1 septembre 2011 4 01 /09 /septembre /2011 15:28

 

 

 

jeudi 1er septembre 2011, par Primitivi

On comptabilise plus de 60 000 personnes disparues en Colombie dans les 60 dernières années.

Mardi, durant le jour de commémoration de la journée internationale des disparus, Vólmar Pérez défenseur du peuple neogranadino a indiqué qu’en Colombie au 26 août dernier on enregistrait 61 604 cas de personnes disparues depuis 1942 [1]. En seulement deux ans, de 2008 à 2010, on a enregistré 38 255 cas de disparition.

Pérez a précisé au quotidien colombien El Espectador que sur le total des disparus, 14 425 personnes sont des femmes et 47 177 des hommes. Suivant le Registre National des Disparus 16 655 personnes ont été victimes de disparition forcée. Et parmi ces dernières, 249 ont été retrouvées en vie tandis que 557 furent retrouvées mortes.

Dans un forum organisé par la Commission de Recherche des Personnes Disparues, Pérez a expliqué que ce délit "pouvait être accompagné de torture, violence sexuelle et homicide".

Dans le même temps, le Parquet colombien a indiqué que 3 473 agents [de police] sont suspectés de participations présumées à des violations des droits de l’homme, parmi lesquelles 1 598 homicides et exécutions extrajudiciaires.

Dans son article (traduit ci-après) le webzine kaosenlared publie l’affiche de l’événement avec une image en hommage à Sandra Viviana Cuellar, une environnementaliste disparue en février 2011 sur ordre de ceux qui convoitent les terres pour lesquelles elle luttait : des étendues désertiques, des terrains humides et des rivières mis en danger par l’exploitation multinationale et agro-industrielle. L’outil paramilitaire de l’État colombien et les multinationales assassine et fait disparaître tout ceux et celles qui s’élèvent contre eux pour une revendication sociale, écologique, économique ou politique. Cet outil paramilitaire travaille avec la force publique ; pour assassiner le peuple colombien et particulièrement les défenseurs des droits sociaux et des droits de l’homme, les environnementalistes, les syndicalistes, les étudiants, les professeurs. L’impunité est presque de 100%, la Colombie et l’un des pays où règne une des plus grande impunité du monde.

Les multinationales et les latifunsistes emploient l’outil paramilitaire pour faire taire les revendications contre la spoliation, le pillage et l’exploitation, ils emploient aussi cet outil pour perpétrer d’horribles massacres afin de provoquer des déplacements massifs de populations, et faire main basse sur les terres des communautés rurales. Avec plus de 5,2 millions de déplacés la Colombie est, avec le Soudan, le pays avec la plus grande part au monde de population déplacée de force à l’intérieur du territoire. Aujourd’hui 40% de la Colombie a été mis en concession par le gouvernement pour la méga-industrie minière multinationale, spécialement pour l’industrie minière d’extraction de l’or qui contamine aussi irrémédiablement l’eau.

Le régime colombien arbore aussi 3 terribles "records" qui donnent la mesure de la répression exercée contre sa propre population :

- 60% des syndicalistes assassinés dans le monde le sont en Colombie par les paramilitaire des multinationales et du gouvernement, qui agit dans cette extermination avec le consentement et même la coordination de la force publique.

- il y a 7 500 détenus politiques, parmi lesquels 7 000 sont des civils emprisonnés avec des montages judiciaires grossiers.

- le crime d’État des disparitions forcées perpétré par la "démocratie" colombienne dépasse les terribles chiffres des victimes des dictatures du Cône Sud.

Sources : Prensa Rural et Kaosenlared
Traduction : Primitivi

Notes

[1] L’ONU n’en reconnaît "que" 57 200.

 


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25 août 2011 4 25 /08 /août /2011 08:06

 

 

SANTIAGO - Chili: heurts au 1er jour d'une grève nationale sur fond de contestation sociale

Créé le 24/08/2011 à 20h02 -- Mis à jour le 25/08/2011 à 07h53

SANTIAGO - Au moins 36 personnes ont été blessées et 348 arrêtées mercredi au Chili lors de heurts au premier jour d'une grève nationale de 48 heures partiellement suivie, symptôme d'une contestation sociale soutenue, dans le sillage de trois mois de protestations étudiantes.

Une grande manifestation jeudi devait ponctuer la double journée d'action à l'appel de plusieurs syndicats dont la CUT, première centrale du pays (10% des actifs), pour réclamer une meilleure répartition des fruits de la croissance au travers d'une série de mesures sur l'impôt, le code du travail et l'éducation.

 

Lire la suite : SANTIAGO - Chili: heurts au 1er jour d'une grève nationale sur fond de contestation sociale - 20minutes.fr

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24 août 2011 3 24 /08 /août /2011 20:42
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17 août 2011 3 17 /08 /août /2011 09:35

 

 

 

Comme en Equateur, en Bolivie et au Venezuela, il y a un mouvement pour réorganiser le pays.

Le Chili est rentré dans le mouvement mondial de la jeunesse qui est en train de transformer le monde petit à petit —le printemps arabe, les sit-in et les manifestations sur les places espagnoles, et la rébellion des jeunes de Londres.
Les semaines de manifestations et de grèves des étudiants chiliens ont commencé le 9 août, quand environ 100 000 personnes sont descendues dans les rues de Santiago. Rejointes par des professeurs et des éducateurs elles ont réclamé l’éducation gratuite pour tous, de l’école primaire à l’université.



Dans les confrontations violentes qui ont opposé les groupes de jeunes à la police, des gaz lacrymogènes ont été tirés sur les foules et 273 personnes ont été arrêtées. Le soir, dans Santiago, la capitale du pays qui compte 6 millions d’habitants, l’air frais d’hiver a résonné du bruit assourdissant des pots et des casseroles qu’on frappait en soutien aux étudiants.

Pendant la dictature de 17 ans de Augusto Pinochet, la plus grande partie du système d’éducation du Chili a été privatisé et même après qu’il ait quitté le pouvoir en 1990, l’éducation privée a continué de prévaloir. Aujourd’hui 70% des étudiants universitaires sont dans des institutions privées. L’éducation privée est inscrite dans la constitution rédigée sous le règne de Pinochet et les entrepreneurs éducatifs en ont tiré grand profit.

Camila Vallejo, la présidente élue de la Fédération des étudiants de l’université chilienne et une des principales dirigeantes de la protestation nationale a déclaré : "Nous avons besoin d’une éducation de qualité pour tous. C’est un droit. Les enfants de la société chilienne ne peuvent pas progresser sans cela."

20 étudiants de secondaire font actuellement la grève de la faim et sont prêts à renoncer à une année d’études académiques et même à mourir pour leur cause.
Alina Gonzales, qui participe à la grève des écoles secondaires qu’on appelle NAM a dit : "Nous ferons le necessaire pour changer ce système et nos vies."

Les étudiants font partie d’un mouvement plus large qui lutte pour la transformation du Chili. Ces derniers mois, les ouvriers d’une mine de cuivre se sont mis en grève, des mobilisations massives ont eu lieu pour arrêter la construction d’un énorme complexe de digues et de projets énergétiques dans la région Bio Bio du Chili du sud, des militants pour les droits des homosexuels et des femmes ont marché dans les rues et le peuple indigène Mapuche continue à réclamer la restitution de sa terre ancestrale.

