31 janvier 2012 2 31 /01 /janvier /2012 17:37

 

Pourquoi le CADTM introduit avec ATTAC un recours en annulation de l’arrêté royal octroyant une garantie de 54 milliards d’euros (avec en sus les intérêts et accessoires) à Dexia SA et Dexia Crédit Local SA

22 décembre 2011 par CADTM Belgique


Dette du Nord et du Sud, même combat

Depuis plus de 20 ans, le CADTM milite pour l’abolition de la dette publique du Tiers-Monde et l’abandon des politiques d’ajustement structurel imposées au Sud. Depuis la crise de la dette de 1982, celles-ci ont provoqué l’explosion des inégalités, une pauvreté de masse, des injustices criantes et la destruction de l’environnement.

Aujourd’hui, c’est la dette des pays de l’Union Européenne qui est au centre de la crise globale qui a éclaté en 2007-2008. Des grandes banques sont au bord de la faillite, les Etats du Nord ont vu leur dette augmenter très fortement, et les risques de contagion à l’ensemble de l’Europe et du monde sont très élevés.

Bien qu’il existe plusieurs différences importantes entre dette publique des pays en développement (PED) et dette publique au Nord, il apparaît clairement que le remboursement de la dette est l’argument principal utilisé par les gouvernements et la troïka (l’Union Européenne (UE), la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI)) pour justifier la mise en place de politiques d’ajustement structurel dans les pays européens.

Depuis 2007, le CADTM a logiquement renforcé son travail sur la dette au Nord. D’une part, il a intensifié son travail en réseau via le CADTM Europe : des CADTM se sont créés en Grèce, en Espagne, en Pologne, ... |1| D’autre part, il a développé une expertise importante sur le sujet, via la production d’analyses et d’études. Son dernier livre « La dette ou la Vie » |2| est principalement consacré à la dette dans les pays du Nord.

Dette publique ou dette bancaire privée ?

Plusieurs Etats européens, après avoir injecté des sommes considérables dans les banques afin de les sauver de la faillite, ont vu leur dette publique exploser. Ils sont maintenant mis sous pression pour imposer des plans d’austérité drastiques afin de trouver les ressources financières nécessaires au remboursement de cette dette publique.

Même si sa situation est moins dramatique que celle de la Grèce ou du Portugal, la Belgique ne fait pas exception : l’augmentation récente de la dette publique belge est directement liée à la crise financière de 2008 et aux sauvetages bancaires réalisés par l’Etat belge en 2008 et 2011. Ces sauvetages ont fortement aggravé la situation des finances publiques belges, et, contrairement à certains discours qui se veulent rassurants, la Belgique n’est à l’abri ni d’une grave récession économique ni d’une attaque spéculative sur sa dette.

L’Etat belge et les régions sont intervenus une première fois en octobre 2008 pour un montant de 20,6 milliards d’euros, dont 2 milliards d’euros pour le sauvetage de Dexia. Pour financer ce sauvetage bancaire, ces 20 milliards d’euros ont été empruntés aux marchés financiers et cela a donc augmenté la dette publique du même montant.

Après le sauvetage de 2008, sans contrôle sérieux vérifiant que l’argent public injecté dans la banque Dexia était dépensé dans l’intérêt général, cette dernière a continué ses opérations spéculatives et les mêmes paris risqués qui l’avaient pourtant conduite dans l’impasse |3|..

Le 10 octobre 2011, le groupe bancaire Dexia tombe en faillite et est démantelé en trois entités : Dexia Holding, Dexia Banque Belgique et Dexia crédit local. L’Etat belge a acquis 100% des actions de Dexia Banque Belgique (DBB) pour un montant de 4 milliards d’euros. Il faut préciser que cela n’en fait pas une entreprise publique. Pour obtenir cela, d’autres transformations sont nécessaires. Par ailleurs, la France, la Belgique et le Luxembourg se mettent d’accord sur une garantie de 90 milliards d’euros sur les actifs du groupe Dexia, dont 60,5% est assumé par la Belgique, ce qui représente un montant de 54 milliards d’euros, soit 15% de son Produit intérieur brut (PIB). Au maximum, l’engagement de la France s’élèvera à un peu moins de 2 % de son PIB.

Portant essentiellement sur des actifs toxiques, il est plus que probable que ces garanties se transforment à moyen terme en de nouvelles dettes publiques, ce qui entraînerait à son tour la mise en place de nouvelles mesures d’austérité socialement très dures du type de celles menées en Grèce, en Irlande, au Portugal, en Espagne, en Italie.

La facture totale pour l’Etat belge risque d’être plus que salée, 54 milliards, c’est 34 milliards de plus que le montant octroyé pour le triple sauvetage de Fortis, de Dexia, de KBC et d’Ethias en 2008. C’est aussi 26 fois l’économie budgétaire prévue au budget 2012 en matière de soins de santé et plus de 200 fois les économies prévues à la SNCB (253 millions d’euros) avec en particulier la suppression de 170 trains d’ici décembre 2012. Cela donne une idée de l’ampleur du risque que représentent ces garanties pour les finances publiques belges. D’autant plus qu’à ces 54 milliards, il faut ajouter les intérêts et accessoires qui ne sont pas compris. Malgré les déclarations politiques annonçant la réduction de moitié de cette garantie, rien n’est confirmé à l’heure actuelle, et, de toute façon, cette réduction ne résoudrait pas le problème.

Pour le CADTM, une grande partie de la dette publique belge est illégitime

Il apparaît donc très clairement que les sauvetages bancaires et leurs suites jouent un rôle clé dans l’augmentation de la dette publique belge. Or, pour le CADTM, cette dette est illégitime, dans le sens où la majorité de la population belge n’a rien à voir avec cette dette. Pourtant, les choix pris actuellement font que ce sont les contribuables belges qui payent la facture du sauvetage des banques. Quant aux responsables de la crise, les banques, elles continuent à s’enrichir de manière éhontée et à spéculer sur des titres risqués. Cette situation est inacceptable. C’est aux responsables de payer pour cette crise, et non à la majorité de la population.

Pour le CADTM, des alternatives existent. Récupérer le coût du sauvetage des banques en prélevant un impôt de crise sur le patrimoine des grands actionnaires et des administrateurs des institutions aidées est une mesure juste, que le CADTM prônait dès octobre 2008, au moment où le gouvernement faisait ses (mauvais) choix politiques. Ces recommandations restent d’actualité. L’Etat aurait dû, sans indemnisation des grands actionnaires privés, nationaliser Fortis Banque, Dexia et KBC pour garantir l’épargne des citoyens et se doter d’un instrument public afin de réaliser des investissements et créer des emplois socialement et écologiquement responsables.

Suite au scandaleux rachat de Dexia, nous avons une double démonstration : 1. Oui, il faut transférer les banques privées vers le domaine public, sinon les mêmes excès tragiques se répètent sans fin. Cette décision doit être durable afin que se constitue un puissant secteur public d’épargne, de crédit et d’investissement. 2. Il est inadmissible d’indemniser les grands actionnaires privés de Dexia. Au contraire, ils doivent rembourser les sommes octroyées en 2008 (au moins 3 milliards d’euros), de même que le coût de l’assainissement de ce qui va aller à la structure de défaisance (la "bad bank"). Les dirigeants de Dexia ainsi que les ministres responsables du sauvetage des banques en 2008 et en 2011 doivent rendre des comptes devant la justice pour les préjudices qu’ils ont causés.

Par ailleurs, l’arrêté royal octroyant ces garanties viole la Constitution puisque les droits du Parlement fédéral ont été manifestement bafoués. A aucun moment, nos élu-e-s n’ont été consulté-e-s sur l’octroi de ces garanties. Cet arrêté royal ne peut qu’inciter les banques et organismes financiers privés, se sachant protégés par l’État belge, à chercher à améliorer leur marge de profit sans changer leur comportement à haut risque, c’est ce qu’on appelle l’aléa moral. Dans ces conditions, d’autres sauvetages bancaires sont à prévoir...

Etant donné tous ces éléments, le CADTM décide, en collaboration avec Attac et un collectif de soutien, d’introduire un recours en annulation de ces garanties auprès du Conseil d’Etat.

Au delà de l’objectif premier qui est d’éviter une nouvelle augmentation de la dette publique belge, le CADTM affirme la nécessité d’organiser un vaste débat autour de la question de la légitimité de la dette. D’où vient la dette publique belge ? A-t-elle réellement servi les intérêts de la population belge ? Est-ce vraiment une obligation de la rembourser ? Existe-t-il des arguments qui pourraient justifier une suspension de paiement de la dette, voire une répudiation d’une partie de celle-ci ? Que se passerait-il si la Belgique refusait de rembourser ? Autant de questions auxquelles il est nécessaire et urgent de répondre car, au nom du remboursement de la dette, la vague d’austérité qui est en cours en Belgique et qui suscite à juste titre de vastes mobilisations populaires va toucher les conditions de vie de millions de citoyens et citoyennes belges.

Il s’agit d’avancer vers la mise en place d’un audit citoyen pour faire annuler les parties illégitimes de la dette, en commençant par celles destinées au sauvetage bancaire de 2008 et 2011, mais sans oublier celles qui depuis le début des années 1980 ont servi à combler le déficit budgétaire majoritairement imputable à une baisse de la fiscalité sur les catégories les plus favorisées et les grosses entreprises.

