6 novembre 2013 3 06 /11 /novembre /2013 21:18

 

 


 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Source photo ¡ LIBRE, la victoria se aproxima! Vos El Soberano

 

  par Mark Weisbrot *

Le peuple hondurien a-t-il le droit délire ses propres président et congrès ? La réponse varie selon la personne à qui vous posez la question.

En 2009, le président de centre-gauche de ce pays, Mel Zelaya, fut renversé par un coup d’état militaire qui fut appuyé en grande mesure (et selon Zelaya, organisé) par le gouvernement US. Après 6 mois et une grande vague de répression politique, le gouvernement putschiste fut restitué par une élection que presque tout l’hémisphère – à l’exception de…, si, vous avez deviné, les Etats-Unis d’Amérique – rejeta en la considérant comme illégitime.

Quatre ans plus tard, ce 24 novembre, les électeurs honduriens se rendront encore une fois aux urnes pour participer à un combat entre le parti pro démocratie LIBRE, fondé par des individus qui se sont opposés au coup d’état, et le parti officiel, le Parti National, dont le champion sera Juan Orlando Hernandez, président du Congrès National, qui appuya le coup d’état militaire de 2009.

S’il s’agissait d’une lutte régulière, il est fort probable que LIBRE, dont la candidate présidentielle est Xiomara Castro, épouse de Mel Zelaya, triompherait. La situation économique joue un rôle important dans la majorité des élections, et en général un gouvernement qui a présidé à une détérioration des niveaux de vie de la majorité de la population est évincé du pouvoir. Les données des enquêtes montrent que 80% des Honduriens pensent que leur situation actuelle est pire qu’il y a quatre ans, et les faits renforcent cette opinion. Les 10% les plus élevés sont ceux qui ont obtenu la majeure partie des 100% d’augmentation des rentrées durant les deux années ayant suivi le renversement de Zelaya, inversant de façon marquante une forte tendance à une plus grande égalité durant les années Zelaya.

Le nombre des personnes qui contre leur volonté travaillent à mi-temps a connu une augmentation de 176%. La pauvreté a également augmenté, alors qu’elle s’était réduite de manière importante avec Zelaya qui accorda une augmentation du salaire minimum de quasi 1OO% en termes réels durant ses 3,5 années de pouvoir. Même les investissements privés, malgré les doléances des entrepreneurs qui appuyèrent le coup d’état, grandirent à un rythme beaucoup plus rapide avec Zelaya qu’avec le régime actuel.

Comme on l’imagine, ces élections ne se disputeront pas dans des conditions équitables. Durant les derniers six mois, tous deux, le Sénat et la Chambre des Représentants des E.U. ont envoyé des lettres au secrétaire d’état John Kerry exprimant de sérieuses préoccupations concernant la répression politique et ses implications pour les élections du mois prochain au Honduras. La lettre du Sénat met en évidence un « schéma de violence et de menaces contre les journalistes, défenseurs des droits humains, membres du clergé, leaders syndicaux, membres importants de l’opposition, étudiants, petits agriculteurs et activistes de la communauté LGTB », ainsi que des exécutions extra-judiciaires. La lettre du 15 octobre de la part de la chambre des représentants mentionne « au moins 16 activistes et candidats de LIBRE ont été assassinés depuis juin 2012. En plus nous avons été informés que le gouvernement du Honduras n’a pas mené d’enquête ni poursuivit les responsables de ces assassinats. »

« Les abus contre les droits humains se poursuivent sous le gouvernement actuel menaçant les libertés civiles basiques, les candidats de l’opposition ne disposent pas de conditions équitables et les forces de sécurité de l’Etat jouent un rôle toujours plus important et inquiétant dans le contexte des élections. »

Nous sommes particulièrement alarmés de découvrir que le parti officiel et son candidat présidentiel, Monsieur Juan Orlando Hernandez, dominent actuellement toutes les institutions clés du gouvernement, incluant les autorités électorales du pays et l’armée, laquelle distribue les bulletins de vote - ce qui limite les options des citoyens honduriens au cas où se commettraient des fraudes durant le processus électoral alors que les violences contre les droits humains continuent à être une menace contre un débat ouvert.

Le problème, c’est que le gouvernement d’Obama ne respecte ni le droit à des élections libres, ni les droits humains fondamentaux au Honduras. Ils ont fait de grands efforts en 2009 pour défaire le président démocratiquement élu et ils en payèrent le lourd coût politique dans l’hémisphère : à ce moment, tous les gouvernements d’Amérique du Sud espéraient qu’Obama agirait d’une manière différente de son prédécesseur et l’ont cru quand il avait promis de ne pas donner son appui au coup d’état. Ils ont souffert plus qu’une déception, l’appui du gouvernement d’Obama au putsch et sa manipulation de l’Organisation des Etats Américain à cette fin, ont entraîné la fondation d’une nouvelle organisation hémisphérique, la Communauté des Etats Latinoaméricains et des Caraïbes, laquelle exclu les Etats-Unis d’Amérique et le Canada.

Dès lors, que peut-on faire ?

Les gouvernements d’Amérique du Sud doivent s’exprimer énergiquement en faveur d’élections libres et du respect des droits humains au Honduras. Etant donné que la gauche Latinoaméricaine a un respect profondément enraciné de la souveraineté nationale, les gouvernements progressistes sont réticents concernant toute action qui ressemble à une interférence dans les affaires internes des autres pays. Cela les met en désavantage vis-à-vis de Washington qui n’a pas ce type de scrupule et qui intervient avec des millions de dollars dans la campagne actuelle.

Mais l’Amérique du Sud a montré fréquemment son soutien aux gouvernements qui sont menacés ou accusés par les USA : récemment dans le cas du Venezuela, après les élections présidentielles d’Avril et dans celui de la Bolivie quand l’avion d’Evo Morales fut forcé d’atterrir en Europe en juillet passé. Il s’est également manifesté en 2009 pour freiner Washington dans sa tentative d’augmenter sa présence militaire en Colombie, qui fut ressentie comme une menace pour la région. Comme le signale le président Rafael Correa d’Equateur, en 2009, le coup d’état de Washington au Honduras fut également une menace pour la région, ainsi que sa collaboration avec le gouvernement qui en résultat pour empêcher que se tiennent des élections démocratiques. Comme est aussi une menace la militarisation du Honduras avec l’augmentation, de la part des Etats-Unis d’Amérique, des leurs bases dans ce pays. Cela fait partie de la réponse de Washington face à l’élection de gouvernements de gauche dans la plus grande partie de l’hémisphère : augmenter leur présence militaire et solidifier leur contrôle, dans les rares lieux où, grâce à l’extermination de la démocratie, ils prennent encore leurs aises.

Les leaders sudaméricains doivent rappeler au monde qu’il s’agit d’une lutte pour l’autodétermination – que les honduriens ne renoncent pas à leurs droits civils et nationaux seulement parce que les Etats-Unis d’Amérique ont des bases dans leur pays et pensent que cela est plus important de permettre des élections libres.

Mark Weisbrot pour The Guardian

Original : «  South American leaders should help Hondurans fighting for democracy  ». The Guardian, 29 de octubre de 2013.

Traduction française  Anne Wolff pour El Correo

*Mark Weisbrot est co-directeur du Center for Economic and Policy Research de Washington, D.C. Il est également president de [Just Foreign Policy.

Partager cet article
Repost0
6 novembre 2013 3 06 /11 /novembre /2013 00:06

 

Je vous ferai dorénavant quelques revues de presse non exhaustives pour rendre compte de l’ambiance de répression et de terreur qui règne au Honduras, pays qui connaît aujourd’hui le taux le plus élevé de criminalité au monde, 20 personnes y sont assassinée chaque jour, et certaines d’entre elles le sont par les Forces de l’Ordre du pays ou des tueurs à gage à la solde de l’oligarchie.

Le 31 octobre, Eva Corina Gomez, une jeune femme de 24 ans, défenseuse des droits du peuple Lenca face au projet de barrage de la société chinoise SINHYDRO, de la région du Rio Blanco, a été retrouvée morte.

Le premier novembre, des militaires ont fait irruption lors de l’inhumation d’Eva, sans aucun mandat, dans la maison d’une autre militante Ceferina Sanchez Garcia, et dans quatre autres maisons,  dans lesquelles il y avait seulement des enfants, qu’ils ont menacé de leurs armes exigeant que leur soient donné des informations sur le lieux où se trouvaient certains membres de la COPINH, le mouvement de lutte paysanne indigène.

Rappelons qu’au Honduras, de nombreux enfants vivent terrorisés par ce genre d’incursion ou d’avoir été témoins de mauvais traitements, de crime, de torture, quand ils n’en sont pas les victimes et qu’ils se mettent à trembler ou courent se cacher à la seule vue d’un uniforme.

Ce même jour dans le département de Gracias a Dios, dans la communauté de Samaria, de la municipalité de Brus Laguna plus de 7O militaires, arrivant en barques ou en hélicoptères et commandés par le Colonel Alforo Escalante, chef de l’opération Xatruch, ont débarqués dans la maison de Osbin Nahum Caballero.

Selon des témoignages, la semaine précédente des militaires étaient déjà venu dans cette localité, pénétrant dans plusieurs maisons, ils avaient fait subir mauvais traitements ou des tortures à certains habitants sous prétexte de leur faire avouer où il y avait des narcotrafiquants.

Le 26 octobre, le commandant de la Force Xatruch  dans des déclaration à la radio locale signale qu’un supposé sicaire connu seulement sous le nom de Caballero qui a été dénoncé par les familles des victimes se serait réfugié dans l’établissement paysan de la Confianza, et que les habitants par peur ne l’auraient pas livré à la police,. Pour la mère de Osbin,  María Digna Santamaría Montoya , il est évident que cela fait référence à son fils puisqu’elle réside à la Coopérative la Confianza, dit elle devant la Court Suprême de Justice alors qu’elle y porte plainte et introduit un recours en Habeas Corpus pour les 6 disparus..

Voici le témoignage de la Maman d’Osbin qui est membre du Mouvement Paysan Unifié de l’Aguan (MUCA sigle en espagnol).

Le 30 octobre 2013, à 8 heures du matin, la maison de Osbin Nahum Caballero, fut assaillie par un peloton de 80 militaires qui sont arrivés en barques ou par hélicoptères. Les hommes en uniformes sont entrés de manière violente dans la maison de Osbin, ils s’emparèrent de son épouse Rosa Florinda Avarenga Lara et la traînèrent pour la sortir de la maison. Face à cette action violente, son fils accourut à son secours, les militèrent tirèrent sur lui quatre fois.

A 8h30 Maria Santander à reçu un coup de téléphone de sa belle-fille, Alvarenga Lara, qui l’a informée de l’arrivée des militaires et de ce qu’ils avaient tiré sur son mari, Osbin, qu’il serait mort  et que son corps a été embarqué dans un des hélicoptères des militaires.

Quand les militaires ont débarqué, en plus de Osbin et de sa femmes se trouvaient dans la maison leurs deux petites filles Keylin Noeli Caballero Pérez âgée de 6 ans et Mesly Rosibel Caballero Alvarenga de deux ans et demi, ainsi que deux frêres Javier Castillo y Justo Castillo d’une vingtaine d’année. Tous, sauf Osbin dont le corps avait été emmené, se trouvaient au moment de l’appel téléphonique sous la surveillance des militaires.

Depuis ce coup de téléphone, malgré les recherches anxieuses menées par Maria Santander appel, elle n’a aucune nouvelle d’aucun d’entre eux. Aucun des corps de police ou de justice concernés n’a pu ou voulu lui donner la moindre information.

De tels événements font partie du quotidien hondurien, l’arbitraire y préside et fait que chacun homme ou femme, enfant, jeune, résistant ou non peut en être victime à chaque instant. C’est une des règle de base du terrorisme, que de plonger chacun dans un état de peur permanente parce qu’il peut frapper n’importe qui à tout moment et les enfants eux-mêmes ne sont pas épargnés.

Anne Wolff

 

Articles sources en espagnol

www.movimientomuca.blogspot.com

HONDURAS TIERRA LIBRE: HONDURAS: Militares desaparecen a familia en la Mosquitia

HONDURAS TIERRA LIBRE: HONDURAS: Comunicado a La Comunidad Nacional e Internacional. ALERTA, ALERTA!!!!! 

Partager cet article
Repost0
5 novembre 2013 2 05 /11 /novembre /2013 09:22

 

Honduras, Liberté pour Bertha Isabel Caceres du COPINH
Non à la criminalisation 
des populations Lenca 

Application des droits internationaux 

des peuples autochtones à la consultation

Par Libres Amériques

« Pourquoi la justice hondurienne condamne les gens qui défendent ses ressources naturelles ? ».  C’est la question que pose Gustavo, frère de Bertha Isabel Caceres, coordinatrice du Conseil Citoyen des Organisations des Peuples Amérindiens du Honduras (COPINH sigle en espagnol). Bertha a été mise en prison préventive lors d’une audience qui s’est déroulée vendredi 20 août 2013 devant les tribunaux de la ville d’Esperanza. Et comme l’avait manifesté un récent communiqué d’Amnesty International France, cette condamnation devient un délit d’opinion manifeste et plus largement une atteinte aux droits des défenseurs de l’environnement et des peuples originaires du Honduras.

Pendant que se déroulait l’audience, à l‘extérieur du tribunal des centaines de personnes ont protesté et manifesté leur soutien et leur solidarité avec Bertha Caceres et aux deux autres dirigeants, Aureliano Molina et Tomás Gómez Membreño, auxquels il a été ordonné des mesures substitutives.

