de nouvelles techniques et technologies.

Après avoir réactivé la ‘4ème flotte en 2008, installé de nouvelles bases militaires (iles de Guanaja et Caratasca) et trois bases d’opérations avancées (Puerto castilla, El Aguacate et Mocoron) au Honduras et renforcé les bases existantes, les EU ont approfondi le programme de formation et d’entraînement militaire des troupes nationales, ils ont intensifié les manœuvres militaires dans les alentours du Canal de Panama, il ont promu l’usage de sous-traitants pour des tâches de réponses rapide et ont déployé de forts contingents d’agents spéciaux de la DEA (Drug Enforcement Administration)

Todd Robinson, sous-secrétaire adjoint au bureau des Affaires Internationales des Narcotiques et d’Application de la Loi, déclarait récemment dans une entrevue avec la BBC Mundo, qu’il n’existe pas de guerre contre la drogue, sinon une décision politique pour aider ces gouvernements à protéger leurs citoyens et nous protégeons les nôtres.

Il est cependant chaque jour plus évident que l’administration Obama est en train d’impulser et de développer sa formule pour un nouveau mode de guerre étasunienne. Selon le portail de TomDispatch, dans cette seconde décade du nouveau siècle, il faut oublier les invasions à grande échelle comme dans le passé récent, il faut penser en termes de « forces d’opérations spéciales qui agissent indépendamment, mais qui aussi s'entraînent ou combattent conjointement avec les militaires alliés dans le monde entier. »

En plus de cela, il faut attendre un investissement chaque fois plus profond vers « la militarisation de l’espionnage et du renseignement, l’usage de drones, ainsi que le lancement d’attaques cybernétique et d’opérations conjointes du Pentagone avec des organisations gouvernementales civiles toujours plus militarisées, explique ce portail.[i]

Il s’agirait “d’opérations militaires confuses”, ce qui veut dire une espèce de version organisationnelle de la guerre dans laquelle « un Pentagone dominant fusionne ses forces avec d’autres agences gouvernementales, comme la CIA, le Département d’Etat et la DEA, et des forces mercenaires étrangères, dans de complexes missions combinées.

C’est une stratégie qui a un impact fort sur les populations et a provoqué de fortes critiques de la part de larges secteurs de la société centraméricaine. Selon eux, non seulement la lutte contre le narcotrafic a échoué et n’a pas résolu les graves problèmes reliés à ce phénomène, sinon que derrière ce processus de remilitarisation de la région sont occultés, les vrais objectifs des EU et de leurs alliés centraméricains : leur repositionnement politico-militaire dans la région, le contrôle et l’exploitation des principales ressources naturelle et la criminalisation des protestations sociales , avec de très probables augmentations de la violence et de la répression.

 

Ce reportage a été publié originellement en quatre parties dans le périodique brésilien Opera Mundi. La traduction espagnole a été réalisée par son auteur et publiée sur le blog Nicaragua y más.

Giorgio Trucchi est le correspondant pour l’Amérique centrale du Système d’Information de la Rel-UITA(SIREL). Il collabore également avec le périodique digital Opera Mundi et ALBA SUD, où il gère son blog  Pueblos en Resistencia

Traduction française Anne Wolff

 

De la remilitarisation de l'Amérique Centrale 2

De la remilitarisation de l'Amérique Centrale 3

De la remilitarisation de l'Amérique Centrale 4



 

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16 février 2013 6 16 /02 /février /2013 17:38

 

L’Amérique centrale se remilitarise

Giorgio Trucchi | Opera Mundi / Alba Sud

 

Partie 2

II 

La guerre contre les drogues est un échec” dit Laura Carlsen, directrice du Programme des Amériques.

 


 

 

Laura Carlsen. Fotografía de Nino Oliveri.  

Le modèle de lutte contre le narcotrafic et le crime organisé impulsé par les États-Unis en Centramérique non seulement a bruyamment échoué, mais en plus il a amené avec lui un approfondissement de la violence contre les populations locales et la remilitarisation du territoire mettant à découvert des intérêts occultes qui tendent à diriger et à intervenir dans les processus émancipateurs et unitaires de la région.

En partant de cette analyse, la politologue et directrice du Programme des Amériques du CPI (Centre pour la Politique Internationale) Laura Carlsen assure dans une conversation avec Opera Mundi que l’unique manière de combattre, et de mettre en déroute les activités liées aux narcotiques, est de promouvoir un modèle qui se construira depuis la base,  avec la participation citoyenne et la recomposition du tissu social, détruit par les politiques néolibérales des ultimes décennies.

