2 octobre 2011 7 02 /10 /octobre /2011 08:49

 

 

Publié le 30 septembre par Tlaxcala



Colectivo por la paz con justicia

Traduit par  Alain Caillat-Grenier
Edité par  Philippe Cazal

 

Combien de douleur, de larmes, de spoliations, de disparitions, de prisonniers politiques et de tortures, faudra-t-il encore endurer pour que le monde cesse de se faire le complice du régime colombien? Les chiffres des assassinés, torturés, emprisonnés et disparus ; les lois qui assurent l'impunité de l'appareil paramilitaire, la soumission aux multinationales et les spoliations ininterrompues, démontrent clairement les intentions génocidaires du gouvernement.

Un peu plus d'une année après l'arrivée au pouvoir de l'actuel président de Colombie, Juan Manuel Santos, nous faisons un bref constat de la situation dramatique des droits de l'homme sous son gouvernement. Les violations des droits de l'homme sont en constante augmentation, de même que l'agression systématique de la population par les instruments légaux (force publique) et illégaux (organisation paramilitaire).

Depuis le 7 août 2010 ont été impunément assassinés 36 défenseurs des droits de l'homme, 18 leaders agricoles qui exigeaient la restitution des terres enlevées par la violence aux paysans et 28 syndicalistes (1), tandis que des milliers d'autres ont été menacés de mort. Des dizaines d'opposants politiques sont également morts assassinés ou portés disparus, qu'ils aient été affiliés à des partis de gauche ou qu'ils aient appartenu à des organisations communautaires, à des mouvements porteurs de revendications touchant au social, à l'habitat, à des organisations étudiantes, etc.

Les militants du Parti Communiste et ceux du Pôle Démocratique se font tuer : le PDA a déclaré que dans les 90 premiers jours du gouvernement de Santos, 50 opposants politiques ont été assassinés et que l'extermination se poursuit. (2)

Les membres de 12 compagnies de théâtre de Bogotá ont été menacés de mort s'ils ne cessaient pas de faire du théâtre social : ces menaces sont proférées par l'appareil paramilitaire qui leur a fait savoir qu'il les achèverait "un par un" car, selon cet instrument de la terreur étatique, agissant dans l'ombre de l'illégalité et avec le consentement total de la force publique, les gens de théâtre et les artistes "veulent s'ériger en défenseurs des droits de l'homme et (3) s'opposent à la politique de notre gouvernement".

 

"En Colombie, même nous, les marionnettes, sommes signalées comme terroristes !"

La persécution des étudiants s'accroît, et au lendemain des gigantesques manifestations estudiantines contre la privatisation, les universités du pays ont été tapissées de menaces de mort contre les étudiants, dans lesquelles les paramilitaires précisent qu'ils les assassineront (4) "un par un, liste en main". Ces menaces ont été peintes sous le nez des rectorats et des autorités : la répression contre les étudiants a déjà coûté la vie à nombre d'entre eux, depuis l'arrivée de Santos au pouvoir.

Les dramatiques déplacements forcés de personnes s'amplifient et il y a de fortes probabilités que les communautés vivant dans les zones convoitées par les multinationales soient déplacées, comme celle de Marmato, dont le curé a été assassiné le 1er septembre 2011 parce qu'il était à la tête de l'opposition à la multinationale aurifère Medoro, qui fait pression sur la communauté depuis 2009. La multinationale canadienne Medoro Resources, fusionnée avec la Gran Colombia Gold, a mis en place un énorme projet d'exploitation de l'or à ciel ouvert, ce qui implique la disparition du village de Marmato et le déplacement de toute sa population. Le prêtre de Marmato avait dénoncé, peu de jours avant son assassinat, les pressions exercées sur lui par la multinationale afin qu'il déplace sa paroisse : "il avait déclaré, peu de jours avant d'être assassiné, que son opposition au développement d'un important projet d'extraction d'or dans sa paroisse pourrait lui coûter la vie" (5).

La disparition forcée de personnes est en augmentation. Les meurtres de civils par les militaires, comme les mal nommés "falsos positivos" se poursuivent, avec au moins 29 nouveaux cas documentés l'année dernière. Les emprisonnements d'opposants et de défenseurs des Droits de l'Homme, victimes des montages judiciaires de l'Etat, se multiplient. La situation est dramatique dans les prisons où pourrissent littéralement des milliers de prisonniers politiques, qui subissent des conditions aberrantes de réclusion et des tortures réitérées, comme l'OMCT (Organisation mondiale contre la torture) le dénonce. Depuis le début de 2011, 7 prisonniers politiques (6) sont décédés à la suite de tortures et du refus d'une aide médicale.

Le rapport d'août 2011 de la Coalition colombienne contre la torture précise que celle-ci s'étend à toute la population colombienne et que l'État en est directement responsable à 91 % ; la torture par violence sexuelle est une pratique qui se développe dramatiquement, y compris à l'égard des enfants, garçons et filles: "Dans les 107 cas dans lesquels on a pu identifier l'auteur du crime de violence sexuelle, il s'est avéré que les agents de l'État étaient responsables de 98,14 % d'entre eux." (7).

Le régime colombien détient le "record" de prisonniers politiques, avec plus de 7 500 prisonniers politiques, dont 90 % sont des civils. Des rapports récents soulignent que le chiffre de 7 500 détenus politiques, bien qu'il soit déjà scandaleux, serait sous-évalué, car étant donné l'augmentation des emprisonnements arbitraires ces dernières années, les chiffres atteindraient 9 500 détenus politiques, rendus totalement invisibles.

Les atteintes aux droits de l'homme se multiplient, avec la poursuite de la stratégie paramilitaire de l'Etat et des multinationales : il s'agit de groupes narco-paramilitaires dont l'existence est niée devant les caméras par le gouvernement -qui, par un subterfuge, les rebaptise "bandes criminelles émergentes" (BACRIM)- tandis que ces groupes poursuivent, en collusion avec la force publique, leur pratique criminelle dans tout le pays et profitent des nouvelles lois d'impunité, récemment promulguées par le gouvernement Santos.

Quelques chiffres du terrorisme d'Etat en Colombie

Les militaires colombiens sont les mieux armés du monde par les USA, avec Israël et l'Égypte : une armée génocidaire, celle-là même qui derrière le bataillon de la Fuerza Omega del Plan Colombia, possède la plus grande fosse commune du continent, avec 2000 cadavres de disparus. (8)

Pour justifier ses gigantesques budgets, l'armée colombienne pratique le meurtre de civils et, en ayant recours à de macabres montages militaro-médiatiques, elle présente ensuite les cadavres comme des "guérilleros abattus au cours d'un combat". Ces "faux positifs" (voir NDT), sont choisis dans la population rurale ou dans celle des quartiers périphériques les plus pauvres, mais on trouve également parmi eux des syndicalistes et des opposants. Il y a au moins 3 200 cas documentés de ces meurtres de civils ; l'impunité représente 99 % des auteurs matériels et 100 % des auteurs intellectuels de cette pratique (9).

60 % des syndicalistes assassinés dans le monde le sont en Colombie, par la force publique ou l'organisation paramilitaire des multinationales et de l'Etat. (voir1)

Le crime d'Etat par la disparition forcée est un autre terrible "record" de la "démocratie" colombienne, qui surpasse les chiffres de torture et de disparition forcée des dictatures du Cône Sud : l'ONU reconnaît au moins 57 200 disparus, la Commission de Recherche a chiffré à 62 000 les disparus (août 2011), les victimes réclament environ 250 000 personnes disparues : dans les trois dernières années, les organes de répression de l'Etat colombien ont fait disparaître 38 255 personnes (Rapport de la Médecine Légale). (11)

 

La Colombie est le pays avec le plus de déplacés au monde : 5,2 millions de personnes déplacées de manière violente par les forces paramilitaires et leurs massacres (Asentamiento Jardín Oasis, quartier de peuplement de déplacés à Medellin, Manrique Oriental, Colombie, 1999)

La Colombie est le pays dans lequel il y a le plus de déplacés au monde, avec le Soudan : 5,2 millions de personnes déplacées de force (12) par l'organisation paramilitaire et ses massacres, dans le but d'offrir les terres ainsi "libérées" à la grande propriété rurale et aux multinationales : 40 % du territoire colombien est demandé en concession par des multinationales minières. (13)

Pendant que l'opposition et la pensée critique se font massacrer, l'impunité des organes de répression génocidaires dépasse l'imaginable : récemment le gouvernement de Juan Manuel Santos a voté une loi qui gracie plus de 31 000 paramilitaires (Loi 1424) (14).

Notes

  1. Colombie, le pays le plus dangereux du monde pour les syndicalistes, déjà 27 syndicalistes assassinés sous la présidence Santos.http://www.rebelion.org/noticia.php?id=133818&titular=el-pa%EDs-m%E1s-peligroso-del-mundo-para-los-sindicalistas
    Le 3 septembre 2011 Jorge Alberto Durante, dirigeant syndical et membre du parti d'opposition PDA, a été assassiné à Carepa, Antioquia.
    http://www.radiocafestereo.nu/index.php?option=com_content&view=article&id=3082:asesinado-en-carepa-el-dirigente-sindical-jorge-alberto-durante&catid=54:what-ails-you&Itemid=411

  2. Le PDA informe que dans les 90 premiers jours du gouvernement de Santos 50 opposants politiques ont été assassinés et il dénonce une politique de liquidation (2).
    http://www.rebelion.org/noticia.php?id=135250&titular=en-antioquia-los-dirigentes-del-polo-est%E1n-siendo-exterminados-

  3. Les membres de 12 compagnies de théâtre de Bogotá ont été menacés de mort ; les menaces proviennent de l'appareil paramilitaire, lequel fait savoir qu'il fera en sorte de les “exterminer un à un” car “ ils s'opposent à la politique de notre gouvernement”
    http://www.rebelion.org/noticia.php?id=135017&titular=paramilitares-contra-el-teatro-

  4. Étudiants menacés et assassinés:
    http://notimundo2.blogspot.com/2011/09/parauribismo-en-uniatlantico.html
    http://www.rebelion.org/noticia.php?id=135175&titular=estudiantes-universitarios-en-lucha-contra-la-reforma-neoliberal-de-la-ley-30-
    http://www.kaosenlared.net/noticia/colombia-universidad-herramienta-paramilitar-regimen-amenaza-muerte-es

