21 novembre 2019 4 21 /11 /novembre /2019 20:53

Introduction de la traductrice

En traduisant la vidéo qui suit, je suis arrivée à une conclusion : pour le fond rien n’a changé, ils ont simplement perfectionné leurs techniques. Au Guatemala en 1954, le président Arbenz a démissionné sous les pressions fabriquées depuis les USA…. Pourtant 69 ans plus tard tout le monde reconnaît qu’il y a eu coup d’état au Guatemala en ce temps là. Faudra-t-il autant de temps aux aveugles de l’intelligence et du cœur pour comprendre qu’en Bolivie à présent se déroule également un coup d’état ?

1954 Guatemala : Modèle pour les guerres psychologiques de la CIA

En 1950 Arbenz est élu président du Guatemala avec 65 % des voix. Il entame une réforme agraire qui nuit aux intérêts de la United Fruit qui était propriétaire de la moitié des terres fertiles du pays et de presque toutes les voies ferrées. Les travailleurs étaient payés 50 centimes par jour alors que la compagnie enregistrait des bénéfices annuels de 65 millions de dollars. Le programme agraire impulsé par le Président Guatémaltèque obligea la United Fruit à vendre des terres qui seraient attribuées aux paysans pour qu’ils y réalisent des projets productifs. Cette réforme fit que la compagnie se sentit menacée.

Au Guatemala les intérêts et la sécurité d’United Fruit – pardon des USA – sont menacés, il faut agir.

La CIA a découvert : le coup d’état fantôme.

En 1954 au Guatemala la CIA lance l’opération sous couverture PBSUCCESS.

500 rebelles vont affronter l’armée du président. La CIA a déjà choisi le prochain président du Guatemala qui sera à la tête de l’armée « rebelle. » Les soldats seront entraînés par Rip Robertson, un légendaire agent paramilitaire.

Il a été décidé de recourir à la guerre psychologique utilisée pour la première fois par la CIA.

Une opération de guerre psychologique sous couverture se base dans la tromperie, dans les mensonges : explication d’un coup d’état modèle du genre en se basant sur des archives déclassifiées récemment qui révèlent la première tentative de la CIA de renverser un gouvernement de gauche en Amérique Latine… et son premier usage déterminant de la guerre psychologique.

Interviennent dans la vidéo

-Stefan Schlesinger (StS), auteur de « Fruits Amers »

-Peter Kornbluh (PK) des Archives de sécurité nationale.

-Prof Kenneth Osgood (KO) (expert en Guerre Psychologique)

-Don Mann (DM) ex-membre des Forces spéciales US

- un expert d’aviation militaire (EaM)

- Mario Avila (Mario) témoin présentiel du coup d’état à Guatemala city

 

12 août 1953, à Washington se tient dans le plus grand secret une réunion à la Maison Blanche. Trois hommes se réunissent le président Dwight Eisenhower, son secrétaire d’état et Allen Dulles directeur de l’Agence Centrale d’Intelligence [et frère de Forster Dulles avocat de la United Fruit Company]. Objectif : faire face à une nouvelle menace à la sécurité du pays. Un petit pays d’Amérique Central, le Guatemala a défié les hommes les plus puissants des USA.

StS :« Eisenhower dirigeait le pays de manière très clandestine et entre les 3 ils élaborèrent de nombreuses stratégies qu’ils appliquèrent dans le monde entier. »

Ils ont un nouveau problème, : un petit pays à 1300 kilomètres de la frontière Sud, Guatemala a élu récemment un leader avec des liens communistes notoires, Jacobo Arbenz Guzman. Arbenz, déjà, a commencé à menacer les intérêts étasuniens, son gouvernement confisque des milliers d’hectares de l’entreprise multinationale United Fruit.

PK : « A quoi s’ajoutait le fait d’être une menace pour la sécurité des USA ? Avec la guerre froide qui bat son plein, la grande préoccupation à Washington est d’empêcher que le communisme se propage dans le monde entier, en particulier dans l’hémisphère occidental. La CIA commençait à voir des communistes de toutes parts et elle était disposée à utiliser tous les moyens pour réduire leur pouvoir. »

 

1954 Guatemala : Modèle pour les guerres psychologiques de la CIA

La décision est prise, ils doivent renverser Arbenz.

 La CIA décide de mener une opération pour renverser le président du Guatemala. Elle présente au président un document top secret qui contient un plan extraordinaire : la dite Opération PBSUCCES.

STS : « Il résumait la manière dont peut se renverser un régime établit sans utiliser de troupes étasuniennes. » Le plan est d’appuyer secrètement un soulèvement armé contre Arbenz leader du Guatemala élu démocratiquement et de le renverser par un coup d’état.  Mais Eisenhower a des doutes. Il faut empêcher que le complot de la CIA puissent être relié au président des USA.

STS : « Pourquoi les USA avaient-ils aussi peur de se voir impliqués ? L’opération pouvait être perçue comme le renversement d’un gouvernement élu démocratiquement, une violation des principes des Traités qu’ils avaient signés devant les Nations Unies. Cela aurait endommagé la réputation des idéaux étasuniens. »

PK :« Personne ne devait pouvoir attribuer l’opération au président US »

L’opération combine 3 stratégies clés. Premièrement une invasion avec une petite armée spécialement entraînée. Ensuite l’application d’une pression politique extérieure et pour finir, la CIA utiliserait toute une panoplie de tromperies.