Confrontés à l’intransigeance du gouvernement conservateur du multi milliardaire, le président Sebastian Pinera, le mouvement réclame un plébiscite* national. Camila Vallejo, qui est aussi membre de l’organisation des jeunes communistes a dit : "Si le gouvernement n’est pas capable de nous répondre, il nous faudra exiger une solution qui n’est pas prévue par les institutions : l’organisation d’un plébiscite pour que les citoyens puissent décider de l’avenir éducatif de leur pays."

42 organisations sociales regroupées sous la bannière "Démocratie pour le Chili" se sont ralliées au mouvement étudiant. Leur manifeste proclame : "Le système économique, social et politique vit une crise profonde qui a contraint les communautés à se mobiliser... Un mouvement historique sans précédent des citoyens remet en question les bases de l’ordre économique et politique qui nous ont été imposées en 1980" par la constitution de Pinochet.

Reprenant l’appel des étudiants pour un référendum*, le manifeste ajoute qu’il devrait être "multi-thématique" et permettre aux électeurs de décider de la convocation d’une assemblée constituante qui aurait le pouvoir de rédiger une nouvelle constitution.

Ces dernières années, on a vu grandir la demande d’en finir avec l’ordre néo-libéral et le système politique correspondant qui concentre les pouvoirs dans les mains d’une élite politique. Comme en Equateur, en Bolivie et au Venezuela, il y a un mouvement pour réorganiser le pays en le dotant d’une constitution qui permette une participation populaire à tous les échelons du gouvernement. Les droits fondamentaux y seraient reconnus, y compris le droit à une éducation gratuite, aux soins médicaux, à la culture et le droit de choisir son orientation sexuelle.

Le président Pinera a refusé d’organiser un plébiscite. Son taux de popularité est maintenant tombé à 26%. Le jour qui a suivi la manifestation de masse il a signé une loi symbolique appelant à une "éducation de qualité". Il a critique les supporters d’une éducation universelle gratuite en arguant du fait que cela profiterait aux plus privilégiés car "les pauvres devraient payer des taxes qui bénéficieraient aux plus fortunés" qui vont à l’université.

Le Chili est à un carrefour. Pendant les 20 années qui ont suivi la chute de la dictature, beaucoup de Chiliens ont succombé au consumérisme car les centres commerciaux et les cartes de crédit ont proliféré grâce au "miracle économique chilien" qui enregistrait une croissance de 6% par an. Mais beaucoup de Chiliens veulent une société qui a plus de sens. Ils se souviennent de la tradition chilienne du socialisme démocratique à laquelle a mis fin le renversement du président Salvador Allende le 11 septembre 1973.

De nouvelles mobilisations sont prévues pendant la semaine prochaine, dont une journée de grève. On a appelé à des manifestations similaires dans d’autres pays d’Amérique Latine aussi.

Roger Burbach

Roger Burbach est le directeur du Center for the Study of the Americas (CENSA).

Pour consulter l’original : http://www.counterpunch.org/burbach08152011.html

Traduction : Dominique Muselet pour LGS

Note :

*Plébiscite et référendum : Les deux permettent au peuple de s’exprimer sans intermédiaires. Mais, tandis que le premier porte sur un texte, le second traduit la confiance accordée à un homme. Ici il semble que l’auteur les emploie indifféremment.

URL de cet article 14397
http://www.legrandsoir.info/les-etudiants-chiliens-descendent-dans-la-rue-counterpunch.html

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16 août 2011 2 16 /08 /août /2011 19:44

 

 

Jean-Pierre Petit-Gras

dimanche 14 août 2011.

 

Depuis Uruapan, la route de Zamora traverse les vastes étendues verdoyantes (le maïs est déjà haut) du plateau p’urépecha, d’où émergent de nombreux volcans assoupis, couverts de forêts touffues. Après une quarantaine de kilomètres, on passe Paracho, renommée pour ses guitares (les P’urépecha travaillent le bois et sont d’excellents musiciens). Une quinzaine de kilomètres encore. et l’on arrive à Cherán.

Pour entrer dans la communauté (un gros bourg de vingt mille habitants, aux rues naguère pavées, et où la modernisation a laissé tomber la plupart des superbes trojes, ces robustes maisons de pin, aux toits de tejamanil [1]), il faut montrer patte blanche. Dire qui l’on est, et ce que l’on vient faire à Cherán.

Tous les accès sont barrés par d’énormes pierres, des troncs d’arbres, des pneumatiques et des barrières levantes, et gardés jour et nuit par des hommes et des femmes masqués de passe-montagne ou de paliacate. Sur une centaine de mètres, on doit rouler au pas, et franchir plusieurs chicanes.

Le Mexique est en guerre. Difficile de l’oublier : à Uruapan, un grand hôtel du centre est plein à craquer de fédéraux, et la ville est constamment sillonnée par des camions pleins de soldats ou de policiers, eux aussi masqués, qui pointent sur les passants fusils d’assaut et mitrailleuses lourdes.

Mais ici, à Cherán, la notion de territoire indigène n’est pas une vaine rhétorique publicitaire. L’atmosphère y est tout autre. Aucune arme, aucune menace en vue. Il règne au contraire une animation tranquille, et plus on approche de la place centrale, plus on peut voir les boutiques largement ouvertes, les gens sur le pas de leur porte, les enfants faisant des acrobaties sur leurs vélos.

Face au Palacio Municipal, rebaptisé Casa Comunal par l’assemblée générale, plusieurs personnes dégustent un pozole [2] bien piquant, d’autres boivent un atole de grano [3]. De nouveau, le contraste avec le climat qui pourrit le reste du pays revient à l’esprit. Pas un seul uniforme en vue, et cela a quelque chose de rassurant [4].

Casa Comunal

La Casa Comunal bouillonne d’activité. Sans cesse, des gens de tous âges (avec notamment la présence de nombreux anciens, auxquels on manifeste un respect évident) entrent et sortent, seuls ou en groupe. Une bande de jeunes bavardent dans le hall. Ils viennent participer à l’atelier radio. Après un essai d’une heure l’autre samedi, Radio Fogata est en effet sur le point d’émettre en continu. "Ils reste pas mal de détails à régler", dit l’un d’eux. Parmi ces "détails", une décision à prendre à propos de l’offre faite par une institution officielle, la Commission nationale pour le développement des peuples indigènes (CDI), de financer l’achat d’un gros émetteur. Cette offre sera finalement rejetée. "Le gouvernement soutient les assassins qui viennent nous dépouiller, on ne peut pas accepter sa participation à nos projets."

La plupart des salles sont ouvertes, et l’on peut voir à l’intérieur des groupes qui discutent : les commissions nommées par l’assemblée, et qui sont chargées de gérer les questions quotidiennes, voirie, santé, conflits divers, approvisionnement, circulation, sécurité, etc., en application des décisions prises par la communauté. Laquelle réunit tous les dimanches, sur la place centrale, pratiquement toute la population. Mêmes les enfants sont invités à y participer.

Parmi les premiers acuerdos (décisions) pris lors de ces assemblées, on trouve, à côté de la nomination des commissions (dont les membres sont révocables), l’expulsion du presidente municipal, maire élu [5], jugé incapable de répondre aux nombreuses demandes de la population. Celle-ci assistait, depuis des mois, à la destruction de la forêt communale. Une forêt entretenue depuis des siècles par une population qui, en même temps qu’elle la respecte et la vénère, en tirent une grande partie de son autonomie alimentaire et économique : bois pour cuisiner, matières premières pour la construction et les meubles, résine enfin, qui est à la base d’un nombre impressionnant de produits. "De plus, explique une femme, la forêt ce sont aussi les sources. Si on la détruit, ce sera la sécheresse."

