26 janvier 2013 6 26 /01 /janvier /2013 00:42

 

 

 

Plus que jamais les grands médias sont méfiants. Avec l’avènement des réseaux sociaux, tout un chacun peut s’improviser enquêteur, journaliste et commentateur.

N’importe qui, grâce à la toile, s’empare d’un sujet, s’exprime et acquiert potentiellement une large audience.

« Méfiez-vous, disait Arlette Chabot, méfiez-vous des adeptes de la théorie du complot, je vous demande d’être prudent(…) un jour vous vous apercevrez que vous avez été trompés, manipulés. Ayez aussi en tête que le « buzz » qui doit vous faire réagir peut-être organisé aujourd’hui par des sociétés spécialisées . »

Ainsi nous alertait Arlette Chabot dans un documentaire intitulé « Huit journalistes en colère » diffusé surArte en février 2010.

Depuis le 11 septembre 2001 notamment, on nous suggère de nous méfier d’internet, on y trouve tout et n’importe quoi.

Tout est matière à remises en cause, à rumeurs, à fantasmes.

Avec le temps, un nouveau qualificatif est apparu dans le langage courant : « le théoricien du complot », aussi appelé « conspirationniste » ou « complotiste ».

Ces termes souvent utilisés dans les grands médias par les journalistes et les commentateurs désignent semble-t-il celui qui s’imagine que la vérité nous est toujours cachée. Selon lui, des puissances occultes orchestrent les grands événements pour nuire au plus grand nombre. Le conspirationniste souffre d’un délire de persécution et voit des complots partout.

A priori, rien ne semble distinguer le théoricien du complot du paranoïaque.

A l’exception du diagnostique médical, les deux individus souffrent des mêmes symptômes : ils se sentent persécutés et s’imaginent des choses extraordinaires qui se trameraient dans leur dos.

Alors pourquoi est apparue cette expression et que signifie-t-elle ?

Prenons le terme « conspirationniste ».

Il est constitué de la racine « conspiration » et du suffixe « isme »

A-t-on besoin ici de définir ce qu’est une conspiration/ un complot ? Tout un chacun peut se reporter à la définition du dictionnaire et y songer à l’envi. En effet, les termes « complot » ou « conspiration » peuvent désigner un grand nombre de situations, qu’il soit question d’évènements historiques, mythologiques, ou surgis dans le quotidien. L’existence de complots entre les humains jalonnent notre existence. Comme le dit Jacques Alain Miller dans un entretien à l’Express de décembre 2011, « dès qu’on parle, n’est-il pas vrai qu’on complote ? »

La terminologie en « isme » désigne en revanche quelque chose de très précis.

Un isme est un concept. Le suffixe « isme » ajouté à la fin d’un mot permet de désigner une doctrine, un dogme, une idéologie ou une théorie (exemples : catholicismebouddhismecubismesurréalisme,gaullismesocialismedarwinisme… etc).

Ainsi en se référant à la structure du terme on peut s’interroger :

  • Soupçonner l’existence d’un complot, est-ce une doctrine, un dogme ou une idéologie ?

À l’évidence non.

Présumer une conspiration, c’est une intuition, une opinion.

S’il arrive qu’une opinion -une perception même- soit le fruit d’une idéologie, l’opinion elle, n’est pas une idéologie.

C’est un jugement personnel que l’on porte sur une question (un jugement qui n’est pas obligatoirement juste d’ailleurs).

  • Soupçonner l’existence d’un complot, est-ce un théorie ?

Le fait de mettre en doute les premiers pas de l’Homme sur la lune, la version officielle du 11 septembre ou l’attentat de JFK ne peut se réclamer d’une même théorie. Chaque mise en cause d’un fait historique suggère une théorie particulière.

Si l’on suppose que tous ces événements sont liés par un dessein commun, on ne pourra jamais englober l’ensemble des complots existants dans une même théorie. « La conspiration » dans son acception générale n’est donc pas une théorie.

A l’instar de «  conspirationniste  » ou «  complotiste  », l’expression « théoricien du complot » définit le sujet comme un adepte d’une discipline ou d’une croyance particulière (on parle d’ailleurs « d’adepte de la théorie du complot » comme on parle « d’adepte d’une secte » !). Ce terme, comme ses équivalents, tend à catégoriser sous une même expression toute personne suspectant l’existence d’une manipulation quelle qu’elle soit. C’est absurde !

En réalité les termes « conspirationniste »« complotiste » et « théoricien du complot » sont des formules qui n’ont aucun sens.

Leur structure même le prouve.

Par conséquent ces termes sont des exemples édifiants de ce qu’Orwell appelait le novlangue.

Le novlangue est un langage inventé par Georges Orwell dans son livre 1984.

C’était la langue officielle du gouvernement autoritaire de l’Océania.

Basé sur l’idiome de l’époque, il consistait à créer une langue simplifiée, débarrassée des termes jugés inutiles.

Le postulat était qu’en modifiant le langage, on transformerait l’esprit des gens.

Il était entendu que lorsque le novlangue serait une fois pour toute adopté et que l’ancilangue serait oubliée (la langue d’origine), une idée hérétique -c’est à dire une idée s’écartant des principes de l’angsoc- serait littéralement impensable, du moins dans la mesure où la pensée dépend des mots.

- Georges Orwell 1984

Le novlangue est donc défini par une simplification lexicale et syntaxique de la langue destinée à rendre impossible l’expression des idées subversives et à éviter toute formulation de critique ( et même la seule « idée » de critique) de l’Etat.

Ainsi nous constatons aujourd’hui l’émergence d’expressions installées de manière volontaire ou non, visant à discréditer toute personne qui met en cause la parole du Gouvernement.

En effet, « être conspirationniste » est discréditant à deux égards :

1°) Comme explicité plus haut, l’expression « conspirationniste » (« complotiste » ou « théoricien du complot ») vise à assimiler le sujet non comme une personne qui exprime librement son opinion, mais comme un croyant ou un disciple d’une secte ou d’un dogme particulier. On ne peut pas discuter avec lui d’un sujet rationnel puisque celui-ci obéit au dogme conspirationnisteLe théoricien du complot est un mystique qui ne voit la réalité qu’au travers du prisme complotiste.

2°) L’expression «  conspirationniste  » fonctionne par amalgame.C’est Donald Rumsfeld le premier, qui lors d’une conférence de presse au lendemain du 11 septembre, a attribué un caractère antisémite aux tenants de la thèse du complot. Aussitôt l’ensemble des médias s’est engouffré dans la brèche. On a accusé Thierry Messan de propager des thèses haineuses. David Ray Griffin et les réalisateurs du filmLoose Change avaient prétendument puisé leur sources dans les milieux d’extrême droite. Quelques années plus tard, c’est la chroniqueuse d’une émission grand public qui affubla Mathieu Kassovitz du titre de « Négationniste du 11 septembre ». Manuel Walls lui, dans un entretien avec des internautes, avança que ceux qui croyaient au complot du Bilderberg étaient les mêmes qui mettaient en cause la version officielle du 11 septembre et l’existence de la Shoa.

L’association est clairement établie depuis longtemps :

Conspirationnisme = révisionnisme = antisémitisme

En somme ce qui sous-tend l’accusation «  conspirationniste  » c’est un procès en nazisme !

Les théoriciens du complot sont les hérétiques des temps modernes.

Si jadis on accusait certains de sorcellerie, aujourd’hui on les accuse de complotisme. Si hier ils passaient sur le bûcher, aujourd’hui ils sont voués aux gémonies.

Les théoriciens du complot sont des infréquentables. Ils propagent des rumeurs nauséabondes, manipulent, divulguent de fausses informations. Ils prennent corps dans des cercles extrêmistes et infestent le reste de la société. C’est une espèce qui se répand par contagion. Soyez vigilant, personne n’est immunisé !

Je me souviens de cette scène où un journaliste osait confronter Bernard Henry Lévy sur les doutes concernant l’existence des tirs de l’armée de l’air Lybienne sur sa propre population. Celui-ci répondant à son interlocuteur : « Méfiez-vous, vous n’êtes pas loin de la théorie du complot ! »

Assurément, toute personne qui doute de la version du Gouvernement est un conspirationniste qui s’ignore.

Bernard Henry Lévy comme Arlette Chabot nous alertait :

Méfiez-vous, méfiez-vous des adeptes de la théorie du complot, je vous demande d’être prudent (…) un jour vous vous apercevrez que vous avez été trompés, manipulés. Ayez aussi en tête que le « buzz » qui doit vous faire réagir peut-être organisé aujourd’hui par des sociétés spécialisées.

Arlette Chabot, comme sept autres de ses confrères, s’était retrouvée devant les caméras d’Arte pour la réalisation d’un documentaire destiné à redorer le blason d’une presse en crise. Une ronde de journalistes fameux venaient courber l’échine, confesser leurs fautes, leurs faiblesses, tenter d’exciter la charité du téléspectateur.

Dans son intervention, Arlette Chabot nous donnait un bel exemple de l’imposture de notre classe journalistique : elle nous alertait au sujet des théories du complot en reprenant paradoxalement la thématique des officines secrètes et des puissances occultes, elle usait ainsi de cette ruse orwellienneque je dénonce dans cet article.

En conclusion, les journalistes et les commentateurs refusent de reconnaître leurs contradicteurs, ils refusent de leur donner voix au chapitre et de faire écho à leur thèses. Ils font passer leurs adversaires pour des fous, des croyants, des fanatisés et s’indignent à la seule évocation de leurs thèses. Le terme novlangue décrypté ci-dessus est un outil qui permet de légitimer cette attitude. Les expression «  conspirationniste  », «  complotiste  » et « théoriciens du complot » ne signifient rien et ne visent qu’à empêcher les gens de contester la parole du Gouvernement.

Nous avons ici un exemple typique d’une stratégie sectaire.

Ainsi, nos journalistes et nos commentateurs assurent la pérennité de la pensée unique et du dogme officiel.

 

Source :  AgoravoxGaelR

Via : Le conspirationnisme n’a pas eu lieu « État du Monde, État d'Être

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22 janvier 2013 2 22 /01 /janvier /2013 00:55

 

Voilà de quoi mettre sur le tapis la question des experts. Quel fondement éthique pour le choix de quel expert ? Le choix d’un expert est un choix par nature politique… Aristote proposait comme expert l’usager… et je suis tout à fait d’accord avec cette vision des choses. En ce qui concerne les effets du Round UP, des OGM, des vaccins nous assistons aux combats d’experts aussi qualifiés les uns que les autres. Ce qui les différentie c’est que les uns défendent les normes établies par le système et les autres un point de vue dissident.  Seuls ceux qui défendent les normes du système sont recevable par le système. L'expertise devient donc une sorte de rituel sans consistance, ,une fiction de validation. Un peu comme les élections en politique.

A suivre…

Remise des données brutes à un huissier Version imprimable Suggérer par mail

TOXICITE CONFIRMEE POUR UN OGM ET POUR LE PESTICIDE ROUNDUP, PLAINTES EN DIFFAMATION AUX CRITIQUES


Remise des données brutes à un huissier

 

Le CRIIGEN se réjouit de la confirmation des recherches de l'équipe du Pr. Séralini, publiées en septembre dernier sur la toxicité à long terme du principal herbicide du monde, le Roundup, et d'un maïs OGM qui l'absorbe sans mourir, deux produits de la firme Monsanto. Cette étude a été une des plus consultées au monde depuis septembre 2012 (Food and Chemical Toxicology, 50 (2012), 4221-4231). Non seulement elle a été maintenue dans sa publication par une des meilleures revues de toxicologie au monde, malgré des pressions incessantes, mais aussi les réponses détaillées à toutes les critiques viennent d'être publiées par le même éditeur (Food and Chemical Toxicology (2013), en ligne). De plus, l'équipe a de nouvelles données expérimentales qu'elle diffusera bientôt sur le Roundup. 

 

Les critiques négatives émanaient d'une quarantaine de scientifiques ou regroupements (associations, agences de validation des produits...) dont les conflits d'intérêts ont été établis pour une grande majorité d'entre eux, que ce soit directement avec la société Monsanto, ou bien avec les personnes ayant favorisé les autorisations des produits de la firme en question, ou du même type de produits. La plupart de ces personnes ne sont pas de la spécialité, ou ne publient pas dans le domaine de la toxicologie des pesticides ou de l'évaluation des OGM.

 

Le CRIIGEN et l'équipe de recherche ont reçu le soutien et les critiques positives de plus de 300 scientifiques de 33 pays et 5 continents, qui représentent davantage à notre sens l'ensemble de la communauté scientifique.

 

Le CRIIGEN se réjouit aussi du fait que l'ANSES, et plusieurs pays dont la France, ont reconnu la nécessité de tests à long terme pour les OGM, et la sous-évaluation des pesticides. Un projet de résolution en ce sens va être soumis au Parlement français. Nous nous en félicitons. Par ailleurs, la Direction Générale de la Santé et des Consommateurs de la Commission Européenne a désavoué l'avis de l'EFSA sur l'absence de nécessité de tests à long terme.

 

Ainsi, notre étude a révélé les carences des évaluations ayant conduit aux autorisations des produits incriminés, ainsi que le laxisme des agences sanitaires, dont l'EFSA, qui ont commis des fautes professionnelles graves pouvant mettre en danger la vie d'autrui.

 

Par ailleurs, nous avons déposé fin 2012 des plaintes en diffamation contre les assertions de "fraude" et "données falsifiées" publiées respectivement dans Marianne et La Provence par Jean-Claude Jaillette et Claude Allègre. Nous rappelons que C. Allègre fait partie de l'association de défense des biotechnologies végétales (AFBV) qui a déjà été condamnée avec son président M. Fellous pour diffamation à notre encontre en 2011. D'autres  plaintes sont en cours pour propos diffamatoires ridicules et mensongers, alors que toutes les critiques scientifiques s'essoufflent.

