24 octobre 2013 4 24 /10 /octobre /2013 10:36

 

Le texte ci-dessous que j’avais exhumé pour les besoins de la cause (indigène) dans le monde entier, et Dont Carlos et Estelle Debiasi ont complété la traduction de quelques passages que j’avais publié sous   a été repris sous le titre  .L’armée des États-Unis enverra une équipe d’experts du programme Human Terrain System au Mexique

Je voudrais donc replacer ce texte dans son contexte, qui va bien plus loin que l’envoi d’une équipe mixte anthropologiquement militarisée au seul Mexique. J’avais auparavant traduit le texte de l’anthropologue A. Pine ("culture stratégique" : le commandement sud et la militarisation des universités (aux USA) sur le même thème, ce qui m’a rendue attentive aux manifestations de terrain de ce concept.

Concrètement sur le terrain, la mise en œuvre du concept stratégique est un plan d’éradication de la culture indigène et paysanne, et d’éradication de ceux qui résisterait à l’assimilation-intégration dans le système-monde.

La culture stratégique permet une cartographie humaine des différents peuples résistants, le repérage des meneurs à cibler et éliminer par l’assassinat "sélectif" et l’emprisonnement (éviter les dommages collatéraux), mais sert aussi au repérage des mécontents. Ceux qui veulent devenir leader à la place du leader, d’autres textes décrivent comment la culture stratégique va permettre de « fabriquer un nouveau leader » qui souvent inconsciemment servira les intérêts qu’il prétend combattre. Cette stratégie opère aussi en Europe. D’autres mécontents, sont ceux qui estiment ne pas être reconnus à leur juste valeur, ne pas bénéficier des avantages auxquels ils auraient droit sans participer pour autant aux mouvements de résistance, ceux-là sont prêts à se vendre au plus offrants en pouvoir ou/et avantage matériel. Les missionnaires de la culture stratégique sont là pour les repérer, les désigner et déterminer quel genre de verroterie aura raison de leur conscience, la cible sera alors la cinquième colonne au sein du peuple, au sein de la tribu. L’histoire des USA, nous montre comment la « résolution de la question indienne » va établir les bureaux des affaires indiennes pour liquider l’indianité, en mettant à leur tête des indigènes acquis aux valeurs du colonisateur, dotés de pouvoir contraignant et répressif, mais éloigné des pouvoirs traditionnel des tribus.

D’autres armes culturelles seront mises au point par le biais des renseignements collectés par les anthropologues. Ce n’est pas nouveau, je reprends ici les paroles de Miriam Miranda, présidente de OFRANEH (Organisation Fraternelle Noire Hondurienne) 

«  La dirigeante garifuna rappelle aussi le fort affaiblissement institutionnel qui a résulté du coup d’état de 2009, approfondissant la cession des ressources naturelles au plus offrant et initiant une offensive médiatico-culturelle pour accroître la logique individualiste dans le pays. « Aujourd’hui le pari du système néo-libéral est rompre et en finir avec la vision collective et communautaire des peuples, où les droits et les biens collectifs sont plus importants que les droits individuels et la compétitivité »,explique Miranda.

 Pour elle, ce système « vorace et déprédateur dans lequel nous vivons considère le thème des droits collectifs comme un affront et un danger qu’il faut combattre. En ce sens, Miranda appelle la société hondurienne et les mouvements sociaux à poursuivre la lutte de résistance dans les territoires ».

Extrait de Le Honduras mis en vente : La “Loi Hypothèque” renforce le paquet des privatisations post coup d’état (golpe)

La culture stratégique est aussi le moyen d’élaborer les stratégies de destructions locales du collectivisme indigène sur toute la planète. Un collectivisme organique, natif, communisme primitif antithétique de ce collectivisme de synthèse qu’ont incarné les dictatures du communisme d’état, imposées d’en haut à des populations qui n’en voulait pas,  et qui comme en Russie ne se sont débarrassées de leurs tsars que pour se retrouver sous le jougs bien mieux organisé de nouveaux maîtres. Soit.

Tout l’intérêt des témoignages venus directement de peuples indigènes qui subissent la répression culturelle et stratégique, est que si on peut les qualifier de peuples primitifs dans leur manière de vivre, en ce sens de « en prise avec l’essentiel » ou « enracinés dans le territoire », en ce qui concerne leur perception et analyse du réel, nous trouvons parmi eux une réelle avant-garde mondiale, à la conscience politique instruite, informée et formulant un projet de monde ayant une portée planétaire. Ils sont- écosophes –défendant une sagesse de l’habiter – et non écologistes – gestion de l’habitat variant éthiquement selon les prémisses retenues.

Les 200 millions de membres de la Via Campesina, plus les centaines de millions d’autres qui sans en être membres, comme moi, soutiennent ce courant de conscience témoignent de l’ampleur du phénomène.

Je ne peux traduire tous les textes que je lis, et je le déplore. Ma récolte de pièces du puzzle conduit à un constat partagé par beaucoup d’autres. Parler d’une équipe d’anthropologues envoyée au Mexique est réducteur, minimise la gravité du problème.

Il s’agit d’une offensive généralisée contre l’ensemble des peuples indigènes d’Amérique Latine (et du monde) , qui se traduit par une militarisation de toute la région, de toutes ses polices, pratiquant jusqu’ici un génocide permanent de basse intensité, mais dont tout indique que se mettent en place dans toute la région les moyens d’une « solution finale ». C’est à ce propos que je voulais lancer l’alerte !

 

Anthropologie de guerre :
Le Système de Terrain Humain est de l’intelligence ethnographique
L’avant-garde yanqui en Amérique Centrale

 

Toutes les versions de cet article : [Español] [français]

Début mai 2013, deux conseillers du programme nommé Système de Terrain Humain (HTS, par ses initiales en anglais) se sont rendus dans la caserne du Northcom (Commandement militaire US autoproclamé pour l’Amérique du Nord), dans le Colorado, pour analyser un éventuel degré d’ignorance culturelle qui pourrait justifier l’envoi d’anthropologues dans notre pays [Mexique, sauf que les différentes ethnies vont au-delà des frontières comme les Mayas, Miskitos, etc.], dans le contexte du « Programme d’Analyse Culturelle du Mexique du Northcom ». Cependant, le porte-parole John Cornelio a indiqué que dit le programme se trouve en phase de gestation « donc il serait inadéquat de faire des commentaires à propose d’un sujet qui n’est pas totalement défini ».

Cependant, le 30 avril dernier, un porte-parole non identifié du United States Northern Command a fait savoir qu’en septembre prochain [2013] l’Armée des États-Unis enverra une équipe d’experts qui collaboreront avec le gouvernement sur des travaux sociaux relatifs au trafic de stupéfiants. Les experts font partie du HTS et disposent d’une grande expérience dans les conflits d’Afghanistan et d’Irak, où des spécialistes en sciences sociales de 25 disciplines ont été déployés.

Selon l’information disponible sur les site web du sHTS, la mission du programme consiste en « recruter, former, mettre en action, et appuyer un « intégré » ayant une approche socio-culturelle pour réaliser les investigations et analyses pertinentes afin de développer et maintenir une base de connaissance socio-culturelle, avec la finalité de servir de base à la prise de décisions, améliorer la capacité opérative ainsi que de préserver et partager la connaissance institutionnelle socio-culturelle ».

Le HTS cherche, depuis 2007, à ce que les anthropologues et scientifiques sociaux collaborent à l’amélioration des capacités des militaires étasuniens à travers le renseignement ethnographique – alliance entre le renseignement militaire et l’ethnographie de terrain – et la collecte de données de première main, pour apporter une compréhension de la culture et de l’organisation sociale des populations, de manière à pouvoir planifier et accomplir les missions avec chaque fois moins d’usage de la force.

Chaque équipe de « terrain humain » est composée par un responsable militaire, un anthropologue, un coordonnateur d’investigation et un analyste. Les anthropologues, qui reçoivent un entraînement militaire, portent un uniforme et sont armés, doivent aider les militaires à gagner la confiance de la population pour ainsi, attirer certains groupes sociaux vers la « cause » et éviter qu’ils s’allient aux groupes radicaux ou à l’insurrection.

Pendant les quatre premières années, le HTS a connu un succès relatif, compte tenu que la présence des anthropologues a permis ainsi de réduire les opérations cinétiques à 60 %, et de rassembler les éléments relevés en matière de sécurité, de santé et d’éducation des locaux.

Cependant, des opinions trouvées au sujet de ce programme existent. L’anthropologue Montgomery McFate, a remarqué que l’HTS a contribué à l’anthropologisation des militaires, ce qui a permis d’éviter des dommages collatéraux dans des conflits armés centrés sur le culturel, puisque « le savoir socioculturel réduit la violence et produit de la stabilité », après avoir commissionné les anthropologues pour faire une « guerre plus humaine » à travers d’un « travail social militarisé ».

Pendant ce temps, pour Marcus Griffin, un anthropologue détaché en Irak entre 2007 et 2008, le HTS constitue « une occasion pour l’anthropologie de promouvoir la liberté dans des temps de crise grâce à sa compréhension des cultures  ». Dans ce sens, l’universitaire Julien Bonhomme conclut que les arguments positifs sont basés, principalement, sur une double opération de « culturalisation » et de dépolitisation de la guerre.

En contrepartie, les détracteurs du HTS remarquent que celui-ci transforme l’anthropologie en une arme de guerre, tandis que pour l’Association Anthropologique Américaine (AAA), le programme « place les anthropologues dans une position encline à violer le code déontologique de l’association, et que l’emploi des anthropologues met en danger d’autres anthropologues et les personnes qu’ ils étudient  », en plus de souligner que « l’envoi de spécialistes en sciences sociales, pour étudier des populations locales en compagnie de troupes armées dans un contexte hostile actif ne produira pas d’information scientifiquement fiable ».

L’utilisation des sciences sociales, particulièrement l’anthropologie, a des précédents au XIXe et XXe siècle dans les empires français et britanniques, ainsi que lors des Guerres mondiales, de la Guerre Froide, et des Guerres de la Corée et du Viêt-Nam. Cependant, devant l’avancée de la technologie et du caractère multifactoriel des conflits guerriers, nous devons être attentifs aux implications possibles de programmes comme le HTS dans le nouveau contexte géopolitique.

Simón Vargas Aguilar * pour La Jornada

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  • Facebook : simonvargasa
  • Courriel : simon.9@prodigy.net.mx

La Jornada. Le Mexique, le 29 septembre 2013.

Traduit de l’espagnol pour El Correo par Anne Wolff et Estelle et Carlos Debiasi.

El Correo. Paris, 20 octubre 2013.


Voici le même texte sous le titre

L’armée des États-Unis enverra une équipe d’experts du programme Human Terrain System au Mexique | Mondialisation

 

et voici celui qui m'avait amenée à réattirer l'attention sur ce concept de "culture stratégique", d'une portéé bien plus grande qu'une ponctualité au Mexique !

 

 

Les indigènes d’Amérique centrale, objectifs militaires de l’expédition Bowman de l’Armée des Etats-Unis 

Publié le 1er octobre  2013 par ofraneh

 

 

 

Une fois de plus, nous, les peuples indigènes d’Amérique Centrale et nos territoires sommes devenus un objectif militaire pour les Etats-Unis. Selon le périodique ‘Lawrence Journal , dans son édition du 13 juin passé, le Département d’Etat, a approuvé les fonds pour l’Initiative d’Investigation Minerve, destinée à effectuer une série d’enquêtes en relation avec les dites Expéditions Bowman». En cette occasion les expéditions Bowman se chargent de cartographier les 59 peuples indigènes d’Amérique Centrale.

Le projet s’appelle Centramérique Indigène et est une réplique du controversé Mexique Indigène (2005-2008), lequel fut denoncé par l’Union des Organisations de la Sierra de Oaxaca (UNOSOJ) signalant que ceux qui étaient concernés n’avaient pas été avertis par les géographes de l’Université du Kansas, chargés de l’exécution du projet, de leurs connexions avec le Bureau des Etudes Militaires Etrangères (FMSO pour son sigle en anglais).

Les expéditions Bowman collectent des données destinées à la base de données Système de Terrain Humain,   utilisées dans le contexte de la stratégie militaire des guerres d’Irak, et d’Afghanistan. Dans le cas de Mexique Indigène, les études furent réalisée dans la Huasteca et la sierra de Oaxaca, les lieux où se produit la plus grande résistance au projet de titularisation des terres PROCEDE, financé par la Banque Mondiale (B.M.) destiné à la liquidation du système de tenure collective des terres et à promouvoir la titularisation individuelle.

 

 


Le Facteur Demarest : la propriété communautaire et la prétendue induction de la violence.


Le Lieutenant Colonel Geoffrey B. Desmarest, assigné au Projet Mexique Indigène et participant à l’expédition Bowman dénommée Comuna 13, à Medellin, Colombie a manifesté en diverses occasions son rejet de la propriété communautaire. Dans un de ses écrits intitulé « Géopropriété : Sujet Externe de Sécurité National et Droit de la Propriété » souligne que la possession informelle et irrégulière de terres favorise l’usage illicite et la violence » et suggère comme unique solution pour ces « champs de culture du crime et de l’insurrection » la privatisation de la titularisation de la terre.

 

Au Honduras, la OFRANEH a dénoncé de manière déterminée comment la B.M. à travers le Projet d’Administration des Terres du Honduras (PATH), promoteur de la Loi de Propriété en vigueur, dans son chapitre III, précisément à l’article 100, planifie la dissolution des titres communautaires émis par l’Etat durant les dernière décennies.


 Notre organisation a eu recours au Panel d’Inspection de la B.M., signalant la violation des directives opérationnelles relatives aux peuples indigènes. Le Panel dans son rapport indique comment l’Etat du Honduras viole le la Convention 169 de la OIT  en ignorant le droit à la consultation en ce qui concerne l’élaboration de cette loi contestée, en plus d’indiquer une série d’incohérences de la part de la direction de la Banque dans le maniement du projet PATH. 

 

 

L’actuel gouvernement post coup d’Etat du Honduras, au moyen de la Loi de Régions Spéciales pour le Développement (RED, sigle espagnol) connue aussi en tant que cités modèles, prétend remettre aux investisseurs étrangers une zone que englobe 24 communautés Garifuna.  A la loi RED a été substituée la Loi Pour les Zones d’Emploi et de Développement Economique (ZEDE) en plus de la nouvelle Loi pour la Promotion du développement et de la Conversion de la Dette Publique (Loi Hypothèque), laquelle n’est pas mise en vigueur.

La dissolution de la propriété communautaire qui existe encore dans les communautés Garifuna est une démonstration du double langage des fonctionnaires de l’état et des organismes financiers, ceux qui connaissent l’effet domino des ventes de terres qui se produira à travers l’individualisation de la propriété. 