  5. Important risque de déplacement des communautés vivant dans des zones convoitées par les multinationales, comme celle de Marmato, dont le curé a été assassiné le 1er septembre 2011 parce qu'il était à la tête de l'opposition au grand projet d'extraction d'or de la multinationale Medoro.
    http://www.rebelion.org/noticia.php?id=135091&titular=asesinan-a-balazos-al-sacerdote-de-marmato-que-apoyaba-la-lucha-contra-la-minera-gran-
    Vidéo documentaire "Marmato, une crèche d'or qui crie"
    http://www.youtube.com/watch?v=FuEboyypwV4
    VIDÉO Noticias UNO L'assassinat du curé de Marmato cause un traumatisme
    http://www.youtube.com/watch?v=4u8ERxAaR9Y&feature=player_embedded
    http://www.kaosenlared.net/noticia/video-marmato-llora-oro-campesinos-ecologistas-asesinados-para-perpetr">http://www.noticiasuno.com/noticias/asesinato-de-cura-de-marmato-causa-conmocin-.html
    http://www.kaosenlared.net/noticia/video-marmato-llora-oro-campesinos-ecologistas-asesinados-para-perpetr

  6. Situation dramatique dans les prisons où pourrissent littéralement des milliers de prisonniers politiques, qui subissent des conditions aberrantes de réclusion et de tortures réitérées. Depuis le début 2011, 7 prisonniers politiques (6) sont décédés après avoir été torturés et s'être vu refuser une aide médicale.
    http://www.rebelion.org/noticia.php?id=135011&titular=se-suicida-un-prisionero-en-valledupar-por-no-reconocerle-el-traslado-cerca-de-su-familia-

  7. Rapport de la Coalition Contre la Torture, d'août 2011: la torture de la violence sexuelle, une pratique qui se développe de manière dramatique y compris à l'encontre des enfants, filles et garçons: "Sur 107 cas pour lesquels on a pu identifier l'auteur du crime de violence sexuelle, on a constaté que, dans 98,14 % d'entre eux, les agents de l'État étaient impliqués." http://www.rebelion.org/noticia.php?id=134422&titular=1.834-torturas-fueron-documentadas-entre-2001-y-2009.-el-estado-es-responsable-del-90-por-

  8. Une fosse commune avec 200 cadavres, derrière le Bataillon militaire de la Macarena, Meta: http://www.rebelion.org/noticia.php?id=99507

  9. En mai 2011 le CINEP a publié un rapport dans lequel il met en évidence que les meurtres de civils aux mains de militaires, loin de diminuer, ont augmenté sous la présidence de Santos. Un rapport spécial Faux Positifs 2010 (Cinep) affirme que les victimes de meurtres de civils par des militaires ont augmenté.
    http://www.es.lapluma.net/index.php?option=com_content&view=article&id=1981:el-cinep-afirma-que-aumentaron-victimas-de-asesinatos-de-civiles-a-manos-de-militares-mas-falsos-positivos-&catid=103:violacion-de-dh&Itemid=447

  10. Prisonniers politiques:        http://www.rebelion.org/noticia.php?id=129835

  11. Disparitions forcées, Crimes d'Etat de dimensions dantesques en Colombie: http://www.rebelion.org/noticia.php?id=129256

  12. Déplacements forcés: dans son rapport de novembre 2010, CODHES chiffre le nombre des personnes déplacées à 5,2 millions.

  13. Le Gouvernement privilégie les multinationales minières au détriment de l'environnement et des communautés http://www.rebelion.org/noticia.php?id=132682
    Documentairs Colombia's gold rush: http://www.youtube.com/watch?v=yCpYf8B1vYs&feature=player_embedded#at=161
    Passage de la VIDÉO d'Al Jazeera avec une traduction en espagnol: http://www.youtube.com/watch?v=XsU7QubxDDM&feature=player_embedded
    Sur les 35 000 paramilitaires "démobilisés", seuls 4 ont été condamnés: après 6 ans d'impunité terrifiante cette loi sonne le glas des réformes de la Loi de "Justice et Paix" de 2005. (visant à la démobilisation des groupes paramilitaires et la condamnation des délits les plus graves… NdT)
    http://www.rebelion.org/noticia.php?id=133850&titular=suenan-reformas-a-la-ley-%22de-justicia-y-paz%22-de-2005-tras-6-a%F1os-de-
    NDT: "Falsos positivos" : pratique de l'armée colombienne, qui consiste à enlever des jeunes hommes, à les assassiner, puis à les revêtir d'un uniforme, pour les faire passer pour des rebelles abattus au combat. Cette pratique macabre a pour but de démontrer la pseudo-efficacité de l'armée et de justifier ainsi les sommes colossales qui y sont investies.
    http://www.youtube.com/watch?v=ZBXbRgGSDzM

 



 



Merci à La Pluma
Source: http://www.es.lapluma.net/index.php?option=com_content&view=article&id=2613:colombia-banada-en-sangre-a-un-ano-de-santos-cifras-del-terror&catid=90:impunidad&Itemid=422
Date de parution de l'article original: 17/09/2011
URL de cette page: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=5935


Auteur : Colectivo por la paz con justicia - Source : Tlaxcala

et La Colombie dans un bain de sang après un an de Santos: les chiffres de la terreur - Hémisphère Gauche


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30 septembre 2011 5 30 /09 /septembre /2011 12:10

 

Carlos Fazio
mercredi 28 septembre 2011.
 

Le massacre du casino Royale, à Monterrey, fin août, a été mis à profit par le président Felipe Calderón pour renforcer encore plus sa stratégie de militarisation du pays, stratégie qui a coûté la vie à 50 000 personnes en moins de cinq ans.

Avec une précision militaire, le 25 août dernier, l’après-midi et en seulement deux minutes et demie, un commando a volontairement incendié le casino Royale, dans la ville de Monterrey au nord du pays, provocant la mort de 52 personnes dont une majorité de femmes. Presque immédiatement, l’image télévisée de cette action de gang, propre à une économie mafieuse qui utilise la « protection par extorsion » et la violence régulatrice afin de discipliner les marchés de l’illégalité, a fait le tour du monde.

Quelques heures plus tard, Felipe Calderón décrivait cet événement sur son compte Twitter, comme « un acte aberrant de terreur et de barbarie ». Le jour suivant, après une réunion du Cabinet de Sécurité nationale, avec un discours si bien structuré qu’il paressait avoir été préparé à l’avance, Calderón affirmait : « Nous ne devons ni confondre, ni nous tromper : c’était un acte terroriste (...) perpétré par des tueurs incendiaires et des vrais terroristes ». Ensuite il a demandé d’accélérer l’approbation de la proposition de loi sur la sécurité nationale et le commandement unique de la police, qui est actuellement gelée par le Congrès, et il a appelé à «  l’unité nationale » et à ce que tous « les mexicains de bien » se rangent derrière sa croisade contre la criminalité.

Dans le cadre de ce que Denis Muzet a qualifié « d’hyper-présidence » - faisant allusion à la manière médiatique de gouverner, assaisonnée à l’occasion, par une campagne d’intoxication propagandiste axée sur la sécurité - , on ne peut guère penser qu’il s’agissait d’un usage naïf ou erratique des mots. D’autant plus que le discours a dû être consulté par les chefs militaires de la « guerre » de Calderón, réunis en urgence suite à l’événement. C’est à partir de là qu’a été décrétée l’escalade de la confrontation : il a été décidé de déployer 3 000 agents fédéraux de plus à Monterrey, ce qui a augmenté la militarisation de cette ville en y instaurant un état de siège virtuel. Le samedi 27, les unes des journaux ont repris sans ambages la consigne présidentielle : “Terrorisme”. Même l’hebdomadaire Le Proceso a parlé de “narco- terrorisme”, selon la matrice d’opinion semée par le Pentagone et Hillary Clinton quelque temps auparavant. Et le lundi 29, le Conseil Coordinateur Patronal - le Saint des Saints des capitaines de l’industrie - a renforcé l’appel à “l’unité” au nom du « Mexique », comme à l’habitude des maîtres du pays.


TERRORISME ÉTATIQUE.

Il faut dire clairement que le terrorisme est l’usage calculé et systématique de la terreur pour provoquer la peur et intimider une société ou une communauté. C’est un type spécifique de violence. En tant que tactique, c’est une forme de violence politique contre les civils et autres cibles non-combattantes, perpétrée par des organisations non-gouvernementales, des groupes privés (par exemple, des guardias blancas, des mercenaires à la solde des compagnies transnationales) ou des agents clandestins qui peuvent même être de l’État ou para-étatiques. La «  cible-instrument » (victimes qui n’ont rien à voir avec le conflit qui est la cause de l’acte terroriste) est utilisée pour diffuser la peur, exercer la répression ou manipuler une audience ou une cible primaire à travers l’effet multiplicateur des médias.

Le terme terrorisme peut aussi recouvrir une catégorie importante de faits réalisés ou encouragés de manière directe ou indirecte par l’État, ou implicitement autorisés par l’État avec le but d’imposer l’obéissance et, ou d’avoir une collaboration active de la population. Chargé de connotations négatives et péjoratives, le terme terrorisme est toujours employé pour désigner le terrorisme de l’autre, alors que le sien est caché par des euphémismes.

L’action du commando qui a incendié le casino Royale a généré de la peur et de la déstabilisation. En apparence, le mobile politique n’a pas fait partie de la trame.

Cependant, dans une année pré-électorale, cette action a vite été capitalisée par Felipe Calderón, en donnant un tour de vis supplémentaire à la militarisation du pays. Dans cette conjoncture, la distance que prend Héctor Aguilar Camín, un des soutiens idéologiques et argumentaires de la militarisation du pays, interpelle. Il écrit : « Escalader verbalement le conflit jusqu’aux cimes incendiaires du terrorisme est une façon de faire du terrorisme avec les mots ».

Sans tomber dans des théories conspirationnistes, en l’ajoutant à une série d’actions déstabilisatrices (la « séquestration » des employés des sondages privés Parametría et Mitofsky et des pages jaunes de l’agence téléphonique du Mexique au Michoacan, l’explosion d’une lettre piégée à l’Institut technologique de Monterrey, la fusillade fantôme dans le stade de foot Corona), on ne peut pas écarter dans le cas du casino, l’hypothèse de l’agent provocateur et de l’opération de déstabilisation sous fausse bannière [1].


L’INTERVENTION CONTINUE.

Les États-Unis ont été les promoteurs principaux de la matrice d’opinion concernant l’existence du « narco-terrorisme » au Mexique et, comme cela a été révélé à deux occasions par le New York Times au mois d’août, des agents clandestins de l’Agence centrale d’intelligence (CIA), du Bureau fédéral d’investigation (FBI), de l’Agence anti-drogues (DEA) et du Pentagone, accompagnés de mercenaires engagés sous couvert de « prestataires privés  », sont en train d’utiliser les « leçons » apprises en Afghanistan sur le territoire mexicain, à la marge de la Constitution et au détriment de la souveraineté nationale.