 

Source : CADTM - Pourquoi le CADTM introduit avec ATTAC un recours en annulation de l’arrêté royal octroyant une garantie de 54 milliards d'euros (avec en sus les intérêts et accessoires) à Dexia SA et Dexia Crédit Local SA

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31 janvier 2012 2 31 /01 /janvier /2012 09:19

 

 

Après les nations, au tour des administrations d'être notées
Standard & Poor’s s’attaque à la Sécurité sociale


Assistance publique-Hôpitaux de Paris, Unedic, Réseau ferré de France, Caisse des dépôts et consignations... De nombreuses structures publiques sont sous la menace d’une dégradation de leur notation financière par l’agence Standard & Poor’s. Comme si tout ce qui relevait de l’intérêt général devait être éradiqué au profit de la spéculation.

L’agence Standard and Poor’s semble partie en croisade : après avoir placé « sous surveillance avec implication négative » le triple A de la France, en même temps que les notes de 15 pays de la zone euro le 5 décembre, puis sous surveillance négative le Fonds européen de stabilité financière (FESF) le 6 décembre, l’agence de notation a menacé de dégrader la note de régions et de grandes villes françaises. Le 7 décembre, elle envisageait de baisser les notes de la Ville de Paris et de la région Île-de-France. Ce même jour, elle plaçait « sous surveillance avec implication négative » les notes de plusieurs organismes publics français : la Caisse d’amortissement de la dette sociale (Cades), l’Agence française de développement, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), la Caisse nationale des autoroutes, l’Unedic, le Réseau ferré de France (RFF)… L’agence de notation cible ainsi la protection sociale, la santé, les transports publics et la coopération internationale, estimant que ces organismes dépendent de l’État et seraient donc mécaniquement touchés par une dégradation du triple A de la France.

La Caisse des dépôts et consignations (CDC), elle aussi menacée d’une dégradation de son triple A, rappelle dans un communiqué qu’elle dispose d’une « situation de solvabilité très solide, nettement supérieure à celle requise par les normes bancaires, et adaptée à sa mission d’investisseur de long terme et de protection des dépôts réglementés ». La décision de Standard and Poor’s pourrait pénaliser la CDC dans son rôle de soutien financier à l’économie française (sauvetage de la banque Dexia, financement des collectivités locales...). Alors qu’elle a réalisé en 2010 un bénéfice net 2,1 milliards d’euros, en progression de 8,6 %.

La Caisse d’amortissement de la dette sociale (Cades) s’étonne également de cette décision, alors qu’une loi organique protège ses ressources jusqu’en 2025, prévoyant que toute nouvelle dette reçue par la Cades soit accompagnée de ressources nouvelles [1]. La menace de Standard and Poor’s provoquera un enchérissement du crédit pour ces structures publiques, ce qui diminuera leurs ressources et donc, entre autres, alourdira la dette de la Sécurité sociale ou affaiblira leurs capacités d’action. En s’attaquant à des organismes dépendants de l’État mais dont les finances semblent saines, Standard and Poor’s donne un signal clair aux marchés financiers : feu vert à la spéculation sur tous les leviers financiers de l’État !


Par Agnès Rousseaux(12 décembre 2011)

  Notes : [1] Chaque année, le Conseil constitutionnel vérifie que les ressources qui lui sont affectées sont suffisantes pour qu’elle puisse mener ses missions. Le remboursement de la Cades est notamment garanti par le produit de la contribution pour le remboursement de la dette sociale (CRDS) et par un prélèvement sur la contribution sociale généralisée (CSG).

Source : Après les nations, au tour des administrations d'être notées - Chien Guevara


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28 janvier 2012 6 28 /01 /janvier /2012 21:31

 

 

Kirghizstan : le clivage Nord-Sud en questions, selon Boris Petric, chercheur à l'IFEAC (mai 2007)



mercredi 9 mai 2007, intervew de Boris Petric par Camille Magnard/Mathilde Goanec

Les derniers évènements politiques - « Révolutions des tulipes » en mars 2005, manifestations de novembre et d'avril derniers - n'ont eu de cesse de réactualiser le clivage Nord-Sud qui existe au Kirghizstan. Boris Pétric, chercheur en anthropologie politique au CNRS et spécialiste de l'Asie centrale, revient sur les origines et l'actualité de ce clivage, pour mieux le dépasser. Nous le rencontrons à Bishkek, lors d'un colloque organisé dernièrement par l'IFEAC, sur l'histoire, la politique et la culture des identités en Asie centrale.

 

COLISEE : Au cours du colloque de l'IFEAC, on a beaucoup parlé des questions ethniques, tribales, claniques en Asie centrale… Au Kirghizstan, on parle aussi beaucoup du fameux clivage entre le Nord et le Sud du pays. Quels en sont les fondements ?

Boris Petric : En fait, quand on parle de la situation actuelle, qui évoque l'importance du régionalisme, du factionnalisme, du tribalisme, on est obligé de revenir à l'histoire politique du pays. La population kirghize a vécu à différents endroits et s'est installée sur les contreforts du Tian Shan au 18ème siècle. La colonisation russe, qui intervient à la fin du 19ème siècle, est un moment important pour l'histoire kirghize. Avant elle, les Kirghizes du Nord vivaient dans un espace social commun, isolés par une barrière montagneuse, alors que les Kirghizes du Sud étaient tournés socialement vers le Khanat de Kokand [1], pour des raisons économiques, sociales, culturelles… Dans les premiers temps de la colonisation, une tribu kirghize du Nord, les Saribaldish, fait allégeance au pouvoir colonial russe pour se protéger de l'influence chinoise. Au moment de la création de la République kirghize, en 1936, on a mis ensemble ces deux identités Nord-Sud, ces deux espaces sociaux.

Est-ce qu'il n'y avait pas déjà une vraie division sociale entre sédentaires et nomades ?

Généralement, les gens du Nord sont beaucoup plus associés à l'élevage et à la mobilité, alors que les Kirghizes du Sud sont plus sédentarisés, associés à l'agriculture. On peut aussi parler de l'influence de l'Islam chez les gens du Sud, tandis que le Nord, région plus montagneuse, plus difficile d'accès, a été beaucoup moins sensible aux influences de l'Islam et beaucoup plus proche, beaucoup plus concernée par l'influence de la culture russe.

Ce clivage-là a-t-il été utilisé par le pouvoir soviétique ?

À l'intérieur de cette République kirghize, il y avait bien sûr un seul parti, le Parti communiste. Même si ce n'était pas un système démocratique, il y avait quand même un jeu politique qui a longtemps opposé la partie Nord du pays à la partie Sud… Cela correspondait à un clivage géographique, mais également à un clivage dans la manière dont le système soviétique avait découpé la République kirghize : pendant longtemps, il va y avoir uniquement deux oblasts [2]. Et Moscou arbitrait les conflits locaux en organisant une circulation du pouvoir entre la partie Nord et la partie Sud.

Ce clivage est donc sous contrôle, pendant la période soviétique… Qu'en est-il au moment de l'indépendance ?

À ce moment apparaît un processus de démocratisation, avec un Président, Askar Akaev, qui est resté à la tête du pays pendant près de 15 ans… Lui-même, dans sa lecture de l'organisation du pouvoir, a toujours tenu compte de cette réalité politique. Bien sûr, il a assis son pouvoir sur la faction Nord dont il est issu, mais il a en permanence tenu compte du Sud… Kourmanbek Bakiev, par exemple, a été à un moment donné le premier ministre d'Akaev, car ce dernier avait conscience que périodiquement, il fallait faire tourner le personnel politique. Akaev s'est tenu à ce rôle d'arbitre qu'il s'était fixé.

On analyse aujourd'hui encore très souvent les soubresauts politiques du pays au regard de cette opposition régionale. Cette lecture est-elle toujours pertinente ?

C'est quand même quelque chose d'important, si on regarde la distribution du pouvoir, qui tient les services secrets, la police… On ne peut que constater que le Président actuel a mis des hommes de confiance à des postes clés. Après cela, on voit bien que c'est beaucoup plus compliqué et que cela dépasse souvent les logiques tribales ou identitaires. Il est trop simplificateur d'imaginer que les gens du Sud votent systématiquement pour les gens du Sud. C'est plus compliqué.

Pourquoi en revient-on toujours à cette simplification ?

Je crois que l'héritage reste quelque chose d'important dans la vie politique, mais ce qui a changé, c'est l'organisation du territoire kirghiz… Le Kirghizstan est aujourd'hui découpé en sept oblasts, et non plus en deux. Et même s'il reste des factions sur une base régionale, cela s'est complexifié. On voit bien qu'il y a eu une translation des élites. Aujourd'hui, étant donné que l'État joue un rôle minimal, le fait d'être gouverneur ou « hakim » ne vous place plus à la tête d'aucune ressource. Par contre, ces gens-là, au début des années 90, ont utilisé leurs postes pour profiter de la privatisation. Le pouvoir s'est ensuite déplacé des oblasts vers le Parlement, qui est devenu un lieu politique stratégique où toutes les élites veulent désormais pénétrer. Ce qui peut devenir conflictuel comme en Mars 2005. Pourquoi veut-on devenir député ? Pour bénéficier de l'immunité parlementaire, qui est une garantie pour protéger ses activités privées et économiques. Les électeurs, quant à eux, s'alignent politiquement sur des personnes qui ont une légitimité locale, mais surtout sur ceux qui ont la capacité de redistribuer des ressources. Et ces députés, qui sont aujourd'hui au Parlement, sont cette nouvelle élite qui s'est approprié les ressources.