 

Nous allons prendre en 2013 d'autres mesures judiciaires appropriées afin notamment de faire toute la transparence sur les données toxicologiques cachées et laxistes qui ont permis, via les agences sanitaires, d'obtenir les autorisations de commercialisation des produits que nous avons testés, entre autres. Pour donner l'exemple, nous déposons nos données brutes auprès d'un huissier de justice, très solennellement. Nous les rendrons publiques dès que les agences ou Monsanto auront fait de même pour les leurs, et que les gouvernements y auront consenti. Ceci permettra vraiment à l’ensemble de la communauté scientifique de disposer de toutes les données toxicologiques existantes sur ces produits industriels, afin que s’opère une véritable expertise contradictoire et transparente, et non plus une pseudo-expertise biaisée par des groupes de pressions plus soucieux de leurs intérêts que de la santé publique.

 

Source ;  - Remise des données brutes à un huissier

Via : Les Dernières Nouvelles du Monde 

 

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22 janvier 2013 2 22 /01 /janvier /2013 00:13

 

Extrait de l'article :

 

Biologie de synthèse : Geneviève Fioraso, ministre de la fuite en avant

 

Qu’est-ce « cela » ? La biologie de synthèse est une discipline émergente, « science » pour les uns, « technologie » voire « technoscience » pour les autres. Ce serait « l’exemple, par excellence, de technologies convergentes, relevant à la fois de la nanotechnologie, de la biotechnologie et des technologies de l’information », les fameuses « NBIC » (Nano-Bio-Info-Cogno), tant promues par les transhumanistes pour « améliorer » l’homme par la technologie et oeuvrer au développement de cyborgs.
Le but de la biologie de synthèse est d’assembler les organismes vivants. C’est la fameuse image du jeu de Lego où les briques sont des séquences ADN. En maniant l’électronique, l’informatique, la cybernétique et le vivant, les spécialistes veulent créer des virus, des bactéries artificielles et autres organismes vivants inédits. Ils parlent de « nouveaux OGM », voire d’ « OEGM, organismes entièrement génétiquement modifiés » (Le Monde, 23/05/2010).
En clair, il s’agit de recréer la vie par des moyens artificiels, afin de dominer « la complexité du vivant », ce « verrou à lever pour la biologie de synthèse » selon Fioraso. En recréant artificiellement l’assemblage hasardeux des molécules du vivant, le but est de tout artificialiser pour tout rationaliser. Une volonté de contrôle total, où le hasard de la nature n’a plus sa place.

 

Un texte qui n’avait interpellée. Une exemplification de la confiscation du pouvoir populaire au nom de l’expertise scientifique. Comment des questions qui constituent des enjeux fondamentaux d’avenir, des choix de société irréversibles sont escamotées au nom du manque d’intelligence du public. Encore une fois, c'est intéressant parce qu'il s'agit de "leurs" textes. Autant JV 2020 nous donne leséléments de la volonté "contrôle du spectre total" par ceux qui instrumentalise à leur fin l'armée des Etats-Unis,autant ici nous voyons cette volonté de contrôle total de l'existant par une recréation artificielle d'êtres fonctionnels qui ne sont plus des vivants au plein sens du terme. L'aboutissement du délire mécaniste : "je prends le chien, je démonte le chien, je remonte le chien et c'est toujours le même chien !"

Je pense que s'il y a bien un travail d'information à faire, il consiste aussi à permettre à un maximum de gens de comprendre la nature et la portées des enjeux de recherches qui sont menées en dehors de toute consultation populaire. Un autre aspect de cette appropriation du monde et de son devenir par une clique et ses adeptes au cerveau complètement lavé. L'enseignement des sciences dans les universités mises aux services du privés s'apparente toujours plus à un endoctrinement. Il y a du fanatisme dans lecomportemet de la Ministre en question ci-dessous.

Il y a un immense travail à faire pour rendre confiance aux peuples dans leur capacité de penser par soi-même.

 

 

 

Biologie de synthèse : Geneviève Fioraso, ministre de la fuite en avant

jeudi 7 juin 2012 par Le Postillon

Dans son numéro de juin 2012, Le Postillon, journal grenoblois, commente le récent rapport sur la biologie de synthèse publié par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et techniques (à lire ici).

Ce rapport est signé Geneviève Fioraso, ministre grenobloise de la Recherche et de l’enseignement supérieur, "passionaria de l’innovation" selon la presse. Pour Jean Therme, patron du CEA-Grenoble, "c’est l’industrie solaire qui sauvera le monde", pour Geneviève Fioraso, patronne de la SEM Minatec, c’est la biologie de synthèse. Deux calamités de toutes façons, mais qui, l’une comme l’autre, profiteront de l’aide et du relais que la nouvelle ministre leur apportera - comprenez, subventions et soutiens divers. Pour Fioraso, pour Therme, comme pour tous les technarques, l’accélération technologique justifie toutes les folies.

 

Fioraso, ministre de la fuite en avant technologique
Comme l’exposait le portrait que nous lui avions tiré dans le numéro quatorze du Postillon, la nouvelle ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Geneviève Fioraso, n’a pas le temps de penser car elle ne fait que se dépenser, de réunion en comité de pilotage, de déjeuner d’affaires en conseil d’administration. Parmi ses multiples activités, cet article évoquait son activisme promotionnel en faveur de la biologie de synthèse – la dernière épouvante issue des laboratoires. Au moment de la publication du papier, Fioraso n’avait pas encore remis son rapport parlementaire sur le sujet. Depuis, son pavé, rédigé pour l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), a été publié : 225 pages de textes et 429 pages d’annexes, des voyages un peu partout dans le monde occidental (États-Unis, Canada, Allemagne, Italie, etc), 160 personnes  rencontrées dont des membres du FBI américain. Pour quel résultat ? Un plaidoyer pour une énième fuite en avant technologique et des recommandations pour échapper à la contestation, en évitant les erreurs des OGM et des nanotechnologies.
Notre vulgarisateur scientifique a survécu à la lecture de ce copieux rapport et vous livre ici une petite « synthèse » critique1.

 

Pour lire l’article, cliquer sur l’icône ci-dessous.


Fioraso ministre de la fuite en avant technologique
Version prête à circuler
122.3 ko

Source :  Pièces et Main d'Oeuvre

 

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21 janvier 2013 1 21 /01 /janvier /2013 20:09

 

 

Deux textes qui montrent comment se créent les matrices d’opinion dans l’enseignement.

 

 

 

Un texte de Claude Guillon de 2010 tout à fait à l'heure de RIO :


Education nationale et propagande :

« DÉVELOPPEMENT DURABLE »

 

Je ne prétends pas révéler ici à mes lecteurs que l’Éducation nationale, en tant qu’institution, a pour rôle social d’inculquer des « valeurs » aux futurs citoyens. Cependant, même en toute connaissance de cause, il demeure fascinant d’observer en temps réel une campagne idéologique en train de s’élaborer dans les bureaux d’un ministère, avec ici l’ambition affichée de rayer certains mots du vocabulaire, ou au moins de les discréditer au profit d’autres jugés plus convenables. À qui ou à quoi doivent servir ces grandes manœuvres, voilà ce qui se lit fort clairement, entre les lignes de l’abondante production pédagogique des stratèges de l’Éducation. Nous y reviendrons en temps utile.

À l’intention des distrait(e)s auquel(le)s aurait échappé l’engouement pédago-ministériel pour le dit « développement durable », rappelons que le premier « plan triennal de généralisation de l’éducation à l’environnement pour un développement durable » a été lancé en 2004. Eh ! oui, six ans déjà, à l’heure où j’écris ces lignes, que les programmes scolaires, notamment ceux de sciences de la vie et de la Terre et d’histoire-géographie, puis de mathématiques, de sciences physique et de chimie l’intègrent explicitement. Un nouveau plan triennal, couvrant la période 2007-2010, a été lancé. Il concerne « l’éducation au développement durable ».


Saurez-vous, petits amis, repérer le mot qui a disparu du programme entre 2004 et 2007 ? Je vous laisse quelques secondes... Bravo ! C’est le mot « environnement ». Ne croyez pas qu’il s’agisse d’un hasard et encore moins d’un oubli. Il en sera question plus loin.

En 2007, le Bulletin officiel de l’Éducation nationale (n° 14, 5 avril) publie une circulaire du 29 mars de la même année. Le ministère estime que « Grâce au socle commun de connaissances et de compétences, le développement durable est désormais solidement ancré dans la base des savoirs fondamentaux ». Le socle en question inclut la connaissance de « l’impact sur l’environnement de nos activités techniques, [...] une attitude de responsabilité face à l’environnement, au monde vivant, à la santé » ; il présente le DD comme « un moyen de comprendre l’unité et la complexité du monde ». Comme dit Jean-Pierre Marielle dans Les Galettes de Pont-Aven, en présentant à la marchande de parapluies sa nouvelle collection : C’est appréciable.

L’EDD « doit former à une démarche scientifique et prospective, permettant à chaque citoyen d’opérer ses choix et ses engagements en les appuyant sur une réflexion lucide et éclairée. [...] Les sujets liés à l’environnement sont souvent surmédiatisés. L’Éducation nationale doit donc prendre toute sa place et apporter des explications s’appuyant sur des connaissances scientifiques avérées. »

On reconnaît ici, pour peu que l’on ait l’âge voulu, le discours type de réassurance scientiste pro-nucléaire. Ainsi le comité de scientifiques institué à la suite de l’accident survenu à la centrale nucléaire de Three Mile Island (États-unis) affirme-t-il en 1979 qu’une explosion de type nucléaire est hors de question dans une centrale et ajoute : « Il faut surtout éviter les informations contradictoires qui font douter globalement de leur validité » (Voir « Le réel et la fission », in De la Révolution). Comme la presse est par ailleurs bien utile pour distraire le gogo en lui assénant quotidiennement des informations infiniment diversifiées et contradictoires dans le détail, le plus sûr est d’instiller dans les jeunes cervelles des connaissances scientifiques avérées. Comme par exemple : les OGM ne présentent aucun danger, il ne s’est rien produit à Tchernobyl, etc.

L’inconvénient des plans triennaux est qu’ils ne durent que trois ans, ce qui en fait de « durabilitée » a un côté petit bras. Le ministère des Affaires étrangères et européennes lance donc, en 2008 et en partenariat avec celui de l’Éducnat, une « campagne sur les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ». Ce qui vous a tout de suite une autre gueule !

Les huits objectifs du millénaire sont la « sensibilisation des jeunes au développement et à la solidarité internationale ; réduire l’extrême pauvreté et la faim [on s’occupera de la pauvreté dès le millénaire suivant] ; assurer l’éducation primaire pour tous ; promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes ; réduire la mortalité des enfants ; améliorer la santé maternelle ; combattre le VIH/Sida, le paludisme et d’autres maladies ; assurer un nevironement durable ; mettre en place un partenariat mondial pour le développement. »

Ouf !

La « campagne de sensibilisation » menée par le ministère des Affaires étranges s’intitule, je cite scrupuleusement : « 8 fois oui ».

Bon. Que penser d’un concept qui inclut à la fois de partager son goûter, de ne pas tirer les nattes de sa sœur et de mettre une capote au bon moment ? Cest un concept... Creux, bravo !

Ajoutez-y le « commerce équitable » et le tri des déchets pour faire bon poids, vous avez dans les mains une arme fatale (comme disent les marabouts), au croisement de l’instruction civique et de l’économie politique. « L’éducation au développement durable est un des éléments essentiels de la formation des futurs citoyens » affirme une note de service publiée dans le Bulletin officiel de l’Éducation nationale du 5 mars 2009.

Mais au fait, de quand date et d’où nous vient cette petite merveille ?

Le mensonge des origines

Eh bien voilà... Le Développement durable a été apporté à papa et maman par une cigogne venue de Norvège... En tout cas, elle parlait anglais ! Lisons plutôt, sur le site Éduscol où le ministère publie des fiches pédagogiques, un petit texte sous le titre de paragraphe « Le développement durable comme nouveau paradigme ».

Un paradigme (le mot vient du grec, via le latin et signifie « exemple ») c’est en gros un modèle. Et c’est la noble tâche des idéologues du ministère de vous accueillir, chers petits amis, dans ce nouveau paradigme du développement durable où coulent des ruisseaux de miel, et où les arbres donnent des pains au chocolat. Pas un serpent à l’horizon. L’espèce a été éradiquée.

Revenons à l’histoire de la cigogne qui parle anglais :

« “Sustainable developement” [je sais, chers petits amis, je sais, et vous savez, que le mot développement s’écrit en anglais development, sans “e” entre le “p” et le “m”, mais il serait peu charitable de se moquer des rédacteurs du ministère qui ont déjà, 8 fois oui, plein de choses à penser ; on aimerait bien vous y voir !] [1] l’expression est apparue à la fin des années 1980, popularisée par le rapport de la commission mondiale pour l’environnement et le développement, en 1987 : Le développement durable doit répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs et correspond aux devoirs des générations actuelles de transmettre un monde vivable, viable et reproductible [2] Communément [sic] admise depuis lors, cette formule définit le développement durable comme une tentative pour concilier l’efficacité économique, la qualité de l’environnement et le développement humain et social, qui en constituent les trois piliers ou sphères [euh...]. Avec le troisième pilier, le développement durable intègre également la dimension culturelle et les questions de gouvernance [sic]. »

Vous retiendrez au passage que la « gouvernance » est l’art de faire croire à l’utilité des gouvernements, des gouvernants et des gouverneurs.

