25 octobre 2013 5 25 /10 /octobre /2013 18:52

 

Yehuda Shaul, sergent israélien : "Il faut mettre fin à l’occupation"
Daniel Fontaine 

Des soldats israé­liens ont choisi de rompre le silence et de révéler les com­por­te­ments de l’armée en Cis­jor­danie. Après avoir effectué leur service mili­taire, ils sont pris de remords. Har­cè­lement de civils, vio­lence gra­tuite, arres­ta­tions d’enfants : les méthodes uti­lisées pour main­tenir le contrôle israélien sur les Ter­ri­toires pales­ti­niens dépassent les limites qu’ils peuvent admettre. Pour eux, seule la fin de cette occu­pation pourra sauver Israël de la perte morale vers laquelle le pays se précipite.
Yehuda Shaul est un solide gaillard, qui a fait ses trois années de service dans une unité com­bat­tante de l’armée israé­lienne. Mais après ces trois années, il s’est senti mal. Il s’est rendu compte que l’opinion publique israé­lienne ignore com­plè­tement ce qui se passe dans les Ter­ri­toires pales­ti­niens et comment l’armée israé­lienne s’y com­porte. Il a fondé une asso­ciation d’anciens soldats qui veulent témoigner, Breaking the silence. Les éditions Autrement publient aujourd’hui en français leur Livre noir de l’occupation israé­lienne. Nous avons ren­contré Yehuda Shaul.
Quelle est la moti­vation des soldats pour vous confier leurs témoi­gnages sur ce qu’ils ont vu ou fait dans les Ter­ri­toires occupés ?
Le jour où j’ai compris ce que j’ai fait comme soldat d’infanterie et com­mandant en Cis­jor­danie durant mon service, je n’avais pas le choix. Il y a un moment où vous com­prenez que si vous ne dites pas la vérité sur ce qui se passe, per­sonne ne la dira. Et notre société conti­nuera à prendre des déci­sions poli­tiques sans réel­lement com­prendre ce qui se passe sur le terrain.
L’opinion publique israélienne ignore donc ce qui se passe en Palestine ?
Tout à fait. Mes parents, ma com­mu­nauté, les gens qui m’ont envoyé dans les Ter­ri­toires occupés faire ce que j’ai fait n’ont pas idée de ce qui s’y déroule. C’est pourquoi nous nous appelons "Breaking the silence" (Briser le silence). Nous avons com­mencé en 2004 avec une expo de photos sur notre période à Hébron. J’y ai servi durant 14 mois comme soldat et comme com­mandant. Et avec 65 de mes cama­rades nous avons lancé l’association. La réaction a été énorme dans les médias. Nous avons été invités au par­lement. Et 7.000 per­sonnes ont vu l’expo. Ce ne serait pas arrivé si les gens étaient habitués à entendre cette his­toire. Mais les gens ignorent les faits. C’est pour cela que notre société ne prend pas la res­pon­sa­bilité de ce qui est fait en son nom. Notre tâche à Breaking the silence, c’est de les forcer à savoir.
Quel genre de faits sont ignorés en Israël ?
Le débat poli­tique tourne autour du conflit avec les Pales­ti­niens. Mais la dis­cussion reste très générale. Ce que nous faisons chaque jour, les gens ne le savent pas. Par exemple, pendant que nous parlons, il y a deux patrouilles mili­taires à Hébron. Leur mission, c’est de faire sentir leur pré­sence. L’idée des mili­taires est la sui­vante : si les Pales­ti­niens ont le sen­timent que les soldats sont partout tout le temps, ils auront peur d’attaquer. Pour qu’ils aient ce sen­timent, il faut faire sentir sa présence.
Vous faites votre garde de nuit de 22h à 6 h du matin. Huit heures de service. Je suis le sergent, je dirige la patrouille. Je l’ai fait pendant des mois. Vous patrouillez dans les rues de Hébron. Vous entrez dans une maison. Pas une maison sus­pecte. Vous choi­sissez une maison au hasard. Vous réveillez la famille. Les hommes d’un côté, les femmes de l’autre. Vous fouillez partout. C’est fini, vous retournez en rue, lancer des gre­nades assour­dis­santes, frapper aux portes, faire du bruit, courir au coin de la rue, entrer dans une autre maison et réveiller la famille. Vous passez vos huit heures de service comme cela. Depuis sep­tembre 2000 et la seconde intifada jusqu’aujourd’hui, cela ne s’est pas arrêté une seconde. En langage mili­taire on appelle ça : "créer le sen­timent de per­sé­cution". La plupart des Israé­liens ignorent que c’est notre travail au jour le jour. Ins­taurer ce sen­timent de per­sé­cution dans toute une popu­lation, pour moi, ça dépasse la limite de ce qui peut être fait en mon nom. Et nous demandons aux autres : voulez-​​vous sou­tenir un régime pareil ou pas ?
Pour vous, toutes les limites morales ont été franchies ?
Je pense en effet qu’en envoyant nos mili­taires pour main­tenir une occu­pation sur le peuple pales­tinien depuis 46 ans, nous avons condamné nos mili­taires à une réalité où les valeurs morales que nous avons à la maison, dans la société, ne s’appliquent plus. Je me sou­viens que quand j’allais dormir, je me disais : "Il y a des choses que je ne ferai jamais. Je n’utiliserai jamais des Pales­ti­niens comme bou­cliers humains." Une semaine plus tard, en patrouille, vous voyez un paquet suspect sur le bord de la route. Vous prenez le premier Pales­tinien qui passe et vous lui dites d’aller voir. L’idée est très simple : si c’est une bombe, elle explosera, sinon, on conti­nuera à avancer. C’était la pro­cédure et je l’ai appliquée. Et quand vous retourner dormir vous vous dites : "Mais ça, je ne le ferai jamais." Et la semaine sui­vante, vous fran­chissez une nou­velle limite. Tout ce qui nous reste, c’est de briser le silence et de crier : "Regardez : nous avons été éduqués d’une cer­taine façon et dans les Ter­ri­toires, nous faisons le contraire. Que se passe-​​t-​​il ?"
Que pensez-​​vous de ces porte-​​parole et de ces ministres israé­liens qui avancent que l’armée israé­lienne est la plus morale au monde ?
Le pro­blème quand on dit que l’armée israé­lienne est la plus morale du monde, c’est qu’il n’y a pas d’occupation morale. Les gens ne le com­prennent pas, mais ma cri­tique ne vise pas l’armée, elle vise la mission que les mili­taires sont envoyés faire par la société israé­lienne. Je ne me suis pas réveillé un matin, à 18 ans, en décidant d’aller m’amuser comme soldat dans les Ter­ri­toires occupés. J’ai été envoyé là-​​bas, par mon gou­ver­nement, par ma société. Ce n’est pas une cam­pagne contre l’armée. C’est une cam­pagne pour expliquer ce que l’occupation signifie. Der­rière le travail de Breaking the silence, il y a de l’optimisme : il y a une minorité signi­fi­cative en Israël, quand elle est confrontée aux faits, elle brise le silence et prend notre parti. Ils verront que dans l’occupation, il n’y a rien de juif et il ne devrait rien y avoir d’Israélien. Nous ne devrions pas y être impliqués.
Mais ne faut-​​il pas recon­naître qu’il n’y a pas de guerre propre, qu’il y a tou­jours des vic­times col­la­té­rales et qu’Israël doit bien se défendre contre le terrorisme ?
Ce n’est pas une guerre que nous menons, c’est une occu­pation. J’ai fait un entraî­nement de six mois comme un soldat d’infanterie et trois mois comme sergent. Je suis entraîné à faire la guerre. Si la Syrie ou l’Égypte attaque Israël, je défendrai mon pays. Je suis prêt. Mais ce que j’ai fait pendant le reste de mon service mili­taire n’avait rien à voir avec mon entrai­nement. J’imposais notre loi aux Pales­ti­niens. C’est très différent.
La géné­ration de mes parents, ils ont des his­toires à raconter : des batailles contre les Égyp­tiens, contre les Syriens… Moi, les his­toires que je peux raconter, c’est très dif­férent. Je suis entré de force dans des maisons et les enfants fai­saient pipi dans leur pan­talon de peur… Ce n’est pas la guerre. Ce n’est pas un dommage col­la­téral. C’est un sale travail, un travail immoral depuis le début. Et si vous lisez le livre que nous publions, vous verrez que l’histoire des soldats israé­liens dans les Ter­ri­toires occupés, les stra­tégies que nous uti­lisons, ce n’est pas seulement pour défendre Israël du ter­ro­risme. Ce n’est qu’une petite partie de notre travail. L’essentiel, c’est de main­tenir notre contrôle mili­taire absolu sur les Pales­ti­niens. C’est main­tenir un statu quo, ce qui ne signifie pas geler la situation, c’est une cam­pagne continue. Le titre du livre en Hébreu, c’est "L’occupation des Ter­ri­toires", parce que nous vou­lions dire que l’occupation ne s’est pas pro­duite en juin 1967 quand Israël a conquis des Ter­ri­toires. L’occupation israé­lienne est une cam­pagne offensive et continue d’enracinement de son contrôle mili­taire. Avec chaque maison que vous construisez dans les Ter­ri­toires, ils sont réoc­cupés. Chaque fois que vous faites irruption dans une maison pales­ti­nienne en pleine nuit et pro­voquez un sen­timent de per­sé­cution, les Ter­ri­toires sont réoc­cupés. Chaque point de contrôle volant que vous ins­tallez pour per­turber un village, c’est une nou­velle occu­pation. Je suis pas un paci­fiste, mais une occu­pation mili­taire pro­longée sur un autre peuple, je n’en veux pas. C’est la des­truction de l’armée, la des­truction de notre société et ça détruit la légi­timité de l’État d’Israël.
Je suis sûr qu’en Israël, vous êtes vus comme des traîtres. Comment vivez-​​vous avec ce regard sur vous ?
Pour moi, j’ai servi mon pays durant trois ans dans l’armée et depuis 9 ans, je sers mon pays dans Breaking the silence. Pour moi, il n’y a pas de dif­fé­rence, à part le salaire ! Je crois que les vrais traîtres sont ceux qui pensent que l’existence d’Israël dépend du fait que les Pales­ti­niens ne seront jamais libres. Les plus grands "délé­gi­ti­ma­teurs" de l’État d’Israël sont ceux qui veulent nous faire croire que nous sommes com­plè­tement indé­pen­dants en occupant les Pales­ti­niens pour tou­jours. Ceux-​​là détruisent le pays. Avec eux, dans 50 ou 60 ans, Israël n’existera plus de la manière que nous voulons. La seule façon pour Israël d’être une patrie comme je l’aime et comme elle a été créée, c’est que nous arrê­tions de com­mettre des péchés, des actions non-​​casher, et que nous met­tions fin à l’occupation.

Propos recueillis par Daniel Fontaine

Source : RTBF

Via Humeurs de Marissé

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6 octobre 2013 7 06 /10 /octobre /2013 22:29


 

 

Christophe Bonneuil

samedi 5 octobre 2013

 

Les "Trentes glorieuses", qui ont marqué la France de 1945 à 1975, sont célébrées comme une période idéale. Mais la prospérité de l’époque s’est fait à un lourd prix environnemental. Sous plusieurs aspects, ces décennies ont en fait marqué une régression.

Reporterre s’entretient avec l’historien Christophe Bonneuil.


Dans un nouvel ouvrage, des chercheurs français et américains proposent Une autre histoire des "Trente Glorieuses" (Ed. La Découverte). Renouvelant notre regard sur les décennies d’après-guerre, les différents textes réunis s’inscrivent dans une histoire environnementale globale. Rencontre avec Christophe Bonneuil, historien des sciences, qui a co-dirigé ce livre collectif.

Reporterre - Pourquoi avez-vous décidé d’écrire ce livre ?

Christophe Bonneuil - Avec Céline Pessis et Sezin Topçu, nous avons longuement travaillé sur les « Trente Glorieuses » à travers nos études sur les technocraties coloniales, le nucléaire et la modernisation agricole. Et nous avons constaté que les récits historiens étaient souvent imprégnés de l’idéologie des protagonistes de la modernisation d’après-guerre. Le métabolisme environnemental de la période, par exemple, est très peu étudié. En rédigeant ce livre collectif, notre idée était de lancer un pavé dans la mare pour décoloniser le regard historien du mythe des « Trente Glorieuses ».

En quoi les « Trente Glorieuses » sont-elles un mythe ?

Il y a premièrement le mythe de la rupture avec Vichy. Les « Trente Glorieuses » s’inscriraient en rupture avec le retour à la terre et à la tradition prôné par le régime pétainiste. Or, c’est dans les années 1930, en réponse à la Grande Dépression, qu’un dirigisme modernisateur étatique émerge. Plusieurs historiens en ont montré les continuités à travers les régimes politiques de 1936 jusqu’aux années 1960.