Offensive de l’Etat contre les peuples indigène en Amérique Centrale

Au cours des dernières années la mise en œuvre du Projet Mesoamérica, connu auparavant comme Plan Pueblo Panama, a provoqué des interventions répressives contre les peuples indigènes qui se sont prononcés contre la construction de centaines de barrages sur leurs territoires et contre l’exploitation minière. Depuis San Cristobal Barilla (Guatemala) jusqu’à Tabasara (Panama), résonnent les clameurs des communautés indigènes qui ne furent jamais consultées et voient comment leurs habitats sont submergés par les barrages. 

Le droit à la Consultation et au Consentement, Préalable, Libre et Informé (CPLI) consigné dans la Convention 169 de la OIT, celle qui a été signée et ratifiée par presque tout les pays d’Amérique Centrale, est violé de façon systématique. Tout indique que les investissements, tant nationaux qu’étrangers son plus importants que la sauvegarde des peuples indigènes et de leurs cultures, lesquelles sont intimement liées à la terre mère.

La réaction des peuples aux saccages des territoires et aux déplacements qui en résultent ont suscité un énorme intérêt de la part des armées et forces de répressions, qui cherchent à neutraliser les protestations pacifiques effectuées par les peuples en résistance et quelques-unes de leurs organisations.

 

Dans le cas du FMSO des Etats-Unis, ceux qui nomment la Centramérique comme étant leur frontière (borderlands) et au nom de la prétendue lutte contre le narcotrafic ils en viennent à intervenir directement avec la création de bases militaires et à présent avec le projet Centramérique Indigène, prétendant générer une base de données  - allant au-delà de celle de la géographie terrestre – concernant les 59 peuples qui habitent l’isthme,


Système Terre Humaine dans la Moskita et l’absence de concertation des communautés garifunas qui le caractérise

 


Entre mai et septembre de 2011, les géographes de l’Université de Kansas associés à l’armée des Etats-Unis, ont effectué une rigoureuse cartographie (un riguroso mapeo )  du territoire qui s’étend de cap Camaron jusqu’au rio Coco, incluant les communautés Garifunas sans avoir effectué aucune consultation de notre peuple.



Comme par hasard,   en mai 2012, la côte nord du Honduras à été le lieu d’une opération militaire incluant une opération psychologique. Les hélicoptères du département d’Etat opérèrent des survols nocturnes au ras des villes et des communautés, des missions aériennes qui culminèrent avec le massacre de Miskitos innocents dans la rivière Patuca.

 

La militarisation évidente à laquelle est confrontée l’Amérique Centrale, à travers l’imparable montée de la violence, qui était presque inexistante dans les communautés indigènes, fait partie d’une stratégie de soumission et de pillage de nos territoires, où se trouvent une bonne partie des résidus des dites « ressources naturelles ».

 

Sambo Creek, La Ceiba Atlantida, 1 de Octubre del 2013

Organización Fraternal Negra Hondureña, OFRANEH

OFRANEH | Federación del pueblo garifuna de Honduras 

Traduction Anne Wolff

Textes liés parmi d'autres
Honduras : massacre de civils par la DEA - Primitivi

 Utopia, centre des rencontres, de l'amitié et des rêves concrétisés de la COPINH 

 

Etudes théoriques sur le même sujet


Guerres en Irak et en Afghanistan : Anthropologues embarqués | Mondialisation


 "culture stratégique" : le commandement sud et la militarisation des universités (aux USA)

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8 juin 2013 6 08 /06 /juin /2013 18:40

 

Aguila rapaz devora américa del sur

Ce qui suit est à replacer dans ce climat de montée de tension entre les Pays Rebelles (au néolibéralisme) d’Amérique Latine et les USA et leurs alliés dans la région, principalement la Colombie, pays qui connait un état de guerre civile permanent depuis plus de 5O ans.

Quand bien même, un rapprochement diplomatique a eu lieu au cours de cette semaine entre le Venezuela et les USA, ouvrant à une « normalisation » des relations, la plupart des observateurs la considèrent comme une temporalisation dans un processus qui suivra néanmoins son cours vers un affrontement final, la victoire de l’autodétermination latino ne pouvant que conduire les - USA - corporations transnationales vers leur chute, ce qui représenterait sans doute une libération pour le peuple étasunien, condamné à la misère par les banquiers et autres marchands d’armes, sommé de tirer du fin fond de ses poches les derniers sous pour alimenter les spéculations des uns et payer les guerres fabriquées de toutes pièces des autres.

 

Si les tentatives de déstabilisations par les USA des gouvernements rebelles sont permanentes, les exactions  dont souffrent les mouvements sociaux des pays soumis sont tout aussi constantes. Mais cette guerre connait un nouveau développement avec la déclaration de guerre « officielle » qui a été formulée par Kerry, lorsqu’il a annoncé que son pays allait s’occuper vigoureusement de son arrière-cour, un terme qui évoque très clairement  un passé de colonisation et annonce pour l’avenir la tentative de remettre la mainmise sur une région très riche en précieuses ressources, et qui lutte de plus en plus souvent avec succès pour sa Souveraineté. Le principe commun entre ses peuples en lutte et leur gouvernement étant que les richesses doivent assurer le bien-être des peuples et non satisfaire la convoitise d’une oligarchie locale ou extérieure démente d’avidité (et fasciste).

L’enjeu est donc double, non seulement une appropriation des richesses naturelles de la région mais aussi la répression d’un modèle de gouvernement populaire qui pourrait faire des émules. D’autant plus que les peuples de la région n’ont pas vocation à coloniser qui que ce soit, mais bien de créer des associations d’affinité et de complémentarité avec tous ceux qui sur la planète partagent cet idéal d’horizontalité à et en juger par l’intensité et la grossièreté de la désinformation concernant ces pays rebelles dans les médias occidentaux, on mesure la peur que ceux-ci suscitent dans les rangs de ceux dont le but est d’imposer leur nouvel ordre global à l’ensemble de la planète sans plus aucune alternative !

Il existe donc dans chacun des pays d’Amérique Latine de forts mouvements populaires, organisés, qui défendent souvent âprement les droits à la souveraineté des peuples et à leur autodétermination. Et qui souvent aussi, - le mouvement paysan  y jouant un rôle prépondérant d’avant-garde dont la Souveraineté Alimentaire est le principe premier -, même dans les pays rebelles, sont opposés au modèle trop industrialiste-éxtractiviste que développent leurs gouvernements, tout en participant avec eux de manière critique mais inconditionnelle à lutte anti-impérialiste.

Ces mouvements sont fort interconnectés et solidaires régionalement et viennent de créer une ALBA des Peuples. Ceci répond a plusieurs objectifs l’un étant de permettre aux mouvements de pays non rebelles de participer pleinement au mouvement bolivarien d‘émancipation régionale, l’autre étant de créer dans la Grande Patrie ce tissu d’interconnexions par lequel les peuples deviennent les gouvernements souverains, un continent de communalité dynamique et intégrée, sans concentration ni stratification de pouvoir.

Ceci est évidement incompatible avec les intérêts des – USA - transnationales défendu par le gouvernement et l’armée du pays E.U., et qui instrumentalisent également à cette fin les armées et polices locales des pays soumis et disposent en plus de mercenaires qui sont directement au service de leurs intérêts.

Il n’est évidemment pas ici question de sécurité des USA, les pays rebelles ont assez à faire chez eux et entre eux et n’ont aucune envie, ni intention d’envahir le territoire étasuniens. Seuls des intérêts privés motivent cette politique d’agression permanente et quand il est question de sécurité dans cette histoire, c’est très clairement de celle des – investissements - accaparements transnationaux dans la région dont il s’agit.

La réactivation par Kerry de la doctrine de Monroe - « l’Amérique aux étasuniens » - et les manœuvres de déstabilisations accrues menées par les USA dans les pays rebelles depuis la Mort d’Hugo Chavez, l’annonce récente faite par le président de Colombie (après qu’il ait reçu le Putschiste vénézuélien Capriles) de son désir de faire partie de l’OTAN et toute une série d’éléments et événements de plus ou moins d’importance, mais convergents, ont provoqué des réactions en chaîne dans les pays rebelles qui se sont exprimée à travers les organisations régionales qui les regroupent, ou localement, comme le montre par exemple la récente expulsion de l’USAID de son territoire par le gouvernement de Bolivie.

On se retrouve dans une sorte d’hybridation entre le jeu d’échec et le jeu de go. Pour simplifier, alors que les diplomates jouent aux échecs, les populations en lutte, sont prises dans un jeu de conquête, expulsion, reconquête du territoire qui se joue  sur une multiplicité de terrains… quelques hectares ici, quelques centaines par là… et ainsi de suite et qui tient davantage d’un jeu de go.

C’est dans ce contexte que les pays de l’Unasur et de l’ALBA ont quant à eux décidé d’accélérer les  processus d’intégration régionale. D’une part par des mises en commun de ressources et compétences, destinées à renforcer l’autonomie économique régionale, la définition de politiques communes face à des médias aux ordres de l’oligarchie (qui dans certaines circonstances ne se gênent pas pour appeler ouvertement au renversement de gouvernement de manières qui ne seraient tolérées dans aucun pays occidental) ou  la mise en place d’un observatoire régional des pratiques des transnationales.

 D’autre part se mettent en place les procédures d’une défense commune – sur le principe de la protection de la région zone de paix, libre d’armement nucléaire et d’armes de destruction massive - ce qui commence par la création d’une armée qui soit réellement au service des populations et de la souveraineté régionale et s’accompagne donc de la création en Equateur d’une école militaire régionale. Ajoutons que le président d’Equateur se détache clairement comme le nouveau meneur et inspirateur de l’avancée de ses processus d’intégration d’un Grande Patrie Souveraine et Autodéterminée.

Anne W

 

L’ALBA annonce sa sortie du Conseil Interaméricain de Défense de l’OEA  

par Los Necios

08  Juin   2013

Les pays membres de l’Alliance Bolivarienne pour les Peuples de Notre Amérique (ALBA) ont annoncé jeudi leur retrait du Conseil Interaméricain de Défense (JID en espagnol) de l’OEA, considérant que continuer à en faire partie n’avait aucun sens..

 

Cette annonce a été faite par les représentants du Nicaragua, du Venezuela, de la Bolivie et de l’Equateur lors d’une conférence de presse dans le cadre de la 43ème assemblée générale de l’Organisation des Etats Américains (OEA) qui s’est tenue dans la ville guatémaltèque d’Antigua.

Le Ministre des Affaires Etrangères de Bolivie, David Choquehuanca a annoncé que le retrait des pays de l’ALBA de la JID était examiné depuis plusieurs mois et qu’il sera officialisé après l’Assemblée Extraordinaire des chefs d’états de cette alliance qui se tiendra le 13 juilet prochain à Guayaquil (Equateur.)

Pour sa part, le Ministre des Affaires étrangères d’Equateur, Ricardo Patiño, dit qu’il n’y a aucun sens à ce que les pays de l’ALBA continuent à appartenir à la JID, parce que celle-ci ne réponds pas aux besoins des pays Latino-Américains.

« La JID a fait de nos Armées et polices des appendices des intérêts nord-américains » et n’a servi qu’à « former des gens pour nous surveiller et nous contrôler »,précise Patiño.

En échange, indiqua-t-il, l’Union des Nations Sud-Américaines (Unasur) constituera une véritable école de défense régionale qui défendra les intérêts latino-américains.

La JID est l’organe de l’OEA, chargé de conseiller les pays membres dans les politiques de défenses et de sécurité, et de concevoir des stratégies pour affronter des menaces continentales.

La sortie de l’ALBA de la JID, fait partie des politiques de réformes que cette association de pays promeut dans le système des associations interaméricaines, et principalement ce qui concerne les relations avec la Commission Interaméricaine de Droits Humains (CIDH).

Patiño dit que l’ALBA, promeut le changement de siège de la CIDH vers d’autres pays, parce qu’elle est grandement influencée par les USA dans la capitale desquels se trouvent ses bureaux centraux.

Le Pérou, Panama et Costa Rica,  indique le Ministre, ont manifesté de l’intérêt pour héberger le siège de la CIDH., un changement dont devra décider en son temps l’Assemble Générale de l’OEA.

Le changement de siège de la CIDH est nécessaire, indique Patiño, parce que dans la réalité elle “se plie aux intérêts du pays » dans lequel elle réside.

La CIDH, ajoute le Ministre des Affaires étrangères du Venezuela, Elias Jaua, émet des résolutions « partiales » contre des « Gouvernements légitimes et populairement élus », en défense de groupes d’intérêts, d’entreprises transnationales et de médias.

Publicado en Amèrica latina

Source espagnole  El ALBA anuncia salida de la Junta Interamericana de Defensa de la OEA | Amèrica latina | America Latina | Inicio 

Traduction Anne Wolff

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8 juin 2013 6 08 /06 /juin /2013 08:48

 

 

 

James Petras ; En Colombie la lutte pour la terre, pour la justice sociale, constituent l’axe du conflit et de son éventuelle solution.

Agencia de Noticias Nueva Colombia | Jueves, 06/06/2013

 


el analista norteamericano James Petras

 

 James Petras

 

Depuis un entretien téléphonique avec José Antonio Gutiérrez et Eliecer Jiménez 

du 4 de Juin 2013 

 

*******

1. Vous êtes une personne qui a suivi les évènements politiques latino-américains durant plusieurs décennies. En tant que tel, vous avez vu resurgir les mouvements populaires dans la région et les projets de transformation sociale. Dans ce contexte, comment évoluent les dialogues de la Havane qu’entretiennent l’insurrection et le gouvernement colombien ?

Dans une première approche, nous devons reconnaître que le fait que le gouvernement ait accepté de négocier avec l’insurrection est un pas positif. Deuxièmement, le fait qu’entre les deux a été formulé un agenda pour discuter de mesure concrètes, positives, est un autre élément encourageant. Troisièmement, que les mouvements sociaux soient intégrés et consultés pour exposer leurs opinions sur les points de l’agenda, sur les réformes est un autre point positif, davantage encore si nous comparons ce processus en relation avec ceux d’Amérique Centrale où les guérilléros ont négociés avec les portes fermées, excluant les mouvements de masses. Quatrièmement que le gouvernement se soit dit prêt à résoudre les problèmes de la campagne est également un élément positif.