Chaque jour, 200 à 250 camions [6] traversaient le bourg, chargés à ras bord de bois coupé à la tronçonneuse. Les bûcherons étaient protégés par des hommes cagoulés, équipés d’armes de guerre. Ni la police municipale, ni celle du Michoacán, ni les forces fédérales ne sont intervenues, malgré les demandes répétées de la population. Les quelques comuneros qui ont tenté de s’opposer ont été brutalisés et menacés de mort. Le 7 février dernier, Jesús Fernández Cervantes, défenseur actif de la communauté, est enlevé. On est sans nouvelle de lui depuis cette date. Cette situation a perduré jusqu’au moment où en mai 2011 un groupe d’habitants, essentiellement des femmes et des enfants, ont bloqué les routes descendant de la montagne, afin de mettre un terme au saccage. Les bûcherons (une partie d’entre eux sont des habitants d’une localité proche de Paracho, sur la route nationale, Capacuaro), et surtout les tueurs, ont violemment réagi. Ils ont d’abord tenté d’écraser un enfant avec leur camionnette. Puis, les pierres commençant à voler, ils n’ont pas hésité à tirer, avec leurs armes de gros calibre. Un jeune de vingt-quatre ans, qui sortait la tête par la fenêtre, est depuis cette époque entre la vie et la mort à l’hôpital de Morelia, la capitale du Michoacán. Les femmes ont brûlé cinq ou six camionnettes, et mis en fuite les tueurs. "Ils ont menacé une voisine, et lui ont dit qu’elle était sur leur liste. Je leur ai dit de me mettre en numéro un sur cette foutue liste. Qu’au moins je meure pour quelque chose. Je vais pas attendre en tout cas qu’il ne reste qu’un arbre dans la forêt pour m’y pendre..." raconte l’une d’entre elles. Ces événements ont précipité la prise de conscience des gens de Cherán. Ce sera eux, ou nous.

Le maire et ses adjoints ont été expulsés des locaux, ainsi que les membres de la police municipale.

Parmi les autres décisions prises lors des assemblées dominicales, notons l’interdiction à toute personne, y compris la police fédérale ou régionale, de pénétrer dans le village sans autorisation de la commission de sécurité, l’interdiction de toute propagande des partis politiques, l’interdiction de la vente et de la consommation d’alcool...

Dans l’une des salles de la Casa Comunal, une trentaine de personnes sont réunies, assises sur des bancs disposés le long des murs. Tout le monde se voit de face. Il s’agit de la comisión de honor y justicia, institution de l’autonomie p’urépecha, qui fait office de tribunal communautaire. Ceux qui en font partie (ils ont été nommés par l’assemblée générale), autant que les plaignants ou les mis en cause, s’appuient sur les us et coutumes, sur les principes du droit indigène. Comme au Chiapas ou au Guerrero, comme partout où nous avons eu l’occasion d’observer le fonctionnement de cette justice, on retrouve une constante : les principes de la réparation et la réconciliation sont le souci principal. Et cette justice est gratuite.

La nuit tombée, les dizaines de fogatas (il y en a actuellement environ 180, selon les membres de la commission de sécurité) abandonnées pendant la journée reprennent vie. Autour d’un foyer à même le sol, sur lequel sont disposés marmites de frijoles et comales pour les tortillas, hommes, femmes et enfants se préparent pour une longue veillée, bien à l’abri sous un toit de tôle ou de bâche. On partage café et gâteaux de maïs avec les visiteurs. Les conversations, la musique et les chants parfois, vont bon train. "La communauté était en train de disparaître, on ne se parlait plus comme avant. Les enfants et les adolescents restaient des heures devant les écrans d’ordinateur. Aucun d’entre eux ne sait plus jouer avec une toupie en bois. Encore moins les fabriquer. Les femmes passaient l’après-midi à regarder des feuilletons, chacun chez soi. Et les hommes, beaucoup d’entre eux tuaient le temps à coups de bouteilles de bière..." Une autre femme témoigne : "On n’écoutait plus les anciens, ils restaient entre eux, ou seuls chez eux. Maintenant on se retrouve. Le plus triste, c’est qu’autrefois tout le monde comprenait et parlait p’urépecha. C’était la langue pour raconter les histoires, le passé, pour parler des champs, des animaux, des plantes de la forêt, mais aussi des valeurs qui était les nôtres... On a bien failli perdre tout ça." "C’est vrai, renchérit un maestro, on va avoir du travail pour retrouver notre culture. Il faut que l’on se préoccupe sérieusement d’enseigner notre langue. Il y a même des gens qui ont honte d’être p’urépecha... Il ne disent pas qu’ils sont de Cherán. Avant, les gens ne partaient pas comme ça, aussi nombreux, pour l’émigration. Bientôt, on n’aura plus rien ici, ni forêt, ni habitants."

Autour d’une autre fogata, les paroles sont plus pessimistes encore. "Il y a des individus qui rôdent pour informer les templarios, ils vont nous tomber dessus au moment où on ne s’y attendra pas." Ou bien "Qu’est-ce qu’attendent les autres communautés, ici au Michoacán, partout dans le pays, pour faire comme nous ? Les problèmes sont les mêmes. Partout on met des mines à ciel ouvert, on détruit les forêts et les montagnes... Nous, tout seuls, on ne tiendra pas bien longtemps."

Dernier sujet d’alarme, les membres des commissions, certes nommés et contrôlés par l’assemblée, mais les divisions, les manœuvres en sous-main sont toujours possibles. "On sait que le gouvernement fera tout pour nous casser."

Au début du mouvement, en effet, l’assemblée de Cherán a réclamé la présence de l’armée dans la forêt. "Puisque la police municipale et celle du Michoacán ne font rien [7], que l’armée vienne les remplacer. Pas dans la communauté, ici on se charge de la sécurité. Mais dans la montagne, nous on n’a pas les moyens, ni les armes ni la préparation des narcos [8]..." Le gouverneur du Michoacán, Leonel Godoy, a cité Cherán comme exemple. "Voyez, une communauté indigène qui lutte contre la violence, et qui demande l’appui de l’État." "Tout est arrangé maintenant, grâce à nous, affirme-t-il haut et fort. Hommes politiques et leaders de tous bords cherchent en effet à récupérer la révolte de Cherán. Et s’ils parviennent à corrompre certains de ses représentants, il est clair que les conséquences seront lourdes.

Pour quitter Cherán, en pleine nuit, il faut à nouveau la présence d’un membre de la commission de sécurité. Et franchir de nouvelles barricades et chicanes. Derrière de gros sacs de sable, ceux de la ronda [9] sont là, dans le noir, prêts à repousser des tueurs que les deux pick-up de la police fédérale garés à un kilomètre de là n’auraient même pas le temps de voir passer.

12 août 2011,
Jean-Pierre Petit-Gras

[1] Fines lamelles de bois, disposées comme des tuiles. Cette technique est précolombienne.

[2] Espèce de pot-au-feu, composé de maïs, pomme de terre, carotte, chayote, viande émincée, mais aussi de crudités : choux, radis, oignon, tomate, piment, coriandre et autres herbes aromatiques.

[3] Boisson épaisse, généralement sucrée, à base de maïs, qui se prépare de différentes façons. L’atole de gran est salé, et on y trouve des grains de maïs très tendre. D’autres atoles se font avec différentes céréales.

[4] D’autant plus que de très nombreux cas de "bavures", de meurtres et autres agressions perpétrées par des policiers ou des militaires se produisent tous les jours dans le pays.