Au-delà des affichages traditionnalistes, le régime de Vichy était en fait déjà dominé par des technocrates modernisateurs qui ont pensé le premier Plan, par exemple. Le mythe des Trente glorieuses a eu pour fonction, en réalité, de disqualifier toute critique du de modèle développement d’après-guerre en assimilant ces critiques au vichysme, au passé, à la réaction.

Un deuxième mythe est celui d’une France métropolitaine qui accède à la modernité seule, grâce à la perte du « boulet » des colonies, comme ont pu l’écrire certains historiens... Or, la croissance des décennies d’après-guerre est inséparable d’un échange inégal avec le Tiers-Monde et du pillage des ressources naturelles limitées de la planète.

Enfin, un troisième mythe est celui d’un consensus social autour du « progrès ». Dans la nostalgie collective, tout le monde aurait communié après-guerre dans une même société consumériste, avec un même rapport à la technique, au « progrès », à la croissance. Les historiens ont énormément étudié les clivages idéologiques Est-Ouest qui traversaient la France à cette époque, mais ils ont négligé d’étudier les oppositions au machinisme et à l’emprise de la technique, ou les centaines de conflits socio-environnementaux qui se sont produits.

Cela a eu pour effet de gommer les alertes scientifiques et les résistances sociales du passé, ce qui dépolitise la problématique environnementale, comme si elle n’était qu’une simple facette, alors invisible, d’un nécessaire redressement du pays.

D’où vient l’expression « Trente Glorieuses » et comment expliquez-vous qu’elle ait rencontré un tel succès politique et médiatique ?

Elle a été proposée en 1979 par l’économiste Jean Fourastié dans son livre Les Trente Glorieuses, ou la révolution invisible de 1946 à 1975. Il fait une analogie avec les Trois Glorieuses, ces trois jours de révolution de juillet 1830 qui ont installé une monarchie bourgeoise et industrialiste. Par un jeu de contraste, il affirme aussi que les « Trente Glorieuses » ont été une « révolution » menée de façon consensuelle par des technocrates.

Cette expression est une manière de caractériser une période de croissance économique, d’expansion capitaliste dirigée, qu’a connu l’Occident jusqu’au milieu des années 1970. Il n’y a plus eu ensuite d’années de croissance à 5 %, mais une croissance beaucoup plus faible et un chômage de masse. Fourastié a proposé une lecture dépolitisée des années d’après-guerre où les tensions et les limites sous-jacentes n’apparaissent pas. D’où l’impression dominante qu’il suffirait de restaurer la croissance d’antan pour que tout aille mieux.

Quelles étaient ces tensions ? Autrement dit, quels étaient les terrains de lutte à l’époque ?

Ils étaient multiformes. Il y avait, par exemple, un syndicalisme minoritaire qui critiquait l’organisation scientifique du travail. Il y avait des résistances passives autour du travail à la chaîne dans l’industrie automobile. Des agriculteurs refusaient la modernité agricole en se lançant dans l’agriculture biologique ou en cultivant des variétés anciennes de semences.

Il y avait aussi des scientifiques critiques, comme les savants du Museum Roger Heim et Théodore Monod. La Communauté de l’Arche de Lanza Del Vasto – la version française et catholique du gandhisme – était également très active dans l’anticolonialisme et l’opposition au nucléaire, avant de jouer un rôle-clé dans la lutte du Larzac.

Dans le champ intellectuel et culturel, on trouve des critiques du modèle d’après-guerre à travers les critiques des « mythologies » chez Roland Barthes et de la « vie quotidienne » chez Henri Lefebvre, mais aussi chez Jacques Tati, Boris Vian, Georges Brassens, René Barjavel, et dans un tout autre registre, dans le mouvement naturiste. Des intellectuels que l’on redécouvre aujourd’hui, comme Jacques Ellul et Bernard Charbonneau, s’en prenaient à l’emprise de la technique prolétarisant et déresponsabilisant les femmes et les hommes. Mais tous ces contestataires ont été activement marginalisés.

Comment ?

C’est un véritable chantier pour les historiens que de montrer les différentes tactiques par lesquelles la critique a été gérée, gouvernée par les nouvelles élites politiques, religieuses, scientifiques et techniques. La montée des technocrates – comme les X-Mines, par exemple, qui dirigeaient tout le secteur de l’énergie et du nucléaire – et la « guerre culturelle » qu’ils menaient contre les secteurs « traditionnels » de la société en sont un élément.

Certains politistes ont même pu parler de la Cinquième République comme la « République des technocrates » enfin « libérés » du parlementarisme et autres archaïsmes pour conduire plus vite la France vers le « progrès ». Avec l’expertise sanitaire et environnementale, on assiste aussi à une sorte de digestion, voire une disqualification, de la critique par son institutionnalisation et sa « technicisation ». Enfin, le consumérisme et la publicité jouent également un rôle très important.

Christophe Bonneuil -

Vous proposez de renommer les « Trente Glorieuses » les « Trente Ravageuses ». Pourquoi ?

Il faut mettre en lumière le bilan environnemental, énergétique et sanitaire des décennies de haute croissance. Du point de vue sanitaire, il y a eu, par exemple, plus de 75 000 morts de silicose entre 1946 et 1987. Des millions de mètres carrés de bâtiments ont été recouverts d’amiante, le produit-phare de la modernité d’après-guerre. D’ici 2025, l’amiante aura fait plus de 100 000 morts.

L’indicateur de progrès véritable (ou Genuine Progress Indicator) montre que le bien-être réel dans les pays industrialisés décline à partir de 1978, alors que le PIB augmente, ce qui veut dire que les choix techniques et économiques qui fondent le modèle de développement d’après-guerre n’ont mis qu’une génération pour montrer leur contre-productivité.

Du point de vue environnemental, pour chaque point de croissance économique, il y avait deux points de croissance de la consommation d’énergies fossiles. La ville, la production industrielle, l’agriculture et le modèle d’habitat et de consommation des « Trente Glorieuses » représentent un recul en termes d’efficacité énergétique et d’efficacité matière. En fait, nous nous sommes engagés à l’époque dans une voie néfaste pour les générations futures.

Notre mémoire associe toujours cette période à une « croissance », un essor. Mais tout dépend de ce que l’on compte : la production augmente, mais le rendement énergétique se dégrade. Le réseau routier et autoroutier s’étoffe, mais le réseau ferroviaire est amputé. Entre 1948 et 1974, le nombre de voyageurs en train – hors Paris-banlieue – chute de plus de 25 %.

Donc parler de « Trente Ravageuses » ou de « Trente Pollueuses » est un pied de nez provocateur à l’histoire officielle qui ne compte que les « progrès », alors qu’une histoire de ce qui décline, de ce qui se dégrade est toute aussi éclairante pour comprendre la période et l’héritage qu’elle nous laisse.

L’augmentation du nombre d’« affaires médiatico-scientifiques » depuis de nombreuses années, comme le dossier de l’amiante, par exemple, est-elle une conséquence de la modernisation d’après-guerre ?

Il y a effectivement un certain nombre de problèmes sanitaires qui se sont révélés à retardement. Mais des scientifiques et des apiculteurs dénonçaient déjà les dégâts des pesticides à la fin des années 1940, par exemple. Souvent, ces alertes et ces contestations ont été doublement étouffées : elles ont d’abord été marginalisées par les modernisateurs ; puis elles ont connu une deuxième mort dans notre mémoire collective du fait que les historiens ne s’y sont pas intéressés jusque récemment. Notre livre entend sonner la fin de cette amnésie et contribuer ainsi à la reconstitution de la mémoire longue des questions et des luttes socio-environnementales.

Vous qualifiez la période d’après 1945 comme la « grande accélération de l’Anthropocène ». Qu’entendez-vous par là ?

Des scientifiques ont proposé de baptiser les 200-250 dernières années du nom d’« Anthropocène », succédant ainsi à la période de l’Holocène. Ils signifient par là que l’humanité est devenue une force géologique majeure.

A la fin du XXIème siècle, la température à la surface de la Terre risque fort d’avoir augmenté de 4°C, ce qui serait inédit depuis 15 millions d’années... Cette nouvelle période géologique qu’est l’« Anthropocène » est le moment où l’histoire humaine a rendez-vous avec celle de la Terre. La nature n’est plus le cadre impassible à l’action humaine. Les études scientifiques qui font débuter l’Anthropocène avec la révolution thermo-industrielle notent aussi une « grande accélération » après 1945.

Les 24 indicateurs des perturbations humaines du système-Terre retenus par ces scientifiques (émissions de gaz à effet de serre, biodiversité, cycles du phosphate, de l’azote, de l’eau, etc.) virent au rouge. Toutefois, ces mêmes scientifiques espèrent que s’ouvre désormais une troisième phase de l’Anthropocène, qui sera celle de la prise de conscience et de l’action...

Description : - Propos recueillis par Anthony Laurent.


Source : Anthony Laurent pour Reporterre

Photos :
. Dame avec caddie : Blog Collège Villars de Denain
. Portrait de Christophe Bonneuil : Anthony Laurent.

Lire aussi : La croissance, c’est dépassé

Source

Les Trentes Glorieuses étaient désastreuses - Reporterre

 

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6 octobre 2013 7 06 /10 /octobre /2013 21:02

 

 

Un texte que je reprends parce qu’il est un des rare à nous donner une analyse en profondeur de l’enseignement comme outil de propagande qui prépare les inconscients collectif des générations futures à accepter sans broncher les intoxications de la propagande médiatique.

Bienvenue aux petits clones mentaux de l’abêtissement programmé… domestication est un mot à l’ordre du jour…

 

 

Education nationale et propagande :

« DÉVELOPPEMENT DURABLE »

 

Je ne prétends pas révéler ici à mes lecteurs que l’Éducation nationale, en tant qu’institution, a pour rôle social d’inculquer des « valeurs » aux futurs citoyens. Cependant, même en toute connaissance de cause, il demeure fascinant d’observer en temps réel une campagne idéologique en train de s’élaborer dans les bureaux d’un ministère, avec ici l’ambition affichée de rayer certains mots du vocabulaire, ou au moins de les discréditer au profit d’autres jugés plus convenables. À qui ou à quoi doivent servir ces grandes manœuvres, voilà ce qui se lit fort clairement, entre les lignes de l’abondante production pédagogique des stratèges de l’Éducation. Nous y reviendrons en temps utile.

À l’intention des distrait(e)s auquel(le)s aurait échappé l’engouement pédago-ministériel pour le dit « développement durable », rappelons que le premier « plan triennal de généralisation de l’éducation à l’environnement pour un développement durable » a été lancé en 2004. Eh ! oui, six ans déjà, à l’heure où j’écris ces lignes, que les programmes scolaires, notamment ceux de sciences de la vie et de la Terre et d’histoire-géographie, puis de mathématiques, de sciences physique et de chimie l’intègrent explicitement. Un nouveau plan triennal, couvrant la période 2007-2010, a été lancé. Il concerne « l’éducation au développement durable ».


Saurez-vous, petits amis, repérer le mot qui a disparu du programme entre 2004 et 2007 ? Je vous laisse quelques secondes... Bravo ! C’est le mot « environnement ». Ne croyez pas qu’il s’agisse d’un hasard et encore moins d’un oubli. Il en sera question plus loin.

En 2007, le Bulletin officiel de l’Éducation nationale (n° 14, 5 avril) publie une circulaire du 29 mars de la même année. Le ministère estime que « Grâce au socle commun de connaissances et de compétences, le développement durable est désormais solidement ancré dans la base des savoirs fondamentaux ». Le socle en question inclut la connaissance de « l’impact sur l’environnement de nos activités techniques, [...] une attitude de responsabilité face à l’environnement, au monde vivant, à la santé » ; il présente le DD comme « un moyen de comprendre l’unité et la complexité du monde ». Comme dit Jean-Pierre Marielle dans Les Galettes de Pont-Aven, en présentant à la marchande de parapluies sa nouvelle collection : C’est appréciable.

L’EDD « doit former à une démarche scientifique et prospective, permettant à chaque citoyen d’opérer ses choix et ses engagements en les appuyant sur une réflexion lucide et éclairée. [...] Les sujets liés à l’environnement sont souvent surmédiatisés. L’Éducation nationale doit donc prendre toute sa place et apporter des explications s’appuyant sur des connaissances scientifiques avérées. »

On reconnaît ici, pour peu que l’on ait l’âge voulu, le discours type de réassurance scientiste pro-nucléaire. Ainsi le comité de scientifiques institué à la suite de l’accident survenu à la centrale nucléaire de Three Mile Island (États-unis) affirme-t-il en 1979 qu’une explosion de type nucléaire est hors de question dans une centrale et ajoute : « Il faut surtout éviter les informations contradictoires qui font douter globalement de leur validité » (Voir « Le réel et la fission », in De la Révolution). Comme la presse est par ailleurs bien utile pour distraire le gogo en lui assénant quotidiennement des informations infiniment diversifiées et contradictoires dans le détail, le plus sûr est d’instiller dans les jeunes cervelles des connaissances scientifiques avérées. Comme par exemple : les OGM ne présentent aucun danger, il ne s’est rien produit à Tchernobyl, etc.