Selon la version du New York Times daté du 7 août, une équipe de 24 agents de la CIA, de la DEA et de militaires « retraités » du Commandement Nord du Pentagone, seraient en train de diriger des missions d’espionnage, depuis un « centre de fusion » bi-national, installé dans une base militaire de la région nord du pays. Cet endroit n’a pas été identifié par le journal, mais pourrait être le siège du 22e Bataillon d’infanterie de la septième zone militaire situé à Escobedo, dans l’État du Nuevo León. Ce centre est similaire à ceux qui ont été installés par les États-Unis en Colombie, en Afghanistan et en Irak, pour surveiller et attaquer des groupes insurgés et présumés terroristes. Ce nouveau poste d’espionnage - qui s’ajoute à d’autres dans les villes de Mexico, Tijuana et Ciudad Juárez - opère avec une technologie de pointe qui permet d’intercepter des communications confidentielles et codées sous le strict contrôle du personnel des États-Unis. Cette information vient compléter, selon plusieurs versions journalistiques non-démenties, celle obtenue sur tout le territoire national par 1 500 agents des États-Unis et celle fournie par des avions espions sans équipage (drones) qui survolent l’espace aérien mexicain en vertu d’accords secrets avec Washington. Accords qui échappent au contrôle du Congrès local.

Le reportage du New York Times souligne, en plus, que Washington prévoit d’introduire une équipe de « prestataires privés » américains de sécurité (ex-agents de la CIA, de la DEA et des forces spéciales du Pentagone) pour faire de la formation au sein d’une unité anti-drogues mexicaine non-identifiée.

L’embauche de sous-traitants nommés “chiens de guerre” par le Pentagone et le Département d’État, pour mener des actions d’espionnage et d’autres tâches propres à la guerre sale, a commencé au Mexique avant la signature des accords secrets (en octobre 2007) qui ont officialisé l’Initiative de Mérida. Comme il a été révélé en février, l’entreprise Verint Technology a installé un centre sophistiqué d’interception des communications au siège de la Subprocuraduría de Investigación Especializada en Delincuencia Organizada (Département d’investigation spécialisé dans la délinquance organisée). Plus tard on a su que l’entreprise S. Y. Coleman Corporation, siégeant à Arlington, en Virginie, embauchait des mercenaires pour occuper des postes de surveillants aériens à Veracruz, afin de protéger les installations pétrolières de Pemex. Ces deux informations ont été classées confidentielles pour des durées de 12 et 15 ans pour des raisons de sécurité nationale. Précédemment, diverses sources d’information ont fait état de la présence de Blackwater (ou Xe Services) au Mexique, une des entreprises favorites du Pentagone en matière de mercenarisation des conflits.

Le 17 août à Ciudad Juárez, William Brownsfield, secrétaire-assistant du Bureau international des stupéfiants et de l’application de la loi des États-Unis, a déclaré que son gouvernement allait former et équiper des policiers municipaux, des États et fédéraux mexicains dans le cadre de la « nouvelle stratégie » de l’Initiative Merida. La « nouvelle étape » nommée aussi Plan México, semblable au Plan Colombie, coïncidera avec l’arrivée de l’ambassadeur Earl Anthony Wayne. Wayne est un diplomate de carrière pragmatique, expert en terrorisme, en contre-insurrection et en énergie.Sa dernière mission a été réalisée en Afghanistan, pays que les États-Unis ont identifié au même titre que le Mexique, entre janvier et février 2009, comme un « État échoué », prêt à s’écrouler, situation qui « justifiait » l’intervention militaire américaine.

Au mois de mai suivant, à Washington, des généraux du Pentagone ont révélé à un groupe d’entrepreneurs et aux leaders politiques conservateurs de Floride, que des soldats du Septième Groupe des Forces Spéciales (« bérets verts ») étaient présents au Mexique depuis 2006 sous couvert de missions anti-drogues.

Une autre pièce clé dans la “transition” sera Keith Mines, un ex-militaire qui a travaillé en Irak et qui ensuite a fait office de directeur de la Section Anti-drogues de la mission diplomatique au Mexique. Mines monitorerait l’Académie nationale de formation et de développement policière Puebla-Initiative Merida, qui est actuellement en construction à Amozoc, à 100 kilomètres de la ville de Mexico, et qui a été annoncée comme “la première au monde de ce type”. Selon Ardelio Vargas Fosado, actuel secrétaire de la Sécurité Publique à Puebla et vieil ami de Washington, « l’Académie » hébergera un conseil de coordination régionale des polices municipales et des États, et servira à l’échange d’information policière préventive, réactive et pro-active. Ce sera peut-être le siège anti-drogues dans lequel arriveront les mercenaires qui, selon le New York Times, formeront la police mexicaine.

¿BANANEROS ?

Le 13 juillet, durant une réunion avec des membres de la Commission de la Sécurité Nationale des deux chambres du Congrès, trois généraux et un colonel de l’armée mexicaine ont exigé des députés et sénateurs l’approbation d’un cadre juridique qui amplifie et légalise la participation de cette branche des forces armées dans la “guerre sale” de Calderón. Une guerre qui sous prétexte du combat contre le crime organisé a fait plus de 50 000 morts et 10 000 disparus, et a provoqué le déplacement forcé de 250 000 familles. L’Armée de terre et la Marine ont été les principaux instruments du commandant suprême des forces armées dans cette confrontation fratricide, définie par le sous-secrétaire de la Défense, le général Demetrio Gaytán Ochoa, comme un « conflit asymétrique  » contre un ennemi qui n’a pas de visage. Le jargon militaire nomme «  guerre asymétrique » : une guerre entre deux belligérants qui n’ont pas les mêmes moyens à disposition. Dans la guerre asymétrique, il n’existe pas un front déterminé, ni d’actions militaires conventionnelles. C’est un conflit irrégulier qui se base sur des opérations coup de poing, sur des combinaisons d’actions politiques et militaires, sur de la propagande noire [2], sur des opérations d’infiltrations et psychologiques, sur l’implication de la société civile et sur des opérations similaires.

Après les attentats terroristes de 2001 aux États-Unis, la mise en avant d’un « ennemi asymétrique » fut utilisée par l’administration de George W. Bush pour ses opérations en Afghanistan et en Irak. Depuis lors, en complément de « l’ennemi intérieur », cette notion est devenue partie intégrante de la doctrine de sécurité nationale américaine dans sa lutte contre le terrorisme.

Selon les déclarations des généraux du Commandement Nord du Pentagone, les opérations militaires en Afghanistan et en Irak se basent sur la contre-insurrection classique, ce qui implique des actions propres à la guerre sale et au terrorisme d’État, par exemple, la torture systématique, l’exécution extrajudiciaire et la disparition forcée, combinées à l’utilisation des avions sans équipage (drones) armés et le mitraillage de civils aux points de contrôle, comme cela a été largement documenté.

Étant donné que depuis 2002 le Mexique a été intégré de fait au «  périmètre de sécurité » et au Commandement Nord des États-Unis, et qu’il existe des accords militaires secrets avec ce pays dans le cadre de l’Alliance pour la sécurité et la prospérité de l’Amérique du Nord (ASPAN, 2005) signés sous le halo de la « guerre contre le terrorisme », il est logique de conclure que les tactiques utilisées par Washington en Afghanistan et en Irak (pratiquées auparavant en Colombie) ont été peu à peu utilisées sur le territoire national. En particulier, lors du mandat présidentiel de Felipe Calderón, qui connaît une croissance exponentielle de la violence.

Carlos Fazio

Traduction : Les trois passants et Caracol Solidario
Source : http://www.brecha.com.uy/mundo/item...

[1] Les opérations sous fausse bannière (ou « sous faux pavillon », parfois désignées sous l’anglicisme false flag) sont des actions menées avec utilisation des marques de reconnaissance de l’ennemi, dans le cadre d’opérations spéciales. (Définition wikipedia)

[2] La propagande noire est une propagande qui provient d’une source en apparence amicale, mais en réalité hostile.(Définition wikipedia)

 

Source: Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte

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29 septembre 2011 4 29 /09 /septembre /2011 19:15

 

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Au Chiapas, la violence contre les zapatistes s’amplifie Alors que le Mexique est enlisé dans une guerre contre les narcostrafficants, ayant fait déjà plus de 50 000 victimes en 4 ans, la militarisation et la présence de groupe narcos ne cessent de s’amplifier au Chiapas. Les agressions et menaces contre les communautés et peuples zapatistes du Chiapas ont fortement augmentées tandis que ces derniers luttent pour proposer le premier système autonome appliqués, proposant une "autre" éducation, une "autre" santé, une "autre" justice, démocratie, liberté, système économique coopérativiste...

De juillet à aujourd’hui les compagn-e-on-s des Juntas de Buen Gobierno de différents caracoles, ont rendu publique plus de 6 agressions contre les compagnons zapatistes, réalisés par des groupes armés, parfois paramilitaires, comme l’ORCAO.

La dernière dénonciation publique faite par les compagnons de Roberto Barrios est très grave, car les compagnons de la communauté de San Patricio se retrouvent quasiment assiégés par un groupe armé et craignent pour leur vie. Nous vous proposons ici un retour sur les exactions commises et dénoncées par les compagn-e-on-s zapatistes.


  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CARACOL DE ROBERTO BARRIOS *100 paramilitaires assiègent une communauté zapatiste *Destruction d’arbres et de pâturages, vol de récolte et d’animaux.

Le 12 septembre 2011, le Caracol de Roberto Barrios, au Chiapas a dénoncé "les constantes menaces et agressions dont souffrent nos compagnons et nos compagnes bases d’appui zapatistes de la communauté San Patricio, à cause du mauvais gouvernement à travers de ses groupes paramilitaires de différentes communautés." Le communiqué présente par la suite les différentes exactions commises : Le 7 Septembre : 3 paramilitaires se sont présentés dans la maison de la personne représentant l’autorité autonome zapatiste de la communauté, pour menacer d’invasion et d’expulsion la communauté car ils ne payent pas leurs impôts, et que s’ils ne veulent pas donner leur terre, ils viendront les massacrer tous.
Le 10 Septembre, plus de 100 paramilitaires ont encerclé la communauté et ont tiré en l’air.
Le 11 septembre, les paramilitaires ont coupés les arbres que les zapatistes conservaient pour le travail collectif communautaire. Ils ont volé les récoltes de maïs, tué des porcs, et brulé plus de 18 hectares de pâturages collectifs.
Le 12 septembre c’est avec des tirs d’armes de gros calibres que se sont réveillés les comp@s zapatistes.

