22 avril 2012 7 22 /04 /avril /2012 09:33

 

Et oui, encore un texte de Bernard Taillefer. Je ne saurais trop vous recommander de visiter son blog, de la bonne information. Un point de vue éclairé : c'est simple et cela va droit au but, un grand sens de la mesure qui remet les choses à leur place et met le doigt sur les noeuds des problèmes. La parole d'un homme de terrain aussi.

A mettre en relation avec ce texte, Business, profits souterrains et stratégie de la terreur. La recolonisation du Sahara. que je n'ai pas publié pour prendre partie dans des luttes internes dont je ne connais pas tous les enjeux, mais bien pour montrer les intérêts extérieurs qui sont vecteurs de ce conflit et la Corne de l'Afrique comme enjeu pour les pilleurs de monde.

Je suis résolument partisane d'un devoir de non-ingérence. Je suis écoeuré par tous ces cris de bone conscience occidentale qui se posent comme parties de conflits sans que les conséquences pour les populations ne soient évaluées que par des assauts de mots, plus ou moins bons... et au diable les maux des populatios éloignées qui font l'enjeu de ces batailles verbales.

Par contre il n'est plus question d'ingérence quand il s'agit de critiquer les politiques Européennes et Occidentales dont nous sommes partie prenante et responsables par notre complicité active ou passive, par nos modes de consommation qui ne se soucient pas de connaître le coût  réel des produits que nous procure (ou non) notre "pouvoir d'achat".

Et autant pour la gauche qui est partie prenante de toutes les colonistaions et qui mène et des luttes au détriment des populations d'autres continents. La seule lutte cohérente contre les délocalisations n'est pas la revendicatio de ceci cela ici... qui en plus entraîne des soutien aux entreprises qui augmente notre endettement, la seule lutte cohérente est celle du soutien aux travailleurs exploités du reste du monde.

Les aider à conquérir des droits, des salaires et des horaires équitables, aurait fait plus de bien que de les stigmatiser comme s'ils étaiet eux responsables et des voleurs d'emploi.

Nous sommes tous sur la même galère et tant que le nord persévèrera dans son égoïsme, so avidité au mépris des autres peuples, il 'aura que le juste retour de so comportemet en voyat ses populations subir toujours d'avatantage un sort qu'il encourage ou tolère pour les autres. Mais avant même de songer à apporter notre soutien, il serait bon de se mettre à l'écoute, ous apprendrions alors qu'une bonne partie de la planète ne veut pas de otre modèle de sous-développement humain, qu'elle nous considère comme une civilisation décadente qui a perdu les valeurs essentielles de la vie. Que le prétexte de civiliser les "sauvages", bonne conscience de la colonisation est l'acte le plus méprisable d'ignorance de réalités qui ne ressemblent pas aux nôtres mais sont souvent bien plus adaptées aux conditions d'un bien vivre ensemble planétaire.

 

 

 

FAMINE DANS LA CORNE DE L'AFRIQUE : LA HONTE DU SYSTEME !
Des raisons objectives d'être indignés !
J'ai commencé ma carrière dans le développement en 1973 (Plus de trente ans!) sur des questions de famine massive au Niger qui a donné lieu à des grands mouvements migratoires des touaregs dans toute l'Afrique de l'Ouest. 
Touaregs du Sénégal
Il y a eu la grande famine dans la corne de l'Afrique en 1991! Et voilà que cela recommence dans la Corne de l'Afrique !!! Et encore, encore les famines massives : qu'est-ce qui ne tourne pas rond dans ce monde ?


Pas de chance : la solidarité internationale risque de ne pas marcher si on en croît les chiffres :
Donc pour douze millions de personnes en danger il faudrait 1,9 milliards de dollars pour les sauver. Malheureusement il semble qu'il reste 1,14 milliards de dollars à trouver. Et chaque jour des gens et des enfants meurent. 
Femme au travail (!!!) en Ethiopie
De toutes façons il faut se méfier des promesses énoncées par les politiciens.  On l'a bien vu en Haïti après le séisme : selon le site cyberpresse.ca on apprend que moins de la moitié des dons promis à Haïti lors d'une conférence des Nations unies en mars 2010 pour la période allant jusqu'à fin 2011 a été effectivement versée, selon des chiffres publiés par la Banque mondiale. Lors de cette conférence qui s'était tenue à New York, 55 donateurs avaient promis 4,58 milliards de dollars de financements sous forme de subventions à engager en 2010 et 2011 pour reconstruire Haïti, a rappelé la Banque mondiale dans un rapport sur le fonds qu'elle gère pour le pays.«Sur cette somme, à la date de juin 2011, les donateurs ont déboursé 1,74 milliard de dollars, ce qui représente 38% du total des fonds promis à Haïti pour 2010 et 2011», a indiqué l'institution.

Et pourtant si on compare les chiffres de l'aide nécessaire pour la Corne de l'Afrique (1,9 milliards de dollars) à d'autres chiffres, il y a de quoi avoir le vertige... et l'indignation
Bénéfice net de quelques grandes entreprises premier semestre 2011
Pas moyen de trouver un petit don pour les Ethiopiens et Somaliens ?
Nous retrouverons ces chiffres lorsque nous parlerons de la crise de "l'Euro". Un autre tableau comparatif est intéressant, celui de la dette publique de quelques pays occidentaux.
Nous parlons bien en milliards d'euros. la dette des Etats Unis (10 mille milliards d'euros !!!) n'est pas une mince affaire qui a bien financé quelques guerres étranges et étrangères. Y'a pas un petit quelque chose pour les Somaliens et Ethiopiens, pour ces douze millions de personnes ?
Le soutien à la Grèce (quelques 165 milliards d'euros) va coûter à la France 15 milliards d'euros (une paille !). Y'aurait pas un peu pour la corne de l'Afrique ?
J'allais oublier. Une mauvaise langue, gauchiste s'il en est (sic), la FAO, pointe comme cause principale de la famine la demande pour les agrocarburants et la surexploitation des sols (Le Monde du 3/8/11). L'article note : "C'est donc du côté des agrocarburants que se trouve la cause principale de la hausse de la demande. L'industrie des agrocarburants, basée dans les pays émergents comme dans les pays développés, absorbe 40 % du maïs produit aux Etats-Unis et les deux tiers des huiles végétales de l'UE. Ce développement spectaculaire a été rendu possible, souligne la FAO, par un soutien public massif sous formes de subventions, d'exonération de taxes et d'obligations d'achat, estimé à 5,6 milliards d'euros en Europe et aux Etats-Unis. En parallèle, le soutien à tous les autres secteurs agricoles s'amenuisait". 
De son côté Charlie Hebdo, sous le titre grinçant de "METTEZ UN SOMALIEN DANS VOTRE MOTEUR" cite l'exemple du Kenya :
"L’exemple du Kenya est d’autant plus frappant qu’il est au cœur de la zone actuelle de grande famine. Le quotidien de Londres The Guardian du 2 juillet raconte comment un village de 427 âmes du delta du Tana a été détruit de fond en comble pour laisser la place à une plantation de canne à sucre destinée aux biocarburants européens. Très joyeux. On se croirait revenu au beau temps des colonies. Un témoin raconte «Ils nous ont dit que nous serions tous brûlés si nous ne partions pas […]. Aucun d’entre nous n’a compris pourquoi. » Aucun? Ces Africains sont vraiment de grands enfants. Et nos réservoirs, les gars? Dans L’Éthiopie voisine, pareil. Kuraz Sugar Project, compagnie d’État, est en train de vendre 150 000 hectares de terres fertiles dans La vallée de l’Omo, destinés aux biocarburants tirés de la canne à sucre. La compagnie italienne Fri-El Green, installée au sud de l’Omo, gère déjà 30 000 hectares de palmiers à huile, dans Le même but, comme le révèle l’association Survival".
 