L’opération PBSUCESS inaugurait une nouvelle stratégie, des choses qu’on avait jamais vu auparavant, des actions qui n’avaient jamais été mises en pratique. Ces méthodes sont tellement novatrices que la CIA ne sait même pas si cela va fonctionner. C’était risqué parce que personne ne savait exactement ce qui allait se passer. On considère que l’opération à seulement 40 % de chance de réussir.

La CIA doit planifier rapidement une opération sous couverture et réalisable. 

Eisenhower dit : « En avant, nous devons le faire. Je crois que cela va fonctionner et qu’il est important de le faire. »

Le premier mouvement de la CIA est d’installer un Centre Secret de Commandement à la base de Opa Locka à Miami, en Floride. Ce centre est tellement secret que seulement quelques hommes qui travaillent directement sous les ordres du président connaissent sa localisation.

StS : « Pourquoi à Miami ? En premier lieu parce que c’était loin de Washington. S’ils le faisaient depuis Washington, toute l’opération aurait pu se révéler au grand jour. »

Une fois le Centre de Commandement préparé, la CIA a besoin d’un homme de paille qui puisse diriger une armée rebelle contre le Président du Guatemala. Le leader devait être quelqu’un de malléable qui obéisse aux ordres de la CIA et soit loyal au gouvernement des USA. La CIA incline pour un homme nommé Castillo Armas. Armas est un colonel guatémaltèque charismatique et ambitieux. Trois ans plus tôt, il avait participé à un coup d’état militaire raté. Il avait été emprisonné, et selon les rumeurs, il avait réussi à s’échapper grâce à un plan très audacieux. La CIA va le trouver exilé au Honduras.

PK: « La CIA avait décidé qu’il était le candidat parfait pour diriger l’attaque et par son intermédiaire rétablir le contrôle étasunien sur le Guatemala.. » Armas vole jusqu’au Centre de Commandement de Opa Locka. Les deux parties parviennent à un accord.

Le défi suivant est de créer une force guérilla « rebelle » qui mènera le soulèvement. La CIA établit une base secrète dans la forêt d’Amérique Centrale.

 

Honduras, Amérique Centrale. Camps d’entraînement des Forces Rebelles L’homme élu pour entraîner l’armée secrète est Rip Robertson, un vieux spécialiste des opérations militaires sous couverture.

DM : « Il adorait se retrouver dans la forêt. Un véritable guérillero ne cesse jamais d’être en guerre, et Robertson était comme cela. » STS : «  Rip Robertson, ce genre de choses l’enchantait, il était né pour faire cela. Et qu’on le paye pour le faire sous la protection du gouvernement des USA devait lui sembler être le paradis. ».

En janvier 1954 commence la période d’entraînement. L’ordre est donné à Robertson de convertir ces hommes en une force de combat bien entraînée en 6 mois. Il s’agit de réfugiés guatémaltèques recrutés dans d’autres pays d’Amérique Centrale. Parmi eux, il y avait des mercenaires professionnels. Maintenir le nombre des effectifs en dessous de 400 permet de les entraîner en secret.

DM :« Rick Robertson dû entraîner son équipe aux tactiques de guérilla. Comme on dit dans le monde des Opérations Spéciales : pouvoir entrer, causer le dommage désiré et partir sans être repéré. » Robertson les entraîne pour qu’ils dominent le sabotage, les explosifs et différents armements. Il les soumet a un épuisant programme d’exercices physiques qui devra leur permettre de progresser sur les terrains difficiles du Guatemala. Mais cela, c’est la partie facile. Armas et son armée de mercenaires  vont devoir affronter un adversaire formidable : l’armée du Guatemala.

STS : « Le Guatemala disposait de la meilleure armée et des forces de polices les plus nombreuses d’Amérique Centrale. » L’armée comptait 16 000 hommes, il y en avait 13 000 dans les forces de police. Un nombre de loin supérieur à de n’importe quel autre pays d’Amérique Centrale.

A ce moment l’armée est loyale à Arbenz, son leader récemment élu qui compte avec l’appui du peuple Guatémaltèque. Arbenz est également un général expert.

PK:« Arbenz lui-même était un militaire respecté, considéré comme brillant et cultivé par la propre CIA. »

Contre un politique aussi populaire et brillant les chances de la CIA paraissent très faibles.

KO ;« La grande question était : comment vaincre avec une armée rebelle de 300 ou 400 hommes une armée de 5 000 ou 6 000. » La CIA pense avoir la réponse, : une arme secrète élaborée de manière occulte au sein de l’agence et qui n’avait jamais été utilisée aussi près du territoire étasunien… jusqu’à ce moment, la guerre psychologique. KO : « Les opérations psychologiques se fondent dans la tromperie, dans le mensonge. Il s’agit d’employer des sales moyens, de manière occulte, cela ne fonctionne pas si on révèle son identité. »

Les opérations psychologiques sont utilisée depuis la Seconde Guerre Mondiale, mais jusque-là, elles n’avaient jamais été utilisée à une telle échelle.