[5] Le maire appartient, comme le gouverneur du Michoacán et la plupart des édiles de la région p’urépecha, au PRD.

[6] Chaque chargement est payé 1 000 pesos (environ 60 euros).

[7] À plusieurs reprises même, il semble que des policiers aient été désarmés par les tueurs. Certains d’entre eux sont venus se mettre sous la protection de la population.

[8] En effet, partout au Mexique, on trouve d’anciens militaires ou des policiers à la tête des commandos de tueurs à la solde du narco et d’autres entreprises.

[9] Les rondas et rondinas sont traditionnellement chargées de la sécurité des communautés p’urépecha. Elles ont été réactivées après l’expulsion de la police municipale.

 

Source : Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte

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16 août 2011 2 16 /08 /août /2011 18:39

 

 


Interview de Bernard Duterme (directeur du CETRI - Centre tricontinental, www.cetri.be)

Parmi les résistances actuelles au système mondial moribond, le cas des Zapatistes du Mexique est sans doute la plus proche de la mouvance libertaire. Dans leurs revendications tout d’abord, mais également et surtout dans leur fonctionnement, combinant démocratie directe et apprentissage sur le terrain. Bien que certains succès soient indéniables, la situation des insurgés du Chiapas illustre également les difficultés que peut rencontrer un mouvement populaire intransigeant, en particulier dans le contexte de mondialisation qui prévaut actuellement. Plus de 15 ans après leur soulèvement, il est utile de faire un bilan de la rébellion. Pour tirer des leçons mais également pour faire connaître leur combat, trop souvent oublié, même dans les milieux progressistes.

Pourriez-vous nous rappeler brièvement ce qu’est, ce qu’a été la rébellion zapatiste du Chiapas, ses origines et ses principales revendications ?

Le 1er janvier 1994, des milliers d’Indiens mayas, faiblement armés et le visage souvent recouvert d’un passe-montagne, se sont emparés de quatre localités importantes de l’État du Chiapas, dans le sud du Mexique, à la frontière avec le Guatemala. Les insurgés se sont fait appeler « zapatistes », du nom d’Emiliano Zapata, l’une des grandes figures de la Révolution mexicaine du début du 20e siècle. Leurs revendications ? La justice, le respect et la dignité ; la fin de 500 ans de discrimination culturelle, économique et politique à l’égard des indigènes mexicains ; mais aussi, la démocratisation du Mexique et la lutte pour une autre mondialisation. Les communiqués du porte-parole de la rébellion, le « sous-commandant » Marcos – l’un des rares membres non indigènes de la rébellion –, ont bien vite fait le tour du monde. Universitaire urbain, Marcos a émigré au Chiapas dix ans plus tôt, en 1984, avec la ferme intention, à la mode de Che Guevara, d’y « allumer » la révolution. Lui et ses camarades ne seront toutefois pas les seuls à « travailler » aux côtés des Mayas tzotziles, tzeltales, tojolabales, choles de la région. Les animateurs sociaux de l’Eglise catholique de l’évêque de San Cristobal de Las Casas, Samuel Ruiz (décédé cet hiver 2011), sont aussi à l’œuvre dans les villages indigènes, depuis de nombreuses années. Forts de ces influences multiples mais contrecarrés dans leurs projets d’émancipation par l’autoritarisme de l’élite locale et par les conséquences de la libéralisation du système économique mexicain, la chute du prix du café, la réforme constitutionnelle de 1992 qui casse tout espoir de réforme agraire, etc., d’importants secteurs de la population indigène du Chiapas vont entrer en rébellion, le jour même de l’entrée en vigueur des Accords de Libre-Echange Nord-Américain (ALENA) qui ouvrent les frontières du Mexique aux États-Unis et au Canada... Mais le coup d’éclat de l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) du 1er janvier 1994 fera long feu. Lourdement réprimés, les Indiens insurgés vont rapidement se replier et réintégrer leurs villages. Commencera alors un long processus de militarisation de la région par les autorités, de mobilisation pacifique des zapatistes et de négociation erratique...

Quelle est la situation actuelle de la rébellion zapatiste ?

D’une certaine façon, on peut dire que le statu quo prévaut toujours. Statu quo dans le rapport de force avec les autorités gouvernementales depuis que les zapatistes se sont sentis trahis (dès 1996 et plus encore en 2001 au terme de leur marche sur Mexico) par la non-application des « accords de San Andres », les seuls accords signés à ce jour entre le gouvernement mexicain et les commandants rebelles et qui portaient sur la reconnaissance des « droits et cultures indigènes ». Les autres thèmes prévus par les négociations n’ont même jamais pu être entamés. Ils étaient censés porter sur les dimensions plus politiques (démocratisation) et socioéconomiques (redistribution) des revendications zapatistes... Sur le terrain, la stratégie de pourrissement de la situation, privilégiée par les gouvernements successifs depuis près de quinze ans, a peu varié. En marge d’une certaine indifférence, d’un laisser faire apparent à l’égard des expériences d’« autonomie de fait » dans lesquelles les bases d’appui de l’EZLN – des centaines de communautés, des dizaines de milliers d’indigènes répartis sur des fragments plus ou moins importants d’un territoire de la taille de la Belgique – se sont résolument engagées (surtout depuis 2003 et la création des cinq « Conseils de bon gouvernement » rebelles)..., en marge donc d’une acceptation passive de façade du « fait » zapatiste par les autorités, la militarisation de la région est toujours une réalité (une centaine de postes de l’armée fédérale quadrillent les zones rebelles), ainsi d’ailleurs que sa paramilitarisation (« parrainage » de groupes indigènes anti-zapatistes) qui, ajoutée au harcèlement, à l’exacerbation des tensions et des divisions au sein des villages par un traitement public clairement différencié, tend à miner et à saper la très difficile construction de l’émancipation zapatiste. A la vulnérabilité sociale et militaire des rebelles, est intimement liée bien sûr leur vulnérabilité économique (refus de toute « aide » de l’Etat, dépendance à l’égard de la solidarité internationale, faiblesses des alternatives hors marché…), ainsi que le relatif isolement politique dont l’EZLN souffre au sein des gauches mexicaines... Isolement consécutif, entre autres, à certaines postures politiques prises par le sous-commandant Marcos sur la scène nationale, perçues comme « intransigeantes » ou « inconséquentes » aux yeux de ses alliés d’hier[1]. Bref, statu quo, pourrissement, vulnérabilité... la situation concrète n’invite pas à l’optimisme. Pour autant, cette rébellion recèle aussi d’importants atouts qu’on ne peut oublier ou sous-estimer. Son bilan positif reste considérable.

Justement, quels sont les points forts de l’EZLN ? Quelle est aujourd’hui la portée politique et historique de ce mouvement ?

Les zapatistes gardent le mérite d’avoir donné vie, à partir de leur ancrage local, à un idéal éthique et politique désormais universel : l’articulation de l’agenda de la redistribution à celui de la reconnaissance. En prenant les armes d’abord, pacifiquement ensuite, au gré des circonstances, des rapports de force et de l’adaptation de leurs propres stratégies. « Nous voulons être égaux parce que différents », répètent ses commandants sous leur cagoule devenue le symbole incongru d’une affirmation identitaire. Insurgés pour « la démocratie, la liberté et la justice », ils ne seront certes pas parvenus à refonder la Constitution, à décoloniser les institutions, à démocratiser véritablement le pays, mais ils auront doté les luttes paysannes et indigènes pour la dignité d’une visibilité et d’une portée inédites. Et ils entendent continuer à peser sur les choix de société, dans un Mexique bloqué politiquement et grand ouvert aux vents dominants de l’économie globalisée. Le zapatisme participe ainsi pleinement de ces mouvements indiens qui, en Amérique latine, en Bolivie et ailleurs, de la base au sommet, font la preuve – fragile – que la mobilisation pour la reconnaissance des diversités n’implique pas nécessairement crispation identitaire ou « clash des civilisations » et qu’elle peut aller de pair avec la lutte pour la justice sociale et l’Etat de droit. Ces dernières années, du fin fond du Chiapas, la rébellion zapatiste s’est inscrite plus clairement qu’auparavant dans l’anticapitalisme (et plus seulement dans la dénonciation du néolibéralisme) et a désormais donné rendez-vous à ses « zapatisants », « en bas à gauche »...