A la connaissance des résultats de l’audience, l’indignation n’en a été que plus forte au sein des organisations et des manifestants venus soutenir Bertha Caceres et les autres responsables.

Rapidement, les activistes présents se sont déclarés en mobilisation permanente pour exiger la liberté de la coordinatrice de la COPINH et ils ont prévenu qu’ils continueraient à défendre les ressources naturelles en rapport avec la rivière Gualcarque, tout en condamnant le projet hydroélectrique « Agua Zarca » et tous les projets touchant la population locale.

«  Je demande à la communauté internationale de nous aider à faire appliquer les instruments légaux que nous avons en tant que peuples originaires », a souligné Gustavo Caceres.

Les accusations

Bertha Cáceres, Aureliano Molina y Tomás Gómez Membreño ont été accusés par le tribunal de Première instance du département d’Intubucá, pour délit d’usurpation, de contraintes et divers dommages contre l’entreprise DESA (Développement Hydroélectrique), qui réalise le projet énergétique « Agua Zarca », situé dans le hameau de Rio Blanco.

Selon le ministère public, les accusés seraient les auteurs intellectuels ayant induit les habitants de la zone à provoquer des dommages matériels à l’entreprise DESA, ils seraient de plus de 3 millions de dollars (environ 2,5 millions d’euros) ou 67 millions de lempiras, selon les éléments présentés par les parties civiles.

Des cadres dirigeants de l'entreprise DESA ont accusé les habitants de détruire l'infrastructure, où fonctionne le projet : des maisons, des baraquements, des générateurs et des machines auraient été incendiés, allant jusqu'à empêcher le paiement du salaire du personnel travaillant sur le site, et aussi de quelques conseillers étrangers.

Comme preuves, le Ministère Public (l’accusation) a présenté une plainte déposée pas le maire Monsieur Martiniano Domínguez, et par le mandataire légal de l’entreprise DESA ; Madame Carolina Castilllo, ils ont joint des vidéos et des photos sur les dommages causés  sur le site où se réalise le projet hydroélectrique « Agua Zarca ». 

La population s’y oppose

Le hameau de Rio Blanco est composé d’une communauté amérindienne Lenca, cette dernière à décider de s’interposer face au projet hydroélectrique. « La décision a été prise au sein de la communauté depuis le 1er avril de cette année (2013), parce que nous nous refusons de quitter la rivière Gualcarque, où les animaux s’abreuvent et sur  les terrains où nous plantons les aliments de nos familles. » a déclaré Adelaida Sánchez, une habitante de cette localité.

Marcellina une autre habitante faisant de la résistance dans la zone, affirme que l’entreprise à couper des centaines d’arbres que le peuple a protégé une vie durant et que les habitants ne peuvent plus se baigner dans une rivière qui détient une valeur spirituelle pour la population.

Selon ce qui a pu être constaté à travers un communique du COPINH, le contrôle des routes fait parti d’un processus de consultation de plus de 40 assemblées autochtones, où il a été réaffirmé un rejet du dit projet, des entreprises DESA, SINOHYDRO et l’allemande Volth Hydro, ainsi que la militarisation de la région mise en place par le gouvernement et la persécution judiciaire et politique contre des responsables du COPINH.

Des entreprises bafouent les droits humains

Sino-Hydro est une entreprise transnationale de la Chine continentale, et une des principales au niveau mondial concernant l’installation de projets hydroélectrique  et l’extraction de minerais, elle a été sanctionnée et suspendue ses projets dans différents pays pour violation des droits des travailleurs et droits des peuples autochtones en Equateur, au Venezuela, en Ethiopie et au Soudan, entre autres.

Les entreprises DESA et Sino-Hydro sont responsables des violations systématiques aux droits humains des personnes et au territoire ancestral du peuple Lenca, malgré les engagements souscrits par de l’entreprise Sino-Hydro et les obligations légales prenant en compte le respect des droits des peuples originaires et l’environnement, selon la déclaration de l’ONU sur les droits de consultation libre et informée des peuples autochtones.

Articles en relation sur le blog Libres Amériques :
09 mars 2013 : Protection International lance son nouveau documentaire, La Ley del más Fuerte (La loi du plus fort), une plongée dans le travail des défenseurs des droits humains au Honduras et les défis auxquels ils font face ...

Partager cet article
Repost0
2 novembre 2013 6 02 /11 /novembre /2013 11:37

 

 

 

 

Le texte ci-dessous fait allusion à trois mesures de “sécurité” prises par le maire de Tegucigalpa, capitale du Honduras, la première est déjà appliquée mais doit être renforcée, la seconde se met en place et la troisième est encore à l’état de proposition.

« Quartiers sûrs » consiste à entourer de grilles des quartiers entiers, en mettant des vigiles qui notent entrées et sortie. Au départ, appliqué d’avantage comme mesure de protection des quartiers riches contre « les délinquants », cette opération se prolonge en une véritable ghettoïsation, et ne va pas sans entraîner de sérieux troubles d’une circulation automobile déjà chaotique.

Le maire a promis – et il tient – qu’il y aura un membre de la police militaire, cagoulé (bonjour l’ambiance) à chaque coin de rue. Déjà de nombreux enfants souffrent de troubles causés par leur peur d’une police assassine, cela ne va pas s’arranger.

La troisième est le renforcement de l’Inquisition entre les mains de militaires vétérans, qui n’est pas sans évoquer l’incident relaté dans le texte ci-dessous, un événement qui c’est produit en France, globalisation oblige (Néo-fascisme : soupçon->délation. Quand une caissière se prend pour la GESTAPO)

Mais ce sur quoi je voulais attirer particulièrement l’attention, est cet élément récurrent, la présence du Mossad et autres forces israéliennes qui viennent transmettre en Amérique Latine leur expérience palestinienne en matière de génocide et d’apartheid (Comment Israël fait de l’argent avec du sang). Nous avons pu le constater dans ce texte ci, par exemple (Les entreprises militaires privées pénètrent l’Amérique Latine ), et je traduirai d’autres textes relatifs au rôle du Mossad, actif en Amérique Latine, ou il est présent au service des dictature depuis des décennies, ce qui a amené les israéliens à travailler en étroite collaboration avec les nazis appartenant au même camp !!! .

Le Honduras est aujourd’hui, comme la Palestine, un laboratoire. Laboratoire du génocide indigène, laboratoire des techniques de contre-insurrection, laboratoire de ghettoïsation et contention de populations mises en esclavage. Il est aussi le laboratoire de la mise en place d’un néo libéralisme absolu, grâce à la cession de souveraineté sur des régions entières du pays par les moyens le la « Loi Hypothèque » et la création d’enclaves néo libérales soustraites au territoire national, les Zones d’Emploi et de Développement Economique ou « Cités Modèles » ou « Villes Charters », ainsi que la cession des droits sur l’ensemble des ressources naturelles du pays.

Tout cela à moins d’un mois des élections, alors que les assassinats sélectifs et menaces se poursuivent. En sont les cibles les paysans luttant pour leur terre, et tous les résistants, et en ce moment sont particulièrement visés les candidats du parti LIBRE, sans doute « social-démocrate » comme critique l’auteur du texte, mais néanmoins incommensurablement progressiste relativement au parti au gouvernement, et menace effective pour le projet d’appropriation du pays par les transnationales. C’est pourquoi, des militants ont été assassiné, d’autres sont menacés, au point qu’une candidate député bien placée, a quitté le pays avant-hier, pour assurer sa sécurité, vu l’inefficacité, voir la nullité des mesures de protections officielles imposées par les comités de défenses des droits humains.

C’est pourquoi au cours des semaines à venir, je continuerai à réunir les éléments d’un dossier Honduras, réuni dans la rubrique Honduras élections 2013 

 

 

 

  “Opération quartiers sûrs”, contrôle des populations ou phase d’implantation du néo fascisme ?

voselsoberano.com | Septembre de 2013

José Briceño

Il a été fait étalage de l’impérieuse nécessité d’établir des mesures de contrôle et de sécurité pour toute une société exposée à de hauts indices d’insécurité qui effrayent, même en utilisant la tactique récemment appliquée par le gouvernement de taire, face aux medias, les données concernant la quantité de meurtres par homicide et pire encore ceux qui sont commis par les appareils répresseurs de l’état, des indices qui sont en augmentation, parce que le même état a permis qu’on en arrive à de telles extrémités, pour présenter des mesures qui, loin de donner protection, sont orientées vers la création des espaces nécessaires pour exercer le contrôle sur une société au bord de la convulsion à cause des coûts élevés de la vie, de la faible espérance de vie et par-dessus tout par la cession du territoire et de la souveraineté à laquelle a été exposé le pays au cours de 5 dernières années. Pour faire jouer la théorie des dominos de la société qu’ils appellent de manière masquée « sécurité juridique », des solutions sont à présent proposées qui ne sont rien de moins que les issues préméditées vers l’implantation d’un système néofasciste qui nous rappelle l’Allemagne nazie et d’autres dictatures qui ont attenté aux libertés et droits individuels des êtres humains.
Parmi les issues qui sont proposées nous pouvons en mentionner spécifiquement trois qui ont cette tonalité de contrôle de la population, la première étant la récente invention du maire de Tegucigalpa appelée « quartiers sûrs », une autre est création de la police militaire, et une troisième qui est au stade de la proposition serait d’utiliser également les militaires réservistes comme observateurs des communautés pour qu’ils communiquent à temps le soupçon d’un quelconque délit qui serait sur le point d’être commis ou qu’ils fassent le boulot des informateurs salariés concernant les personnes qui vivent dans leur entourage afin de pouvoir identifier de cette façon les personnes qui voudraient attenter à l’ordre établi ou à  la société.


Antécédents

Depuis le coup d’état de 2009, le Honduras vit sous un régime dans lequel il n’y a pas d’Etat de droit, l’ordre constitutionnel est rompu et la nécessité de convoquer une assemblée constituante persiste ; les efforts pour mener cette intention à sa conclusion furent totalement compromis par la force médiatique, la coercition, les signatures d’accords et autres méthodes dilatoires en plus de conciliatoires qui ne laissent pas au peuple l’opportunité de choisir son propre destin ; à nouveau il fut guidé vers le chemin de la création d’un parti au sein d’un modèle de démocratie bourgeoise, parti qui bien que majoritaire, voit son action limitée à la régulation que la classe bourgeoise a proposé pour ses misérables intentions en obligeant ce parti nouveau né à établir des relations entre deux classes antagonistes. 

La violence s’est mise à croître après les événements du 28 juin 2009, et il n’y a même pas eu une seule intention de la freiner ; ce qui s’est produit jusqu’à présent c’est l’institutionnalisation de l’impunité, c’est pourquoi nous voyons des personnes qui devraient être emprisonnées pour les délits qu’elles ont commis qui s’en tirent avec le prononcé d’un non-lieu définitif alors que toutes les preuves les accusent (ne perdons pas de vue que nous n’avons pas d’Etat de droit), ce qui entraîne que finalement les victimes en reviennent à être victimisées parce qu’il n’y a pas de condamnation et beaucoup d’entre elles font l’objet de persécutions et dans le pire des cas, elles se font assassiner par les mêmes opérateurs que la justice absouts,  les journaux sont submergés par les cas de policiers et de militaires, de ceux qui sont liés avec le crime organisé, auteurs d’exécutions sommaires, et d’extorsion, qui violent les droits humains, comme certains autres personnages, ils peuvent se moquer jouant de leur pouvoir diffamatoire, discriminant et tous sont absouts ; il n’e va pas de même pour les paysans qui luttent pour la terre ou les dirigeants des organisations de celles que le ministère public s’est arrogé l’attribution (qui lui correspond) de mettre en accusation D’OFFICE criminalisant ainsi la lutte pour les territoires, héritages ancestraux, biens communs et le droit du paysan à l’accès à la terre.

 

 


La première proposition

La psyché de la société est remplie d’assassinats tous les jours, vus à travers la télévision, et dans la presse écrite ainsi que relatés par la radio, la population est pleine de frayeur et d’insécurité, c’est indubitablement l’objectif psychologique de laisser se produire une telle criminalité avec pour objet de générer une opinion publique favorable aux propositions de solution que proposent les entités intéressées comme c’est le cas de la Municipalité de Tegucigalpa ; mais que dissimule cette mesure ?

Premièrement ils ne disent pas aux habitants que ce qu’il obtiendra en fermant les entrées et les sorties  (du quartier) va changer le modus operandi du criminel, ce qui veut dire, avec des mots simples que si avant il commettait ses crimes entre les blocs, rues et ruelles, à présent il les commettra dans les entrées et sorties de ses communautés, plus loin sur le chemin, ou dans l’unité de transport, etc., ce qui signifie dès lors qu’on parvient seulement à changer le lieu où se commet le délit, à le différer mais pas à l’EVITER.

Mais alors  « quelle est la finalité des quartiers sûrs ? », bon, c’est ici qu’apparaît le caractère qui fait de cette mesure un néo fascisme, numéro un, disons le sans ménagement, en cas de convulsion sociale, il est plus facile de placer des militaires dans des entrées et sorties du circuit muré dont la population  terrorisée a accepté la construction pour sa « protection » mais qui est à présent utilisé pour la contention de la réponse civile à l’absolutisme,  à la répression et au mécontentement social du à l’oppression. 