STS : « C’est la première fois que la CIA utilise une manœuvre de ce genre pour renverser un gouvernement »

La CIA recrute un présentateur de radio expert en relations Publiques David Atlee Phillips pour exécuter la phase psychologique de l’Opération. C’est la dite « Opération Sherwood ». Son objectif était de saper la popularité du Président pour qu’il perde tous ses soutiens.

Ko : « Ce qu’il firent, c’est de créer une émission de radio clandestine qu’ils appelèrent « radio libération ». L’idée était de présenter cette émission comme la voix secrète de l’armée de libération qui était sur le point de libérer le peuple du Guatemala. »

1954 Guatemala : Modèle pour les guerres psychologiques de la CIA

Studio d’enregistrement. Opa Locka, Miami

L’opération se déroulera depuis Opa Locka. Phillip reçoit le soutien de 2 présentateurs guatémaltèques qui figurent dans les archives déclassifiées comme Mario et Pepe. Comme partie de l’offensive psychologique, ils doivent enregistrer des centaines d’heures de programmes radiophoniques qui seront ultérieurement émis au Guatemala.

KO : « Une des premières questions qui s’est posée aux agents de la CIA est : A qui allons-nous nous adresser ? » Phillips doit choisir entre s’adresser au peuple guatémaltèque, à l’élite intellectuelle ou aux leaders religieux. KO : « A tous, mais le premier objectif est l’armée.  L’armée et les généraux sont les cibles fondamentales. » Phillips savait que les généraux et le commandement supérieur étaient le plus grand obstacle.

KO :« Tout correspondait à l’objectif fondamental des opérations sous couverture qui était de creuser un fossé entre Arbenz et l’armée. «  Phillips élabora une série de programmes de radio conçus pour éloigner l’armée de son leader. Un d’eux s’appelait « On l’accuse de haute trahison » Dedans on accusait Arbenz d’avoir abandonné son armée, de l’avoir trahie, d’être un traître contre lequel il fallait agir immédiatement. L’objectif des programmes qui concernent cette trahison est de semer l’idée que les officiers qui resteront loyaux recevront un traitement sévère après le coup d’état. 

Radio Libération : « A la suite figurent plus de noms à ajouter à la liste noire des traîtres à la patrie, » ensuite Phillips s’adressa au point faible des officiers, leur porte-monnaie. KO : « Dans une de ses compagnes, il suggéra que la monnaie était sur le point de s’effondrer et qu’Arbenz n’aurait pas d’argent pour payer les officiers. Rien ne faisait plus peur dans les rangs des soldats qui le sont pour l’argent que l’idée qu’ils ne seront pas payés. »

Jour après jour, nuit après nuit, pendant 6 semaines entières, Phillips et son équipe réalisent des centaines d’enregistrement. Quand les enregistrements sont prêts, la CIA les transporte depuis d’Opa Locka, Floride jusqu’à un émetteur secret près de la frontière du Guatemala. KO : « Jusquà aujourd’hui nous ne savons toujours pas d’où fut émise l’Opération Sherwood. ; Certains rapports la situe dans la forêt du Honduras et d’autre dans une grange de l’Hacienda du dictateur du Nicaragua »

1er mai 1954, moins de 3 mois après le recrutement de Phillips, Radio Libération commence à émettre : « Radio Libération émettant depuis un lieu secret à l’intérieur de la République transmettra 2 fois par jour » La propagande des programmes radiophoniques enregistrés à Opa Locka est écoutée par des dizaines de milliers d’auditeurs de tout le Guatemala, ils ignorent qu’il s’agit d’un complot de la CIA. Alors que l’armée rebelle entraînée par Robintson est prête à attaquer.

1954 Guatemala : Modèle pour les guerres psychologiques de la CIA

La CIA exécute la phase finale de son plan : isoler politiquement le président Arbenz.

A la fin octobre 1953 a commencé le complot pour l’isoler, la CIA a envoyé au Guatemala le diplomate étasunien John Peurifoy. PK : « L’ambassadeur Peurifoy fut choisi avec soin pour sa personnalité arrogante et son opposition frontale au communisme. » Son travail consiste à augmenter la pression contre le Président Arbenz. STS : « Peurifoy était très ostentatoire, il portait des chapeaux Borsalino ornés de plumes. Il portait toujours un pistolet dans ses fontes. » Sa première attaque contre Arbenz eut lieu seulement une semaine plus tard quand il est invité à se réunir avec le Président du pays. PK : «Cela devait être une scène extraordinaire. La seule chose que fit Peurifoy, c’est de critiquer la présence de communistes dans son gouvernement. » STS : « On peut dire que cela servirait comme indicateur de comportement de Peurifoy pour l’avenir. »