Certains auteurs ont comparé la rébellion zapatiste à diverses expériences libertaires (de la révolution espagnole ou russe notamment) entrées elles aussi dans l’histoire des luttes. Cette comparaison est-elle pertinente ?

C’est un fait qu’on retrouve dans le « cocktail » zapatiste – qui est aussi un « mix » actualisé d’influences idéologiques parfois concurrentes – une certaine « saveur » libertaire... parmi d’autres donc... et plus ou moins accentuée selon les circonstances. C’est dans la pratique politique expérimentée dans les communautés autonomes et argumentée dans les textes du sous-commandant Marcos qu’elle est la plus apparente. Elle est rejet de toute forme de dogmatisme et d’avant-gardisme, d’imposition ou de confiscation du pouvoir, d’abandon de souveraineté dans des structures partisanes en surplomb. Elle s’organise dans la rotation incessante et la révocabilité immédiate de tous les mandats, de toutes les « charges » qu’à tour de rôle les délégués indigènes – hommes et femmes – acceptent d’assumer bénévolement au sein des cinq « Conseils de bon gouvernement », des cinq « Caracoles », où l’on gère l’autonomie éducative, sanitaire et, autant que faire se peut, productive et commerciale (café, artisanat...) des communautés. Pour Marcos, c’est le même refus de l’aliénation, de la hiérarchisation, de la distanciation, de la séparation des registres... qui se joue dans la radicalité démocratique de l’expérience zapatiste et qui irrigue ses écrits poético-humoristico-politiques[2]. Cela étant, l’originalité du zapatisme réside, me semble-t-il, moins dans l’actualisation d’un quelconque logiciel libertaire épuré (les Indiens zapatistes assument par exemple leur fort patriotisme mexicain !), que dans l’articulation de registres divers, puisés dans l’histoire des luttes, ancienne ou plus récente. Car si la rébellion du Chiapas s’est effectivement fait connaître par le « renouveau » de ses formes d’organisation (démocratiques, horizontales, réticulaires…), de son répertoire d’actions (symboliques, médiatiques, expressives…), de ses valeurs (dignité, diversité…), de ses revendications (autonomie, reconnaissance…), de son rapport au politique (contre-pouvoir civil…) et des identités mobilisées (culturelles, sexuelles…), un examen attentif de l’épaisseur du réel, au-delà du discours de Marcos, suffit à mesurer combien les conduites « verticalistes » et autoritaires, les modes d’expression classiques, les aspirations égalitaires à la redistribution des richesses, les revendications strictement socioéconomiques, l’obsession du pouvoir de l’Etat et les identités de classe sont demeurées prégnantes dans le mouvement, avec plus ou moins d’intensité, il est vrai, selon les périodes[3]. Quel rôle joue exactement le sous-commandant Marcos dans cette dynamique plurielle ?

Officiellement, Marcos est chef de l’EZLN (en tant qu’armée...) et porte-parole de la rébellion, donc « sous-commandant » répondant aux ordres et orientations des « commandants » exclusivement indigènes qui composent le CCRI (Comité Clandestin Révolutionnaire Indigène), l’instance de direction de l’EZLN... Dans les faits, son rôle aura été sans doute bien moins central que ne l’ont établi les autorités mexicaines et une certaine couverture médiatique, mais probablement nettement plus déterminant que ce que lui-même a essayé de nous dire à de multiples reprises, avec plus ou moins de mauvaise fois. Il n’aura été ni le grand manipulateur des indigènes ni leur simple porte-parole. « A l’insu de son plein gré », oserait-on dire, son personnage de « médiateur » génial, tantôt grave tantôt ironique, entre le monde indigène maya et l’extérieur a joué à plein dans l’écho, dans le retentissement international du zapatisme et, au-delà, dans cette idée d’« indéfinition » politique du mouvement (« le chemin se fait en marchant, en questionnant ») qu’il a su cultiver et qui lui a valu tant de sympathie dans sa quête d’« un monde où il y aurait de la place pour de nombreux mondes ». C’est, du reste, ces leitmotivs qui ont encore servi de toile de fond aux nouveaux textes fleuves écrits par le sous-commandant à l’occasion de la dernière (en date) grande rencontre internationale organisée par les zapatistes en 2009 dans le Chiapas, le « Festival de la Digne Rage ».

[1] . Lire B. Duterme, « Passés de mode, les zapatistes... », Le Monde diplomatique, octobre 2009. [2] Lire Sous-commandant Marcos et Jérôme Baschet, Saisons de la Digne Rage, Paris, Flammarion, 2009. [3] Lire Marc Saint-Upéry et Bernard Duterme, « El zapatismo como movimiento social », Entre Voces, n°5 – 2006 (http://bibliotecavirtual.clacso.org.ar/ar/libros/ecuador/iee/entrevo/entrevo5.pdf).

 

 

 

 

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14 août 2011 7 14 /08 /août /2011 17:56

 


13-08-2011

Cent mille étudiant-es se sont mobilisé-es hier, mardi 09 août, dans les rues de Santiago du Chili.

JPEG - 26 ko

Depuis plusieurs mois les étudiant-es et lycéen-nes chilien-nes protestent contre les réformes qui entendent privatiser complètement l’enseignement supérieur, soit en le municipalisant, soit en le confiant à des instituts privés.

 

 

Lire la suite ainsi que d'autres articles qui relatetles luttes exemplaires d'Amérique Latine : AMERIKENLUTTE - Accueil

 

Derniers articles

 

Je suis choquée (indignée ?) de voir que parmi les Indignés de Bruxelles, ceux qui prétendent avoir la plus grande culture politique révolutionnaires semblent tout à fait ignorants des luttes exemplaires qui se mènent actuellement en Amérique "Latine" à différentes échelles.

Un  petit test révélateur, la plupart n'ont pas même entendu parler du coup d'état au Honduras, ni de la résistance exemplaire du Peuple du Honduras (un modèle du genre pourtant dont tous devraient s'inspirer).

Les Peuples d'Amérique Latine mènent des luttes exemplaires et proposentdes solutions inédites aux problèmes de notre monde, des solutions respectueuses des singularités de chacun, mais encore une fois nous avons affaire à cette prétention occidentalocentriste qui se veut origine de toutes les théories politiques "progressistes". Il faut en finir avec ce progrès qui signifie aujourd'hui progrès de la lisère généralisée, progrès d'une dictature globale et de tant d'autres malheurs du monde.

Nous devons apprendre à habiter la planète ensemble dans le respect des cultures et des traditions des uns et des autres et dans l'équité écosophique (habiter sagement la planète) de l'utilisation des ressources. Seul un retour à la simplicité des peuples consuméristes peut garantir cette équité. Réapprendre la joie dans la simplicité. Alegria.

Anne.