Les paramilitaires sont identifiés et connus. Ils empêchent tout mouvement des companeros zapatistes en les menaçant de les interroger, torturer et de les assassiner s’ils sont surpris à sortir de leur communauté.
Communiqué entier (es) : http://enlacezapatista.ezln.org.mx/2011/09/13/jbg-nueva-semi... (fr) http://espoirchiapas.blogspot.com/2011/08/attaques-armees-co...

 

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CARACOL DE MORELIA

*Attaque contre l’aire autonome de communication *Destruction d’une maison collective zapatiste

Le 18 aout le Caracol de Morelia, ont dénoncé que la vieille de leur communiqué plus de 150 hommes de l’ORCAO (groupe paramilitaire curieusement nommée : Organisation Régionale de Caféiculteurs d’Ocosingo), ont détruit une Maison Digne construite par les compagnons Base d’appui, qui servait comme cuisine pour les observateurs nationaux et internationaux chargés d’observer les ruses et plans de destructions des mauvais gouvernement. La Junta de Buen Gobierno dénonce le gouvernement à ses 3 niveaux (Fédéral, Estatal et Municipal) "ils organisent des gens ignorants pour leur apprendre à injecter ses projets de morts dans nos territoires autonomes formés par nos peuples, ou nous gouvernons à notre manière, comme le peuple le veut".

Les zapatistes se sont dit surpris par l’organisation des paramilitaires : "7 groupes se sont formés, communiquant par téléphones, nous voyons que les gouvernements les a bien structurés".

Le caracol dénonce aussi l’attaque faite à une équipe autonome de communication qui s’est fait agressée alors qu’ils rentraient dans leurs communautés, et forcée à entrer dans une voiture, pour ensuite être séquestrée durant 4 heures dans une maison, on leur a volé toutes leurs appartenances (caméra, ordinateur...).
Enfin les zapatistes terminent : "Nous savons nous gouverner avec notre autonomie, ou on ne permet dépendre de quelqu’un, c’est pour cela que nous nous disons prêt à nous défendre". "nous comme zapatistes nous sommes des lutteurs de cœur humble et simple, constructeur d’une paix juste, construisant la meilleur forme de vivre dans nos terres mexicaines", "nous sommes peut-être des lâches à ne pas répondre à leurs provocations, nous savons seulement que nous construisons la vie, et non la mort comme le font les mauvais gouvernements".
Communiqué (es) : http://enlacezapatista.ezln.org.mx/2011/08/19/paramilitares-...

 

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CARACOL DE LA GARRUCHA * 2 zapatistes blessés * 1 Voiture brulées * Un groupe paramilitaire prend possession de terres zapatistes * Tentative de récupération de terre sur les ruines touristiques de Tonina

Le 15 aout, le caracol de la Garrucha dénonce à l’opinion publique que 3 jours avant alors que des compagnons de la communauté allaient travailler collectivement la terre, des hommes et des femmes de l’organisation paramilitaire ORCAO les ont attaqués et brulés leur véhicule en volant toutes les affaires qu’avaient les compagnons. Alors que venait un autre véhicule de compagnons pour aller travailler la terre collective, un paramilitaire tira blessant un compagnon zapatiste, un autre fut blessé par une pierre lancée en pleine face.
"Les trois niveaux du gouvernement savent qu’ils ne peuvent pas utiliser l’armée, c’est pour ça qu’ils préparent des groupes d’indigènes paramilitaires pour attaquer à nos compagnons bases d’appui"

Aussi dans la zone très touristique des ruines de Tonina les compagn-e-on-s ont dénoncé les provocations et les menaces de la part de l’INAH (Institut National d’ Anthropologie et d’ Histoire) qui pour des purs intérêts économiques et touristiques veut s’approprier les terres récupérées zapatistes où se trouvent les ruines.

Dans un autre communiqué daté du 19 septembre la junta de buen gobierno dénonce un groupe de 50 personnes de la ville d’Ocosingo qui a occupé les terres zapatistes, ces derniers sont venus avec des camions de 3 tonnes du gouvernement, le lendemain plus de 100 paramilitaires armés sont venus s’approprier les terres.

Communiqués (es) :http://enlacezapatista.ezln.org.mx/2011/09/20/provocacion-y-...

http://enlacezapatista.ezln.org.mx/2011/08/15/la-jbg-del-car...

 

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CARACOL DE OVENTIK * Situation (médicale et sécuritaire) critique

La situation de San Marcos Aviles est terrible, et pleine de tension et de peur, suite aux fortes agressions et menaces des membres de la communauté appartenant à différents partis politiques. Après s’être réfugiés plusieurs semaines dans la montagne, voilà les zapatistes de retour dans des conditions dramatiques (santé, sécurité...), malgré la présence d’observateurs civils nationaux et internationaux.

Communiqué (es) : http://enlacezapatista.ezln.org.mx/2011/07/02/4823/ Audios présentant la situation (es) : http://radiozapatista.org/?p=4107

La tension dans les communautés zapatistes est donc maximum, tout comme les risques pour leur vie et leur intégrité ! Le 22 septembre la Société Civile Mexicaine et Internationale s’est mobilisée pour appuyer la lutte pour l’autonomie zapatiste, pour laisser ces dignes peuples indigènes construire librement leur autonomie. Plusieurs actions ont eu lieu de manière simultanée dans les quatre coins du globe pour montrer le soutien des peuples du monde avec les peuples du Chiapas.

Communiqué Espoir Chiapas (fr) : http://espoirchiapas.blogspot.com/2011/09/contre-lintensific...

URL de cet article 14736
http://www.legrandsoir.info/au-chiapas-la-violence-contre-les-zapatistes-s-amplifie.html
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25 septembre 2011 7 25 /09 /septembre /2011 21:19

Un article à lire sur le site http://www.lepoint.fr/economie/les-indiens-mapuche-contre-l-empire-benetton-10-02-2011-1296773_28.php Deux conceptions du monde qui s'affrontent. Les Benetton qui s'approprient 991 000 hectares en Argentine pour 80 millions de dollars.Ils ont payé;créé 600 emplois et ont donc toute bonne conscience...le droit est de leur côté et la justice ? Dequel côté est-elle... un bel exemple de la candeur des très riches.

 

 

http://mapuche.free.fr/images/chemamulpetit.gif

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25 septembre 2011 7 25 /09 /septembre /2011 14:58

 

http://2.bp.blogspot.com/-pj5wu9fGxUk/TnxAV43J15I/AAAAAAAAgQU/AfJi2DTFFEM/s400/19723_10526_96869996.jpg

 

 

Face aux jets de pierres et de projectiles divers, et aux feux improvisés avec des pneus ou du mobilier urbain, les policiers ont répliqué avec des lances à eau et des grenades lacrymogènes. Des incidents du même ordre s'étaient soldés par plus de 400 interpellations en août à la fin des dernières manifestations massives d'étudiants.. Atmosphère festive Les manifestants, à l'appel de la Confédération des étudiants du Chili, ont convergé jeudi matin dans une atmosphère festive, parfois en famille, avec maints déguisements et instruments de musique, d'une université hors de Santiago vers le centre et les abords du palais présidentiel. Selon Camila Vallejo, un des principaux dirigeants du mouvement étudiant, la manifestation a rassemblé jusqu'à 180'000 personnes. Pour Jaime Gajardo, dirigeant du premier syndicat enseignant associé au mouvement, la participation a dépassé 150'000 personnes. "La mobilisation a dépassé nos espérances. C'était un signal d'union dont nous avions besoin. C'est la majorité du Chili qui réclame une éducation publique de qualité", a lancé à la foule Giorgio Jackson, un autre leader syndical étudiant. Réforme profonde Etudiants, lycéens et enseignants sont mobilisés depuis mai pour une réforme profonde de l'éducation. Ils réclament en particulier des moyens accrus pour l'enseignement public, parent pauvre d'un système à deux vitesses, qui a vu un fort désengagement de l'Etat sous la dictature, dans les années 1980. Sources et autres articles à ce sujet : http://el-siglo2.blogspot.com/2011_09_01_archive.html

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15 septembre 2011 4 15 /09 /septembre /2011 16:58

 

 


Aux personnes honnêtes du Mexique et du monde,
Au digne peuple yaqui,
Aux peuples indiens qui exigent : "Plus jamais un Mexique sans nous !",
Au Mexique qui exige une halte à la guerre,
A ceux qui construisent un autre monde depuis en bas et à gauche,

La lutte digne du peuple yaqui contre la construction de l'aqueduc appelé
"Indépendance" est encore un exemple de la résistance contre la
spoliation, l'impunité et le saccage. Une fois de plus la réponse du
gouvernement fédéral et local est de frapper, de réprimer, de harceler et
porter atteinte au peuple du Mexique.

Le peuple yaqui vit une situation d'alerte. Les policiers, l'encerclement,
les hélicoptères qui tournent, ne peuvent être qu'une preuve de plus que
ceux qui jouent à l'illégalité sont ceux d'en haut, pour continuer de
livrer à quelques entrepreneurs mesquins ce qui appartient aux gens.

Telle est la violence et la criminalité des intérêts qui sont derrière
cette tentative de dépossession et qui ont été jusqu'à menacer de mort la
juge du huitième tribunal de district, María del Rosario Alcántar
Trujillo, ainsi que sa famille, face à la possibilité que celle-ci ordonne
l'usage de la force publique pour arrêter la construction de l'aqueduc
"Indépendance". Aux raisons de la justice, aux déterminations légales, le
gouvernement de Sonora, présidé par Guillermo Padres Elías, et le
gouvernement fédéral de Felipe Calderón Hinojosa répondent avec des armes
et des menaces.

Dans le contexte de guerre qui se vit au Mexique, un fait de répression
comme celui qui approche contre le peuple yaqui pourrait être brutal.
Nous voulons que ceux qui défendent le territoire yaqui sachent qu'ils ne
sont pas seuls, qu'il existe des milliers de personnes, des groupes et des
organisations solidaires au Mexique et dans le monde, avec les yeux fixés
sur ce qui se passe, tous et toutes disposé-e-s à réagir dans une seule et
même voix de rage et de dignité face à ceux qui menacent de couvrir de
sang la terre défendue d'une manière pacifique et juste.

La lutte de nos compagnons yaquis est pacifique et l'offensive des
puissants est violente, comme toute leur logique de guerre contre le
peuple mexicain.

Halte aux agressions contre le peuple yaqui !

Source : cspcl-fr - [cspcl-fr] Lettre de solidarité avec le peuple y aqui - arc

 

Informations sur le Peuple Yaqui en résistance. Sonora, MEXIQUE.