Mais il y a différents problèmes dont nous devons tenir compte, comme celui que constitue la poursuite de la militarisation de la campagne par le gouvernement, qui continue à réprimer les paysans, à assassiner, à faire des prisonniers, qui disparaissent, comme toujours. Tout cela démontre une continuité avec le passé d’Uribe, il n’y a toujours pas de rupture. Un autre fait préoccupant, c’est le fait que le gouvernement de Colombie maintient les bases militaires, avec l’aide militaire nord-américaine, ceci est très contradictoire avec les efforts fournis pour résoudre le conflit.  Finalement nous devons dire que la militarisation de la campagne est incompatible avec la réforme agraire, parce que les militaires et paramilitaires continuent à réprimer et assassiner des afrocolombiens, des indigènes, des paysans et font presque quotidiennement disparaître des personnes.

Et le fait que Santos se soit réuni avec Capriles, un putschiste qui ne reconnait pas le gouvernement du Venezuela mérite une mention particulière. Ceci démontre qu’il y a un grand manque de rigueur, et c’est mauvais signe. Il y a eu un accord avec le Venezuela dans lequel son gouvernement est reconnu comme légitime, et ceci est une condition pour que le processus puisse avancer.

L’autre point est qu’il y a des aspects que nous dévons prendre en compte : dans les négociations, il n’y a aucun signe que l’oligarchie va reconsidérer la grande concentration des terres. Ils offrent la repossession pour les paysans déplacés, mais ils offrent des terres non cultivées à la frontières pour installer les sans terre, en d’autres termes, la clé des campagnes sont les grandes terres fertiles et irriguées qui sont aux mains des agro négociants et ce n’’est pas clair, on ne sait si ces terres de l’oligarchie entrent dans les négociations ou si elles ne sont pas concernées.

Je veux dire pour finir, que le gouvernement colombien joue un double jeu dans tout le processus, d’une part, il parle de solution négociée, pendant que d’autre part, il continue à militariser ; il parle de coopérer avec le Venezuela pendant qu’il appuie les putschistes ; il parle de réforme agraire et des activistes paysans disparaissent ; tous ces éléments appellent un questionnement de tout le processus et de la manière dont il peut avancer. Pourquoi le gouvernement a-t-il une politique double sens, il mène en réalité deux politiques ;  il parle de paix et poursuit la politique de répression, et cela ne satisfait ni les FARC, ni le Venezuela., ni aucun observateur objectif. La Colombie dit abandonner la direction putschiste-militariste et œuvrer  pour la paix, ou nous allons vers la rupture malgré tout l’optimisme ingénu, il n’y a pas de rupture de Santos avec Uribe, il y a seulement un changement de style, il y a plus de diplomatie, il est moins frontal qu’Uribe. Mais aucun des deux ne veux des réformes, il ne désirent donner un peu d’ouverture politique aux guérilleros et oublient les millions de paysans déplacés et dépossédés de leurs terres.

2. Comment analysez-vous la visite de Capriles en Colombie ? Croyez-vous que la réunion avec Santos est une maladresse diplomatique de ce dernier ou que cela reflète d’autres intentions politiques ?

Capriles est l’expression de la politique des USA, qui ont une politique d’intervention dans la région. Eux, les USA veulent la négociation avec les FARC, mais seulement pour désarmer les guérilleros et le mouvement populaire et obtenir la sécurité pour les grands investissements dans les ressources primaires, particulièrement dans les mines et le pétrole. D’un autre côté, Biden, le vice-président des USA, dit que les négociations sont positives, mais la question est de savoir sur quelles bases Santos suit la ligne du président nord-américain, qui est de chercher des concessions politiques sans justice sociale.

Capriles fait partie du plan de déstabilisation du Venezuela, il a voyagé dans toute l’Amérique Latine (abandonnant sa fonction de gouverneur de l’état de Miranda NdT), regroupant la droite de tout le continent,  cherchant des points de rencontres, ce qui indique que les USA préparent une controffensive. Le fait que Santos ait une réunion avec le chef de la politique interventionniste nord-américaine est le signal qu’il n’a aucun intérêt à la coexistence pacifique avec le Venezuela comme le dit Diosdado Cabello (Président de l’assemblée nationale du Venezuela. NdT), il cherche à faire dérailler le processus de paix.

Capriles cherche également à se servir de la Colombie comme un tremplin pour appuyer les putschistes de l’intérieur, parce qu’il n pas d’appui à interne au Venezuela, et Washington est fort occupé au Moyen-Orient, du coup la Colombie est amenée à jouer un rôle clef. C’est comme un triangle, Washington-Bogota et la contre-révolution au Venezuela. Ceci est un triangle néfaste, et c’est le point de rupture possible pour le tout, non seulement pour l’amélioration et la normalisation des relations mais cela peut aussi entraîner une rupture des négociations de la Havane qui conduirait à une remilitarisation. Washington cherche une faille pour créer la rupture et apparaître comme ceux qui sont en faveur de la démocratie, de la paix, et que les médias fassent choir la culpabilité sur le Venezuela et les révolutionnaires du possible achèvement du processus.

3. Nous sommes selon vous dans une période critique pour les dialogues ? Pensez-vous que la position de Maduro de revoir sa participation à La Havane pourra donner des arguments à Washington pour pratiquer une politique plus agressive envers la solution négociée ?

Il y a une intention de produire une relance de la Guerre Froide entre la Colombie et le Venezuela, ce qu’il y a eu n’est pas une réception d’un candidat de droite dérouté. Le Capriles qui a été reçu par Santos est un putschiste qui a lancé une campagne de violence après les élections, qui remet en question les résultats démocratiques de ce processus, qui est constamment en consultation avec Washington pour déstabiliser le Venezuela. Capriles n’est pas n’importe quel candidat. Celui avec qui s’est réuni Santos est quelqu’un qui, dans un autre pays, moins démocratique que le Venezuela, serait emprisonné pour délinquance politique. Il s’est engagé dans différents processus de déstabilisation.

A cause de cette attitude extrémiste de s’être réuni avec Capriles, le gouvernement colombien va devoir faire de petites concessions pour améliorer son image, il a déjà offert de vendre plus d’aliments au Venezuela face  la pénurie qui se produit dans ce pays, mais il ne parle pas du sabotage des partisans de Capriles. La Colombie offre de la nourriture, mais il vaudrait mieux quelle cesse de soutenir ceux qui sont derrière les ruptures d’approvisionnement. La Colombie dira que la réunion avec Capriles est peu significative, informelle, mais le fait est que tous les médias l’ont retransmise. Washington lui a donné une grande publicité, dire que ceci n’était pas protocolaire n’est pas convainquant.

4. Votre vision des choses est fort préoccupante, vous pensez que l’incident avec Capriles peut faire dérailler les négociations de paix ?

Le Venezuela a rappelé son représentant à La Havane dans les négociations, pour consultation, ce qui est une position négative face à ce duo Capriles-Santos qui a émergé cette semaine. Le pas suivant sera la discussion sur comment réagir, au Venezuela, on ne peut passer par-dessus le fait que cela ne fut pas une simple réunion ordinaire, il y a des accords qui n’ont pas été publiés, des accords commerciaux, politiques le seul fait de la reconnaissance de ce délinquant de la part de Capriles est très grave.

Mais les Cubains vont faire pression sur le Venezuela afin qu’il ne se retire pas, parce que Cuba est fort impliquée dans le processus de paix. Je crois que le Venezuela reviendra aux sessions pour voir comment cela vont évoluer les relations de la Colombie avec l’opposition interne si ce problème persiste, cela peut mener à une rupture, donc dans la conjoncture actuelle tout cela est dans l’air et il peut se passer un tas de choses. Maintenant il y a une pause de réflexion, et je crois que le Venezuela est déjà en train de lancer la balle dans le camp de la Colombie, l’interpellant sur la manière dont elle va rectifier, et corriger. Si elle continue à défendre ce qu’ils ont fait ceci peut porter préjudice à l’ensemble.

Maintenant comment vont réagir les FARC si le Venezuela retire sa représentation, c’est une autre question. Il est difficile que les FARC continuent à négocier avec des garants comme le Chili de Piñera et le Norvège de l’OTAN, cela créerait un fort déséquilibre, au-delà du fait que Cuba soit présente, il serait fort difficile que le processus se poursuive, cela remettrait en question les négociations, je crois qu’ils n’approuvent pas ce rapprochement avec Capriles et que maintenant ils discutent des prochaines étapes. Ils doivent aussi tenir compte des signes de mauvaise foi de Santos dans leur analyse. Dans ce scénario, les pressions depuis la Colombie sont de beaucoup de poids, les marches populaires, les manifestations démocratiques qui exigent un accord politique, avec une justice sociale sont cruciales. Que le Pole Démocratique Alternatif ait critiqué Santos, disant qu’il sabote le processus de paix avec cette réunion, est un élément qui introduit une pression interne, et les FARC, sont en train de prendre tous ces éléments en compte et de prendre des mesures face à cette situation délicate.

5. Revenons sur le processus de paix, certains ont fait le parallèle entre les processus de paix en Irlande et en Colombie, et il y a des éléments qui ont été repris du premier pour être amené dans l’autre. Pourtant il y a des différences qualitatives. Qu’en pensez-vous ?

En Irlande, ils ont obtenu une paix qui diminue les discriminations ethnico-religieuses, il y a eu une avancée dans des éléments d’égalité politique sans unification des deux Irlande, la colonisation de la couronne britannique se poursuit, entre autre choses.  Cet arrangement a été fort médiatisé. En Colombie la lutte pour la terre, pour la justice sociale, constituent l’axe du conflit et de son éventuelle solution, pas la discrimination en soi, qui existe aussi, contre les afrocolombiens, les paysans, les indigènes. En Colombie la transformation de la structure économique sociale est l’axe, cela n’était pas le cas en Irlande.

Les USA peuvent soutenir Santos pour que les FARC présentent des candidats et forment un parti mais rien de plus. Il n’y a pas de garantie non plus que les accords se concrétisent, comme antérieurement, alors que les FARC avaient accepté une trêve, ils descendirent de la montagne et   des milliers de personnes furent assassinées dans le génocide de l’Union Patriotique. Il faut tirer les leçons des expériences historiques, parce que le gouvernement et l’oligarchie avaient signé des accords de paix et que la majorité des dirigeants et activistes sociaux furent alors éliminés. Les FARC ont besoin de quelque chose de plus qu’un accord écrit, il doit y avoir des signaux concrets, par exemple la démilitarisation, le fait que 1500 conseillers et assassins nord-américains qui sont Colombie quittent le pays devrait faire partie du processus de paix. L’Angleterre maintient ses troupes en Irlande du Nord. Il  y a des différences entre les deux situations, et c’est plus compliqué en Colombie, parce que la lutte de classe, la lutte pour la terre, pour la démilitarisation est un problème beaucoup plus aigu en Colombie.

6. Pour finir, pensez-vous que Simon Trinidad pourrait venir à La Havane afin de jouer un rôle dans les négociations ?

Que Simon Trinidad vienne à La Havane pourrait être un pas positif, il pourrait ainsi se libérer d’une accusation fabriquée et je pense que sa présence comme délégué serait légitime. C’est une personne qui a été fort impliquée dans les négociations de paix précédentes, avant de tomber dans le piège qu’on lui a tendu en Equateur, avec son intelligence, sa connaissance juridique du sujet, cela pourrait être un facteur positif, mais Washington n’est disposé à libérer personne ni à faire aucune concession, parce qu’ils vivent de la vengeance, de politiques extrêmement répressives.

En ce moment, il y a un processus devant les tribunaux, parce que le Procureur d’Obama espionne tous les médias de masse, la presse commerciale et bourgeoise, pas seulement les médias alternatifs, mais  nous parlons bien des principaux quotidiens et émissions du pays, de journalistes contrôlés par la police secrète ; s’ils font cela à leur propres gens, comment permettraient-ils qu’un représentant des FARC joue un rôle de paix dans les actuelles négociations de paix ; les gens n’entendent que ceci (les USA) est un régime policier répressif. Il y en a encore qui pensent qu’Obama est modéré et différent des autres présidents, ce qui est faux et contredit par tous les évènements quotidiens, ce scandale est la preuve qu’il n’y aura aucune concessions parce qu’ils ne sont pas de bonne foi.

 

----------------------------------Agencia de Noticias Nueva Colombia, ANNCOLWeb: www.anncol.eu, Redacción: editar@anncol.eu,YouTube: http://www.youtube.com/user/anncol4?feature=mhee

 Source en espagnol :

James Petras: En Colombia la lucha por la tierra, por la justicia social, constituyen el eje del conflicto y de su eventual solución

Traduction Anne Wolff

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7 juin 2013 5 07 /06 /juin /2013 08:20

 

Un article plus ancien et essentiel pour comprendre le cadre et les enjeux et les processus régionaux de la militarisation US de la Colombie et dceux des Traités de Libre Echange qui tentent de revenir sur léchec de l'Alca.

 

L’avancée irrésistible de la militarisation

par Raúl Zibechi *

 

Toutes les versions de cet article : [Español] [français]

La récente approbation du Traité de libre échange (TLC) entre la Colombie et les États-Unis réaffirme la politique militariste du gouvernement de Barack Obama vers l’Amérique Latine, comme la principale voie pour résoudre la crise économique et le déclin de l’hégémonie globale et régionale. Ironies de la vie, le TLC poussé par le conservateur George W. Bush a été dénoué après cinq ans par le Congrès, sous le « progressiste » Obama, montrant que quand il s’agit des intérêts impériaux et multinationaux il n’y a pas de différences substantielles entre les deux partis politiques des Etats-Unis.

Le président Juan Manuel Santos a déclaré : « c’est le traité le plus important que nous avons signé dans notre histoire », bien qu’il va couler la production agricole, comme ce fut déjà le cas dans tous les pays qui ont signé ces accords. Cependant, comme le journaliste colombien Antonio Caballero signale dans sa colonne intitulée « El empalamiento » (Semana, 15/10/2011), le traité est en réalité « un acte de soumission » qui approfondit le rôle de gendarme régional de la Colombie.

Nous sommes devant u choix clair des élites pour le « néolibéralisme armé » qui leur permet d’augmenter les profits et en même temps de bloquer la protestation sociale. Ce modèle, qui s’applique déjà avec succès au Guatemala et au Mexique, et qui tend à s’étendre à toute la région, est le régime politique adapté pour provoquer « l’ accumulation par dépossession » que David Harvey analyse dans Le nouvel impérialisme (Akal, 2003), bien que le géographe britannique ne précise pas dans ses travaux le type d’État qui correspond à ce mode d’accumulation.

La Colombie affiche la plus grande dépense militaire reconnue de forme officielle de la région, qui atteint presque 4 % du PIB, le double en pourcentage de celle du Brésil et presque trois fois plus que celle du Venezuela, alors que d’autres sources l’estiment jusqu’à 6 %. Actuellement, l’armée de la Colombie dispose de 230 000 hommes, le même nombre que celle du Brésil, qui a une surface sept fois plus grande et une population quatre fois supérieur. La disproportion par rapport à ses voisins l’Équateur et le Venezuela est énorme, bien que les médias s’obstinent à montrer que la vraie menace à la paix vient Caracas.