 

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8 septembre 2010 3 08 /09 /septembre /2010 08:49

 

http://www.serazln-altos.org/img/web_epraz.jpg

Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte

 

 

Jean-Pierre Petit-Gras
vendredi 3 septembre 2010.
 

Derrière la cabane du "campement pour la paix [1]", un colibri s’enivre tranquillement, d’une fleur de floripondio à l’autre. À nous autres humains, ce plaisir est refusé : nous sommes en territoire zapatiste, et l’alcool et autres psychotropes y sont prohibés depuis bien avant le soulèvement de 1994. La mesure avait fait l’objet d’un large consensus, avec la "loi révolutionnaire sur les femmes", et assuré aux hommes du mouvement clandestin la pleine et entière participation, sur un pied d’égalité, de leurs compagnes.

Pour accéder à la réserve, nous avons tout simplement pris un taxi depuis Jobel, que certains s’obstinent encore à appeler San Cristóbal de Las Casas. À San Felipe, on laisse la route de Navenchauc pour une plus petite, qui escalade sur la droite les flancs du Huitepec, le volcan des colibris.

 

http://www.tlaxcala.es/images/gal_5399.jpg

TLAXCALA : 17 Novembre : l'Armée zapatiste de libération nationale a 25 ans

Depuis l’hiver 2006, toute une partie de cette montagne est devenue Réserve écologique communautaire zapatiste. La décision a été prise par le Conseil de bon gouvernement d’Oventik [2], suite à l’arrestation de deux habitants du village, qui cultivaient quelques légumes dans une clairière de la forêt. Cette affaire avait permis de dévoiler les plans de la municipalité et du gouverneur de l’Etat : transformer les terres communales de Huitepec en une "réserve écologique", à côté de celle qu’occupe déjà la PROFEPA [3], afin d’y installer un parc zoologique et, en même temps, un lotissement de luxe, à la hauteur de ce magnifique balcon sur la vallée de Jobel.

 

http://www.easyvoyage.com/images/destination/MEXIQUE_CONTINENTAL/MEXIQUE_CONTINENTAL0/3_big.jpg

 

 

Malgré les menaces proférées à plusieurs reprises par le président municipal (dont le frère est le gros entrepreneur du bâtiment qui détruit imperturbablement le cerro de Santa Cruz, la montagne d’en face), les zapatistes tiennent bon. Des bases de apoyo, membres civils de l’EZLN, se relaient en permanence pour protéger la centaine d’hectares de forêt qui descend vers le levant, cette partie de la montagne que les Tsotsiles avaient réussi à conserver, et à préserver de l’appétit destructeur des colons et des promoteurs.

 

http://imagenes.viajeros.com/fotos/u/ul/ulkpuj-bg.jpg

Fotos de Volcán Chichonal, México - Manantial - volcan el Chichonal - Viajeros.com

 

Nous sommes donc retournés à Huitepec, pour passer quelques jours en leur compagnie. Et parler un peu le bats’i k’op [4], la langue des Tsotsiles. Celle-ci nous semble bien plus utile [5] que les parlers officiels de l’empire mondial. Nous n’y avons, pendant ces journées, rien fait de spécial. Simplement, peut-être, un peu mieux compris qui sont ces hommes et ces femmes, les zapatistes. Le lendemain de notre arrivée, nous sommes allés ramasser du bois. Pour cuisiner, et nous chauffer quand le soir tombe. Car à 2 700 mètres, même sous cette latitude, la température tombe vite. Et sur ce volcan éteint, situé presque à la bordure entre les hautes terres et les terres chaudes et basses du bassin du Grijalba, la nuit et la brume arrivent ensemble.

 

http://www.agitkom.net/image/chiapas.jpg

 

 


La veille, nos compagnons avaient repéré, allongé sur un parterre de fougères géantes, le tronc d’un énorme chêne, probablement touché par la foudre, et déjà entamé par un groupe qui nous avait précédés. Ces arbres immenses, bien droits, avec des feuilles petites et pointues, sont appelés à cause d’elles chikin im, oreilles de tatou. Leur bois est d’une extrême dureté, et la hache y rebondit avec des claquements métalliques. Pendant une heure, ils vont se relayer, frappant de grands coups précis, creusant peu à peu la matière, pour en détacher un gros tronçon, qui sera à son tour découpé en bûches, puis en bûchettes. Seuls les plus âgés travaillent, sous l’œil attentif des autres - le regard de ceux qui apprennent, suscitant parfois un commentaire expert.

 

 

Quand l’un fatigue, ou probablement avant, un autre prend la relève. Pas de perte de temps, dans leurs gestes mesurés, mais pas de précipitation non plus. L’habitude du travail collectif, chez ces hommes qui habitent pourtant des villages différents, saute aux yeux. Comme le plaisir d’être ensemble, et le respect mutuel qu’ils semblent s’inspirer. Les plaisanteries, les rires viennent souvent ponctuer les efforts. Mais toujours sur un mode serein, détendu. Pendant le travail de la hache (ils n’en ont qu’une), les plus jeunes vont tailler des branches moins épaisses, avec leurs machetes. Là encore, leur maîtrise des outils est admirable. Les enfants en apprennent très tôt le maniement. En regardant faire les grands, puis en le prenant en main, car on leur fait très vite confiance. A huit ans, les garçons reçoivent leur premier machita. Mais les filles l’utilisent elles aussi.

 

 

Personne ne dirige les opérations, l’organisation et le travail se font sans commandements ni hiérarchie. La culture indigène, reprise par le zapatisme, les ignore, ou du moins les réprouve sans ambigüité.

Le bois est maintenant rassemblé, et placé sur les cordes des mecapales [6]. Puis nous le remontons vers le campement, par un sentier scandaleusement raide, en tâchant d’éviter les lianes et les pierres glissantes.

 

Volcán Chichonal, México, Manantial - volcan el Chichonal


Chaque jour, nous partons faire un grand tour dans la réserve. Il s’agit de la surveiller, et si possible d’empêcher toute déprédation. Certains habitants de la communauté voisine, los Alcanfores, qui n’est pas zapatiste, entrent dans la forêt pour y chercher du bois. Il est vrai que le gouvernement municipal les incite à le faire, afin de provoquer des tensions avec ceux de Huitepec. Au lieu de choisir des arbres morts, qui ne manquent pourtant pas, ces personnes s’attaquent parfois à de jeunes chênes. Quand ils les surprennent, les zapatistes préviennent : "La prochaine fois, vous serez présentés à la Junta de Buen Gobierno, qui prendra une sanction - une amende - à votre égard."

 

 

http://www.schoolsforchiapas.org/assets/galleries/47/popup_maiz-colores.jpg


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il arrive également que d’autres habitants viennent se brancher sur l’une des sources de la montagne. Celle-ci constitue en effet la principale réserve en eau de la région. Les arbres y retiennent la brume, et les précipitations sont abondantes. Si le branchement n’a pas été autorisé par la Junta, celui-ci est défait, et le tuyau emporté.

 

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Enfin, nous découvrons un petit troupeau de vaches, gardé par un enfant. Intercepté par les zapatistes, qui pour l’occasion ont dissimulé leurs visages avec des passe-montagnes ou des paliacates [7], celui-ci n’en mène d’abord pas large. Puis, rassuré par le calme de ses interlocuteurs, qui lui expliquent patiemment que les animaux mangent les jeunes pousses, et notamment les arbres, il les emmène en promettant de rappeler à son père que la réserve n’est pas pour les troupeaux.