L’inconvénient des plans triennaux est qu’ils ne durent que trois ans, ce qui en fait de « durabilitée » a un côté petit bras. Le ministère des Affaires étrangères et européennes lance donc, en 2008 et en partenariat avec celui de l’Éducnat, une « campagne sur les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ». Ce qui vous a tout de suite une autre gueule !

Les huits objectifs du millénaire sont la « sensibilisation des jeunes au développement et à la solidarité internationale ; réduire l’extrême pauvreté et la faim [on s’occupera de la pauvreté dès le millénaire suivant] ; assurer l’éducation primaire pour tous ; promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes ; réduire la mortalité des enfants ; améliorer la santé maternelle ; combattre le VIH/Sida, le paludisme et d’autres maladies ; assurer un nevironement durable ; mettre en place un partenariat mondial pour le développement. »

Ouf !

La « campagne de sensibilisation » menée par le ministère des Affaires étranges s’intitule, je cite scrupuleusement : « 8 fois oui ».

Bon. Que penser d’un concept qui inclut à la fois de partager son goûter, de ne pas tirer les nattes de sa sœur et de mettre une capote au bon moment ? Cest un concept... Creux, bravo !

Ajoutez-y le « commerce équitable » et le tri des déchets pour faire bon poids, vous avez dans les mains une arme fatale (comme disent les marabouts), au croisement de l’instruction civique et de l’économie politique. « L’éducation au développement durable est un des éléments essentiels de la formation des futurs citoyens » affirme une note de service publiée dans le Bulletin officiel de l’Éducation nationale du 5 mars 2009.

Mais au fait, de quand date et d’où nous vient cette petite merveille ?

Le mensonge des origines

Eh bien voilà... Le Développement durable a été apporté à papa et maman par une cigogne venue de Norvège... En tout cas, elle parlait anglais ! Lisons plutôt, sur le site Éduscol où le ministère publie des fiches pédagogiques, un petit texte sous le titre de paragraphe « Le développement durable comme nouveau paradigme ».

Un paradigme (le mot vient du grec, via le latin et signifie « exemple ») c’est en gros un modèle. Et c’est la noble tâche des idéologues du ministère de vous accueillir, chers petits amis, dans ce nouveau paradigme du développement durable où coulent des ruisseaux de miel, et où les arbres donnent des pains au chocolat. Pas un serpent à l’horizon. L’espèce a été éradiquée.

Revenons à l’histoire de la cigogne qui parle anglais :

« “Sustainable developement” [je sais, chers petits amis, je sais, et vous savez, que le mot développement s’écrit en anglais development, sans “e” entre le “p” et le “m”, mais il serait peu charitable de se moquer des rédacteurs du ministère qui ont déjà, 8 fois oui, plein de choses à penser ; on aimerait bien vous y voir !] [1] l’expression est apparue à la fin des années 1980, popularisée par le rapport de la commission mondiale pour l’environnement et le développement, en 1987 : Le développement durable doit répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs et correspond aux devoirs des générations actuelles de transmettre un monde vivable, viable et reproductible [2] Communément [sic] admise depuis lors, cette formule définit le développement durable comme une tentative pour concilier l’efficacité économique, la qualité de l’environnement et le développement humain et social, qui en constituent les trois piliers ou sphères [euh...]. Avec le troisième pilier, le développement durable intègre également la dimension culturelle et les questions de gouvernance [sic]. »

Vous retiendrez au passage que la « gouvernance » est l’art de faire croire à l’utilité des gouvernements, des gouvernants et des gouverneurs.

On conviendra que cette soudaine « apparition » du DD tient du miracle marial [3]. C’est que les idéologues du ministère oublient, ou feignent d’oublier, que l’expression « développement durable » ne s’entend que s’il existe d’abord un « paradigme » du... développement, oui ! très bien Dédé. Tu suis, toi, au moins !

Or le développement lui-même n’est pas apparu « à la fin des années 1980 », mais quelques trente annés plus tôt !

Et voici comment [4].

Fin 1948, l’équipe du président américain Harry Truman, qui vient d’être réélu, prépare le discours d’investiture qu’il doit prononcer le 20 janvier 1949. Il doit annoncer la contribution des États-unis à la reconstruction de l’Europe via le plan Marshall, la poursuite du soutien à l’ONU et la création d’une nouvelle organisation de défense commune : l’OTAN. L’un de ses conseillers suggére d’ajouter à cette liste un quatrième point concernant « une extension aux nations défavorisées de l’aide technique [...] jusqu’ici accordée à certains pays d’Amérique latine. [...] Au lendemain du discours présidentiel, la presse américaine fit ses gros titres sur le “Point IV”. »

Truman plaide la pureté de ses motivations : « L’ancien impérialisme [il a donc existé !] - l’exploitation au service du profit étranger - n’a rien à voir avec nos intentions. Ce que nous envisageons, c’est un programme de développement fondé sur les concepts d’une négociation équitable et démocratique. » Si le sens aujourd’hui courant de « développement » apparaît dès le début du XXe siècle, on le trouve ici dans le voisinage des mots « équitable », que nous verrons accolé au mot « commerce », et « démocratie », mis à toutes les sauces. De plus, le texte du point IV parle d’aider « la croissance des régions sous-développées », et c’est, semble-t-il, l’une des premières apparitions publiques du concept de « sous-développement ».

« C’est, écrit Gilbert Rist dans un livre dont je recommande vivement la lecture Le Développement. Histoire d’une croyance occidentale (Presses de Sciences Po, 2001), cette innovation terminologique, qui modifie le sens du mot "développement" en introduisant un rapport inédit entre "développement" et "sous-développement". » [p. 121]

Ensuite (1980) viendra le paradigme de Dédé, je veux dire du DD, répété jusqu’à écœurement, je veux dire jusqu’à ce qu’il soit « communément admis ».

Gilbert Rist relève que le concept de « soutenabilité » (sustainability) se trouvait chez Malthus, mais concernait le rythme de renouvellement des espèces vivantes. Le rapport Brundtland pose lui la nécessité d’une relance de l’économie. « L’enjeu [de ce rapport], écrit Rist, n’est donc pas de réconcilier deux phénomènes antagonistes dans une synthèèse hégélienne qui les dépasserait l’un et l’autre, mais de faire croire à la nécessité du "développement" en lui atttribuant la valeur suprême que l’on reconaît à l’environnement. De ce point de vue, le "développement durable" apparaît comme une opération de camouflage. [...] Même si le leurre est séduisant, il ne faut pas s’y tromper : ce que l’on veut faire durer, c’est bien le "développement", non pas la capacité de l’écosystème ou des sociétés à le tolérer. » [p. 317]

De la vraie nature humaine

Il est un mot, chers petits amis, que vous ne trouverez nulle part dans les abondantes productions ministérielles sur le DD, c’est le mot « capitalisme ». Car, voyez-vous, le capitalisme, cela va sans dire.

Le capitalisme est la vraie nature naturelle de l’espèce humaine, ou sa seconde nature, comme vous voudrez. Sans le capitalisme naturel, tout irait de travers sur Terre : les pauvres mourraient de faim, les espèces disparaitraient par milliers et personne ne saurait quoi faire de son argent.

Les idéologues de l’Éducnat ne cherchent pas à prémunir vos enfantines cervelles contre les anticapitalistes. Cette espèce-là est censée avoir disparu, un peu après les dodos, tout comme l’extraction de la plus-value est aussi obsolète que celle de la houille.

...À moins que nos idéologues aient une évolution de retard. Car en effet, chers petits amis, ce contre quoi ces serviteurs zélés du système d’exploitation dont on ne doit pas prononcer le nom veulent vous prémunir, c’est l’écologie. Oui, ça fait ringard, mais c’est comme ça : « le développement durable marque une rupture par rapport aux discours des écologistes ». Le DD permet d’éviter bien des « pièges », par exemple « survaloriser la dimension environnementale et faire écho au catastrophisme ». Car il faut que vous le sachiez : le catastrophisme est une catastrophe pour le bon sens bourgeois, sauf quand il l’emploie lui-même.

« Ce serait, dit une fiche Éducsol sur le DD en classe de sixième, faire écho aux discours médiatiques, qui privilégient le catastrophisme au détriment d’une analyse globale. Si l’on n’y prend pas garde, cette approche peut se traduire dans l’enseignement par une démarche réductrice [on a eu assez de mal à se débarasser des Jivaros, c’est pas pour adopter leurs méthodes !] qui ne retiendrait que le côté dégradation et pollution effectuées à l’encontre d’une nature immuable. Le risque est grand de passer du développement durable à la défense de la nature, voire à l’écologie politique [je souligne]. Cela n’est pas l’objet de nos enseignements. »

Ainsi donc, même en pratiquant le DD depuis la maternelle, il n’est pas impossible de glisser, pour ainsi dire sans s’en apercevoir dans les ornières de l’écologie politique ! Cela ne fait-il pas froid dans le dos ?

Il faut dire aussi, sans vouloir les critiquer, on est humains après tout, et en rendant un hommage mérité à leurs efforts, que les enseignants sont un peu... Ah ! comment dire ça sans vexer personne ? Ils sont émotifs, voilà ! C’est un rapport de l’Inspection générale de l’Éducation nationale qui l’affirme [5].

« On peut espérer que l’effort de prise de distance vis à vis de l’affectif en SVT permettra de faire gagner à la biologie et aux géosciences en lisibilité et en crédit. » [p. 22]

« Il est certainement important de maîtriser la composante affective sans pour autant la nier. Sortir de l’affectif, des positions de type "défense de...", implique que l’on distancie, que l’on jugule les approches trop sensibles pour s’attacher au scientifique, au "comment", à la justification, à l’explication, susceptibles de fournir les supports rigoureux d’une argumentation. » [p. 13]

Ça n’est pas que tout se soit si mal passé...

« L’on voit dans les années 80-90 des projets remarquables par leur ouverture et leur richesse, souvent accompagnés par des professeurs de disciplines différentes. Mais le discours des professeurs présente souvent un caractère "militant", qui exprime des choix et culpabilise volontiers l’homme. Cette approche naturo-centrée se répand dans les médias ; elle tire une légitimité - du moins affective - dans une certaine représentation de "respect" de la nature. On dénonce par exemple les résultats négatifs scientifiquement établis de l’emploi excessif d’engrais, des pollutions. Ils sont attribués à des comportements irresponsables, souvent sans que la perspective historique ne permette de comprendre en quoi les choix de l’après-guerre n’étaient pas aussi ouverts qu’aujourd’hui. La révolution verte, pour répondre à l’exigence immédiate qui était de nourrir les populations, a fait avec ce qu’elle avait comme bagage scientifique et technique : la matière avec les engrais, et l’énergie avec la mécanisation ! En amalgamant sans prendre le recul nécessaire, science et jugement de valeur, on a souvent franchi la ligne de "l’enseignement des choix". » [p. 11]

Le rédacteur fait allusion à la formule dont se gargarisent les idéologues Éducnat : « "Éduquer au choix" et surtout pas "enseigner des choix" ». Ce qui signifie concrètement que la mission de l’enseignement est de faire adhérer les élèves à l’idée d’un progrès technique (soutenable), soit l’ancien mot pour « développement », modéré d’un peu d’écologie qui ne dit pas son nom. Le tout au nom du respect de la liberté de conscience individuelle.

« Se placer dans une perspective de développement durable induit un questionnement "anthropocentré" et non "naturo-centré". Ainsi, une question simple : "Comment protéger la forêt", centrée sur la forêt, devient-elle "Comment gérer la forêt aujourd’hui pour demain ?". Ainsi reformulée, la problématique intègre pleinement la responsabilité humaine et la dimension développement grâce à l’emploi du verbe gérer. La notion de durable (ou de "soutenable") est induite par la référence à "aujourd’hui" et "demain", regard porté vers les générations futures. Questionner ainsi, c’est aussi résolument lutter contre le catastrophisme. »

Or, le danger est partout. Par exemple dans des textes tirés de la presse étrangère et utilisés (mais est-ce bien innocemment ?) par des professeurs de langue.

« "L’autorité" du professeur de langues, en tant que professeur, peut aisément, par une curieuse distorsion [très curieuse, dirais-je], aboutir à faire passer sans précaution un "message", ce qui dans l’esprit est contraire à ce que l’on recherche en EDD, mais aussi tout simplement dans une École laïque. On peut penser par exemple aux doctrines de la "deep ecology" anglosaxonne, tellement éloignées de l’approche "développement durable" mais aussi de notre corpus légal qui n’est pas construit sur un "droit de la nature" mais bien sur un droit centré sur l’Homme. [...] On pense aussi aux nombreux textes concernant l’effet de serre, les OGM, qui nécessitent que le professeur de langue se fasse livrer quelques clés par les scientifiques compétents. » [p. 17]

Vous avez là, chers petits amis, un bel exemple d’« éducation au choix ». Au choix du ministère, cela s’entend.