Quelles sont les caractéristiques du modèle de combat du narcotrafic impulsé par les EU au Mexique et à présent exporté en Amérique Centrale ?

Laura Carlsen : C’est un modèle basé sur la militarisation du territoire et l’affrontement direct pour l’interdiction et la confiscation des drogues illégales, ainsi que pour la détention ou l’élimination des membres des cartels de la drogue. Cela, par définition, implique d’affronter la violence avec encore plus de violence et le résultat est une augmentation exponentielle du nombre des morts. Jusqu’ici on compte que le combat contre le narcotrafic et le crime organisé au Mexique a laissé un solde de plus de 6O OOO morts.

Quel est le bilan de ce modèle ?

Cela a été un échec total. Cela a généré de hauts indices de violence, n’a pas arrêté le flux de drogues illicites qui entrent aux EU et jusqu’à la détention des capos (chefs) de la drogue n’a pas mis un « frein » au commerce. Au contraire, leur capture a déchaîné une guerre entre les cartels pour assumer le contrôle de territoire, générant encore plus de violence.

L’administration du président Obama a-t-elle amené quelque changement ?

L’Initiative Merida fut initiée en octobre 2007 comme un plan d’une durée de trois ans. Ce que fit Obama se fut de lui donner de l’expansion, de l’intensifier  et de l’étendre de manière indéfinie. Pour la première fois, les EU se sont mêlés directement de la gestion d’aspects liés à la sécurité nationale du Mexique. C’est un changement structurel très préoccupant, qui à présent est projeté sur l’Amérique Centrale au moyen de la CARSI (Initiative régionale de sécurité pour l’Amérique Latine. Un des premiers effets que nous observons est la remilitarisation de ces pays et une dynamique de violence croissante contre la population et d’augmentation des violations des droits humains.

Quel intérêt aurait les EU à reproduire un modèle qui est un échec ?

Ce pays n’est pas prêt à analyser ni même le pourquoi de cet échec et il reçoit de fortes critiques, jusqu’à celles des gouvernements de la région. Pour nous, cette attitude révèle que derrière la militarisation, il y a des intérêts forts puissants.

 

De quels intérêts  sommes-nous en train de parler ?

En premier lieu garantir les énormes bénéfices de l’industrie de la guerre » qui est radicalement majoritaire aux EU. Ce sont des milliers de millions de dollars qui entrent dans le pays à travers la vente d’armes et d’équipements militaires, l’emploi d’entreprises de sécurité comme les Blackwater et l’implantation de systèmes électroniques et d’espionnage de la population.

En second lieu, il y a un intérêt géopolitique, Les EU veulent obtenir plus de contrôle sur les stratégies de sécurité internes des pays centraméricains, par-dessus tout, à présent que différents gouvernements progressistes ou de gauche se sont installés en Amérique  Latine, des gouvernements qui ne partagent pas les politiques néolibérales et impulsent des processus innovateurs. En ce sens les EU cherchent à renforcer leur présence militaire pour affronter ce qu’ils considèrent comme une menace contre leur traditionnelle hégémonie dans la région.

Il y a également un grand intérêt pour les ressources naturelles de ces pays…

C’est un autre point directement lié à la militarisation et qui a un précèdent en Colombie où, avec le prétexte du Narcotrafic, plus de cinq millions de personnes ont été déplacées. Et le plus absurde c’est qu’à présent, le Département d’Etat nord-américain présente la Colombie comme un exemple de sécurité et un modèle qui doit s’exporter sur tout le continent sud-américain. Au Mexique, par exemple, à travers l’Initiative Merida. Les EU ont militarisé le TLCAN (Traité de libre-échange d’Amérique du Nord) pour sauvegarder leurs intérêts commerciaux et protéger l’investissement étasunien dans les ressources naturelles. Enfin, il s’agit de ceci : une militarisation qui non seulement protège les investissements étrangers, sinon qu’elle provoque un processus de déplacement massif et de dépopulation des régions où se trouvent les ressources naturelles.

Dans différents pays d’Amérique Centrale, les protestations sociales contre l’exploitation des ressources naturelles ont été criminalisées. Vous partagez cette préoccupation ?