 

 
 

 

 

Mais ces promenades sont aussi, pour nous, l’occasion de découvrir un peu de cette immense biodiversité qui peuple encore les forêts des Altos, les hautes terres du Chiapas. Et nous constatons qu’au-delà de leur modestie ("nous avons beaucoup oublié, nos grands-parents, eux, en savaient beaucoup plus"), ils ont une bien meilleure connaissance des plantes, médicinales ou non, des arbres et des animaux, que celle que nous pouvons avoir chez nous. Par ailleurs, rien n’échappe à leur vigilance : ni la trace d’un tatou, ni celle d’un homme qui s’est frayé un passage inhabituel entre la végétation [8], ni même un champignon tapi sous une feuille de tulan [9].

 

http://t2.gstatic.com/images?q=tbn:nzkWVRwvJyKzYM:http://studentweb.tulane.edu/~dhixson/bonampak/site.jpg&t=1


Un autre jour, nous allons avec eux faire un grand trou, pour les toilettes. Cette fois, ce sera avec leur art de manier la pelle et la pioche que nous serons confrontés, dans une amicale mais inégale compétition. Dès que l’énorme pic se fait pesant pour les bras, nous sommes aimablement relayés par ces hommes petits et minces, mais d’une énergie et d’une endurance impressionnantes. Tous les soirs, quelques-uns d’entre eux viennent partager notre feu, ainsi qu’une tasse de té de hierba [10]. À d’autres moments nous montons près du leur. Par de longues conversations, nous apprenons les uns des autres quel sens a la vie, dans nos pays respectifs. Et nous saisissons un peu mieux leur attachement à une culture ancestrale, qui a pu être la nôtre.

 


Une culture où les humains sont au centre, pas au-dessus, d’un monde maîtrisé ensemble, une société dans laquelle chacun, aidé des autres, construit sa maison, cultive ce qu’il va manger et donner à ses enfants, aux anciens et aux malades. Où les travaux communautaires incluent la préparation des fêtes. Où la justice est rendue localement, gratuitement, par des sages désignés pour un temps limité. Où l’école, au service des villages, s’appuie sur le savoir des anciens. Où la terre n’est pas une propriété privée, mais un bien collectif, le plus cher parce qu’il contient à la fois la mémoire des ancêtres, le présent partagé des vivants, et l’espoir pour les enfants à venir. Où l’on prend le temps de se parler, d’écouter. Où l’argent et la consommation d’objets inutiles, s’ils exercent une attraction parfois puissante [11], sont remis à leur juste place par une réflexion et des discussions puisant dans les leçons du passé et les expériences récentes.

 
























 


 

 

 

Mexicanas

Nous quittons ces hommes [12], avec lesquels nous avons vécu une dizaine de jours, avec l’idée que tout n’est pas perdu : la possibilité d’un sursaut humain est là, parmi ces gens qui cultivent, en même temps que leurs milpas [13], la défense du bien commun, la dignité, l’autonomie et le plaisir de vivre ensemble. Et si le zapatisme était contagieux ?

 

[Oropendolas_08-02-29_027_web.JPG]

Mexicanas

Août 2010
Jean-Pierre Petit-Gris

 

 

 

foto

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30 août 2010 1 30 /08 /août /2010 14:39

 

 

http://imalbum.aufeminin.com/album/D20080819/458097_CV716Z6KL346FR5AZTLB2GSUAF4CPS_awa-bresil_H131703_L.jpg

 

07. septembre 2009

 

 

L'assassinat de douze awá, parmi lesquels quatre enfants et un bébé, le 26 août dernier, s'inscrit dans une logique d'extermination qui a fait plus de 170 victimes depuis le début de l'année. L'objectif est de déposséder les indigènes de leurs terres.


Juge au Tribunal sur le génocide indigène en Colombie, le Suisse Bruno Rütsche dénonce ces faits et explique que les diverses ethnies du pays sont les victimes de tous les groupes armés du pays: militaires, paramilitaires et guérilleros.

 

http://axisoflogic.com/artman/uploads/1/massacre_-_Indigenous_People_in_Narino_SW_Colombia.8-26-09_1.jpg

 

«Ce qui se passe avec les indigènes est extrêmement grave et d'une cruauté absolue. Leurs terres sont convoitées pour la réalisation de projets agro-industriels et d'exploitation minière et ils sont contraints à des déplacements forcés avec des tactiques comme le massacre», affirme celui qui est aussi responsable du Groupe de travail Suisse-Colombie.

 

Lire la suite :  Silence_on_tue_les_peuples_indigene_de_Colombie.html

 

A lire également : Awá: Comment vivent-ils? - Survival International

Colombia: Mass killings of civilians by military little cause for concern | Colombia |Axisoflogic.com

 

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29 août 2010 7 29 /08 /août /2010 06:24

 

 

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32 prisonniers mapuche en grève de la faim (44ème jour) http://www.ageofempires3-alliance.com/fileadmin/images/STR/AOE3/icones_TWC/natifs/Mapuche.jpg
mercredi 25 août 2010

 

par Ximena Gautier Greve
Correspondant Mapuche à Paris.

Le lundi 23 août à 9H00, heure du Chili (16H00, heure de Paris), l’organisation " Mapuche Ta Inchiñ Nation Mapuche " a occupé les locaux de la Radio Bio Bio de Santiago et a aussitôt émis des communiqués, trente minutes après le début de l’action.

 

http://www.alexis-corbiere.fr/public/mapuche_protest.jpg


Un journaliste sportif de la radio envoya des commentaires par Twitter en affirmant que les journalistes et les employés étaient enfermés dans une salle des locaux.
Les indiens en costumes traditionnels, ponchos et portant des drapeaux noirs, cadenassèrent les portes en empêchant tout accès et sortie. Le journaliste Miguel Cajas a signalé que les indiens gardaient une attitude calme, malgré le grand bruit qu’ils faisaient en criant dans un mégaphone leurs demandes et en jouant de leurs instruments indigènes (vents et percussions).

 

http://www.nadir.org/nadir/initiativ/agp/free/imf/indigenas/mapuche.jpg


Pendant ce temps, d’autres autochtones (hommes et femmes) restaient en dehors de l’immeuble et avaient accroché sur les portes d’entrée à la propriété, des affiches où l’on pouvait lire des phrases faisant allusion aux prisonniers politiques Mapuche en grève de la faim depuis le 12 Juillet, dans les prisons des différentes régions du pays.

L’acte désespéré des Indiens, qui ne sont pas violents, est due au silence observé par les médias du Chili, -autocensure ou contrainte gouvernementale?-, destiné à étouffer le drame vécu par les communautés indiennes du sud du pays.

 

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La prise de la Radio Bío-Bío (FM), affecte une importante chaîne radiale née en 1966 dans la ville de Concepción au sud du Chili, dont le développement a impliqué très rapidement son extension à Temuco, Osorno et Puerto Montt en 1990. La station a ouvert son siège à Santiago en 1997, et possède une grande puissance qui lui permet de couvrir aujourd’hui le 98% du pays. Elle se vante de son indépendance politique, religieuse et économique.
Le réseau dispose d’une station phare située à Lonquimay, destinée à servir d’abord les habitants autochtones de la région. Sous la devise de servir toutes les personnes de façon égalitaire, la radio a presque un demi-siècle d’activité.

L’OCCUPATION : Une "Déclaration publique" adressé au Peuple-Nation Mapuche, à ses correspondants, aux médias et à l’opinion publique du Chili et à l’étranger, a été envoyé dès le début de l’occupation.