En second lieu la population qui transite par ces lieux est contrôlée, devant donner ses coordonnées aux accès des quartiers et banlieues , de cette manière les gardes, eux-mêmes, quand ils seront sollicités pourront transmettre la liste des personnes qui sont passées par là, quand bien  elles ne sont pas des criminels ou des délinquants, ce  qui signifie que les intentions décrite ici sont éminemment politiques et non sociales, le renseignement militaires pourra écraser toute intention d’expression sociale de libération, et jusqu’au meeting de partis politiques d’opposition quand ils le jugeront nécessaire.

En quoi cela ressemble-t-il à l’Allemagne nazie, et bien dans la ségrégation des camps de concentration, et des ghettos, une zone délimitée et encerclée au contrôle facile avec peu d’éléments en cas de révoltes.

 


Police militaire

Police Préventive, police Communautaire, DNIC, DNLC, MP, Cobras, Forces navales, Bataillon d’artillerie, cavalerie blindée, forces aéroportées, force aérienne; tactique spéciale, forces spéciale, bataillon d’infanterie, bataillon d’ingénieurs, Renseignement Militaire, et beaucoup d’autres n’ont tout simplement pas réussi à freiner l’augmentation des indices de criminalité ;pour commencer, il n’est pas nécessaire d’entrer dans les détails du pourquoi une société ne doit pas être militarisée et il est bien connu que les militaires ne sont pas entraînes pour la prévention des délits mais bien pour la protection de la souveraineté de la patrie et pour tuer ou mourir dans une bataille mais il est plus qu’apparent qu’une unité avec les caractéristiques qui sont présentées dans la loi ne peut être associée qu’avec la GESTAPO du parti national socialiste allemand de Hitler, avec des commandos d’assaut prêts à répondre à n’importe  quel appel pour contrôler la situation et maintenir l’ordre établi, une police de cette portée est seulement orientée vers la répression de la population, pour détenir des suspects de « subversion » en plus d’autres aspects dont est farcie cette nouvelle loi qui créée l’unité pour la défense et la sécurité de la citoyenneté, mais je leur demande : Quelle citoyenneté ?

il

 


La pauvre et dépossédée ¡!! Personne n’est censé croire cela, voyez ce qui c’est passé au Brésil, quand elle est tombée de toute sa force sur les Favelas et non seulement pour contrôler les groupes organisés mais aussi pour les déplacer des zones où se construisent les infrastructures sportives pour qu’ils n’affectent pas la vue, de nouveau l’accent est mis ; CRIMINALISANT le pauvre d’âtre pauvre. En Israël, ces groupes d’assaut entraînés par le Mossad et l’Académie International de Sécurité sont axés uniquement et exclusivement pour réprimer, assaillir, assassiner des enfants, des jeunes, des femmes et principalement des hommes palestiniens et d’autres tribus (sic NdT) voisines qui attentent à l’Etat Sioniste. 

Il n’est pas superflu de faire remarquer que ces  mêmes instructeurs sont ceux qui depuis 2009 entraînent la police municipale et allèrent jusqu’à changer son uniforme et ses accessoires (par ceux utilisés dans la guerre contre les palestiniens, utilisés à Tegucigalpa, contre les vendeurs ambulants qui enlaidissent centre de la ville) pour qu’elle ressemble aux troupes d’élite Israéliennes, et en plus des instructeurs de la ISA collaborent comme premiers chefs de sécurité de Pepe Lobo et actuellement en tant que chefs de sécurité de Julieta Castellanos (rectrice et coordinatrice de l’Observatoire de la Violence de l’Université Autonome du Honduras). [i]Je ne crois pas que de ce genre de mesures soit une coïncidence, pas plus que de voir ce type de personnage rôder dans notre pays.

Troisième Proposition

Elle s’ajoute à tous ce qui a été entièrement décrit, la proposition d’utiliser le personnel de réserve disposé à dénoncer n’importe quelle chose suspecte, comme des présumés guérilleros, subversifs, terroristes, communistes, agitateurs sociaux, rouges, n’importe quoi qui depuis leur conception maladive apprise à la milice les conduit à réaliser avec « succès » la mission de défense de la Patrie, un honneur peu partagé, d’après eux, en fait tout cela se traduira en Disparitions, ASSASSINATS, détentions illégales, emprisonnement et criminalisation de tout qui a odeur de social. La caractérisation de cet élément évoque à l’indicateur du parti nazi présent dans tous les bureaux disposé à dénoncer tous ceux qui n’ont pas l’attitude qu’un partisan du national socialisme se doit d’observer.

Conclusion

Il se subsiste aucun doute que tous ces éléments mentionnés ci-dessus associés à d’autres événements et au comportement de ce régime répresseur annonce l’imminente application de mesures fascistes de contrôle pour conduire de l’avant le projet d’implantation du système économique néo libéral. Jusqu’ici il n’y a pas de contre proposition de la part des organisations sociales et encore oins de la part des partis d’opposition à l’officialisme, je pense que c’est à dessein, de telle manière qu’un peuple soumis à tant d’oppression et de répression à la fin rejette sa position d’esclave condamné à la souffrance et se libère impétueusement détruisant tout ce qui l’opprime, mais s’il n’en est pas ainsi NOUS SOMMES TOUS COUPABLE DU FUTUR HORRIBLE QUI EST IMMINENT !

 

Traduction Anne Wolff

Source en espagnol :

¿Barrios seguros, Control de Población o la Fase de Implantación del neo fascismo?




[i] Rectrice et coordinatrice de l’Observatoire de la Violence de l’Université Autonome du Honduras, controversée par la résistance pour avoir autorisé la police à entrer dans le campus lors du coup d’état, depuis l’assassinat de son fils, elle s’implique dans la lutte pour l’exercice d’une justice et une police « efficaces ».

 

 

 


 

 

 

Partager cet article
Repost0
31 octobre 2013 4 31 /10 /octobre /2013 14:40

 


CONTEXTE

Le coup d’État du 28 juin 2009 est venu rappeler les heures sombres des régimes militaires des années quatre-vingt. Depuis plusieurs mois, une crise institutionnelle opposait le président de la République Manuel Zelaya, qui voulait organiser une consultation populaire sur la convocation d’une Assemblée constituante, à l’armée, la Cour suprême et le Congrès – chambre parlementaire –, hostiles à ce projet. Le jour du putsch, Manuel Zelaya a été arrêté par des militaires et expulsé au Costa Rica, avec l’aval du Parlement et du plus haut tribunal du pays. Nommé chef de l’État par intérim, le président du Congrès, Roberto Micheletti, a aussitôt décrété un couvre-feu.
Dès le 28 juin 2009, des membres de mouvements sociaux (femmes, indigènes ou homosexuels), des étudiants, des ouvriers, des syndicalistes, des défenseurs des droits de l’homme, des journalistes et des responsables religieux se sont spontanément regroupés en un Front national de résistance populaire (FNRP). Ce mouvement a organisé de nombreuses manifestations pour protester contre le nouveau gouvernement, sans fondement légal. En réaction, les autorités de facto ont déclaré l’état d’urgence le 1er juillet 2009, autorisant les détentions sans inculpation et restreignant les libertés de la personne, de mouvement et d’association. Au cours du second semestre de 2009, l’armée et la police ont arrêté de façon arbitraire plus de 3 000 personnes, dont 600 enfants et adolescents, en faisant fréquemment un usage excessif de la force : coups, mauvais traitements, tortures et, dans au moins une dizaine de cas, homicides.
Le maintien des élections générales en novembre 2009 et l’élection de Porfirio Lobo Sosa au scrutin présidentiel n’ont pas apaisé les tensions : des violations des droits de l’homme sont encore dénoncées et les auteurs de ces exactions n’ont toujours pas été condamnés. En dépit de cela, sur le plan international, le nouveau chef de l’État a renoué le contact avec les Nations unies et l’Union européenne (UE), qui n’avaient pas reconnu le régime intérimaire, et a réintégré l’Organisation des États américains (OEA) le 1er juin 2011 après le retour de Manuel Zelaya sur le territoire.

PRATIQUES DE LA TORTURE

Le putsch a entraîné une recrudescence soudaine et massive du phénomène tortionnaire. La moyenne mensuelle de 2,5 cas de torture entre janvier 2007 et juin 2009, établie par le Centre de prévention, de traitement et de réhabilitation des victimes de torture et de leurs familles (CPTRT), a grimpé à 118,75 entre le coup d’État et le mois d’octobre 2009. Cette pratique perdure depuis, souvent liée au contexte de post-conflit.

Victimes

Depuis juin 2009, les mauvais traitements et la torture servent de méthode de répression politique contre les personnes qui contestent ouvertement le pouvoir en place, les militants des droits de l’homme, les journalistes indépendants et les leaders de mouvements économiques et sociaux.
Le 2 février 2010, Francisco C. et Carlos D., deux activistes politiques qui échangeaient des renseignements sur le putsch dans la capitale, Tegucigalpa, ont été arrêtés puis torturés par des policiers qui les ont interrogés sur leurs sources de financement et d’hypothétiques caches d’armes.
Pour décourager les opposants et les réduire au silence, leurs proches ou leurs enfants ont parfois été ciblés. Ainsi, le 17 février 2010, Dara Gudiel, une jeune fille de 17 ans, a été retrouvée pendue dans la ville de Danlí. Elle avait été préalablement séquestrée et torturée pendant deux jours. Son père, journaliste, animait une émission de radio pro-FNRP.

Les atteintes à l’intégrité physique et morale des femmes et les « féminicides » (violences systématiques contre les femmes et assassinats en raison de leur sexe) ont redoublé d’intensité. La plupart des femmes interpellées à la suite des manifestations ont subi des sévices sexuels afin, notamment, d’« humilier la partie adverse ». En 2010, 385 femmes ont été tuées selon la police nationale et 483 selon l’Observatoire des morts violentes de femmes.

Des ressortissants latino-américains ont été persécutés en tant qu’« ennemis » gauchistes, parce qu’ils venaient de pays perçus comme socialistes (du fait du gouvernement en place ou de la présence de guérillas) et/ou partisans de Manuel Zelaya, comme le Nicaragua, le Venezuela et la Colombie. Par exemple, Milko Durán Céspedes, simple touriste colombien, a été arrêté le 12 août 2009 à un barrage militaro-policier, puis frappé jusqu’à avouer de force qu’il travaillait pour la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et finançait les manifestants.

Déjà visés, les citoyens traditionnellement exclus de la société (prisonniers, pauvres, membre des minorités sexuelles ou de peuples indigènes, etc.) ont subi encore plus d’agressions et d’opérations de « nettoyage social ». Trente et un homosexuels ont été assassinées entre juin 2009 et décembre 2010 et des détenus homosexuels auraient été violentés et violés avec la caution d’agents de l’État.

Sous prétexte de lutte contre la criminalité, en particulier celle des gangs constitués d’adolescents (pandilleros), les jeunes des quartiers défavorisés ont continué à faire l’objet de brutalités policières.

Enfin, les petits agriculteurs sans terres ont également été pris pour cible, notamment dans la région du Bajo Aguán, touchée par un conflit de longue date sur l’affectation des terres entre grands propriétaires et organisations paysannes telles que le Mouvement authentique revendicatif de paysans de l’Aguán (MARCA) et le Mouvement unifié paysan de l’Aguán (MUCA). À partir de décembre 2009, des familles de paysans ont entrepris de récupérer les terrains promis par l’ex-président et ont subi, en guise de rétorsion des expulsions violentes, des tortures et des exécutions sommaires et ce, malgré la conclusion d’un accord sur la répartition des surfaces agricoles le 13 avril 2010. Alejandro Gómez, membre d’une coopérative affiliée au MARCA, a ainsi été enlevé le 10 mai 2011, battu pendant trois jours et laissé pour mort par ses bourreaux.

Tortionnaires et lieux de torture[/bleu ciel]

Avant le coup d’État, les principales forces de sécurité dénoncées pour des faits de torture étaient, dans l’ordre : la police préventive, la Direction générale d’investigations criminelles (DGIC), le commando des opérations spéciales des Cobras − corps policier d’élite formé à la contre-insurrection −, les unités de police en civil (police de la route, police aux frontières et police municipale), la police pénitentiaire et les brigades antistupéfiants. Depuis le 28 juin 2009, les militaires sont cités parmi les premiers tortionnaires. En dépit des quelques efforts déployés en 2010, l’éducation et la formation aux droits de l’homme des forces de l’ordre restent marginales.

Les agents des compagnies de sécurité privées, qui compteraient entre 20 000 et 70 000 personnes, se livrent aussi à des exactions contre les civils, en renfort de la police et de l’armée ou sur ordre des grands propriétaires terriens dans le Bajo Aguán. Les individus qui ont enlevé et torturé Juan Ramón Chinchilla, leader du MUCA, le 8 janvier 2011, étaient d’après lui des policiers Cobras, des militaires et des hommes vêtus comme les gardes armés à la solde de Miguel Facussé Barjum, patron d’un puissant groupe agro-industriel spécialisé dans l’huile de palme et réputé partisan du putsch.

La plupart des mauvais traitements et des tortures ont eu lieu dans les deux principales villes du pays, Tegucigalpa et San Pedro Sula, où se concentrent les manifestations, aux postes-frontières et dans les zones rurales en proie à des conflits agraires. Les sévices surviennent généralement pendant l’interpellation, le transport, la détention dans les postes de police, mais aussi dans des centres illégaux (stades, casernes, parcs, etc.). À Tegucigalpa, c’est dans les locaux du Parlement qu’ont eu lieu les premiers mauvais traitements à la suite des arrestations arbitraires survenues à la suite du coup d’État. Ainsi, le 12 août 2009, 28 personnes ont-elles été interpellées puis conduites dans l’enceinte du bâtiment où elles ont été frappées, contraintes d’ôter leur chemise et jetées à terre avant leur transfert dans les bureaux des Cobras.