« LA LUTTE POUR L’AUTONOMIE ET L’AUTODÉTERMINATION SONT DES PRINCIPES INÉBRANLABLES DE LA TRIBU YAQUI »

À TOUS LES PEUPLES DE LA PLANÈTE TERRE
À TOUTE L’HUMANITÉ
À TOUT LE PEUPLE DU MEXIQUE
À TOUS LES FRÈRES INDIGÈNES
À TOUTES LES FORCES DE LUTTE PARTISANES ET NON PARTISANES.

En ce moment, sur les  sols mexicains, sur les terres de Sonora et contre le territoire Yaqui,l’agression la plus criminelle continue d’être perpétrée contre la tribu Yaqui et contre sa production de nourriture ; des actions orchestrées par le président de la république Felipe Calderon et le gouverneur de l’état  Guillermo Padres Elias perpétuent l’une des plus longues guerres de  l’histoire contre les peuples indigènes du Mexique, et plus concrètement contre notre peuple Yaqui, par la construction d’un aqueduc appelé « indépendance » qui apportera l’eau du Novillo, l’un  des barrages intermédiaires du bassin de la rivière Yaqui qui comporte les barrages « La Angostura » et le « Oviachic ».

Cette construction porte atteinte  de manière flagrante aux dispositions judiciaires qui octroient une protection des  garanties constitutionnelles, à travers une mesure de précaution d’urgence délivrée par un tribunal agraire à la tribu Yaqui, suite à la demande de restitution des eaux et au recours déposé  par les agriculteurs de la vallée du Yaqui contre l’appel d’offres de l’aqueduc. L’ordonnance d’arrêt des travaux a été prononcé par un juge de district et ratifié par un tribunal collégial en faveur des producteurs agricoles de la vallée du Yaqui, le 14 août 2011. Ceci établie  que le gouverneur Guillermo Padres fait outrage au tribunal.

A cause de la désobéissance et de l’abus d’autorité dont fait preuve le mauvais gouvernement, il y a quelques heures à peine, la  juge du district a donné un délai péremptoire de 24 heures au supérieur hiérarchique du gouvernement de l’état, pour qu’il arrête la construction de l’aqueduc « indépendance » et rétablisse l’état de droit qui a été bafoué, à défaut de quoi la force publique sera utilisée.

La réponse du gouvernement s’est faite connaître dans les médias par la phrase habituelle « rien ni personne n’arrêtera la construction de l’aqueduc indépendance » et dans le même temps, le gouverneur de l’état ordonne la mise en œuvre de tactiques dilatoires afin de différer le plus possible l’accusé de réception du jugement, et évidemment, à partir d’aujourd’hui on ne trouvera pas le gouverneur dans son bureau.

De ce fait, l’état mexicain, et en la matière Felipe Calderon et Guillermo Padres Elias,continuent de se montrer devant l’opinion publique mondiale, nationale, régionale et locale comme des instruments du pouvoir économique d’entreprises étrangères qui les obligent à bafouer et mépriser les lois mexicaines, les conventions et traités mexicains, comme celle  de l’OIT 169 que nous avons utilisée, en tant qu’autorités traditionnelles, contre le rapport d’impact environnemental qui a été approuvé par la semarnat (secrétariat de l’environnement et des ressources naturels) et son secrétaire en charge José Luis Luegue Tamargo, en faveur de la construction de l’aqueduc, en violation flagrante de la loi relative aux droits humains de troisième génération qui protège les indigènes en matière du droit au travail et au développement.

Dans ces conditions de guerre de basse intensité et une fois encore, le gouvernement mexicain et le gouvernement de l’état de Sonora complices, comme instruments de  l’intérêt du grand capital et de ses transnationales, veulent commettre le pillage le plus important de notre histoire en nous arrachant l’eau, patrimoine de l’humanité, bien de la nation et propriété de la tribu Yaqui – par le décret présidentiel de 1940, en le transformant d’un instrument et moyen de production pour le développement et l’alimentation, en un bien privé et soumis aux règles du marché spéculatif.

C’est pour tout ceci que la tribu Yaqui et la société civile de sept municipalités de l’état de Sonora, représentées dans ses différentes organisations, nous voulons faire valoir la loi et l’état de droit, et nous constituer en  force civile pour arrêter et démanteler l’aqueduc à travers la dénonciation, la résistance et la désobéissance civile pacifique et empêcher ainsi que l’un des actes les plus injustes de l’histoire récente soit commis; de par notre caractère d’autorités traditionnelles de la tribu Yaqui de Vícam et de Potam, premier et deuxième chefs-lieux de la tribu Yaqui, nous ne permettrons pas que plus d’injustices soient perpétrées contre notre peuple, nous ferons valoir notre raison historique entant que peuples originaires de ces régions arides ainsi que nos droits historiques.

Toute autorité traditionnelle et tout membre de la tribu Yaqui se consacre à la défense de la terre et de l’eau.

« LA LUTTE POUR L’AUTONOMIE ET L’AUTODÉTERMINATION SONT DES PRINCIPES
INÉBRANLABLES DE LA TRIBU YAQUI »

« PLUS JAMAIS UN MEXIQUE SANS NOUS »

*CORDIALEMENT*

Des Autorités traditionnelles de la tribu Yaqui

**Pour plus d’informations**
-Qui sont les Yaquis?
-Chronologie des faits
-Communiqués des AUTORITÉS TRADITIONNELLES DE VICAM ET DE POTAM
Consultez:http://liberonsles.wordpress.com/
http://liberonsles.wordpress.com/2244-2/

Source : [MEXIQUE] Communiqué du peuple Yaqui en résistance :   La lutte pour l’autonomie et l’autodétermination sont des principes inébranlables de la tribu Yaqui «  | «le chat noir emeutier


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15 septembre 2011 4 15 /09 /septembre /2011 16:39

 

Georges Lapierre
samedi 3 septembre 2011.
 

 

« Le monde doit savoir ce qui est en train de se passer ici, il doit se rendre compte que la destruction des forêts et des peuples indiens signifie sa propre destruction.
Pour ces raisons, nous ne voulons pas de Belo Monte. »

Le chef Raoni.
« L’humanité va disparaître, non d’un coup, mais petit à petit, elle est en train de disparaître. »
Un guérisseur tzeltal.
« Vous nous avez fait vomir nos croyances, et maintenant vous voulez les connaître, nous ne sommes pas des chiens pour manger notre vomi. »
Un homme de savoir de la région chol à un anthropologue.
« Toutes les crises génèrent de la pauvreté. »
Un bureaucrate chargé de la politique sociale du gouvernement fédéral.

Quelques semaines dans le Sud-Est mexicain


Le Mexique apparaît de plus en plus clairement comme un pays en guerre. L’ouverture du pays à l’activité capitaliste avec la signature du traité de libre commerce entre les États-Unis, le Canada et le Mexique en 1992 s’accompagne d’une guerre de reconquête dans le plus pur style des guerres coloniales d’antan. Tenter d’appréhender la situation revient à préciser la signification et la place des différentes pièces qui constituent le puzzle mexicain : les projets capitalistes (mines, barrages, infrastructures, monocultures, exploitation des forêts et autres ressources naturelles), les cartels de la drogue, la guerre contre les narcos, la résistance et l’autodéfense des peuples indiens, j’ajouterai le Mouvement pour la paix avec justice et dignité du poète Javier Sicilia et la législation sur la sécurité nationale, plat de résistance du gouvernement Calderón avant la prochaine élection présidentielle en 2012. Tous ces éléments sont liés entre eux et offrent un certain éclairage sur l’actualité.

Disons tout de suite que les projets capitalistes sont ce qu’ils sont, c’est-à-dire des projets dans la tête des marchands : une pensée, en l’occurrence la pensée des marchands, qui se veut effective. La pensée n’existe que si elle est effective et son effectivité consiste à diviser toujours plus du travail. Comme la marche se prouve en marchant, le pouvoir de la pensée séparée se prouve par l’exercice du pouvoir, c’est ce que font les grands marchands capitalistes, quitte à couler avec le bateau Planète Terre. Les mines, barrages, infrastructures, monocultures, exploitation des forêts et autres ressources naturelles ne sont que l’expression effective du pouvoir réel et ce pouvoir réel est celui de la pensée des marchands, de l’idée que se font les marchands de la richesse.

En Europe, nous avons, sauf heureuses exceptions, perdu le sens de la guerre et de la stratégie dans la mesure où nous n’avons plus de vie sociale propre à défendre. Nous avons remplacé l’intelligence stratégique par une intelligence dite théorique qui pédale le plus souvent dans le vide. Nous avons, depuis quelque temps, depuis l’assimilation du mouvement ouvrier par le capital, perdu de vue le rapport dialectique qui existe entre la pensée capitaliste et les autres formes de pensée ou vie sociale autre. Je parle de rapport dialectique dans le sens où la pensée capitaliste se renforce de la déchéance d’autres formes de pensée et où seule la résistance d’autres formes de pensée (dans le sens de vie sociale autonome reposant sur une autre idée de la richesse) peut mettre en péril le capitalisme. Le monde ouvrier était dès le départ un monde dépendant de l’activité capitaliste, un monde dont le sort était lié à celui du capital ; la résistance au capitalisme ne se trouvait pas dans le monde ouvrier en tant que tel mais dans la reconstruction dans les quartiers ouvriers d’une vie sociale qui cherchait à s’émanciper de l’emprise du capital, nuance !

Trop longtemps nous sommes restés sous l’influence de la pensée chrétienne, sans autre horizon théorique que le millénarisme, qui veut que le processus d’aliénation contienne en lui-même sa résolution, que sa fin annoncée corresponde à la fin de l’aliénation et au retour à la pensée non séparée, Alléluia ! Au Chiapas et sur les fronts de la guerre sociale (Ostula, Cherán, dans le Michoacán, dans l’Oaxaca et le Guerrero aussi), nous nous faisons une autre idée du rapport qui lie la pensée séparée à la pensée non séparée, nous le percevons comme un rapport entre un processus d’aliénation et la résistance à ce processus. Il ne s’agit pas tant d’éclaircir nos concepts (nous avons les concepts de notre expérience sociale), mais d’élargir le champ de notre expérience sociale à l’expérience de l’affrontement entre pensée séparée (la pensée - ô combien effective ! - des grands marchands capitalistes) et pensée non séparée, en sachant que le procès d’aliénation ne s’achèvera de lui-même qu’à partir du moment où il ne rencontrera plus de résistance, sous la forme d’une quelconque vie sociale plus ou moins autonome. D’un autre côté, toute vie sociale plus ou moins autonome, aussi quelconque soit-elle, met en péril, du fait de sa simple existence, le processus d’aliénation en cours.