Un des premiers travaux de Peurifoy fut de créer une délégation secrète de la CIA dans la ville de Guatemala. Mais où un ambassadeur pouvait-il établir un centre d’Opérations sans être découvert par le gouvernement ? Dans l’ambassade des USA, bien sûr, où lui-même travaillait. STS : « Elle occupa un étage entier de l’ambassade pour se charger de toute la planification interne nécessaire pour parvenir à leur objectif final qui était de se défaire de Jacobo Arbenz.  C’était une zone de l’ambassade dont l’unique fonction était de travailler pour renverser le Président Arbenz. On peut imaginer, les cartes, les chaînes de commandement, les personnes à contacter, la planification de différentes tactiques qui vont être utilisées, un ensemble de choses destinées à chercher comment parvenir à mettre en déroute ce gouvernement. »

Une fois établie la base de la CIA dans l’ambassade, Peurefoy commence a repérer quels membres de l’élite guatémaltèque sont susceptibles de se retourner contre leur propre gouvernement. Une des choses qui se fit depuis l’ambassade des USA fut de payer des officiers de l’armée pour qu’ils désertent. Ce fut une opération cruciale, vu que les planificateurs de la CIA pensaient que s’il parvenaient à influencer l’armée, ce serait la fin d’Arbenz. Arbenz la considérait comme une défense inexpugnable et ce fut compliqué de découvrir par quel moyen l’annihiler.. Beaucoup de temps fut nécessaire pour convaincre des officiers de déserter contre des payements en effectif. De fait, à un moment une personne offrit de l’argent à Arbenz lui-même pour qu’il abandonne le pouvoir. Naturellement il jeta cette personne hors de son bureau pour le lui avoir simplement suggéré. Ils essayèrent d’éliminer tous ses soutiens dans l’armée pour l’affaiblir, pratiquement jusqu’au point où elle ne serve plus à défendre Arbenz. »

Pendant que Peurifoy essaye de gagner l’ennemi depuis l’intérieur du Guatemala, la CIA cherche aussi dans le reste du monde des manières de saper le pouvoir d’Arbenz. La CIA a besoin d’un grand événement, un accident politique tellement grave qu’il permette aux USA de déchaîner une grande campagne politique contre Arbenz. STS : « Ils cherchaient quelque chose qui justifie ce qu’ils étaient sur le point de faire et ils le rencontreront par surprise. » Le coup de chance de la CIA ne s’est pas produit au Guatemala, sinon à 10 000 kilomètres de là dans un pays communiste de l’Europe de l’Est. 

1954 Guatemala : Modèle pour les guerres psychologiques de la CIA

Le 17 avril 1954, Szczecin, Pologne

Un espion de la CIA en Pologne découvrit un chargement suspect sur un bateau, le Afhelm. STS : « Ils se rendirent compte que ce bateau avait certaines caractéristiques inhabituelles, qu’il pouvait transporter des armes. » L’espion informa la CIA au sujet du Afhelm, averti qu’il était possible qu’il se rende en Amérique. La CIA surveilla le trajet du Afhelm. alors qu’il se dirigeait vers les Caraïbes. Elle contrôle le voyage du Afhelm qui passa par l’Afrique avant de se diriger vers Antilles Hollandaises. Au bout de trois semaines, soudain il vira vers le sud. Pour leur surprise, et satisfaction, sa destination était Porto Barrios au Guatemala.

Porto Barrios, Guatemala 17 mai

Quatre semaines plus tard quand le Afhelm aborde, la CIA obtient de son chargement toutes les preuves dont elle a besoin : au total ce sont deux tonnes d’armes légères comme des fusils, des mitrailleuses et des mortiers. STS : « Obtenir une preuve que les communistes étaient infiltrés au Guatemala fut une justification pour l’envahir. » Eisenhower dispose de toutes les munitions diplomatiques dont il a besoin pour déchaîner une campagne politique contre Arbenz. En réponse au chargement d’armes, il envoie des navires, des avions et des sous-marins de l’armée pour patrouiller près des côtes du Guatemala. STS : « Il utilisa tout son arsenal pour mettre en déroute le gouvernement du Guatemala. Eisenhower était décidé à y parvenir. » Arbenz peut seulement être témoin avec horreur de la manière dont son pays est étranglé par un blocus naval. Lui et ses généraux se demandent si les USA pourraient envahir leur pays .

PK : « A ce moment, Arbenz compris qu’une grande campagne avait été organisée à son encontre. Alarmé par la démonstration de force de Washington, » Arbenz tente une conciliation politique avec les Washington. Il envoie son Ministre des relations extérieures à se réunir avec Peurifoy pour voir s’il pourrait obtenir une trêve. Mais la dernière chose que voulait la CIA à ce moment, c’est d’une trêve. L’opération PBSUCCESS a un unique objectif, un changement de régime.

 

15 juin 1954. L’armée rebelle formée de 500 hommes est transportée vers des bases offensives plus avancées, près de la frontière du Guatemala. Les troupes sont déployées en cinq points offensifs au large de la frontière orientale du Guatemala. En la divisant en 5, la CIA espère créer l’illusion d’une armée beaucoup plus grande qu’elle ne l’est réellement. ‘STS : « Ils voulaient faire croire qu’il s’agissait d’une attaque à grande échelle depuis la côte du Pacifique, de l’Atlantique et des pays voisins qui détruirait toute les défenses du Guatemala et qui permettrait à Castillo Maras de s’emparer du pouvoir. « Pour appuyer l’invasion terrestre, la CIA fait voler une douzaine d’avions jusqu’aux premières lignes. Ils furent piloté par des pilotes des forces aériennes des USA qui n’ont pas été identifiés jusqu’ici.