Quel type de ressources ?

Le Kirghizstan avait une fonction précise dans le plan soviétique, à savoir l'élevage de moutons, pour approvisionner en laine l'économie textile de l'URSS toute entière. Le Kirghizistan a perdu à l'indépendance 90 % de son cheptel, une vraie catastrophe économique, dont les institutions internationales, qui ont provoqué ce que l'on appelle une thérapie de choc, sont largement responsables. Le Kirghizstan est devenu un pays qui ne produisait plus rien ! Et la stratégie des élites a été de mettre la main sur le commerce, l'activité économique qui a permis de recomposer les rapports sociaux. On le voit notamment à travers la composition du Parlement, où de nombreux des députés ont des activités économiques importantes. Certains d'entre eux sont ce que l'on appelle des « Bazarkoms » (propriétaires de bazars). Le bazar est un lieu stratégique, car on y contrôle les ressources, mais on peut aussi créer des rapports de dépendance avec les gens, et créer ainsi une clientèle politique. En faisant une analyse du Parlement, sur 75 députés, on constate une très forte homogénéité sociale. Au final, tout ce discours sur l'identité, le tribalisme, sert aussi à cacher les nouvelles formes d'inégalités sociales dans la société kirghize.

On continue donc de présenter le régionalisme comme un élément déterminant, afin de masquer d'autres réalités ?

Qu'est ce qui s'est passé après la révolution ? Il y a eu de nombreux assassinats politiques. Quelles ont été les victimes de ces assassinats ? Ce sont les députés propriétaires de bazars. Le propriétaire du bazar de Kara Suu, le propriétaire du bazar des voitures d'occasion à Bishkek… Donc on voit bien qu'il y a des tensions sur les ressources. Au-delà des discours identitaires, regardons les pratiques ! Ce qui crée vraiment des tensions, est-ce réellement tout ce discours idéologique sur l'identité ? Cela ne veut pas dire que ce n'est pas important, mais cela veut dire qu'il y a d'autres critères qu'il faut prendre en compte, pour comprendre la réalité politique de ce pays.

Le fait que le Kirghizstan soit passé au libéralisme, de façon rapide et plutôt violente, a aussi transformé l'appréhension du fait régional ?

Cela a une implication énorme. En Ouzbékistan, le fonctionnement du pouvoir est lié aussi à l'appropriation des ressources. Mais pas exemple, le Parlement ne joue aucun rôle ! C'est la nomination des personnels politiques qui fait que les directeurs de Kolkhozes, maîtrisent les ressources. Tandis qu'ici, il y eu une vraie privatisation : des familles se sont aliéné des ressources, et les gardent. Donc, à terme, cela veut dire la création d'une société de classes.

En cela, par son histoire post-soviétique, le Kirghizstan est un terrain d'étude très différent des autres républiques d'Asie centrale ?

Pour moi, c'est clair. On interprète tous ces conflits actuels en estimant que c'est un mauvais signe pour la démocratisation du pays. Mais la démocratie, c'est le conflit. C'est, dans un espace public, la confrontation de différentes opinions. Ce qui fait défaut, c'est l'existence de partis politiques qui représentent différents projets de société. Je ne pense pas que toutes ces histoires de régionalisme vont déboucher sur l'éclatement du pays, mais plutôt sur une vie politique où on va garder des éléments régionalistes mais qui verra aussi l'émergence de questions idéologiques.

Si on peut être optimiste sur la mise en place d'un système démocratique, on peut quand même se poser la question des conséquences politiques de l'accroissement des inégalités sociales ?

Ca, c'est une véritable question. Analysons la « Révolution ». Est ce que les gens se sont mobilisés sur des questions politiques ou sur un ras-le-bol des inégalités sociales ? J'ai tendance à penser que le deuxième aspect est très important. Alors, aujourd'hui, on n'est pas encore dans une phase de construction de rapports de classes, mais ce qui est important, c'est que si l'on continue dans cette logique régionaliste, il y a d'autres leviers qui peuvent utiliser cette question des inégalités sociales. Notamment l'Islam, qui a un discours sur la répartition des richesses, qui a un discours sur la question sociale. C'est l'un des dangers pour ce pays.

Propos recueillis par Camille Magnard et Mathilde Goanec.

Retrouvez plus d'informations sur l'Asie centrale sur leur site www.reporters-asiecentrale.net.

 

Source : [ Kirghizstan : le clivage Nord-Sud en questions, selon Boris Petric, chercheur à l'IFEAC (mai 2007) - COLISEE ]

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28 janvier 2012 6 28 /01 /janvier /2012 20:29

 

  Chemonics, un nom à retenir. Ils sont partout. Si les Blackwater sont le bras armé privé de l'oligarchie, Chamonics en sont l'opérateur de privatisation économiste. J'ai trouvé peu de documents en français, il faudra donc attendre que j'ai l'occasion de traduire ou de trouver d'autres traductions.

Conjointement à la confiscation des ressources naturelles des peuples s'opèrent une confiscation de la terre que ce soit par appropriation de propriétés privées ou par annexion du bien commun souvent en obligeant les habitants à déguerpir sous prétexte de "protecion de patrimoine écologique de l'humanité" qui sera ensuite livré qu tourisme très rentable des bobos. Ce mécanisme - dépossession - dont on parle peu est une des cause du sans abrisme y compris dans nos pays.

Chemonics fait le lien entre agriculture et agrobussiness,  contribue à la concrétisation des mesure de privatisation ordonnées par le FMI  Voici donc quelques textes qui peuvent constituer le début d'une enquête.. ils sont un éléments incontournable des processus mis en oeuvre pour confisquer le monde, notre monde !

Voir aussi l"arnaque du microcrédit , une des métode utilisée également par Chemonics

Les promesses non tenues du microcrédit : nouvelles preuves à charge

 

Les fruits juteux et amers du Printemps arabe par Rubrique Radar.

Les fruits juteux et amers du Printemps arabe.
Mercredi 25 janvier 2012,



Derrière la diversion islamiste en Tunisie et en Libye Chemonics International pour partager le gâteau
Par : Rubrique Radar 

 En Tunisie et en Libye, Chemonics International recrute.La firme spécialisée dans le développement international, basée à Washington DC, proche des centres décisionnels américains, est le grand gagnant du Printemps arabe. L’Usaid (l’Agence étatsunienne pour le développement international) l’a chargé de conduire le programme américain d’aide à la transition en Tunisie et en Libye.

C’est-à-dire de coordonner et de mettre en œuvre des projets visant à renforcer l’administration publique, promouvoir la croissance économique et la création d’emplois, bâtir la capacité locale et la petite infrastructure et les activités similaires, résume le site Tunisieprojet.tn. Sauf que Chemonics est la continuité des Blackwater, la compagnie de sécurité privée qui a épaulé le Pentagone durant ses guerres d’Irak et d’Afghanistan. Elle va ainsi partager les parts du vrai gâteau : celui des marchés et de la domination culturelle et médiatique… pendant que les islamistes occuperont la galerie…

La Voix De La Libye

 

Monde arabe, les Beltway bandits à l’assaut de la reconstruction
Bloc-note, par Emmanuel Riondé| 15 janvier 2012
 

 

 

 

Experts en médias, spécialistes en « gestion des subventions » et autres consultants pointus, à vos marques : en Tunisie et en Libye, Chemonics International recrute. Cette « firme spécialisée dans le développement international basée à Washington DC » est en effet « le grand gagnant du Printemps arabe » comme le note Maghreb Confidentiel. Selon cette lettre d’info, l’Agence états-unienne pour le développement international (USAID) a chargé Chemonics « de conduire son programme d’aide à la transition » en Tunisie et en Libye.

C’est-à-dire de coordonner et mettre en œuvre des projets « visant à renforcer l’administration publique, promouvoir la croissance économique et la création d’emplois, bâtir la capacité locale et la petite infrastructure, et activités similaires », résume le site Tunisieprojet.tn qui s’emballe carrément : « Présente dans plus de 75 pays, Chemonics International (...) aide les gouvernements, les entreprises, les groupes de la société civile et les communautés à promouvoir des changements significatifs afin que les gens puissent vivre une vie plus saine, plus productive et plus indépendante. » Diable. Que voilà donc le bonheur libéral aux portes de l’été arabe.

Sauf que Chemonics est l’un des champions de ce que l’on appelle aux États-Unis les Beltway bandits, un terme désignant les compagnies privées siégeant à proximité des centres de pouvoir US et dont l’essentiel du business consiste à fournir des services au gouvernement américain. Le plus célèbre d’entre eux est la société privée de sécurité Blackwater, toujours à l’œuvre en Irak. Les Blackwater ne représenteraient cependant que la partie émergée de l’iceberg… Bien moins visibles et identifiables sont tous ceux qui, comme Chemonics, interviennent dans le champ de l’« aide au développement ». Mais dont l’activité réelle évoque plus « l’efficacité des sociétés de capitaux d’investissement que la compassion des ONG » résumait Newsweek en 2007…

Voilà ce que font les décideurs pendant qu’on angoisse le gogo avec les barbus : ils se partagent les parts du vrai gâteau, celui des marchés et de la domination culturelle et médiatique.