 

http://accel22.mettre-put-idata.over-blog.com/0/23/41/61/imgp3883.jpg

 

La déclaration dit que le seul but de l’action est la fin de "la censure imposée aux communications" touchant la grève de la faim qui font en ce moment 32 prisonniers politiques Mapuche depuis le 12 Juillet.

Le groupe estime que si les médias ne diffusent pas à propos des difficiles conditions entourant les emprisonnements controversés et arbitraires qui subissent les captifs, c’est parce qu’elles sont censurées.

 

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C’est pour cela qu’ ils appellent à mettre un terme à l’écran de déni sur ce qu’ils sont en train de vivre dans un silence journalistique presque absolu.

LE COMMUNIQUE : Nous lisons :

"Nous exigeons que les médias chiliens, les chaînes de télévision, radios, journaux, etc. mettent fin à la dissimulation des informations relatives aux prisonniers politiques Mapuche et à la négation des faits qui influent sur le droit légitime à l’information".

 

 

http://accel92.mettre-put-idata.over-blog.com/0/43/93/85/fotos---resistencia-resistance-resistence-mapuche/-20represion-208-20-1.gif


L’action traduit également les principales revendications des prisonniers en grève de la faim. Elles concernent la démilitarisation des territoires habités par les communautés indigènes, où il y a des détachements armés, bataillons des forces de répression qui attaquent les habitants à la mitraillette et toutes sortes d’explosifs anti-manifestations.

Ils mènent aussi des perquisitions abusives au cours desquelles ils détruisent le matériel et les outils de travail dont les agriculteurs roturiers ont besoin pour survivre.

Au cours de ces opérations les bataillons tirent fréquemment des balles réelles au corps, tuant des manifestants indiens comme des lapins.

http://www.mapuches.org/image/carabinero2.jpg

http://www.dinosoria.com/reserves/mapuche_03.jpg

By Antitezo . Licence

Les actions judiciaires pour punir ces bavures sont condescendantes avec effronterie.
Par exemple, dans ces jours-ci, le meurtrier du jeune Matías Catrileo étudiant en architecture (21 ans), identifié par sa prise de position à faveur de son groupe ethnique, a été condamné à trois ans et un jour de liberté surveillée, malgré que la défense a démontré qu’on lui avait tiré dans le dos lorsqu’il manifestait en hurlant, habillé en T-shirt, sans arme et que ses actes ne montraient aucune violence.

Le groupe qui occupe la radio demande la libération de tous les prisonniers politiques mapuches, et dit que leur lutte est destinée à dénoncer l’usage indiscriminé de la Loi Anti-terroriste de Pinochet, qui leur est appliquée sans fondement. Ils déclarent être soumis à la double peine, c’est-à-dire, les prisonniers mapuches sont inculpés à la fois par la justice civile et par la justice militaire et sont condamnés à deux reprises.

PHOTO : Vue de la rue, envoyée par twitter. Photo courtoisie Rodrigo Astorga.SUR LA PHOTO : une "lamngen" (sœur) attire l’attention des médias sur le conflit des 32 prisonniers politiques Mapuches en grève de la faim depuis le 12 Juillet jusqu’aujourd’hui. La "lamngen" demande la fin de la censure dans les médias.

Tous ces procédés arbitraires font qu’une personne peut être condamné à plusieurs années de prison, pour avoir empilé et mis le feu à des pneus et des fagots sur un chemin rurale, où passe un véhicule une fois par jour.

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/a/ac/Mapuche_Machis.jpg/400px-Mapuche_Machis.jpg4814247384_c93eaf38ea.jpg


Le groupe d’activistes mapuche a pris avantage de l’occupation de la radio, pour mettre en avant les revendications de la nation mapuche, qui mettent en cause les actions de la République du Chili sur des terres qui ne lui appartiennent pas et dont le retour est revendiqué par les Indiens.

Ces terres sont en effet, les terres de ces habitants depuis le commencement du monde et n’ont jamais été cédées à l’État chilien par les leaders naturels des peuples indiens.
C’est pourquoi les Indiens ne comprennent pas ce qu’ils font dans leur pays Mapuche, et les entreprises chiliennes et les sociétés transnationales installées avec l’autorisation de l’État chilien qui occupe leurs terres.Le conflit est une longue histoire d’occupation abusive des territoires indiens.

 

http://www.latinlasnet.org/files/rally.jpg


Les Mapuche protestent et l’État chilien les condamne en tant que terroristes. C’est pourquoi, ils se déclarent prisonniers politiques d’un pouvoir illégitime d’occupation.

Et ils se disent «séquestrés» par les troupes d’occupation chilienne qui les a mis en prison.
Le groupe qui a pris la radio exige :

 

4302715338_0967567b04.jpg


«1) L’autonomie et l’autodétermination de nos territoires.
2) l’expulsion immédiate des entreprises nationales et transnationales installées sur les terres mapuches.
3) des peines de prison ferme pour les meurtriers de Matías Catrileo (21 ans) et de Jaime Mendoza Collio (17 ans).

http://www.dinosoria.com/pays/patagonie-500.jpg

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Ils déclarent attendre des réponses urgentes de l’État chilien et le tiennent pour responsable de la grève de la faim des «peñi» (frères) qui arrive maintenant à 44 jours.
Ils exigent la libération de tous les prisonniers et disent qu’en vérité ils ont été effectivement enlevés dans les prisons chiliennes.
Le communiqué est signé par l’organisation "Mapuche Ta Inchiñ Nacion Mapuche"

© Ximena Gautier Greve. correspondant Mapuche à Paris.
-http://www.facebook.com/profile.php...

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a9/Mapuche_1901.jpg

http://www.rijnvos.nl/foto/mapuche.jpg

 

BELLACIAO - 32 prisonniers mapuche en grève de la faim (44ème jour) - Ximena Gautier Greve

A lire aussi :

Le peuple Mapuche lutte toujours pour ses droits - le Blog d'Alexis Corbière

Chili : témoignage d’une cinéaste emprisonnée pour avoir filmé la lutte du peuple Mapuche contre les entreprises forestières

Informations françaises sur le peuple Mapuche.

Latin American Solidarity Network (LASNET) | Red de Solidaridad con los Pueblos Latinoamericanos

Amérique Latine des peuples -vers un autre monde possible: LA LUTTE MAPUCHE - Pedro Cayuqueo

Latin American Solidarity Network (LASNET) | Red de Solidaridad con los Pueblos Latinoamericanos

Conte de voyage... - JM's trip

Patagonie . En Images. Terra Nova

 

http://freetrip.canalblog.com/images/t-DSCF4172.JPG

 

 

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  • Anne Wolff
  • Amoureuse de la vie, d'une fleur, d'un papillon, d'un arbre, du sourire d'un enfant, je m'oppose à tout ce qui conduit à la destruction systématique de ce que la nature a créé, de la vie, de la beauté du monde, de la tendresse et de la dignité
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Nouvelles formes du fascisme

"Le vieux fascisme si actuel et puissant qu’il soit dans beaucoup de pays, n’est pas le nouveau problème actuel. On nous prépare d’autres fascismes. Tout un néo-fascisme s’installe par rapport auquel l’ancien fascisme fait figure de folklore […].

Au lieu d’être une politique et une économie de guerre, le néo-fascisme est une entente mondiale pour la sécurité, pour la gestion d’une « paix » non moins terrible, avec organisation concertée de toutes les petites peurs, de toutes les petites angoisses qui font de nous autant de microfascistes, chargés d’étouffer chaque chose, chaque visage, chaque parole un peu forte, dans sa rue, son quartier, sa salle de cinéma."

 

Gilles Deleuze, février 1977.

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