Dis, papa, c'est quoi le développement ? Mon fils, après 30 ans dans cette galère je ne sais plus. Il y a pourtant des solutions, des milliers de solutions. Mais le profit, mon fils, tue tout, déséquilibre tout et écrase les hommes. C'est aussi ce qui va empirer dans les pays du Nord... Bientôt très bientôt...
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22 avril 2012 7 22 /04 /avril /2012 06:49

 

 

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Quand le gouvernement éthiopien a proposé à Thwol Othoy de déménager vers de nouvelles terres, il a accepté, séduit par la promesse d'une meilleure vie: une terre à cultiver, non loin d'un centre médical et d'une école pour ses enfants.

Mais à Abobo, dans la région occidentale de Gambella, il ne lui a été octroyé que la moitié des dix ares de terres qu'il possédait auparavant et sur lesquels il cultivait du maïs. Et il lutte désormais pour nourrir sa famille.

"Il n'y a pas assez de nourriture", explique Thwol Othoy, 35 ans, assis pieds nus, vêtu d'un short en lambeaux et d'une chemise ouverte sur son torse osseux, près d'une modeste hutte, "on attend que le gouvernement défriche cette terre pour pouvoir la cultiver".

Thwol Othoy a été réinstallé à Abobo dans le cadre du programme gouvernemental "Commune" qui prévoit de regrouper des communautés rurales éparses afin de leur fournir un meilleur accès aux soins, à l'école et aux moulins.

Environ 1,5 million de personnes au total doivent être réinstallées d'ici 2013 dans le cadre de ce programme, mais des organisations de défense des droits de l'Homme accusent le gouvernement de chasser de force des habitants de leurs terres fertiles au profit d'investisseurs, souvent étrangers.

Selon Human Rights Watch (HRW), ces investisseurs occupent déjà 500.000 hectares de terres dans la région et 1,2 million d'hectares supplémentaires leur sont destinés d'ici les trois prochaines années.

 

Lire la suite : Ethiopie: les espoirs déçus des paysans réinstallés | Radio Nederland Wereldomroep

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9 avril 2012 1 09 /04 /avril /2012 07:40

 

 

Surmenés, surveillés, surchargés : le quotidien de 8 millions de salariés

Par Ivan du Roy (26 mars 2012)

Intensification du travail, surveillance accrue des salariés par leur hiérarchie, pénibilités physiques toujours très présentes... Tels sont les enseignements de la nouvelle étude sur l’exposition aux risques professionnels que vient de publier le ministère du Travail. Elle révèle un accroissement des situations de « tension au travail » dans un contexte où le Medef, au nom de la compétitivité, cherche à remettre en cause nombre de dispositions du droit du travail.

Les conditions de travail se dégradent-elles ? Quelles sont les contraintes et pénibilités qui pèsent sur les salariés ? Et les risques encourus ? L’enquête « Sumer » (Surveillance médicale des expositions aux risques professionnels) nous livre une photographie, bien plus étayée qu’un vulgaire sondage, de la situation des 22 millions de salariés français. Cette étude lancée par la direction générale du travail (DGT) et la Dares [1] est réalisée tous les 9 ans par 2 400 médecins du travail auprès de 48 000 salariés du privé et du public.

Une fois n’est pas coutume, commençons par quelques aspects positifs. Il y a vingt ans, près d’un salarié sur trois travaillait plus de 40 heures par semaine. Ils ne sont plus que 18 % aujourd’hui, grâce notamment aux 35 heures. Cette diminution du temps de travail demeure cependant virtuelle pour un cadre sur deux, au bureau plus de 40 heures par semaine (48 % aujourd’hui contre 63 % il y a vingt ans). Dans les ateliers ou sur les chantiers, les contraintes physiques intenses baissent légèrement. Elles concernent les personnes obligées de travailler debout, de porter des charges lourdes, d’effectuer des gestes répétitifs (le travail à la chaîne, par exemple) ou soumis à des vibrations. En 1994, près de 46 % des salariés étaient ainsi régulièrement confrontés à au moins une de ces contraintes [2]. Cette proportion descend en dessous de 40 % en 2010. Soit près de 9 millions de personnes. Sans surprise, ce sont principalement les ouvriers, les employés de commerce et de service, le secteur de la construction et le monde agricole qui sont les plus exposés, avec comme possible conséquence des problèmes de dos, des douleurs aux articulations et des troubles musculaires. Seule l’exposition au bruit progresse : un salarié sur cinq travail dans un environnement sonore supérieur à 85 décibels, soit le bruit d’un camion roulant à 50 km/h.

Intensification du travail

Malgré un recours de plus en plus grand aux molécules chimiques dans l’industrie, l’exposition globale aux produits chimiques diminue depuis 2003. Un salarié sur trois est exposé à au moins un produit dangereux dans le cadre de son travail avec, en cas de contact, des risques immédiats – brûlure irritation, réactions allergiques – ou différés dans le cas des cancérogènes. Ce qui concerne quand même plus de 7 millions de salariés, là encore principalement des ouvriers qualifiés et non qualifiés. Une « décrue » liée au « renforcement de la réglementation » depuis 2001, conséquence, entre autres, des grandes mobilisations sur l’amiante.