 

Source : Monde arabe, les Beltway bandits à l’assaut de la reconstruction - Regards.fr

 

Au sujet des Bkachwater

Vers un marché mondial de la guerre pour les compagnies militaires privées (+ dossier mercenaires)

 

Vers un marché mondial de la guerre pour les compagnies militaires privées (+ dossier mercenaires)

 

Narcotrafiquants, mercenaires et militaires au mexique chiens de guerre

 

L’occident s’emploie à installer le chaos au sud de la planète (dissident voice)

 

Un extrait du texte

La ruée vers la terre

 Logiques transnationales d’appropriation foncière
Boris Petric 
 Néanmoins, le phénomène ne se limite pas à des conflits épisodiques où ces institutions transnationales ne seraient que des contre-pouvoirs. De plus en plus souvent, des agences internationales (ONU, PNUD, FAO, Banque mondiale) et de grandes ONG internationales participent à la coproduction des normes dans ces différentes sociétés et font donc partie de la réalité du pouvoir dans ces sociétés. Ces différentes institutions développent par exemple des programmes pour faciliter la diffusion de normes globales telles que la libéralisation du marché foncier, la généralisation de la propriété privée et du contrat, la sécurisation des investissements. On peut citer par exemple l’influence de l’ONG américaine Chemonics International5 qui œuvre surtout à la privatisation du foncier et à la généralisation du contrat dans le domaine rural au sein des sociétés concernées par le développement.

9Ces mêmes institutions visent par ailleurs à développer des programmes de protection de la biodiversité ou du patrimoine en créant des zones protégées (aires, parcs naturels, etc.). Sous couvert de préservation de la nature, ces politiques peuvent entraîner une sanctuarisation de certains espaces naturels qui n’est pas sans gêner les populations locales qui doivent s’appuyer sur l’exploitation des ressources de la nature pour vivre.

10Ces différents acteurs jouent ainsi un rôle déterminant dans le contrôle, la gestion ou l’appropriation d’espaces collectifs naturels (forêts, déserts, îles) et deviennent coproducteurs d’une nouvelle souveraineté.

 

5  http://www.chemonics.com/

Lire le tout :  La ruée vers la terre 



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26 janvier 2012 4 26 /01 /janvier /2012 15:47

 

Lettre ouverte au déshonorable Ban Ki-Moon
par Hassan Hamade *
Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, s’est rendu au Liban pour préparer une éventuelle action de l’OTAN contre la Syrie. Trop occupé à conspirer contre la paix qu’il devrait défendre, il en a oublié de s’enquérir des violations quotidiennes de la souveraineté libanaise par Israël. Dans une lettre ouverte publiée par la presse libanaise, le penseur arabe Hassan Hamade interpelle M. Ban et son représentant M. Rød-Larsen pour rappeler que loin d’incarner des principes, ils sont des voyous convaincus de corruption.
Monsieur le secrétaire général,
En écoutant votre discours, à Beyrouth, sur l’absolue nécessité de procéder à des réformes, « car la flamme de la liberté allumée en Tunisie ne s’éteindra plus », j’ai tout de suite eu une pensée pour une personnalité suédoise, célèbre par son intégrité, sa transparence, et sa crédibilité en matière de reforme. Je veux parler de madame Inga-Britt Ahlenius, qui fut secrétaire générale adjointe de L’ONU, responsable du United Nations Office of Internal Oversight Services (OIOS), le bureau chargé de veiller au bon fonctionnement des services de ce « gros machin, » notamment dans le domaine des finances, et qui a servi sous votre autorité.
Vous n’êtes pas sans savoir, M. le secrétaire général, que Madame Ahlenius, dont l’itinéraire professionnel a toujours été irréprochable, que ce soit en Suède ou dans l’appareil administratif de l’ONU, a rédigé un rapport d’une cinquantaine de pages sur l’état des lieux de l’organisation dans le domaine des finances, et sur l’usage des fonds publics dans les budgets des différents services.
Ce rapport vous montre du doigt en tant que principal responsable des exactions financières, commises surtout dans votre service, vous tient pour responsable du manque de transparence, et va jusqu’à s’adresser à vous en disant : « Monsieur, votre action est sans précèdent (…) elle mérite plus qu’une condamnation »
Habilitée, de par sa fonction, à diriger la guerre contre la corruption au sein de l’ONU, et à surveiller le bon fonctionnement des services, Madame Ahlenius écrit avoir la certitude de votre implication dans le désordre financier qui submerge votre administration, où la transparence fait complètement défaut : « Votre action – dit-elle – a manqué de transparence et ne respecte pas les règles de l’audit » elle finit par déclarer : « Je suis désolée de dire que le secrétariat général entre dans une phase de déliquescence, s’effondre complètement et je dirais même qu’il ne pourra plus être secouru ».

Face à ce rapport, vous avez observé un mutisme total, mais tout en l’ignorant complètement, vous avez cependant ordonné son retrait du site web officiel des Nations Unies dans les 48 heures qui ont suivi sa mise en ligne [Le Réseau Voltaire a retrouvé ce document pour vous. Il est téléchargeable au bas de cette page].

Si l’on a eu écho de ce rapport, c’est en fait grâce a une poignée de journalistes qui l’ont aperçu, sans pour autant l’accompagner d’une campagne médiatique, et sans même vous interroger à son sujet, de crainte peut-être, de déclencher un processus qui pourrait ouvrir le dossier de la corruption généralisée qui sévit au sein de votre administration au détriment des intérêts des peuples du monde.
Souvenez-vous, Monsieur le Secrétaire général, que Madame Ahlenius, juste après son retour dans son pays natal, et suite à la publication de ce rapport en août 2010, qui a couronné son mandat de 5 ans, vous a consacré un livre qu’elle a publié en commun avec le journaliste suédois Nialas Ekdal.
Dans cet ouvrage intitulé M. Hasard, la détérioration de l’ONU sous la direction de Ban Ki-moon [1], les auteurs ont détaillé une multitude de vos exactions, qui privent désormais l’ONU du minimum vital de crédibilité.
Ils vous y qualifient d’incompétent et de corrompu, jetant ainsi le discrédit sur toute votre action professionnelle.
Monsieur le secrétaire général,
Ce livre, tout comme le rapport, a eu sa part d’attaques silencieuses, contribuant à l’étouffer complètement sur le plan médiatique. Vous n’êtes pas sans connaitre les forces occultes qui mènent le combat contre la vérité défendue par madame Ahlenius? Ce sont celles-là même qui vous protègent, Monsieur le Secrétaire général.
Comment osez-vous parler de réformes, vous qui êtes un voleur?

Vous n’avez peut-être pas l’habitude d’entendre des critiques aussi directes, aussi vives, aussi vraies, mais il faut vous y habituer. Du point de vue de la morale, vous n’êtes aucunement habilité à donner des leçons de réforme à quiconque. Il serait intéressant de profiter de votre évocation des réformes pour exiger que cela soit appliqué, en premier, à l’ONU. Le premier pas dans ce sens exige que vous soyez interrogé par une commission d’enquête, laquelle pourrait vous traduire devant un tribunal compétent. Le monde a besoin d’un Nuremberg pour juger les crimes de corruption et le pillage des biens des peuples. Qu’en pensez-vous?

Les biens publics dont vous avez fait illégalement usage, selon Madame Ahlenius, appartiennent aux peuples du monde, dont les gouvernements financent votre organisation et payent vos salaires, à vous ainsi qu’à tout le personnel de l’ONU.
Il serait intéressant de noter, en passant, que les gouvernements qui prétendent constituer un bloc de refus contre la mainmise des États-Unis sur les rouages de l’ONU, et qui vous accusent d’agir à la solde de Washington évitent de réclamer la formation d’une commission d’enquête sur les accusations portées contre votre personne par Madame Ahlenius! Et voilà que les rôles se trouvent inversés et que maintenant c’est vous qui leur prodiguez des leçons sures les reforme!
Monsieur le secrétaire général,
Quelques heures avant votre arrivée à Beyrouth vous nous avez promis de nommer un nouveau procureur général au Tribunal Spécial pour le Liban (TSL), à la place du juge démissionnaire Daniel Bellemarre.
Dites-nous donc, quelle serait la nature de juges qui seraient nommés par une personne aussi controversée que vous? Peut-on s’attendre à une justice de la part de juges qui accepteraient d’être nommés par une personne prise la main dans le sac par son propre secrétaire général adjoint?
Est-ce cela « le plus haut degré de professionnalisme et de transparence » promis par feu le président Antonio Cassese?
Monsieur le secrétaire général,
Au nom de quelle sagesse vous êtes vous tû, face aux accusations formulées par Madame Ahlenius? Est-ce parce que vous qualifiez de « crime d’honneur » ou « crime politique » le fait de dissiper l’argent d’autrui?
Ou bien est-ce par crainte de voir ce dossier ouvert au vu et au su du monde entier?
Pour un printemps onusien