Il n’y a aucun doute, la protestation sociale est réprimée, par-dessus tout, dans les pays du Triangle Nord. Il y a une criminalisation accompagnée d’une répression des organisations qui luttent contre l’industrie minière, les méga projets hydroélectriques et touristiques, l’expansion de monocultures à grande échelle. Nous devons approfondir l’analyse et les enquêtes pour obtenir les éléments suffisants qui nous aident à prévoir ce que vise cette répression.

Quel rôle joue la DEA (Drug Enforcement Administration) et le flux d’argent qui finance la lutte contre la drogue en Centramérique?

Nous avons essayé d’enquêter sur les flux d’argent qui alimentent la lutte contre le narcotrafic, mais ce fut extrêmement difficile à cause du manque de transparence. Dans certains pays, comme le Honduras et le Guatemala, les agents de la DEA sont autorisés à circuler armés et à tirer contre des civils, ce qui est absurde et représente une violation absolue de la souveraineté nationale et des droits humains internationaux. En plus, nous avons documentés les souffrances que cause la criminalisation des protestations et en particulier l’impact sur les femmes. Lamentablement cette situation choque par le total désintérêt montré par le Département d’Etat nord-américain.

Quels sont les impacts de cette politique sur les femmes ?

Il y a un indice élevé de harcèlements, tortures et violences sexuelles. Les femmes fréquemment prennent la direction des luttes de défense de leur communauté et de la protestation sociale contre le processus de militarisation et l’exploitation des ressources naturelles. Dans le cas du Honduras, cette situation coïncide avec l’augmentation de la violence qui trouve son origine dans le coup d’Etat et qui a augmenté avec le régime actuel de Porfirio Lobo.

Il faut également souligner la répression déployée contre l’opposition au coup d’état et l’usage d’une supposée lutte contre le narcotrafic pour réprimer l’opposition politique. Et tout cela au milieu d’une totale impunité. Au Honduras, les cas qui arrivent à une sentence judiciaire sont de moins de 2% et les plaintes pour corruption des institutions sont à l’ordre du jour.

La situation au Guatemala est également fort préoccupante. Les communautés, qui ont toujours en mémoire les horreurs de la campagne militaire génocidaire des années 80, voient que leurs territoires en reviennent à être militarisés et leurs gens réprimés

Alors comment combattre alors la narcoactivité et le crime organisé ?

Il n’y a pas une seule réponse, ni un modèle sûr, mais en tous cas, nous savons que la militarisation n’est pas la réponse. Il est important que cet autre modèle se construise à la base, avec la participation citoyenne et dans une perspective de sécurité qui ait comme premier objectif la sécurité de la personne et de sa vie.

En plus il faut se concentrer sur la récupération du tissu social, qui a été détruit par les politiques néolibérales. Il est nécessaire de le recomposer avec des programmes sociaux qui créent des emplois, garantissent le développement économique, la santé, l’éducation, le respect des droits humains. Il faut commencer par  construire une société forte, pour qu’elle puisse résister aux infiltrations du crime organisé, à l’exclusion des jeunes et à l’extorsion.

En plus, il faut forcer la volonté politique pour que la justice se mette au service de la population mettant un terme à l’impunité et la corruption.

 

 

Ce reportage a été publié originellement en quatre parties dans le périodique brésilien Opera Mundi. La traduction espagnole a été réalisée par son auteur et publiée sur le blog Nicaragua y más.

Giorgio Trucchi est le correspondant pour l’Amérique centrale du Système d’Information de la Rel-UITA(SIREL). Il collabore également avec le périodique digital Opera Mundi et ALBA SUD, où il gère son blog  Pueblos en Resistencia

Traduction française Anne Wolff

 

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16 février 2013 6 16 /02 /février /2013 17:30

 

L’Amérique centrale se remilitarise

Giorgio Trucchi | Opera Mundi / Alba Sud

Partie 3

III

Selon les organisations sociales la remilitarisation de l’Amérique Centrale provoque plus de meurtres et de violence. 

“Jette toi à l’eau, vas-y ¡” – crie Clara Wood Rivas à son fils, Hasked, pendant que les balles provenant de l’hélicoptère militaire passent frôlant son corps et impactent le petit bateau. Clara a nagé de toutes ses forces jusqu’au méandre du rio Patuca. Elle se retourne pour chercher son fils au milieu de l’obscurité. Elle l’appela mais n’obtint pas de réponse.

Ce fut la dernière fois que Clara vit son fils vivant. Hasked Brooks Wood avait seulement 14 ans et succomba aux rafales mortelles tirées par des agents de l’opération conjointe du FAST (Equipe d’appui Consultatif à l’étranger) de la DEA et de l’équipe de Réponse Tactique de la Police Nationale du Honduras.