KO : « Depuis la perspective de la psychologie militaire, l’usage d’avions sera terriblement important. » Les avions n’appuieront pas seulement les troupes, ils joueront aussi un rôle psychologique clé, déjà parce qu’ils intensifieront l’illusion d’une grande invasion. Avec le soutien aérien préparé et l’armée en place, prête à agir, la CIA prend contact avec le leader des rebelles Guatémaltèques, Castillo Armas et donne le feu vert pour l’invasion. DM : « Beaucoup de choses étaient en jeu et on ne pouvait pas se permettre que cela se passe mal. »

1954 Guatemala : Modèle pour les guerres psychologiques de la CIA

18 juin 1954, le coup d’état commence

Aux dernières heures du jour, le leader du putsch Castillo Armas se trouve sur une route écartée tout près de la frontière du Guatemala, il dirige un groupe formé par 120 des 500 soldats qui forment le contingent oriental de l’invasion. Si tout se déroule comme prévu, d’ici quelques jours il sera le prochain président du Guatemala.  En s’approchant de la frontière, ils virent qu’il y avait 2 gardes. L’un deux est un fonctionnaire des douanes. Il est rapidement abattu. DM : «  C’est le premier coup de feu du coup d’état. » A partir de là, c’est le chaos. Le second tombe mort pendant que le convoi traverse la frontière du Guatemala. DM : « Le plan est de continuer en avançant à pieds. La CIA a opté pour une attaque de guérilla pour occulter le véritable nombre des soldats. Plus de temps il serait possible de faire croire à l’armée qu’elle était confrontée à des milliers de personnes, plus grand serait l’avantage. Les hommes de Armas avancent sur des terrains abrupts pendant 3 jours entiers. Il est difficile de s’orienter dans l’es épaisseurs de la forêt, surtout qu’il y avait des pluies torrentielles. »

Le troisième jour de l’invasion, ils parviennent à la petite ville de Kipulas. Après une brève bataille avec des policiers locaux, Castilla Armas obtient sa première victoire. STS :« Les habitants de Kipulas devaient être commotionnés de voir apparaître ces guérilleros sur la Grand Place. Quelques soldats fournirent des armes aux habitants du village, déconcertés, pour donner l’impression qu’ils s’étaient joints à Castillo Armas pour renverser Arbenz. »

Pendant ce temps, 100 kilomètres au Nord de la position de Armas, le second contingent de l’invasion croisait la frontière.A Gualán, ils se heurtèrent à une garnison de l’armée. Gualán, ouest du Guatemala. C’est la bataille la plus sanglante de l’invasion jusque-là, elle va durer 36 heures. C’est la première grande épreuve pour les mercenaires de la CIA entraînés par Rip Robertson. DM :« Ou tu les tues, ou ils essayeront de te tuer, c’était une question de vie ou de mort. » Mais la situation va empirer. L’un après l’autre, les « rebelles » commencent à fuir. Quand les soldats restants se rendent compte de ce qui se passe, aucun d’entre eux ne veut être capturé et accusé de trahison. DM : « A voir fuir 2, 3, 5, 6 personnes ils commencent à penser que c’est peut-être la meilleure option. C’est le genre de problème qui surgit avec une armée irrégulière. » Finalement quasi toute la deuxième colonne fuit et retourne vers la frontière. C’est le premier grand revers pour l’armée « rebelle ». Beaucoup de ses soldats ont été blessés ou sont morts.

A Washington. La situation est sur le point d’empirer. Le plan était d’augmenter la pression sur le Président du Guatemala dans le champ diplomatique. Mais les leaders mondiaux ont des soupçons sur l’attitude des USA. StS : « Le gouvernement dArbenz décide de recourir à diverses organismes internationaux en quête de protection. Le premier fut l’ONU, le second fut l’Organisation des États Américains (OEA). »

Extrait d’infos :« A Caracas, la dixième Interaméricaine écoute Toriello, ministre des relations extérieures du Guatemala, cible d’une résolution des USA... »

Les Nations Unies vont jusqu’à mettre en place une équipe d’investigation pour analyser l’invasion. Le complot de la CIA court le risque d’être découvert, et les responsables de l’Opération PBSUCCESS disposent de peu de temps pour éviter que cela se transforme en un coup d’état manqué qui aura coûté des millions de dollars et une humiliation internationale.

Au Guatemala, la phase suivante de l’opération va de mal en pis. Le troisième détachement de l’invasion qui est parti du Salvador ne parvient même pas à pénétrer au Guatemala. 60 »rebelles » sont détenus alors qu’ils tentent de croiser la frontière. Le quatrième détachement, chargé d’attaquer Puerto Barrios au Nord du pays est mis en déroute par des travailleurs portuaires armés.