Imaginons les choses à l’envers, et qu’un certain nombre de pays exigent la formation d’une commission d’enquête et que des preuves de votre implication soient confirmées ainsi que celle d’autres dirigeants des Nations Unies.
Ne serions-nous pas au seuil d’une période qui justifierait l’appellation « printemps des Nations Unies »?
Terje Rød-Larsen le faussaire
Monsieur,
Il semble que votre loyauté envers vos protecteurs s’est manifestée par la présence à vos côtés à Beyrouth, de votre coordinateur au Liban, Monsieur Terje Rød-Larsen.
Ce dernier refuse de reconnaître qu’Israël, qu’il considère comme sa seconde patrie, a accumulé plus de 10 000 violations flagrantes des résolutions pertinentes de votre ONU, en la défiant au vu et au su du monde entier.
Monsieur Rød-Larsen se contente de parler « d’incursions » et non « d’actes de guerre d’agression ». La différence entre les deux est énorme, car, selon la sentence du jugement de Nuremberg, la guerre d’agression représente « le crime international suprême » et expose de ce fait ses auteurs à des poursuites pour crime de guerre devant la justice internationale.
Peut-être ignorez-vous cette différence entre « incursion » et « actes de guerre d’agression », à l’instar du gouvernement libanais et de la délégation permanente du Liban à l’ONU?
Votre coordinateur au Liban, Monsieur Rød-Larsen ne l’ignore certainement pas. Il occulte cette réalité pour éviter toute référence au crime international suprême, ce qui aurait pour conséquence la poursuite des dirigeants israéliens pour crime de guerre, sans même tenir compte du facteur de récidive, qui aggrave la responsabilité criminelle, d’autant plus que le nombre de ces « actes de guerre d’agression » a battu tous les records dans les annales des guerres et des conflits.
Je me contenterai de cela, Monsieur le Secrétaire général, en m’excusant de ne pas terminer ma lettre par la présentation de mes respects et de ma considération, dans l’attente des résultats d’une véritable enquête sur les contenus du rapport et de l’ouvrage rédigés par Madame Inga-Britt Ahlenius, à qui je demande d’agréer ma très haute considération et mon profond respect.
Hassan Hamade
Source
As-Safir (Liban)
Quotidien de référence libanais

Rapport de fin de mission, par Inga-Britt Ahlenius (Document original en anglais)
(PDF - 597.9 ko)
Source Voltaire
* Penseur et polémiste libanais. Membre du Conseil national de l’audiovisuel du Liban. Depuis une quinzaine d’années, il commente chaque semaine l’actualité politique sur la chaîne de télévision satellitaire NourTV. Son émission, Le Monde
par Niklas Ekdal et Inga-Britt Ahlenius, Stockholm 2011. ISBN 978-91-7337-271-8
Source : SERGE ADAM
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23 janvier 2012 1 23 /01 /janvier /2012 23:26

 

Décidément, « il y a des limites désirables à l’extension de la démocratie politique »

« Il y a des limites désirables à l’extension de la démocratie politique » expliquait en 1975 un rapport d’experts de la Commission trilatérale [1]. Il semble que cette leçon de bon sens soit désormais bien ancrée dans les têtes des dirigeants de l’Union européenne.

L’adoption laborieuse du Traité de Lisbonne (et ce malgré les référendums en France, aux Pays-Bas, puis en Irlande) n’était donc qu’un avant-goût. Comme dans un mauvais film, la crise de la dette, loin de conduire à une remise en question de l’absence de régulation financière – qui en est pourtant la cause première – a permis aux marchés d’accroître leur emprise sur les pays de l’Union européenne.

Ce tour de passe-passe mérite bien la mise en œuvre de quelques « limites désirables » à la démocratie… Les Dessous de Bruxelles reviennent sur les dernières tendances en la matière.

Novembre 2011

Décidément, « il y a des limites désirables à l’extension de la démocratie politique »

Il y eut tout d’abord ce joli coup d’éclat. L’initiative d’un Premier ministre en perdition : proposer un référendum sur la mise en œuvre du dernier « plan de sauvetage » européen, à l’insu des dirigeants de l’UE et même de certains de ses ministres.

Une initiative qui valut à Jo Papandréou de se faire traiter de tous les noms : « opportuniste », « irresponsable », même « fou » ; Les dirigeants et la presse européenne ne trouvent pas de mots assez durs pour qualifier celui qui menace de conditionner l’adoption de l’accord des dirigeants européens à un vote favorable du peuple grec.

La proposition avait, bien sûr, tout d’un coup politique ; au point que même les partis à la gauche du PASOK (pourtant particulièrement critiques à l’égard des « sauvetages » européens) ne se soient eux aussi opposés à l’idée d’un référendum, réclamant la tenue de nouvelles élections.

Le coup de Jo Papandréou avait pourtant le mérite de poser une question inédite. Les peuples concernés avaient-ils eu jusque là l’occasion, ne serait-ce qu’une fois, de se prononcer sur les saignées prescrites par les bons médecins de la Troïka – Union européenne, FMI et Banque Centrale Européenne ? Question dont la réponse était limpide : pas une seule fois.

Les marchés financiers et des banques - qui s’en tirent à chaque fois sans douleur - peuvent souffler : les peuples trinquent, à leur santé. Décidément, « il y a des limites désirables à l’extension de la démocratie politique ».

Car imaginons. Si, en Irlande ou au Portugal, alors que les gouvernements en place étaient soufflés par une crise de la dette privée - devenue par magie dette publique - le choix avait été présenté aux électeurs entre la rigueur pro-marché façon FMI/Bruxelles, et la désobéissance à l’orthodoxie « façon Reykjavik », le résultat aurait-il été difficile à prédire ?

Mais tel choix ne s’est jamais présenté ; les partis socialistes, ou l’internationale de la gauche molle, ayant préféré jouer la partition truquée de la rigueur de gauche contre la rigueur de droite… les électeurs n’eurent le choix qu’entre la copie et l’original.

Non décidément, « il y a des limites désirables à l’extension de la démocratie politique » ; en parlant d’Islande, il ne faudrait pas qu’une poignée de vikings ne donnent de mauvaises idées aux peuples européens, avec ces histoires de référendums, de faillites bancaires payées… par les banques (non mais, on marche sur la tête !).

Bref, et cette fois c’est David Rockefeller himself qui explicitait la chose, pas plus tard qu’en 1999, dans un magazine à grand tirage : « Quelque chose doit remplacer les gouvernements et le pouvoir privé me semble l’entité adéquate pour le faire » [2]. En attendant, le « pouvoir privé » peut toujours s’arranger pour que les gouvernements soient gérés par ses hommes de main.

L’exemple de l’Italie et de la Grèce est à ce titre exemplaire. Après l’Irlande et le Portugal, c’est au tour de ces deux pays de voir leur gouvernement tomber. Mais cette fois, il ne sera même pas question d’élections (ni a fortiori, of course, que le peuple n’aie quelque mot à dire).

Pour remplacer le vieux Jo, un peu usé et sans doute un peu « dépressif » (comme le suggère Nicolas Sarkozy), et Berlu, qui ne vaut plus guère davantage sur le marché des hommes d’état, quoi de mieux que de choisir, en catimini, et pour « rassurer les marchés et Bruxelles », deux hommes de main des marchés financiers ?

Le premier, Lukas Papadimos, pas de souci : il est pas né de la dernière pluie. Lorsqu’il était banquier central de la Grèce, il a négocié avec Goldman Sachs (en la personne de… Mario Draghi, actuel Président de la BCE, ancien responsable Europe de la banque américaine) les maquillages nécessaires pour dissimuler la dette grecque. Une dette accumulée à longueur de sous-marins nucléaires, de chantiers interminables négociés à prix d’or avec les entreprises européennes, notamment allemandes et françaises…

L’autre, c’est Mario Monti, ancien conseiller de Goldman Sachs et disciple à la commission européenne du thatchérien Peter Sutherland. A Bruxelles, il est considéré comme l’un des pères de la nouvelle « gouvernance économique », cette machine antidémocratique à compresser les salaires, augmenter l’âge de départ à la retraite, flexibiliser le marché du travail, et diminuer le nombre de fonctionnaires…

Voyant que la crise allait permettre l’adoption de son projet, il s’était exclamé au cours d’une délicieuse conférence bruxelloise : « Vive la crise grecque ! », remettant à l’ordre du jour la vieille rengaine d’Yves Montand.

Barroso, quant à lui, triomphait : « ce qui est en train de se passer est une révolution silencieuse – une révolution silencieuse vers une gouvernance économique plus forte. Les États membres ont accepté – et j’espère que c’est ainsi qu’ils l’ont entendu – que les institutions disposent désormais d’importantes prérogatives concernant la surveillance et le contrôle strict des finances publiques. [3] »

Deux experts, donc, dont nul ne doute qu’ils sauront faire leur travail. Alors bien sûr, Clement Attlee, premier-ministre britannique, s’effarouchait déjà en 1950 : « la démocratie ne peut abdiquer entre les mains de quelques personnes censées compétentes, et dont les décisions peuvent comporter des conséquences sortant du cadre de leurs attribution et débordant largement sur le plan politique ».