Ces légères améliorations se font cependant dans un contexte d’intensification du travail. Contraintes de rythme, quantité de travail excessive, polyvalence, objectifs irréalistes ou flous, ou instructions contradictoires se multiplient au sein des entreprises. Le nombre de salariés soumis à au moins trois contraintes de rythme – lié à la cadence automatique d’une machine, à la dépendance immédiate vis-à-vis du travail de ses collègues, aux normes et délais de production à respecter en moins d’une journée, ou au contrôle permanent de la hiérarchie… – passe de 28 % à 35,5 %. « L’intensité du travail est l’une des principales dimensions des facteurs psychosociaux de risque au travail », rappelle l’étude. Et ce risque concerne 7,7 millions de personnes, aussi bien les ouvriers, les employés et les cadres. Travailler plus en moins de temps, voilà un nouveau slogan…

Des salariés davantage surveillés

« La proportion de salariés contrôlés en permanence par leur hiérarchie s’est accrue entre 2003 et 2010, notamment pour les employés de commerce et de service », souligne encore l’étude. Cette surveillance permanente concerne plus d’un salarié sur quatre. Le contrôle informatisé, lui, continue de s’étendre partout, aussi bien dans l’industrie que dans les services, et touche autant les cadres que les ouvriers qualifiés. Si, globalement, le temps de travail hebdomadaire diminue, la flexibilité du temps de travail s’accroît. Le travail le dimanche et les jours fériés augmente, concernant 31 % des salariés, principalement dans le commerce. Ceux-ci sont également confrontés à la multiplication des horaires variables. Un salarié sur dix demeure soumis à des horaires imprévisibles d’une semaine à l’autre !

L’intensification du travail – davantage de sollicitations en moins de temps – s’accompagne d’un « net accroissement » des situations de « tension au travail » : lorsqu’un salarié est confronté à une forte demande (rythme, objectifs, diversité des tâches à accomplir…) sans disposer de la marge de manœuvre nécessaire pour y répondre. De plus, la part de salariés estimant rencontrer un comportement hostile (22 % des salariés) ou méprisant (15 %) au travail augmente de manière notable. Cette charge psychologique vient ainsi s’ajouter à des pénibilités physiques qui diminuent très lentement. À l’heure où l’on ne parle que de compétitivité ou de réduction des coûts, il serait peut-être temps que ces questions liées aux conditions de travail et aux conséquences qu’elles font peser sur la vie quotidienne des salariés émergent dans la campagne électorale.

Ivan du Roy

Photos : The Library of Congress

Notes

[1] Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques.

[2] Au moins 20 heures par semaine pour la manutention manuelle de charges, pour le travail debout, au moins 2 heures par semaine pour les autres contraintes posturales (position à genoux, maintien de bras en l’air, posture accroupie, en torsion, etc.).

En savoir plus

Pour consulter l’enquête Sumer sur le site du ministère du Travail.

Lire aussi :

Source : Surmenés, surveillés, surchargés : le quotidien de 8 millions de salariés - Travail - Basta !

 

A voir absolument, ce film qui nous montre les applications de ce nouveau slogan "Travailler  plus en moins de temps" : Attention Danger Travail 

Mais aussi le délire Dassault qui se verrait bien en patron à la chinoise hébergeant dans sa grande mansuétude sur leur lieux de travail... les vacances, les déplacements... Quelle perte de temps... cela nuit à la productivité, ce grand but de l'humanité... et les profits pour lui !

Dassault, le vrai visage de l’UMP - une vidéo Actu et Politique

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7 avril 2012 6 07 /04 /avril /2012 22:21

 

 

Pour réaliser en Espagne son projet d’EuroVegas - un gigantesque complexe dédié au jeu - le milliardaire américain Sheldon Adelson a transmis aux autorités espagnoles sa liste d’exigences : exemption de la TVA, des impôts sur le jeu, des cotisations sociales, réforme du code du travail, régime légal dérogatoire durant 30 ans, subventions européennes, don des terrains, autorisation de jeu pour les mineurs, autorisation de fumer dans les bâtiments, etc ... Le cynisme brutal du promoteur de cette zone de non droit - que se disputent aujourd’hui Madrid et Barcelone, donne la mesure de ce qu’ont abandonné les nations européennes en se mettant à la merci des marchés et des fortunes privées : non seulement leur souveraineté, mais aussi leur dignité.

La Lettre du Lundi, 19 mars 2012

15 milliards d’euros d’investissements, 260 000 emplois directs et indirects créés : tel est le deal que fait miroiter aux régions de Barcelone et de Madrid Sheldon Adelson, 16e fortune mondiale avec un patrimoine estimé à plus de 21 milliards de dollars et par ailleurs président et actionnaire principal de la société Las Vegas Sands, « l’empire du jeu ».

Son projet ? Créer en Espagne une « zone de jeu » identique à celles qu’il a déjà implantées au Nevada, à Singapour et à Macao : 6 casinos, 18 000 machines à sous, 3 terrains de golf, des théâtres et des cinémas, une douzaine d’hôtels, des centres commerciaux... bref, toute l’apparence d’un « paradis » dans un pays où le chômage atteint des records (plus de 20 % de la population active), où la récession frappera dur en 2012 et 2013, où la crise immobilière, née d’une spéculation sur le prix des biens et de conditions de prêts immobiliers délirantes (emprunts jusqu’à 50 ans), paupérise à vitesse grand V les classes moyennes qui ont eu la mauvaise idée d’acheter pour se loger.

Comme au football, Madrid et Barcelone, rivales traditionnelles, se disputent les faveurs du groupe Las Vegas Sands pour que ce complexe de jeu s’installe sur leur territoire. Et, comme au football où le Real et le Barça sont prêts à payer des sommes extravagantes pour attirer les meilleurs joueurs du monde, les deux villes sont prêtes à toutes les concessions pour convaincre Las Vegas Sands de les favoriser de son choix.

Toutes les concessions ? Jugez-en plutôt. Réparties en 5 thèmes par le journal espagnol El Pais qui a eu accès aux documents de travail des négociations en cours, cette longue liste donne une idée du rapport de forces qui s’est désormais établi entre puissance privée et (im)puissance publique :

1. Droit du travail

● Modification du Code du travail afin d’assouplir « la rigidité des conventions collectives », notamment dans les secteurs présents dans le complexe de casinos (hôtellerie, restauration, jeu, commerces...) ;

● Réduction du temps nécessaire pour admettre des travailleurs étrangers (hors UE) en Espagne, via la création d’un régime spécial qui accélèrera la délivrance d’un permis de travail ;

● Exemption totale pendant deux ans des cotisations de Sécurité sociale, puis 50 % de remise les trois années suivantes. À compter de la 5e année, les travailleurs non espagnols pourront être rattachés au régime social de leur pays d’origine ;

● Création d’un MBA spécialisé dans l’industrie du jeu ;

● Appui du gouvernement à une demande de subvention d’aide à l’emploi de plus de 25 millions d’euros auprès de la Banque européenne d’investissement ;

● Financement par les autorités publiques de 60 % des frais de formation des employés recrutés par Las Vegas Sands ;

● Perception par Las Vegas Sands de subventions pour l’emploi, tant en ce qui concerne les emplois directs qu’indirects créés durant la construction du complexe.