Les prisons et centres de détention, qui étaient déjà le théâtre de mauvais traitements et d’actes de torture avant le coup d’État, abritent encore ce genre d’exactions.

Méthodes et objectifs

Les techniques les plus courantes sont les coups (de pied, de batte en bois, de crosse de fusil et de gourdin [tolete]) ; les simulacres d’exécution ; la suffocation ; les privations de nourriture, de sommeil, d’accès aux toilettes ; les brûlures de cigarettes et les expositions à des produits chimiques, comme des gaz lacrymogènes . Pour les femmes, il s’agit principalement d’agressions sexuelles, notamment les coups sur les fesses et les cuisses et l’introduction de matraques entre leurs jambes et dans leur sexe. Une victime, I. M., a témoigné : « Ils nous traitent de vieilles putes. [Ils nous disent] Pourquoi vous ne restez pas à la maison pour faire à manger ? Qu’est-ce que vous cherchez ? Vous voulez dire que vous voulez des relations sexuelles. »
Ces actes visent l’obtention d’informations, la coercition ou la punition des citoyens jugés favorables à l’ex-président. Les agents des forces de l’ordre ont régulièrement proféré les phrases « Tout ça t’arrive parce que tu es Melista » (« Mel » est le surnom du président déchu) ou « C’est ce qui se passe quand on est communiste » en battant leurs victimes lors des manifestations.

 

Lire la suite Honduras (rapport 2011)

Partager cet article
Repost0
31 octobre 2013 4 31 /10 /octobre /2013 14:30

 

HONDURAS

L’oligarchie avait vendu le Honduras depuis longtemps

G.T.

Depuis plus de 20 ans, l’oligarchie hondurienne et son État offrent au capital étranger des zones franches (« maquillas » en espagnol), véritables paradis des patrons et enfer des travailleurs. Cette oligarchie possède et gère ces grands parcs industriels que sont les zones franches. Elle offre surtout, à travers l’appareil de répression de l’État, une main-d’œuvre travaillant dans des conditions de semi-esclavagisme. Les salaires y sont extrêmement bas, les syndicats interdits, le harcèlement sexuel impuni et la répression permanente. Les importations sont exonérées de tout droit de douane, et les profits de tout impôt. Les entreprises des zones franches sont en plus exonérées de l’application du salaire minimum, fixé à environ 200 euros par mois, et du paiement des charges sociales…

A la fin 2008, environ 350 entreprises profitent de ce paradis des affaires, la majorité concentrée dans plus de 20 parcs industriels, surtout autour de San Pedro Sula, près du Porto Cortes, le grand port en eau profonde sur l’Atlantique. Elles employaient à la fin 2007 environ 135 000 ouvriers, dont plus de 60 % d’ouvrières. Ces entreprises sont contrôlées par le capital d’origine étrangère, essentiellement états-unien, mais de plus en plus associé à l’oligarchie locale.

Elles produisent en grande majorité des vêtements, mais aussi du câblage électrique pour l’industrie automobile, exportés vers les maisons mères ou les donneurs d’ordre aux États-Unis. De grandes multinationales telles Hanes ou Fruit of the Loom y exploitent chacune plus de 10 000 travailleurs. Les exportations ont atteint près de 3,5 milliards de dollars en 2008. Ces ateliers de la misère contribuent pour plus de 40 % à la production industrielle, et près de 8 % au PIB du Honduras

Le Honduras, alors qu’il s’agit d’une des plus petites économies du nouveau monde, est un des cinq premiers fournisseurs des États-Unis en vêtements et un de ses tout-premiers en câblage électrique ! Le bénéfice est double pour les États-Unis : exploiter sans merci la main-d’œuvre des zones franches, mais aussi leur vendre des matières premières et produits intermédiaires, comme par exemple le textile. Le Honduras est ainsi devenu le premier importateur de fil états-unien.

On mesure à ces quelques chiffres le double jeu de Washington. Si le Pentagone n’avait pas appuyé le coup d’État, il aurait été très facile de lui faire échec. La menace de rupture des relations commerciales aurait suffi. Mais Washington réserve cela à Cuba, pas aux gorilles.

Toutefois, la crise économique a fait diminuer l’activité depuis un an, faisant chuter l’emploi de près d’un tiers, en le ramenant à environ 100 000, soit le niveau d’il y a une dizaine d’années. C’est dans ce contexte de crise que le patronat, dominé par le secteur financier et des zones franches, a considéré que la démocratie menaçait désormais les profits.

Les associations patronales, à commencer par celles du secteur zone franche, ont bien entendu orchestré et même soutenu officiellement le coup d’État. Dès le 11 Juillet, elles appelaient Obama à reconnaitre le gouvernement de facto. Preuve toutefois que les menaces de boycott peuvent être utiles, les marques les plus en vue, comme Nike, Gap ou Adidas ont senti le besoin d’appeler à la « restauration de la démocratie ».

Face à l’effondrement du principal secteur industriel, et à une concurrence accrue menaçant ses profits, l’oligarchie avait besoin d’un régime militaire et encore plus répressif. Le coup au Honduras est aussi la conséquence politique de la crise économique.

Finalement, le coup d’État, en s’attaquant aux organisations ouvrières et démocratiques, ne fait que tenter d’étendre à tout le pays le régime de surexploitation et de répression des zones franches qui a tant profité à une oligarchie intégrée au capital transnational. ■

 

Source : L’oligarchie avait vendu le Honduras depuis longtemps

Partager cet article
Repost0
31 octobre 2013 4 31 /10 /octobre /2013 14:14

 

 

« Nous observons, et nous y participons, un processus historique et révolutionnaire où les classes sociales dépossédées se lèvent »

Entretien avec Ricardo Elnner *

Le coup d’État de juin 2009 a dynamisé les forces et l’organisation du mouvement populaire. Dans un climat où la droite commet des assassinats politiques et d’innombrables violations des droits humains, le Parti Libre présentera une candidate, Xiomara Castro, pour l'élection présidentielle du 24 novembre.

© <i>Inprecor</i>

© Inprecor

Dans les années 1980, alors que le peuple nicaraguayen venait de renverser la dictature du clan Somoza et que les mouvements révolutionnaires montaient au Salvador et au Guatemala, le Honduras présentait la caractéristique d’être un pays occupé par trois armées : l’armée hondurienne, dirigée par le général Gustavo Adolfo Álvarez Martínez ; l’armée nord-américaine, disposant de bases dans le pays ; la « Force démocratique nicaraguayenne » (appellation désignant par antiphrase les bandes armées de la contre-révolution nicaraguayenne).

 

Synthèses Amérique Centrale

 

 

À cette époque, sévissaient également des « escadrons de la mort », responsables d’un certain nombre de meurtres et de disparitions à l’encontre du mouvement populaire (et dont l’un des principaux responsables, « Billy » Joya, est réapparu après le coup d’État du 29 juin contre le président Manuel Zelaya comme chef de la sécurité du président fantoche Roberto Micheletti, rebaptisé « Gorilletti » par le défunt président vénézuélien Hugo Chávez).

Ce quadrillage avait permis, en septembre 1983, de liquider un foyer de guérilla, impulsé par la branche hondurienne du Parti révolutionnaire des travailleurs centre-américain (PRTC), dirigée par José María Reyes Mata (ancien compagnon de Che Guevara dans la guérilla bolivienne de 1967).

Après la fin des conflits armés en Amérique centrale, le Honduras disparut de l’actualité, jusqu’au coup d’État du 29 juin 2009.

Bien qu’issu d’un deux partis traditionnels, Manuel Zelaya — élu en 2005 comme candidat du parti libéral — avait opéré un tournant inattendu en faisant adhérer le Honduras à l’Alba (Alliance bolivarienne des peuples de notre Amérique). Une orientation qui entraîna le coup d’État du 29 juin 2009, effectué sous le couvert d’une destitution du président par un Parlement majoritairement à droite (Parti conservateur et Parti libéral).

Inprecor et les publications des organisations membres ou sympathisantes de la IVe Internationale ont rendu compte de la résistance du peuple hondurien contre ce coup d’État. Inprecor a en particulier publié dans son n° 581/582 (avril 2012) la traduction d’un important article rédigé par Tomas Andino Mencia (ex-député du parti Union Democratica), « La guerre qui vient ou la stratégie militaire étatsunienne en Amérique latine ».

Après les accords de Carthagène (avril 2011) entre les présidents Hugo Chávez (Venezuela), Juan Manuel Santos (Colombie) et Porfirio Lobo (Honduras), Manuel Zelaya (nommé coordinateur du Front national de résistance populaire) a pu regagner le Honduras. La résistance hondurienne s’est dotée d’un bras politique, le parti Libre (Libertad y Refundación), qui se présentera aux prochaines élections présidentielles de novembre 2013.

Néanmoins, la répression (sélective) contre le mouvement populaire continue. Ainsi, dans la vallée du Bajo Aguan, un conflit pour la terre entre les organisations paysannes et le latifundiste Miguel Facussé (l’un des inspirateurs « intellectuels » du coup d’État de juin 2009) a fait en trois ans plusieurs dizaines de morts. On notera que les organisations populaires ont dénoncé la présence au Honduras — et plus particulièrement dans le Bajo Aguan — de paramilitaires colombiens « démobilisés », ayant mis leurs « compétences » au service de Miguel Facussé.

Par ailleurs, au moment où l’accession au trône pontifical du cardinal Jorge Mario Bergoglio suscite une vague de « papamania », il convient de relever que l’un des « pouvoirs de fait » au Honduras est la très sainte Église catholique, apostolique et romaine. À une seule exception honorable, l’ensemble de la conférence épiscopale hondurienne a soutenu le coup d’État. Récemment, la presse signalait la nomination de l’archevêque de Tegucigalpa, Óscar Andrés Rodríguez Maradiaga, à la présidence de la commission chargée de réformer l’administration du Vatican. Un spécialiste...

Enfin, il est permis de se demander quelles seront les réactions de la classe dominante hondurienne en cas de victoire de la candidate du Parti Libre. En effet, si cette classe dominante a organisé un coup d’État pour se débarrasser de Manuel Zelaya, ce n’est certainement pour laisser revenir sans réagir une porte-parole de la même mouvance. Affaire à suivre donc. (HPR)

Le 28 juin 2013, il y aura 4 ans qu’un « coup d’État suave ou institutionnel » — fomenté par les intérêts nord-américains et l’oligarchie hondurienne — fut perpétré contre le président constitutionnel Manuel Zelaya. Au contraire des effets immédiats des coups d’État survenus durant les années 1970 en Amérique latine, le coup d’État au Honduras a dynamisé les forces et l’organisation du mouvement populaire.

Pour y voir plus clair sur les clés du processus politique et social hondurien et sur la candidate du Parti Libre (Libertad y Refundación) Xiomara Castro de Zelaya — épouse du président destitué — aux élections générales du 24 novembre 2013, le programme Canto Libre d’Argentine s’est entretenu avec le journaliste hondurien Ricardo Elnner.

Andrés Figueroa Cornejo : Que s’est-il passé au Honduras, ces dernières années ?

Ricardo Elnner : Nous observons, et nous y participons, un processus historique et révolutionnaire où les classes sociales dépossédées se lèvent, font entendre leur voix et luttent pour ce qui leur a toujours été refusé.

Andrés Figueroa Cornejo : Quelles sont les caractéristiques du Parti Libre (Libertad y Refundación) ?

Ricardo Elnner : Il se définit comme « socialiste » dans un pays conservateur où, depuis les années 1960, fut abolie toute référence au socialisme, au communisme, à la justice sociale, aux droits des travailleurs, à la lutte des classes, etc. Ainsi, il s’agit d’un instrument politique qui brise le bipartisme (libéral et nationaliste), totalement discrédité, qui ne représente personne. De nombreuses propositions du Parti Libre concernent le renforcement des institutions étatiques, l’investissement social de manière évidente, les revendications des travailleurs et d’une paysannerie qui représente pratiquement la moitié de la population, spoliée, sans terre, qui souffre de la non réalisation d’une réforme agraire. Le Parti Libre s’oppose à la représentativité anti-démocratique, préconise la participation et la révocabilité des élus et élues ; il intègre les luttes et les revendications de la diversité sexuelle, la promotion de la science et de la technologie (axe d’une industrie propre et respectueuse de l’environnement) et la construction de nouveaux paradigmes éducatifs qui ne se réduisent pas à l’enseignement traditionnel dans les aulas, mais qui intègrent l’habitat et la campagne pour édifier une nouvelle académie.

D’après tous les sondages, le parti Libre est la première force politique et sociale du Honduras et lutte pour le développement intégral de la société.

Andrés Figueroa Cornejo : Dans le monde, on connaît peu la réalité du Honduras et on se demande pourquoi les nations qui forment la péninsule du Yucatán ne sont pas un seul pays...

Ricardo Elnner : Nous ne sommes pas un seul pays parce que l’impérialisme nord-américain ne nous l’a pas permis. Néanmoins, ce fut la première région unie derrière ce dirigeant politique et militaire profondément progressiste que fut Francisco Morazán, en 1830. Influencé par la révolution de Simón Bolívar, il réussit à devenir président de la République fédérale d’Amérique centrale. Mais 10 ans plus tard les forces conservatrices réussirent à en finir avec cette République et Morazán fut exécuté en 1842. Néanmoins, l’unité des nations centre-américaines est actuellement un objectif valide. Par exemple, existe le Système d’intégration centre-américain (Sica), formé aujourd’hui par le Guatemala, El Salvador, le Honduras et le Nicaragua, avec comme pays associés le Costa Rica, Panamá et Belize. Pour ma part, je rêve à une future et laïque République fédérale de Morazán.