« La disparition du E d’environnement dans le sigle initialement choisi d’EEDD (Education à l’environnement pour un développement durable) a pu faire croire à une éventuelle priorité de principe des critères économiques et a donc suscité des réactions d’inquiétude. Mais l’affirmation d’un "pilier environnemental" à côté des piliers économique et social dans le développement durable devrait suffire à rassurer. » [Introduction]

« Il ne s’agit certainement pas d’abandonner la prise en compte des paramètres "environnementaux". Le fait de faire sortir du sigle le "E" de environnement a parfois été mal compris [tsss !], perçu comme un abandon [non ?], voire une forme de négationnisme [arrête !], comme si ce choix amenait à négliger le poids d’enjeux spécifiques comme ceux liés à la biodiversité au changement climatique pour privilégier systématiquement les facteurs économiques. Tel n’est certainement pas le but. »

Euh, en fait, chers petits amis, comment dire... le but n’est certainement pas de vous faire connaîre le but.

D’ailleurs, il serait injuste d’accuser le ministère de privilégier d’ennuyeuses questions économiques, à l’heure où il fait disparaître (rentrée 2010) du programme d’économie de seconde ce qui concerne le chômage, la précarité, les discriminations à l’embauche, etc.

Bref, la situation s’améliore :

« Après une période d’explication, parfois d’inquiétude ou de scepticisme vis-à-vis d’un concept souvent flou et médiatisé de façon abusive et souvent sans discernement, on peut penser que la démarche "EDD" est en cours d’appropriation. [...] Le renforcement très net du message politique à l’échelon national, réaffirmant l’importance d’une mise en œuvre générale de l’EDD dans toutes ses dimensions, vient à point nommé. »

Voilà, chers petits amis, non pas ce qui vous attend, mais ce dans quoi vous êtes désormais enfonçés jusqu’aux yeux. Oh ! bien sûr, il y a et il y aura des mécontents, voire même des réfractaires. Comment l’éviter ? Ils seront dûment triés et recycliqués. C’est ici que, s’agissant des enseignants, les inspecteurs d’académie et les commissions de discipline joueront tout leur rôle. Quant aux élèves, les plus jeunes feront l’objet d’un suivi psychologique adapté, les autres devront, hélas, être, euh !... orientés. Ils seront orientés, voilà ! de manière à ne pas ébranler chez leurs camarades, chez vous, chers petits amis, la fragile confiance que le ministère de l’Éducnat aura réussi à créer dans le caractère incontestablement et oserais-je dire jovialement soutenable du capitalisme.

Contrairement à d’autres du même auteur, le texte ci-dessus n’a pas été jugé digne d’un signalement sur le site rezo.net.

[1] L’expression a d’abord été traduite en français par développement soutenable avant d’opter dans les années 1990 pour la traduction “développement durable”.

[2] « Notre avenir à tous », Rapport présidé (sic) par G. H. Brundtland en 1987, ministre norvégienne en charge de préparer le sommet de Rio ou « sommet de la Terre » en 1992.

[3] Marial, de Marie, mère supposée, et de surcroît supposée vierge, de Jésus.

[4] J’avais (un peu trop) rapidement évoqué cette question dans un texte de 2003 : « Insoutenable capitalisme. Sur le "développement durable" ».

[5] Une discipline dans l’éducation au développement durable : les sciences de la vie et de la Terre ; n° 2008-004, janvier 2008

 

Source : ÉDUCATION NATIONALE ET PROPAGANDE : LE « DÉVELOPPEMENT DURABLE »

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4 octobre 2013 5 04 /10 /octobre /2013 15:37

Le philosophe Leibniz écrivait déjà au 17ème siècle que nous ferions mieux de regarder du côté des castors, pour construire nos sociétés sur des modèles de coopération plutôt que de concurrence. Le mythe de la concurrence comme loi universelle de la nature est une insulte à la biologie réelle. La concurrence est une forme largement minoritaire dans les processus qui ont permis l'évolution qui a nécessité toutes les symbioses, synergies et coopérations intra et inter spécifique pour se produire.

Et voici qu’à présent ce sont les bactéries qui nous donnent des leçons en ce sens !

 


Confrontées aux antibiotiques, des bactéries développent des systèmes de communications chimiques permettant aux plus robustes de transmettre leur résistance aux plus faibles.

Bactérie résistance

La communauté scientifique pense généralement que l'apparition d'une résistance aux antibiotiques au sein d'une population bactérienne est exclusivement le fruit de mutations génétiques aléatoires. Depuis peu, cependant, quelques voix s'élèvent pour mettre à mal ce modèle un tantinet simpliste et promouvoir ce qu'on appelle l'hétéro-résistance (rien à voir avec l'orientation sexuelle des bactéries).

Les bactéries font de la résistance...

Et le doc' Miguel Valvano, chercheur au Centre for Human Immunology and Department of Microbiology and Immunology, au Canada, vient d'en rajouter une louche, au détour d'un article détonnant publié dans Plos One. Son équipe a en effet mis en évidence que les bactéries les plus résistantes aux antibiotiques produisent des petites molécules à destination des bactéries les plus sensibles des environs. Petites molécules qui aident les cellules les plus faibles à se défendre contre les antibios. Et ce mécanisme peut impliquer diverses variétés de microbes (B. cenocepacia, Pseudomonas aeruginosa et E. coli), dont certaines pathogènes pour l'homme.

Selon Omar El-Halfawy, co-auteur de l'étude, "ces molécules peuvent être utilisées et produites par pratiquement toutes les bactéries [...] Elles peuvent être considérées comme un langage universel qui pourrait être compris par la plupart des bactéries [...] La prochaine étape est de trouver des moyens pour inhiber ce phénomène".

[Sources : plosone.org, techno-science.net, bulletins-electroniques.com]

(Article publié sur le site "Les mots ont un sens")

 

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4 octobre 2013 5 04 /10 /octobre /2013 14:15

 

Pour tous ceux qui continuent à penser que l'utilisation du terme impérialisme est une "grossièreté conspirationniste" et ne voient pas que l'empereur est nu, toujours plus nu !

 

Fin des idéologies, ce maudit racontar.

par Nicolás Rojas Scherer, Rina Bertaccini *

 


 

Toutes les versions de cet article : [Español] [français]

Entrevue. Rina Bertaccini. Sociologue. Le coordinateur du document élaboré en 2012 par la Ctera et le Mopassol sur les postes militaires aux Malouines, analyse l’actualité de l’impérialisme : « On applique des politiques mises à jour pour dominer aux peuples et leurs biens naturels ».

Un document élaboré dans 2012 [Bases militaires étrangères en Amérique Latine et les Caraïbes] conjointement par la Ctera et le Mopassol sur les Malouines rendait compte de plus de 40 bases militaires étrangères en Amérique Latine. Concernant la base de Mount Pleasant, Isla Soledad, on pouvait se lire dans le document : « y opèrent de en permanence au moins 1 500 militaires et 500 civils britanniques. L’équipement disposé dans la base est semblable à celui qu’ont les effectifs britanniques en Irak et en Afghanistan. Ils ont installé des silos et des rampes pour le lancement d’armes nucléaires ». Le principal coordinateur du document, Rina Bertaccini, a accordé un entretien Miradas al Sur pour au sujet de l’actualité de l’impérialisme.

Quelle utilisation conserve le concept « impérialisme » qui, pour le « mainstream » de l’intelligentsia occidentale, ancrée profondément dans les universités et les centres de pensée latinoamericains, paraîtrait avoir été enterré avec les reliques de l’Union Soviétique ?

Ce qui est d’actualité dans notre monde contemporain est l’impérialisme. Et logiquement, si l’impérialisme existe, et il est bon de pouvoir définir conceptuellement ce dont quoi il s’agit. En réalité ce qui est rigoureusement actuel est l’existence de l’impérialisme. Il peut être analysé du point de vue théorique – il y a beaucoup de définitions à propos de l’impérialisme mais on peut aussi voir l’impérialisme par les conséquences des actes qu’il fait. Alors nous n’avons pas besoin d’aller très loin. L’impérialisme se manifeste dans la guerre en Libye [Côte d’Ivoire, Mali], l’impérialisme c’est la préparation des agressions contre la Syrie, l’impérialisme c’est la menace contre l’Iran, l’impérialisme c’est le conflit dans la péninsule de Corée, tout cela est la façon concrète de visualiser que l’impérialisme existe et agit contre les intérêts des peuples. Par conséquent, en effet il est nécessaire de pouvoir le définir conceptuellement. Beaucoup de gens ont cru qu’à la fin de la guerre froide, avec la dissolution de l’URSS, on entrait dans une étape dans laquelle comme il n’y avait pas d’ennemi visible, il n’y avait plus de possibilité d’une quelconque manifestation de guerre. Toutefois, la vie a démontré précisément le contraire : l’impérialisme US, nordaméricain ou usaméricain, qui est la tête de toutes les puissances impérialistes, prépare des conflits dans plusieurs régions, outre des invasions, des interventions, différents types de guerre dissimulée, formes d’agression idéologique et culturelle. Tout cela est l’impérialisme. Maintenant, comment les gens qui vivent dans notre continent peuvent-ils voir cela ? Parce qu’ici , l’ important c’est que celui qui lit ces informations se sente obligé de faire quelque chose.

Il semblerait que l’impérialisme, étant quelque chose de si grand et si abstrait, qu’il ne toucherait pas les gens de la rue…

Exacte. Voila le point pour lequel je disais, chacun doit trouver la façon de comprendre que la chose le touche directement. Alors, en Amérique Latine et dans les Caraïbes, en parlant de façon générique, l’impérialisme est visible de nombreuses manières mais il y en a une qui n’offre aucun doute, qui est la présence militaire des Etats-Unis [d’Amérique et non du Mexique. NDEC], de la Grande-Bretagne et de la France dans des bases militaires enclavées en territoire souverain. Et cela n’importe qui peut le voir. En Argentine, par exemple, où ont-ils une base militaire ? Aux Malouines, et on voit là, la relation entre le vieil impérialisme colonisateur des Britanniques et son alliance avec les Etats-Unis d’Amérique et le reste des pays de l’OTAN, parce que cette base est à l’OTAN. Quand le gouvernement argentin reprochera à la Grande-Bretagne de ne pas s’assoir négocier, de vendre des licences de pêche, et par conséquent que des grands navires usines volent nos ressources naturelles de la mer argentine [Idem avec la Somalie où des bateaux pêche, français, Espagnols, etc., pêchent protégés par des militaires de leurs pays à bord. NDEC], ou quand ils vendent des licences d’exploration de pétrole à grandes multinationales qui sont installées avec des plates-formes aux Malouines, cela est de l’impérialisme, clairement. Quand le gouvernement argentin proteste, que répond la Grande-Bretagne ? Que bien sûr, qu’ils vont continuer à soutenir et à utiliser la plate-forme d’exploration de pétrole, qu’il vont continuer à vendre des licences pour l’exploration du pétrole et des licences de pêche, parce que dans ce cas ils vont défendre leur « droit », bien qu’en vérité ce soit un vol, ils vont défendre ce vol, avec la base militaire qu’ils ont aux sur nos Malouines. C’est-à-dire, que ce dont il s’agit est clair, mais il est nécessaire de voir concrètement ce que fait l’impérialisme, et ce n’est pas la seule chose qu’il fait, ce qui se passe, c’est que la partie militaire est très forte.

Vous avez dénoncé plusieurs fois la « culture stratégique », cette association entre le Commando Sud et l’Université de Floride où on effectue une sorte d’« analyse anthropologique » des différentes nations et peuples latino-américains, mais qu’une anthropologue US qui s’appelle Adrienne Pine a dénoncée comme une opération idéologique…>

En réalité, ce colloque existe pour faire des ateliers financés par le Commando Sud lui-même, décidés par eux et l’Université Internationale de l’État de Floride, où dans chacun de ces ateliers on traite ou on considère en quoi consiste la culture de chacun de nos pays d’Amérique Latine et des Caraïbes. Nous savons qu’ils ont déjà organisé 16 de ces rencontres. Alors, ce que dénonce l’anthropologue est qu’en réalité ce qu’ils veulent faire est purement et simplement de la pénétration ou de la domination culturelle et que pour cela ils veulent introduire leur conception de la culture et du monde, en remplaçant la culture de chacun de nos peuples. Et cela est directement un objectif de domination culturelle. Nous avons commencé à analyser certains de ces travaux. À première vue ils apparaissent comme des travaux grossiers, stupides, voilà les premières impressions des compagnons qui ont commencé à les traduire pour ceux d’entre nous qui ne lisent pas l’Anglais, que ceci est une chose qui ne sert à rien, mais en réalité il faut le lire avec davantage d’attention, parce qu’ils y mettent ce qu’ ils voudraient que soit la pensée culturelle de notre peuple. Là est la grande tergiversation.