Sous les deux gouvernements d’Álvaro Uribe (2002-2010) les paysans ont été dépossédés de 6 millions d’hectares et il y a eu 3 millions de déplacés. À la politique de privatisations de son prédécesseur (télécommunications, banque, pétrole), Santos ajoute maintenant le reprimarisation [retour vers le secteur primaire] de l’économie orientée vers l’exploitation de minerais, de gaz, de charbon, d’or et de pétrole, et l’expansion de l’agro-exportation de soya, de canne à sucre et de palmier africain. Une partie des capitaux qu’ils « investissent » dans ces affaires provient des paramilitaires et du trafic de stupéfiants que les armes et les biens volés ont uni.

La Colombie figure parmi les 10 pays les plus inégaux du monde. Avec les réformes du travail, les entrepreneurs ne paient déjà même plus les heures supplémentaires. La santé et l’éducation subissent des coupes pour grossir le budget de guerre et la privatisation veut avancer sur les universités, malgré la vaste mobilisation estudiantine. C’est ainsi que le « néolibéralisme armé » fonctionne, fils prodigue du Plan la Colombie, couronné maintenant du TLC.

À l’intérieur, le Plan Colombie est spoliation et militarisation pour freiner la résistance. A l’extérieur, il transforme le pays en la principale plate-forme de la politique militaire du Pentagone. Une étude du Centre de recherche et de l’Éducation Populaire (Cinep) remarque que sous les deux gouvernements d’Uribe la mobilisation sociale fut la plus forte au cours du demi-siècle passé : presque quatre fois plus de conflits par an que dans les décennies de 1960 et de 1970, et 50 % de plus que dans celle de 90.

La guerre et la militarisation se sont précisément envolées dans les départements qui présentent la plus grande résistance sociale , qui sont aussi ceux où l’avancée des megaprojets d’extraction est plus intense. La guerre que provoque Plan la Colombie, dont les bénéfices seront transvasés par le TLC, sert à libérer des territoires pour l’accumulation de capital. Il faut s’arrêter sur l’enchaînement entre guerre et néolibéralisme, violence et accumulation, pour comprendre de quoi retourne le modèle, bien que ceci soit mariné par une bataille électorale médiatique tous les quatre ans et des déclarations contre le trafic de stupéfiants et la guérilla.

Mais le modèle tend à déborder sur toute la région. Le 27 septembre, la Chambre des députés du Paraguay a voté l’état d’urgence pendant 60 jours dans deux départements : Concepción et San Pedro, les plus pauvres, et dans lesquels le mouvement paysan a joué le rôle principal dans plusieurs mobilisations les plus importantes. L’excuse est de combattre l’Armée du Peuple Paraguay (EPP), un groupe qui selon le ministère public dispose de 10 membres. La mesure qui habilite déjà l’action des forces armées comme police interieure avait été adoptée en 2010 pour 30 jours dans cinq départements, sans arrêter aucun membre de l’EPP.

Abel Irala, du Serpaj, attribue la militarisation au modèle productif : « L’agro-business a besoin d’avancer sur les terres du trafic de stupéfiants, et dans ce conflit la militarisation joue en faveur du soja. Le paysan qui plante de la marijuana est le dernier en bas de l’échelle, et sa femme, quand ils le mettent en prison, vend ce terrain pour le sortir de la prison, et il est vendu aux exploitations de soja ». La Coordinatrice des Droits de l’homme a dénoncé que 500 militants sociaux sont poursuivis, que les tortures sont plus fréquentes et que la justice utilise les qualificatifs de « perturbation de la paix publique », pour faire des marches qui ne coupent pas de routes, et « de sabotage », au blocage de routes,ce qui est passible de 10 ans de prison.

Ce n’est pas un hasard si les conseillers militaires des forces répressives paraguayennes sont colombiens. Le « néolibéralisme armé », avec ou sans TLC, ne reconnaît pas de frontières idéologiques et se propose d’anéantir ou de domestiquer les mouvements anti-système. Au milieu de la profonde crise que nous vivons, il y a des échantillons de ce que ceux de là-haut ont misé sur un militarisme dur et pur.

La Jornada. Mexique, le 21 octobre 2011.

Traduit de l’espagnol pour El Correo par  : Estelle et Carlos Debiasi.

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6 juin 2013 4 06 /06 /juin /2013 17:39

 

 

 

Un texte publié initialement sur le site de l’Agence Vénézuélienne d’Information (AVN en espagnol), je n’ai pas trouvé le nom de l’auteur. Et il y a une ou deux petites erreurs, comme l’omission du retrait de la France de l’OTAN et sa réinsertion, et le fait que selon Atilio Boron, l’Argentine n’aurait toujours pas renoncé à son statut d’associé obtenu pendant la dictature. L’auteur ne précise pas non plus ce quil entend par « grandes puissances » à l’intérieur de lOTAN. Malgré cela, un point de vue extérieur intéressant sur cette armée en voie de mondialisation dont nos pays sont fondateurs et membres actuels. Ce qui ne les rend pas plus sympathiques au reste des peuples du monde !


L’OTAN cherche à dominer le monde à travers les « accords colombiens »

O5 juin 13  

OTAN 

AVN. – L’annonce déconcertante que fit le président Colombien, Juan Manuel Santos, que dans les semaines à venir son pays souscrirait un accord de coopération avec l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord a converti la Colombie en la première nation d’Amérique Latine et des Caraïbes à manifester sa volonté de s’incorporer de manière formelle aux activités de l’alliance militaire la plus puissante du monde, responsable des invasions de l’Afghanistan, de l’Irak et de la Libye. 

Quoique ce dessein se soit éclaircit après quelques jours, ce que signera la Colombie, en principe, est un accord d’échange d’informations privilégiées avec cette alliance militaire qui supposera, dans le temps, de nouvelles possibilités de coopérations comme les actions opérationnelles conjointes.

Le schéma « d’associé » de l’OTAN a été la formule par laquelle l’alliance des USA et des puissances occidentales, augmentèrent au 21ème siècle leur contrôle et leur présence militaire sur tous les continents, au point qu’aujourd’hui l’organisation compte 28 membres,  quelques 5O associés et aspire au cours des prochaines années à étendre cette société à quelques 140 pays.

Les degrés de compromission varient du stratégique à l’opérationnel, mais en évaluant les caractéristiques des associés en Asie on peut se dire que l’OTAN signera des accords pour atteindre, selon eux, quatre objectifs fondamentaux : maintenir la paix, réaliser des opérations humanitaires en cas de désastres naturels, maintenir la sécurité maritime et, participer aux plan de de défense conjointe et à la lutte antiterroriste.

Pour parvenir à ces objectifs, le schéma implique la réalisation d’exercices militaires conjoints (aériens et maritimes), l’établissement de bases militaires permanentes sur le territoire de l’associé, des échanges privilégiés d’informations, des transferts de troupes sur d’autres scènes de guerre ou conflits internationaux et en général une augmentation des dépenses militaires des pays souscripteurs..

 

Le modèle utilisé par l’OTAN en Afghanistan, auquel ont participé quelques 50 pays à l’invasion et à la « reconstruction » du pays – utilisé aussi en Irak et en Lybie – fait penser que le schéma de société sert à garantir l’usage de troupes sans que les USA et les puissances alliées ne se sacrifient directement sur le terrain.

C’est la transformation opérée par l’OTAN depuis sa naissance, en 1949, jusqu’à ses nouvelles modalités de forces militaires multinationale et omniprésente qui cherche à pénétrer en Amérique Latine, et en particulier en SUD Amérique.

L’origine de l’histoire

L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) a beaucoup changé depuis quelle fut formée, le 4 avril 1949, dans la ville de Washington, avec la participation de 10 nations européennes, des USA et du Canada.

Crée dans un esprit de défense mutuelle entre associés ; l’OTAN en pratique s’est déployée sur toute la planète (à travers des pactes régionaux qui lui ont permis d’intervenir en Asie, au Moyen Orient et en Afrique) pour neutraliser l’expansion du communisme, au point qu’elle finit par se convertir en grand bras armé de l’Occident pendant la guerre froide.

Le puissant arsenal militaire qui grandit à l’abri des puissances occidentales (Etats-Unis, Angleterre, et France en tête) la fit se convertir dans la plus grande puissance militaire du monde et lentement elle s’est étendue, avec différentes formes d’affiliations à presque toute l’Europe Occidentale.

On se souviendra de la polémique que provoqua l’entrée en 1982 de l’Espagne « socialiste » dans le Traité de l’Atlantique Nord, un pas qui aligna définitivement le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol sur les principes d’action de base de cette organisation,  autant dire, qui le rendit dépendant  de la défense internationale de la démocratie, des droits humains et de respect de la loi, selon des paramètres et intérêts imposés par les USA et les principales puissances de l’organisation qui sont celles qui prennent véritablement les décisions à l’intérieur de l’OTAN. 

Après la chute du communisme et la désintégration de L’Union Soviétique, au début des années 90, l’OTAN s’est restructurée avec pour vue d’identifier et construire un autre “ennemi”, et pour cela elle utilisa toute son énergie à construire de nouveaux paramètres qui garantissent la « sécurité et la stabilité » des grandes puissances occidentales.

Son intervention dans la guerre de Yougoslavie en 1996, inaugura les dits bombardements pour « raisons humanitaires » qui convertirent l’OTAN en un nouvel acteur global, avec la capacité d’intervenir dans des conflits internes et des guerres entre pays sans l’approbation préalable de l’ONU, toujours au nom de la « démocratie et les droits humains universels »

En 1999 l’organisation initia une stratégie agressive de l’affiliation avec l’incorporation de pays comme la Hongrie, la Pologne et la République Tchèque, ce qui inaugura une nouvelle ère d’expansion en Europe de l’Est, dans une tentative de ligoter la Russie (le projet de bouclier antimissile s’insère dans cette stratégie) et d’éradiquer définitivement le fantôme du communisme dans les ex républiques soviétiques.

A la fin du 20ème siècle, l’OTAN était une organisation  comptant 28 membres (elle avait commencé avec 12 en 1949), annonçant de cette manière la tendance que certains internationalistes ont appelée « otanisation du monde », ce qui veut dire, la présence militaire toujours grandissante de cette organisation dans toutes les régions de la planète.

Le 21ème siècle et la politique des associés

Avec l’attaque des Tours Jumelles, en septembre 2001, les USA et leurs alliés définissent le nouvel ennemi global pour le 21ème siècle : le terrorisme. Au nom du terrorisme fut testé ce nouveau rôle de l’OTAN de bras armé multinational intervenant militairement dans les pays accusés ou soupçonnés, par cette même organisation de constituer une « menace pour la sécurité globale ».

LOTAN se déploya sur le territoire afghan à partir de 2003, un modèle d’action militaire appelé Force Internationale de Sécurité (IZAF, sigle en anglais) à travers lequel non seulement participent aux opérations ses membres traditionnels mais aussi d’autres armées de diverses nations du monde, à tel point qu’au cours des 10 dernières années ce sont 50 pays qui ont participé aux opérations, beaucoup d’entre eux entant que « associés » spéciaux de l’organisation.

Ces associés sont essentiellement des “nations fournisseuses de troupes » qui en plus accomplissent des tâches de « reconstruction » dans le pays (avec les possibilités commerciales pour tous). En Afghanistan, il y a actuellement 16 de ces associés : Arménie, Australie, Azerbaïdjan, Bahreïn, Géorgie, Japon, Jordanie, Kazakhstan, Malaisie, Mongolie, Nouvelle Zélande, Singapour, Corée du Sud, Tonga, Turquie et Emirats Arabes.

L’Afghanistan, comme le dit Rick Rozoff, fondateur de l’organisation contre la militarisation du monde Stop-Nato, a été un laboratoire privilégié pour unifier les intérêts de l’occident et de l’orient et solidifier avec eux la domination de l’OTAN dans la région clé de la géopolitique mondiale. De cette manière, les USA et leurs alliés potentiels, à travers des « associations pragmatiques, efficaces et flexibles » avec d’autres pays, maintiennent leur présence et leur contrôle militaire sur différents territoires, conflits et aires stratégiques, sans avoir besoin de s’exposer directement.

L’augmentation des alliés ayant ce statut « d’associés » a permis aux USA et aux puissances occidentales d’avancer dans leurs dominations, sans devoir « démocratiser » ou « pluraliser » leurs intérêts à l’intérieur de l’organisation.

Associés stratégiques et opérationnels

Dans la première décennie du 21ème siècle, l’OTAN parvint à consolider des associations dans le Nord de l’Afrique, le Golfe Persique et la Mer Baltique (Géorgie) qui ont repotentialisé son pouvoir et son influence, et selon Michito Tsuruoka, membre de l’Institut National de la Défense du Japon,  ce qu’il appelle des objectifs « stratégique institutionnels, opératifs et d’interpeuplements » de l’organisation.

Un modèle qui a servi depuis novembre 2010 pour établir une politique agressive d’association dans le Pacifique Sud, et qui a permis à l’OTAN de gagner l’appui de pays comme l’Australie, la Nouvelle Zélande, les Philippine et pratiquement la dizaine de pays qui intègrent l’Association des Nations de Sud-Est Asiatique (Asean) – sauf la Chine – avec l’organisation périodiquement d’exercices militaires, maintient de bases militaires permanentes sur leurs territoires et échanges d’informations privilégiés sur de potentiels ennemis des Etats-Unis et de leurs alliées dans l’organisation.

Si dans les années 90, l’OTAN a tenté d’isoler la Russie en gagnant des associés permanents en Europe de l’Est, au 21ème siècle les intérêts se sont centrés sur la contention de la Chine, la grande puissance émergente du sud-est asiatique, avec des associées flexibles et efficaces. Le Secrétaire Général de l’Organisation, le danois Anders Rasmussen,  le disait déjà en avril 2011 : « Nous sommes disposés à développer le dialogue politique et la coopération pratique avec n’importe quelle nation et avec les organisations importantes du monde entier qui partagent nos intérêts ».

Tsuruoka dit que les sociétés du Pacifique autour de la Chine se sont fondées pour atteindre 4 objectifs politico-militaires ; maintenir la paix, réaliser des opérations humanitaires en cas de désastres naturels, maintenir la sécurité maritime et participer à des plans de défense conjointe et à la lutte antiterroriste.

La condition pour devenir associé de l’OTAN est en apparence basique “être une nation pacifique, responsable et qui contribue à la sécurité globale », le problème arrive quand ces trois vertus doivent coïncider avec les intérêts géopolitiques des USA.