2. Infrastructures

● Prise en charge par les autorités espagnoles de la construction d’une nouvelle station de métro, d’une interconnexion avec le TGV, de nouvelles lignes d’autobus, de nouvelles routes et autoroutes...

● Autorisation des vols en hélicoptère entre l’aéroport et le complexe de jeux, construction d’un ou plusieurs héliports dans le complexe ;

● Suppression ou enfouissement des infrastructures de gaz, d’eau et d’électricité, renforcement des services d’urgence (pompiers, ambulances, etc.) dans le complexe...

3. Urbanisme

● Cession gratuite, à Las Vegas Sands, de toutes les terres que les autorités publiques possèdent dans la zone ;

● Expropriation des terres privées de la zone afin que Las Vegas Sands en prenne rapidement possession ;

● Suppression des règles d’urbanisme, y compris des critères de construction, afin que Las Vegas Sands ait toute latitude pour construire.

4. Réglementation

● Vote d’une loi spécifique, ne pouvant être modifiée pendant au moins 30 ans, déclarant le projet d’intérêt général, créant un régime dérogatoire en ce qui concerne le jeu et le commerce, supprimant les limites aux investissements étrangers dans les casinos ainsi que la nécessité d’une autorisation préalable si plus de 5 % du capital social change de mains ;

● Autorisation d’accès aux casinos pour les mineurs, les majeurs incapables et les interdits de jeu ;

● Modification de la loi sur le blanchiment d’argent avec, notamment, autorisation de transférer les fonds sans limites ;

● Autorisation, pour les casinos, d’accorder des prêts aux joueurs, suppression des interdictions publicitaires concernant le jeu, modification de la législation sur les dettes de jeu qui réserve actuellement l’exécution des sanctions à la seule justice civile, légalisation du système d’intermédiaires et de « rabatteurs » incitant les joueurs potentiels à se rendre au complexe ;

● Homologation automatique des jeux déjà autorisés dans d’autres pays de l’Union européenne ou aux États-Unis, autorisation donnée à Las Vegas Sands pour approuver de nouveaux jeux et traiter des questions administratives afférentes ;

● Création d’une commission des jeux, formée de membres du gouvernement régional et d’« experts indépendants » ;

● Autorisation de fumer dans les espaces clos à l’intérieur du complexe, liberté totale des horaires dans tous les commerces.

5. Fiscalité

● Remboursement de la TVA aux entreprises du complexe, statut de « zone franche » (donc, pas de paiement de TVA ni de taxes) pour les joueurs extra-communautaires ;

● Suppression des taxes et simplification des procédures pour tous les produits importés qui rentrent dans le complexe ;

● Modification des règles fiscales d’amortissement, de déduction du résultat fiscal, d’imposition des non-résidents et des impatriés ;

● Exemption pendant 10 ans de la taxe sur les jeux ;

● Réduction de 95 % de l’impôt sur les transmissions patrimoniales, ainsi que des impôts fonciers ;

● Réduction de 50 % de l’impôt sur les activités économiques ;

● Négociation préalable et obligatoire avec Las Vegas Sands avant toute entrée en vigueur de nouvelles taxes.

Pour effarantes qu’elles paraissent, les prétentions de Las Vegas Sands n’en sont pas moins, dans leur globalité, accueillies avec bienveillance tant à Madrid qu’à Barcelone. Les représentants d’Adelson n’ont d’ailleurs pas caché qu’ils donneraient la préférence à la ville qui leur ferait le plus de concessions, d’où la déclaration de la présidente de la région de Madrid : « s’il faut effectuer des modifications légales qui sont en accord avec mes principes, elles se feront. »

Cet accord en voie de conclusion entre une TGE (très grande entreprise) et les responsables politiques d’une région et d’un État illustre parfaitement le transfert de pouvoirs et compétences des autorités publiques vers les TGE que nous avons analysé dans plusieurs billets. On y retrouve en effet la plupart des caractéristiques de la décadence des États-nations :

● remplacement de la loi par le contrat, lequel acquiert ainsi une force supra-législative, au mépris absolu de la pyramide des normes juridiques qui, de la Constitution au simple arrêté municipal, sert de fondement à tout notre système juridique ;

● « liquéfaction » complète des individus, coupés de leurs racines culturelles et nationales : Las Vegas Sands ne dissimule même pas son intention d’aller chercher des employés dans des pays à très bas salaires et sans protection sociale et de les transposer « tels quels » en plein milieu de l’Europe, des pions que l’on déplace sur un échiquier planétaire, et que l’on remplacera dès que les signes d’usure apparaîtront ;

● création d’une zone de « non-droit », ou plutôt d’une zone placée sous la quasi-juridiction d’une TGE. Nous y voyons là l’indicateur d’une évolution dont nous avons tracé les contours dans Après le capitalisme : la primauté de la force : des entreprises privées prennent de facto le contrôle par la force d’une zone géographique. Nous n’en sommes plus très loin : la présence de la milice privée qui assurera demain l’ordre dans la zone des casinos sera la confirmation, s’il en était besoin, de la confiscation des prérogatives publiques qui est en train de s’opérer en Espagne.

Il est de surcroît significatif que ce « déshabillage » de l’État-nation s’opère au profit d’une activité - le jeu - qui n’apporte aucune valeur ajoutée à la collectivité. Nous retrouvons ici - pardonnez les références multiples à cette période - une caractéristique de la chute de l’Empire romain : quand le système s’effondre, il faut bien occuper la plèbe et détourner son attention de la gravité de la situation, que ce soit en multipliant les jeux du cirque ou les bandits manchots.

On aurait pu à la rigueur comprendre que des avantages du type de ceux exigés par Las Vegas Sands soient accordés pour bâtir une Silicon Valley européenne qui aurait eu pour objectif d’attirer chercheurs et entreprises high tech du monde entier. Mais il ne s’agit ici que de recréer un ersatz de Circus maximus, un monde d’illusions et d’oubli de la réalité.

Le précédent espagnol pourrait bien faire des émules : selon nous, le jour n’est pas très éloigné où, sur le territoire d’un État membre de l’Union européenne, on installera une « zone franche » où des entreprises de type Foxconn implanteront leurs usines dans le cadre d’un contrat qui se résumera à : « nous ne payons pas d’impôts, nous faisons la loi et nous maintenons l’ordre selon nos critères à l’intérieur de la zone, remerciez-nous de proposer un peu de travail à vos nationaux, mais à nos conditions »... celles du contrat de servage du XXIe siècle.