On conviendra que cette soudaine « apparition » du DD tient du miracle marial [3]. C’est que les idéologues du ministère oublient, ou feignent d’oublier, que l’expression « développement durable » ne s’entend que s’il existe d’abord un « paradigme » du... développement, oui ! très bien Dédé. Tu suis, toi, au moins !

Or le développement lui-même n’est pas apparu « à la fin des années 1980 », mais quelques trente annés plus tôt !

Et voici comment [4].

Fin 1948, l’équipe du président américain Harry Truman, qui vient d’être réélu, prépare le discours d’investiture qu’il doit prononcer le 20 janvier 1949. Il doit annoncer la contribution des États-unis à la reconstruction de l’Europe via le plan Marshall, la poursuite du soutien à l’ONU et la création d’une nouvelle organisation de défense commune : l’OTAN. L’un de ses conseillers suggére d’ajouter à cette liste un quatrième point concernant « une extension aux nations défavorisées de l’aide technique [...] jusqu’ici accordée à certains pays d’Amérique latine. [...] Au lendemain du discours présidentiel, la presse américaine fit ses gros titres sur le “Point IV”. »

Truman plaide la pureté de ses motivations : « L’ancien impérialisme [il a donc existé !] - l’exploitation au service du profit étranger - n’a rien à voir avec nos intentions. Ce que nous envisageons, c’est un programme de développement fondé sur les concepts d’une négociation équitable et démocratique. » Si le sens aujourd’hui courant de « développement » apparaît dès le début du XXe siècle, on le trouve ici dans le voisinage des mots « équitable », que nous verrons accolé au mot « commerce », et « démocratie », mis à toutes les sauces. De plus, le texte du point IV parle d’aider « la croissance des régions sous-développées », et c’est, semble-t-il, l’une des premières apparitions publiques du concept de « sous-développement ».

« C’est, écrit Gilbert Rist dans un livre dont je recommande vivement la lecture Le Développement. Histoire d’une croyance occidentale (Presses de Sciences Po, 2001), cette innovation terminologique, qui modifie le sens du mot "développement" en introduisant un rapport inédit entre "développement" et "sous-développement". » [p. 121]

Ensuite (1980) viendra le paradigme de Dédé, je veux dire du DD, répété jusqu’à écœurement, je veux dire jusqu’à ce qu’il soit « communément admis ».

Gilbert Rist relève que le concept de « soutenabilité » (sustainability) se trouvait chez Malthus, mais concernait le rythme de renouvellement des espèces vivantes. Le rapport Brundtland pose lui la nécessité d’une relance de l’économie. « L’enjeu [de ce rapport], écrit Rist, n’est donc pas de réconcilier deux phénomènes antagonistes dans une synthèèse hégélienne qui les dépasserait l’un et l’autre, mais de faire croire à la nécessité du "développement" en lui atttribuant la valeur suprême que l’on reconaît à l’environnement. De ce point de vue, le "développement durable" apparaît comme une opération de camouflage. [...] Même si le leurre est séduisant, il ne faut pas s’y tromper : ce que l’on veut faire durer, c’est bien le "développement", non pas la capacité de l’écosystème ou des sociétés à le tolérer. » [p. 317]

De la vraie nature humaine

Il est un mot, chers petits amis, que vous ne trouverez nulle part dans les abondantes productions ministérielles sur le DD, c’est le mot « capitalisme ». Car, voyez-vous, le capitalisme, cela va sans dire.

Le capitalisme est la vraie nature naturelle de l’espèce humaine, ou sa seconde nature, comme vous voudrez. Sans le capitalisme naturel, tout irait de travers sur Terre : les pauvres mourraient de faim, les espèces disparaitraient par milliers et personne ne saurait quoi faire de son argent.

Les idéologues de l’Éducnat ne cherchent pas à prémunir vos enfantines cervelles contre les anticapitalistes. Cette espèce-là est censée avoir disparu, un peu après les dodos, tout comme l’extraction de la plus-value est aussi obsolète que celle de la houille.

...À moins que nos idéologues aient une évolution de retard. Car en effet, chers petits amis, ce contre quoi ces serviteurs zélés du système d’exploitation dont on ne doit pas prononcer le nom veulent vous prémunir, c’est l’écologie. Oui, ça fait ringard, mais c’est comme ça : « le développement durable marque une rupture par rapport aux discours des écologistes ». Le DD permet d’éviter bien des « pièges », par exemple « survaloriser la dimension environnementale et faire écho au catastrophisme ». Car il faut que vous le sachiez : le catastrophisme est une catastrophe pour le bon sens bourgeois, sauf quand il l’emploie lui-même.

« Ce serait, dit une fiche Éducsol sur le DD en classe de sixième, faire écho aux discours médiatiques, qui privilégient le catastrophisme au détriment d’une analyse globale. Si l’on n’y prend pas garde, cette approche peut se traduire dans l’enseignement par une démarche réductrice [on a eu assez de mal à se débarasser des Jivaros, c’est pas pour adopter leurs méthodes !] qui ne retiendrait que le côté dégradation et pollution effectuées à l’encontre d’une nature immuable. Le risque est grand de passer du développement durable à la défense de la nature, voire à l’écologie politique [je souligne]. Cela n’est pas l’objet de nos enseignements. »

Ainsi donc, même en pratiquant le DD depuis la maternelle, il n’est pas impossible de glisser, pour ainsi dire sans s’en apercevoir dans les ornières de l’écologie politique ! Cela ne fait-il pas froid dans le dos ?

Il faut dire aussi, sans vouloir les critiquer, on est humains après tout, et en rendant un hommage mérité à leurs efforts, que les enseignants sont un peu... Ah ! comment dire ça sans vexer personne ? Ils sont émotifs, voilà ! C’est un rapport de l’Inspection générale de l’Éducation nationale qui l’affirme [5].

« On peut espérer que l’effort de prise de distance vis à vis de l’affectif en SVT permettra de faire gagner à la biologie et aux géosciences en lisibilité et en crédit. » [p. 22]

« Il est certainement important de maîtriser la composante affective sans pour autant la nier. Sortir de l’affectif, des positions de type "défense de...", implique que l’on distancie, que l’on jugule les approches trop sensibles pour s’attacher au scientifique, au "comment", à la justification, à l’explication, susceptibles de fournir les supports rigoureux d’une argumentation. » [p. 13]

Ça n’est pas que tout se soit si mal passé...

« L’on voit dans les années 80-90 des projets remarquables par leur ouverture et leur richesse, souvent accompagnés par des professeurs de disciplines différentes. Mais le discours des professeurs présente souvent un caractère "militant", qui exprime des choix et culpabilise volontiers l’homme. Cette approche naturo-centrée se répand dans les médias ; elle tire une légitimité - du moins affective - dans une certaine représentation de "respect" de la nature. On dénonce par exemple les résultats négatifs scientifiquement établis de l’emploi excessif d’engrais, des pollutions. Ils sont attribués à des comportements irresponsables, souvent sans que la perspective historique ne permette de comprendre en quoi les choix de l’après-guerre n’étaient pas aussi ouverts qu’aujourd’hui. La révolution verte, pour répondre à l’exigence immédiate qui était de nourrir les populations, a fait avec ce qu’elle avait comme bagage scientifique et technique : la matière avec les engrais, et l’énergie avec la mécanisation ! En amalgamant sans prendre le recul nécessaire, science et jugement de valeur, on a souvent franchi la ligne de "l’enseignement des choix". » [p. 11]

Le rédacteur fait allusion à la formule dont se gargarisent les idéologues Éducnat : « "Éduquer au choix" et surtout pas "enseigner des choix" ». Ce qui signifie concrètement que la mission de l’enseignement est de faire adhérer les élèves à l’idée d’un progrès technique (soutenable), soit l’ancien mot pour « développement », modéré d’un peu d’écologie qui ne dit pas son nom. Le tout au nom du respect de la liberté de conscience individuelle.

« Se placer dans une perspective de développement durable induit un questionnement "anthropocentré" et non "naturo-centré". Ainsi, une question simple : "Comment protéger la forêt", centrée sur la forêt, devient-elle "Comment gérer la forêt aujourd’hui pour demain ?". Ainsi reformulée, la problématique intègre pleinement la responsabilité humaine et la dimension développement grâce à l’emploi du verbe gérer. La notion de durable (ou de "soutenable") est induite par la référence à "aujourd’hui" et "demain", regard porté vers les générations futures. Questionner ainsi, c’est aussi résolument lutter contre le catastrophisme. »

Or, le danger est partout. Par exemple dans des textes tirés de la presse étrangère et utilisés (mais est-ce bien innocemment ?) par des professeurs de langue.

« "L’autorité" du professeur de langues, en tant que professeur, peut aisément, par une curieuse distorsion [très curieuse, dirais-je], aboutir à faire passer sans précaution un "message", ce qui dans l’esprit est contraire à ce que l’on recherche en EDD, mais aussi tout simplement dans une École laïque. On peut penser par exemple aux doctrines de la "deep ecology" anglosaxonne, tellement éloignées de l’approche "développement durable" mais aussi de notre corpus légal qui n’est pas construit sur un "droit de la nature" mais bien sur un droit centré sur l’Homme. [...] On pense aussi aux nombreux textes concernant l’effet de serre, les OGM, qui nécessitent que le professeur de langue se fasse livrer quelques clés par les scientifiques compétents. » [p. 17]

Vous avez là, chers petits amis, un bel exemple d’« éducation au choix ». Au choix du ministère, cela s’entend.

« La disparition du E d’environnement dans le sigle initialement choisi d’EEDD (Education à l’environnement pour un développement durable) a pu faire croire à une éventuelle priorité de principe des critères économiques et a donc suscité des réactions d’inquiétude. Mais l’affirmation d’un "pilier environnemental" à côté des piliers économique et social dans le développement durable devrait suffire à rassurer. » [Introduction]

« Il ne s’agit certainement pas d’abandonner la prise en compte des paramètres "environnementaux". Le fait de faire sortir du sigle le "E" de environnement a parfois été mal compris [tsss !], perçu comme un abandon [non ?], voire une forme de négationnisme [arrête !], comme si ce choix amenait à négliger le poids d’enjeux spécifiques comme ceux liés à la biodiversité au changement climatique pour privilégier systématiquement les facteurs économiques. Tel n’est certainement pas le but. »

Euh, en fait, chers petits amis, comment dire... le but n’est certainement pas de vous faire connaîre le but.

D’ailleurs, il serait injuste d’accuser le ministère de privilégier d’ennuyeuses questions économiques, à l’heure où il fait disparaître (rentrée 2010) du programme d’économie de seconde ce qui concerne le chômage, la précarité, les discriminations à l’embauche, etc.

Bref, la situation s’améliore :

« Après une période d’explication, parfois d’inquiétude ou de scepticisme vis-à-vis d’un concept souvent flou et médiatisé de façon abusive et souvent sans discernement, on peut penser que la démarche "EDD" est en cours d’appropriation. [...] Le renforcement très net du message politique à l’échelon national, réaffirmant l’importance d’une mise en œuvre générale de l’EDD dans toutes ses dimensions, vient à point nommé. »

Voilà, chers petits amis, non pas ce qui vous attend, mais ce dans quoi vous êtes désormais enfonçés jusqu’aux yeux. Oh ! bien sûr, il y a et il y aura des mécontents, voire même des réfractaires. Comment l’éviter ? Ils seront dûment triés et recycliqués. C’est ici que, s’agissant des enseignants, les inspecteurs d’académie et les commissions de discipline joueront tout leur rôle. Quant aux élèves, les plus jeunes feront l’objet d’un suivi psychologique adapté, les autres devront, hélas, être, euh !... orientés. Ils seront orientés, voilà ! de manière à ne pas ébranler chez leurs camarades, chez vous, chers petits amis, la fragile confiance que le ministère de l’Éducnat aura réussi à créer dans le caractère incontestablement et oserais-je dire jovialement soutenable du capitalisme.

Contrairement à d’autres du même auteur, le texte ci-dessus n’a pas été jugé digne d’un signalement sur le site rezo.net.

[1] L’expression a d’abord été traduite en français par développement soutenable avant d’opter dans les années 1990 pour la traduction “développement durable”.

[2] « Notre avenir à tous », Rapport présidé (sic) par G. H. Brundtland en 1987, ministre norvégienne en charge de préparer le sommet de Rio ou « sommet de la Terre » en 1992.

[3] Marial, de Marie, mère supposée, et de surcroît supposée vierge, de Jésus.

[4] J’avais (un peu trop) rapidement évoqué cette question dans un texte de 2003 : « Insoutenable capitalisme. Sur le "développement durable" ».

[5] Une discipline dans l’éducation au développement durable : les sciences de la vie et de la Terre ; n° 2008-004, janvier 2008

 

Source : ÉDUCATION NATIONALE ET PROPAGANDE : LE « DÉVELOPPEMENT DURABLE »

 

 

 

Dernières infos en matière d’OGM / Les OGM vantés à l’école /Monsanto autorisation pour le pollen de maïs OGM

 

 

 

 

«Je ne peux pas croire que c'est dans des livres scolaires. Les enfants les lisent et pensent que c'est vrai», s'indigne Coralie Desève.

Photo Robert Skinner, La Presse

Marie Allard

La Presse

 

Coralie Desève, 12 ans, a été choquée de lire des textes en faveur des aliments contenant des organismes génétiquement modifiés (OGM) dans ses manuels scolaires. Grâce aux OGM, on n'aura à l'avenir «plus besoin de se servir de pesticides polluants», lit-on dans le manuel Cyclades, approuvé par le ministère de l'Éducation (MELS).