Les accords qui ont été établis privilégient soit le côté stratégique, comme dans le cas du Japon et de la Corée du Sud (ce qui prévaut est l’établissement de plans militaires conjoints pour maintenir la stabilité dans le sud-est asiatique) ; soit l’opérationnel comme ceux souscrits avec des pays comme l’Australie, la Nouvelle Zélande et Singapour, dont l’aspect important est la participation des armées à des opérations militaires de l’OTAN pour améliorer leur capacité opérationnelle, leur formation professionnelle et leur expérience guerrière, en échange d’échanges privilégiés d’informations.

La guerre comme poumon du capitalisme.

Le modèle des associés qui partagent des intérêts, appliqué en Afghanistan, fut testé postérieurement en Irak en 2003, en Libye en 2011 et maintenant on voudrait le mettre à l’épreuve en Syrie et en Iran. Avec plus de 50 associés en ce moment, selon Rozoff (aucun dans l’Amérique Latine et les Caraïbe jusqu’à l’annonce de la Colombie), les architectes de l’OTAN espèrent arriver, dans les prochaines années, à 140 associés, ce qui convertirait l’organisation en une force militaire gigantesque et omniprésente sans contrepoids sur toute la planète.

Ce qui est clair, dans cette «otanisation » du monde, c’est le caractère économique de la formule. Pour se faire une idée, pendant que les USA et l’Europe entraient dans leur crise financière, qui provoquait des coupes inhumaines dans les politiques sociales de ces pays à partir de 2008, les budgets militaires non seulement étaient maintenus et augmentaient même dans plusieurs cas.

Le rapport le plus récent de l’Institut International Sipri, qui a son siège en Suède, dit que les USA supportent 33% des dépenses militaires de la planète, estimée à 1,75 trillons (1.750 milliards) de dollars par an. De ce montant l’OTAN consomme un trillons de dollars et représente 57% des dépenses militaires mondiales.

Des chiffres qui indiquent que l’industrie militaire est le grand poumon du capitalisme au 21ème siècle et que les USA sont le grand bénéficiaire de ce modèle, non seulement parce qu’ils sont de grands producteurs d’armements et technologies militaires, mais aussi parce qu’ils font pression sur leurs associés de l’OTAN pour qu’ils achètent leur armes et dédient la majeure partie de leur budget à des dépenses militaires.

Seulement en 2012 les dépenses militaires en Europe Orientale ont augmenté de 15%, au Moyen Orient de 8% et en Afrique de 7,8%.  Selon le Sipri, l’Italie, un des pays qui a le plus souffert des coupes dans les budgets sociaux, investit en dépenses militaires 34 OOO millions de dollars en 2012.

L’OTAN, pour autant, non seulement cherche à contrôler le monde militairement mais en plus la guerre s’est convertie en commerce le plus lucratif avec lequel survivent les grandes puissances, à commencer par les USA, affectés aujourd’hui par une forte crise financière.

Source espagnole La Otan busca controlar el mundo a través de “acuerdos colombianos” | El Informador Boliviano 

Traduction française Anne Wolff

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5 juin 2013 3 05 /06 /juin /2013 14:48

 

 

Après avoir traduit le texte d’Atilio Boron, (Implications géopolitiques de l’incorporation de la Colombie à l’OTAN. Par Atilio A. Boron  )qui en bon diseur de vérité, pose à plat la signification et les implications de la déclaration du président colombien Santos manifestant sa volonté d’intégrer à terme la Colombie (l’obstacle étant sa situation géographique) dans l’OTAN, sachant l’ignorance dans laquelle baigne une majorité de francophones concernant la géopolitique latino-américaine et l’importance de cette région dans la lutte pour la paix dans le monde,, autrement dit pour éviter après la troisième guerre mondiale économique, l’embrasement planétaire d’une guerre à foyers multiples de guerres civiles ainsi que la concocte le Pentagone et ses maîtres, et comme il ne m’est pas possible de traduire tous les articles importants à ce sujet, j’ai décidé de faire des revues de presse informelles sous forme d’échos afin de contribuer à briser les processus de désinformation matraquée par les uns et par le silence coupable des autres. 

Suite à la déclaration de Santos, Evo Morales, le président de Bolivie a lancé un appel à une convocation d’urgence d’une réunion de l’Unasur pour élaborer une politique de défense commune. Rappelons qu’au cours des derniers mois, après que Washington ait exhibé ses couleurs de guerre dans la région, ces processus de défense conjoint ont accéléré leur marche en avant et qu’une école militaire régionale doit être mise en place en Equateur pour rompre définitivement avec cette tradition qui voulait que les militaires latino soient formé par l’Ecole de torture ex des Amérique sous égide de nazis, de la CIA, et du Mossad qui transformaient ainsi les militaires régionaux en garde-chiourme, assassins et bourreaux des peuples locaux. Ce qui avait suscité la révolte du jeune militaire Hugo Chavez et initié son engagement politique.

Rappelons aussi que la Bolivie a du résister à deux tentatives de déstabilisation proche de coup d’état en moins d’un an. En Juin de l’année passée quand les policiers munis d’armes de guerre (distribuée par différents membres de l’extrême-droite) ont envahi les rues pour réclamer une amélioration de leur conditions de travail, s’attachant à faire monter la tension entre autre en frappant des indigènes surtout des femmes et lançant des insultes racistes au président. Mais comme au Venezuela en avril, ni le peuple, ni le gouvernement n’ont cédé à la provocation. La marche des indigènes des Tipnis dont l’arrivée devait servir de mise à feu s’est détenue, ses leaders affirmant que leur marche était destinée à faire valoir leurs droits et pas à mettre le pays à feu et à sang.

Peu après, ce sont des membres des Opérations Spéciales étasuniennes, entrés séparément avec des visas touristiques qui ont été surpris en plein entraînement dans les montagnes boliviennes. Et plus récemment, une grève menaçait de mettre le feu au poudre, je vous laisse juger des revendications : retraite à 100% du salaire accompagnée d’une augmentation de 800% de ces salaires. Les syndicats locaux ne sont manifestement pas confrontés au concept d’austérité. Essayez donc de faire cela en Europe… mais ici on y penserait même plus…

Ajoutons que depuis le coup d’état qui a renversé le président Lugo au Paraguay en juin 2012 on observe une intensification de présence et mouvements de troupes à la frontière de ce pays avec la Bolivie.

La harpie Clinton a quant à elle lancé quelques imprécations bien sentie pleine de menaces contre la présidente Cristina Kirchner lui intimant de mettre un terme aux avancées (prudentes) du socialisme en Argentine et de se soumettre aux impératifs de la bonne gouvernance néo-libérale. De quoi je me mêle… Et ce malgré que les options prises par Kirchner sont plus proches d’un socialisme de velours à l’ex européenne  avec toutes les carences, imperfections et contresens que nous savons. Une critique cohérente de gauche, paysanne et/ou indigène se fait entendre dans le pays.

L’enjeu que représentent les Malouines est loin d’être anodin puisque sur l’une d’elle, à 700 Km des côtes de Patagonie, est installée une base nucléaire de l’OTAN avec une de ces longues pistes d’atterrissage qui permettent une rapide « projection » de force conforme à la nouvelle doctrine militaire du Pentagone. Rappelons également que lors de la première guerre des Malouines les USA ont violé les statuts de l’Organisation des Etat Américains et du Traité Interaméricain d’Assistance réciproque en se rangeant du côté de la Grande-Bretagne, comme l’a fait remarquer le président du Nicaragua Daniel Ortega lors de sa récente rencontre à Managua avec Nicolas Maduro. Ortega fait remarquer que ce choix a consacré la position des USA comme état extra-régional. Position que veut dorénavant adopter la Colombie.

Une remarque récurrente : l’Otan constituée dans le cadre de la guerre froide pour contenir le risque de la propagation du communisme en Europe aurait du disparaître quand sont tombés l’URSS et le mur de Berlin. Au lieu de cela on l’a vu se transformer toujours davantage depuis sa participation à la destruction de la Yougoslavie en outil criminel du néo-colonialisme.

Après avoir fait une déclaration en ce sens, le président de l’Unasur, Rodríguez Araque affirme que cette volonté manifestée par la Colombie de rejoindre l’OTAN se place dans la volonté d’appropriation des ressources régionales et que le Venezuela est actuellement directement menacé. Rappelons que les troupes de Capriles, perdant des élections, déversant dans les rues leur hargne comme il avait appelé à le faire brandissaient des pancartes appelant à l’intervention humanitaire des USA et d’Israël, et qu’une pétition en ce sens à circulé dans leurs rangs.

Un exemple des formes de déstabilisation actuellement : alors que les entrepreneurs de l’opposition organisent la pénurie des produits de base dans le cadre d’un scénario proche de celui qui avait été utilisé pour préparer le coup d’état contre Allende, avec la même disparition de papier de toilette sur tout le territoire (de quoi en énerver plus dun(e)), des agitateurs se rendent dans les files qui se forment devant les magasins afin d’y provoquer à la violence. Et des actes de sabotages (dont ceux récurrents des lignes électriques)  se poursuivent dans un climat de guerre médiatique.

Alors que le paysage médiatique q vient de connaître deux gros coups fourrés. Le changement de direction de la chaine de télévision Globovision, ouvertement putschiste depuis que Chavez a accédé à la présidence et particulièrement active dans le coup d’état de 2002. La nouvelle direction (on ne lui fait pas confiance) annonce un changement de politique et a expédié sur les roses quelques journalistes vedettes qui servaient l’opposition avec loyauté depuis des décennies. Ils pleurent (les journalistes)

Alors que du côté bolivarien tous s’interroge sur le silence de Maduro concernant l’affaire de la Hojilla (la lame de rasoir). La hojilla c’est (était ?) Mario Silva, journaliste d’investigation d’un immense talent qui avec son excellente équipe d’enquêteurs et sa personnalité décapante à plus d’une fois contribué à révéler les manœuvres de l’opposition avant même qu’elles se produisent. Révolutionnaire de toute la vie, soutien indéfectible du chavisme, il a été limogé après que l’opposition ait produit un enregistrement entre lui et un notable cubain dans lequel il dénonçait tout à la fois le bureaucratisme et la corruption, mais surtout la volonté du président de l’assemblée nationale Diosdado  Cabello de prendre la place de Maduro. Rien ne confirme que cet enregistrement soit bien de lui ou que ce soit un faux habile monté grâce aux techniques de pointe du Mossad en la matière, mais le mal est fait, la Hojilla n’émet plus. Il se bat, avec ses armes et occupe le champ médiatique d’une autre manière (Mario Silva)

Des exemples parmi d’autres pour vous dire que les tentatives de déstabilisations se poursuivent en ce moment à basse intensité, alors que les réunions successives de Capriles d’abord celle discrète avec le grand chef des fascistes et autres nazis régionaux l’ex narco président Alvarez Uribe actuel président du parti régional d’extrême-droite UnoAmerica, suivie de sa réunion fort médiatisée avec le président Santos, jointe à différentes déclarations de la marionnette qui joue le rôle de président des USA, Obama, qui font de la Colombie l’exemple de la démocratie dans la région, celui que font devoir suivre de gré ou de force les autres pays… tout indique que en plus de la guerre psychologique (et cybernétique aussi avec quelques hackers de service) et des déclarations menaçantes et belliqueuses encore au stade verbal, se mettent en place les conditions d’un affrontement militaire.

Avant les élections plusieurs groupes de paramilitaires colombiens s’étaient fait prendre revêtus d’uniformes militaires vénézuéliens sur le territoire Vénézuélien, l’un deux parce qu’il ne portait pas le bon uniforme au bon moment. La zone frontière reste un sujet d’inquiétude. Bref l’accalmie voir le beau temps dans les relations entre la Colombie et le Venezuela, depuis l’accession à la présidence de Santos, les négociations avec les guérilléros des FARC, tout cela a été balayé comme un coup du revers de la main pour faire place à des préparatifs de guerre d’une part et à l’urgence de mettre en place une force militaire dissuasive de l’autre.

Et donc il est difficile de juger du travail intérieur du gouvernement vénézuélien en ce moment. Maduro semble être partout à la fois, dans différents pays de la région, dans différents états du pays et même au palais présidentiel de Miraflores. Mais juger de ces capacité comme président du pays, c’est un peu comme se demandé ce que serait devenue la révolution cubaine sans le blocus économique. En Bolivie, au Nicaragua, en Argentine, en Equateur, en Uruguay il a noué des accords qui garantissent l’approvisionnement du pays en biens de premières nécessité, le gouvernement de rue, qui lont améné dans différents états du pays, est applaudit par les uns et descendu en flamme par les autres… et c’est comme cela pour tout…. Malgré cela, parmi les 7 millions de vénézuéliens des millions d’entre eux participent à la défense de la révolution. Et si nombre d’entre eux sont critiques, c’est une critique destinée à faire avancer les choses… Je réserve donc mon jugement.

Tout ceci contribue aussi à mettre (encore un peu plus) en lumière le rôle que l’OTAN (et les autres outils de guerre au service des corporations transnationales capitalistes). Celui que cette armée n’a jamais cessé de jouer, celui d’agent de l’ingérence militaire dans la destruction de toute tentative d’auto organisation et d’autodétermination des peuples dans le monde en général, alors que des outils plus discrets étaient mis en œuvre pour détruire de l’intérieur l’opposition européenne, usant de la carotte et à présent du bâton pour détruire à la racine l’Europe comme berceau de grands mouvements de libération populaire.

Incontestablement c’est fait. Et le moment est venu de se poser la question : « Quel rôle réserve à l’Europe la suite du scénario ? » Nous n’avons pas de grandes ressources naturelles convoitables, ni d’immenses terres cultivables, nous avons été évincés de la concurrence à la colonisation, ne jouant plus que le rôle de vassal de seconde zone dans les guerres de l’Empire, les forces d’opposition susceptibles de proposer un projet alternatif au néolibéralisme sont atomisées, ont été perverties ou ont été annihilées… Les populations sont devenues aussi incultes que celles des Etats-Unis et s’il reste quelques cerveaux, rien de plus facile à expatrier. Nous voyons que les corporations sont entrain pays par pays de s’accaparer de nos dernières épargnes et de privatiser comme en Grèce l’ensemble du territoire, bien commun, ressources naturelles, logements tout y passe, alors que les droits humains se réduisent comme peau de chagrin… Quel est donc l’intérêt de l’Europe  dans le scénario de Nouvel Ordre Mondial… j’ai bien peur que la réponse soit déstabilisante pour beaucoup… cet intérêt est en fait quasi nul ! Evincée à la fois comme force d’opposition et comme concurrente dans le pillage de la planète, sans grandes ressources naturelles, son économie quasi digérée par la phagocytose néolibérale, ses populations abruties par l’acculturation, la décadence de l’enseignement et l’omniprésence de la propagande, de plus en plus détestée dans le monde entier pour sa complaisance à jouer le rôle de vassal armé,  l’Europe est à présent sans grand intérêt pour l’empire et ses dirigeants apatrides, l’Europe est en mauvaise posture.