Actuellement, le Honduras connaît une crise économique, politique et sociale. Les partis hégémoniques se sont chargés de diviser la société. Lors du coup d’État, les médias disaient : « Voilà la Résistance qui est en train d’incendier, de tout détruire », avec l’intention évidente de criminaliser les pauvres parce qu’ils se soulevaient. Il y a des pauvres dans la Résistance, mais aussi des secteurs des classes moyennes et même quelques riches.

Andrés Figueroa Cornejo : De quoi vit le Honduras ?

Ricardo Elnner : Le produit intérieur brut (PIB) se constitue principalement des envois faits par les Honduriens obligés de travailler aux États-Unis. Nous parlons ici de 14-16 heures de travail humain exploité pour un salaire mensuel de 1000 dollars, pour envoyer 200 dollars à la famille. D’autre part, le pays cultive le café, mais un café monopolisé. Il y a aussi les bananeraies et la tristement fameuse « banane Chiquita ». Un autre monopole est celui de la palme africaine et dans les plantations où on la cultive, dans la vallée du Bajo Aguan, c’est là que l’on a assassiné le plus grand nombre de paysans. Le responsable d’un de ces crimes fut le propriétaire terrien Miguel Facussé, auquel l’État a donné toutes les facilités pour le perpétrer.

Andrés Figueroa Cornejo : Sur 8 millions de Honduriens, combien appartiennent au peuple et combien à l’oligarchie ?

Ricardo Elnner : D’après les chiffres de l’Institut national de statistiques du Honduras, 78 % de la population se trouvent dans une pauvreté extrême et 2 % appartiennent à l’oligarchie.

Andrés Figueroa Cornejo : Le Honduras est plurinational...

Ricardo Elnner : Et pluriellement invisible. Mon peuple a commencé à reprendre conscience quand Manuel Zelaya a opéré un virage modéré vers la gauche. À ce moment, les gens ont commencé à revendiquer les droits à l’éducation, à la terre et aux bons de modernisation. Mais il ne se passait rien d’important. La politique des cadeaux et le clientélisme continuaient. Le coup d’État fut déterminant pour mettre fin au sommeil populaire. Et pas seulement pour la paysannerie et les travailleurs, mais pour l’ensemble de la société.

Andrés Figueroa Cornejo : Quelle est la composition des forces sociales au sein du mouvement populaire et du parti Libre ?

Ricardo Elnner : Lorsque le Front national de résistance populaire est né et a grandi, diverses forces ont convergé en son sein. De secteurs capitalistes aux communautés noires et indigènes, aux femmes surexploitées, aux féministes. Le processus de clarification idéologique s’est fait rapidement.

Andrés Figueroa Cornejo : De fait, tu racontes que l’organisation politique « Los Necios » existait 10 ans avant le coup d’État et qu’alors, à la fin du XXe siècle, elle regroupait à peine une poignée de personnes, axées sur la formation politique à une micro-échelle...

Ricardo Elnner : Sans sous-estimer du tout le renforcement politique d’autres collectifs à l’intérieur de Libre, un groupe d’enfants de combattants révolutionnaires des années 1960 a commencé en 1999 à construire « Los Necios ». Aujourd’hui, nous sommes présents dans 14 des 18 départements du Honduras. Sincèrement, nous étions un groupe de réflexion politique. Nos premiers pas ont consisté en une auto-formation, nous nous sommes renforcés par des amitiés nouées autour de documentaires et sans hâte. Avec le temps, nous avons été capables de fournir une information et une formation alternatives à celles des partis traditionnels (qui, en vérité, n’ont jamais donné aucune formation politique). Et nous nous sommes transformés en organisation politique il y a 4 ou 5 ans. Dès le début, nous nous sommes fixé pour objectif un processus révolutionnaire et socialiste. Aujourd’hui, l’histoire offre une opportunité à la conscience et aux intérêts de notre peuple.

Andrés Figueroa Cornejo : Quelle est la pratique objective de « Los Necios » ?

Ricardo Elnner : On ne peut penser à une transformation révolutionnaire et socialiste au milieu de l’ignorance, ni en marge du mouvement populaire. Et pour nous l’éducation est l’une des conditions fondamentales de l’émancipation. C’est notre conviction et notre action.

 

Synthèse actualisée Inprecor

 

Andrés Figueroa Cornejo : Le Conseil civique des organisations populaires et indigènes du Honduras (COPINH) a été durement frappé par les forces de l’ordre durant cette dernière période...

Ricardo Elnner : Le 24 mai, Bertha Cáceres, coordinatrice du COPINH, fut arrêtée illégalement par des membres de l’armée et de la police. Avec elle, se trouvait le journaliste Tomás Gómez. Ils se rendaient à Rio Blanco, où le peuple résiste contre un projet hydro-électrique aux conséquences néfastes pour les communautés de cette zone, particulièrement pour les indigènes de Lenca, qui luttent depuis longtemps contre l’exploitation minière à ciel ouvert et dont l’économie indigène est totalement distincte de l’exploitation capitaliste des ressources naturelles et des personnes. Maintenant, d’après le rapport policier, Bertha et Tomás furent détenus sous l’inculpation de « port d’armes ». Ensuite, ils furent libérés via des mesures de protection parce que les charges retenues contre eux étaient absolument fausses. Cet incident grave résume très bien les méthodes répressives de l’État contre les indigènes et les paysans. Comme tout le continent, le Honduras est hautement hydrique. Nous partageons des canaux aquifères avec le Guatemala, El Salvador et le Nicaragua. Et l’eau est comme le pétrole pour le fonctionnement du capitalisme en ce moment de dépossession et d’appropriation transnationale et privée des matières premières pour la production énergétique sur nos territoires.

Andrés Figueroa Cornejo : Quel coût a dû payer jusqu’ici la résistance du peuple hondurien ?

Ricardo Elnner : Depuis le coup d’État, à mi-2009, environ 200 personnes sont mortes, parmi lesquelles on trouve 34 journalistes et animateurs des réseaux sociaux qui avaient simplement manifesté leur désaccord avec les actuels détenteurs du pouvoir. Le gouvernement dit que la censure n’existe pas. Il y a pire : l’autocensure, parce que je sais que si « j’en dis trop » ils me liquideront. Il existe le « Rapport de vérité » rédigé par des défenseurs des droits humains comme Adolfo Pérez Esquivel, Craig Scott. Elsie Monge, Helen Umaña, José Francisco Aguilar, Luis Carlos Nieto, Mirna Perla Jiménez, Nora Cortiñas et le père Fausto Milla et différent du « Rapport de la vérité », fait par le gouvernement. Hormis les assassinats politiques, au Honduras il y a des disparitions, des violations innombrables des droits humains et une répression à grande échelle.

Andrés Figueroa Cornejo : La base politique de la candidature de Xiomara Castro semble s’inspirer beaucoup du « socialisme du XXIe siècle », préconisé par le gouvernement bolivarien du Venezuela...

Ricardo Elnner : Effectivement. Néanmoins, il ne s’agit pas de l’imiter, car nos réalités sont très différentes (il suffit d’observer la richesse pétrolière du Venezuela). L’important, c’est d’élargir collectivement les espaces qui permettront au peuple de déployer ses forces créatives et de parvenir à être le protagoniste de l’avenir du Honduras.

Andrés Figueroa Cornejo : Que penses-tu qu’il pourrait se passer si Xiomara gagne les élections, dans un rapport de forces où l’impérialisme (avec des bases militaires et politiquement déterminant dans l’histoire contemporaine du pays), l’oligarchie dépendante de ce même empire et des relations sociales conservatrices maintiennent une domination certes instable, mais finalement réelle ?

Ricardo Elnner : Si la camarade Xiomara Castro gagne les élections, nous connaîtrions un changement de paradigme dans l’histoire politique, économique, sociale et culturelle du Honduras. Quand on veut changer une société complètement conservatrice et bourgeoise, ce défi prend pas mal de temps. Stratégiquement, il s’agit d’arracher le pouvoir à l’oligarchie, aux monopoles et aux pouvoirs de fait. ■

* Ricardo Ellner, journaliste, est membre du groupe « Los Necios » (« Les obstinés »), l’une des organisations de la gauche hondurienne, composante du parti Libre (Libertad y Refundación, Liberte et réfondation), qui rassemble le mouvement antidictatorial et présente la candidature de Xiomara Castro de Zelaya à la présidence de la République aux élections générales du 24 novembre 2013. Andrés Figueroa Cornejo est journaliste du programme Canto Libre d’Argentine.

 

Source : « Nous observons, et nous y participons, un processus historique et révolutionnaire où les classes sociales dépossédées se lèvent »

Partager cet article
Repost0
31 octobre 2013 4 31 /10 /octobre /2013 14:00

 

 

Le coup d’État au Honduras :
Un autre épisode des guerres impériales en Amérique Latine.

par Jules Dufour

Août 2009

 

« Le coup d’État désigne un renversement du pouvoir par une personne investie d’une autorité, de façon illégale et souvent brutale. On le distingue d’une révolution en ce que celle-ci est populaire. Le putsch, souvent traité comme synonyme du coup d’État, désigne plus précisément une tentative de prise de pouvoir par la force ».

Selon les termes de ces définitions, l’enlèvement ou éviction forcée du président du Honduras perpétré le 28 juin dernier est sans aucun doute un coup d’État et il s’avère une fois de plus la manifestation de l’intervention des forces impérialistes qui ne peuvent tolérer qu’un gouvernement national soit au service d’un peuple. Il n’est pas différent des nombreux coups d’État qui ont marqué la vie politique latinoaméricaine au cours du XXème siècle en renversant des gouvernements progressistes et en entraînant une série de conflits armés de plus ou moins longue durée. Il importe de porter à notre mémoire l’ampleur qui a caractérisé quelques-uns d’entre eux pour en saisir la portée et les conséquences qu’ils ont exercées sur le devenir de la gouvernance des pays affectés.

Ce coup d’État ne doit pas nous faire oublier les autres conflits armés qui perdurent en Amérique Latine et ceux que l’on est en train de fomenter afin de conserver le contrôle de l’accès aux ressources stratégiques et aux marchés de cette région du monde.

I. Les coups d’État

Selon Modesto Emilio Guerrero reprenant les propos de Cursio Malaparte, l’auteur de la Tecnica del Golpe de Estado, le coup d’État « n’est pas autre chose qu’une ressource de pouvoir quand on craint de perdre le pouvoir ».Le coup d’État, selon cet auteur, est le moyen utilisé par les classes dominantes quand elles ne peuvent plus compter sur le concours que leur fournit la domination constitutionnelle et démocratique.

Au Honduras, le président Zelaya, en ayant amené son pays à adhérer à la Alianza Bolivariana de las Américas (ALBA), était devenu, aux yeux de l’oligarchie possédante de ce pays, une menace à leurs intérêts et partant aux intérêts des États-Unis et un élément déterminant, en Amérique isthmique, dans le processus de libération des peuples de cette zone stratégique dans laquelle on envisage depuis 2001 l’application du Plan Puebla-Panamá (figure 2). Ce plan ou projet dit de « développement durable et intégral » a pour objectif l’intégration complète de l’économie centro-américaine à la grande plateforme de l’ALENA par le biais de son annexion à l’économie de neuf états du Mexique méridional.

Ce plan se solderait par une dépendance et un asservissement plus forts de toute la région aux visées impérialistes de Washington et de ses alliés les plus fidèles tels que ceux de la junte qui a évincé le président Zelaya. Ce projet s’inscrit dans la foulée des efforts déployés en vue de créer la Zone de Libre Échange des Amériques (Z.L.É.A.) si chère à l’ex-Administration de G.W. Bush. Après la ALÉ (Canada-États-Unis) en 1989 et l’ALENA (Mexique, Canada et États-Unis) en 1994 le plan Puebla-Panamá constitue une pièce non négligeable de cette entreprise d’intégration économique panaméricaine (http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=6553).

Au 20ème siècle, l’Amérique Latine a connu plus de 327 coups d’État qui, dans plusieurs cas, ont mis en place des dictatures militaires répressives et sanglantes. En effet, entre 1902 et 2002 ce processus a affecté la vie politique et sociale dans plus de 25 pays en causant la mort de centaines de milliers de personnes (Leitenberg, M., 2006). Les pays qui ont connu le plus grand nombre de coups d’État sont la Bolivie avec 56, le Guatemala avec 36 à partir de 1944, le Pérou avec 31, le Panamá avec 24, l’Équateur avec 23, Cuba avec 17, Haiti avec 16, la République dominicaine avec 16, le Brésil avec 10, le Chili avec 9 et l’Argentine avec 8.

Le renversement du gouvernement de Salvador Allende au Chili en septembre 1973 et la répression qui a suivi est l’un des plus tragiques qu’ont connu les peuples latinoaméricains. Lors du coup lui-même 5 000 personnes furent tuées et le régime de Pinochet exécuta ou fit disparaître plus de 20 000 personnes en 1974 (Leitenberg, M., 2006).

II. Les conflits armés

Selon les données compilées par M. Leitenberg, au XXième siècle, l’Amérique latine a connu une vingtaine de conflits armés majeurs dans quatorze pays (le Mexique et Haiti non compris) qui ont provoqué la mort de près de 1 million de personnes (Leitenberg, M., 2006).