 

«Nutritifs et résistants, les fruits et légumes seront, dit-on, encore plus savoureux», précise le texte destiné aux élèves de 6e année. «Les pommes n'auront plus de pépins, les fraises seront plus sucrées et plus juteuses et les poires se conserveront plus longtemps. On prévoit aussi intégrer des médicaments et des vaccins dans les aliments.»

 

Coralie a aussi sursauté en lisant son cahier d'exercices de français. Un passage du cahier Vingt mille mots sous les mers précise que les risques liés à la consommation de petites quantités de pesticides ne sont pas importants et qu'aucune étude ne démontre que les OGM sont nocifs.

 

«Je suis en désaccord avec ça, a dit la jeune fille, qui consomme des aliments biologiques. Je ne peux pas croire que c'est dans des livres scolaires. Les enfants les lisent et pensent que c'est vrai.»

 

«C'est surréaliste, a ajouté Jérôme Plante, beau-père de Coralie et directeur général du distributeur d'aliments biologiques Le Jardin des Anges. C'est de la publicité pour les OGM, qui sont des possessions d'entreprises privées.»

 

 

«Prospective scientifique»

 

Il s'agit plutôt de «prospective scientifique formulée pour des enfants d'âge scolaire», selon Jean Bouchard, directeur général du Groupe Modulo, éditeur de Cyclades. Dans le passage dénoncé par la jeune élève, M. Bouchard ne voit pas «quelque chose qui fasse la promotion des OGM, de l'utilisation des pesticides ou un texte à l'encontre de l'agriculture biologique».

 

C'est «parce que ça s'inscrit dans une thématique à propos du futur» que le ministère de l'Éducation a approuvé le passage du manuel Cyclades, a expliqué Esther Chouinard, porte-parole du MELS. «C'est pour que l'élève puisse réagir au progrès», a-t-elle ajouté.

 

 

De faux bienfaits

 

Stéphanie Côté, nutritionniste d'Extenso, centre de référence en nutrition de l'Université de Montréal, a lu les deux extraits. Le texte du manuel Cyclades «a une forte tendance pro-OGM», a-t-elle analysé. «Je ne sais pas à quel point c'est futuriste ou une lubie, mais à l'heure actuelle, c'est faux d'attribuer autant de bienfaits aux OGM.»

 

Quant au cahier d'exercices, qui n'est pas approuvé par le MELS, «il banalise peut-être en effet l'utilisation des pesticides, a observé Mme Côté. À long terme, on ne connaît pas toutes les conséquences que peut avoir l'ingestion de résidus de pesticides. Il ne faut pas prendre cette question à la légère. Avec ce sujet, il y a place à la nuance, ce qui n'est pas le cas du texte en question». Les éditions CEC n'ont pas rappelé La Presse.

 

 

Extrait du cahier controversé

 

Extrait du cahier Vingt mille mots sous les mers, publié par les éditions CEC pour élèves de 6e année du primaire:

 

De fausses idées à propos des fruits et légumes

 

«Les fruits et les légumes contiennent-ils des pesticides nocifs pour la santé? Des études sérieuses démontrent que les bienfaits associés à la consommation de fruits et légumes sont réels. Il est également prouvé que les risques liés à la consommation de petites quantités de pesticides sont de loin inférieurs aux nombreux bienfaits que procure une alimentation riche en fruits et légumes. Tout un soulagement! Il existe sur le marché des espèces alimentaires génétiquement modifiées, mais aucune étude ne démontre qu'elles sont nocives.»

 

La Presse.ca

 

Trouvé sur l'Eveil 2012

 

Source : sante : On devrait en parler

 

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9 janvier 2013 3 09 /01 /janvier /2013 21:11

 

 

 

 

Quatre textes qui viennent nourrir la réflexion concernant le socialisme jaune et cette affirmation à présent claire, explicite et assumée : celle d’un socialisme libéral ?… après le national ?… en voilà bien de quoi défrayer la chronique.

 

L’Internationale jaune.

Sur SOCIALISTE DE GAUCHE 65

 

Réquisitoire contre les traîtres : Gérard Filoche

Sur le blog de SOCIO 13

Voici un texte de Gérard Filoche intitulé « Amara, Besson, Bockel, Jouyet,Kouchner :

Essai de réflexion éducative sur « les jaunes »

 

Mélenchon, Cahuzac: deux gauches dos à dos

 

Qu'on me pardonne,  je ne porte toujours pas plus Monsieur Mélenchon dans mon coeur, ni ne lui accorde ma confiance, mais en l'occurrence, il est un excellent révélateur des turpitudes de son adversaire

et décodage de cette rencontre

Jérôme Cahuzac, l’homme qui ne peut pas !

Sur LETANG-MODERNE

Tout cela ici CAP 2012 parmi d'autres textes qui informent vraiment, que l'on soit d'accord ou non avec leur contenu, de la connaissance pas de creux verbiage.

 

Il est possible à travers ces quatre textes de retracer une histoire des jaunes, avec sa chronologie, ses étapes, des moments différents qui représentent aussi des changements de nature et une dégradation de l’éthique qui aujourd’hui est très clairement tombée en désuétude, qu’à cela ne tienne, elle revient sur la scène et n’a pas dit son dernier mot.. Deux des textes nous permettent une mise en perspective, et le troisième est un zoom sur ce socialisme jaune tel qu’il se définit lui-même aujourd’hui en ne laissant plus aucun doute et sommant chacun de s’interroger : quelle idéologie au service de quel projet de monde et de quels intérêts défendent, en faits, aujourd’hui les partis socialistes européens. 

Un petit exercice de concordance entre buts avoués et résultats obtenus peut être éclairant. Rappelons que les buts avoués d’un parti, d’un candidat aux fonctions de décision d’un pays, sont ce qu’il raconte dans son programme et que ce programme constitue les termes du mandat, un contrat de mandataire avec son mandant, l’électeur.

Plusieurs cas de figure sont possibles de non-exécution de ce mandat, l’un consiste à l’outrepasser et à tomber dans la figure de l’abus de pouvoir. Un autre est celui où l’élu prétend ne pouvoir l’accomplir… mauvaise évaluation des forces en présence ? Un constat d’incapacité et on aimerait autant avoir des mandataires un peu à la hauteur de la situation, ce ne serait pas du luxe, mais est rendu actuellement impossible par la nature et la structure du système. Ou pure mauvaise foi ? Le prétendant savait très bien qu’il se retrouverait dans incapacité de remplir son mandat, mais son but était d’être élu pour des raisons d’intérêt personnel, et non pour faire plaisir aux électeurs. En ce cas il s’agit d’une escroquerie, et il est de plus en plus évident que la caste politique européenne toutes tendances idéologiques confondues est un repère d’escrocs, d’incapables et d’ambitieux inconsistants.

Conjugués avec les taux d’abstention grandissant, on se retrouve dans une situation dans laquelle les élus représentent une faible partie de la population, mais cela n’a aucune importance puisque la fonction politique n’est plus qu’une façade pour d’autres intérêts.

Et l’alternance érigée e principe est un délire, qui affaiblit le fait politique, elle ne permet aucun programme de longue durée, déplace le débat politique sur les questions de l’immédiat, alors que nous nous trouvons à un moment de l’histoire ou un choix doit être fait entre différents projets de monde. Quand on voit le temps que des nations passent mobilisées dans les combats électoraux… quatre ans, cinq ans de mandats un an de campagne, de mesures tape à l’œil prise par la majorité du moment dans le but de se faire réélire, alors que les vraies décisions continuent à être prise dans l’ombre par une gouvernance déjà en place et qui s’est d’ores et déjà, par une série de mécanismes et de processus dont les effets se renforcent mutuellement, substituée aux gouvernements élus. 

Ce qui fait question n’est pas que des élus qui donnent satisfaction puissent se maintenir au pouvoir pendant de longue durée. Non, le scandale est ailleurs. Le scandale est que l’enseignement, les formations, les accès à l’information significative soient tellement défaillants qu’on en vienne à prétendre – parfois avec raison - que des peuples doivent être protégés du risque de voter pour leurs oppresseurs. Parce que cet implicite est omniprésent, le peuple est une masse stupide qu’il faut protéger de sa propre ignorance, quitte pour ce faire à lui mentir, ou à mettre en prison – pour cause de dangereux non scientisme - les faucheurs d’OGM, par exemple ! Que ce soit dans la médecine l’alimentation, l’aménagement du territoire…. Le label de scientificité est garant de la protection des intérêts du consommateur… une cabane dans les arbres ? et cela peut se fabriquer en série votre truc ? elle est compétitive vot’ cabane ? Non ? Disqualifié ! quelques coups de matraques bien placés vont vous protéger de vos dangereux délires déviants mon petit bonhomme…. En plus c’est dangereux de grimper dans les arbres… vot’ sécurité, vous y avez pensé à vot’ sécurité ? Non ? Asocial va !

Que ce soit à gauche comme à droite, dès que l’on parle de masse, l’idée de la manipulation n’est jamais loin. C’est pourquoi je mets bien plus d’espoir et de confiance dans les mouvements locaux qui construisent un nouveau monde au quotidien (et des cabanes dans les arbres). Certains y parviendront, d’autre pas, mais chaque jour naissent d’autres initiatives, prises non sous la pression de mouvements de masse trop souvent instrumentalisés, mais bien du choix conscient et actif personnels et collectifs de faire exister quelque chose de nouveau, en y mettant créativité, énergie et bonne volonté.

Cela existe de par le monde, et cela existe avec une telle intensité que ces mouvements convergents constituent une force qui serait prise en compte dans n’importe quel monde fait Par les Peuples et Pour les Peuples parce que ce courant constitue une part significative de l’existant, de l’humanité. Je ne vais pas entrer ici plus avant sur ce que ce courant peut représenter comme espoir pour une bonne partie d’entre nous. La connaissance de beaucoup de ceux qui le compose des moyens qui permettraient d’assurer la souveraineté alimentaire pour tous, alors que la famine s’intensifie de manière effrayante dans le monde est déjà un argument non négligable… des modes de cultures qui contribueraient en plus à un refroidissement climatique et à faire de l’humanité une espèce à empreinte écologique positive c’est un courant généreux qui partage les connaissances, les savoir-faire, les compétence sans esprit de lucre ni de concurrence, patrimoine commun qui nous enrichit tous. C’est un courant en pleine croissance et en plein développement qui ne cesse de gagner du terrain malgré que chaque jour il ait sa moissons de compagnon(e)s assassinés, torturés, emprisonnés, expulsés, menacés, harcelés… vaincu parfois, mais ne cessant d’essaimer et de se diversifier, ecophènes d’une autre manière d’habiter la planète.

C’est ce monde qui est clairement condamné et réprimé par le parti socialiste au pouvoir en France, qui en condamnant « quelques cabanes dans les arbres et potagers collectifs » à Notre Dame des Landes, est une fois de plus dans un déni de réalité et dans un aveu de collaboration avec un modèle de société très précis à l’exclusion des autres. Faire semblant de ne pas voir que des conceptions du monde s’affrontent là, c’est pire qu’un aveu, c’est une condamnation sans avoir l’air d’y toucher. Seules les dictatures déclarent ainsi, nulle et non avenue, une part grandissante de la population, non pas une minorité opprimée à protéger, mais une minorité active et créative qui cherche, propose, met en œuvre des solutions concrètes à des problèmes concrets pour la plus grande satisfaction de ceux qui les inventent et en bénéficient, et chacun le peut, .. Mais zut, v’là que ce n’est pas le bon ton, un peu trop joyeux votre truc, c’est pas sérieux… cela manque de relents de souffrance et de misère, d’enfant au regard triste à parrainer…. Cela manque de travaux forcés exercés sous la contrainte de contre maîtres ou de gardes chiourme. Et on en est là… pauvres et heureux, v’là qui est suspect ma bonne dame, vous ne nous dites pas toute la vérité…. Et ensuite, viendra… « Mais nous avons les moyens de vous faire parler… »

Je l’ai déjà dit mais je le répète, les costumes cravates, cela commence à bien faire… avez-vous déjà réfléchi à ce symbole… la corde au cou comme signe d’appartenance à une certaine élite ou à ses serviteurs. Parce que je les vois d’ici, les crétinocrates endimanchés qui trouve que vraiment ce n’est pas sérieux, ces indigènes aux vêtements colorés de la Minga de Colombie ou Zappatistes, que l’on retrouve aussi à Notre Dame des Landes, un joyeux désordre, en apparence, et de puissantes facultés d’organisation collective et horizontale, spontanée en action, en fait et aussi celle de faire la fête, ce qui ne gâche rien !

Et pendant que les crétinocrates endimanchés, tout imbus d’eux-mêmes, s’en vont lécher les bottes de leur supérieur, et préparer la suite du génocide, avec comme toujours l’air de ne pas y toucher, d’autres sans prétention mettent leur vie en jeu pour que demain soit meilleur qu’aujourd’hui.

Et donc, que se lèvent les brouillards de la confusion afin que chacun apparaisse pour ce qu’il est et que les buts réels ne soient plus occultés par des buts avoués.

Autrement dit pendant que les socialistes au pouvoir en France en remettent une couche sur le mode des idiots utiles en accumulant maladresse sur  maladresse avec beaucoup de désinvolture, et une certaine maîtrise de l’art de créer des écrans de fumée, un programme, la globalisation vers une gouvernance mondiale continue à avancer ses pions dans l’ombre et à préparer la situation dans laquelle elle n’aura plus besoin de fiction de gouvernements nationaux… nous en avons déjà quelques exemples.