L’Amérique Latine rebelle nous a plus d’une fois tendu la main nous invitant à nous joindre à son combat pour l’avènement d’un monde multipolaire en paix parce que fondé dans des principes de complémentarité et de partage. Que les expériences en ce sens qui se mènent là-bas ne soient pas parfaites, tous en conviennent, cependant elles constituent une avancée sans précédent vers une réelle souveraineté des peuples. Ces avancées sont aujourd’hui menacées. Elles sont notre seul rempart contre la mise à feu de la planète pour une durée d’au moins trente ans comme le décide et l’annonce le Pentagone. Allons-nous continuer à lécher les mains qui nous battent en ployant l’échine ?

Anne W

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5 juin 2013 3 05 /06 /juin /2013 10:34

 

 

 

Petit résumé du contexte. Après les élections au Venezuela, le candidat d’extrême-droite évincé, Capriles a lancé ses hordes fascistes à l’attaque des acquis de la révolution bolivarienne (centre de santé, médias populaires, logements sociaux…) et appelé ses autres supporters a décharger leur hargne dans la rue, alors que les corporations d’entrepreneurs organisaient une pénurie des produit de base, en particulier du papier de toilette (comme dans le Chili d’Allende) et des sabotages provoquant des coupures de courant dans tout le pays. Des attaques cybernétiques ont également été menées. C’était le plan A qui consistait a provoquer un soulèvement populaire juste après les élections, ce qui aurait permis de faire appel à l’intervention humanitaire de Washington et ses alliés.

La déstabilisation du Venezuela a plusieurs enjeux, ses réserves de pétrole sont convoitées par les corporations, mais cet enjeu national n’est qu’une petite partie du programme qui est celui d’une recolonisation de l’ensemble de la région afin de mettre la main sur l’ensemble de ses ressources naturelles et de ses terres cultivables. Ce qu’à annoncer sans équivoque le secrétaire d’état Kerry dans une déclaration de guerre aux peuples souverains d’Amérique Latine, annonçant une approche vigoureuse de l’arrière-cour des E.U. Ce qui a entraîné de nombreux remous dans la région et l’accélération du processus de création de défense commune de l’Unasur.

Bref depuis deux mois nous assistons à d’incessants mouvements d’action-réaction entre les menaces contre la souveraineté régionale venant de Washington et Miami et les réponses des peuples et de leurs mandataires populaires. Ces mouvements consistent en préparatif de guerre de la part de l’Empire et les réponses sont les créations de forces de dissuasions par les gouvernements démocratiques et des peuples menacés.

Les autres pays de la région étant déjà soumis depuis des durées plus ou moins longues à des guerres dites de basse intensité impulsées par Washington et ses alliés régionaux dont la Colombie est la tête de pont en guerre depuis un demi-siècle. Malgré une avancée vers la paix réalisée par son actuel président Santos, la plupart des observateurs avertis guettaient le moment où il allait retourner sa veste et montrer son vrai visage et ses véritables ambitions, voilà qui est fait.

Santos se révèle à présent, avec le toujours actif Uribe, comme le principal traître et criminel régional, prêt à mettre la région à feu et à sang pour réaliser ses ambitions personnelles et complaire à ses maîtres. Rappelons qu’au cours de ces dernières semaines, plus d’un million de colombiens de toutes obédiences ont manifesté ensemble à Bogota en soutien au processus de paix entamés avec la guérilla, processus compromis par la déclaration de Santos et condamnés si la Colombie devenait allié extra de l’OTAN.

L’avancée dans l’épreuve de force vient d’opérer un bond en avant en intensité. Le Venezuela avait déjà été soumis à une telle épreuve, quand à la suite du coup d’état mené par le premier régime Obama au Honduras, celui-ci avait installé en Colombie, à la frontière du Venezuela de nouvelles bases militaires obligeant le Venezuela à de grandes dépenses militaires pur assurer avec succès sa protection par la dissuasion, grâce aux incomparables qualités de stratège de Chavez.

Cette épreuve de force est aussi une heure de vérité, est-ce que les gouvernements progressistes tout à fait capables de conquérir des avancées sociales importantes en temps de paix vont être capables de défendre leurs acquis en empêchant le déclanchement d’une guerre qui risquerait d’annihiler tout espoir pour la planète de trouver de nouvelles manières d’être habitée dans la paix et l’autodétermination des peuples.

C’est donc un moment très fort de l’histoire de l’humanité dont nous sommes témoins puisque sa survie est aussi enjeu de cette guerre.

 

 

 

 

Implications géopolitiques de l’incorporation de la Colombie à l’OTAN

Par  Atilio A. Boron | 04/06/2013  

L’annonce faite par le président de Colombie Juan Manuel Santos disant que « au cours de ce mois de Juin il souscrira un accord de coopération avec l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) pour montrer sa volonté de s’y intégrer »  a causé un choc prévisible dans Notre Amérique. Il l’a prononcée lors d’un acte de promotion de membres de l’armée réalisé à Bogota, occasion à laquelle Santos signale que la Colombie a le droit de « penser en grand », et qu’il va chercher à être parmi les meilleurs « pas seulement de la région, mais du monde entier »

Il poursuivit ensuite en disant « Si nous obtenons cette paix –se référant aux conversations de paix qui sont en cours à Cuba, avec l’aval des amphitryons, Noruega et Venezuela – notre Armée est dans la meilleure position pour pouvoir se distinguer également au niveau international. Elle le fait déjà sur différents fronts », assure Santos. Et il pense le faire avec rien moins qu’en s’associant à l’OTAN, une organisation sur laquelle pèsent d’innombrables crimes en tous genres perpétués en Europe même (souvenez-vous des bombardements en Yougoslavie), en Libye et actuellement sa collaboration avec les terroristes qui ont pris la Syrie d’assaut.   

Les bombardements de l’OTAN sur la population civile en Libye.

Jacob David Blinder, essayiste et journaliste brésilien, fut un des premiers à s’alarmer face à cette décision du colombien. Jusqu’ici le seul pays d’Amérique Latine « allié extra OTAN » fut l’Argentine, qui obtint ce statut déshonorant durant les néfastes années de Menem, et plus spécifiquement en 1998, après avoir participé à la Première guerre du Golfe (1991-1992) et avoir accepté toutes les diktats imposés par Washington dans de nombreux domaines de la politique publique, comme, par exemple, le démantèlement du projet du missile Condor et la congélation du programme nucléaire qui depuis des décennies se développait en Argentine. Des graves attentats qui provoquèrent une centaine de morts – à l’ambassade d’Israël et la AMIA – furent le solde de l’Argentine en représailles pour s’être jointe à l’organisation terroriste nord-atlantique.

Le statut “d’allié extra de l’OTAN” fut créé en 1989 par le Congrès des Etats-Unis – non par l’organisation – comme un mécanisme pour renforcer les liens militaires avec des pays situés hors de l’aire de l’Atlantique Nord pour qu’ils puissent être d’une aide quelconque dans les nombreuses guerres et processus de déstabilisation politique que les Etats-Unis mènent dans les recoins les plus éloignés de la planète. L’Australie, l’Egypte, Israël, le Japon et la Corée du Sud furent les premiers à s’y intégrer et peu après l’Argentine le fit, et à présent la Colombie espère l’obtenir.

Le sens de cette initiative du Congrès nord-américain saute aux yeux, il s’agit de légitimer et de renforcer ses incessantes aventures militaires – inévitables pendant les trente prochaines années, si nous lisons les documents du Pentagone sur de futurs scénarios internationaux – avec une aura de « consensus multilatéral » qu’elles n’ont pas en réalité. Cette incorporation des alliés extrarégionaux de l’OTAN qui a été promue sur les différents continents, reflète l’exigence imposée par la transformation de l’armée des E.U. dans sa transition d’une armée préparée pour livrer des guerres dans des territoires limités en une légion impériale qui avec ses bases militaires de différents types (plus de mille sur toute la planète, ses forces régulières, ses unités à « déploiement rapide » et la croissante armées de »contractants » (vulgairement : mercenaires) veut être préparée pour intervenir en quelques heures pour défendre les intérêts étasuniens dans n’importe quel point chaud de la planète. Avec sa décision Santos se met au service d’un aussi funeste projet. 

A la différence de l’Argentine (qui bien sûr devrait renoncer sans plus tarder à son statut dans une organisation criminelle comme l’OTAN), le cas colombien est très spécial, parce que depuis des décennies la Colombie reçoit, dans le cadre du Plan Colombia, un important appui économique et militaire des Etats-Unis – de loin le plus élevé des pays de la région  seulement dépassé par les débours réalisés en faveur d’Israël, de l’Egypte, l’Irak et de la Corée du Sud ainsi que quelques autres alliés stratégiques de Washington.

Quand Santos déclara que sa vocation est de se projeter dans le « monde entier », ce que cela signifie, c’est sa disposition à se convertir en complice de Washington pour mobiliser ses  forces fort bien armées au-delà du territoire colombien et pour intervenir dans des pays que l’Empire s’efforce de déstabiliser, en premier lieu, le Venezuela. Il est peu probable que son annonce signifie qu’il est disposé à envoyer des troupes en Afghanistan ou sur d’autres théâtres de guerre. La prétention de la droite colombienne, au pouvoir depuis toujours, a été de se convertir, spécialement depuis la présidence du narco-politique Alvaro Uribe Velez, en « l’Israël d’Amérique Latine » s’érigeant, avec l’appui de l’OTAN, en gendarme régional de la zone, pour agresser ses voisins comme le Venezuela et l’Equateur et d’autres – Bolivie, Nicaragua, Cuba ? – qui ont la hardiesse de s’opposer aux desseins impériaux. Ceci et pas autre chose est ce que signifie cette déclaration.

Mais il y a quelque chose de plus, avec sa décision Santos, de manière irresponsable,  remet en question la marche des conversations de paix avec les FARC à la Havane (dont un des avals est précisément le Venezuela) assénant un dur coup aux colombiens et colombiennes qui depuis des décennies espèrent mettre fin au conflit armé qui a causé tant d’indicibles souffrances  à son peuple. Comment les guérilléros colombiens pourraient–ils faire confiance à un gouvernement qui ne cesse de proclamer sa vocation d’ingérence et militariste, maintenant potentialisée par sa prétendue alliance avec une organisation aux connotations aussi criminelles que l’OTAN.

Dun autre côté; cette décision ne peut qu’affaiblir – de manière préméditée, bien sûr – les processus d’intégration et d’’unification supranationales en cours en Amérique Latine et dans les Caraïbe. La thèse des « Chevaux de Troie » de l’Empire, que nous avons planté de manière répétitive dans nos écrits à ce sujet, devient d’une actualité renouvelée par la décision du mandataire colombien. Que fera alors Unasur et comment pourra réagir le Conseil de Défense Sud-Américain dont le mandat conféré par les chefs d’état de nos pays est de consolider notre région en tant que zone de paix, comme une aire libre de la présence des armes nucléaires ou de destruction massive, comme une contribution à la paix mondiale pour laquelle il est requis de construire une politique de défense commune et de renforcer la coopération régionale dans ce domaine.

Il est indiscutable que derrière cette décision du président colombien se rencontre la main de Washington, qui a progressivement converti l’OTAN en une organisation criminelle au champ d’action mondial, débordant du périmètre de l’Atlantique Nord qui était sa limite originelle. On reconnait également la main d’Obama qui a impulsé, peu après le lancement de l’Alliance du Pacifique (tentative de ressusciter l’ALCA sous un autre nom), la provocatrice réception de la part de Santos du lieder putschiste vénézuélien Henrique Capriles.

De même, on peut percevoir maintenant, toutes les implications géopolitiques liées à cette initiative de tension de la corde des relations colombano-vénézuélienne, menaçant ses voisins et précipitant l’augmentation de leurs dépenses militaires, affaiblissant l’UNASUR et la CELAC, s’alignant avec la Grande–Bretagne dans le différend avec l’Argentine au sujet des Malouines, étant donné que c’est la posture officielle de l’OTAN. Et qui mentionne cette organisation ne peut que se rappeler que, comme disent les spécialistes du sujet, les nerfs et les muscles de l’OTAN, les E.U. les apportent et les autres pays sont réduits au rôle de pions du ponte impérial. En somme une nouveau tour de vis de la contre-offensive impérialiste dans Notre Amérique, qui pourra seulement être repoussée par la mobilisation massive des peuples et l’énergique réponse des gouvernements véritablement démocratiques de la région. Cela sera une épreuve du feu qu’ils devront surmonter dans les prochaines semaines.

Traduction Anne Wolff

Source espagnole Implicaciones geopolíticas del ingreso de Colombia a la OTAN - Por: Atilio A. Boron

 

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4 juin 2013 2 04 /06 /juin /2013 17:39

 

 

Quelques inquiétudes à la lecture de ce texte, principalement concernant ce qui n’y apparait pas de ce qui est l’héritage essentiel de Chavez, le développement des conditions de souveraineté alimentaire dans,un pays libre d’OGM et de droit intellectuel sur les semences.

Un programme mené avec la Via Campesina, qui a contre-courant des (déplorables) tendances mondiales donnait une place prépondérante à l’agriculture paysanne, et à la redistribution de terres à cet effet, mais aussi au développement d’un enseignement agricole de qualité accompagné de recherches. Mais aussi un encouragement au développement d’une agriculture urbaine. Et un secteur de Gardien de Semences Traditionnelles, pour en favoriser la multiplication, la distribution et les échanges fluides.

Cette inquiétude semble partagée par les associations paysannes du Venezuela. Préoccupées notamment par l’introduction d’une nouvelle loi sur les semences. L’Argentine avec la moitié de ses terres cultivables livrées au Round UP et soja OGM, n’est vraiment pas un modèle en la matière de développement agricole respectueux et intelligent. Les échanges avec l’Argentine supposent-ils un apport d’aliment GM au Venezuela ?

Chavez était certainement le chef d’état au monde le plus cohérent et intransigeant  en matière de lutte contre Monsanto et cie, mais jusqu’ici je n’ai pas constaté que la poursuite de ce projet de souveraineté alimentaire paysan préoccupe beaucoup le nouveau gouvernement.

Par contre, contrairement aux relations entre nations  européennes des rapports forts de solidarité et de mise en commun de complémentarité sont développés. Les relations régionales n’ont pas comme l’Union Européenne la concurrence libre et parfaite phagocyteuse comme principe fondateur.