En même temps que lui, perdirent la vie Emmerson Martinez Henriquez (21 ans), Juana Jackson Ambrocio (28 ans) et Candelaria Pratt Nelson (48 ans). Quatre personnes de plus furent gravement blessées. Juana et Candelaria étaient toutes deux enceintes de cinq mois. 

En accord avec l’enquête indépendante réalisée par la COFADEH (Comité des Familles de Détenus et de Disparus au Honduras) dans la région de la Mosquita, au Honduras, le petit bateau qui transportait 16 personnes fut attaqué par des agents honduriens et étasuniens, qui croyaient que le bateau transportait de la drogue déchargée d’une avionnette quelques heures auparavant.

L’enquête montre également qu’en aucun moment, il n’y eu d’échange de tirs, sinon que l’attaque provint des hélicoptères et qu’elle continua sur la terre ferme, soumettant la population civile à une détention illégale, à des menaces de mort, des violations de domiciles, pillages de biens, traitements cruels, inhumains et dégradants », peut-on lire dans le rapport.

La DEA nie quelque type de participation que ce soit de ses effectifs dans l’attaque. L’ambassadrice des EU au Honduras, Lisa Kubiske, également et le chancelier hondurien Arturo Corrales, assurent que les effectifs protagonistes de l’opération antidrogue agirent  « de manière due et en légitime défense », soi-disant pour répondre à des tirs qui provenaient du petit bateau.

“Je défie toutes les organisations qui agissent contre la vie des personnes d’être courageuses. Qu’elles admettent, qu’elles se sont trompées, qu’elles ont tiré contre une population civile qui n’avait aucun lien avec le narcotrafic. Au lieu de justifier la mort de femmes enceintes et d’enfants et de blanchir le sang répandu, vous devriez demander pardon aux proches des victimes", dit à Opera Mundi, Bertha Oliva, la coordinatrice de COFADEH.

 

 

 

Bertha Oliva, coordinadora de COFADEH. Fotografía de Giorgio Trucchi. 

Un mois plus tard (25/6) des agents de la DEA tuèrent par des tirs un homme qui était supposé participer au déchargement de cocaïne dans la zone de Brus Laguna. Peu de temps plus tard, ils abattirent le pilote d’une avionnette qui s’écrasa dans la zone d’Olancho, alors qu’il essayait d’échapper à une opération militaire antinarcotiques. La DEA reconnait que le chiffre global durant cette opération en territoire hondurien au cours des derniers mois est de 8 morts.

« La militarisation amène toujours avec elle des meurtres et de graves violations des droits humains. Ce qui s’est produit dans la Mosquita hondurienne est le résultat d’une politique de l’Etat qui régit toute la région, et qui prend le chemin d’une remilitarisation de la société », affirme Oliva.

Militarisation et violence 

Le processus de remilitarisation vécu par l’Amérique Centrale au cours des dernières années, jointe au redéploiement stratégique-militaire des EU dans la région au nom  du combat contre le narcotrafic, a généré de forts débats et un profond mal-être dans de larges secteurs de la société.

Selon différentes organisations, la mise en pratique de programmes comme la CARSI (Initiative Régionale de sécurité pour l’Amérique Centrale) ou l’Initiative Merida, ainsi que l’adoption de nouvelles tactiques de guerres asymétriques et irrégulières, très similaires aux opérations de contre-insurrection réalisées par les troupes nord-américaines en différents coins du monde, seraient des prétextes que les Etats-Unis utilisent pour réaffirmer leur présence dans la région et préserver leurs intérêts. Comme cela s’est déjà produit durant les conflits armés des décennies précédentes, la population civile est la plus affectée.

Notre territoire s’est transformé en un centre d’opérations et de mouvements de capitaux contrôlé par le crime organisé, et les pays du SICA (système d’intégration centraméricain) appuient l’idée de reproduire la même stratégie de combat du narcotrafic qui a échoué en Colombie et au Mexique. Dans ces pays, l’issue militaire  non seulement n’a pas résolu le problème, mais elle l’a renforcé » affirme Jorge Coronado, membre de la Commission Nationale d’Enlace de Costa Rica.

Au Costa Rica, l’armée fut abolie en 1948. Cependant dans les dernières années, la « militarisation » de la police a augmenté et l’achat d’armement, ainsi que le nombre des unités à déploiement rapide. Jusqu’à appliquer un nouvel impôt sur les sociétés anonymes pour financer le Ministère de la Sécurité Publique.