Ceci est spécifique pour chacun des pays ?

– Oui, et ils invitent, mais, qui convoquent-ils ? Ils convoquent quelques d’académiciens à qui ils payent tous les frais pour aller là bas et prendre part aux débats, mais ensuite ceux qui font les résumés de ces ateliers sont deux ou trois personnes, et les choses qu’ils y mettent sur nos antécédents ou sur notre idiosyncrasie , c’est tout ce qu’eux voudraient que nous soyons pour qu’ils puissent nous dominer. C’est à dire que cela n’a rien d’ingénu, ni d’idiot, ni rien qui s’y apparente. Bon, si nous parlons de l’Argentine, le politicien invité fut Ricardo López Murphy, qui est un représentant de la droite [dure] de notre pays. C’est-à-dire, ils auraient pu inviter quelques intellectuels en plus, mais non, ils ont invité seulement cet homme. Et aussi, il y avait des chefs militaires.

Et ceci sous couverture d’une université qui est hypothétiquement l’une de plus grandes et prestigieuses de USA, comme celle de Floride.

Bon, l’État de Floride est célèbre pour être l’un des plus réactionnaires de tous. Il faut se souvenir que grâce à cet État et à son frère gouverneur, Bush a gagné à l’époque les élections à la présidence des USA. Mais Adrienne Pine définit la culture stratégique comme une propagande pro-impérialiste. Ce que je veux dire , c’est que les chefs du Commando Sud et du Pentagone, sont sûrs de ce qu’ils veulent avec ceci, ce n’est pas accidentel qu’ils soient en train de le faire, parce qu’ils ont des documents élaborés où ils parlent d’une doctrine qu’ils appellent de la « domination du spectre complet ». Alors, ceci est une doctrine militaire ; que veut dire ce « spectre complet » ? Qu’ils n’envisagent pas seulement la domination militaire, ni seulement la domination politique, ni seulement la domination économique, en réalité ce dont ils parlent c’est de domination culturelle qui comprend tout le reste, et cela a une relation directe avec ces aberrations qu’ils appellent la « culture stratégique » de chaque pays.

Combien de bases militaires US recense-t-on jusqu’à présent en Amérique Latine ?

Entre des Sites d’Opérations Avancées (SOA), des bases militaires traditionnelles et les autres, vérifiées il y en 76, en étude il y en a 10 ou 15 en plus.

Ce nombre, peut-il croître ?

Totalement. En trois ans nous sommes passés de 21 à 76. Et à de nouvelles formes de bases, « Centres d’Opérations pour Prévention de Catastrophes », centre d’opérations pour aider aux opérations de paix de l’ONU comme à Concón.

Quelques bases n’ ont même pas de militaires US, non ?

La base Mariscal Estigarribia [Paraguay] n’a pas un seul militaire US, mais cette base a la piste la plus étendue d’Amérique Latine, d’où peuvent décoller et atterrir des avions avec tout le nécessaire pour une invasion ou tout type d’opération militaire. Maintenant, par exemple, prolifèrent au Pérou un tas de « Centres d’Opérations d’Urgence Régionale ». Le dernier que nous connaissons et c’est vérifié, parce que nous en avons dix de plus sur qui enquêter, se trouve en Piura. Et comme par hasard Piura est une localité qui se trouve à l’ouest de l’Équateur, c’est comme un coin qui pénètre par le flanc de l’Équateur par le Pacifique. Ce centre fut installé après que le président de l’Équateur ait chassé les Yankees de la base de Manta. Mais après cette base à Piura, il est apparu maintenant dans les journaux du Pérou et d’ailleurs qu’il y en a au moins dix de plus. Toutes sont de petites bases.

Il semblerait que c’est une sorte de réseau de petits points d’opérations.

Il se trouve qu’ils ont déjà les principaux troncs, ils n’ont pas besoin de bases énormes comme celle des Malouines ou celle de Mariscal Estigarribia ou celle de Palanquero, ils ont tout ça. Mais il y a en outre une redéfinition de l’armée US, qui est d’avoir une armée plus dynamique et pas aussi centrée sur la lourde puissance de feu exclusivement. La redéfinition est liée au fait qu’avec les avancées technologiques actuelles, ils ont besoin d’autres choses. Une base d’opérations peut être un radar et un système de base de communication, cela peut être aussi une base d’opérations, parce qu’avec cela ils exercent le contrôle. Évidemment ils ont ensuite les autres grandes bases. Ils fonctionnent en réseau ou en réalité plus qu’un réseau, c’est une trame qui est quelque chose beaucoup plus entrelacée. Alors, bon, voilà des choses concrètes, ce sont des marques spécifiques des politiques impérialistes. Ils élaborent un concept comme celui de la « domination du spectre complet », c’est-à-dire, sur tous les plans, et ensuite ils le travaillent à travers leur présence directe dans les zones qu’ils veulent dominer. Pour donner un exemple, la présence du lithium aux frontières entre l’Argentine, la Bolivie, le Chili et le Pérou convertit cette région des Andes en une zone qu’ils veulent dominer.

… des pays qui font partie de l’Alliance du Pacifique…

Exact, l’Alliance du Pacifique compte quatre pays principaux, plus certains associés. Les principaux sont la Colombie, le Pérou, le Mexique et le Chili. Mais ensuite, le Panama est associé, et ils cherchent maintenant à associer d’autres pays d’Amérique Centrale, c’est-à-dire, qu’ils travaillent dans cette direction. Ils ont conspiré pour essayer de diviser la Bolivie, séparer toute la partie du croissant du reste du territoire bolivien bien qu’ils n’y soient parvenu, mais ils travaillent toujours dans cette direction. C’est-à-dire, pour revenir à la question initiale, la question est que l’impérialisme lui-même nous démontre que non seulement il existe, mais qu’il applique des politiques actualisées pour dominer les peuples, pour dominer leurs ressources naturels, pour les dominer territorialement, pour étendre leur influence. Par exemple, la IVème Flotte peut se penser de différentes façons, mais ce qui est en effet clair c’ qu’ils sont une quantité énorme de navires.

Mais, la Russie, malgré cela a encore fait des manœuvres conjointes avec le Venezuela dans le « mare nostrum » US.

La IVème Flotte a autant de puissance de feu qu’ un ensemble de bases militaires mobiles, parce que les dimensions de ces navires sont énormes, comme les porte-avions, et ils remplissent de nombreuses fonctions. Toutefois, ils disent qu’ils assurent des fonctions humanitaires, ce qui est un mensonge éhonté. Ils ont positionné un porte-avions après le séisme d’Haïti et concrètement l’aide ne pouvait pas arriver parce qu’ils bloquaient le port. C’est à dire, la IV Flotte remplit beaucoup de fonctions mais parmi celles-ci, on peut la considérer comme un ensemble de bases militaires mobiles, petites, mais absolument fonctionnelles. Ils ont désormais obtenu sur la Côte du Pacifique et aussi dans les ports des Caraïbes de pouvoir approvisionner tous les navires de la IVème Flotte. Par exemple, la région de Turbo en Colombie, dans les Caraïbes colombiennes, qui est une entrée très large, comme une espèce d’estuaire ; là il y a une zone d’approvisionnement de la IVème Flotte. Mais dans le port du Callao, au Pérou aussi, il y a une autre zone d’approvisionnement, notamment. C’est-à-dire que toutes les bases aéronavales qu’ils ont installées ces 2 ou 3 dernières années au Panama, sont très petites, mais tout cela, leur sert comme de points d’approvisionnement pour leurs plans généraux de domination. De la sorte que l’impérialisme se préoccupe de nous montrer qu’il existe, qu’il agit en fonction de ses intérêts et contre les peuples.

Nicolás Rojas Scherer pour Miradas al Sur.

Miradas al Sur. Année 6. Édition nombre 262. Dimanche 26 mai 2013.

Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi.

 


* Rina Bertaccini, est argentine, sociologue de formation, présidente du Mouvement pour la Paix, la Souveraineté et la Solidarité entre les Peuples (Mopassol ) en Argentine et vice-président du Conseil Mondial par la Paix.

 

Source : Fin des idéologies, ce maudit racontar. - El Correo

Vous trouverez le texte de Rina Bertaccini sur le complexe académique, en version française ici :

Militarisation impérialiste : nouveaux masques pour de vieux projets

Et celui d'Adrienne Pine sur la culture stratégique ici :

"culture stratégique" : le commandement sud et la militarisation des universités

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3 octobre 2013 4 03 /10 /octobre /2013 14:05

Je l’ai un peu dur en ce moment. Dès que l’on évoque la possibilité de manipulations occultes de nos sociétés de la part de pouvoir supra-politiques, il y a toujours une vierge effarouchée pour lancer l’alerte « Attention, danger, hérésie complotistes». C’est un peu fatigant à la fin, et plus qu’inquiétant quand on se trouve face à des gens qui disent lutter pour une « amélioration de notre société ». L’histoire des infiltrations et manipulations de groupes militants est pourtant suffisamment bien documentée. Je supporte de moins en moins bien, cette intolérance d’une coupable ignorance. Coupable parce que qui prétend s’attaquer aux maux de notre civilisation devrait peut-être s’enquérir de ce que veut dire « globalisation », et des lignes directrices, moyens, méthodes qui guident la mise en  œuvre de ce projet.

Non ?

Voici donc un article consacré à des versions contemporaines de ces infiltrations. Il y a celles qui ont été dénoncées et documentées et celles qui ne le sont pas.

De telles méthodes sont employées en permanence. Tout mouvement politique susceptible de faire sens est repéré, et surveillé. Je pense que plutôt que de crier aux sorcières et en appeler au bûcher, il serait plus intéressant d’en débattre… La question étant bien sûr de savoir si le but recherché est la protection des peuples contre un ennemi intérieur ou si de telles méthodes sont mises au service d’autres intérêts, personnalisés par "intérêt de la Nation", cette entité fictive toujours plus éloigné des peuples censés la composer.

Faire l’économie de ce débat est un déni de réalité. Un de plus !

 

Ces apprentis James Bond qui espionnent la gauche et les écologistes

Par Ivan du Roy (30 septembre 2013)

Mouvements écologistes et anticapitalistes sont surveillés de près par les polices européennes. Et tous les moyens sont bons, y compris l’infiltration. Vol d’identités d’enfants décédés, relations sexuelles avec leurs « cibles »… Au Royaume-Uni, les infiltrés et leurs supérieurs ne reculent devant aucun cynisme. Certains policiers ont même eu des enfants avec les militants qu’ils espionnent. Décryptage de ces détestables pratiques qui font l’objet de virulentes critiques, et échappent à tout contrôle parlementaire ou judiciaire.

 

Leurs défenseurs les comparent à des sortes de James Bond, qui fréquenteraient squats et lieux autogérés plutôt que des casinos huppés, qui participeraient à des « camps climat » ou à des actions de résistances passives plutôt qu’à de spectaculaires courses-poursuites. Ces espions au service de sa majesté, ce sont les policiers infiltrés au sein des mouvements écologistes ou anticapitalistes. Ces méthodes d’infiltration font l’objet de virulentes critiques au Royaume-Uni, depuis qu’elles ont été révélées par l’affaire Mark Kennedy. Ce policier s’est infiltré entre 2003 et 2010 au sein de groupes de la gauche radicale européenne, dont le collectif militant de Tarnac, avant d’être démasqué. Les informations transmises par Kennedy ont notamment été utilisées par la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur) pour monter son dossier contre « les neuf de Tarnac ». Depuis, les affaires impliquant des infiltrés se sont multipliées.

Leurs noms sont révélés au gré de scandales, de procès ou de plaintes qui défraient la chronique outre-Manche : LynnWatson, une agent de police basée à Leeds, a infiltré plusieurs groupes écologistes, anticapitalistes et pacifistes entre 2003 et 2008. Simon Wellings demeure quatre ans au sein du réseau anticapitaliste Globalise Resistance, avant de se griller par un coup de fil accidentel alors qu’il transmet infos et photos dans un commissariat. Jim Sutton, infiltré au sein du mouvement Reclaim the Streets – un mouvement de réappropriation de l’espace public – à la fin des années 90, finit par avouer qu’il est policier à sa compagne militante… avec qui il a eu deux enfants ! Le couple divorce en 2009. Bob Robinson (ou Bob Lambert) et John Baker intègrent Greenpeace dans les années 80 et 90. Tous deux ont des relations amoureuses durables avec une de leurs « cibles »… Une version « réalité » de James Bond, où la subversion anticapitaliste et écologiste est combattue avec les mêmes moyens que ceux utilisés pour démanteler un réseau terroriste ou de trafic de drogue.