KO : « La situation paraissait chaque fois pire ». Et ce ne sont pas les seules mauvaises nouvelles que reçoit la CIA : les attaques aériennes ne parviennent pas non plus à atteindre leurs objectifs. Quasi tous les avions de combat sont immobilisés par des avaries mécaniques, StS : « L’attaque aérienne est réduite de 50 ou 60 % avec pour conséquence que l’armée d’invasion a perdu presque tout son appui aérien. Et la CIA est préoccupée à l’idée qu’elle ne soit pas capable de gagner sans cette démonstration de force. Le vital appui aérien reste au sol et le « soulèvement armé » a seulement réussi à pénétrer de 10km dans le pays. Toute l’opération est suspendue à un fil. PK : « Seuls les hauts dirigeants de la CIA savaient à quel point l’opération était sur le point de se solder par un échec. »

23 juin 1954. KO : « Peu après avoir lancé l’attaque, la CIA reçoit des services d’intelligence un rapport secret. (à présent déclassifié) qui disait : nous ne savons pas comment tout cela va se terminer. Si l’armée reste fidèle à Arbenz, tout est perdu. Mais si elle se retourne contre lui nous aurons des chances de gagner. »

L’opération approche d’un point critique et Allen Dulles, directeur de la CIA tient avec le président une réunion secrète d’urgence. Le président est surpris par l’échec des opérations militaires. StS :  « Eisenhower est déconcerté vu qu’il pensait que tout s’était déroulé selon les plans de la CIA ». Dulles lui dit d’emblée que l’unique option pour renverser la catastrophique invasion, c’est que le président autorise l’envoi d’un petit contingent des meilleurs avions des USA. Le président lui demande : « Nous pouvons vraiment gagner si je te donne deux avions supplémentaires ? » Dulles répond : « Je crois que nous aurions 20 % de probabilité de gagner. » Après quelques secondes, Eisenhower, lui dit : C’est bon, je te les donnerai. »

Les archives déclassifiées révèlent que le président accorda à Dulles deux nouveaux chasseurs bombardiers F47 d’une valeur de 250 000 $. Le F47 Thunderbold sera sans doute le meilleur avion de combat en Amérique Centrale à ce moment. La CIA est préoccupée par l’idée que quelqu’un puisse découvrir l’implication des USA et fait retirer les insignes étasuniens des avions qui volent illégalement jusqu’en Amérique Centrale. KO : « Ils avaient la sensation que tout cela pouvait mal finir, mais il fallait le tenter de toute façon » Même s’il parait peu probable que les F47 puissent changer le déroulement de l’invasion.

1954 Guatemala : Modèle pour les guerres psychologiques de la CIA

La CIA garde un as dans sa manche : LA GUERRE PSYCHOLOGIQUE.

STS : « Dans l’opération PBSUCCESS, tout se fonde sur des illusions. « Il s’agit de faire croire au peuple guatémaltèque qu’une énorme armée « rebelle » est sur le point de s’emparer du pays. La CIA augmente la fréquence des émissions de « Radio Libération » qui commence à émettre en permanence des bulletins qui annoncent une invasion dévastatrice. KO : « C’est une succession d’histoires des victoires des « rebelles », il est question de voies ferrées bombardées, de dépôts d’aliments sabotés… mais la réalité est complètement différente. L’armée de Armas est à des centaines de kilomètres de distance. »

L’objectif suivant de la CIA, c’est l’armée guatémaltèque. KO : « La CIA et l’Opération Sherwood obtinrent une grande victoire quand un colonel qui avait commandé les forces aériennes guatémaltèques déserta, croisa la frontière pilotant son avion privé et se rendit à la CIA. » David Atlee Phillips qui avait été responsable de la campagne de radio voulait que le Colonel annonce sa désertion en direct, mais celui-ci s’y refuse. KO : « Phillips feignit d’accepter son refus et lui servit un whisky et puis un autre, jusqu’à laisser le bonhomme à moitié saoul. Le colonel était toujours d’avantage en état d’ébriété. Phillips usa un magnétophone pour enregistrer le récit de sa désertion sans qu’il s’en rende compte et dès qu’il put, Phillips édita l’enregistrement et le diffusa. »

Non seulement les autres officiers de la force aérienne écoutèrent l’enregistrement ; le Président Arbenz l’entendit aussi. Il ordonna immédiatement que les forces aériennes guatémaltèques restent au sol de peur que d’autres officiers décident de déserter. KO : « Ce fut un grand triomphe de l’Opération Sherwood. Et ils continueront à utiliser des trucs de ce style. Chaque fois plus et encore plus trompeurs. Il utilisa un truc ingénieux pour gagner de la crédibilité auprès des auditeurs. Il feignit une attaque de l’émetteur. Ceux qui étaient en syntonie avec la radio, écoutaient une émission normale et d’un moment à l’autre, ils entendirent des cris, des gémissements, des enfants qui pleuraient et d’un coup, l’émission fut coupée. Le silence se fit. » Mais tout était une tromperie pour faire croire par la suite aux auditeurs que la radio a réussi à recommencer à émettre  KO [en pleine jubilation ! NdT] : « Le jour suivant la radio recommença à émettre avec un ton triomphal, comme pour dire, nous sommes de retour. »