Coronado nous explique que les effectifs policiers sont entraînés par le Mossad (Service de renseignement et de contre-espionnage israélien), les carabiniers chiliens et les corps spéciaux des armées colombiennes et mexicaines. De plus, la DEA finance tout le domaine de la sécurité publique et, jointe aux conseillers de la CIA (Agence Centrale de Renseignements) participe à chaque opération. « Nous sommes au bord d’une escalade de la militarisation et de la violence, prêts à ouvrir les portes pour que se déchaîne une guerre régionale » alerte l’expert costaricain.

Dans le triangle Nord – Guatemala, Honduras et Salvador – la DEA a pris le contrôle des opérations antinarcotiques. « Ils se font accompagner par des effectifs nationaux pour donner une apparence de légitimité aux opérations sous couverture. Personne ne sait en vérité ce qui se passe dans ces zones éloignées du pays », affirme le sociologue guatémaltèque Gustavo Porras Castéjon.

 

 

 

Gustavo Porras Castejón. Fotografía de Giorgio Trucchi. 

Selon lui, le repositionnement militaire des EU dans la région correspond aussi à d’autres intérêts, comme, par exemple, la préoccupation devant le processus de renforcement et d’unité des pays Latino-Américains Le projet de création du CDS (Conseil de Défense Sud-Américain) un mécanisme de coopération et d’intégration militaire impulsé par le président du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva, et assumé en 2008 par la UNASUR ‘Union des Nations Sud-Américaines) serait, par exemple un des élément fondamentaux de la décision des EU d’installer 7 bases militaires en Colombie, ainsi que de renforcer les opérations navales à Panama et de lancer une escalade militaire en Amérique Centrale..

 

En définitive, le combat contre le narcotrafic et le crime organisé relève de l’hypocrisie des EU. Avec leur politique de sécurité ils facilitent de nouveaux processus de militarisation, déplaçant les cartels jusque dans nos pays et éloignant le problème de leur territoire. « Là-bas, personne ne fait rien pour combattre la consommation et la narco activité » exprime Maria Silvia Guillen, ex commissaire de la CIDH (Commission Interaméricaine de Droits Humains) et directrice exécutive de la FESPAD (Fondation d’Etude et d’Application du Droit).

Dans le cas du Salvador, Guillen nous alerte au sujet de la militarisation des institutions salvadoriennes. « Les militaires ont pris les postes clé de la sécurité publique. Déjà, nous avons deux généraux à la retraite qui contrôlent le Ministère de la Justice et de la Sécurité et la Police Nationale Civile (PCN). Ceci est un viol flagrant de la Constitution et des Accords de Paix » affirme-t-elle.  La directrice de la FESPAD dénonce également la reprise des exécutions extra judiciaires dans le pays, avec l’implication directe des Forces Armées « Nous revenons dans le Passé », dit-elle.

 

 

 

María Silvia Guillén, directora del FESPAD. Fotografía de Giorgio Trucchi.

A Panama, l’armée fut abolie depuis l’invasion de 1989 et les bases américaines sont fermées depuis la remise du Canal aux Autorités panaméennes en 2000. Cependant, la présence militaire n’a pas disparu. Peut-être même qu’elle prend un nouveau départ encore jamais vu.

 

En effet, durant les dernières années, ont été enregistrés une augmentation démesurée des patrouilles aériennes et navales, des manœuvres militaires conjointes (Panamax) et la participation Nord-Américaine à des arrestations dans tout le pays. Cela va jusqu’à donner juridiction aux garde-côtes étasuniens sur les bateaux battants pavillons panaméen.

“Dans les dernières années, 1 500 millions de dollars ont été dépensées en achat d’armement et les budgets de la Police ont augmenté de 550 millions. En plus, 14 bases aéronavales ont été créées qui sont orientées en faveur de la politique de sécurité impulsée parles EU », dit Silvestre Diaz, directeur national de FRENADESO (Front National pour la Défense des Droits Economiques et Sociaux).

Pour beaucoup, la remilitarisation de la région centraméricaine est une partie du grand commerce de ventes d’armes. En 2011 les exportations d’armes des EU ont triplé, atteignant le chiffre record de 66,3 mille millions de dollars. Selon Andrew Shapiro, secrétaire adjoint d’Etat pour les Affaires Politico-Militaires, le complexe militaro-industriel étasunien a vendu 78% des armes du monde. En juin 2012, les EU ont dépassé les 50 mille millions de vente d’armes à l’étranger.