Le trafic des stupéfiants ne contredit pas le capitalisme, c’est une activité marchande qui est une composante à part entière de l’activité marchande globale, sa prohibition par le pouvoir a plusieurs fonctions et avantages. La première de ses fonctions est morale et religieuse. Le capitalisme n’est pas seulement une activité, il est une pensée en activité, le protestantisme exprime la relation de foi qui lie l’individu à cette pensée qui le transcende, et cette foi s’est forgée sur l’irréductible combat entre le Bien et le Mal. Le trafic des stupéfiants est la part obscure et inquiétante de l’âme capitaliste avec laquelle tout bon capitaliste est amené à composer, Alléluia ! Sa deuxième fonction est de générer des profits considérables et occultes, c’est le capitalisme de l’illégalité qui s’en donne à cœur joie - Alléluia ! Alléluia ! - dans tous les domaines hors des pinailleries des pisse-froid de l’intérêt général. Enfin cet anathème jeté sur ce type de commerce permet de l’utiliser comme mécanisme de contrôle social et cela dans plusieurs directions. La plus élémentaire a été dénoncée dans un petit livre paru dans les années 1970 intitulé, si je me souviens bien, Les hommes se droguent, l’État se renforce. Une autre direction est, elle aussi, fort bien connue, c’est le rôle joué par les mafias dans le contrôle des quartiers, des régions, ou même de pays difficilement pénétrables par les forces de police traditionnelles, un contrôle de seconde main en quelque sorte. La troisième, que nous voyons apparaître au Mexique, est de fournir le prétexte à une militarisation d’un pays. Il est hors de question de légaliser un tel commerce comme il est hors de propos d’en terminer avec lui, les avantages de la prohibition sont bien trop importants.

Au Mexique, je pense que l’objectif de la guerre contre le narcotrafic est double : d’une part, il s’agit de mettre au pas les cartels de la drogue dont le pouvoir dans les régions risquait d’échapper au pouvoir réel. Il ne s’agit pas de les supprimer mais de mettre une borne à leur puissance. La classe des notables ou des bourgeois ou encore des hommes d’affaires qui est puissante dans les centres capitalistes, en Europe, aux États-Unis, au Canada, et qui pénètre les moindres petites villes de province est bien trop faible au Mexique pour limiter et contrôler le pouvoir des capos. Ceux-ci en viennent à occuper la place d’une bourgeoisie nationale qui, dans les pays avancés, constitue la fondation sur laquelle repose et s’érige la vie politique nationale qui a nom démocratie. « Ils ont leur propre code, lèvent des impôts et quelquefois s’emparent du quasi-monopole de la coercition sur leur territoire [1]. » Les États-Unis, qui ont tout intérêt à garder sous leur coupe une oligarchie au Mexique à la place d’une bourgeoisie nationale forte, sont amenés à mettre la main à la pâte pour, avec l’aide de l’État mexicain, réduire et contenir dans des limites acceptables le pouvoir de ces capos locaux. La corruption est telle que l’État central n’a d’autre ambition que de tenter de faire reconnaître son autorité (et à travers lui l’autorité de Washington) par ces « seigneurs de la guerre ». Qu’ils fassent allégeance !

D’autre part, et c’est là l’autre objectif, cette guerre « artificielle » contre les narcos est le prétexte tout trouvé pour militariser le Mexique. La stratégie mise en œuvre n’est pas sans rappeler la « doctrine du choc » révélée par la militante canadienne Naomi Klein [2], décrivant dans le détail la pratique de ce qu’elle appelle « le capitalisme du désastre », qui consiste à s’appuyer sur une catastrophe originelle (tsunami, ouragan, guerre, action terroriste...) pour impulser des mesures impopulaires, avec cependant une différence de taille : le cataclysme social est volontairement et artificiellement créé, c’est le coup de pied dans le nid des cartels. Plus de cinquante mille morts [3], une succession d’attentats meurtriers, le dernier en date, visant un casino à Monterrey, a fait plus de cinquante morts et, dans cette valse funèbre, nous ne savons plus qui massacre qui, guerre entre les cartels, guerre entre l’armée et les cartels, guerre des cartels contre les forces policières, dans ce déchaînement de violence meurtrière, les pertes « collatérales » sont énormes et c’est là le but visé. C’est une guerre occulte, mais nous sentons bien qu’il y a manipulation, certains faits affleurent parfois des profondeurs de l’iceberg : la vente de deux mille armes de fort calibre par l’ATF [4] aux cartels, l’envolée du nombre de casinos qui est passé de cent vingt au moment de la prise de pouvoir de Felipe Calderón à plus de mille aujourd’hui [5], la présence d’une équipe de vingt-quatre agents de la CIA, de la DEA et de militaires du Commandement Nord du Pentagone dans une base militaire mexicaine [6], le nouvel ambassadeur des États-Unis à Mexico venant directement de Kaboul où il avait un poste diplomatique important.

La guerre contre les cartels de la drogue constitue une stratégie du capital transnational et de Washington pour prendre le contrôle du pays. Et la mesure impopulaire que toute cette débauche de violence a pour objectif de faire accepter par l’opinion publique est la « loi sur la Sécurité nationale », dont le principe vient d’être accepté par le Parlement. Cette loi a pour but de donner les pleins pouvoirs à l’armée, qui pourra intervenir sur tout le territoire, passant par-dessus l’autonomie des États, des municipalités et des droits des personnes.

Un sale coup se prépare dans un futur proche, déjà apparaît au loin la véritable cible de cette guerre, ce qu’elle vise par-delà les narcos. Les cibles visées sont les peuples en résistance. Jusqu’à présent la guerre contre ce que les politiques appellent la délinquance organisée faisait ses ravages principalement dans les États situés au nord de Mexico. Pour des raisons géographiques (proximité des États-Unis) et sociales (tissu social déjà profondément déchiré par l’activité capitaliste) les États du Nord offrent peu de résistance à une dictature disfrazada de civil. Peu à peu, cette guerre s’étend en direction des États du Sud. La Marina, spécialiste en perquisitions sans mandat, enlèvements, tortures, assassinats et disparitions, vient d’établir son nouveau centre d’opérations à Veracruz. Le chaos ou, plus précisément la mise en place de la stratégie du chaos, suit de près les projets miniers et autres en cours d’exécution dans l’Oaxaca, le Guerrero et le Chiapas. À San Cristobal comme à Juchitán des bruits courent sur la présence des narcos, en particulier de los Zetas, et d’une guerre pour le contrôle des routes de la drogue et de la migration. Le cocktail et son mélange détonant sont en train de se mettre progressivement en place.

À cela s’ajoutent la recrudescence des groupes paramilitaires et leurs incessantes provocations des communautés. Les dernières agressions dirigées contre les communautés zapatistes sont préoccupantes. Le communiqué du Caracol de La Garrucha daté du 15 août 2011 montre qu’il s’agit clairement, ainsi que le signale le Réseau contre la répression et pour la solidarité, d’une stratégie mise en place par l’armée : « Des habitants de la commune autonome Francisco Villa ont été attaqués avec des armes à feu par des membres de l’organisation à caractère paramilitaire appelée ORCAO. La façon dont on a essayé d’encercler nos camarades zapatistes, alors qu’ils travaillaient leur terre, n’est pas sans évoquer des mouvements militaires ; ce qui nous amène à penser que l’on cherche à provoquer non pas un affrontement entre une organisation indigène civile et des bases d’appui zapatistes, mais bien un affrontement, selon une stratégie tout à fait militaire, entre groupes fortement armés et communautés zapatistes. L’usage qui est fait des armes à feu dénote clairement une tentative visant à intimider, et à provoquer, l’EZLN. Le silence entendu des trois niveaux de gouvernement, municipal, de l’État chiapanèque et fédéral, n’est pas dû à une ignorance des faits, mais bien à une attitude commune de complicité face à des actes criminels de contre-insurrection. »

C’est en ce Cœur des ténèbres qu’a surgi, le 15 avril 2011, le Mouvement pour la paix avec justice et dignité du poète Javier Sicilia, dont le fils venait d’être assassiné avec d’autres jeunes gens par des tueurs ; première réaction de la société face à la violence déchaînée par l’État et au mépris manifesté par celui-ci devant la douleur des proches. Ce mouvement est l’expression d’un ressentiment, d’un « ya basta », qui déborde largement les intérêts partisans, il est l’expression de la vox populi, de la douleur des gens du peuple face à l’indifférence des partis politiques et de l’État, ce qui n’est pas sans rappeler par quelques aspects un certain janvier 1994... Il pêche sans doute par une certaine naïveté, trouver de l’humain, « un corazón » sous la livrée des valets ou sous l’habit des maîtres. Cela dit, le Mouvement pour la paix en tant que mouvement civil n’avait logiquement, dans un premier temps du moins, d’autres alternatives que d’en appeler au gouvernement, la société civile se définissant par son rapport, fondé sur le droit constitutionnel, à l’État. L’autre alternative pour la société civile est de changer la Constitution, c’est-à-dire d’État. Le mouvement de Javier Sicilia est bien un mouvement civil mais il ne représente qu’une partie de la société civile mexicaine, l’autre, qui ne dit rien, consent ou est favorable à la politique menée par le gouvernement. Quoi qu’il en soit, le Mouvement pour la paix et la dignité, issu des profondeurs de la société mexicaine, représente une ouverture sur la société civile mexicaine pour les zapatistes.

Les zapatistes pouvaient se présenter au début dans leur volonté de négociations et de paix comme un mouvement civil, depuis sa rupture avec l’État, suite au non-respect des accords de San Andrés, ils ne forment plus un mouvement civil. Ont-ils pour autant retrouvé leur vocation originelle de société sans État ou encore de « société contre l’État » ? La question reste posée même si d’un point de vue purement stratégique, le mouvement zapatiste ne peut se permettre de se trouver isolé dans la société mexicaine. Et voilà que l’occasion s’offre enfin d’une rencontre prochaine entre un mouvement civil et les zapatistes. Ils ne vont pas la laisser passer quand des forces hostiles s’accumulent à l’horizon et se préparent à fondre sur le Sud-Est, où se trouvent deux forts bastions de la résistance des peuples : dans le Guerrero, l’organisation de la police et de la justice communautaire ; dans le Chiapas, les régions autonomes zapatistes.

Dans le Sud-Est mexicain, le 31 août 2011.
Georges Lapierre

[1] O’Donell (Guillermo), La Democracia en América Latina. El Debate conceptual sobre la democracia, Pérou, 2004.

[2] Klein (Naomi), The Shock Doctrine. The Rise of Disaster Capitalism (Metropolitan Books, New York, 2007) ; La Stratégie du choc. La montée d’un capitalisme du desastre (Actes Sud, 2008).