22 mars 2012

Sur le web :

El Païs : Leyes a medida para la capital del juego (liste des exigences)

El Païs : El Gobierno acepta estudiar la lista de exigencias para construir Eurovegas


Publication La Lettre du Lundi

Illustration : Sheldon Adelson

 

Source : ContreInfo :: EuroVegas, future zone de non droit          

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7 avril 2012 6 07 /04 /avril /2012 11:59

 

Quand seuls comptent les profits immédiats de quelques-uns... et apès nous les mouches, et pleins de mouches si leurs prédateurs disparaissent les uns après les autres.

Et si je n'en ai pas fini de vous bassiner avec mon écosophie idiosyncrasique, c'est que je crois que la pensée de chacun doit aussi se construire dans la dialectique du singulier et du pluriel, ceci pour le caractère idio- de ma pensée. Quand au logos, c'est une grosse pute en somme, qui dit tout et n'importe quoi selon les choix des axiomes qui le déterminent. Toute logique découle du choix de ces axiomes, celle de nos manières d'habiter la planète comme les autres, et les bons choix ne peuvent se faire sans recours à la sagesse. Notre choix aujourd'hui doit se faire entre des logiques technocratiques immuables dans leur objectivité et qui nous garantissent de foncer droit dans le mur ou ce choix de sagesse, toujours subjective, toujours habitée de doute, ce qui nous évite aussi de persister dans nos erreurs et donnent une petite chance à l'humanité de se remettre de toutes celles commises par les outrecuidances d'une pensée mécanniste qui propage son oeuvre de destruction entropique depuis des siècles. Anthropie, consciente de ses limites, contre entropie comme accélération infinie de la destruction des ressources d'un monde fini. Et c'est vraiment cet affrontement que subissent aujourd'hui les agriculteurs respectueux de la terre, en but à ceux qui découlent d'une écologie dont les axiomes fondateurs restent de l'ordre d'une société de Profit qui sera toujours irréductiblement antithétique d'une société de respect, une valeu qui ne se comptabilise en termes quantitatifs que dans le long terme et pour le bien de chacun et de tous.

 

L’oligarchie agricole

 

Hervé Kempf - 2 avril 2012

 


« Les grenouilles ou les libellules, ça commence à bien faire  ». Qui prononce cette phrase brillante d’intelligence ? Le président de Sofiproteol, un groupe agro-industriel pesant 6 milliards d’euros de chiffre d’affaire. L’entreprise, dirigée depuis 2000 par M. Beulin, prospère notamment grâce au « diester », un agrocarburant à base d’huile végétale et mélangé au gazole.

En ces temps de hausse des prix du carburant, rappelons que le diester, dont le bilan environnemental est négatif, est soutenu par un avantage fiscal qu’en janvier Cour des Comptes a évalué – en le dénonçant – à 1,8 milliards d’euros. Cette somme s’est en bonne partie retrouvée dans les poches de Sofiproteol. La société prospère aussi dans l’alimentation animale, produit l’huile Lesieur, et est associée à des sociétés biotechnologie (Hendrix Genetics) et de distribution de semences et de pesticides (InVivo). M. Beulin est donc parfaitement qualifié pour parler de libellules et de grenouilles.

En fait, indique l’Union internationale de la conservation de la nature, 14 % des espèces de libellules en Europe sont menacées d’extinction. Quant aux grenouilles, elles vivent une situation mondiale dramatique, et le dernier bulletin de la société scientifique des amphibiens, Froglog, s’ouvre par une liste impressionnante d’espèces disparues.

Mais M. Beulin ne s’exprimait, le 23 mars, à Aicirits (Pyrénées-Atlantiques) en tant que président de Sofiproteol, mais comme président de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) : car M. Beulin est agriculteur ! Avec son frère et deux cousins, il possède une exploitation de 500 ha dans le Loiret. Et s’il veut qu’on en finisse avec les libellules et les grenouilles, c’est parce qu’il s’agit de s’affranchir des règles environnementales qui freinent le développement de centaines de retenues d’eau dans le sud-ouest de la France.

Pourquoi des retenues ? Parce qu’avec le changement climatique, les sécheresses sont plus fréquentes. Or, la culture industrielle du maïs est irriguée, donc requiert beaucoup d’eau. Changer ce modèle agricole, qui profite essentiellement à de riches céréaliers, pendant que le reste de la population paysanne s’asphyxie lentement ? Pas question. On exige ces retenues d’eau – financées à plus de 70 % par la collectivité… En fait, une minorité détruit l’environnement et profite des finances communes. Eh bien, l’oligarchie agricole, ça commence à bien faire !


 

Source : Cet article a été publié dans Le Monde daté du 1 avril 2012.

Lire aussi : Quand un syndicat agricole conseillait aux Etats-Unis de boycotter l’agriculture française

 

Source : Reporterre.net - L’oligarchie agricole

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31 mars 2012 6 31 /03 /mars /2012 15:39

 

Une dette peut être considérée «odieuse» si elle a été contractée par un gouvernement sans que le peuple y ait consenti, si ce dernier n'en a pas bénéficié et si le prêteur savait ou aurait dû savoir ce qui précède.

 

 

 

La dette odieuse de l'Afrique

Sylvie Perras

 


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Un économiste fait le lien entre les prêts étrangers et la fuite des capitaux. L’un des cas les plus illustres de cette forfaiture reste le régime de Mobutu au Zaïre. Ainsi, dès 1982, le FMI savait que les comptes personnels de ce dernier et la Banque centrale de ce pays fonctionnaient comme des vases communiquants. La complicité a continué à régner pendant longtemps, organisant ainsi la ruine de ce pays.

Léonce Ndikumana s'emploie à dissiper deux «mythes», à savoir que l'Afrique coûterait cher aux pays développés, et que la corruption ferait partie de son ADN.

En épluchant les données officielles, cet économiste de l'Université du Massachusetts à Amherst a calculé que des capitaux totalisant 735 milliards ont fui ce continent entre 1970 et 2008 (944 milliards en comptant les intérêts), soit plus que l'aide au développement consentie à cette région pendant la même période.

Le cas du Zaïre (l'actuelle République démocratique du Congo) sous le dictateur Mobutu Sese Seko est particulièrement éloquent. Pendant la période susmentionnée, 30 milliards sont «partis dans la nature», se transformant, entre autres, en villas sur la Côte d'Azur, a précisé M. Ndikumana lors d'une conférence à l'Université de Montréal.

Des comptes privés

La question est de savoir: «Qui doit à qui?», s'est demandé l'ancien haut fonctionnaire de la Banque africaine de développement. Alors que les dettes souveraines sont par définition publiques, les capitaux qui ont fui se retrouvent dans des comptes privés, très souvent dans les banques des pays prêteurs, a-t-il expliqué. Puisque ces actifs africains qui dorment à l'étranger dépassent les dettes du continent, M. Ndikumana conclut que ce dernier est en réalité un créancier net de l'Occident, même si les populations y sont officiellement criblées de dettes.