Le cas du Nicaragua

Bien que le Nicaragua ait montré, au cours des dernières années, une légère augmentation du budget de l’Armée et de la Police ; et ait annoncé la mise en opération d’un nouveau bataillon de troupes navales sur la Côte Pacifique et un déploiement antidrogue, « dans les eaux internes », de la Force Navale dans le rio San Juan, dans l’extrême sud-est du pays, sa participation à la lutte contre la narcoactivité et le crime organisé opère selon des matrices très particulières.

 

Il faut analyser les formes dans lesquelles chaque pays assume le combat contre la drogue. Le modèle nicaraguayen est très efficace et ne laisse pas de séquelles parce que notre armée et notre police sont nées avec la révolution sandiniste, des entrailles même du Peuple, et sont profondément enracinées dans la communauté et avec les gens », signale à Opera Mundi l’ex président du Parlement Centraméricain et actuel député sandiniste, Jacinto Suarez.

En effet, le modèle policier préventif, proactif, joint à l’efficience de l’armée nationale, a donné non seulement des résultats très concrets et représente un mur de contention contre la narco activité, mais en plus il est étudié dans toute l’Amérique Latine.

Depuis que le leader sandiniste, Daniel Ortega assume la présidence du Nicaragua, le nouveau gouvernement à une position très claire sur ce que doit être le rôle des EU dans le pays, en ce qui concerne le combat contre le narcotrafic. « Lutter contre le narcotrafic ne signifie pas que la DEA doivent débarquer cherchant à établir ici ses bases, ses hélicoptères, ses troupes. Sous aucun prétexte ! Nous avons pour cela notre armée nationale et notre police qui mettent en pratique les opérations contre le narcotrafic » dit le président Ortega quelques mois après le début de son mandat en 2007.

“Nous aurons un travail de coopération avec la DEA, mais en gardant une grande prudence. Nous ne pouvons être aveugles avec la DEA, parce qu’eux détiennent des intérêts qui dépassent de loin la lutte contre la narcotrafic. En principe, nous ne permettrons pas qu’ils viennent avec leurs troupes sur notre territoire, parce que des choses terribles ont été mises en évidence concernant les opérations de la DEA », a déclaré Ortega.

Le procès qui se mène actuellement au Nicaragua, contre l’entrepreneur nicaraguayen Henry Fariñas, l’ex magistrat électoral,  contre Julio Cesar Osuna et 22 autres personnes, ainsi que l’arrestation de 18 faux journalistes de la chaîne mexicaine Televisa, arrêtés en possession de plus de 9 millions de dollars à un poste frontière avec le Honduras, sont des exemples clairs de l’efficacité du modèle Nicaraguayen.

Fariñas est accusé d’avoir blanchi plus de 9 millions de dollars, d’avoir des liens avec les cartels mexicains et avec le costaricain Alejandro Jimenez, alias « El Palejido », principal suspect d’être l’auteur de l’attentat contre Fariñas, dans lequel perdit la vie le chanteur et compositeur argentin, Facundo Cabral.


 

Ce reportage a été publié originellement en quatre parties dans le périodique brésilien Opera Mundi. La traduction espagnole a été réalisée par son auteur et publiée sur le blog Nicaragua y más.

Giorgio Trucchi est le correspondant pour l’Amérique centrale du Système d’Information de la Rel-UITA(SIREL). Il collabore également avec le périodique digital Opera Mundi et ALBA SUD, où il gère son blog  Pueblos en Resistencia

Traduction française Anne Wolff

 

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L’Amérique centrale se remilitarise 4

Giorgio Trucchi | Opera Mundi / Alba Sud

 

Pillage de ressources

Semer l’incertitude et la peur dans les populations qui se trouvent sous les feux croisés, déplacées de leurs territoires, pour ouvrir le passage à l’exploitation de précieuses ressources naturelles du sol et du sous-sol, est l’accusation que plusieurs organisations centraméricaines dirigent contre la stratégie de combat du narcotrafic impulsée par les E.U.

« Nous le dénonçons depuis très longtemps, Les E.U, joints à l’oligarchie locale et à des intérêts transnationaux, implantent une stratégie militariste pour piller nos ressources, s’approprier notre territoire, changer notre culture », explique Bertha Caceres, coordinatrice nationale de COPINH (Conseil Civique des Organisations Populaires et Indigènes du Honduras)

 

 

 

Bertha Cáceres, coordinadora nacional del COPINH. Fotografía de La Voz de los de Abajo. 