Beaucoup de questions encore à approfondir…

Pérou : Députés du PSUV : Le Venezuela a été soumis à une guerre économique aux multiples facettes.

par Yásser Gómez Carbajal

Lundi, 03 Juin 2013

 

 Discussion avec les députés du PSUV Jesus Faria et José Sanguino sur la guerre économique qu’affronte depuis ses débuts la Révolution Bolivarienne et qui a été attisée face à la défaite du candidat Henrique Capriles.

Face à la campagne médiatique de la droite continentale pour déstabiliser le gouvernement bolivarien dirigé par le président du Venezuela, Nicolas Maduro, ce sont  rendus à Lima, Jesus Faria, député du Parti Socialiste Uni du Venezuela (PSUV) à l’Assemblée Nationale (AN) de la région District Capital et Jose Sanguino, député du PSUV à l’AN de l’Etat de Tachira, afin d’y exposer ce qui se passe réellement dans le pays. .

 

Les parlementaires bolivariens – qui président la Commission Permanente des Finances et du Développement Economique de l’AN – se sont réunis avec diverses autorités comme le président du Congrès de la République, Victor Isla, la Vice-présidente de la République, Marisol Espinoza, la Maire de Lima métropolitain, Susana Villaran et les conseillers municipaux du groupe Confluencia pour Lima.

 

Mariategui. La revue des idées discute avec les députés du PSUV au sujet de la guerre économique qu’affronte depuis ses débuts la Révolution Bolivarienne et qui fut attisée au cours des dernières semaines face à la déroute électorale du candidat Henrique Capriles de la Table d’Unité Démocratique (MUD) de droite.

 

Le parlementaire Faria fait une analyse de la question délicate que constitue  une économie de rente dépendante du pétrole, de l’accaparement et les ruptures d’approvisionnement d’aliments que pratiquent les pouvoirs économiques depuis le coup d’état de 2002 jusqu’aujourd’hui. Il analyse la réponse de l’état avec des réseaux d’approvisionnent comme Mercal et PVDA et le sujet de la réunion du Président Maduro avec Lorenzo Mendoza, président exécutif de l’entreprise Polar.

 

Pour sa part, le député Sanguino expose les accords de complémentarité que le Venezuela a signé et développés avec l’Argentine et l’Uruguay – dans le cadre de Mercosur – tant en ce qui concerne l’industrie alimentaire que les transferts de technologies. C’est-à-dire que le Venezuela leur fournit des ressources énergétiques et tant l’Argentine que l’Uruguay tous ce qui concerne les produits alimentaires et l’espace pour la production agroindustrielle.


 

 

 Jesus Faria

 

Une économie de rente

 

 

« Le thème économique qui est un des thèmes prioritaire de cette nouvelle phase de la Révolution Bolivarienne est un thème complexe, parce que notre objectif est la transition au socialisme, ce qui suppose que nous ne restions pas dans une économie capitaliste.


« Ceci est la base de la société, ce en qui nous sommes d’accord, dans cette vision et c’est sans doute là que réside les majeures difficulté et résistance pour les changement, le changement est beaucoup plus complexe. »

 

 

 

“Et pour nous ce changement est encore plus complexe puisque nous partons non seulement d’une économie capitaliste mais aussi d’une économie rentière,  ce qui veut dire que nous avons des rentrées qui ne correspondent pas au travail mais au fait que nous avons du pétrole. »


« Cela a été une véritable calamité, ce phénomène a commencé à s’enraciner dans les années 50 du siècle passé et a annihilé l’économie productive, et les politiques néolibérales furent le point culminant de tout cela. 

 

“Avec l’ouverture [de ce marché] le peu qu’il y avait alors [d’économie productive] fut détruit, du coup nous avons hérité d’une économie fort dépendante des importations, des centres impérialistes, du pétrole à basse productivité et d’un important retard technologique.

 

 Guerre économique


“Du coup nous sommes fort vulnérables aux intentions et objectifs des grands groupes économiques, dont les intérêts dévoilés furent de faire tomber d’abord le gouvernement du Commandant Chavez et ensuite celui de Maduro. »

 

« Vous savez qu’en 2002 il y a eu un coup d’état contre le Commandant Chavez et que cette dictature heureusement éphémère ne dura que deux jours »


« Et ceux qui ont promu  ce coup d’état en dehors des corporations pétrolières qui ont une obsession débordante pour les réserves pétrolières du pays qui sont les plus grandes de la planète, ce furent les grands groupes économiques, les entrepreneurs menèrent une guerre économique pour créer une situation d’insurrection et cela se traduit par ce coup d’état (de 2002). »

 

 

 

 

 “Le dictateur de 2 jours était le chef de la direction de l’association d’entreprises (Pedro Carmona Estanga, président de Fedecamera 2001-2003), nous ans été soumis à une  guerre économique acharnée qui avait de nombreuses facettes, la spéculation sur les aliments, les taux de change; l’accaparement et d’autres éléments importants mais d’un moindre impact”.


« Cela a été une constante que les secteurs économiques les plus puissants se sont affronté à la Révolution comme sils étaient des partis politiques et à présent cela se répète, ils avaient l’espoir – je ne sais s’ils l’ont perdu à présent – que sans Chavez la Révolution tomberait facilement ».

 

 

« C’est pour cela que se déclencha cette situation, les accaparements, l’augmentation démesurée des prix des articles de premières nécessités qui sont très sensibles ».

 

 

“La relation est très claire, il s’agit de générer un chaos social à partir d’un problème économique pour déboucher sur une crise politique, et cela s’est traduit dans cette situation de pénurie pour cause d’accaparement.

 

 

Approvisionnement par l’Etat

 

“Bien sûr, notre capacité de réponse est meilleure, même si nous n’avons pas  le pouvoir dans ce domaine, je parle du commerce des aliments, nous avons un réseau de commercialisation (Mercal et PVDA) qui a pour le moins pu empêcher que ce coup d’état se traduise en une perturbation très importante, nous distribuons des aliments aux familles vénézuélienne avec un subside très important ».


« Pas dans les quantité que permettrait un approvisionnement normal, c’est clair, mais oui, nous empêchons que ne se pille la réserve d’aliments du pays ».

 

 

 

 

 “C’est une situation dure, conflictuelle que nous sommes arrivés à surmonter avec l’appui des pays amis et les importations que nous avons réalisé, et certainement le déploiement  de ce réseau de commercialisation de ces articles de première nécessité ».

« Eux le savent, à la place de discréditer le gouvernement, ils sont en train de se discréditer eux-mêmes (les entrepreneurs),  nous disons que à ceux qui ont les positions les plus conservatrices, cependant nous leur avons tendu la main pour dialoguer, et ils sont venus ».

Réunion avec la Polar

« Effectivement il y a eu une entrevue avec la principale corporation de capital vénézuélien, une grande entreprise appelée POLAR qui produit une gamme d’aliments, parmi lesquels le principal produit de notre régime qui est la farine de maïs pour faire l’arepa qui est notre pain, une tortilla de maïs »

 

 

 

 

 “La discussion a porté sur la détermination de la manière dont ils vont agir pour la  relance de l’appareil productif et pour surmonter les situation de pénurie”

« Ceci fut très positif pour nous, le président Nicolas Maduro a convoqué Lorenzo Mendoza, président exécutif de l’Entreprise POLAR au palais de Miraflores pour exiger qu’il atteigne des maximums de production et ce Monsieur est venu et a reconnu le président Maduro comme président légitime, ce qui fut une sorte de soufflet pour la droite fasciste qui n’a toujours pas reconnu Maduro comme président.

« En plus il s’est engagé à élever au maximum la production, et nous n’avons pas perdu notre profil révolutionnaire, nous n’enfreignons aucun principe, nous ne sommes pas entrés dans des compromis pragmatique, rien de cela ».

 

 

 

Président Nicolas Maduro(dr) en réunion avec Léopold Mendoza, président exécutif des Entreprises Polar (gch avec des lunettes). 

 

“Tout indique qu’au cours des prochains jours se rétablira la normalité absolue dans la maintenance de tous ces produits ».


« Dans ce gouvernement, la ligne du Commandant Chavez se maintient, il y a une loyauté absolue à ce qu’il nous a légué ».


 

 Jose Sanguino

Complémentarité commerciale

“Avec le Venezuela, comme plein membre de plein droit de Mercosur et la poursuite de la politique d’intégration initiée par notre leader éternel le commandant président Hugo Rafael Chavez Frias et notre président Nicolas Maduro  réalisant son héritage, les relations se sont renforcées avec les gouvernements et les peuples d’Argentine et d’Uruguay de telle manière que les relations entre nous soient de complémentarité ».

 

 

 


 “Nous disposons de certaines ressources dont ils manquent, en l’occurrence de ressources énergétiques et eux nous fournissent des biens essentiels qui en ce moment sont en carence au Venezuela, fondamentalement les produits alimentaires, et tout ce qui relève du domaine de la production agroindustrielle ».

L’Argentine est un pays qui connait un développement important dans le domaine de l’agriculture, de l’industrie, dans tout ce qui concerne la production de produits dérivés du lait, et la même chose se passe en Uruguay ».

 

 

 

 


 “D’une part nous avons des inversions conjointes entre des secteurs d’Argentine, Uruguay et Venezuela auxquels participe l’état du Venezuela à travers des entreprises mixtes et cela ne se limite pas seulement l’investissement en soi, mais bien aussi il y a l’accompagnement de transferts de technologies dans lesquels nos travailleurs et travailleuses s’incorporent à des activités productives, avec la maîtrise des différents processus de production.

« Ce sont des conventions pour favoriser le peuples, là il ny a pas de conventions pour favoriser des groupes économiques déterminés ».

 

 

Gouvernement du peuple

“Aucun des membres de la direction du gouvernement révolutionnaire, à commencer par notre président Nicolas Maduro ne vient de groupes économiques, de familles riches, de ceux qui constituent les groupes sociaux dominants, qui sont nombreux dans notre pays ».

« Ce sont des dirigeants, vénézuéliens, vénézuéliennes, combattants qui viennent de la bataille pour la libération des peuples, pour l’exercice de la souveraineté de notre peuple. »

 

 

 

 

“Avec toute leurs actions évoluant dans le cadre de notre Révolution, dans celui de notre Constitution populaire, élue, approuvée par notre peuple, qui vont dans le sens de l’application de nos politiques publiques menées pour le bénéfice de la grande majorité.

« Et orientées de manière à favoriser l’incorporation de notre peuple au développement de son propre destin au moyen de l’application de politiques publiques.



Yásser Gómez Carbajal. Journaliste. Editeur de Mariátegui.
La revista de las ideas.




http://mariategui.blogspot.com.es/2013/06/video-peru-diputados-del-psuv-venezuela.html 

 

Source espagnole et vidéo :
Perú: Diputados del PSUV: Venezuela fue sometida a una guerra económica de muchas facetas

Traduction Anne Wolff


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2 juin 2013 7 02 /06 /juin /2013 10:35

 

 

 

Un texte sociologiquement très intéressant.

Nous apprenons que des sans-papiers évoluent différemment selon les traitements qu’ils reçoivent.

Nous apprenons que pour certains les E.U. sont une véritable école du crime.

Nous apprenons que les E.U. n’hésitent à renvoyer massivement leurs criminels  « made in USA » dans leur pays d’origine après transformation sans se soucier des conséquences.

Nous savions déjà que sans le prolifique marché de la drogue dans ce pays qui ne mène aucune lutte interne cohérente contre ce fléau,  les pays du Sud ne seraient pas livrés aux cartels des narcotrafiquants.

Et que donc ils jouent cyniquement et sans scrupules le rôle d’acteur de déstabilisation du Sud. Pourquoi ?

Et nous apprenons enfin qu’une société participative, avec des villes à dimensions humaines et un fort tissu de liens de convivialité est un bouclier contre la délinquance et la criminalité.

 

 


Nicaragua, barrière contre l’avancée des maras

 

 

(Fotos) XXXIII Aniversario Revolución Popular Sandinista

Nicaragua anniversaire de la révolution sandiniste

Source : Lista Informativa Nicaragua y más (español)



En moins de deux décennies, les pandillas maras ( pandilla : gang ou bande de jeunes, et maras : gangs spécifique à l’Amérique Latine comme on le verra par la suite) se convertirent en une des organisations criminelles transnationales les plus prospère de leur saut depuis leur base de Los Angeles, E.U., vers différents pays centraméricains.

 

A cause de leur croissance dévastatrice, certains prétendent que le terme mara vient de marabunta, les féroces fourmis migratrices qui dévastent tout sur leur passage.

Que ce soit ou non l’origine du nom – qui en de nombreux lieux est synonyme de pandilla – les maras se sont étendues comme de voraces marabunta à travers le Guatemala, le Salvador et le Honduras, où on estime qu’il y a 100 000 pandilleros.

 

Elles ont également gagné le Sud du Mexique, publie BBC Monde.

 

Et accompagnant leur pas, dans les pays centraméricains, les indices de criminalité explosèrent avec en tête les assassinats. 

 

En 2012, les pays avec le plus haut taux d’homicide dans le monde furent le Honduras et le Salvador.

 

Et San Pedro Sula au Honduras est considérée comme la ville la plus dangereuse de la planète.

Cependant, à mesure que les maras poursuivent leur marche vers le Sud, un phénomène intéressant apparait : pour le moment elles n’ont pu avancer au-delà du Honduras.

 

Et la raison porte un nom et une localisation géographique ; Nicaragua


Un bouclier inexpugnable

 

Ceci a été remarqué il y a plusieurs années.

 

En 2008, pendant une réunion de directeurs de migrations de Centramérique, celui de Costa Rica, Mario Zamora dit :

 

« Le Nicaragua s’est converti en une sorte de bouclier inexpugnable pour les maras.

 

Il faut analyser ce qu’il y a derrière ce phénomène, celui qui fait que le Nicaragua constitue une barrière contre les maras .

 

Grâce à cela, elles ne sont pas parvenues jusqu’à Costa Rica ».

 

Mais qu’elle en est la raison ?

 

 Pour la trouver, il faut remonter à la genèse des maras en Centramérique, au début des années 90, quand George Bush père, alors président des E.U., autorisa la déportation de centaines de jeunes d’origines centraméricaines qui se trouvaient dans les prisons étasuniennes.

 

Nombre d’entre eux avaient grandi aux E.U., et ne comprenaient pas un mot d’espagnol. 

 

Cependant en tant qu’enfants de sans-papiers ils furent expulsés.

 

Dans leur reportage « Barrio 18, apogée et chute d’une pandilla » les journalistes Jose Luis Sans et Carlos Martinez font une extraordinaire description de l’arrivée de ces jeunes au Salvador.