Un service très spécial

Le Royaume-Uni dispose d’une solide expérience en matière d’infiltrations des milieux activistes, pacifistes, écologistes ou anarchistes : 40 ans exactement. Tout commence en 1968. En pleine période de contestation et de manifs contre la guerre du Vietnam naît le « SDS » (Special Demonstration Squad), un « Service spécial des manifestations ». Il sera dissous en 2008. Ses pratiques font désormais l’objet de demandes d’investigations de la part de parlementaires et d’avocats après une succession de révélations plus détestables les unes que les autres.

« Quelles sont les critères pour autoriser une infiltration ? Construire une relation avec des « cibles », y compris avoir des enfants avec elles, fait-il partie des politiques officielles de l’État ? Dans quelle mesure ces opérations d’infiltration sont-elles coordonnées au niveau européen ? », interroge le centre de recherche indépendant Statewatch, basé à Londres, qui regroupe avocats, chercheurs ou journalistes travaillant sur la question des libertés publiques [1].

Quand l’État vole les identités d’enfants décédés

En février, le quotidien The Guardian révèle que, pour mener à bien ses infiltrations, la police britannique « a volé les identités d’environ 80 enfants décédés pour établir des faux passeports à leurs noms » [2]. A l’exemple de « Peter Daley », infiltré au sein de mouvements antiracistes dans les années 90, qui utilise comme couverture l’identité d’un enfant de quatre ans mort de leucémie. Le vol de l’identité et du certificat de naissance facilitait l’élaboration de couvertures crédibles.

Le procédé, dévoilé sur la place publique, est qualifié de « macabre », « irrespectueux » et « odieux » par la commission parlementaire chargée de suivre les affaires intérieures [3]. La police britannique assure aujourd’hui que de telles pratiques n’ont plus cours et a lancé une enquête interne. Jusqu’à cet été, ses chefs n’avaient toujours pas daigné entrer en relation avec les familles concernées [4]). James Bond n’est plus un gentleman.

Des conjointes et épouses abusées

La recherche des responsables tarde. « Il n’existe pas un fichier poussiéreux rangé quelque part au sein de Scotland Yard qui nous apportera toutes les réponses. Mais plus de 50 000 documents, papier et électronique, que nous devons passer au crible », précise la Commissaire adjointe, Patricia Gallan, en février 2013, auprès des parlementaires membres de la commission d’enquête sur le sujet. Une manière de prévenir : les réponses risquent bien de ne jamais être divulguées. D’autant que les enquêtes resteront internes.

Une autre affaire se retrouve quasiment classée « secret défense ». En décembre 2011, après les premières révélations sur les policiers espions, huit femmes annoncent poursuivre en justice la police britannique. En cause : l’infiltration de cinq officiers au sein de « groupes promouvant la justice sociale ou environnementale ». Des agents qui, tout en cachant leurs véritables motivations, étaient devenus leurs conjoints. Les relations intimes ont duré entre sept mois et… 9 ans ! Les plaignantes s’appuient sur les articles de la Convention européenne des droits de l’Homme qui protègent la vie privée et familiale, et interdisent des traitements dégradants et inhumains. Mais, début 2013, la Haute Cour stipule que l’affaire sera traitée à huis clos, dans le secret du « Tribunal spécial sur les pouvoirs d’investigation de l’État » (Investigatory Powers Tribunal), chargé de contrôler les activités de surveillance et d’infiltration menées par la police et les services secrets britanniques.

La jurisprudence James Bond

Pour justifier le recours à cette législation spéciale, le juge Michael Tugendhat, n’hésite pas à se référer au fameux héros de Ian Fleming : « James Bond est le plus célèbre exemple fictif d’un membre des services de renseignement qui utilise ses relations avec les femmes pour obtenir des informations ou accéder à des personnes et des biens. (…) Ian Fleming ne s’attarde pas sur la manière dont son héros utilise la tromperie, et encore moins sur le préjudice psychologique que ces relations pourraient provoquer. Mais bien que fictif, cet exemple accrédite la vue que les services de renseignement et de police déploient depuis de nombreuses années des hommes et des femmes officiers dans le but de nouer des relations personnelles de nature intime afin d’obtenir des informations. (…) De mon point de vue, chacun, dans sa vie, doit assumer le fait que les services secrets et la police doivent, de temps en temps, déployer des officiers infiltrés, que ce soit à tort ou à raison. » Ces cas de tromperies, de manipulations, de mensonges et d’humiliations, au service de la sécurité de l’État, seront donc traitées en toute discrétion. Grâce à un roman.

« Nous sommes indignés que la Haute Cour permette à la police (…) de garder le secret de leurs opérations abusives et manipulatrices. En comparaison, la vie privée des citoyens espionnés par la police secrète ne dispose d’aucune protection, ce qui est contraire à tous les principes que nous pourrions attendre d’une société démocratique », ont répondu les huit plaignantes. « Il est inacceptable que des agents de l’État puissent cultiver des relations durables et intimes avec des militants politiques afin de collecter de soi-disant renseignements sur les mouvements politiques. Nous avons l’intention de poursuivre ce combat. » (voir leur site).

Quand l’infiltration se retourne contre la police

Même les élus se voient retourner une fin de non-recevoir. Jenny Jones, vice-Présidente de la commission sur la sécurité londonienne, et élue verte de la capitale, a critiqué « l’obstruction délibérée » de la police suite à ses demandes d’informations répétées sur les opérations d’infiltration. Malgré les remous, l’opaque rideau qui recouvre ces barbouzeries ne se déchire pas.

L’une des opérations d’infiltration menée par Mark Kennedy avait abouti à la plus grande rafle d’activistes écologistes de l’histoire britannique. 114 militants, suspectés de préparer une action contre une très polluante centrale au charbon près de Nottingham, ont été arrêtés préventivement en avril 2009. Parmi eux, 20 activistes sont poursuivis puis condamnés à de courtes peines d’emprisonnement ou des amendes. Ces condamnations sont finalement annulées car l’accusation n’avait pas communiqué l’ensemble de son dossier à la défense… dont les informations recueillies par la taupe. D’autres militants écologistes pourraient faire appel dans des affaires similaires, dont les dossiers à charge sont basés sur les informations de policiers infiltrés.

L’Europe envahie de taupes

Ces scandales ne se cantonnent pas au territoire britannique. Ils s’étendent au-delà des frontières du royaume, à l’Europe continentale. Pendant ses sept années d’infiltration au sein de la gauche radicale, Mark Kennedy a ainsi été « déployé » dans onze pays différents, dont la France, lors d’une quarantaine d’évènements militants (rencontres, manifestations…). Ces opérations sont coordonnées au niveau européen par un groupe spécial (European Cooperation Group on Undercover Activities, ECG), créé en 2011. L’ECG regroupe Interpol, plusieurs services de police des États membres de l’Union européenne et du Conseil de l’Europe, dont… la très démocratique Russie. L’ECG fait elle-même partie d’un groupe de travail international (IWG [5]) avec les services états-uniens ou israéliens.

« Lorsque les forces de police et les services de renseignement s’engagent dans la coopération internationale, le grand perdant est le contrôle parlementaire. L’importance croissante des réseaux de policiers en civil rend cette situation bien plus critique », alerte en 2012 le député de gauche allemand Andrej Hunko. L’affaire des infiltrés britanniques a fait des vagues jusqu’à Berlin. Des députés du Bundestag questionnent à plusieurs reprises le gouvernement d’Angela Merkel sur le niveau d’implication de la police allemande, et des polices européennes, dans ces opérations secrètes. Le ministère de l’Intérieur précise alors qu’il n’autorise pas ses agents, y compris les agents étrangers opérant sur le sol allemand, à avoir et à entretenir des relations sexuelles dans le cadre d’une enquête.

Les élus n’en apprendront pas beaucoup plus, « pour des raisons de confidentialité. » « L’infiltration des mouvements de gauche européens illustre cette coopération policière menée en l’absence de tout contrôle parlementaire. On ne sait toujours pas sur ordre de qui l’enquêteur infiltré opérait pendant les années de son activité », rappelle Andrej Hunko. En France, les opérations d’infiltration sont censées être réalisées sous le contrôle d’un procureur ou d’un juge d’instruction (voir le Code de procédure pénale). Mais aucun cadre juridique ou démocratique n’existe au niveau européen pour contrôler ces pratiques. Les barbouzes chargés d’espionner les mouvements de contestation ont de beaux jours devant eux.

Ivan du Roy, avec Statewatch

Photos : une (Wikimedia Commons), Police Only (CC Leo Reynolds), State Police (CC Julian Kliner)

Notes

[1Dans le numéro du mois d’août de son journal.

[2Lire ici, en anglais.

[3Dans un rapport publié en mars.

[4Lire ici, en anglais.

[5International Working Group on Police Undercover Activities.

 


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23 septembre 2013 1 23 /09 /septembre /2013 08:28

 

 

 

L’espionnage généralisé est une manifestation de la société du soupçon généralisé qui est aussi un mode d’être du fascisme. Lorsqu’on lit les listes des personnes considérées comme susceptibles d'actes terroristes selon les « autorités » étasuniennes – ceux qui expriment des philosophies libertaires, des partisans d’opinions favorables au second amendement (droit de porter des armes), ceux qui portent intérêt à l’autosuffisance, ceux qui redoutent le "grand frère" ou le gouvernement et les partisans des « déclarations de droits constitutionnels et des libertés civiles » (Las potencias occidentales hacia el fascismo sin velos discursivos), nous retrouvons ici tout qui d’une manière ou d’une autre s’éloigne du conformisme absolu d’une société de contrôle totale se fondant sur une définition orientée des fameux « intérêts et sécurité des USA » dont nous avons compris depuis longtemps que le terme USA dans ce contexte ne représente ni ce pays ni encore moins sa population, mais bien des intérêts particuliers rendu apatrides par leur transnationalité déracinée. Nous trouvons ici les ingrédients de la soupe totalitaire que ceux-là nous concoctent et la mise en œuvre de ce programme du Pentagone qui interpelle fortement les Latino-Américains, mais laisse les Européens – pourtant concernés, comme tout habitant de la planète - de glace, le programme Joint Venture 2020 qui associe l’ensemble de la planète à son objectif exprimé sans détour « La domination du spectre compet », c’est eux qui le disent ! (Militarisation impérialiste : nouveaux masques pour de vieux projets ), dont le contenu décrit bien la volonté de totalitarisme absolu !

La question que pose le texte de Stella Calloni est fondamentale. Nous, qui d’une manière ou d’une autre relevons de ces catégories fort extensives, devons-nous nous résoudre à passer dans un avenir plus ou moins proche à la clandestinité ou devons-nous lutter visibles de face et en force pour barrer la route à ce projet inhumain. La réponse est évidement plus facile pour les Latinos ou les gouvernements prennent des mesures pour soustraire la région à cette surveillance. Des gouvernements régionaux se sont mis d’accord pour créer ensemble leurs propres circuits et réseaux informatiques, mettant un terme au transit des informations par le territoire des USA. Les révélations de Snowden ont conduit la présidente du Brésil Dilma Rousseff à décommander son voyage prévu aux USA. Alors que la France, l’Allemagne, le Portugal et l’Espagne, eux-mêmes victimes de cet espionnage, ont violé toutes les règles du droit international et mis en danger la vie du président Bolivien Evo Morales, en lui refusant l’accès de leur espace aérien lors de son retour d’un voyage en Russie sous prétexte qu’il était soupçonné de transporter Snowden pour lui donner asile.

Le contexte en Europe est donc fort différent puisque nos gouvernements se font les complices zélés de cet espionnage alors qu’ils en sont eux même des cibles.

Mais ce texte évoque aussi une dimension que je ressens personnellement bien plus fortement. Ce sentiment grandissant que l’esprit et la conscience d’une grande partie des gens que je rencontre, ceux parmi lesquels je vis, évoluent dans un monde fictif, une sorte de mirage collectif qui rend très difficile toute communication ancrée dans la réalité.

 

Espionner et contrôler : pouvoir réel ou illusion

Stella Calloni

 

Stella Calloni

Stella Calloni.

 

Stella Calloni.

Un article du New York Times révèle que les USA joints à des entreprises privées de renseignement, ont créé un système en ligne de gestion du comportement des personnes pour les espionner et les contrôler à travers les réseaux sociaux. Les nouvelles formes d’espionnage  sont des versions actualisées de contrôle qui ont déjà été expérimentées par nos pays pendant les dictatures militaires et la guerre froide. 

Le périodique étasunien New York Times a publié récemment un article – « La vraie guerre contre la réalité » - dans lequel il révèle que l’Armée des USA conjointement avec des entreprises privées de renseignement « ont créé un système de gestion de comportement « on-line » des personnes », dans ce qu’ils qualifient de « lutte contre les idéologies extrémistes et la propagande anti-étasunienne » et analyse de quelle manière opère cette manipulation des réseaux sociaux.