En Colombie, le régime en place, apparenté à une dictature militaire, poursuit depuis 1964 une guerre sans merci contre le peuple, une guerre qualifiée de génocide qui aurait causé la mort de plus de 200 000 personnes dont 40 000 depuis 1990. On dénombre aussi, depuis 1979, l’assassinat de 475 000 personnes par les forces armées nationales, les différentes factions paramilitaires et les forces armées de la guérilla. Cette guerre « totale » a entraîné le déplacement de plus de trois millions de personnes à l’intérieur du pays, ce chiffre est sous-estimé étant donné la crainte qu’ont les déplacés d’inscrire leurs noms dans les registres officiels.

Les aveux faits récemment par les paramilitaires démobilisés devant le parquet colombien, l’unité « Justice et paix » sont tout simplement horrifiants : « À ce jour, les combattants démobilisés ont avoué 27 382 crimes, dont 22 130 homicides, 1 867 disparitions forcées, 719 enlèvements... » Selon le procureur Luis Gonzalez, les chiffres cités seraient « la pointe de l’iceberg », car le parquet a recensé jusqu’à maintenant 250 000 crimes (massacres, assassinats, viols, enlèvements, tortures) susceptibles d’être attribués aux milices d’extrême droite.

Entre 1966 et 1995, la guerre de guérilla qui a sévi au Guatemala a entraîné la mort de 227 500 personnes. Entre 1966 et 1989 les affrontements entre le gouvernement et l’Unité Révolutionnaire Nationale Guatémaltèque (URNG) ont causé la mort de 200 000 civils et de 17 500 militaires et les massacres perpétrés contre les peuples autochtones ont exterminé, entre 1990 et 1995, plus de 10 000 personnes (Leitenberg, M., 2006).

Jusqu’à maintenant, le coup d’État au Honduras n’a pas encore dégénéré en conflit armé ou guerre civile, mais l’appel à l’insurrection populaire fait par le président Zelaya pourrait provoquer un durcissement des positions de la junte au pouvoir de facto et le déclenchement d’une vague de répression dont les conséquences sont difficiles à prédire même si les nombreux appuis dont jouit le président déchu permettent de penser que l’ordre constitutionnel devrait être rétabli avec sa réintégration dans ses fonctions.

III. L’ALBA et la poursuite de la révolution bolivarienne

Ce coup d’État doit être aussi analysé dans le contexte de la poursuite de la révolution bolivarienne ou du processus de libération des peuples latinoaméricains de l’emprise de l’impérialisme étatsunien. Ce processus qui a été initié au début du siècle s’est développé peu à peu avec l’adhésion de plusieurs pays à la Alianza Bolivariana para las Américas(ALBA) une alliance politico-commerciale créée le 14 décembre 2004 par le Venezuela et Cuba et à laquelle s’est ajoutée la Bolivie en 2006 (Lescot, P., 2006). Selon Thelma Mejia, « l’ALBA a été lancée lors du Sommet des Peuples qui s’est tenu parallèlement à la réunion officielle des chefs d’État lors du quatrième Sommet des Amériques à Mar del Plata en Argentine en 2005. Elle se présente comme une alternative au modèle néo-libéral de libre marché et se veut l’expression de la coopération, de la solidarité et de la complémentarité engagées dans la lutte contre la pauvreté, l’inégalité entre les personnes et l’inégalité des termes de l’échange, d’après le texte fondateur » (Mejia, T., 2008). Par la suite, d’autres pays ont joint l’ALBA tels que le Nicaragua, le Honduras, Dominica, Antigua-et-Barbuda, l’Équateur et Saint-Vincent-et-les Grenadines avec une population totale dépassant les 77 millions d’habitants en 2009.

Le Honduras membre de l’ALBA.
Une situation intolérable pour les oligarchies possédantes

Le Honduras avec une population de 7,3 millions d’habitants et un territoire de 112,492 Km2 s’est joint à l’ALBA en août 2006.

Lors de la cérémonie d’adhésion le président Chavez a souligné « le courage du président Zelaya car « en dépit de la diabolisation de l’ALBA, il n’a pas hésité à se joindre à ce projet d’intégration de l’Amérique latine basé sur la réflexion et l’esprit de nos héros avant tout. Aujourd’hui, nous ne signons pas seulement un pacte de solidarité entre frères, mais aussi un projet d’intégration pour l’Amérique latine qui se démarque comme une alternative à l’hégémonie impériale et vise à intégrer progressivement les gouvernements qui proposent une solution pour sortir de l’oppression impérialiste », a déclaré Chávez ». Et le président Zelaya d’ajouter : « L’adhésion du Honduras à l’ALBA est « un acte de liberté, parce que nous sommes libres et nous sommes un peuple souverain », a déclaré M. Zelaya. « Il s’agit d’un acte héroïque d’indépendance et nous n’avons pas besoin de permission pour signer un tel engagement. Aujourd’hui, nous faisons un pas de plus vers un gouvernement de centre-gauche, et si quelqu’un n’aime pas cela, qu’il supprime tout simplement le mot ’centre’ pour s’en tenir au second terme ».

Le président Zelaya a ensuite ajouté : « Parmi les avantages de l’adhésion à l’ALBA, il existe des projets visant à améliorer la santé, la nutrition, l’éducation et la culture donc « merci, Monsieur le président Chávez, pour nous ouvrir ces chemins vers la liberté pour les Latino-Américains, parce que nous ne sommes pas nés ni pour être des esclaves, ni pour avoir des maîtres », a déclaré le président Zelaya. « Quand je me suis entretenu avec [le président américain] George W. Bush, nul ne m’a appelé un anti-impérialiste et le monde des affaires m’a même applaudi. Maintenant que je suis en réunion avec les peuples pauvres du monde, ils me critiquent. J’espère qu’ils rétracteront leurs déclarations durant les prochaines heures. Qui a dit qu’ils avaient un droit absolu à la privatisation ? Je les invite à participer au dialogue et à signer un véritable pacte national avec une vision pour le pays », a déclaré M. Zelaya.

Selon l’analyse proposée par Ana Maria Duarte, « quand il entame son mandat, en janvier 2006, le Parti libéral Hondurien (PLH), majoritaire au Parlement, vote la loi de participation citoyenne. Zelaya s’en empare pour lancer la consultation avortée par le coup d’Etat. Il élimine d’emblée les frais de scolarité, crée un fonds de soutien aux PME et un programme pour améliorer la production alimentaire en zone rurale. Il reçoit un soutien populaire mais, les grèves se succédant, il augmente le salaire minimum de 60 %. Plusieurs crises majeures s’imposent : crise énergétique, avec la faillite de l’entreprise nationale d’électricité (Enee), crise de la dette et du système de santé. Malgré les demandes incessantes du Fonds monétaire international (FMI), qui souhaite plus de privatisations et de rigueur budgétaire, il obtient une condamnation partielle de la dette. Pour tenter de résoudre la crise énergétique, il se rapproche d’Hugo Chavez, avec l’approbation de Bush et de l’oligarchie. Le Parti nationaliste Hondurien (PNH) soulève toutefois le risque de contagion politique. Zelaya devient alors la cible d’une violente campagne de la presse conservatrice. L’adhésion à l’Alternative bolivarienne (Alba), en 2008, est ratifiée par le congrès, mais le PNH s’abstient ».

Le virage à gauche du président Zelaya, aux yeux des oligarchies possédantes, pouvait toujours être géré dans le sens de leurs intérêts, mais cette adhésion à l’ALBA pouvait à moyen terme les menacer au plus haut point et il était devenu impératif, lorsqu’il a manifesté l’intention d’assumer un autre mandat, de l’écarter du pouvoir. Ces éléments sont au cœur de la crise actuelle et il est probable que l’on assistera à un scénario semblable quand d’autres pays s’engageront dans la même voie, car la révolution bolivarienne est irrésistible et prendra un essor considérable avec la crise financière globale, puisqu’elle est une alternative viable pour assurer l’avenir des peuples d’Amérique latine. Ce coup d’État ne peut que les convaincre davantage qu’il en va de leurs intérêts de se joindre à l’ALBA et de réunir ainsi les forces vives des peuples qui ont été opprimés pendant des siècles sous la férule des colonialistes anciens et modernes.

Conclusion

Le coup d’État du Honduras est une épreuve sans conteste pour les membres de l’ALBA. Ceux-ci doivent agir avec circonspection afin de profiter de ce moment privilégié pour renforcer leur union et entamer un rapprochement avec plusieurs autres pays de l’hémisphère et les convaincre de se joindre à l’Alliance. Ils doivent continuer de supporter le projet de rétablissement de l’ordre constitutionnel au Honduras et travailler de concert avec les institutions internationales et régionales afin de conserver leur appui. Ils se doivent aussi de promouvoir la résistance passive en encourageant un isolement progressif de la junte au pouvoir de facto afin de l’amener à comprendre qu’il est dans l’intérêt de la nation et de la paix en Amérique centrale de restituer au président élu les pouvoirs qui lui sont dévolus. C’est un appel qui doit être répété sur toutes les tribunes à l’échelle mondiale.

Mondialisation . Canada, le 27 juillet 2009.

Références :

- Alianza Bolivariana para las Américas
- DELCAS, Marie. 2009. Le choc des aveux des paramilitaires colombiens. Le Monde.fr. Le 17 juillet 2009.
- DUARTE, Ana Maria. 2009, Honduras : Coup d’État préventif contre Zelaya. Un Nouveau Parti anticapitaliste maintenant (NPA). Le 14 juillet 2009.
- DUFOUR, Jules. 2007. Partenariat pour la sécurité et la prospérité ou Conquête des Amériques par Washington ? Montréal, Centre de recherche sur la mondialisation (CRM). Le 21 janvier 2008.
- DUFOUR, Jules. 2008. La libération des otages colombiens, Hugo Chavez et l’Amérique latine. Montréal, Centre de recherche sur la mondialisation (CRM). Le 21 janvier 2008.
- DUFOUR, Jules. 2008. Le retour de la Quatrième Flotte et l’avenir de l’Amérique latine. Montréal, Centre de recherche sur la mondialisation (CRM). Le 4 juillet 2008.
- DUFOUR, Jules. 2009. Colombie et Gaza. Génocides et impunités. Montréal, Centre de recherche sur la mondialisation (CRM). Le 29 janvier 2009.
- EFE. 2006. Cumbre en La Habana. Chavez, Castro y Evo Morales afianzan su alianza como « defensores de Latinoamérica ». Elmundo.es.
- File : ALBA-Mitgliedsstaaten2.png
- Golpe de Estado.
- GUERRERO, Modesto Emilio. 2006. Memoria del golpe de Estado en América latina durante el siglo XX. Voltairenet.org. Le 30 mars 2006.
- LESCOT, Patrick. 2006. Une « sainte trinité » entre Cuba, le Venezuela et la Bolivie. L’Alliance vise à dénoncer l’« impérialisme » américain. AFP. Journal le Devoir, le 1er mai 2006, p. B3.
- LEITENBERG, M. 2006. Deaths in Wars and Conflicts in the 20th Century. Cornell University, Peace Studies Program. Occasional Paper #29. 3nd ed. August 2006. 83 pages.
- MALAPARTE, Curzio. 1986. Tecnica Do Golpe De Estado.
- MEJIA, Thelma. 2006. Économie Honduras. L’adhésion à l’ALBA, l’affrontement idéologique et le scandale des pétrosubsides. Inter Press Service (IPS), le 24 août 2008.
- MORIN, Claude. 2009. Le coup d’État au Honduras. Les raisons d’un échec. Montréal, Centre de recherche sur la mondialisation (CRM). Le 13 juillet 2009.
- Plan Puebla-Panamá.
- PROJECT PLOUGHSHARES. 2008. Armed Conflicts Report.
Colombia (1964 - first combat deaths)
. Update : January 2008.

- PROJECT PLOUGHSHARES. 2008. Armed Conflicts Report. Haiti (2004 - first combat deaths). Update : January 2008.
- ROSS, John. 2009. Le Chiapas, un État assiégé par les transnationales. Montréal, Centre de recherche sur la mondialisation (CRM). Nacla, le 4 mai 2009.
- Unité révolutionnaire nationale guatémaltèque

* Jules Dufour, Ph.D., est président de l’Association canadienne pour les Nations Unies (ACNU) /Section Saguenay-Lac-Saint-Jean, professeur émérite à l’Université du Québec à Chicoutimi, membre du cercle universel des Ambassadeurs de la Paix, membre chevalier de l’Ordre national du Québec.