Ce à quoi Sylvie Pierre-Brossolette pourrait répondre, avec la pédagogie et le bon sens dont savent faire preuve les huiles du PPA : « Est-ce qu’il ne faut pas violer des fois les peuples un tout petit peu pour leur bien ? » [4]

Frédéric Lemaire

[1] The Crisis of Democracy, Task Force Report #8. Trilateral Commission, 1975

[2] David Rockefeller, 1999, fondateur du groupe Bilderberg et de la Commission trilatérale (Newsweek international, 1er février 1999)

[3] José Manuel Barroso, à l’European University Institute, Juin 2010

[4] Sylvie Pierre-Brossolette, 2008, journaliste sur France Info (France Info, 16.1.08, au sujet de l’adoption du traité de Lisbonne)

 

Source : Les Dessous de Bruxelles

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23 janvier 2012 1 23 /01 /janvier /2012 23:01

 

 

A visiter : Observatoire des inégalités

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 


 

le 22 mars 2011
  Le dixième le plus riche de la population mondiale détient 83 % de la richesse. L’Amérique du Nord et l’Europe possèdent plus de 60 % de cette richesse. La France est l’un des pays qui compte le plus de millionnaires.

La richesse mondiale totale serait de 194 000 milliards de dollars en 2010, selon le rapport Global Wealth Databook (en anglais) du Crédit Suisse. Elle est répartie entre 4,4 milliards d’adultes, soit une moyenne de 43 800 dollars par individu. Cette estimation doit être considérée avec beaucoup de précautions (voir encadré), mais elle donne une idée de l’ampleur des inégalités de patrimoine.

Selon le Crédit Suisse, les 1 % les plus riches de la planète possèderaient 43,6 % de la richesse et les 10 % les plus riches en détiendraient 83 %. Une petite frange de 0,5 % de la population - 24 millions d’adultes-, dont la fortune est au moins égale à un million de dollars, détiennent plus de 35 % de la richesse mondiale. Pour appartenir au cercle des 1 % les plus riches au monde, il faut détenir au moins 588 000 dollars (420 000 euros environ). A l’opposé, la moitié des individus les plus pauvres ne détient que 1 % du patrimoine. Cela veut dire qu’un grand nombre d’habitants de la planète ne possèdent quasiment rien, ou des biens de très faible valeur monétaire : 20 % n’ont pas plus de 672 dollars.

Une répartition géographique inéquitable

La richesse mondiale est inégalement répartie selon les régions. L’Amérique du Nord et l’Europe détiennent 62% du patrimoine monétaire mondial. Les populations d’Asie-Pacifique 22 % sans l’Inde et la Chine. La population chinoise détient à elle seule 8,5 % de cette richesse, tandis que l’Inde, autre pays émergent en détient 2 %. L’Afrique ne dispose que de 1 % du patrimoine mondial.

Ces disparités géographiques se retrouvent également dès lors que l’on prend en compte la richesse moyenne par adulte : elle est supérieure à 100 000 dollars en Amérique du Nord et en Europe de l’Ouest notamment, ainsi que dans certains pays d’Asie les plus riches. Elle est inférieure à 5 000 dollars dans la plupart des pays d’Afrique.

La France est un pays très riche

Ces disparités de richesses détenues par région du monde cachent également d’importantes disparités au sein de chaque région. La Suisse est le pays du monde où la richesse moyenne par adulte est la plus élevée avec 372 700 dollars. Les Etats-Unis sont au 7e rang, juste derrière la Suède et… la France, positionnée au 5e rang. Dans notre pays, le patrimoine moyen est estimé à 255 156 dollars.

Le nombre de millionnaires est également un élément intéressant. C’est aux Etats-Unis qu’on en compte le plus (près de 10 millions), devant le Japon et la France, avec plus de deux millions de millionnaires chacun [1]. 40 % des millionnaires dans le monde résident aux Etats-Unis (5 % des adultes du monde y vivent), contre 9 % en France (1 % des adultes). A titre de comparaison avec les autres pays riches de l’Union européenne, on dénombre « seulement » 1,2 million de millionnaires au Royaume-Uni et un million en Allemagne.

Le classement des pays qui accueillent le plus de millionnaires
Nombre d'adultes millionnaires
Part de millionnaires (%)
Etats-Unis 9 940 044 40,5
Japon 2 380 043 9,7
France 2 225 078 9,1
Italie 1 415 000 5,8
Royaume-Uni 1 230 959 5,1
Allemagne 1 040 000 4,3
Canada 904 918 3,3
Chine 805 002 3,3
Monde 25 545 900 100
Source : Crédit Suisse. Année des données : 2010
La difficile mesure de la richesse

La richesse mesurée par l’étude du Crédit Suisse correspond à la somme des biens financiers (actions et obligations) et non-financiers (immobilier notamment) détenus par les adultes là où ils résident, moins leurs dettes éventuelles. Mais chaque pays ne comptabilise pas de la même façon … En France par exemple, les données datent de 2004 et on ne connaît pas la distribution de patrimoine net, en déduisant les dettes. Le Crédit Suisse a donc du réaliser une estimation...

Il faut dire que le patrimoine est parfois très difficile à estimer quand il ne circule pas sur un marché « classique » (œuvres d’art, certains biens immobiliers, etc.), sans parler des paradis fiscaux. Ces données sont des ordres de grandeur, qui sous-estiment probablement le niveau de patrimoine des très riches. Dans ce contexte, mesurer la distribution (qui possède combien ?) relève de la prouesse, et le Crédit Suisse ne dispose pas de source miracle. Les données, déjà difficiles à obtenir dans les pays riches, sont quasi-inexistantes dans les pays pauvres. La notion de propriété même est parfois difficile à estimer par exemple dans des parties de villes sans réel cadastre – comme dans les bidonvilles.

La richesse dans le monde par niveau de patrimoine
Nombre d'adultes (millions)
Pourcentage de la population (%)
Part de richesse mondiale détenue (%)
Niveau de patrimoine
Moins de 10 000 dollars 3 038 68,4 4,2
Entre 10 000 et 100 000 dollars 1 045 23,5 16,5
Entre 100 000 et 1 million de dollars 334 7,5 43,7
Plus de 1 million de dollars 24,2 0,5 35,6
Source : Crédit Suisse. Année des données : 2010

Photo/ © Delphimages - Fotolia.com



[1] Il s’agit du nombre de millionnaires résidant dans le pays, ils peuvent être étrangers

 

 

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23 janvier 2012 1 23 /01 /janvier /2012 08:20

 

Un texte qui décrit de manière limpide comment s'opére le transfert de l'argent de la population vers les caisses des banques. Comment cet argent contribue à augmenter leur bénéfice en vous dépouillant de votre argent pour les uns, des droits de bien commun pour tous.... ici on comprend qu'il s'agit bien d'un hold-up sous des apparences de légalité. Les élus sont nos mandataires, en agissant de cette manière ils outrepassent le mandat qui leur a été confié, ce qui est condamnable... Si le texte date un peu, les faits restent d'actualité... 

 

Le gouvernement autorise les banques à faire main basse sur 13 milliards supplémentaires d’épargne populaire au détriment des épargnants et de la production de logements sociaux ! Nous ne les laisserons pas faire.

Par décret du 16 mars 2011, le gouvernement a octroyé aux banques un « nouveau cadeau » de 13 milliards d’euros (5% de la masse de l’épargne, Livret A + LDD), pioché dans les caisses de l’épargne populaire et réglementée. Après avoir ponctionné fin 2008 environ 40 milliards d’euros dans les caisses de l’épargne populaire centralisée à la Caisse des dépôts, pour renflouer les banques, le gouvernement récidive, en douce, et à nouveau sans demander la moindre contrepartie aux banques.

Il s’agit cette fois de fournir une « réserve » aux banques afin qu’elles puissent spéculer sur les marchés financiers mondiaux et autres produits dérivés qui ont causé déjà de nombreux dégâts humains et économiques, comme la crise des « subprimes » ou les émeutes de la faim…

Or le Livret A et le LDD, détenus par plus de 60 millions de personnes sont les produits d’épargne préférés des Français ; pour preuve ces deux produits d’épargne viennent de passer la barre historique des 260 Milliards d’€ d’encours.

Cette nouvelle attaque sur l’épargne populaire est d’autant plus injustifiée que :

  • Les banques ont affiché en 2010 des profits insolents, de l’ordre de 40 milliards d’euros.
  • L’épargne populaire permet le financement du logement social sous forme de prêts bonifiés aux organismes HLM, et les besoins actuels sont considérables, compte tenu de la crise du logement.
  • Cette épargne pourrait aussi servir à financer sur le long terme d’autres actions d’intérêt général, en faveur des générations futures, comme par exemple la mise en place d’alternatives au nucléaire et aux énergies non renouvelables, le retour de l’habitat populaire en centre ville ou encore le développement du ferroutage…
  • La spéculation financière internationale se retourne contre les couches populaires, qui payent toujours plus lourdement la facture. Il faut contrer et contrôler les marchés financiers.

Jusqu’où ira ce dépeçage qui menace à terme l’équilibre d’un système public d’épargne populaire, qui en 190 ans d’existence, a fait la preuve de sa sûreté et de son utilité sociale ?

Faut-il accepter que, à chaque choc financier mondial, qu’à chaque modification des « règles internationales de sureté de la finance », l’épargne populaire soit mise à contribution pour garantir les dividendes aux actionnaires des groupes financiers ?