 

“Les peuples indigènes et noirs, nous sommes criminalisés, stigmatisés et assassinés. De cette manière, ils veulent nous déplacer des zones dans lesquelles abondent les ressources naturelles », dit-elle.

Pour elle, l’escalade militaire est une partie de la domination économique et politique dont souffre la région centraméricaine. « La violence est le produit de l’injustice et de l’inégalité sociale. Ce n’est rien d’autre qu’un des axes du système politico-économique néolibéral impulsé par les E.U. dans les pays centraméricains » , ajoute-t-elle.

Ethlen Erlinda Wood, coordinatrice de l’organisation Echos de la Mosquitia, exprime sa profonde préoccupation face au harcèlement réitéré de la part des troupes spéciales qui opèrent dans cette zone éloignée du Honduras. « Depuis le massacre du 11 mai à Ahuas, les troupes honduriennes et les agents nord-américains continuent à maltraiter les civils et à violer les droits humains du peuple misquito. Nous sommes tous devenus suspects de quelque chose et c’est une charge psychologique fort pesante. A présent plus personne ne se sent en sécurité et notre mode de vie a changé. Nous allons exiger le retrait immédiat de toutes les bases militaires étrangères du territoires misquito » assure Wood.

Pour les peuples garífunas du Honduras, l’accaparement de leurs terres et l’expulsion de leurs territoires est le résultat de la voracité des pouvoirs de fait qui contrôlent le pays et du capital transnational, pour développer en toute tranquillité leurs mégaprojets hydroélectriques et touristiques, implanter l’exploitation minière et étendre le modèle de monoculture à grande échelle. « Et si les militaires et les policiers ne suffisent pas, il y a une armée de sécurité privée fortement armée et sans contrôle, préparée à défendre ses patrons jusqu’aux ultimes conséquences », dit Myriam Miranda, coordinatrice de OFRANEH (Organisation Fraternelle Noire Hondurienne)

Criminalisation de la protestation

Dans ce contexte de convulsion sociale, la lutte impulsée par plusieurs organisations sociales et populaires pour contrecarrer ce qu’elles considèrent comme “une escalade militaire et de pillage”, est brutalement sanctionnée et réprimée.

Un des éléments utilisés pour « serrer la vis » aux mouvements sociaux est l’usage, toujours plus fréquent, d’effectifs militaires pour accomplir des missions de sécurité publique. Dans les pays du Triangle Nord, les Parlements ont légiféré pour confier à l’armée des missions spécifiques de police.

Il y a une persécution systématique   à l’encontre des dirigeants communautaires et des leaders des protestations. Nous l’avons vu à Santa Cruz Barilla, à San Juan Zacatepeque, à Nebaj et dans tous les lieux où la population s’est organisée pour combattre les méga-projets et les sociétés minières. Pour  avoir simplement dénoncé et protesté contre le fait que personne ne les prenaient encompte, ,le gouvernement accuse les mouvements de délinquance et de terrorisme » dit Juan Pablo Ozaeta, enquêteur du CER Ixim (Collectif d’études rurales) du Guatemala.

Dans cette lutte contre l’exploitation des ressources de la part des grandes transnationales nord-américaines et européennes, de nombreuses personnes ont déjà été assassinées. En plus, la violation systématique des droits humains est dénoncée comme produit de la croissante militarisation et l’usage de nouvelles techniques de renseignement militaire pour identifier et intercepter les dirigeants communautaires.

Au Panama, l’approbation de lois antisociales a généré une forte réaction de la part de la population. La répression policière contre les travailleurs bananiers à Boca del Toro et du peuple Ngöbe Bugle au Chiriqui, a laissé son solde de morts et de blessés. A cause de l’usage illégal de chevrotine des dizaines de travailleurs bananiers sont devenus aveugles.

“Le peuple est sorti dans les rues de manière combative, en réclamant ses droits et la réponse a été plus de répression. Tout cela dans le cadre d’une politique de sécurité supposée combattre le narcotrafic, mais qui au final est utilisée pour réprimer la protestation sociale » souligne Silvester Diaz.

Diaz explique que la création d’unités spéciales en relation avec SENAFRONT (Service National des Frontières) a servi par-dessus-tout à réprimer la population ». « Tout cela nous mène à nous remettre en mémoire de forts tristes souvenirs dont nous pensions qu’ils appartenaient au passé », dit-il.