L'an dernier, Léonce Ndikumana a écrit avec son collègue James Boyce un ouvrage intitulé « Africa's Odious Debts ». L'économiste a repris une définition formulée en 1927 par le juriste Alexandre Sack : une dette peut être considérée «odieuse» si elle a été contractée par un gouvernement sans que le peuple y ait consenti, si ce dernier n'en a pas bénéficié et si le prêteur savait ou aurait dû savoir ce qui précède.

La fuite des capitaux prend la forme, soit de détournements purs et simples, soit de manipulations des transactions internationales, notamment des chiffres d'exportation. M. Ndikumana a noté que les pays les plus touchés par le phénomène sont justement ceux qui exportent leurs abondantes ressources minières ou pétrolières.

DES PRIMES AUX PRETS

Le professeur d'économie a rappelé qu'en 1982 le FMI savait parfaitement que la Banque centrale du Zaïre et les comptes de Mobutu étaient des vases communicants. Pourquoi les prêts continuent-ils d'affluer vers les pays où se font des transactions illicites ? Léonce Ndikumana répond que les officiers de crédits des banques reçoivent des primes en fonction du volume des prêts, tandis que les gouvernements des pays riches prêtent ou donnent de l'argent pour ouvrir des marchés pour leurs entreprises, tout en indemnisant leurs banques quand elles déclarent des mauvaises créances.

Les dirigeants et les fonctionnaires corrompus des pays emprunteurs reçoivent pour leur part des ristournes, quand ils n'empochent pas tout simplement l'argent qui aurait dû servir à des projets qui ne voient jamais le jour. «Mobutu avait au moins raison sur une chose: il y a toujours un corrupteur et un corrompu», a jugé Léonce Ndikumana.

«La dette odieuse est un problème de développement, pas seulement un problème financier», a ajouté ce dernier, précisant que le fardeau de la dette empêche les États de combattre efficacement la mortalité infantile et d'offrir aux citoyens les services de base. Pour le professeur d'économie, il faut répudier les «dettes odieuses» et exiger plus de transparence en matière de prêts aux pays en développement.


CE TEXTE VOUS A ETE PROPOSE PAR PAMBAZUKA NEWS




* Sylvie Perras est Agente de programme à Forum Afrique Canada

Source : Pambazuka - La dette odieuse de l'Afrique

 

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19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 03:49

 


Michel Cicurel, de la Compagnie Rotschild : "l’impôt sur les hyper-riches conduit à l’Union soviétique"

 

Au club Le Siècle, la taxation d’un revenu des hyper-riches au-delà d’un montant de 500 000 euros fait trembler. Pour Michel Cicurel, président de la Compagnie financière Edmond de Rotschild, cela "conduit à l’Union soviétique", et de là, "au goulag".

Reporterre - 1er mars 2012

 


C’était le 26 janvier, à la sortie du club Le Siècle, où se réunissent nombre de représentants de la branche française de l’oligarchie. Reporterre a conversé avec Michel Cicurel.

Michel Cicurel, haut fonctionnaire tombé depuis longtemps dans la banque, est actuellement, selon Wikipedia, président du directoire de la Compagnie financière Edmond de Rotschild. D’abord très aimable, il se laisse prendre en photo de bonne humeur. Au Siècle, plaisante-t-il, "on est tous rois".

On parle ensuite de banques. On apprend notamment que la Banque centrale européenne a prêté de l’argent aux banques, qui l’ont reprêté à la Banque centrale européenne ! Ouaahooo, c’est de la gestion, coco ! Il s’agit d’assurer "un coussin de liquidités" aux banques.

 

Mais le meilleur morceau vient quand on parle du sujet qui fâche : l’argent. Voici l’échange (sur l’enregistrement, cela commence à la 339e seconde) :

"Reporterre - Qu’est-ce que vous pensez du revenu maximum admissible, c’est-à-dire l’idée qu’on imposerait toutes les sommes, les revenus qui dépasseraient - il faut discuter - 300.000 euros, 500.000 euros, par an ?

. Michel Cicurel - Beaucoup, beaucoup de mal. Parce que la réglementation excessive, ça conduit à l’Union soviétique, où il n’y a plus que des hyper-riches et des pauvres qu’on ne peut plus rémunérer. Et moi, je suis contre l’économie soviétique, je suis pour une économie de liberté, et je pense qu’il ne faut pas d’abus. Mais ce n’est pas en pompant ou en réglementant les prix, les riches, les banques, et en nationalisant tout, qu’on se retrouve dans une merde noire comme l’ont démontré toutes les économies administrées (sic).

. Parce qu’en ce moment, on n’est pas dans une merde noire ?

. On est dans une merde moins noire que ne l’a été l’Union soviétique il y a quelques années. Je n’ai pas envie de devenir l’Union soviétique, et je préfère être dans une merde noire sans le goulag. Voilà. Donc je ne veux pas le goulag, je ne veux pas l’Union soviétique, et je veux une économie de liberté.

. Mais en 1932, c’était la merde noire aux Etats-Unis, et puis Roosevelt est arrivé et a fait une politique contre les banques et en taxant les très riches. Et pourtant, ça n’a pas été le goulag, au contraire, les Etats-Unis ont défendu la liberté pendant ces années-là.

. Le contrôle aux Etats-Unis et le contrôle en France, ce n’est pas pareil, on ne part pas exactement du même point. Mais on peut peut-être s’arrêter là.

. Ben non, c’est intéressant, mais je ne veux pas vous retenir. Vous attendez votre voiture ?

. Non, elle est là.

. C’est quoi, comme voiture ?

. C’est une belle voiture.

. Alors c’est une Audi.

. C’est une Audi A 6.

. Vous-même, vous gagnez combien, puisqu’on parle de revenu maximum admissible ?

. Et vous, vous gagnez combien ?

. Moi je gagne 3.700 euros nets.

. Je gagne plus que vous.

. Et combien ?

. L’entretien est terminé.

. Bon, vous ne voulez pas me dire combien vous gagnez.

. Non, je ne vous le dirai pas.

. Mais vous vous sentez concerné par le revenu maximum admissible ?

. Je me sens concerné par un revenu maximum admissible, et je trouve qu’il serait inadmissible de me le coiffer, parce que si on commençait à me faire ça, j’irai bosser ailleurs.

. Vous iriez bosser où, alors ?

. Je ne sais pas. Pas là où il est coiffé.

. Aux Maldives, à Guernesey ?

. Bon écoutez, on arrête.

. Bon d’accord.

. Parce que ça devient un peu desagréable.

. D’accord, et bien, bonne soirée, Monsieur Cicurel."