[3] Auxquels nous devons ajouter cinq mille disparitions dues aux militaires, aux groupes paramilitaires, à la mafia, aux bandes organisées ; parmi ces disparitions, beaucoup de leaders sociaux, de défenseurs des droits humains, de journalistes.

[4] Bureau de l’Alcool, du Tabac et des Armes à feu. L’affaire et les explications fournies sont extrêmement confuses, une opération bien nommée Rápido y furioso aurait été montée pour repérer le trafic des armes à feu entre les États-Unis et le Mexique, l’opération aurait mal tournée et les deux mille armes se seraient mystérieusement volatilisées, elles n’ont pas été perdues pour tout le monde, le scandale a éclaté (et l’affaire connue) quand il est apparu qu’une de ces armes avait été utilisée pour abattre un garde-frontière nord-américain.

[5] Information donnée par La Jornada du 27 août 2011. Pourtant si l’on cherche à mettre son nez dans cette affaire de casinos et de salles de jeux, on se rend vite compte de sa complexité, parmi ces mille et quelques casinos, beaucoup existaient déjà qui ont été légalisés au cours de ces six années, mais il faut aussi ajouter ceux qui ne sont pas légalisés mais qui ont obtenu un recours devant les tribunaux et enfin tous ceux qui sont encore « clandestins » aux yeux d’une administration complaisante (plus d’un millier, dit-on). L’attentat du casino Royale en révélant brusquement l’existence de toutes ces machines à laver l’argent sale montre le lien étroit qui existe entre l’appareil d’État et les cartels de la drogue et toute l’hypocrisie de cette pseudo-guerre aux narcos.

[6] Information donnée par le New York Time au début du mois et reprise par les journaux et radios ici, au Mexique.

 

Source : Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte

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13 septembre 2011 2 13 /09 /septembre /2011 09:48

 

 



Une orientation qui a suscité l’ire des gros propriétaires. Pour la bourgeoisie chilienne tout comme pour les dirigeants de Washington, il fallait briser le rêve de Salvador Allende avant qu’il ne soit trop tard et à n’importe quel prix. Effectivement, le prix a été fort. Ainsi, la matinée du 11 septembre 1973, à Santiago du Chili, l’aviation bombarde le palais présidentiel, La Moneda. Resté seul, le Président se suicide d’une rafale de mitraillette. Il avait 65 ans. Les militaires prennent de force le pouvoir.



Dans les jours qui suivent, plusieurs dizaines de milliers de personnes suspectes de sympathie marxiste sont raflées et concentrées dans le sinistre stade de Santiago. Des milliers de Chiliens furent exécutés, torturés ou exilés. Des milliers de citoyens sont portés disparus.
La junte militaire prononça la dissolution du Congrès national, des syndicats et des partis politiques. La liberté de la presse fut abolie, le couvre-feu instauré. La dictature militaire a sévi abominablement jusqu’en 1990. Pendant près de trois décennies, le peuple chilien a été soumis à une tyrannie des plus cruelles de l’histoire contemporaine.



Le dictateur Pinochet quitte la présidence de la République le 11 mars 1990, tout en conservant, pour huit ans encore, le commandement de l’armée chilienne, puis il devient sénateur à vie, en tant qu’ancien président. Il est arrêté à Londres, suite à une poursuite engagée par le juge espagnol Garzon Baltazar pour «génocide, terrorisme et tortures».
Il meurt en décembre 2006, sans avoir été jugé. Si le bourreau a connu une fin sans gloire, Salvador Allende, lui, demeure encore l’emblème d’une lutte à reprendre pour un monde plus juste et plus humain.


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5 septembre 2011 1 05 /09 /septembre /2011 09:12

DÉSINFORMATION-SPECTACLE

   

Maurice Lemoine
http://www.monde-diplomatique.fr/cahier/ameriquelatine/tintin
Juin 2001.

   

    

Il fallait s'y attendre. Après avoir sévi en Algérie, avec la pertinence que l'on sait, puis en Angola, au Burundi, au Soudan et au Sri Lanka, « Tintin » -Henri Lévy (THL) a atterri en Colombie (1). Curieux de savoir « qui tue le mieux », des fascistes ou des guérilleros marxistes, il entraîne d’emblée son lecteur dans le département de Cordoba, « dans une de ces zones dont les cartes disent : " Relief et topographie mal connus " ». Faute de place sans doute - notre héros ne s'est vu accorder que deux pages ! -, on échappe de peu à la découverte de la dernière tribu sauvage n'ayant jamais rencontré un nouveau philosophe ! Dommage, la scène eut été belle : « Docteur Levystone, I presume ? » On découvrira d'ailleurs un peu plus loin que San Vicente del Caguan, zone démilitarisée contrôlée par les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) se trouve « en pleine forêt amazonienne » (laissant perplexes ceux qui, en sortant de cette bourgade, ont cru traverser des dizaines de kilomètres d'une savane où se pratique l'élevage).

Description : http://www.homme-moderne.org/grafx/lettrine/pointg.gif Laissant sa jungle inexplorée, THL se porte à la rencontre des guérilleros marxistes : « Ces gens qui ont à répondre de dizaines de milliers de morts, ces maîtres chanteurs, ces séquestrateurs, ces spécialistes de la "guerre sale" ». Le conflit, selon les estimations les plus courantes, a fait de l'ordre de 40 000 morts ces dix dernières années. Durant cette période, tous les rapports - depuis celui de Justicia y Paz (Bogotá, 1992) jusqu'au récent rapport de la Haut-commissaire des nations unies pour les droits de l'homme, - attribuent environ 80% des victimes à la force publique et surtout aux paramilitaires, pour 20% aux guérillas. Soit plus ou moins 8 000 morts imputables à ces dernières. C’est beaucoup, mais cela ne correspond en aucun cas aux « dizaines de milliers » de corps spectaculairement annoncés. Le dérapage chiffré n'a rien d'anodin, on l'aura compris.

Description : http://www.homme-moderne.org/grafx/lettrine/pointg.gif Même traitement pour les insurgés lorsque sont rapportés les enlèvements pratiqués par les insurgés pour se financer - information exacte -, mais aussi lorsque est à nouveau évoquée « la base rouge » de San Vicente del Caguan et le cauchemar de « prisons souterraines où sont regroupés, paraît-il, des centaines de séquestrés (...) ». Ce n'est plus du sous-Malraux, c'est du sous-SAS... « Communisme trafiquant, communisme à visage gangster », ce dernier communisme « n'est plus qu'une mafia », assène THL. Certes, l'arrestation, le 21 avril, d'un baron de la drogue brésilien, M. Luis Fernando Da Costa - alias « Fernandinho » -, accusé d'être « en affaires » avec les FARC, a relancé les traditionnelles accusations de « narcoguérilla ». Toutefois, les observateurs n’auront pas manqué d'analyser les chiffres et les révélations qui ont filtré après l’arrestation du trafiquant : « Il achetait annuellement près de 200 tonnes de cocaïne colombienne pour lesquelles il payait aux FARC 500 dollars par kilo et 15 000 dollars par avion survolant le territoire de la guérilla » (2). Un kilo de cocaïne vaut 15 000 dollars au départ de Colombie ; un avion en emporte au minimum 100 kilos : on sourira devant des « narcos » aussi peu doués pour les affaires ! En revanche, l'examen des sommes confirme (sauf révélations ultérieures) qu'il s'agit bien d'un « impôt révolutionnaire » sur la production, comme les FARC l'ont toujours affirmé et revendiqué. Ce que, somme toute, ne cesse de répéter le président Andrés Pastrana depuis son arrivée au pouvoir et l'ouverture de négociations : « Si le gouvernement croyait que les FARC sont un cartel de la drogue, il ne négocierait pas avec elles. C'est une chose de fonctionner comme un cartel, une autre tirer profit de l'argent que cette activité produit » (3). Car tout de même... Quelle curieuse bande de gangsters que celle qui, le 29 juin 2000, a reçu des centaines de paysans, près de 1 000 observateurs, les représentants de 23 pays - dont tous les ambassadeurs des nations de l’Union européenne, celui de l’Organisation des nations unies, etc. - pour analyser les problèmes entraînés par la culture de la coca, la production de cocaïne, et les moyens d’y mettre fin.

Description : http://www.homme-moderne.org/grafx/lettrine/pointg.gif Après avoir réduit les guérillas au statut de gang criminel, notre reporter planétaire s’intéresse aux fascistes qui « leur livrent une guerre sans merci, dans le dos d'une armée absente ». Nul n’ignore pourtant que les « milices » en question n’affrontent pas la guérilla, mais massacrent les populations civiles qui lui sont censément favorables. A titre d’exemple, 520 assassinats en six mois pour le seul département du Cauca sont attribués à ces autodéfenses « que l'on appelle, maintenant, les "paramilitaires" » (on notera les guillemets). Dans les faits, il convient d’inverser les termes de la proposition : ce sont bel et bien des paramilitaires (sans guillemets) que l'on appelle à présent Autodéfenses unies de Colombie (AUC), dans le but de gommer leurs liens avec une armée (cette fameuse « armée absente ») qui, depuis toujours, les forme, les protège et les utilise pour mener la « guerre sale ». Pour qui en douterait, on mentionnera le rapport de l’organisation Human Right Watch (4) ; la Commission interaméricaine des droits de l'homme de l'Organisation des Etats américains (OEA) qui, le 4 mai dernier, s'est déclarée profondément préoccupée par « l'influence croissante des groupes paramilitaires et par l'action ou l'omission des agents gouvernementaux, qui parfois (leur) permettent et y compris collaborent (avec eux) dans des cas atroces atroces de violation des droits de l'homme » (5).

Description : http://www.homme-moderne.org/grafx/lettrine/pointg.gif À Barrancabermeja, principal port pétrolier colombien, depuis le 22 décembre 2000, plus de 5 000 hommes des forces militaires protègent les « paracos » qui se sont emparés de la ville. Dans le Sud Bolivar, l’action simultanée des paramilitaires et de la cinquième brigade (Opération Bolivar) empêche la démilitarisation d’une zone de 4 000 kilomètres carrés permettant au gouvernement de mener un dialogue avec l'Armée de libération nationale (ELN). Le 30 avril, M. Chris Patten, commissaire aux relations internationales de l'Union européenne à Bruxelles, établissait implicitement une comparaison : « Il existe une forte préoccupation au sujet de l'accroissement des paramilitaires. » En revanche, « le dialogue avec les principaux groupes guérilleros a évolué de manière constante durant les deux dernières années, malgré les problèmes inévitables ». Après avoir vilipendé la « narcoguérilla », THL laisse sans réagir M. Carlos Castaño, chef des paramilitaires, narcotrafiquant notoire, affirmer : « Nous on n'est pas dans le trafic ». Les preuves depuis longtemps s’accumulent sur l’étroite collaboration entre AUC et trafiquants. La guerre en Colombie se résumera, dans cet article pitoyable, à un affrontement entre « narcoguérilleros » « à l’œil torve, le sourire voyou » et un psychopathe dont « je me demande s’il n’est pas tout simplement camé » (un simple consommateur, en quelque sorte).