 

Source :
Le coup d'État au Honduras : Un autre épisode des guerres impériales en Amérique Latine. - El Correo

Partager cet article
Repost0
28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 16:06

 

 


  
Le 24 novembre prochain, ce sera jour d’élection présidentielle au Honduras, pays d’Amérique centrale de moins de 8 millions d’habitants. On se souviendra qu’en juin 2009, il y eut un coup d’État militaire contre le président légitimement élu d’alors, Manuel Zelaya.
Il faut dire que le rapprochement du gouvernement de ce Président avec l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA) et son projet de référendum pour une nouvelle constituante furent les détonateurs de ce coup d’État. L’empire, l’oligarchie nationale et l’Église hiérarchique, ne purent accepter ce rapprochement avec l’ALBA, pas plus que la mise en place d’une constituante de nature à modifier les relations de pouvoir des oligarchies avec l’État.
Inutile de dire que l’élection qui a suivi, en novembre 2009, n’a été qu’une mascarade de démocratie, s’étant abstenus de voter ou ayant annuler leur vote la grande majorité des partisans de Manuel Zelaya et les opposants au coup d’État militaire.
Tout au long des années qui suivirent, la violence s’accentue et les morts se comptent par centaines. Les informations officielles mettent au compte de la mafia et de la contrebande de drogues toute cette violence et ces crimes. Toutefois, sans exclure l’action de ces derniers, les forces gouvernementales, armées et policières, en profitent pour liquider des journalistes, des leaders syndicaux, des dirigeants sociaux et politiques, des étudiants, etc. Amnistie internationale attire l’attention du monde sur ces crimes que nos médias meanstream se gardent bien de mettre en lumière.
Le 24 novembre prochain, ce sera donc un nouveau jour d’élection. Neuf partis politiques convoiteront à la fois la Présidence du pays, les 128 sièges du Congrès, les 298 postes municipaux et les 20 représentants et leurs substituts au Parlement de l’Amérique centrale.
Cette fois-ci, les partisans de Manuel Zelaya, regroupés dans le Front national de résistance populaire (FNRP), et les opposants au coup d’État, se fusionnent pour former un parti politique et voter sous une même bannière, celle de « LIBERTAD Y REFONDACION » (LIBRE). C’est l’épouse de l’ex-président Zelaya, Xiomara Castro, qui est élue pour mener le combat à la présidentielle du pays. Les grandes orientations idéologiques de ce nouveau parti se résument ainsi : pour le socialisme du XXIe siècle, définitivement de  la gauche politique et foncièrement anti-impérialisme.
Son plus proche opposant dans cette lutte vient du Parti national qui a comme candidat officiel Juan Orlando Hernández. Il est celui qui talonne de plus près le parti LIBRE. 
Les derniers sondages, septembre 2013, donnent une avance de deux points à la candidate du parti LIBRE sur son  plus proche adversaire du Parti national. C’est dire qu’ils en sont pratiquement à une impasse technique,  la marge d’erreur étant de 2%.
La lutte est donc très serrée et les tentations de fraudes et de chantage sont très élevées dans un pays où la culture politique des oligarchies ne se fait pas de scrupules à tuer, à corrompre, à substituer des votes, etc. Elle sait également faire appel avec grâce aux autorités ecclésiales pour faire la différence par des interventions finement rafistolées. Ils l’ont fait dans un passé récent avec le coup d’État militaire et pourquoi ne pas le refaire maintenant, surtout que leur cardinal a pris du galon au Vatican, en devenant un des principaux conseillers du pape François pour la réforme de la Curie romaine.
Cette intervention est d’autant plus importante que le Parti national de Juan Orlando Hernandez peut théoriquement compter sur 32% de l’électorat qui lui est acquis alors que le parti LIBRE ne peut compter que sur 22% de cet électorat. Le défi du parti National est donc de faire sortir le vote de ses partisans. D’où l’importance de faire entendre une voix écoutée et respectée par ces derniers, les incitant à ne pas avoir peur et d’aller voter. C’est ce que viendra leur dire le cardinal Oscar Andres Rodriguez Maradiaga.
D’abord un petit rappel
Il s’agit du même cardinal qui s’était réjoui du coup d’État militaire de 2009. Il avait même participé à certaines rencontres préparatoires. Sa partisannerie et ses choix idéologiques se révélèrent pleinement dans l’homélie qu’il prononça, le 3 février 2010, à l’occasion de la messe d’action de grâce en l’honneur du nouveau président, Porfirio Lobo. Voici un extrait de ces mots élogieux qu’il a eu à l’endroit du principal putschiste, Roberto Micheletti :
« Aujourd’hui est un jour spécial pour rendre grâce à Dieu, par la Vierge Marie, pour notre Honduras, pour la liberté, la souveraineté et l’indépendance que Don Roberto Micheletti a su défendre avec les forces armées et aux côtés des milliers de Honduriens qui veulent faire partie des solutions, non des problèmes ».
Le 10 février 2010, il en rajoutait en présence des nouveaux élus :
« Réjouissez-vous, chers frères et chères sœurs, vous qui êtes appelés à diriger ce pays. Dieu vous a choisis, car Dieu bénit le Honduras ». 
On ne peut pas dire qu’il prend des détours pour afficher ses solidarités politiques et religieuses lorsqu’il est entre amis. Il est définitivement un acquis des oligarchies et de l’empire. Il sait les conforter en leur disant qu’ils sont les élus de Dieu pour diriger le Honduras.
Quant aux problèmes qui rongent la société hondurienne, problèmes de démocratie, problèmes de violences, problèmes de pauvreté, d’éducation, d’alimentation, d’enfants utilisés comme force de travail, etc. ça ne semble pas l’affecter outre mesure. L’important c’est de faire partie des solutions qui rendent confortable la vie de ceux et de celles qui dominent les pouvoirs politiques et économiques.
Aujourd’hui, 19 octobre 2013, à un mois des élections, notre cardinal  prend de nouveau la parole. Il sait que les sondages donnent pour gagnante, Xiomara Castro, chef du parti « Libertad y Refondacion ». Il sait également qu’avec son intervention il peut faire la différence pour l’un ou l’autre des deux candidats en liste pour l’élection du 24 novembre.
Dans son intervention comme pasteur, il eut pu rappeler le message du pape Jean XXII dans son encyclique Pacem in terris (Paix sur terre). Cette Encyclique précise les grands principes qui doivent guider les hommes et les femmes politiques d’aujourd’hui. Elle fait un devoir aux responsables et dirigeants des États de servir prioritairement les grands impératifs de justice, de vérité, de solidarité, de compassion, etc. Elle rappelle que la santé, l’éducation, l’alimentation, le logement sont parties de ce bien commun et doivent être des objectifs incontournables pour tout dirigeant. Une pensée sociale de l’église qui rejoint en grande partie la pensée sociale des pays émergents de l’Amérique latine.
Inutile de rêver en couleur. L’intervention du cardinal ne se situe surtout pas dans cette direction. Il prend plutôt la parole pour dire aux personnes d’aller voter (on sait à qui il s’adresse), de ne pas avoir peur (on suppose de qui), tout en précisant que le marxisme et le capitalisme avaient failli, sans toutefois s'étendre sur ce dernier. Il a plutôt choisi de s'étendre sur le marxisme dont on ne comprend toutefois pas pourquoi. De fait, aucun parti politique de la présente élection ne se présente sous la bannière du marxisme. Il en profite  tout de même pour dire « que le marxisme, lorsqu’il gouvernait dans certains pays, il provoqua la destruction économique et le milieu ambiant, en plus d’opprimer les âmes de leurs concitoyens. »  Sur le capitalisme, il n’insista pas pour en démontrer jusqu’à quel point il est la source des maux qui rongent le pays. Il ne l’associera pas aux causes principales des grandes injustices sociales, à la violence, à l’exploitation des enfants etc… De cela, il ne dira rien.
Il faut croire qu’en parlant du marxisme, il souhaite que ses ouailles fassent le lien avec le socialisme du XXIe siècle et le confondent avec le marxisme du siècle dernier. C’est ce qu’on appelle faire une pierre deux coups : aux membres du Parti national il dit, allez voter, et aux sympathisants du parti LIBRE, il leur dit "prenez garde c’est du marxisme."
Il s’agit là, à n’en pas douter, d’une intervention entièrement politique sous le couvert d’un pasteur supposément soucieux de la paix et du bienêtre de son peuple. Une hypocrisie consommée qui le place au même niveau que celui de ces grands prêtres et docteurs de la loi qui se méritèrent les invectives de Jésus : Mathieu  ch. 23. La lecture en vaut le détour.
CONCLUSION
Si le Honduras disposait d’un système électoral aussi perfectionné que celui du Venezuela, je miserais sur la victoire de Xiomara Castro. Ce n’est évidemment pas le cas. Il faut comprendre qu’aux déficiences du système électoral s’ajoutent les forces de l’Empire qui choisiront de couper court aux ambitions d’un peuple à vouloir récupérer ses pleins pouvoirs sur ses institutions politiques et économiques. L’argent de la corruption et de bien d’autres subterfuges saura mener à terme cette élection conformément aux attentes des mandarins. Qu’on se souvienne qu’aux dernières élections mexicaines plus de 6 millions de cartes d’achat prépayées avaient été échangées pour des votes auprès des populations les plus vulnérables.
Les 380 observateurs, attendus, confirmeront les résultats. Les dissidents seront, tout simplement, des personnes de mauvaise foi.
Oscar Fortin
Québec, le 20 octobre 2013

http://humanisme.blogspot.com

 

Suivi de mon très long commentaire sur ce texte

J’ai beau savoir que certaines traductions rebondissent et font écho, je me rends bien compte que ce travail reste dérisoire que la situation terrible du peuple du Honduras reste, tout compte fait ignorée des lecteurs francophones.

Je vais donc me permettre d’apporter certaines précisions à l’article ci-dessus., après un bref rappel des principales causes ayant conduit au coup d’état militaire qui a entraîné le renversement du président Zelaya.

1) Tout d’abord, après que lui soit refusée l’aide financière demandée à Washington pour mener à bien les programmes sociaux que son gouvernement avait initié, il s’était tourné vers l’ALBA. Rappelons que Hugo Chavez, ni Fidel Castro étaient tous deux au départ des patriotes souhaitant la souveraineté et le droit à l’autodétermination pour leur pays et que si tous deux ce sont radicalisés, c’est face à l’intransigeance belliqueuse des USA et des oligarchies locales. Comme l’a dit Zelaya en 2009, ces gens ne supportent pas qu’on prenne un sous de leur poche pour le donner aux plus démunis. Lui aussi donc c’est radicalisé face à l’inhumanité des puissants.

2) Ensuite, le jour du coup d’état était prévue une consultation populaire (non contraignante) pour savoir s’il était opportun lors des élections présidentielles, régionales et municipales d’octobre 2009, il y avait lieu de mettre une quatrième urne, pour un referendum (contraignant) sur l’opportunité d’une assemblée constituante, promouvant une démocratie participative. Le coup d’état a aussi coupé court à cette consultation. Les medias ont titré ici : Zelaya destitué parce qu’il veut un second mandat. Absurde puisque le referendum aurait eu lieu le jour même des présidentielles auquel il n’avait pasle droit de se présenter.

3) Et pour finir, la volonté manifestée par Zelaya de bouter dehors les forces US de Palmerola et de limiter les interventions militaires des USA dans le pays sous prétexte de guerre au narcotrafic, fait partie d’un tout qui ont conduit à le rendre inacceptable pour les investisseurs colonisateurs, et conduit le Département d’Etat US a fomenté avec l’oligarchie locale le coup d’état militaire ayant pour conséquence la situation actuelle : un pays dévasté, dépecé, soumis à la violence des rues et au terrorisme d’état, doté d’une dette démesurée, alors que les programmes sociaux ont été démantelée. Quand à la corruption qui règne, il y a de quoi écrire quelques livres. Palmerola est à présent une des plus grandes parmi les quelques dizaines de bases US répandues à travers toute l’Amérique Latine.

 

Ensuite, concernant Xiomara Castro et son rôle alors que son mari avait été enlevé à l’aube du 28 juin 2009, par les Opérations Spéciales qui ont criblé de plus de cent impacts de balles le portail de leur maison, avant de s’emparer du Président et de l’emmener vers la base US de Palmerola, d’où il fut emmené et largué, toujours en pyjama, à Costa Rica.

Xiomara et sa famille sont restés au pays et ont été partie prenante de la résistance qui c’est aussitôt levée, des centaines de milliers de personnes sont restées mobilisées pendant plus de cent jours. Nombre d’entre elles, ont rejoint souvent à pied, en marchant de nuit dans la montagne, sans manger, buvant à peine, la frontière avec le Nicaragua, derrière laquelle se trouvait Manuel Zelaya.

J’ai suivi ces événements, grâce aux journalistes de téléSur qui revenus clandestinement dans le pays – après en avoir été expulsés, menacés de mort, gagnant la frontière sous la protection du CIDH – et qui revenus en douce, filmaient avec leurs téléphones portables, l’incroyable mobilisation de ce peuple déterminé. Les principales chaînes gouvernementales et médias populaires avaient été mis à sac par les putschistes.

Xiomara Castro de Zelaya a alors été au premier rang de la résistance, celui qui était directement face à l’armée dont on savait qu’à la moindre provocation, elle déclencherait le massacre. Haranguant la foule à l’arrière de pick-up ou parlant aux soldats pour les rappeler à leur rôle de gardien de l’ordre constitutionnel incarné par son mari, cette grande dame forçait le respect. J’ai écrit alors qu’elle avait, plus que son mari, la trempe d’une présidente.

Descendue de son piédestal de première dame, elle a été parmi le peuple, un ferment de cette résistance qui n’a cessé depuis, on peut dire à la voir aujourd’hui, au sens deleuzien, qu’il y a un devenir peuple de Xiomara Castro. Et que son mandat de candidate présidentielle, n’est pas celui de la femme de Zelaya, mais bien celui de la résistante de la première heure, partageant les risques, et les privations qui furent alors celles du peuple et dévoilant ses capacités de leader.

Je ne m’étendrai pas ici sur l’accélération de la cession accélérée du pays aux transnationales qui se produit dans cette période pré-électorale au Honduras. J’ai regroupé dans la rubrique Honduras élections 2013 les premières traductions concernant la « loi hypothèque », cession du territoire et des ressources naturelles contre finances dans des conditions inacceptables pour le petit peuple et la création des ZEDE (Zone d’emploi et de développement économique), qui sont de véritables enclaves néo-libérales soustraites au territoire du pays.