 

Source : Reporterre. Reporterre.net - Michel Cicurel, de la Compagnie Rotschild : "l’impôt sur les hyper-riches conduit à l’Union soviétique"

Lire aussi : Le Siècle est toujours vivant.

Et un  article plus intéressant que ne le laisse supposer son titre : Nathalie Kosciusko-Morizet festoie avec l’oligarchie du Siècle

Mais encore : Affaire DSK : la police empêchée d’interroger les complices du Siècle

 

Consulter par ailleurs : DOSSIER - Le revenu maximal admissible (RMA) : pourquoi ? comment ?

 

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15 mars 2012 4 15 /03 /mars /2012 19:36

 

« La mesure du coût de la pollution altérant la santé dépend des gains prévus de l'augmentation de la morbidité et de la mortalité… De ce point de vue une quantité donnée de pollution affectant la santé doit être faite dans le pays ayant les coûts les plus faibles, qui sera le pays dont les salaires sont les plus bas. Je pense que la logique économique derrière le déchargement de déchets toxiques dans le pays aux salaires les plus bas est irréprochable et nous devons la regarder en face. »

Larry Summer

 

Ex président du FMI et conseiller économique d'Obama dès la première heure

 

 

Le village de Kirène, symbole du cynisme des multinationales

Par Dorothée Thiénot  

Dans le village de Kirène, au Sénégal, plus de 10 000 bouteilles d’eau minérale sont produites chaque heure par l’usine locale. 30 tonnes de haricots verts sont récoltées chaque jour sur les terres maraichères environnantes. Mais les habitants n’en voient pas la couleur : ils ne disposent pas de l’eau courante, les haricots partent pour l’Europe, et les jeunes subissent le chômage. Une étrange vision du « Sénégal qui gagne ». Reportage.

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À Kirène, en pays sérère, à une soixantaine de kilomètres de Dakar, l’eau coule à flots. La marque Kirène, qui arrose le Sénégal d’eau en bouteilles, y a bâti son usine en 2001 [1]. 10 800 bouteilles à l’heure sont produites ici. À quelques kilomètres, la multinationale néerlandaise Van Oers cultive plus de 300 hectares de haricots verts destinés à l’exportation. Ses champs verts contrastent avec le sol pelé de la région. Non loin, la Cimenterie du Sahel et le nouvel aéroport en chantier Blaise-Diagne viennent s’ajouter à cette zone ensablée, consacrée « zone d’excellence économique » par le Président Wade.

Mais Kirène, le village, a soif. Les 4 800 habitants qui habitent la zone n’ont aucun accès à l’eau potable, en dépit des promesses des entreprises et de l’État. Ironie du sort, dans une région dont la principale industrie alimente 80 % du marché national de l’eau en bouteilles. Les forages ne manquent pas : ils sont au nombre de cinq, mais destinés aux entreprises. Un sixième, destiné à la population, est en panne depuis plusieurs mois, sans que le gouvernement n’ait encore réagi. Enfin, le forage en construction, supposé alimenter trois des sept hameaux qui composent Kirène, financé par l’usine du même nom et par Von Oers, n’a pas vu un ouvrier depuis plus de trois mois : la part de travaux restante, dont le financement revient à l’État, a bien été votée, mais les travaux ont cessé sans que personne n’obtienne la moindre explication. « L’État nous a abandonnés. Nous sommes dans une zone où le PDS (le Parti démocratique sénégalais, au pouvoir, ndlr) n’a jamais gagné en douze ans. On nous prend pour des moins que rien », soupire Abib Diouf.

Pas d’eau courante mais des camions-citernes

L’attente. C’est ce à quoi se résignent les habitants, qui ont cependant manifesté en décembre dernier pour obtenir eau et électricité, sans résultats. Attente au pied d’un arbre pour ce vieillard, pour le camion-citerne que la Cimenterie du Sahel consent à offrir aux habitants : « Aujourd’hui, les familles n’ont pas assez d’eau pour cuisiner. J’attends le camion. Il peut passer comme il peut ne pas passer… On attend parfois jusque 20 heures », soupire Issa Pouye, installé sur un siège en plastique à l’ombre de son arbre.

Ces camions-citernes sont offerts aux populations dans le cadre de la « Responsabilité sociale des entreprises ». Quand une entreprise s’implante, elle est supposée agir sur les emplois et investir dans les villages voisins. Dans le cas de la Cimenterie du Sahel, ses actions s’inscrivent dans le cadre de mesures de compensation fondées sur l’étude d’impact social et environnemental de l’entreprise. Les pathologies dues à la pollution générée par l’usine justifient, par exemple, la distribution de médicaments, selon le sociologue Djiby Diakhaté, qui considère les mesures prises par les entreprises locales comme « bien timides ».

Pillage des terres maraîchères

Attente devant l’usine Kirène pour cette dizaine d’hommes, dans l’espoir d’obtenir un poste comme journalier : « Nous sommes là depuis 7 heures ce matin. C’est notre routine, explique Omar Sene, 23 ans, qui vient quotidiennement faire le pied de grue. Parfois on arrive à travailler deux, trois jours dans la semaine. C’est toujours mieux qu’à Dakar. » Les journaliers sont payés 3 000 francs CFA (4,50 euros) les 8 heures de travail. Certains sont plus virulents : « On nous avait promis que les gens du coin auraient du travail ! Des accords ont été signés. On n’a rien vu, s’énerve Ousseynou Pouye, bachelier de 22 ans. On ne peut pas travailler, on ne peut pas boire, pas vivre. Mais ça va changer, on y croit. Et si Macky (Sall, candidat opposant du président sortant pour le second tour du 25 mars) ne fait rien pour nous, il dégagera, comme Wade. »

« À défaut de ralentir son débit et de permettre ainsi aux populations de creuser quelques puits, l’usine Kirène devrait revoir sa politique de recrutement en accordant un quota aux jeunes de la zone, qui leur permettrait d’avoir quelques revenus », estime le sociologue Djiby Diakhaté. La localité a en effet totalement changé de visage, sans que les habitants n’en tirent vraiment de bénéfices. Van Oers produit 30 tonnes de haricots verts par jour, ramassés par les femmes des hameaux alentour pour 200 francs CFA (30 centimes d’euro) la caisse de haricots. Des emplois bien modestes au regard de ce que les habitants ont perdu : « Van Oers bénéficie d’un accord qui lui permet d’exploiter des champs autrefois cultivés par les habitants, pour leur propre compte, et cela sans limite de durée », explique Mataw Faye, conseiller rural.