23 juin 1954, Guatemala City... « une des expériences les plus terrifiantes que puisse souffrir une personne sur cette terre »

La nouvelle tromperie se produisit quand les deux nouveaux F47 arrivèrent au Guatemala. Six jours après le début de l’invasion l’attaque aérienne commence. EaM :« Jamais encore on avait vu des F47 attaquer une ville en volant à basse altitude et de manière aussi agressive ». Mario : « Quand nous avons entendu les avions, ma mère s’effraya très fort. Ce fut très compliqué, ce moment. Nous n’avions encore jamais vécu de guerre nous autres ». L’attaque aérienne est tellement impactante que les guatémaltèques inventent un surnom tout à fait approprié pour les bombes : « Sulfatos ». EaM : « Sulfato était le terme utilisé pour faire référence à un laxatif, un truc qui t’envoie aux toilettes. C’était cela l’effet que les bombes produisaient sur la population du Guatemala . Et après les bombes, les mitrailleuses. C’est sans doute une des expériences les plus terrifiantes que puisse souffrir une personne sur cette terre. Imagine un avion qui fait un bruit effrayant duquel il semble impossible de s’éloigner, qui vient directement sur toi, avec ses armes étincelant sur ses ailes » Mario : « Cela sème la panique, c’est quelque chose de très épouvantable. Ce n’est pas la peur… normale, c’est de l’épouvante».

KO : « Imagine une scène comme celle-là au Guatemala, un pays qui n’avait jamais expérimenté des bombardements terrifiants. Soudain surgit un avion qui vole très bas, avec les moteurs qui rugissent, laissant tomber des explosifs et tu entends près de toi un bruit horrible. »

Malgré la terreur produite, les archives déclassifiées de la CIA révèlent quelque chose de surprenant : (Eam) : « Je ne crois pas qu’ils prétendaient causer un grand dommage. S’il avaient voulu utiliser les F47 pour lancer une attaque aérienne dévastatrice, ils auraient utiliser les bombes de 227kg pour lesquelles ils ont été conçus, mais ils ne le firent pas. Ce type de F47 peut transporter 3 bombes de 227 kilos, ils auraient pu causer beaucoup plus de dommages avec celles-là. » De fait les dommages furent plus apparents que réels [sic Et les chocs post-traumatiques comme on les appelle à présent ? NdT], selon les rapports il n’y a pas eu une seule mort, et il n’y a pas une seule bombe vraiment puissante qui a été lancé pendant l’attaque. KO : « La vérité que que pendant certaines attaques ils larguèrent aussi des bouteilles de coca cola depuis les avions parce que l’explosion du verre produit une forte explosion. »

Tout cela fait partie de l’Opération Psychologique. L’objectif de l’attaque aérienne n’est pas de tuer, mais de semer le chaos et la terreur parmi la population guatémaltèque. KO : « Ils laissèrent tomber une bombe, une bombe énorme, qui en réalité n’était pas un artefact explosif mais qui projeta un immense nuage noir sur la ville donnant l’impression que quelque chose d’horrible s’était produit. » La bombe de fumée donna l’impression aux guatémaltèques qu’ils avaient subit une attaque directe. Mario: « C’est quand nous avons vu qu’il y avait de la fumée noire… en... en un lieu de la capitale... ». Les tactiques psychologiques de la CIA vont toutefois encore plus loin. KO : « Ils utilisèrent un autre truc propre aux opérations sous couverture : répliquer le son d’un bombardier. » Ils installèrent dans l’ambassade de la ville de Guatemala des énormes hauts parleurs qui reproduisirent le bruit d’un bombardement et du vol d’avions à réaction pour causer de la terreur chez la population. Mario : « Ce que raconte les personne âgées, c’est qu’ils allaient tuer beaucoup de gens et qu’il valait mieux ne pas participer d’avantage à la défense du gouvernement. »

Une invasion qui en réalité n’existe pas !

Alors que l’offensive psychologique avait commencé à produire des résultats, l’armée « rebelle » avait été réduite à une poignée de désespérés qui n’avaient pas pénétrés de plus de 10km dans le pays. Et Arbenz était toujours au pouvoir. La CIA était sur le point de faire une découverte inespérée, une lumière qui transformerait sa défaite en immense victoire.

KO : « Juste à ce moment critique, Phillips recourut à ce qu’il a appelé son meilleur et plus important mensonge ». Son plus grand et plus important mensonge, c’est la dernière phase des fausses émissions de radio pour donner une version totalement inventée de l’invasion. KO : « D’une certaine manière, il y avait deux invasions. D’un côté la vraie qui consistait en une force d’invasion infime avec ses effectifs réduits de moitié. Et d’un autre côté, la situation inventée par « radio libération «  qui suggérait que les troupes avançaient sans rencontrer d’obstacles. »

Les émissions de radio de la CIA parlent d’une victoire après l’autre ; une invasion qui en réalité n’existe pas. KO : « Ils disaient que les forces rebelles avançaient sur la capitale, que l’invasion était un succès, que le soulèvement était en marche. C’était une histoire après l’autre sur l’inévitable victoire des forces « rebelles ». Le plus grand mensonge de tous arriva quand la radio annonça que des milliers et des milliers de soldats s’approchaient de la ville de Guatemala. Sts : « Le mensonge, c’était ces deux colonnes de l’armée qui marchaient sur la capitale prêtes à s’en emparer ». La mise sur le grand mensonge porta ses fruits. Des milliers de Guatémaltèques fuirent la ville, la circulation était bloquée, la ville se paralysa petit à petit. Tmario : « Et les gens s’enfuirent à la périphérie de la ville. Les familles furent évacuées ».