 

« Ceci fut la première fois que je vis les « descendus » - bajados (…)

 

 

Cette manière de s’habiller, de porter leur cheveux, ces tatouages tant… tant de là-bas..  

 

Ils portaient des pantalons Dickies et Ben Davis, des chemises ouvertes et ils s’appelaient de noms géniaux comme Whisper, Sniper ou Spanky (…)

 

Comment ne pas s’approcher ?

 

Rapidement les « bajados », en plus d’éveiller l’admiration, s’approprièrent des territoires et des conflits des habitants.

 

A partir de là, ils commencèrent à construire leur empire et à s’étendre.

 

Et c’est ici que commencent les différences avec le Nicaragua..

 

Les Nicaraguayens étaient “bienvenus” aux E.U.

 

Le journaliste d’investigation Steven Dudley, un des directeur du site Internet InSight, qui enquête sur le crime organisé en Amérique Latine et dans les Caraïbes, dit, à BBC Monde que l’un des facteurs fut le traitement que reçurent les immigrants nicaraguayens aux E.U.

 

« Pendant les années 80, ils n’eurent pas un accueil similaire à celui des réfugiés qui venaient des autres pays centraméricains.

 

Les Nicaraguayens ont leur donnaient la bienvenue, alors que de Costa Rica et Panama, les migrants n’étaient pas nombreux.

 

Les Salvadoriens –particulièrement- mais aussi les Honduriens et les Guatémaltèques, dès le départ étaient considérés comme « indésirables ».

 

« Ce qui entraina que beaucoup finirent en prison ou mêlés à des bandes », ajoute Dudley à BBC Monde.

 

Et la raison pour laquelle  les immigrants du Nicaragua – même alors qu’ils étaient sans papiers – étaient ainsi bienvenus est purement politique.

 

Comme le gouvernement de leur pays, (de même que Cuba), était considéré comme ennemi des E.U. – les sandinistes étaient au pouvoir et l’administration du président en fonction Ronald Reagan appuyait les rebelles antisandinistes connus comme les Contras – les immigrants Nicaraguayens étaient vus comme des personnes qui fuyaient le gouvernement du pays et en tant que tel ils recevaient l’asile politique.

 

Alors que les déportations de centraméricains commencèrent dans les années 90, elles continuèrent se renforçant dans la décennie de 2000.

  

Dans son article “Gangs, déportation et violence en Amérique Centrale, Dudley révéla que : “entre 2001 et 2010 les E.U. ont été déportés 129.726 criminels convaincus en Amérique Centrale, plus de 90% dans le « Triangle Nord. »

 

Le seul Honduras, un pays avec une population similaire à celle d’Haïti – reçu 44.042 déportés pendant cette période.

 

Les chiffres sont accablants, dit Dudley à BBC Monde

 

« Presque n’importe quel pays aurait eu des difficultés face à de tels nombres

 

 

Malgré l’information qui devrait être fournie entre gouvernements quand se produit une déportation de criminels, rien ne fut échangé ».

 

Résultat : les gouvernements centraméricains se retrouvèrent avec un nombre énorme de criminels entre les mains sans aucune information  au sujet de leurs antécédents, ni spécifiant à quelle bande ils appartenaient.




“La révolution renforce les mécanisme de participation »

 

Francisco Bautista Lara – un des fondateur de la police du Nicaragua post somoziste et ex-sous-directeur et ex-commissaire de la même – est d’accord avec le fait que le traitement différent réservé à ses compatriote de la part des E.U. contribua à ce que les maras ne rencontrent pas un terrain fertile dans leur pays.

 

Mais il croit qui y a également quelque chose d’autre – et même - de plus important : les changements sociaux et institutionnels générés au Nicaragua depuis la révolution de 1979 qui porta les sandinistes au pouvoir.

 

Si le Nicaragua a des niveaux de développement humain et de fragilité institutionnelle comparables à ceux du Nord de l’Amérique Centrale et a subi un conflit armé pourquoi est-ce que ses chiffres de délinquances ressemblent davantage à ceux du Sud ?

 

La raison, répète-t-il à BBC Monde, est que « la révolution a créé des institutions distinctes de celles qui continuent à exister dans les pays voisins »

 

Il ajoute qu’il y a également des facteurs culturels.

 

« Je dirais que le Nicaragua et ses villes sont des grands villages, où tout le monde se connait et la confiance interpersonnelle ne s »est pas perdue, comme ce fut le cas dans les autres pays de la région.

Au contraire, la révolution de 79 a renforcé les mécanismes de participation”

Steve Dudley expose aussi comment le gouvernement du Nicaragua, à la différence des autres pays de la région, travaille davantage depuis la base vers le haut.

Ceci convertit la société Nicaraguayenne en une toile intriquée de relations et de solidarité qu’il fut impossible aux maras  de pénétrer.

 

Et au milieu du panorama de désolation qu’offre les pays du Nord de l’Amérique Centrale, Bautista Lara – qui à présent travaille comme conseiller régional d’organisations comme le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) - voit des lueurs d’espérance depuis que d’un pic de 18 OOO cas en 2010, les homicides ont commencé à diminuer.

 

En plus il y a des négociations avec les maras au Salvador et au Honduras.

 

Tout cela, pense Bautisto, montre que les pandillas passent par une phase d’épuisement naturel,  « d’un processus de décomposition qui a atteint les limites tolérables ».

 

Pour cela, il croit que si les gouvernements agissent avec le sens des responsabilités, ils pourraient obtenir la désintégration des maras.

 

Aucun organisme social ne vit éternellement.

 

Pas même la terrible marabunta.

 

 

*********************************************************************** 

Carta Bodan est un bulletin électronique du journaliste Olivier Bodan.

Pour souscrire et être informés envoyez un message

 

 oliver@cartabodan.net

Via :

AGATON: Nicaragua, barrera contra avance de maras 

Traduction française Anne Wolff

 

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31 mai 2013 5 31 /05 /mai /2013 11:14

 

 

 


Joao Paulo Rodriguez, de la direction nationale des Sans Terre : "Nous sommes persécutés et criminalisés parce que l’agro-business est hégémonique."

Joao Paulo Rodrigues

Joao Paulo Rodrigues

Entretien réalisé par Gerardo Elorriaga

A côté des immenses routes brésiliennes campent plus 150.000 familles paysannes qui aspirent devenir propriétaires d’une petite exploitation. Le Mouvement de Travailleurs Ruraux sans Terre (MST) soutient cette revendication des travailleurs agricoles (journaliers, précaires, saisonniers, etc.) depuis sa création il y a trois décennies. Aujourd’hui, cette organisation est devenue un des mouvements sociaux les plus importants de l’Amérique «latine». Il poursuit sa lutte dans un contexte encore plus complexe et mondialisé, dans lequel convergent d’énormes intérêts économiques et des affrontements sociaux d’ampleur. Joao Pablo Rodrigues Chaves, membre de la Coordination nationale du MST, vient de recevoir le prix Paix et Réconciliation 2013 de la mairie de Guernica [ville bombardée le 26 avril 1937 par les troupes franquistes et nazies et dont Picasso a peint un tableau entre mai et juin 1937], pour récompenser une lutte qui s’est vue entravée par la répression étatique et des assassinats «clandestins», par des malfrats au service des grands propriétaires.

Le conflit social se poursuit dans la campagne brésilienne. Au cours de ces trente dernières années, les progrès se sont-ils consolidés ou la situation s’est-elle aggravée?

Joao Pablo Rodriguez – Le MST a été fondé au cours d’une période de dictature [1964-1985; le MST a vu le jour officiellement en 1984 mais s’est développé au cours des années 1970], et pour nous, la consolidation d’un processus démocratique et les conquêtes économiques, tout comme la politique de crédits agricoles, l’introduction de l’énergie électrique ou l’éducation, constituent des avancées importantes pour les paysans,.

Pourtant, la concentration de la propriété s’est accentuée au cours de ces dernières décennies?

Les transnationales, qui achètent des terres pour les affecter à la monoculture d’exportation, constituent un nouveau facteur. Elles cultivent de la canne à sucre pour la production d’éthanol dans l’Etat de São Paulo ou dans le Nordeste du pays; ou plantent des eucalyptus pour faire de la pâte de cellulose à l’aide de capitaux finlandais ou de l’Asie du sud; ou encore se consacrent au marché du soya dans le centre ouest du pays.

Monsanto [un des deux grands groupes, avec Syngenta, des «sciences du vivant» dans l’agro], Bunge [transnationale du grain d’origine bréslienne, Bill Gates [fondateur de Microsoft], George Soros [fonds Quantum] et beaucoup d’autres sont entrés dans ce marché.

L’agriculture brésilienne est-elle un exemple de mondialisation commerciale?

Le capital transnational a pénétré dans notre pays à la recherche de possibilités d’investissements sûrs et rentables au cours d’une période de crise économique récurrente. Toute l’exportation de grains (blé, maïs, etc.) – sans mentionner le soja,  cette légumineuse – est répartie entre cinq ou six firmes. La production de viande est captée par trois chaînes frigorifiques. Ce phénomène nous met dans une situation très compliquée, car nous devons faire face non plus à un latifundiste local, mais à une grande entreprise transnationale dont le siège se trouve à New York ou à Helsinki.

Les gouvernements «progressistes» de Lula da Silva et de Dilma Rousseff soutiennent-ils ce développement ?

Dans la mesure où le modèle de développement brésilien est fondé sur le soutien à l’investisseur étranger, on peut dire que Lula a été le père des pauvres et la mère des riches. Le Brésil consacre en effet 2000 millions de dollars (1535 millions d’euros) à des prêts, des subsides pour des infrastructures ou des incitations pour les paysans, alors que les entreprises agro-industrielles disposent de 120.000 millions. Par exemple, le soya destiné à la consommation interne est soumis à l’impôt alors que celui destiné à l’exportation en est exempté.

Il y a une année trois de vos représentants ont été assassinés. Qui tue au Brésil?

C’est celui qui possède la terre qui tue. Les grandes entreprises sont très modernes, leurs plantations de São Paulo disposent de la technologie la plus récente, mais le même groupe peut posséder une exploitation tout à fait archaïque, avec un système d’esclavage et des milices armées à Maranhao, au nord-est du pays. Nous avons également des problèmes avec la police locale qui est dressée contre nous. Nous sommes persécutés et criminalisés parce que l’agro-négoce est aujourd’hui hégémonique. Ils considèrent les paysans sans terre, les indigènes, les syndicalistes et les écologistes comme étant les «méchants», les ennemis.

Est-ce que des fléaux comme l’esclavage et le travail des enfants persistent?

Ils persistent parce que l’agriculture est mixte. Il y a celle qui est moderne et celle qui est fondée sur le travail bon marché d’une main d’œuvre privée de droits. Cette agriculture détruit aussi les forêts et fait pression sur les petits propriétaires [ou ceux qui ont occupé des terres et les ont défrichées: posseiros] pour qu’ils vendent leurs terres. Dans leurs exploitations isolées, les travailleurs sont obligés de payer le logement, la nourriture et les vêtements. L’année passée, 2000 personnes qui se trouvaient dans cette situation [de travail forcé et de «consommation» contrainte] ont été libérées.

Est-ce que le pays est conscient des risques que pose cette monoculture intensive, non seulement sur le plan économique mais également sur le plan sanitaire, à cause de l’utilisation massive de pesticides qu’elle exige ?

Non. Le Brésil est le plus grand consommateur de produits agro-toxiques du monde, avec une moyenne de 5 kg par personne, soit presque cinq millions de kilos annuels. Le phénomène est très grave, car ces produits sont répandus par avion, ce qui affecte la santé des êtres humains. On fumige les pâturages et les cultures de soya, de maïs, d’eucalyptus, mais la production de haricots, de manioc ou de fruits comme la mangue stagne. Les prix des aliments sont les plus hauts d’Amérique latine, celui des tomates a augmenté de 150%, les rendant plus chers que la viande.

Ce modèle de développement est-il viable ?

Ce modèle n’est pas soutenable. Les pays émergents ont besoin de nouveaux procédés de production. Actuellement on n’investit avant tout dans la technologie destinée à la production de biodiésel. Nous sommes en train de perdre la souveraineté alimentaire; les paysans migrent vers les villes et les grands capitalistes veulent exploiter l’Amazonie pour en extraire le fer et d’autres ressources minérales et «biologiques». Nous allons avoir d’énormes problèmes sociaux et écologiques.

La classe politique ne semble pas avoir conscience des risques encourus, mais qu’en est-il de la société ?

On est conscient du fait que le pays s’enrichit face à un monde en grande partie en crise, qu’une dite classe moyenne réclame de bons logements, des voitures, des télévisions et des frigos… à crédit. La population brésilienne se concentre en cinq grandes villes: São Paulo, Rio de Janeiro, Belo Horizonte, Fortaleza et Salvador. Elle se soucie bien peu de ce qui peut arriver au Mato Grosso ou dans l’Amazone, même si la production agricole, au sens large, reste le grand moteur économique du pays. Actuellement l’augmentation des cas de cancer préoccupe beaucoup, mais il n’y a pas de débat sur les causes de cet accroissement [liés à de nombreux facteurs dans le monde rural comme dans l’enfer urbain à la São Paulo]. «On» pense en termes de croissance économique mais non en termes développement social; les risques encourus ne sont pas appréhendés ou alors ils sont niés.

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*****

Le contexte socio-économique du Brésil de la terre

Exportations agricoles: le Brésil occupe la troisième place à niveau mondial, après les Etats-Unis et l’Union européenne [la France en particulier].

Contrôle des terres: 50% de ses 65 millions d’hectares labourés se trouvent entre les mains de grands groupes économiques, et 54% des cultures sont transgéniques.

Superficie cultivée: les exploitations dépassant les 100’000 hectares ont passé de 22 en 2003 à 2008 en 2011.

Membres du MST: le MST compte 2,5 millions d’affiliés et a été [et est] le principal bras de levier pour l’établissement de 500’000 familles sur des terres.

Les victimes: depuis 1985, 1566 personnes ont été assassinées au Brésil, simplement pour avoir défendu leur droit à la terre. Seuls 8% de ces crimes ont été jugés.

Source : http://alencontre.org/ameriques/amelat/bresil/bresil-entretien-avec-joao-pablo-rodriguez-chaves-dirigeant-du-mst.html

Pour soutenir concrètement le Mouvement des Sans Terre, on peut écrire à Lucas Tinti, prointer@mst.org.br

URL de cet article : http://mouvementsansterre.wordpress.com/2013/05/25/joao-paolo-rodriguez-de-la-direction-nationale-des-sans-terre-nous-sommes-persecutes-et-criminalises-parce-que-lagro-business-est-hegemonique/

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