Simultanément un nouveau monde pose ses fondations et rien ne pourra arrêter sa croissance et son développement sinon la disparition de l’humain de la surface de notre planète ! Ce qui est de l’ordre du possible… à chacun de voir.

Mais cela ne peut se faire sans élucider d'abord le sens de cette étrange notion de social-libéralisme.


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9 janvier 2013 3 09 /01 /janvier /2013 14:48

 

 

Voici pour faire écho à mes précedents propos... remettre en question ce monde dans lequel nous vivons et qui nous échappe, le plus souvent. Il y a bien des manières d'interroger le monde. Il faut parfois prendre le risque de poser des questions pour lesquelles nous ne sommes pas certains d'obtenir de réponse. Parfois la réponse n'existe qu'à condition de l'inventer comme actuation, comme création d'un nouveau possible...

Le travail est une des notions à interroger en toute priorité. Nous sommes nombreux à refuser l'emploi, avec un petit sourire mi attristé, mi dédaigneux : "Avec tous les moyens dont vous disposez, vous n'avez vraiment rien de mieux à ous proposer que votre souffrance-travail, cette misère !". Il y a des métiers à inventer ou a réinventer... et qui lance le défi, avec des petits moyens et en prenant plaisir à ce qu'on fait et en cessant d'opposer les humains entre eux et la nature et l'homme;;; quel délire, poussé jusqu'au cauchemar. Un grand défi, oui... un grand chantier pour les réparateurs de planète meurtrie. Et reconstruire dans la joie s'impose parce que les moyens sont constitutifs de la fin qu'ils déterminent.

 

 

Et un petit rappel La leçon de l'homme rouge : ne travaillez pas, soyez actifs.

 

 

 

Le vampire édenté


Gardons-nous cependant d’imaginer que cette ardeur excessive au travail constatée par Russell ne serait rien d’autre qu’une habitude devenue obsolète et qu’il nous suffirait de laisser tomber – une habitude héritée du temps où il n’y avait pas de machines. Au Moyen Age, où le travail comme fin en soi était chose inconnue, on travaillait en fait moins qu’aujourd’hui. La raison en est simple : le travail tel que nous l’entendons, c’est-à-dire la dépense abstraite d’énergie humaine indépendamment de tout contenu particulier, est historiquement spécifique. On ne le rencontre que sous le capitalisme. Dans n’importe quelle autre formation sociale, l’idée aujourd’hui si universellement répandue selon laquelle « un travail, quel qu’il soit, vaut mieux que pas de travail » aurait paru, à juste titre, complètement délirante.

 

Ce délire est le principe abstrait qui régit les rapports sociaux sous le capitalisme. Si l’on fait abstraction des activités criminelles, le travail – qu’il s’agisse du nôtre ou de l’appropriation de celui d’autrui – est pour nous l’unique moyen de participer à la société. Mais, en même temps, il ne dépend pas du contenu de l’activité en question ; que je fasse pousser des pommes de terre ou que je fabrique des bombes à fragmentation n’a aucune importance, du moment que mon produit trouve un acheteur et transforme ainsi mon argent en davantage d’argent. Base de la valorisation de la valeur, le travail constitue une fin en soi et un principe social contraignant dont l’unique but consiste à accumuler toujours plus de « travail mort » sous forme de capital. Oulala.info  

 

Au bout de la vie, il y a toujours une corde qui nous attend : la mort. Avant, on disait que le travail n’a jamais fait mourir personne. Pourquoi alors s’échiner à donner son panier de bleuet à un acheteur de paniers de bleuets qui l’enverra au bout du monde dans un avions sur lequel est inscrit « Nous sommes vert »?

Il y a une nouvelle loi de la vie que je ne peux pas transmettre ou transformer  en équation : plus les gens sont gros, plus la spiritualité semble s’amincir. Plus ils s’agitent, plus ils cessent de penser ou de se laisser penser.  C’est occidental, issu de nos manières de vivre.  En fait, elle est anorexique, sculptée par la propagande insidieuse à laquelle peu échappent… Si peu…

Hypnotisés et Alzheimerisés par « la mission »

L’État, tous les États, tous les pays, baignés dans le mondialisme ont fini par nous écraser par les formules abrutissantes. Nous ne savons plus ce qu’est le travail « RÉEL », puisqu’à faire n’importe quoi, nous avons une « mission ». Planter des carottes ou tuer ne fait plus aucune différence.

Nous sommes des cagoulés de l’Histoire.

On oublie… La tête dans le sac brun de la propagande qui s’immisce en nous depuis des années, des décennies, voire un siècle. Tout ce branlebas et battage n’a fait des citoyens que des esclaves  d’États.

Les chaînes de l’esprit sont bien plus oppressantes que celles de poignets…

Le citoyen est alors devenu, sans s’en rendre compte, le guerrier économique, le guerrier d’une « spécialité », confiné dans sa culture et la queue ouverte de sont cerveau sacré dieu avec sceau et sots de dirigeants.

Il n’est pas que des mines d’argent ou d’or que l’on exploite : le secret d’État et des corporations est de maximiser la nature humaine par son point le plus faible : l’orgueil. La prétendue « réalisation de soi ».

L’éducation « papier »

L’État use de la propagande pour sculpter ses travailleurs. Plus « l’éducation » évolue, plus elle affine et distribue du savoir de papier. Et plus ce savoir de papier est multiplié et encensé, plus la foi s’installe. Une foi de couloir. C’est l’éducation du diviser pour régner.

En savoir plus par le papier… Remplacé par une « gars de terrain ». On préfère les tours à bureaux, la culture de papier, et puis on perd tout sens de la réalité de la vie. Le paresseux ne sait que faire de sa vie. L’oisif, lui, le sait…

L’occidental produit du papier et de par ce papier de l’administration.

Gros lâche lardon!

Quand vous travaillez sur un meuble et que le millimètre qui vous manque fait que vous êtes mal assis, vous n’allez pas chercher dans le papier la solution.

Expérience.

L’expérience c’est le savoir réel. C’est de lui que naissent les livres… Et non pas le contraire.

Mais nous voilà à l’inverse du bon sens. Nous ne travaillons plus  « pour quoi », mais pour qui. L’esclave est dans le cerveau. Tout frétillant des neurones, mais complètement déconnecté de la réalité des sociétés. Le bien-être commence par celui de l’État et des investisseurs.

C’est notre « Homme » suave, délavé, douché par l’appareil étatique au service de la finance.

Le modèle idéal moderne est robotique, lustré, et il parle une langue d’ordinateur   remplaçant la voix humaine. Sonore et sans art, il bleurke.

Charmant!

La vie est devenue bleurk!

Le chômeur et l’analyste

Le chômeur, c’est le mendiant moderne. Pourtant, il a payé pour périodes creuses. Mais le voilà lapidé par les hautes instances gouvernementales. Du travail pour tous! Le voilà responsable de « ne pas travailler ».

Une bonne façon de l’éplucher de son estime de soi. Cette estime de soi supposément cultivée dans les écoles. Une fois sur le terrain, c’est un raté. On l’invective, on le rejette, on le jette : « Tu ne sers plus à rien, donc tu ne vaux rien ».

C’est un vaurien…

Un non participatif.

Un mou.

Un cancrelat.

Un vampire.

Un vampire édenté…

Une dent de scie usée…

Si tu sers pas, tu ne sers pas…

On te forme pour les dents, mais on te les arrache comme un dentiste. On te boit jusqu’à ce que tu crèves.

Tu es l’Adam, nous somme la scie…

Dors,

Rémi…

C’est du Mozart de bas étage. Ou de tours à bureaux…

Le chant du « sink » :

Bleurk!

Gaëtan Pelletier

7 janvier 2012

P.S. : N’oubliez pas que le banc sur lequel vous êtes assis a été construit par un menuisier. Peu importe le modèles et la répétition du geste.

Les gens simples permettent aux compliqués savants de s’asseoir pour nous dire que faire…

Aujourd’hui, la plus belle réalisation du travail « humain » est de fabriquer des outils pour les trous du cul : une chaise, un banc, un stylo, un ordinateur, un cure-dents, peu importe.

Il importe que vous sachiez qu’un trou du cul instruit, mais ignorant, ne sait pas que si on lui enlevait sa chaise, il tomberait au ras du plancher d’un ouvrier.

scie

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8 janvier 2013 2 08 /01 /janvier /2013 11:18

 

 

 

 

Premier volet d’une série, qui consiste en la présentation et analyse d’un texte qui décrit la condition de « l’activé social » dans sa relation à sa santé. L’auteure et celui qui recueille ses propos sont des personnalités notable de la « gauche » belge.

Voici un texte qui date d’il y a quelques années et qui vous donne  le point de vue d’une politicienne belge sur les Centres Publics d’Action Sociale (anciennement Centres Publics d’Aide Sociale) qui sont chargés d’allouer –ou non des revenus de remplacement d’intégration sociale, pardon, le RIS : revenu d’intégration sociale et d’autres aides le cas échéant. Cette politicienne fut pendant un temps directrice d’un CPAS bruxellois et elle y a fait du bon boulot, personne ne le nie, mais d’autre, elle a aussi apporté sa contribution aux alibis (faux témoignage malgré une part de « bonne foi ») du système. Il ne faut donc pas oublier qu’il y a aussi dans ce discours une adresse à un électorat potentiel sur le mode habituel de la mise en scène de soi-même, afin de se vendre dans un créneau d’électeurs visés.

Ce texte désigne quelques éléments important du système d’allocation, partant de la question de la santé, nous verrons que c’est finalement tout le système qui est pathogène dans sa mise en œuvre et même tout simplement sadique.

Certains points de ce texte appellent, la critique, le décodage et la démythification. Je lis certains passages et je bondis accablée par la méconnaissance de la réalité de « ceux dont on parle » par « ceux qui en parle » des personnes qui sont de celles dont on parle sans se soucier de ce qu’elles-mêmes aurait à dire de leur propre situation. En des points clés des préjugés et a priori qui place d’emblée ce texte hors réalité, dans la fiction et le déni de réalité.

De toute manière l’entièreté du système est de plus en plus conçu pour empêcher voir réprimer toute manifestation de singularité. (voir « Condition de l’homme moderne » d’Hannah Arendt qui démontre magistralement qu’une société fondée sur la notion d’individu à une vocation totalitaire intrinsèque, et que seule une fondation par  la notion de personne irréductiblement singulière permet à chacun de donner le meilleur de soi-même).

Il est terrible de réaliser que des gens comme les auteurs (de pseudo-gauche[i]), du texte contribuent à rendre possible l’effectivité des opérations de réduction, véritable amputation de soi, préalables nécessaire à l’intégration sociale possible par tout ce qui est véhiculé d’a priori, de stigmatisation inconsciente, cette vision réductrice, a des conséquences dramatique pour la vie de ceux qui sont mis en cause et sommés de se conformer au profil sous peine d’être irrecevables et privés de toute ressource.

Et donc il conviendrait d’éclaircir quelques points qui montrent la totale inadéquations des causes et des remèdes, prenons un exemple : le code du logement qui lui tient tant à cœur de l’auteure, provoque des catastrophes : telle personne sans-abri depuis plusieurs année  trouve - enfin - un logement plus ou moins dans ses moyens,  visite obligée de l’AS (assistant(e) social(e))… ben non, cela ne va pas, il manque un mètre de long à la cuisine… et le gars se retrouve dans la rue avec une haine grandissante pour ce système pourri. En ce moment même deux connaissances mènent une lutte, elles sont menacées d’être expulsées chacune de son logement dont elles-mêmes sont enchantées au nom de ces mêmes normes, d’autant plus dramatique que l’ombre de la rue comme nouvelle résidence se profile à l’horizon du probable. La réalité de l’application du code du logement et d’autres mesures défendues par le parti de l’auteure, font qu’objectivement ce parti est au service des classes moyennes, bobos-écolos de préférence, de celles qui aiment se couvrir de verni vert et passent leur vacances dans des hauts lieux de « tourisme écologique », mais que le mépris implicite ou explicite qu’ils témoignent aux non intégrés les rend inaptes à s’occuper des questions de misère.  Je pourrais vous donner des quantités d’exemples de centaines (voir plus) de personnes qui se sont retrouvées dans la rue au nom de ce code qui ne tient pas seulement compte de la salubrité et de la sécurité d’un logement, mais aussi de critères comme la hauteur des portes, la longueur de la cuisine… il y a à Bruxelles des centaines de logement sociaux et autres qui ont été vidés et sont restés vides (faute de budget pour les transformer ? Ou par mauvaise utilisation de ceux qui existent ?) au nom de ces normes.

Nous trouvons aussi quelques indices qui nous ramènent à ce regard en surplomb qui transforme souvent des gens de bonne volonté en enfer pavés de bonnes intentions pour ceux qu’ils prétendent à tous pris aider à leur façon…. Je  reprendrai ce texte point par point au cours des jours qui viennent dans un petit exercice de décodage qui me permettra aussi de me faire écho de paroles partagées avec ceux qui vivent cette situation.

Néanmoins même si j’ai quelques doutes à émettre quant à la sincérité totale de ce qui reste un discours politicien, nombre d’éléments de la réalité vécue de la relation « client » CPAS sont mis en évidence ici et plus clairement que ne le font en général les politiciens. Cela en fait un bon point de départ pour démontrer l’absurdité du système et son caractère nuisible et contre-productif en ce qui concerne ses buts avoués.

Il faut savoir aussi que depuis la fin de son mandat, un changement de majorité a amené une autre présidence au CPAS qui a bousillé qui avait été fait de positif au cours du mandat précédent, vive l’alternance et l’impossibilité d’inscrire une action dans la durée qu’elle nécessite…comme un bateau qui tous les x temps change de cap, un coup à droite, un coup à gauche… jusqu’à perte total de la boussole temporelle et dérive. Et c’est cela aussi le jeu de l’alternance : des changements fréquents amènent des changements fréquents à des postes qui demandent un travail de longue durée.