Description : http://www.homme-moderne.org/grafx/lettrine/pointg.gif Pour qui suit les développements du conflit, le fait majeur demeurera, le 30 mai (deux jours avant la publication des exploits de THL), l’annonce de la présumée démission de M. Carlos Castaño, qui abandonnerait la direction des AUC. Sous la pression de la communauté internationale, le gouvernement colombien a donné, ces dernières semaines, les signes d’un raidissement vis-à-vis des paramilitaires. D’une part, les autorités attribuent à une guerre entre ceux-ci et des tueurs à gages de la bande de « La Terraza » (ex-alliés devenus ennemis et dont certains membres ont proposé au gouvernement de se rendre et de révéler les liens entre paramilitarisme et de hauts commandants militaires) les explosions de voitures piégées qui ont fait 30 blessés, le 4 mai à Cali, et 9 morts et 137 blessés à Medellin le 18 mai. Cette vague de terrorisme pourrait valoir à M. Castaño le sort de Pablo Escobar, l'Etat, inquiet, se retournant (enfin !) contre lui.

Description : http://www.homme-moderne.org/grafx/lettrine/pointg.gif Ainsi, les propriétés d’éleveurs, de commerçants, y compris celle de M. Salvatore Mancuso, bras droit de M. Castaño, ont été perquisitionnées à Montería, laissant entre les mains des autorités de nombreuses informations sur le cœur financier des AUC. Alors qu’une partie de son état-major entend, dit-on, engager en représailles une campagne terroriste contre le gouvernement, M. Castaño refuserait d’affronter l’Etat (dont il demeure somme toute la création). Son image détestable fait le reste, et une mise au vert, si elle se confirmait, permettrait sans doute d’apaiser la communauté internationale.

Description : http://www.homme-moderne.org/grafx/lettrine/pointg.gif Autre fait majeur, l’accord signé le 2 juin entre le gouvernement Pastrana et les FARC, prévoyant la libération de 42 soldats et policiers prisonniers de la guérilla (elle en détient près de 500) et malades, en échange de l’élargissement de 15 guérilleros emprisonnés, également en mauvais état de santé. Depuis de très nombreux mois, cet échange humanitaire se heurtait à l’opposition féroce du haut commandement militaire et du ministre de la défense (on notera au passage que ce type de problème ne se pose pas avec les paramilitaires : ils ne font pas de prisonniers). Cette première défaite des durs du système pourrait ouvrir la voie à d’autres pas dans l’humanisation du conflit.

Description : http://www.homme-moderne.org/grafx/lettrine/pointg.gif Les FARC continuent d’affirmer que si le président Pastrana désire la paix, il doit « abandonner le modèle néolibéral », « récuser la dette extérieure » et « créer un modèle économique nettement plus redistributif »). Quand on connaît la concentration de la richesse en Colombie, de telles revendications ressemblent à un coup de poignard pour une oligarchie qui ne veut pas entendre parler de négociations. D’où, pour « l’observateur sagace » « Tintin »-Henri Lévy (c’est ainsi qu’il se décrit), cette interprétation de la guerre, « un affrontement de malfrats et de pantins, de clones et de clowns », renvoyant les belligérants dos à dos. Mais n’a-t-il pas déjà apporté son soutien aux fascistes lorsque, dans les années 1980, il réclamait du gouvernement Reagan une intervention militaire au Nicaragua, et soutenait ardemment les contras ?

(1) « Les maux de tête de Carlos Castaño », Le Monde, 2 juin 2001.

(2) El Tiempo, Bogotá, 29 avril 2001 ; Tiempos del Mundo, Buenos Aires, 3 au 9 mai 2001.

(3) El Tiempo, Bogotá, 26 avril 2001.

(4) « Colombia's Military Linked to Paramilitary Atrocities », Washington, 23 février 2000. Site de l'organisation Human Rights Watch.

(5) http://www.cidh.oas.org/

    

 

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1 septembre 2011 4 01 /09 /septembre /2011 16:07

 

 

 

Chili - 25 aout CUT (2)600 000 travailleurs dans les rues Chiliennes après deux jours de grève nationale en soutien aux mobilisations étudiantes face à une répression policière meurtrière



Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

 

Après plus de quatre mois de mobilisations historiques des étudiants chiliens, qui ont porté jusqu'à 500 000 étudiants et enseignants dans la rue, le mouvement ouvrier chilien est passé ces 24 et 25 août de la solidarité en paroles à la solidarité en actes avec deux jours de grève nationale convoquée par la Centrale unitaire des travailleurs (CUT).

 

Chili - 25 aout CUT (1) Ce 25 août, ils étaient plus de 400 000 travailleurs dans les rues de Santiago, 600 000 dans tout le pays, à exprimer leur solidarité avec les revendications des étudiants et à afficher leur volonté de voir naître un « autre Chili », plus égalitaire que celui hérité de la dictature de Pinochet, laissé intact par la « gauche » et aujourd'hui incarné par le président libéral Sebastian Pinera.

 

Si le gouvernement a tenté de minimiser l'impact de la grève,le fait est que l'activité du pays a été fortement perturbée, en particulier dans la fonction publique, les transports et l'éducation bien entendu. Les syndicats de fonctionnaires annonçaient des taux de grévistes de 80% dans des branches comme celle des impôts.

 

Ces deux jours de grève étaient autant une mobilisation de soutien aux étudiants en grève que l'expression d'une colère générale vis-à-vis de la politique de classe du gouvernement Pinera, aujourd'hui plus impopulaire que jamais. Seulement 25% des Chiliens soutiennent le gouvernement.

 

Le mot d'ordre « Je me bats pour mes enfants », présent dans toutes les manifestations, exprime bien l'enjeu de l'éducation dans la vie des ménages ouvriers et populaires chiliens.

 

Les étudiants et familles portent le poids de 75% des coûts d'éducation, les frais de scolarité atteignent – même dans les universités publiques – des sommes astronomiques, jusqu'à 1 800 $ par mois, la norme étant entre 250 et 860 $ par mois.

 

En moyenne, chaque étudiant chilien est endetté à hauteur de 30 000 $ à la sortie de ses études, en raison des crédits contractés pour les financer.

 

Aujourd'hui, l'université est devenue de fait inaccessible à la plupart des enfants des classes populaires. Pour les autres ainsi que pour les enfants des classes moyennes, elle signifie des sacrifices de plus en plus insupportables pour avoir accès à une éducation de piètre qualité, notamment dans les universités privées autonomes.

 

Les revendications du mouvement étudiant portent donc fondamentalement sur la remise en cause de la privatisation de l’éducation héritée de l'ère Pinochet et réalisée sur la base de la municipalisation et de l'autonomie des universités. Mais elles voient plus large, avec notamment le financement de l'éducation publique par la re-nationalisation intégrale du cuivre et une réforme progressive de la fiscalité, touchant les plus riches et les grandes entreprises.

 

Le mouvement étudiant porte la revendication de la remise en cause de l'ensemble du modèle capitaliste libéral chilien, comme l'affirme la secrétaire communiste de la Fédération étudiante de l'Université du Chili (FECH) Camila Vallejo : « ce modèle néo-libéral ne nous convient pas. Son seul but est le profit et les intérêts d'une minorité. Nous estimons qu'il est nécessaire d'avancer vers un système plus égalitaire. Nous voulons un pays libre, un pays juste, plus démocratique et plus égalitaire. Et c'est pour cela que nous avons besoin d'une éducation de qualité pour tous. »

 

 

Face à ces revendications légitimes, le gouvernement réactionnaire de Pinera est de plus en plus affaibli politiquement. Ces manœuvres politiciennes visant à minimiser ou décrédibiliser le mouvement ne prennent pas auprès d'un peuple chilien qui soutient à plus de 80% les revendications des étudiants.

 

Chili - 25 aout ManuelLe dernier recours est l'usage de la force. Ces 24 et 25 août, les forces de police ont usé d'une violence sans retenue envers les manifestants, aboutissant à l'arrestation de 1 394 manifestants. Surtout, ce déchaînement de violence a conduit au décès d'un jeune lycéen de 16 ans, Manuel Gutiérrez Reinoso,abattu d'une balle en pleine poitrine et qui, d'après les premiers témoins, ne faisait que suivre la manifestation à deux pas de son domicile.

 

Comme le résume bien le président de la Commission chilienne des droits de l'Homme, Gonzalo Taborga : « On vit aujourd'hui au Chili sous un État policier qui ne reconnaît pas le droit à manifester ».

 

La vague d'indignation causé par la mort du jeune Manuel Gutiérrez a conduit le gouvernement à afficher publiquement sa volonté d'ouvrir les négociations. Rien n'indique qu'il bougera de la position initiale du GANE (Grand accord national pour l'éducation), c'est-à-dire des mesures purement cosmétiques – comme une revalorisation des bourses et une baisse des taux d'intérêts – ne touchant pas à la question de la privatisation de l'éducation.

 

En tout cas, la colère sociale portée par le mouvement fait qu'au Chili plus rien ne sera vraiment comme avant, elle porte en elle la remise en cause de l'ensemble du modèle capitaliste chilien, héritier de la dictature, poursuivi et approfondi par la gauche de la « Concertation » (démocrate-chrétienne/socialiste soutenue par les communistes) et par la droite de Pinera.

 

Comme le résume le secrétaire-général du PC Chilien, Guillermo Tellier, la volonté d'en finir avec ce système est telle chez les manifestants, étudiants et travailleurs que le prochain gouvernement ne pourra « ni être un gouvernement de droite, ni être un gouvernement de la Concertation » mais un mouvement politique et social qui incarne une réelle alternative, remettant en cause le règne du profit dans la vie politique et dans la société Chilienne.

 

Source : 600 000 TRAVAILLEURS DANS LES RUES CHILIENNES APRES DEUX JOURS DE GREVE NATIONALE EN SOUTIEN AUX MOBILISATIONS ETUDIANTES FACE A UNE REPRESSION POLICIERE MEURTRIERE - Le blog de Jacques Tourtaux

Et chez Primitivi : Chili : Le gouvernement chilien annule sa réunion avec étudiants - Primitivi

                            Chili : les carabiniers reconnaissent l'assassinat - Primitivi

 

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