Ce qui me semble particulièrement inquiétant dans le cadre de cette période préélectorale, c’est que non seulement la répression, les menaces, les harcèlements et les « exécutions ultra judiciaires » contre les membres du parti LIBRE – et d’autres résistants - s’intensifient, mais aussi que le candidat « officiel » Juan Orlando Hernandez, actuel président du Congrès, a crée pour l’occasion une nouvelle police militarisée de 5000 membres, dont il a promis qu’il y en aurait un à chaque coin de rue, et qui circulent d’ores et déjà dans ces rues, cagoulés, et surarmés. Ce qui ne fait qu’ajouter au climat de terreur qui règne actuellement au Honduras et est de très mauvaise augure en ce qui concerne la liberté, le caractère équitable et la transparence des élections qui se préparent.

Trois congressistes républicains étasuniens ont également écrit une lettre à Kerry pour  sommer le département d’état de cesser toute ingérence dans les processus électoraux.

Une petite remarque aussi quand aux sondages, j’en ai vu plusieurs au cours de mes recherches, et les chiffres donnés ci-dessus sont les plus pessimistes puisque d’autres vont jusqu’à des écarts de 12 points en faveur de Xiomara.

Autre petite remarque est de voir qu’un de ses plus solide argument de campagne et de promettre de reprendre les programmes et réformes mises en œuvre par son mari et de les mener à bien, mais aussi de mettre fin à la terreur en créant une véritable police de proximité.

Il est clair qu’aujourd’hui Xiomara Castro de Zelaya est une cible privilégiée pour les tueurs à gage de l’Empire. Et il est clair aussi que la prise de conscience de la situation par l’opinion populaire internationale, peut contribuer à sa sauvegarde.

Anne Wolff

Partager cet article
Repost0
26 octobre 2013 6 26 /10 /octobre /2013 02:52

http://www.defensoresenlinea.com/cms/images/stories/informe_asesinato_periodistas_1.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manuel filmant lors du coup d'état

Jeudi matin, le 24  octobre 2013, il a été retrouvé mort, le visage criblé de balles. Il s’appelait Manuel de Jesus Murillo Varela, il avait 32 ans,il étaitjournaliste àTegucigalpa.

La veille, il avait quitté son foyer après avoir reçu un appel téléphonique. Sa famille ne l’a plus revu vivant. C’est par la télévision que sa maman appris la mort de son fils.

Il était cameraman, politiquement engagé dans la résistance, comme 31 autres journalistes engagés, depuis janvier 2010, au Honduras, il a été assassiné.

Après avoir travaillé, tout jeune pour différentes chaînes de télévision, Manuel était devenu cameraman du président Zelaya Rosales. Présent ce 28 juin à l’aube, lors du coup d’état militaire, sous la menace des agresseurs, il avait pu filmer l’attaque de la maison du président dont le portail fut criblé de plus de 100 impacts de balles. Ses images ont fait le tour du monde.


Ils ont retrouvé Manuel le visage criblé de balles

Les militaires des Opérations Spéciales Hondurienne avaient alors pénétré dans la demeure, et enlevé le président, pour l’emmener, toujours en pyjama, d’abord vers le Nord, vers la base étasunienne de Palmerola, dont il projetait d’expulser les occupants yankees et qui est à présent une des plus grandes des 76 bases étasunienne en Amérique Latine, pour l’emmener ensuite à Costa Rica et l’y larguer sans façons. Une nouvelle ère de terreur commençait au Honduras

Depuis 2009, Manuel, après avoir travaillé pour une chaîne de télévision fondée pendant la présidence de Zelaya, était devenu cameraman attitré d’un candidat à la députation du parti LIBRE (Liberté et Refondation), pour qui il travaillait au moment de son assassinat.

Après le coup d’état militaire, le jeune homme avait participé à la majorité des manifestations et mobilisations du front National de Résistance Populaire (FNRP). A cause de ces activités, il n’a cessé d’être harcelé, menacé - ainsi  que sa famille, ses deux petites filles, sa maman. Il raconte : tard dans la nuit des véhicules, des motos tournent autour de sa maison située à un coin de rue. Il ne peut pas dormir, il a peur, « il vont entrer et nous faire du mal » redoute-t-il.

Le 3 février 2010, il fut kidnappé en compagnie d’un ami et collègue Ricardo Vázquez Vázquez


Ricardo Rodríguez and Jesús Murillo Varela


Ricardo et Manuel

Les deux amis avaient rendez-vous ce soir là dans une station service pour échanger, avec d’autres personnes du matériel vidéo relatif à la grande mobilisation populaire du 28janvier 2010, alors que le président Zelaya après un bref retour du à nouveau quitter le pays.

Alors qu’ils étaient à la station d’essence, deux hommes, en civil, avec des insignes du Secrétariat de Sécurité, braquèrent sur eux, leurs armes, des 9mm, et les avertirent que s’ils criaient ou refusaient de collaborer, ils mourraient là, sur place. Les inconnus les amenèrent dans une prison secrète où ils furent interrogés, torturés.

Arrivés à la maison inconnue, conduit à l’intérieur avec violence, ils furent jetés au sol. Ensuite on leur banda les yeux, les bâillonna et leur attacha mains et pieds. Suivirent trois heures de torture physique et psychologique.

Ils furent interrogés au sujet d’armes et de dollars. Ils n’y comprenaient rien. « Nos seules armes sont nos caméras », dirent-ils Les bourreaux firent également pression sur Manuel afin qu’il leur remette les vidéos tournées lors de mobilisation du 27 janvier. Pendant l’interrogatoire, les coups pleuvaient.

« Il vaut mieux que tu collabores fils de pute parce que sinon nous allons te tuer ».

Les deux jeunes gens persistaient à répondre qu’ils ne savaient rien ni d’armes, ni de dollars cela alors les tortures augmentèrent d’intensité.

« Comme nous leur disions que nous ne savions rien, ils me glissèrent une machette aiguisée entre les lèvres, puis ils la poussèrent contre ma gorge et ensuite sur mon cou. Et comme je ne disais toujours rien ils me posèrent une capuche jusqu’à ce que je m’évanouisse, mais quand je réagis, l’un d’eux me dit dans l’oreille : parle fils de… ou il t’arrivera la même chose qu’à ton copain, touche tu verras qu’il est mort ». Manuel se rappelle, affligé, il avait alors palpé ce qu’il prenait pour le cadavre de son ami et compagnon Ricardo Vasquez.

Pour Manuel le moment le plus dur, ce fut quand ces geôliers l’enveloppèrent des pieds à la tête dans une énorme poche en plastique, comme celles qu’on utilise dans les morgues, ils lui dirent alors que s’il ne disait pas où était les armes, ils allaient l’enterrer vivant.

« Je les suppliai de ne pas me tuer, j’ai eu tellement peur que j’ai pissé dans mon pantalon. Après je me mis à prier, à demander à dieu qu’il me protège. Alors survint un appel téléphonique de leur chef, ils dirent que nous n’avions pas parlé, il leur ordonna de nous tuer, mais grâce à dieu, ils nous abandonnèrent à deux heures du matin dans l’Anneau du Périphérique, près de la colonne Victor Adlon.

Les geôliers lui prirent aussi son ordinateur et lui ordonnèrent de leur remettre les vidéos des manifestations du 27 janvier, toujours sous menace de tuer toute sa famille. Il les apportera le lendemain au poste de police.

 

Les policiers auteurs de l'enlèvement

Manuel avait déjà été arrêté, le 25 novembre 2009, trois jours avant les élections alors qu’il collait des affiches portant le slogan « Oui à la Constituante, Non aux élections », il fut emmené au poste et un des policiers qui participera à son enlèvement l’obligea à présenter l’affiche pendant qu’on le photographiait. Une autre fois, les policiers pénétrèrent chez par lui effraction, il menacèrent ses petites filles et sa maman, ils voulaient les armes, mais aussi les bandes vidéos sur lesquelles il avait filmé des manifestation,. s’il ne les remettait pas, sa maman et ses petites filles serait tuées.

Le 25 février 2010 au cours d’une autre manifestation, il se retrouva à nouveau face à ses geôliers qui proférèrent de nouvelles menaces de mort. Il braqua alors son objectif sur un des policiers et réalisa une vidéo qui fut diffusée sur la chaîne pour laquelle il travaillait à ce moment.

Malgré tout ce qui précède, malgré que la justice ait eu connaissance des menaces proférées contre lui et que la vidéo qui le prouve fut diffusée sur une chaîne de large audience, la justice ne mena aucune enquête. Ceux qui le menaçaient, le harcelaient, faisait régner la peur dans sa vie et celle de sa famille pouvaient agir en toute impunité.

On le sait le gouvernement de Porfirio Lobo n’exerce aucun contrôle sur les bandes armées qui agissent à l’intérieur des force de l’ordre du pays. La plus grande partie de la police est corrompue, intimement mêlée au trafic de la drogue dans ce pays, parmi les militaires qui ont exécuté le coup d’état, se retrouve certains des officiers formés à l’Ecole des Amériques qui avaient déjà participé au coup d’état contre Salvador Allende, sévi pendant la dictature argentine ou participé aux escadrons de la mort du Honduras des années 80. La police militarisée a pour cible les militants de droits Humains, les résistants qui s’opposent à la cession du territoire et des ressources naturelles du pays à des investisseurs étrangers, les avocats qui les défendent et les journalistes ralliés à leur cause. Comme en Colombie, la guerre au narcotrafic sert de prétexte pour couvrir l’élimination de résistants. 

Manuel avait porté plainte en 2010, devant le Comité des Familles de Détenus et de Disparus (COFADEH) et le Comité Interaméricain de défense des Droits Humain (CIDH) qui avait ordonné sans succès que des mesures conservatoire soient prises.

 

 

La Maman de Manuel

 

Il avait récemment passé quelques jours en prison accusé de trafic de drogue, les pressions autour de lui s’intensifiaient, auprès de voisins des hommes armés, braquant sur eux leurs armes avaient demandé des renseignements à son sujet. De nombreuses effractions policières ont eu lieu chez des journalistes au cours des dernières semaines. La semaine passé un militant de LIBRE s’ajoutait à la liste des membres de ce parti qui ont été assassiné. La candidate présidentielle Xiomara Castro à elle aussi été menacée, ainsi que sa famille.

Le parti au pouvoir à créer un nouveau corps de police militarisé, promettant un policier à chaque coin de rue et effectivement des policiers cagoulés circulent dans les rues.

Comme beaucoup d’autres Manuel n’a pas cédé aux menaces, il a continué à exercer son métier avec courage, honnêteté et détermination, comme beaucoup d’autres il a surmonté sa peur pour continuer son combat politique pour un Honduras libéré de ses chaînes, comme beaucoup d’autres il l’a payé de sa vie.

Xiomara Castro est donnée gagnante aux élections par tous les sondages depuis les élections primaires de décembre 2012, elle incarne le désir de refondation du pays, son désir de transition vers une démocratie participative dans un pays démilitarisé, pacifié, souverain et autodéterminé. Nous savons que tout ce qui est possible sera mis en œuvre par l’oligarchie locale alliée au transnationales dans le dépeçage du pays, instrumentalisant l’armée et les forces de police pour parvenir à leur fin, pour que Xiomara n’accède pas à la présidence.

Pour que Manuel et tous les autres martyrs de ce pays déchiré, meurtri par une guerre sans pitié ne soient pas morts en vain, pour que les élections à venir ne soient pas une nouvelle prolongation du coup d’état militaire de 2009, il importe de lever le voile de silence qui pèse sur le Honduras.

 

Anne Wolff

Sources :

HONDURAS TIERRA LIBRE: HONDURAS: Altos de la Independencia: Matan ex camarógrafo de GloboTV y Canal 8
Ejecutan a Camarógrafo beneficiario de medidas cautelares otorgadas por la CIDH


Honduras sangra: Ejecutan a Camarógrafo beneficiario de medidas cautelares otorgadas por la CIDH


Two Globo TV Cameramen Are Kidnapped and Tortured | Honduras: Human Rights

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de Anne Wolff
  • : Comprendre la globalisation, apprendre à y résister
  • Contact

Profil

  • Anne Wolff
  • Amoureuse de la vie, d'une fleur, d'un papillon, d'un arbre, du sourire d'un enfant, je m'oppose à tout ce qui conduit à la destruction systématique de ce que la nature a créé, de la vie, de la beauté du monde, de la tendresse et de la dignité
  • Amoureuse de la vie, d'une fleur, d'un papillon, d'un arbre, du sourire d'un enfant, je m'oppose à tout ce qui conduit à la destruction systématique de ce que la nature a créé, de la vie, de la beauté du monde, de la tendresse et de la dignité

No Pub

Malgré les publicités imposées dans sa nouvelles versions qui apparaissent sur ce blog,celui-ci reste un acte gratuit.

Recherche

Nouvelles formes du fascisme

"Le vieux fascisme si actuel et puissant qu’il soit dans beaucoup de pays, n’est pas le nouveau problème actuel. On nous prépare d’autres fascismes. Tout un néo-fascisme s’installe par rapport auquel l’ancien fascisme fait figure de folklore […].

Au lieu d’être une politique et une économie de guerre, le néo-fascisme est une entente mondiale pour la sécurité, pour la gestion d’une « paix » non moins terrible, avec organisation concertée de toutes les petites peurs, de toutes les petites angoisses qui font de nous autant de microfascistes, chargés d’étouffer chaque chose, chaque visage, chaque parole un peu forte, dans sa rue, son quartier, sa salle de cinéma."

 

Gilles Deleuze, février 1977.

Toutes Dernières Archives