A certains avec le temps on peut espérer le faire admettre en quoi ils se trompent, et alors les choses avancent, sauf que à peine ils commencent à comprendre que d’autres les remplacent, et chacun de se voir propulser dans un autre secteur dont il ignore tout… d’incompétence en incompétence, de plus en plus nombreux sont ceux à patauger dans les gadoues de la misère programmée.. Avec d’autres, même pas la peine d’essayer même de dialoguer, les carcans mentaux de leurs conditionnements respectifs les rend sourd à tout ce qui ne relève pas de leurs monomanies politiques…  chercher le dialogue avec ceux-là, c’est perdre son temps, son énergie voir son enthousiasme toutes sortes de choses précieuses quand on a un monde à construire.

C’est clair que ces derniers ont une efficacité prouvée : ceux qui ne veulent pas se faire bouffer par le système cherchent des solutions de fortune pour échapper au formatage psychologique forcé… y compris dans la délinquance pour certains. Et les autres dans leur immense majorité acceptent le désespoir et nombreux ceux qui disent : « Ils nous tuent à petit feu. »



[i] La reconnaissance implicite et acceptation du phénomène hiérarchie sociale sans le questionner posée d’emblée suffit à  démontrer cela, sans ce questionnement préalable, il est impossible d’aborder la question de la misère et de ces causes de manière saine et lucide, ni de se prétendre de gauche en restant crédible

 

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Les CPAS, au pied du mur des inégalités

Propos recueillis et mis en forme par Axel Hoffman

avril 2007, Herscovici Anne  

Quand on se retrouve au bas de l’échelle sociale, le CPAS constitue le dernier “gros” filet institutionnel susceptible de préserver une dignité de vie et une affiliation sociale. Y a-t-il dans les CPAS une prise de conscience des problèmes de santé liés aux inégalités dont sont victimes leurs “clients”, y a-t-il des moyens et des dispositifs pour y répondre ? Nous avons posé la question à Anne Herscovici, sociologue, particulièrement sensible aux problèmes d’inégalités de santé, et qui a été présidente du CPAS d’Ixelles de 2001 à début 2007. Voici ce qu’elle nous a répondu.

Pour les CPAS, la question des inégalités de santé s’arrête le plus souvent à celle de l’accès aux soins. Ils estiment leur mission principale remplie quand sont mises en oeuvre des mesures, telles que la carte médicale, qui assurent que tous puissent bénéficier des soins de santé. Et prendre en charge le coût des soins de santé, ce n’est déjà pas rien. A Ixelles par exemple, outre les bénéficiaires du revenu d’intégration (2.283 en juin 2006) et leurs enfants, 1.570 personnes ont une carte médicale (pensionnés, chômeurs, personnes en situation illégale).

On sait pourtant que les soins de santé ne pèsent que pour une part relativement marginale, en tout cas à l’échelle collective, dans l’état de santé des personnes. Mais je crains que la réflexion sur la question des déterminants non médicaux de la santé soit assez rare dans les CPAS, en particulier pour tout ce qui touche à la position dans la hiérarchie sociale, à l’estime de soi, aux liens sociaux. Et savoir qu’être pauvre est mauvais pour la santé ne se traduit pas pour autant par des politiques préventives.

Il faut reconnaître que la marge de manoeuvre des CPAS est assez maigre en raison des contraintes légales qui leur sont imposées. Certaines d’entre elles ne sont pas bonnes pour la santé. Par ailleurs les moyens humains et budgétaires dont disposent les CPAS ne sont pas, comme on dit, à la hauteur des enjeux. Un petit mot sur ces moyens pour éviter une lecture qui diabolise les CPAS.

Le mode de financement des CPAS est en partie fédéral et en partie communal. Les CPAS qui comptent plus de 1.000 bénéficiaires touchent du fédéral 65% du revenu d’intégration. Presque tout le reste est à charge communale, hormis une toute petite part régionale. Les fonds fédéraux énergie/médiation de dettes et le budget culturel sont venus récemment améliorer la situation. Mais pour le reste, le CPAS n’ayant pas de ressources propres, il doit chercher des ressources complémentaires auprès de la commune, qui est elle-même sensée avoir un budget à l’équilibre. Quand le CPAS présente l’addition à la commune, les échevins s’arrachent les cheveux parce qu’ils vont devoir, eux, renoncer à des politiques éventuellement importantes, en instruction publique, en culture…

Globalement, plus une commune est pauvre, plus elle a de dépenses sociales et moins elle a de rentrées fiscales. La section CPAS de l’Union des villes et des communes revendique d’ailleurs un remboursement du revenu d’intégration à hauteur de 90% : pour alléger la charge des communes et pour une solidarité mieux répartie à l’échelle du fédéral, dont les politiques ou les non-politiques (logement, chômage, immigration, santé) ont souvent pour effet de transférer des dépenses vers les CPAS. Tutelle fédérale, tutelle régionale, tutelle communale : les CPAS sont sous haute surveillance. A la différence des zones de police, qui n’ont pas de compte à rendre et coûtent pourtant si chers aux communes.

Avec une meilleure intervention fédérale, les CPAS pourraient, à budget égal, penser santé, prévention, travail communautaire.

Revenu et logement

Parmi les facteurs qui déterminent la santé, un des plus importants est le revenu. D’abord parce qu’avec le revenu, c’est la qualité du logement qui est en cause. Actuellement, le coût des logements constitue un problème dramatique. Obligées de faire face à des loyers trop chers par rapport à leurs ressources, les personnes qui ne bénéficient que d’un revenu d’intégration ont le choix entre endettement structurel, ce qui n’est pas très bon pour la santé mentale en termes de stress, et logement pourri, qui n’est bon ni pour la santé mentale ni pour la santé physique. Quand on habite à quatre dans une seule pièce, sans espace à soi, avec l’eau qui coule le long des murs, comment s’étonner que les gens “pètent les plombs” et que les enfants ne travaillent pas bien à l’école ? Quand le logement est trop exigu, mal insonorisé, difficile d’y inviter des connaissances, de s’y sentir protégé et d’y nouer des relations sociales. Difficile aussi d’avoir une consommation énergétique « raisonnable » quand le logement est mal isolé. Si les CPAS paient la consultation du médecin généraliste et des médicaments, il est sans doute plus rare qu’ils paient le remplacement d’un carreau cassé ou qu’ils entreprennent des démarches pour qu’un propriétaire remplace des châssis vermoulus. Ce qui serait pourtant la meilleure façon d’éviter les frais d’une nouvelle consultation médicale.

Les CPAS ne demeurent pourtant pas inactifs sur le plan du logement : ils peuvent mettre à profit les visites à domicile des assistants sociaux pour détecter les logements insalubres ou non conformes au code du logement. En concertation avec la commune, les CPAS peuvent agir à l’égard des propriétaires, aider à la recherche d’un logement salubre et des moyens d’y accéder (notamment les ADIL, qui couvrent temporairement le supplément de loyer lorsqu’on accède à un logement plus salubre), mais cet accompagnement n’empêche pas les propriétaires d’exiger des prix très élevés ou de refuser sous de multiples prétextes de louer leur bien à qui n’a pas la peau blanche. La fermeture d’un logement insalubre peut se traduire in fine, pour celui qui l’occupait, par une nouvelle galère, la location d’un autre logement insalubre. A Ixelles, nous avons tenté d’éviter cela en collaborant de façon systématique avec la Commune, la Région et les associations spécialisées dans les questions de logement.

Mais la question de base demeure l’insuffisance du revenu dans le contexte locatif actuel. Avoir un emploi, toucher une pension ne garantit plus non plus le droit au logement.

Piège à la sortie aussi...

Le revenu d’intégration est beaucoup trop bas, mais pas seulement le revenu d’intégration : les allocations de chômage et les petits salaires aussi. Il ne faut pas perdre de vue que, sauf pour quelqu’un qui a une qualification, toute personne aidée par le CPAS (surtout une femme avec enfants), va voir son niveau de vie baisser en passant du CPAS au chômage ou à un emploi non qualifié. Avec un boulot, elle perd les allocations familiales majorées, le statut VIPO, la gratuité des transports en commun, les chèques sport, les chèques culture et le soutien des assistants sociaux (qui, dans les bons CPAS, est quand même important). Les dépenses par contre augmentent : crèche, transports, vêtements, etc. C’est tout le thème du piège à l’emploi.

Par ailleurs, le niveau de certains salaires est tellement bas qu’on voit venir au CPAS de plus en plus de travailleurs qui demandent de l’aide pour payer les soins de santé. Y compris nos propres travailleurs qui ne peuvent pas se payer, par exemple des prothèses dentaires ! Au nom de quoi certains conseillers refusent de payer pour les usagers du CPAS…

 

Vous avez dit revenu “d’intégration” ?
Des lois mauvaises pour la santé

Voyez le niveau du revenu d’intégration : 644 euros pour un isolé. A Bruxelles, il n’y a pas moyen de trouver un logement correct (et encore...) à moins de 400 euros. Quand on a réglé ces 400 euros de loyer, déposé la garantie locative, payé l’eau, le gaz, l’électricité, les assurances, que reste-t-il pour se meubler, se vêtir, se nourrir, se soigner, se faire un cadeau et faire un cadeau, car cela aussi fait aussi partie de la santé mentale ? Et quelle force ne faut-il pas, dans ce contexte, pour se projeter dans l’avenir, pour affronter une formation, la recherche, souvent vaine, d’un emploi « normal ». Même si les travailleurs sociaux des CPAS peuvent offrir un précieux point d’appui.

Tout le monde reconnaît donc qu’il est impossible, à Bruxelles du moins, de mener une vie conforme à la dignité humaine avec le seul revenu d’intégration. Pourtant ce minimum de moyen d’existence est aussi le maximum autorisé.

Tout ce que les usagers d’un CPAS tentent pour s’en sortir (logement partagé ou petits boulots) est aussitôt neutralisé financièrement. Avoir plus que ce minimum est de fait interdit !

Une manière d’améliorer sa situation, c’est de partager un logement, ce qui peut être excellent en termes de santé mentale, de liens sociaux, de solidarité et permet d’avoir un logement de meilleure qualité sans dévorer plus de la moitié de son budget. Mais là on tombe dans la règle de la cohabitation, définie par la loi comme le fait de faire des économies d’échelle et de régler principalement en commun les questions ménagères. La cohabitation se traduit donc par un montant raboté à 429 euros. Peu importe qu’il n’y ait éventuellement aucune vie commune et que chacun fasse ses courses de son côté.

Par ailleurs combien de vrais projets de vie commune ne sont-ils pas mis à mal par ces règles relatives à la cohabitation ? Combien de couples ne se séparent-ils, plus ou moins fictivement, pour disposer de plus de ressources et combien de pères ne sont-ils plus finalement que de passage ? Combien de disputes et de vraies séparations quand un couple découvre que la vie commune s’accompagne d’une forte diminution de ses ressources ? Avec in fine, un nombre impressionnant de mères qui se retrouvent seules avec leurs enfants et noyées sous les responsabilités.

Trouver un travail à temps partiel, saisonnier ou intérimaire ne permet pas non plus de sortir vraiment la tête de l’eau : à l’exception de 200 euros qui peuvent dans certains cas être immunisés, tout salaire gagné doit être déduit du revenu d’intégration. Cela n’est guère stimulant, et c’est vécu comme une profonde injustice par ceux qui, souvent sans qualification, ne trouvent que ces petits boulots précaires, souvent loin de leur domicile et avec des horaires inconfortables. Ils améliorent à peine leurs ressources mais doivent faire des démarches administratives fastidieuses, avec le risque de toucher leur revenu d’intégration complémentaire avec retard. Les revenus du travail en noir doivent aussi être déclarés au CPAS. On ne le dénonce bien sûr jamais à aucun service, mais on tient compte du revenu qu’il est censé avoir procuré. Ne pas informer le CPAS de ses revenus, c’est une des façons de se débrouiller sans devoir demander des aides complémentaires, mais c’est courir le risque d’être « pris » avec, à la clé, remboursements des sommes indûment touchées et sanctions. Depuis l’entrée des CPAS dans la Banque Carrefour, il est d’ailleurs devenu impossible cacher longtemps un travail déclaré.

Si le revenu d’intégration ne permet pas de mener une vie conforme à la dignité humaine, rien n’interdit aux CPAS, sauf le manque de volonté politique ou le manque de budget, de payer des aides complémentaires, sur fonds propres ou grâce à des fonds fédéraux. Pour le logement par exemple, ils disposent de fonds fédéraux qui permettent de payer les dettes de gaz, d’électricité, d’eau. Mais cela veut dire, pour ceux qui y font appel, une dépendance accrue à l’égard du CPAS. Quand les assistants sociaux proposent la prise en charge des factures d’énergie impayées, certains conseillers de l’action sociale regardent non seulement si la consommation est raisonnable, s’il n’y a pas une augmentation de la consommation, mais aussi si cette demande n’est pas récurrente. A la troisième demande, il va immanquablement se trouver un mandataire ou une majorité de mandataires pour dire que ça devient un système, que c’est trop facile. Qu’est-ce que ça veut dire : « c’est trop facile » ? Et comment gérer son budget en bon père de famille quand le manque est structurel et que toute initiative autonome pour le combler est neutralisée ?