Plus d’état et moins de militarisation

Selon d’amples secteurs des sociétés centraméricaines, ce n’est ni avec la militarisation, ni avec la violence que se résolvent les graves problèmes de la narcoactivité et du crime organisé. Durant le Forum « Renforcement des Institutions démocratiques », Carmen Rosa Villa, représentante régionale des Nations Unies pour les Droits Humains, se prononce à l’encontre de ce que l’état applique la « main dure » pour combattre la délinquance. « L’état doit retrouver son rôle social, qui est à présent dans les mains du crime organisé, et les gouvernements doivent appliquer des politiques préventives des facteurs de risques de la violence comme le sont le manque d’éducation et d’emplois » dit-elle.

Selon Francisco Dall’Anese, ex procureur général de Costa Rica, le manque d’opportunités et le manque d’intérêt envers une redistribution équitable des richesses ont mené la région à cette situation. « Dans ces espaces dans lesquels l’Etat ne fournit pas de services, ne résout pas les problèmes de logement, de santé, d’éducation, de travail, vient le crime organisé et il donne aux habitants ce dont ils ont besoin. Ces groupes sociaux donnent alors une légitimité à ceux qui leur amènent l’espoir et à manger », expliqua-t-il.

Pour Jorge Coronado, résoudre les problèmes de pauvreté et d’exclusion sociale est la seule manière pour attaquer, depuis les racines, les causes structurelles qui font que chaque fois d’avantage de secteurs s’incorporent au narcotrafic et au crime organisé. « Le bouillon de culture est dans les grandes zones de misère qui existent en Amérique Centrale » En tant que mouvement social nous devons relever le grand défi d’approfondir notre analyse pour faire des contrepropositions à la proposition dominante de la militarisation et de la violence », affirme Coronado

Parallèlement aux problématiques sociales, le combat contre la corruption et la pénétration des institutions, ainsi que la fin de l’impunité semblent être d’autres parmi les mesures urgentes et nécessaires pour lutter contre le crime. « Nous devons renforcer l’institutionnalité  de l’Etat et revoir le fonctionnement des institutions, de telle manière que nous apparaissent clairement au service de qui elles sont, c’est-à-dire de la criminalité organisée ou des intérêts nationaux », suggère Maria Silvia Guillen.

L’ex mandataire de la commission de la CIDH explique que les gouvernements doivent se remplir de souveraineté. « Plutôt que de se préoccuper des frontières avec les EU, nous devons veiller aux intérêts de chacun dans notre pays », dit-elle.

Pour la dirigeante garifuna Miriam Miranda, il y a une politique hypocrite contre le narco trafic. « Le crime organisé a pénétré les institutions. Tous le savent et personne ne fait rien. Ils préfèrent criminaliser les peuples, nous harceler, nous décimer, préparant les conditions pour ouvrir les portes au capital transnational. »

 

 

 

Miriam Miranda, coordinadora de OFRANEH. Fotografía de Giorgio Trucchi. 

De plus, nombreux sont ceux qui s’accordent à dire que le véritable problème ne réside pas en Amérique Centrale, mais bien au Nord. « Quel que soit la volonté et la capacité qui seraient mises en jeu, nous ne pouvons solutionner le problème. Les cartels ne s’arrêtent pas à la frontière des EU, parce qu’au-delà, ils y a ceux qui réceptionnent, transportent et distribuent la drogue. Par-delà la frontière, il y a la demande et les consommateurs. Que font les USA pour désarticuler ces groupes et combattre la consommation ? » se demande Jacinto Suarez.

Une lutte qui résolument doit être consensuelle et qui doit impliquer la population. « Il faut impliquer les communautés, chercher des stratégies avec le peuple, enquêter à fond au sujet des groupements économiques et de pouvoir qui sont en collusion avec ce phénomène. Si on n’en finit pas avec l’impunité, si on ne s’attaque pas à la pauvreté et à la misère, si on ne change pas ce système économique en échec et qui nous a conduit à ce point, nous ne résoudrons jamais ce problème », conclut la dirigeante indigène Bertha Caceres. 

 


Ce reportage a été publié originellement en quatre parties dans le périodique brésilien Opera Mundi. La traduction espagnole a été réalisée par son auteur et publiée sur le blog Nicaragua y más.

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Traduction française Anne Wolff

 

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