Nous demandons le retrait de ce décret scélérat et la restitution des 40 milliards déjà détournés par les banques à la Caisse des dépôts afin de financer des actions d’intérêt général.

Nous organisons dès aujourd’hui la contestation de ce décret devant les juridictions administrative française et européenne compétentes et prévoyons un programme d’actions « coup de poing » pour contrer cette attaque sur les capacités de notre pays à faire progresser les droits fondamentaux.

 

Source : Main basse sur le Livret A | DAL | Droit Au Logement

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22 janvier 2012 7 22 /01 /janvier /2012 17:51

 

12 janvier 2010, le centre ville de Port-au-Prince au lendemain du séisme.


Haïti : Où est passé l'argent collecté pour la reconstruction?

 

Internationalnews

Counterpunch - traduit par Les Moutons enragés 14 janvier 2012

Original: Humanitarian Aid in Haiti » Counterpunch

 

 

Deux ans après le séisme de janvier 2010, le pays est loin de s’être remis debout. Peut-être est-ce parce qu’il a à peine vu la couleur des dons promis ? L’enquête du site américain CounterPunch détaille dans quelles poches sont tombées les sommes versées par Washington.

En Haïti, on dirait que le tremblement de terre a eu lieu il y a deux mois, et non il y a deux ans. Plus de 500 000 personnes n’ont toujours pas de logement et vivent dans des camps informels ; le sol est encore jonché de tous les débris des bâtiments en ruine, et le choléra a été introduit dans le pays et s’est transformé en une épidémie meurtrière qui a déjà tué des milliers de personnes et continue d’en toucher des milliers d’autres. 

RFI/REUTERS

La vérité, c’est que pratiquement aucun don du public n’a directement été envoyé en Haïti. Les Haïtiens n’ont à peu près aucun contrôle sur cet argent, mais si l’on en croit l’Histoire, il est probable qu’on leur reprochera ces échecs – un petit jeu appelé : « Accusons la victime ».

Comme beaucoup d’autres personnes dans le monde, les Haïtiens se demandent où est passé l’argent. Voilà sept endroits où les dons sont ou ne sont pas allés.

1) Le bénéficiaire principal de l’argent octroyé par les Etats-Unis après le tremblement de terre s’est révélé être le gouvernement des Etats-Unis. Il en va de même pour les donations des autres pays.

Juste après le séisme, les Etats-Unis ont consenti une aide de 379 millions de dollars et ont envoyé 5 000 soldats. L’agence américaine Associated Press a découvert en janvier 2010 que 33 centimes de chacun de ces dollars avaient en fait été rendus directement aux Etats-Unis pour compenser le coût de l’envoi des troupes militaires. Pour chaque dollar, 42 centimes ont été envoyés à des ONG publiques et privées comme Save the Children, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies et l’Organisation panaméricaine de la santé.

L’ensemble du 1,6 milliard de dollars alloué par les Etats-Unis au secours d’urgence a été dépensé de la même façon : 655 millions de dollars ont servi à rembourser le département de la Défense, 220 millions ont été envoyés au département de la Santé et des Services à la personne pour qu’il aide les Etats américains à fournir des services aux réfugiés haïtiens, 350 millions ont été affectés à l’aide d’urgence fournie par l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (Usaid), 150 millions sont partis au département de l’Agriculture pour participer à l’aide alimentaire d’urgence, 15 millions au département de la Sécurité intérieure pour couvrir les frais d’immigration, etc.

L’aide internationale a été répartie de la même façon. L’envoyé spécial des Nations unies pour Haïti a révélé que l’argent du fonds humanitaire, soit 2,4 milliards de dollars, avait été distribué de la façon suivante : 34 % ont été renvoyés aux organismes civils et militaires des donateurs pour l’intervention d’urgence, 28 % attribués à des agences des Nations unies et à des ONG, 26 % alloués à des sociétés privées et à d’autres ONG, 5 %  reversés à des sociétés nationales et internationales de la Croix-Rouge, 1 % a été versé au gouvernement haïtien et 0,4 % à des ONG haïtiennes.


2) Seulement 1 % des dons a été envoyé au gouvernement haïtien. Selon l’agence Associated Press, sur chaque dollar accordé par les Etats-Unis pour l’aide d’urgence, moins d’un centime est parvenu au gouvernement haïtien. Il en va de même avec les autres donateurs internationaux. Le gouvernement haïtien n’a absolument pas été mis à contribution dans le cadre de l’intervention d’urgence menée par les Etats-Unis et la communauté internationale.


3) Des sommes dérisoires sont parvenues aux entreprises et aux ONG haïtiennes. Le Center for Economic and Policy Research, la meilleure source d’information qui soit dans ce domaine, a analysé les 1 490 contrats attribués par le gouvernement américain entre janvier 2010 et avril 2011, et s’est rendu compte que seuls 23 d’entre eux avaient été accordés à des entreprises haïtiennes. Dans l’ensemble, les Etats-Unis ont distribué 194 millions de dollars à des sous-traitants, dont 4,8 millions seulement à des sociétés haïtiennes, soit environ 2,5 % du total. Quant aux sociétés privées de la région de Washington DC, elles ont reçu 76 millions de dollars, soit 39,4 % du total.

L’ONG Refugees International a indiqué que leurs collaborateurs sur place avaient eu du mal à accéder aux réunions opérationnelles organisées dans le complexe des Nations unies. D’autres ont noté que la plupart des réunions de coordination de l’aide internationale n’étaient même pas traduites en créole, langue que parlent la majorité des Haïtiens !


4) Un pourcentage non négligeable de l’argent a été transmis aux organismes internationaux d’assistance et aux grandes organisations non gouvernementales faisant partie de réseaux influents. La Croix-Rouge américaine a reçu plus de 486 millions de dollars de dons pour Haïti. Selon l’organisation, deux tiers de cet argent a servi à sous-traiter l’intervention d’urgence et la reconstruction, bien qu’il soit difficile d’obtenir plus de détails. Le salaire annuel du PDG de la Croix-Rouge est supérieur à 500 000 dollars par an [390 000 euros, soit 33 000 euros par mois].


On peut aussi mentionner le contrat de 8,6 millions de dollars entre Usaid et la société privée CHF, chargée de nettoyer les décombres dans Port-au-Prince. CHF est une entreprise de développement international qui, politiquement, fait partie de réseaux influents, qui a un budget annuel de plus de 200 millions de dollars et dont le PDG a gagné 451 813 dollars [354 000 euros] en 2009. Les bureaux de CHF en Haïti « sont installés dans deux hôtels particuliers spacieux de Port-au-Prince et l’entreprise dispose d’une flotte de véhicules flambant neufs, » selon le magazine Rolling Stone.

Rolling Stone a également révélé l’existence d’un autre contrat, d’une valeur de 1,5 million dollars, accordé au cabinet de conseil Dalberg Global Development Advisors, dont le siège est à New York. Selon l’article, le personnel de Dalberg « n’avait jamais vécu à l’étranger, n’avait aucune expérience en matière de catastrophe naturelle ou d’urbanisme, et n’avait jamais été responsable de programmes sur le terrain », et seul un membre de l’équipe parlait français.

Le 16 janvier 2010, George W. Bush et Bill Clinton ont annoncé le lancement d’une collecte de fonds pour Haïti. En octobre 2011, les dons avaient atteint la somme de 54 millions de dollars. Deux millions ont contribué à la construction d’un hôtel de luxe en Haïti, pour un budget total de 29 millions de dollars.


5) Une partie de l’argent a été versée à des entreprises qui profitent des catastrophes naturelles. Lewis Lucke, un coordinateur haut placé d’Usaid, a rencontré le Premier ministre haïtien deux fois à la suite du tremblement de terre. Il a ensuite démissionné et a été embauché – pour un salaire mensuel de 30 000 dollars – par la société Ashbritt, installée en Floride (déjà célèbre pour avoir obtenu des subventions considérables sans appel d’offres après l’ouragan Katrina) et par un partenaire haïtien prospère, afin de faire du lobbying pour obtenir des contrats. Lewis Lucke a déclaré qu’il était « devenu évident que si la situation était gérée correctement le séisme pouvait apparaître comme une opportunité autant que comme une calamité ». Ashbritt et son partenaire haïtien se sont rapidement vu attribuer un contrat de 10 millions de dollars sans appel d’offres.


6) Une partie non négligeable de l’argent promis n’a jamais été distribuée. La communauté internationale a décidé de ne pas laisser le gouvernement haïtien gérer le fonds d’assistance et de relèvement et a insisté pour que deux institutions soient créées pour approuver les projets et les dépenses dédiées aux fonds de reconstruction envoyés pour Haïti : la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (CIRH) et le Fonds pour la reconstruction d’Haïti.

En mars 2010, lors d’une conférence, les Etats membres de l’ONU se sont engagés à verser 5,3 milliards de dollars sur deux ans et un total de 9,9 milliards de dollars sur trois ans. En juillet 2010, seules 10 % des sommes promises avaient été versées à la CIRH.


7) Une grande partie de l’argent donné n’a pas encore été dépensée. Près de deux ans après le tremblement de terre, moins de 1 % des 412 millions de dollars alloués par les Etats-Unis à la reconstruction d’infrastructures en Haïti ont été dépensés par Usaid et le département d’Etat américain, et seuls 12 % ont réellement été affectés, selon un rapport publié en novembre 2011 par le bureau américain chargé du contrôle des comptes (GAO).