Entre soupçon de fraude et mise en cause des capacités gestionnaires des bénéficiaires du revenu d’intégration, la voie est étroite : quand ils parviennent à tout payer seuls, certains conseillers disent : « il/elle travaille en noir, avec ce que le CPAS lui donne, c’est pas possible de payer un loyer pareil ». A l’inverse, quand une personne apporte régulièrement ses factures, les mêmes disent : « qu’est ce qu’elle fait de son argent, elle gère mal ». Vivre dans cette situation d’insécurité, où on est condamné soit à demander des aides, avec ce que cela peut avoir d’humiliant, soit à se « débrouiller » (certains appellent ça frauder), dans le stress du « comment on va s’en sortir » ou du « pourvu qu’on ne se fasse pas coincer », je ne pense pas que ça soit bon pour la santé mentale.

Budget étriqué et comportements de santé : l’impossible promotion de la santé ?

L’examen du budget des personnes aidées par le CPAS fait parfois apparaître des dépenses mauvaises pour le budget et mauvaises pour la santé. Le poste cigarettes, pour ne citer que le plus « avouable », peut faire sursauter. La tentation est grande, et certains conseillers y cèdent, de « moraliser », de refuser de payer des meubles, des factures de gaz ou autres, estimant que la personne endettée n’a qu’à arrêter de fumer... Et d’inviter les assistants sociaux à obtenir des changements de comportement !

Dans le même registre, certains trouvent qu’il ne faut pas apporter d’aides complémentaires aux femmes « irresponsables » qui ont « trop d’enfants vu leur situation ». Comme si leur rendre la vie plus difficile allait les conduire à adopter une méthode de contrôle des naissances efficace !

Autre aspect « santé » : l’alimentation. Certains CPAS mettent sur pied des ateliers cuisine, où on travaille à la fois la diététique, l’équilibre des repas et celui du budget. Et le plaisir d’une table partagée. Sur le mode non contraint, cela marche. Mais je ne sais pas combien de temps cet « écolage » résiste aux publicités pour les chips, le chocolat et le coca-cola. Je sais en tous cas que les CPAS n’ont pas de budget pour faire ce travail. Sauf projet retenu par l’une ou l’autre Fondation. Encore faut-il pouvoir payer des « porteurs de projets ». Il en va de même d’ailleurs pour tout travail de type communautaire, qu’il s’agisse de lutter contre les allergies, ou les cafards ou de ne pas gaspiller l’énergie.

Souffrance psychosociale et aide conditionnée : les CPAS désarmés

J’ai eu régulièrement un terrible sentiment d’impuissance devant des usagers qui me semblent « à côté de leurs pompes » – mais je ne suis pas médecin - très dépressifs et/ou consommateurs abusifs de psychotropes. Ils se mettent en défaut par rapport aux exigences de la loi. Ils ne remplissent pas leurs obligations (multiples rendez-vous ratés, formations abandonnées, démarches administratives non effectuées, agressivité ou léthargie, etc...) et risquent donc de se voir priver du revenu d’intégration. Et de plonger en conséquence dans une situation pire encore.

Là où je pense souffrance psychique, d’autres voient absence de bonne volonté, refus de collaboration. Mon diagnostic amateur est réduit à de la « naïveté » ou à de la gentillesse mal placée. Une attestation médicale permet de suspendre les obligations des usagers, mais encore faut-il qu’ils acceptent de voir un médecin et que le médecin fasse plus que délivrer un certificat. Dur aussi de devoir médicaliser, si pas psychiatriser une personne pour lui éviter la perte de ses droits. Dur de se contenter de ce minimum-là, de n’avoir d’autre perspective à proposer que le maintien d’une aide financière. Jusqu’à l’âge de la pension ? Cela ressemble à de l’abandon, du renoncement face à une cause qui serait perdue. Les CPAS ne disposent pas ou peu des outils qui permettent un accompagnement spécifique, un travail d’insertion socio-professionnelle adapté et donc à bas seuil d’accès.

Il n’est pas rare, face à des problèmes de santé avérés qui compromettent toute action d’insertion socio-professionnelle, que certains mandataires proposent de conditionner le maintien du revenu d’intégration au suivi d’un traitement médical. Ou à des démarches pour la reconnaissance d’un statut de handicapé…

La plupart des assistants sociaux suivent heureusement des formations, connaissent le réseau santé de leur commune et savent que l’injonction thérapeutique fonctionne rarement. Si on leur en donne le temps - c’est trop rare - ils tentent d’établir une relation de confiance, de mettre en place un travail de structuration, un accompagnement qui ne se focalise pas nécessairement sur le mise à l’emploi. L’invitation à un suivi thérapeutique a alors plus de chances d’être entendue.

L’air du temps est à l’activation, au contrat et à l’aide conditionnée. Pas seulement l’air, la loi sur le droit à l’intégration en porte la marque. Je pense qu’il est indispensable que les médecins, les psychologues aident les CPAS à construire une boite à outils intelligente pour résister à la force des clichés et des « il n’y a qu’à ».

De la formation à l’estime de soi

Autre registre parmi les déterminants de santé : les questions d’enseignement et de formation. Même s’ils ne réfléchissent pas leur action en termes de santé, les CPAS jouent là un rôle important puisqu’ils permettent à de nombreuses personnes de mener à bien des études, à tous les niveaux, dans toutes les disciplines. Les CPAS ouvrent de toute évidence à de nombreuses jeunes femmes les portes de l’égalité des chances.

Rôle important mais difficile quand il s’agit de rattraper les échecs du système scolaire. Beaucoup de jeunes sont au CPAS précisément parce qu’ils n’ont pas terminé le moindre cycle d’études, parce qu’ils ont décroché. Inutile de dire que leur envie d’étudier n’est pas souvent spontanée, que les contraintes horaires leur sont depuis longtemps étrangères et que leur estime d’eux-mêmes est faible. Les remobiliser, leur offrir un cadre qui les structure et leur permette de se projeter dans l’avenir, leur redonner confiance et inverser la spirale de l’échec, c’est un fameux travail de santé.

La question de la formation est centrale mais bien difficile aussi pour toutes celles et ceux qui ne connaissent aucune de nos langues nationales ou qui n’ont jamais été scolarisés. Pouvoir lire et comprendre un contrat de bail, un plan de la ville, une étiquette sur un produit de nettoyage, la notice d’un médicament, ou …les règles du CPAS, c’est une clé pour l’émancipation. C’est bon pour la santé. Cela nous semble évident mais pour les usagers du CPAS qui ont dû quitter leur pays, l’urgence vécue c’est celle des ressources et donc l’obsession du travail à tout prix. Or impossible aujourd’hui de décrocher, au départ du CPAS, un emploi déclaré, même non qualifié sans pouvoir lire un minimum. Les CPAS imposent donc souvent des cours intensifs de français, de néerlandais, ou des cours d’alphabétisation. Si les usagers concernés ne suivent pas ces cours, le CPAS peut considérer qu’ils ne montrent pas de disposition au travail et supprimer leur aide financière. Or ces cours sont vécus comme superflus ou secondaires. Il faut dire que nombre de personnes aujourd’hui régularisées ont survécu en travaillant en noir sans que la question de la langue ne fasse obstacle. Et qu’il en va toujours ainsi dans le secteur du travail en noir, quelque soit le statut de séjour. La contrainte, et donc souvent l’échec ou la lenteur de l’apprentissage, est vécue comme une humiliation de plus. Mauvais pour l’estime de soi, mauvais pour la santé.

Du côté de ce qui est bon pour la santé, je voudrais pointer la culture, sous toutes ses facettes. Depuis 2003, les CPAS peuvent faire appel à des subsides fédéraux pour encourager « la participation et l’épanouissement culturel » de leurs usagers. Pratiquement cela veut dire qu’en dehors de tout cadre contraignant, les usagers peuvent bénéficier d’une aide financière pour avoir accès à un club de sport ou à une académie, pour l’achat de partitions de musique, ou de billet d’entrée pour un spectacle, pour un stage de danse, d’initiation à internet ou l’achat de livres. Ce budget permet aussi de financer des projets portés par les usagers eux-mêmes, seuls ou en collectif : exposition de photos, de peintures, concert, danse, théâtre. Autant d’occasions pour les usagers de faire lien avec les autres, de valoriser leurs talents et d’être reconnus dans leurs compétences, d’être fiers de ce qu’ils peuvent faire et offrir aux autres. De se sentir respectés.

Respect des usagers

Si les CPAS n’ont pas la maîtrise sur le montant du revenu d’intégration ou des loyers, ils peuvent beaucoup pour le respect des usagers.
La manière de recevoir une personne, d’organiser l’accueil pour réduire les temps d’attente, d’informer sur les droits et les obligations (si complexes que les assistants sociaux ou les mandataires eux mêmes ne s’y retrouvent pas au fil des modifications), ce sont des choses essentielles pour ce qui est de l’estime de soi, pour renouer des liens de confiance, de retrouver de l’espoir et donc de la force. Cela implique des locaux adaptés et un nombre d’assistants sociaux tel qu’ils aient du temps pour écouter et entendre, pour expliquer. Pour se former aussi.

Des travailleurs sociaux soumis à rude épreuve

Avec ma formation de sociologue qui travaille sur les inégalités de santé depuis longtemps, je ne pouvais ignorer qu’il n’y a pas de travail social digne de ce nom sans amélioration des conditions de travail des assistants sociaux. Si on veut faire baisser la pression, l’agressivité, les violences, il faut d’abord que les travailleurs sociaux soient en état de recevoir paisiblement les personnes. A Ixelles, nous avons pu étoffer sérieusement l’équipe des assistants sociaux et leur donner ainsi la possibilité de dégager du temps. On a supprimé les permanences du jeudi matin, en mettant un système de garde en place, pour que les assistants sociaux disposent d’une demi-journée pour organiser leur temps comme bon leur semble, par exemple pour recevoir des personnes avec des problématiques particulièrement complexes sans avoir la pression du rendez-vous suivant, pour des supervisions, des réunions d’équipe, pour lire les revues auxquelles le CPAS s’est abonné, dont Santé Conjuguée (ndlr : commentaire non sollicité mais qui fait toujours plaisir), bref prendre de la distance. Une fois par mois, il y a une réunion de tous les assistants sociaux qui en font le programme eux-mêmes : par exemple ils ont beaucoup travaillé avec les différents services de santé mentale de la commune.

Ce travail reste néanmoins dur. Ce n’est pas par hasard si, dès qu’une place hors première ligne se libère, par exemple dans une cellule de médiation de dettes ou une cellule logement, il y a beaucoup d’amateurs. Et je comprends ces demandes. Moi qui n’étais pas vraiment en première ligne, j’ai très mal dormi pendant six ans.

Le travail avec le secteur associatif

Dans un contexte réglementaire et socio-économique qui rend le travail des assistants sociaux difficile, sortir le CPAS de son ancien isolement est particulièrement important. La Cocom (une des instances de pouvoir régional à Bruxelles, ndlr) a un budget auquel les CPAS peuvent faire appel pour mettre sur pied une coordination sociale. Grâce à ce budget, la coordination sociale a pu à Ixelles devenir un lieu permanent d’échange et de constructions de collaborations au niveau communal. Je pense notamment au travail réalisé en matière de logements. Ou de soutien aux personnes âgées. Les échanges d’informations ont aussi permis de dé-diaboliser les perceptions que CPAS et associations avaient l’un de l’autre. Jusque là, le CPAS voyait un peu le secteur associatif comme un secteur irresponsable, sans comptes à rendre, sans cadre normatif, sans tutelles, sans contrôle du Tribunal du Travail… A l’inverse les associations décrivaient le CPAS comme une froide machine à broyer les pauvres gens. A Ixelles, on a fait un travail passionnant parce que, à travers de la coordination et le conseil consultatif de l’action sociale, chacun a pu expliquer les logiques institutionnelles dans lesquelles il travaillait, les lois qui s’imposaient aux uns et aux autres. Ce cadre informatif étant tracé, les questions pertinentes posées de part et d’autres n’étaient plus entendues comme impertinentes, le jeu ne consistait plus à renvoyer aux autres ses impuissances mais bien à en sortir ensemble.

Votre parcours personnel vous rendait sensible à ces problématiques. Avez-vous pu faire passer votre sensibilité ? 

Pour m’en tenir à un exemple, la réorganisation du service social, c’est la marque concrète d’une sensibilité partagée.

Par ailleurs, j’ai essayé d’introduire de l’argumentation, de l’information. Tout ce que je viens de vous dire, je l’ai dit et répété, mais c’est difficile parce que la plupart des mandataires, y compris de bonne volonté, ne prennent pas beaucoup de recul, se laissent emporter par les vents dominants, ceux de l’activation et de la faute individuelle. Ils résistent peu à la tentation de voir en chaque demandeur d’aide un paresseux ou un tricheur potentiel (et des vrais tricheurs, il y en a). Ce qui m’a le plus agacé, c’était – c’est encore - d’entendre mon point de vue ramené à une question de gentillesse. Comme s’il ne s’agissait pas d’un point de vue politique, d’une question de justice et d’égalité.


A télécharger : Les CPAS, au pied du mur des inégalités - Cahier Sc n°40 - Les inégalités sociales de santé – avril 2007 (pdf, 118 k)


Source : 6. Les CPAS, au pied du mur des inégalités - Fédération des maisons médicales

A suivre pour une analyse point par point, du point de vue de ceux qui sont ici dits par d'autres.

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8 janvier 2013 2 08 /01 /janvier /2013 09:00

 

 

Tittytainment

 

Connaissez-vous Vance Packard ? Il fut le premier, avec son ouvrage The Hidden Persuaders1, à attirer dès 1957 l’attention du public sur les techniques de manipulation mentale. Vous savez, ces techniques que la loi antisecte a  finalement renoncé à interdire… peut-être parce qu’elles sont plus souvent utilisées par les publicitaires que par les sectes.