Épuisement des ressources en eau

Mariam Sene ne travaille pas, elle élève ses huit enfants. La veille, avec les plus grands, elle a marché jusqu’au forage de Von Oers, à deux kilomètres de là. Elle montre ce qu’il reste de sa réserve d’eau pour la journée : la jarre est pratiquement vide. Kirène a un vieux puits encore en fonctionnement, à deux pas du forage laissé en friche : « On commence à puiser à 5 heures du matin. Parfois, l’après-midi, il n’y a plus rien. » Enfants, jeunes, femmes se succèdent et remplissent seaux, bassines, boîtes de conserve. « Je pense qu’après les élections, les travaux vont reprendre… », espère l’un d’eux.

« La vérité, c’est que l’usine a pompé pratiquement toute l’eau de la localité. En pays sérère, l’eau est considérée comme une propriété divine. Les populations utilisent des techniques traditionnelles de forage. Les puits n’étaient pas construits n’importe où, n’importe comment », explique Djiby Diakhaté. Pour le sociologue, les compensations mises en œuvre par les différentes usines sont bien maigres en comparaison de ce que la population a perdu. Contactée à plusieurs reprises, l’entreprise Kirène n’a répondu à aucune de nos sollicitations.

« Les ressources utilisées par Von Oers et Kirène créent de véritables déséquilibres sociaux, dans la mesure où leurs politiques de responsabilité sociale s’adresse en priorité à une élite : autorités coutumières, chefs de village, associations… » Les jeunes continuent d’attendre un éventuel job, les femmes marchent des kilomètres pour remplir leurs bassines. Pour Abib, une seule solution : la révolte. « Il y a des grèves qui changent tout. Si tous les travailleurs cessaient le travail dans ces industries pour réclamer de l’eau… », rêve Abib, qui a fait plusieurs séjours en prison après des actions menées pour améliorer les conditions de vie de sa communauté et forcer le gouvernement à tenir ses promesses. Il conclut, résolu : « Il faut que nous prenions notre destin en main. » À bout, les habitants de Kirène devraient bientôt se faire entendre.

Dorothée Thienot

Photo : Oxfam International

Notes

[1] Kirène distribue également la marque Candia au Sénégal.

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28 février 2012 2 28 /02 /février /2012 16:10

 

 

Capitalisme face au chômage
Ce qui est tout à fait vrai, 

" Nous vivons au sein d'un leurre magistral, d'un monde disparu que des politiques artificielles prétendent perpétuer. Nos concepts du travail et par là du chômage, autour desquels la politique se joue (ou prétend se jouer) n'ont plus de substance : des millions de vies sont ravagées, des destins sont anéantis par cet anachronisme. L'imposture générale continue d'imposer les systèmes d'une société périmée afin que passe inaperçue une nouvelle forme de civilisation qui déjà pointe, où seul un très faible pourcentage de la population terrestre trouvera des fonctions. L'extinction du travail passe pour une simple éclipse alors que, pour la première fois dans l'Histoire, l'ensemble des êtres humains est de moins en moins nécessaire au petit nombre qui façonne l'économie et détient le pouvoir. Nous découvrons qu'au-delà de l'exploitation des hommes, il y avait pire, et que, devant le fait de n'être plus même exploitable, la foule des hommes tenus pour superflus peut trembler, et chaque homme dans cette foule. De l'exploitation à l'exclusion, de l'exclusion à l'élimination... ? "
Rechercher un travail qui n'existe pas…

" On ne sait s'il est risible ou bien sinistre, lors d'une perpétuelle, indéracinable et croissante pénurie d'emplois, d'imposer à chacun des chômeurs décomptés par millions – et ce, chaque jour ouvrable de chaque semaine, chaque mois, chaque année – la recherche " effective et permanente " de ce travail qu'il n'y a pas. "
Les riches n'ont plus besoin des pauvres
" [...] La pente suivie est bien celle-là, néanmoins. Une quantité majeure d'êtres humains n'est déjà plus nécessaire au petit nombre qui, façonnant l'économie, détient le pouvoir. Des êtres humains en foules se retrouvent ainsi, selon les logiques régnantes, sans raison raisonnable de vivre en ce monde où pourtant ils sont advenus à la vie. "

"
 Qu'elle qu'eut  pu être l'histoire de la barbarie au cours des siècles, jusqu'ici l'ensemble des humains a toujours bénéficié d'une garantie : il était essentiel au fonctionnement de la planète comme à la production, à l'exploitation des instruments du profit dont il figurait une part. Autant d'éléments qui le préservaient.
Pour la première fois, la masse humaine n'est plus matériellement nécessaire [...] "
 
Source : Libr Ô Sphère
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1 février 2012 3 01 /02 /février /2012 00:23

 

Lettres au Devoir
mardi 31 janvier 2012



Monique Tremblay - Montréal - Ce mois-ci, le ministre conservateur des ressources naturelles, M. Oliver, a traité les Canadiens qui soutiennent financièrement les organismes luttant pour la protection de l’environnement, de « menaces » contre le Canada. Ces citoyens veulent protéger leur santé en protégeant l’environnement et en favorisant des politiques efficaces contre les gaz à effet de serre.

La semaine dernière, le premier ministre conservateur, Stephen Harper, à Davos devant les hommes les plus riches de la planète, ceux dont les intérêts privés dictent ses politiques, a parlé « d’une menace démographique contre le Canada », un euphémisme pour parler des Canadiens nés entre 1946 et 1960, qui atteindront l’âge de 65 ans d’ici 2025 et recevront une pension de vieillesse à compter de cet âge. Des millions d’entre eux sont les enfants des soldats et des officiers (comme mon père), qui sont sortis vivants de la Seconde Guerre mondiale. Parmi eux, quelques millions auront comme seul revenu la pension de vieillesse et le supplément de revenu garanti parce que les salaires qu’ils ont gagnés durant leur vie étaient trop bas, et que leurs employeurs ne cotisaient pas à un fond de retraite. Selon le premier ministre, nous sommes une menace contre le Canada en raison de notre date de naissance, des conditions de travail que nous avons supportées.

Puis dans deux mois, le ministre conservateur des Finances annoncera la mise au chômage de milliers de fonctionnaires. Son gouvernement abolira de ce fait, des emplois qui font vivre des familles et des communautés partout au Canada, pour financer des baisses d’impôt pour les grandes entreprises qui, elles, ferment leurs usines, leurs bureaux, leurs centres d’appels ici, au gré de la cupidité de leurs dirigeants et de leurs grands actionnaires.

Alors, je me demande, si M. Harper est le premier ministre du Canada, qui est le premier ministre des Canadiens réels, en chair et en os, ceux qui vivent ici au Canada, ces citoyens que son gouvernement ose qualifier de menaces contre le Canada ?

***

Monique Tremblay - Montréal, le 29 janvier 2012



Source
http://www.ledevoir.com/politique/canada/341414/lettres-un-pays-menace-par-s (...)
Un pays menacé par ses citoyens
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