La CIRH qui, depuis sa création, a été sévèrement critiquée par les Haïtiens, entre autres, est suspendue depuis la fin de son mandat, en octobre 2011. Le Fonds pour la reconstruction d’Haïti a été créé pour fonctionner en tandem avec la CIHR. Ainsi, tant que cette dernière est interrompue, le Fonds pourra difficilement poursuivre sa mission.

Que faire ? Au lieu de donner de l’argent à des intermédiaires, les dons devraient être envoyés autant que possible aux organismes haïtiens publics et privés. Le respect, la transparence et l’obligation de rendre des comptes constituent les fondements des droits humains.

14 janvier 2012

 

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22 janvier 2012 7 22 /01 /janvier /2012 12:04

 

 par Robert Reich

19 janvier 2012

« La santé, l’amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? » s’interrogeait Laurence Parisot, emboitant le pas à Denis Kessler pour qui le monde se diviserait entre patrons « riscophiles » et salariés « riscophobes ». Avec à la clé la justification de rémunérations stratosphériques pour ceux qui auraient fait, au péril d’eux même, le choix d’affronter le danger. Loin de ces propos d’estrade, la réalité économique est fort différente, nous rappelle Robert Reich, à partir de l’exemple américain. Pour les uns, des salaires et primes de départ mirobolants, venant couronner des échecs insignes, pour les autres une incertitude du lendemain et une précarité toujours croissantes.


Par Robert Reich, ancien ministre du travail de Bill Clinton, 16 janvier 2012

Le candidat Républicain à l’investiture Mitt Romney décrit la campagne électorale de 2012 comme celle du « procès de la libre entreprise » qu’il définit comme la possibilité de réussir en « travaillant dur et en prenant des risques » Le sénateur de Caroline du Sud Jim DeMint, un favori du Tea-Party, déclare soutenir Romney parce que « nous avons vraiment besoin de quelqu’un qui comprenne comment le risque, la prise de risque ... est notre façon de créer des emplois, d’offrir des choix, d’accroitre la liberté. » Le Président de la Chambre de Commerce, Tom Donahue, défendant Romney, explique que « cette économie est bâtie sur le risque. Si vous ne prenez pas de risque, vous ne pouvez pas réussir. »

Un instant. Par qui donc croient-ils que les risques soient supportés ? Leurs fadaises sur la prise de risque de la libre entreprise mettent sans dessus dessous la réalité. Plus on est situé en haut dans le système économique, plus il est facile de faire de l’argent sans prendre aucun risque financier personnel. Plus on est en bas de l’échelle, plus les risques sont élevés.

Wall Street est devenu le coeur de cette libre entreprise sans risques. Les banquiers risquent l’argent des autres. Si les affaires tournent mal, ils perçoivent dans tous les cas leurs commissions. L’ensemble du secteur des hedge funds est organisé pour couvrir les paris de gros investisseurs qui peuvent faire de l’argent que le prix des actifs sur lesquels ils ont parié monte ou descende. Et si le pire se produit, les plus grands banquiers et investisseurs savent désormais qu’ils seront renfloués par les contribuables parce que leurs entreprises sont trop grosses pour qu’on les laisse faillir.

Mais les pires exemples de la libre entreprise sans risque sont fournis par les PDG qui empochent des millions après des échecs spectaculaires.

Vers la fin 2007, Charles Prince a démissionné de son poste de PDG de Citgroup après l’annonce que la banque aurait besoin de 8 à 11 milliards de dollars supplémentaire en raison des pertes liées aux subprimes. Prince est parti avec 30 millions de dollars de cadeaux princiers, sous la forme d’une retraite, d’actions et de stock options, avec en plus un bureau, une voiture et un chauffeur pour cinq ans.

Le mandat de cinq ans de Stanley O’Neal à la tête de Merrill Lynch s’est achevé à la même période, lorsqu’il était devenu évident que Merrill devrait supporter des dizaines de milliards de pertes sur les prêts hypothécaires, et qu’elle était rachetée à un prix bradé par Bank of America. O’Neal a obtenu une rémunération de 162 millions de dollars.

Philip Purcell a quitté Morgan Stanley en 2005 après que les actionnaires se soient révoltés contre lui. Il est parti avec 43,9 millions de dollars, plus 250 000 dollars par an pour le restant de ses jours.

Les récompenses en cas d’échec ne concernent pas seulement Wall Street. Dans une étude publiée la semaine dernière, GMI, un cabinet d’étude réputé qui observe les rémunérations des dirigeants, a analysé les plus grosses primes de départ reçues par les ex-PDG depuis 2000.

Dans cette liste, on trouve :

Thomas E. Freston, qui n’a occupé que neuf mois la fonction de PDG de Viacom avant d’être remercié, et est reparti avec une prime de départ de 101 millions de dollars.

William D. McGuire, qui en 2006 a été contraint de démissionner de son poste de PDG de UnitedHealth après un scandale sur les stock-options, et qui, en dédommagement de ses ennuis, a obtenu 286 millions de dollars.

Hank A. McKinnell, Jr., dont le mandat de cinq ans en tant que CEO de Pfizer a été marqué par une baisse de 140 milliards de dollars de la valeur boursière de l’entreprise. Nonobstant, McKinnell est reparti avec un gain de près de 200 millions, la couverture médicale gratuite à vie, et une pension annuelle de 6,5 millions de dollars. (Lors de la convention annuelle de Pfizer en 2006, un avion a survolé les lieux en tirant une banderole « Rends les, Hank ! »)

Douglas Ivester, PDG de Coca Cola, a démissionné en 2000 après une période de stagnation de la croissance et de baisse des bénéfices, emportant une prime de départ d’une valeur de 120 millions de dollars.

A tout le moins, les récompenses en cas d’échec ont augmenté. En septembre dernier, Leo Apotheker a été mis à la porte de Hewlett-Packard, avec une prime d’une valeur de 13 millions de dollars. Stephen Hilbert a quitté Conseco avec une prime estimée à 72 millions de dollars, bien que le cours de l’action de Conseco durant son mandat ait plongé de 57 à 5 dollars, en route vers la faillite.

Mais alors que la prise de risque économique diminuait au sommet de l’échelle, elle augmentait pour ceux qui sont en dessous. Plus de 20% de la main-d’œuvre américaine est maintenant « précaire » : travailleurs temporaires, entrepreneurs et consultants indépendants - ne bénéficiant d’aucune sécurité.

Même les salariés à plein temps, qui ont travaillé durant des décennies dans une entreprise, peuvent désormais se retrouver sans emploi du jour au lendemain - sans parachute, sans aucune aide pour trouver un autre emploi, et sans assurance santé.

Dans le même temps, la proportion des grandes et moyennes entreprises (employant 200 salariés ou plus) offrant une couverture complète des soins de santé a continué de baisser, passant de 74% en 1980 à moins de 10% aujourd’hui. Il y a vingt-cinq ans, les deux tiers de ces entreprises procuraient également une assurance santé à leurs retraités. Aujourd’hui, elles sont moins de 15% à le faire.

Le risque de ne pas toucher de retraite s’est également accru. En 1980, plus de 80% des grandes et moyennes entreprises octroyaient à leurs salariés des retraites dont le montant mensuel était garanti. Ce chiffre est aujourd’hui inférieur à 10%. Au lieu de quoi, elles proposent des plans de retraite à « cotisations garanties » où le risque est pris par les salariés. Lorsque la bourse sombre, comme en 2008, les plans de retraites sombrent avec elle.

Et le risque d’une perte de revenu ne cesse de s’accroître. Même avant le krach de 2008, le Panel Study of Income Dynamics de l’Université du Michigan a constaté que, sur une période de deux ans, environ la moitié des familles ont subi une baisse de leurs revenus. Il observe également que ces baisses sont devenues progressivement plus importantes. Dans les années 1970, la perte moyenne de revenu était d’environ 25%. A la fin des années 1990, elle était de 40%. Au milieu des années 2000, les revenus des familles, variaient en moyenne deux fois plus que durant les années 1970.

Ce que Romney et les pom pom girls de la libre entreprise ne veulent pas que vous sachiez, c’est que les risques liés à l’activité économique se sont progressivement éloignés des PDG et de Wall Street pour retomber sur les salariés moyens. Ce ne sont pas seulement les revenus et la richesse qui se sont fortement accrus au sommet. La sécurité économique s’est renforcée là aussi, laissant sur le sable le reste d’entre nous.

S’il s’agit de faire le procès de la libre entreprise, la véritable question est de savoir si le système est truqué en faveur de ceux qui sont au sommet, et sont récompensés quelques soient leurs échecs, tandis que le reste d’entre nous se fait avoir, même en travaillant dur.

Le jury rendra son verdict le jour des élections. D’ici là, Obama et les démocrates ne devraient pas permettre à Romney et aux républicains de se présenter en défenseurs de la prise de risque et de la libre entreprise. Les Américains doivent connaître la vérité. La seule façon pour que l’économie prospère, c’est qu’il y ait une plus grande prise de risque au sommet, et une plus grande sécurité économique pour ceux qui sont situés en bas.


Publication originale Robert Reich, traduction Contre Info

 


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