En 1964, il publie un autre ouvrage, Une société sans défense, sur la surveillance et le fichage de la population par la police, mais surtout par les entreprises, où cette fois il n’hésite pas à comparer la société dans laquelle il vit, l’Amérique des années 1960, aux œuvres d’anticipation de George Orwell et d’Aldous Huxley : 1984 et Le Meilleur des mondes.

Le temps a passé depuis mais les livres de Vance Packard, de George Orwell et d’Aldous Huxley n’ont rien perdu de leur actualité. Le monde dans lequel nous vivons correspond à peu de choses près à ce qui était à l’époque imaginé comme un cauchemar.

Pourtant une fausse note subsiste : la dictature que redoutaient Orwell et Huxley était d’inspiration soviétique, mais le “ totalitarisme tranquille ” (2)  que nous connaissons aujourd’hui est capitaliste. Hormis cela, tout correspond : l’œil des caméras de vidéosurveillance épie chacun de nos gestes, nous sommes au seuil d’une normalisation génétique, la voix des médias nous berce du lever au coucher dans la douce anesthésie d’un divertissement médiocre et nous assure que notre monde serait parfait sans la petite délinquance et la contestation politique. Ce divertissement insipide comme un sucre d’orge porte même un nom : le tittytainment. Ce terme inventé par Zbigniew Brzezinski, qui fut conseiller pour la sécurité nationale auprès de Jimmy Carter, est une contraction de entertainment (divertissement) et de tits (seins en argot américain). L’évocation des seins se réfère ici plus à leur fonction nourricière qu’érotique. L’idée de Zbigniew est que, dans un monde où 20 % de la population mondiale suffira à faire tourner l’économie, le problème des nantis consistera à doser le pain et les jeux qu’il leur sera nécessaire d’accorder à la majorité démunie afin qu’elle se tienne tranquille :

Un coktail de divertissement abrutissant et d’alimentation suffisante permettrait selon lui de maintenir de bonne humeur la population frustrée de la planète (3).

C’est là que réside la différence entre le totalitarisme communiste et celui de nos “ démocraties-marchés (4) ” : l’ultralibéralisme a compris qu’il pouvait contenir par la douceur ses populations dans une aliénation passive que Staline cherchait à imposer par la force. Sylvio Berlusconi n’a menacé personne pour arriver au pouvoir, il a acheté des chaînes de télévision. Dans le roman de George Orwell, la population ne peut pas éteindre la télévision dans les appartements individuels. Dans l’Italie capitaliste, elle le peut, mais elle ne le fait pas. Et l’auteur du Meilleur des mondes l’avait déjà compris :

Aldous Huxley n’a-t-il pas écrit que le mot d’ordre devenu classique de Patrick Henry – la liberté ou la mort – paraîtrait aujourd’hui mélodramatique ? Nous l’avons remplacé, soutient-il, par des exigences d’un tout autre ordre : “ Donnez-nous des télévisions et des hamburgers, mais débarrassez-nous des responsabilités de la liberté (5). ”

Ce nouveau mot d’ordre sonne le glas de nos démocraties. Un exemple ? La disparition du commerce de proximité au profit de la grande distribution. Les grandes surfaces se sont imposées par la douceur et la séduction à nos habitudes de consommation. Des prix bas, une gamme étendue de produits et de services : le consommateur ne résiste pas. Pourquoi résisterait-il ? Il ne veut pas comprendre que, quand la grande distribution aura totalement éliminé le commerce de proximité et quand les fusions entre groupes auront abouti à un partage stable du territoire, les distributeurs n’auront plus aucune raison de se gêner pour augmenter subrepticement leurs marges commerciales… mais ils n’auront pas davantage de raisons de revenir contrepartie de cette augmentation au choix et à la qualité autrefois assurés par le commerce de proximité ! Ils auront imposé une implacable dégradation du service rendu aux consommateurs en éliminant la production artisanale et en exigeant de leur fournisseurs rapidité d’approvisionnement et quantités industrielles au détriment de toute qualité. Lorsqu’on est parvenu à s’assurer le monopole d’un marché et que tout boycottage est devenu impossible, on peut tout à coup démasquer ses longues dents et tirer une grosse marge bénéficiaire de mauvais produits.

Le choix de la grande distribution aura été effectué “ démocratiquement ”, comme celui de la télévision de Berlusconi. Les réactions des consommateurs ne sont pas difficiles à prévoir, elles font l’objet de tant d’investigations, d’études et de sondages que les pièges tendus par les experts du marketing font mouche à tous les coups. C’est pour cela que la démocratie est si facile à acheter.

L’ultralibéralisme a parfaitement compris que les méthodes staliniennes tant redoutées par Huxley et Orwell étaient aussi maladroites qu’inutiles : pourquoi contraindre brutalement les citoyens à une béate passivité alors qu’une connaissance plus approfondie de leurs comportements démontre qu’ils ne demandent que cela ? La population n’a nul besoin que l’aliénation soit obligatoire pour s’y adonner. Personne n’oblige encore les Italiens à regarder les chaînes de télévision de Berlusconi. Ce n’est que dans un second temps, quand tous les autres médias auront été éliminés, que celui-là deviendra obligatoire. Parce que la population préfère le divertissement à l’analyse, les grands groupes de presse et de télévision qui proposent un divertissement facile plutôt que des analyses sérieuses éliminent le journalisme d’investigation honnête et s’assurent progressivement un monopole de fait. Une fois ce monopole installé par le “ choix démocratique du marché ”, les informations indispensables à la vie quotidienne ne passeront plus que par ce vecteur unique et le rendront obligatoire. Après que nous lui aurons nous-mêmes souhaité la bienvenue, la dictature sera entrée par nos portes grandes ouvertes et se sera installée à notre table .

Philippe Laporte

(1) En traduction française : La Persuasion clandestine, Calmann-Lévy, 1958.
(2) André Bellon, Anne-Cécile Robert, Un totalitarisme tranquille, Syllepse, 2001.
(3) Hans-Peter Martin et Harald Schumann, Le Piège de la mondialisation, Solin – Actes Sud, 1997, page 13.
(4) Gilles Châtelet, Vivre et penser comme des porcs, Folio, 1999.
(5) Vance Packard, Une société sans défense, Calmann-Lévy, 1965, page 22.

Source : Casseurs de pub

Via   Les Dernières Nouvelles du Monde    qui nous propose quelques autres articles  et thèmes qui méritent le détour

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7 janvier 2013 1 07 /01 /janvier /2013 19:04

 

 

 

Juste pour rigoler un peu - jaune ? comme le "socialisme" en vigueur et rigueur..... un article à lire ici...

François Hollande recadre, Jean-Marc Ayrault existe, le gouvernement travaille

dont je me permets de relever quelques phrases très parlantes et édifiantes.

 

Où il est question de stratégie de communication

COMMUNICATION - Embourbés dans les sondages d’opinion, le chef de l’État et son Premier ministre veulent reprendre la main sur la stratégie de communication...

 

[…] c’est dans ce cadre qu’intervient la nomination à l’Elysée de Claude Sérillon, avec le titre de conseiller en communication. «On se vend très mal. Il y a un manque crucial de coordination de notre communication», concède un conseiller de l’Elysée à Libé ce vendredi. L’ex-présentateur du JT devra aussi améliorer la coordination avec Matignon car Hollande ne veut pas non plus devenir un hyper président. Pas simple de trouver l'équilibre. 

[…]

Faire exister Jean-Marc Ayrault
C’est un des soucis du couple exécutif. Jean-Marc Ayrault n’imprime pas dans l’opinion et n’est pas toujours respecté par les ministres les plus influents qui passent parfois directement par François Hollande.

[…]

C’est le début de la mise en scène de l’action gouvernementale qui a tant manqué en 2012.


[…] pour exhorter «tous les membres du gouvernement d’aller dans toutes les régions de France à la rencontre des forces vives du pays pour leur dire: voilà la politique du gouvernement». De la pé-da-go-gie avant tout, donc. Les ministres ont d'ailleurs été priés de se multiplier sur le terrain.

[…]

Un autre compte a été créé, @fil_gouv, «le compte officiel du gouvernement français», géré depuis Matignon, pour coordonner la communication numérique de ses ministres et, à nouveau, montrer les ministres au travail. Histoire d’illustrer cette réponse faite jeudi aux journalistes: «Je n'ai pas besoin d'être conforté, je suis le chef d'équipe» 

 

Ce qui est éberluant là-dedans, c’est que cette insulte à l’intelligence du public qui fait d’un gouvernement une opération de marketing, qui devrait faire scandale car il s’agit bel et bien d’une mise en scène destinée à faire vendre un produit, comme le dit très clairement ce texte et d’autres sur le même sujet, le genre de propos qui devrait faire scandale, la politique ayant définitivement cédé le pas à la propagande, c’est devenu normal, personne ne s’en offusque.

Le sens de ce concept pé-da-go-gie mis ici en situation mériterait d'être interrogé plus avant, ainsi que sa synonymie de plus en plus marquée avec la propagation d'une idéologie, je reviendrai certainement sur ce thème fondamental quand il est question d'opposer l'éveil des conscience aux somnifères de la propagande.

L’image prime sur l’action politique. Le spectacle qui se déroule sur la scène médiatique, occulte ce qui se passe réellement en coulisses. Les Ministres sont envoyés sur le terrain non pour aller discuter des politiques avec les populations, porter la bonne parole, tels des missionnaires dont le rôle est de convaincre le public de ce que le scénario politique et le jeu des acteurs tiennent la route.

Il y a un chef d’équipe qui prend les décisions, et sans jeu de mots, des hérauts, allant sur le terrain, pour en informer le public, leur conférant un supplément d’âme, Nous sommes encore une fois confrontés à une opération Tupperwar, indigne de la politique et qui témoigne intrinsèquement d’un mépris du public, puisque ce n’est pas son intelligence, son cœur et sa raison qui sont sollicités mais sa réceptivité émotionnelle aux formes de paraître.

C’est d’autant plus intéressant que toute imprégnée de mes balades bolivariennes, je ne peux qu’être convaincue que malheureusement ce mépris du public est aujourd’hui justifié par son inertie et la complaisance qu’il met à se faire duper. Quels que soient les critiques qui peuvent être faites en termes d’écosophie au gouvernement du Venezuela, la maladie d’Hugo Chavez, révèle que ce peuple qui s’était levé en 2002 – la constitution brandie comme arme de combat, lors du coup d’état, refusant de se laisser duper par la matrice médiatique mensongère des médias putschistes dominant le champ de la communication, pour défendre non seulement son président, mais aussi et surtout sa dignité conquise et les amélioration constante de la qualité de vie pour le plus grand nombre, n’a cessé depuis d’être politiquement actif et de grandir en culture et en conscience politique. Voir l’article ci-dessous (entre autre).

La conscience politique d’un peuple grandit quand la démocratie est pour chacun une pratique quotidienne. La table rase est un mythe, on part toujours de l’existant en politique, Une chose consiste à « informer » le peuple de décisions sur lesquelles il n’a aucune prise réelle, présentant les choses dans la version du moins pire en fonction des états d’esprits et désidératas exprimé par des sondages d’opinion. Autre chose est de faire les patients chemins par lesquels les Peuples apprennent par la pratique à prendre en main leur destin.

Aujourd’hui, notre sinistre pouvoir de l’ombre, dans son rôle de fabriquant de matrices médiatiques ad-hoc, appellent la prémière situation démocraties et les seconds dictatures. Dans les premières nous voyons des peuples endormis par des bains de fictions, mythes, contes (à dormir debout) et autres propagandes. Le fait politique a été effacé au profit d’un économisme dominant qui vend au monde du spectacle politique… nous nous rappelons de la magistrale prestation d’Obama, lors de sa première campagne,  et de  son grand rôle dans la production hollywoodienne « Devine qui va présider demain ? ». Politique fiction sur la scène, gouvernement réel dans les coulisses… et le public traité en imbécile crédule, et le pire : ça marche !

Anne

 

 

 

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10 décembre 2012 1 10 /12 /décembre /2012 08:36

 

 

Sans avoir à se préoccuper de théorie du complot remontant à des siècles voir à des millénaires et même transplanétaires. En s’en tenant aux faits avérés et parfois révélé, non par le biais de quelques messages mystiques mais bien par des documents  noir sur blanc et des fait échus, il est indéniable que la globalisation est un programme mis en œuvre depuis plusieurs décennies, qui agit sur toutes les dimensions de nos vies et qui après avoir hypothéqué nos existences s’apprête à nous les confisquer  (ce qui est  déjà partiellement ou totalement  concrétisé pour beaucoup d’entre nous – humains.)

Un des axes de ce programme – comment qualifier un coup d’état à l’échelle planétaire ? – est celui de la propagande, un  des aspects « doux » de ce coup d’état. L’élimination de toute presse indépendante en était un des objectifs et tous ceux qui douteraient de la réalité d’un programme à long terme devraient se pencher sur les étapes successives qui avec patience et persévérance ont permis à la clique néolibérale avide de pouvoir  mais surtout de profit – une drogue dure – de s’emparer  des principaux médias, de ceux qui forgent les opinions dans le monde. Action par action – enfin un peu à la fois plus tout de même – ils se sont devenus les propriétaires de journaux censés représenter différents courants de pensée,  et sous la surface d’une fausse diversité qui n’excède pas le carcan du système, ce sont mis à manipuler les inconscients collectifs de nations entières.


Voici un aperçu de cette hégémonie de la désinformation et de la propagande :

 

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