Le programme a été développé à la demande expresse de la Force Aérienne étasunienne, avec différents objectifs, entre autres, celui de « fabriquer la réalité » et, pour tout dire, vendre cette réalité falsifiée afin de contrôler les réseaux sociaux et les sociétés en général, à travers les moyens d’information de masse qui participent à ces opérations et les engrenages essentiels de la dite « guerre psychologique ». 

Tel qu’il est conçu, ce programme “permet de contrôler de multiples identités en ligne (dénommée « titres »)  pour créer des commentaires dans des espaces de communication sociale, créer de faux consensus sur des thèmes déterminés, reléguer à l’arrière-plan les opinions non désirées par le Gouvernement de la Maison Blanche et étouffer les commentaires et informations qui ne correspondent pas à leurs objectifs stratégiques.

« Dans le réseau de l’espionnage cybernétique nous sommes bien sur plus surveillés les uns que les autres »

Un analyste britannique nous avertit « qu’une grande partie du travail de renseignement que réalisent les USA » est dans les mains d’entreprises privées qui « nous seulement occultent sinon qui fabriquent la réalité » à travers un type de software qui « manipule les médias de communication sociale ».

Pour l’analyste Anthony Gucciardi, cité par le New York Times, l’objectif de cette “guerre cybernétique” n’est pas “d’améliorer la réputation internationale” de l’Armée des USA – comme l’ont suggéré les commandants militaires de ce pays, mais bien de promouvoir « le développement d’un important réseau d’ordinateurs qui font circuler constamment des messages écrits spécifiquement pour être publiés par les réseaux sociaux et les pages de commentaires de nouvelles », qui en réalité sont destinées à leurrer les sociétés et « diriger » les réseaux sociaux.

Bien sûr, le renseignement militaire soutient que cela se fait « au nom de la sécurité étasunienne »

Pour qui a souffert dans sa propre chair les concepts, programmes, opérations, coups d’état, interventions, assassinats massifs, disparitions forcées sous les dictatures militaires installées au nom de la “Doctrine de Sécurité Nationale (des USA) aux temps “chauds” de la « guerre froide », la situation nous ramène directement dans le passé. Et le niveau des ressources d’espionnage nous fait nous ressentir comme des sociétés illégales et rigoureusement surveillées.

Parce que dans les réseaux d’espionnage cybernétique nous sommes tous surveillés, les uns plus que les autres bien sûr. Le périodique (NYT) cite également le psychologue étasunien Peter Ludlow « il s’agit d’une méthode efficace pour leurrer une population en générant une fausse réalité, au lieu d’imposer leur volonté (celle des mentors de l’espionnage) par la force.

C’est-à-dire, « s’approprier » jour après jour d’une société déterminée pour contrôler, au moyen de l’utilisation de cette véritable guerre sous couverture, mettant en action ce qui est qualifié de « Psyops » (opérations psychologiques), comme partie d’une stratégie militaire étasunienne, dans la même lignée que les actions de déstabilisations que les vénézuéliens nomment à juste titre « coup d’état permanent »*

Dans ce cas, l’effet du « coup d’état permanent » nécessite la  « falsification habituelle de la réalité » et une des armes les plus évoluée pour y parvenir sont les moyens de communication de masse sous le commandement du pouvoir hégémonique (plus de 90% dans le monde) qui participent à cette guerre en toute impunité.

Par ce même moyen, Adolf Hitler réussit à paralyser et à dominer et à faire complice de ses crimes une bonne partie du peuple allemand, et Joseph Goebbels, son homme clé, est à présent imité et dépassé par les nouveaux semeurs de fascisme du 21ème siècle qui sont parmi nous.

Le mensonge, ils le qualifient de « liberté d’expression » ; le dénigrement, destiné à falsifier la réalité quotidienne, la vie, l’histoire des pays, la culture des peuples, érodant les identités et valeurs conquises par l’humanité à travers les Temps, ils le nomment « expression indépendante » de la presse libre. A la liberté d’entreprise, elle est imposée comme « liberté de la presse ».

Et les analystes du NYT mentionnent la similitude de programme d’espionnage et d’implantation d’une réalité fausse avec le contenu du « Manuel de capacitation pour la guerre non conventionnelle » des militaires des USA, et avec les « opérations planifiées pour transmettre des informations et indicateurs sélectionnés aux public étranger (nous) afin d’influer sur ses émotions, motivations, raisonnements objectifs et en ultime instance, sur le comportements des gouvernement étrangers (les nôtres), organisations et groupes au moyen des dites opérations psychologiques ».

Pourquoi cette vigilance globale nous affecte-t-elle tous ? Parce que “espionner est pouvoir. « Avec le prétexte de la guerre contre le terrorisme nous sommes tombé dans la terreur totale », soutient Luis Britto Garcia, le célèbre écrivain, narrateur, essayiste, et dramaturge vénézuélien, auteur de plus de 60 titres et distingué par de nombreuses récompenses internationales.

Britto Garcia rappelle que « depuis le 19ème siècle, toutes les législations garantissent l’inviolabilité de la correspondance ». Et pourtant, actuellement, les gouvernements et les entreprises, non seulement s’arrogent le droit de prendre connaissance du contenu des messages qu’ils suivent ou interceptent, mais aussi d’utiliser, publier et consigner les informations obtenues. Facebook et autres réseaux sociaux prétendent détenir la propriété intellectuelle de tout ce qui circule sur leur réseaux C’est comme si les compagnies de transports de déclaraient propriétaires de toute la marchandise qu’elles transportent. Dans sa course pour confisquer les moyens de production, le capitalisme confisque l’information », soutient l’essayiste.

“Et si espionner donne un pouvoir irrationnel et mafieux, ajouterons-nous, empêcher cette action, c’est non seulement récupérer la souveraineté, des droits, de la dignité, rien moins que la liberté »

Il est lamentable que ce contrôle ne soit pas appliqué à la solution de graves problèmes qui affectent le monde, comme « le crime organisé , le commerce de produits dommageables pour la santé, le trafic des armes, la corruption politique, les délits bancaires, l’évasion fiscale, le trafic des personnes, l’exploitation du travail, le blanchiment de capital, les paradis fiscaux, le monopole des aliments, les faux prétextes pour les guerres - comme la construction imaginaire d’armes de destruction massives et autres. Si de tels fléaux persistent, c’est parce que l’espionnage ne les empêchent pas : il les rend possible et assure leur impunité.

L’espionnage ne viole pas le secret, il le crée, dit un autre paragraphe, dans lequel il analyse comment celui qui espionne se retrouve attrapé à son propre jeu. Et ainsi se construisent des mondes fantasmatiques, inexistants, ce qui conduit inévitablement au labyrinthe, sinon au précipice.

Et si espionner donne un pouvoir irrationnel et mafieux, ajouterons-nous, empêcher cette action  c’est non seulement récupérer la souveraineté, les droits la dignité, sinon rien moins que la liberté face à des systèmes de domination et des processus de recolonisation qui menacent la vie des peuples.

 

Devons-nous nous convertir en sociétés clandestines ou livrer aujourd’hui la bataille qu’est à présent capable de mener  l’Amérique Latine, comme l’ont démontré les récents accords de défense conjointe contre l’espionnage entre le Brésil et l’Argentine et ceux qui se discutent en ce moment pour une action conjointe de toute la région ? Revenons à Britto Garcia : « leur pouvoir consiste à nous obliger à nous cacher. Qu’ils se cachent eux ! »

TELAM

Source espagnole : STELLA CALONI / Espiar y controlar: ¿poder real o ilusorio? | CONTRAINJERENCIA 

Traduction Anne Wolff

PS

Un autre point sur lequel je voudrais attirer l’attention, quelques textes circulent qui affirment que la NSA aurait créé un clone de google afin de puiser les informations directement à la source. Comme il m’arrive régulièrement en effectuant des recherches google de tomber sur un avis de « connexion non certifiée », ce qui est un des symptômes possible de piratage, malgré que je n’ai pas trouvé de preuve, la question continue à m’interpeller, d’autant que je constate que mon blog n’est plus que très faiblement accessible par ce moteur de recherche. J’ai moi-même pu constater que certains textes que j’avais sous les yeux sur le blog, sont inconnus de Google.

PS2

Il semble également que de telles méthodes ont été utilisées pour faire monter la cote du bijoutier de Nice, volé et assassin qui a récemment défrayé la chronique surtout par le grand soutien qu’il aurait obtenu sur Facebook, et dont la plus grande partie relèverait d’une manipulation de fausses signatures ?)

Bonus

Un exemple de falsification que je ne traduis pas mais c’est facilement compréhensible.

Apporea a le don de trouver des photos du président des USA qui ne le montrent pas à son avantage, et celle-ci m’a fait bien rire.


El presidente de Estados Unidos, Barack Obama

El presidente de Estados Unidos, Barack Obama

ou

Le dirigeant fantoche d'un monde virtuel

(en plus de ses fonctions de boutte-feu à la planète)

L'article : 55% des suiveurs d'Obama sur Tweeter sont des faux, en espagnol, ici :
El 55% de los seguidores de Obama en Twitter son falsos

 

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21 juin 2013 5 21 /06 /juin /2013 19:02

 

Alors que les médias privés qui dominent l’audience au Venezuela et dans le monde martèlent l’idée d’une "crise" au Venezuela, la réalité est quelque peu différente. Ces photos sont un échantillon de ce que vous cache quotidiennement, depuis quatorze ans, lInternationale du Parti de la Presse et de l’Argent… (1)
 
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Haïti aura son université bolivarienne. Ce lundi 10 juin 2013 à Caracas le recteur de l’Université Bolivarienne du Venezuela (UBV) et l’ambassadeur haïtien ont lancé la création de cette institution dans la nation caraïbe qui fut la première république libre d’Amérique – et dont l’appui à Simon Bolivar permit de lancer il y a deux siècles l’émancipation latino-américaine. Parmi les premiers diplômes offerts aux étudiants haïtiens : médecine intégrale communautaire, agro-écologie, gestion de l’environnement, ressources hydrobiologiques et tourisme. Un projet né il y a un an lors de la première réunion à l’UBV des nombreux étudiants haïtiens vivant au Venezuela. (2)
Children running back to school in the small mountain town of Los Nevados, Merida state (Tamara Pearson /Venezuelanalysis.com)Sur le chemin de l’école dans le village andin de Los Nevados, État de Mérida (Photo : Tamara Pearson /Venezuelanalysis.com)Youth enjoying the new Park of New Generations in Caricuao, Caracas (AVN)Le Parc de la Nouvelle Génération, espace public construit dans la zone populaire de Caricuao, Caracas (photo : AVN)More of the Kung Fu display at the cultural occupation (Ryan Mallett-Outtrim /Venezuelanalysis,com)Les arts martiaux au menu d’une "occupation" culturelle, État de Mérida (Photo : Tamara Pearson /Venezuelanalysis.com)
A child watching a cultural act (Tamara Pearson /Venezuelanalysis.com)
 
Argentine buskers at the Merida cultural event (Ryan Mallett-Outtrim /Venezuelanalysis,com)Des troubadours argentins à Mérida (photo : Ryan Mallett-Outtrim /Venezuelanalysis.com)
Community Television Tatuy TV doing interviews at the cultural “occupation” of the Las Heroinas Plaza, Merida (Tamara PearsoChildren and adults from the community of Pueblo Nuevo, Merida, participating in their self-organised (and late) mother’s day La télévision associative Tatuy TV mène des interviews pendant une fête culturelle à Mérida (Photo : Tamara Pearson /Venezuelanalysis.com)
Shelves actually look more like this, than the empty ones the media is showing. According to recent estimates by the FAO, VenezuLes marchés et les magasins ressemblent plus à ceci qu’aux rayons vides que montrent les médias. Ce dimanche 16 juin à Rome la FAO (organisme de l’ONU pour l’Alimentation et l’Agriculture) a remis un prix au président Nicolas Maduro pour saluer le succès des politiques du Venezuela en matière de souveraineté alimentaire (3). Selon la FAO le taux de malnutrition est tombé sous les 5% de la population (Photo : A. Rengel/ Noticias24)
 
More socio-productive projects organised by women’s groups received financing from the Women’s Bank (Miguel Romero/CDO)
De nouveaux projets socio-productifs organisés par des groupes de femmes sont financés par la Banque de la Femme (Photo : Miguel Romero/CDO)
 
Venezuelan soccer fans (Alejandro van Schermbeek)Supporters de l’équipe nationale de football (Photo : Alejandro van Schermbeek)
 
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La surprise. En deux mois de présidence, Nicolas Maduro a isolé la droite et ses violences, et a fortement accéléré la vie politique en appliquant sa promesse du “gouvernement de rue” qui remet les ministres au contact direct de la population pour recueillir critiques et solutions. Des milliers de projets locaux ont été financés quelques jours après leur formulation par les organisations de base. Parallèlement une forte offensive contre la corruption a permis l’arrestation de plusieurs hauts fonctionnaires et l’insécurité a été réduite de 53 % à la suite du déploiement d’une police nationale de proximité. (4)
 
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Rock vénézuélien ou heavy metal, salsa, théâtre, culture pour tous : peu à peu les habitant(e)s réoccupent les rues de Caracas. Le plan national de sécurité citoyenne conjugué aux investissements publics pour récupérer des rues, places, théâtres, cinémas détruits par la spéculation, le commerce ou les sectes, commencent à porter leurs fruits. (Photos : Fernando Campos, Últimas noticias)
 
rock en caracas 
 
(YVKE Mundial/LAY)
 
 
 
(YVKE Mundial/LAY)fernando_campos_ultimas_noticias2
 
Merci à l’équipe de Venezuelanalysis.com
 
Notes :
 
  1. Sur la domination des médias privés au Venezuela voir l’étude du groupe US Nielsen Rating : http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-12-14-Medias-et-Venezuela
 
  1. Sur cette coopération Sud-Sud, on peut lire aussi : "Le Venezuela et le Mali renforcent leur coopération universitaire" http://venezuelainfos.wordpress.com/2013/05/10/le-venezuela-et-le-mali-renforcent-leur-cooperation-universitaire/
 
  1. "La FAO considère que le problème de la faim est pratiquement éliminé au Venezuela", http://venezuelainfos.wordpress.com/2013/04/13/la-fao-considere-que-le-probleme-de-la-faim-au-venezuela-est-pratiquement-elimine/
 
  1. Sur la politique mise en oeuvre par Maduro, "quarante jours à la rencontre des mouvements sociaux" http://venezuelainfos.wordpress.com/2013/06/03/videos-et-photos-quarante-jours-a-la-rencontre-des-mouvements-sociaux/ ; "Nous t’écoutons Claudia" http://venezuelainfos.wordpress.com/2013/05/06/nous-tecoutons-claudia/ ; "Ce que la révolution bolivarienne va faire de 2013 à 2019", http://venezuelainfos.wordpress.com/2013/04/15/ce-que-va-faire-la-revolution-bolivarienne-de-2013-a-2019/
 
 
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4 juin 2013 2 04 /06 /juin /2013 20:23

 

 

 

On avait déjà pu apprécier sa sélectivité en matière de défense de la vie et des droits des journalistes (pas très réactif face aux multiples assassinats de journalistes au Honduras, par exemple), ses positions pas très conformes à l’idée que l’on se fait de celle d’un auto-proclamé défenseur de droits humains… et voilà qui couronne le tout et lève totalement le voile…

 


Fundador de Reporteros sin Fronteras candidato de la ultraderecha  

03 junio, 2013



Marion Le Pen a annoncé vendredi que l’ex-trotskyste, Robert Ménard fondateur et directeur de l’ONG Reporter Sans Frontières se présenterait, à Bézier, aux élections municipales de 2014 sur les listes du FN. Ce quil a confirmé au micro de Bleu Hérault.

Cette candidature confirme ce qui affleurait dans son discours, ses affinités avec l’extrême-droite dont il avait affirmé qu’il fallait défendre la libre expression à Nouvelles de France en avril 2011.

Deux ans après son pamphlet « Vive Le Pen ! »  ses sympathies se confirment. Ménard qui s’autoproclame apolitique se dit enchanté du soutien que le FN apporte à sa liste parce qu’ils partagent la même idéologie (entrevue à France Info).

Ce rapprochement n’a rien de surprenant. Né il y a 54 ans en Algérie, il est le fils d’un militant de l’OAS (Organisation terroriste d’extrême-droite qui au début des années 60 sema la terreur entre la France et l’Algérie).

L’été passé une entrée intitulé « Blancs, White, Blancos » de son blog exprimait des préoccupations xénophobes (et on le retrouve à présent sur le gerbeux BdVoltaire NdT. Beurk !)

Malgré une façade humaniste on avait déjà pu apprécier ses positions plus que conservatrices lorsque que dans une entrevue à France Culture il avait défendu le droit de recours à la torture et qu’en 2010 il s’était fait l’avocat de la peine de mort.


Traduction  libre et  résumée  par Anne Wolff de l’article
Fundador de Reporteros sin Fronteras candidato de la ultraderecha - AGATON 

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3 juin 2013 1 03 /06 /juin /2013 23:35

 

 

Une méthode d’auto-radicalisation pour apprentis "djihadistes"

juin 3, 2013

La méthode a en effet été  testée avec succès à Montauban, Toulouse, Boston et Londres.

Comme les assassinats de Toulouse et Montauban attribués à Mohamed Merah ou l’attentat de Boston attribué aux frères Tsarnaev, l’assassinat de Lee Rigby, un soldat Anglais, par Michael Adebolajo  et Michael Adobowale, deux présumés islamistes à Londres a suscité indignation et commentaires.

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Michael Adebolajo au tribunal: "Sur le Coran, je m’en bats les couilles que tu me demandes de me lever."

L’idée générale derrière les commentaires émanant des responsables politiques étant qu’il convient de renforcer la surveillance des individus  susceptibles de passer à l’action et de mieux contrôler internet parce que nous aurions affaire à des individus auto-radicalisés.

C’est dans la bouche du procureur François Molins que j’ai entendu parler pour la première fois de ce processus d’auto-radicalisation qui renvoie à l’image d’un individu isolé qui développe dans son coin une culture théologico-politique extrémiste et s’initie à des modes d’action comme la confection d’explosifs (la fameuse cocotte-minute des frères Tsarnaev par exemple).

Et cette auto-radicalisation serait particulièrement bien servie par des sites internet en tout genre comme celui dont le nom est souvent repris par vos journaux, un site qu’on nous présente comme saoudien mais rédigé en anglais pour que tout un chacun puisse profiter de la science du terrorisme dit islamique.

Libre à vous de croire à ces fables  parce que dans les trois affaires citées, non seulement les terroristes ou présumés tels n’ont jamais été isolés mais ils étaient tous connus des services de police ou de renseignements.

La presse anglaise revient sur cette relation des services secrets avec un des auteurs présumés de l’assassinat qui a coûté la vie au jeune soldat de Sa Majesté.

Ce dont rend compte la presse n’est qu’un aperçu d’une vérité que nous ne connaîtrons sans doute jamais sur l’état des relations entre des services de sécurité et de présumés «djihadistes,» Londres ayant une longue expérience dans ce domaine.

Meurtre de Woolwich, la connexion MI6: le plus jeune frère de Michael Adebolajo ‘était payé pour espionner au Moyen Orient’

Jérémiah Adebolajo, 26 ans est professeur d’anglais à l’université en Arabie Saoudite

Il aurait été approché par le MI6 qui avait fait pression sur lui pour qu’il devienne un espion

Il voyageait en classe affaires dans des hôtes cinq étoiles et touchait du cash

Sa soeur, Blessing, dit qu’il avait ‘fermement’ rejeté des propositions pour travailler avec le MI6

On lui avait demandé de ‘retourner’ son frère Michael pour cause de liens avec des organisations terroristes

Par Robert Verkaik, Mail on Sunday (UK) 2 juin 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Le plus jeune frère d’un des hommes accusés d’avoir assassiné le tambour Lee Rigby avait été payé des milliers de livres sterling par le MI6 dans le cadre d’opérations d’espionnage au Moyen Orient, a découvert le Mail on Sunday.

Jeremiah Adebolajo, qui se fait appeler Aboul Jalil avait aussi été sollicité pour aider à ‘retourner’ son frère Michael pour qu’il travaille avec le MI5 qui était déjà au courant des liens étroits de Michael avec des organisations extrémistes.

Ces affirmations sont le fait de la famille Adebolajo et d’une source bien placée qui a contacté le Mail on Sunday.

Jeremiah Adebolajo, 26 ans, qui exerce comme professeur d’anglais dans une université en Arabie Saoudite et est rentré en Grande Bretagne cette semaine, doit être interrogé aujourd’hui sur son frère par les policiers antiterroristes de Scotland Yard.

Des sources gouvernementales ont déjà confirmé que Michael Adebolajo était connu du MI5. La semaine dernière, il a été suggéré qu’il avait opposé une fin de non recevoir aux démarches des services de sécurité pour le recruter comme espion.

Michael, 28 ans, est sorti de l’hôpital vendredi et a été inculpé hier pour l’assasinat du tambour Rigby et pour tentative de meurtre de deux agents de police le 22 mai à Woolwich, Londres Sud.

On sait maintenant que l’agence soeur du MI5, le MI6, s’était intéressée à Jeremiah, un enseignant marié qui exerce à l’université de Ha’il (en Arabie).

Le MI5 et le MI6 coopèrent étroitement dans les opérations antiterroristes Le champ d’action principal du MI5 est la sécurité intérieure, tandis que le MI6 s’occupe des menaces venues de l’étranger.

Un document consulté par le Mail on Sunday détaille les inquiétudes de la famille de Jeremiah sur un présumé harcèlement par le MI 6 en avril 2012.

Dans ce document, la soeur de Jeremiah, Blessing Adebolajo, 32 ans, qui travaille comme assistante en ressources humaines à Londres, affirme que son frère avait été approché par le MI6 alors qu’il travaillait à l’université de Ha’il – une localité stratégique du Moyen Orient parce qu’elle n’est qu’à une heure d’avion de 11 capitales arabes.

Blessing Adebolajo

Blessing Adebolajo

Un ami de Jeremiah a confirmé la déclaration de la soeur.

Cet ami déclare: ‘Ils l’ont questionné sur Michael et lui ont demandé de les aider à le « retourner» pour qu’il travaille avec le MI5.

 ‘Ils lui avaient aussi demandé d’aller dans certains hôtels, de commander une tasse de thé et d’attendre son contact.

 ‘En ces occasions, on lui donnait 300 £, et on lui payait l’avion en première classe et le séjour en hôtel cinq étoiles.’

Le document, préparé par des juristes de l’association humanitaire Cageprisoners, indique que Blessing avait contacté l’association humanitaire d’East London parce qu’elle s’inquiétait du harcèlement et de l’intimidation exercés sur ses deux frères par les services de sécurité et de renseignements.

Elle affirme que le MI6 a acheté un billet d’avion pour que Jeremiah puisse aller dans un hôtel intercontinental d’un autre pays du Moyen Orient (qui seraient les Emirats Arabes Unis) et qu’on lui avait donné en monnaie locale l’équivalent de 1 000 £.

Elle soutient également que Jeremiah lui a dit qu’on l’interrogeait sur des personnes bien précises et qu’on lui montrait des photos de lui-même avec les individus en question prises au Royaume Uni. Mais Blessing a dit à Cageprisoners que Jeremiah avait ‘fermement’ rejeté l’offre du MI6 pour qu’il travaille comme un de ses agents..

La conséquence de ce refus, affirme la soeur, est qu’on l’a ‘intimidé’ jusqu’à ce qu’on lui dise finalement qu’on l’empêcherait de quitter le Royaume Uni [pour rejoindre son poste, NdT].

Son ami dit qu’il y a deux ans, Jeremiah avait été approché par des agents des services de sécurité britanniques quand il avait été retenu à Heathrow alors qu’il rentrait d’Arabie Saoudite.

Pendant l’entretien, on l’avait averti de ce qui arrive aux Musulmans qui ne collaborent pas avec le gouvernement et on lui avait montré des documents qui confirmaient que des gens qu’il connaissait étaient détenus dans des prisons un peu partout dans le monde.

La police et les services de sécurité subissent de très fortes pressions pour expliquer ce qu’elles savent sur Adebolajo et son présumé complice Michael Adebowale. En dépit d’avertissements remontant jusqu’à une dizaine d’années, Michael Adebolajo avait été considéré par le MI5 comme présentant un ‘risque faible’. Il avait été photographie à des manifestations très remarquées – se tenant même debout à côté du prêcheur de haine Anjem Choudary.

Il avait été arête au Kenya en 2010 pour un présumé projet de se rendre en Somalie pour rejoindre l’organisation terroriste Al-Sahabab avant d’être renvoyé au Royaume Uni. Jeremiah a épousé Charlotte Patricia Taylor en 2008 au Sutton Register Office dans le Surrey.

Peu de temps après, le couple serait parti pour l’Arabie Saoudite où Jeremiah avait trouvé un emploi d’enseignant.  L’université de Ha’il est un des établissements d’enseignement les plus progressistes d’Arabie Saoudite et a été créé par décret royal en 2005. Elle comporte cinq facultés – Sciences, Médecine et Sciences médicales, Ingénierie, Informatique et un Community College (cycle court) – et accueille plus de 16 000 étudiants.

 

 

Source : Mounadil al Djazaïri | Points de vue sur le monde arabe

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