Le moment critique du grand mensonge, fut quand les hauts commandements tournèrent le dos au Président du Guatemala. KO : « Le grand moment de l’opération psychologique sous couverture arriva quand plusieurs colonels de l’armée firent clairement savoir à Arbenz qu’ils ne resteraient pas à ses côtés. Basiquement, ils lui dirent : « Toi et tes amis communistes, tu nous a crée des problèmes avec les étasuniens, maintenant tu dois démissionner. ». L’un après les autres les officier qui entourent Arbenz s’éloignent d’un président toujours plus isolé. KO : « Imaginez un colonel de l’armée du Guatemala écoutant les nouvelles sur ces opérations militaires, et se demandant : Où est-ce que je vais finir quand la situation se calmera ? » La pression sur Arbenz, politiquement isolé, atteint de grandes dimensions. Non seulement se redoute la déroute par les armes, existe également l’effrayante possibilité que ce soit les USA qui soient derrière tout ça. PK [en pleine jubilation à son tour NdT]: « La question n’était pas de savoir s’il luttait contre Castillo Armas et ses hommes, mais si c’était les États-Unis qui s’apprêtaient à envahir le pays et qu’il faudrait affronter. »

STS : « Arbenz était assis dans le bureau présidentiel, déconcerté et sans savoir ce qu’il devait faire. Il s’était écroulé intérieurement. La CIA avait réussi à le miner, et cela fut réellement la fin de son mandat. ». Avec le commandement de l’armée contre lui, Arbenz démissionne le 27 juin.

StS : « Il n’a pas pu le supporter, les pressions  psychologiques étaient trop grandes»

 

Épilogue

Dix jours plus tard, Castillo Armas prête serment comme nouveau président du Guatemala. Le colonel exilé,, qui il y a un peu plus d’une semaine était une figure presque inconnue au Guatemala, s’est transformée en la personne la plus puissante du pays. A Washington, l’Opération PBSUCCESS est considérée comme une énorme victoire. KO : « Selon tous les paramètres s’est une opération qui n’aurait pas du bien se terminer. Ce fut possible grâce à l’audace, la volonté et d’une certaine manière à un absurde manque de prudence. »

STS : « L’opération PBSUCCESS fut une tromperie brillante. Une des grande conquêtes parmi les tromperies logistiques réalisées par la CIA. »

L’opération PBSUCCESS démontra que la guerre psychologique pouvait être utilisée comme une arme létale et efficace. Elle trompa un pays entier et réussi à renverser un président. Au sein de la CIA, PBSUCCESS se convertit en un modèle pour les changements de régimes dans le monde entier

 

Moralité (de la traductrice)

Il est dangereux pour un gouvernement de défier les transnationales.

Dans la doctrine de sécurité des USA, qui leur permet à leurs yeux d’intervenir comme bon leur semble contre tout qui à leurs yeux présente une menace pour les intérêts de la sécurité des USA, il faut entendre USA non un territoire habité par des personnes, mais comme une entité qui réunit les Corporations qui se sont emparées du pouvoir et ceux qui les servent. L’avenir l’a confirmé, les fabuleux bénéfices de la United Fruit, obtenus grâce au travail esclavagiste, n’étaient pas destiné à faire le bien de la population des États-Unis, un pays où actuellement des dizaines de millions de personnes crèvent dans la misère et un adulte sur cent croupit en prison. 69 ans nous séparent de ce premier coup d’état d’une longue série ininterrompue de coup d’états en Amérique Latine, toujours pour les mêmes raisons. Il y a 69 ans au Guatemala ressemble beaucoup trop à hier en Bolivie

 

Anne Wolff, traduction du documentaire La CIA al Descubierto: GUATEMALA

 

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18 novembre 2019 1 18 /11 /novembre /2019 22:22

Publiée il y a quelques heures, une vidéo d’un des derniers journalistes de la presse internationale encore sur le terrain en Bolivie. Le gouvernement de fait a expulsé par la force et la menace tous les correspondants qui filmaient la réalité de terrain avant de publier un décret qui exempte les forces de l’ordre de toute responsabilité pénale dans leur tâche de répression. Un droit de tuer. Loin des yeux du public. A présent l’armée utilise des balles réelles et les morts se multiplient.

Des heures dramatiques

Comme je le disais hier, Esteban Trebucq journaliste de la chaîne argentine Crónica TV, qui a parcouru le pays et se trouve actuellement à Cochabamba, affirme que la question principale aujourd’hui en Bolivie est une question raciale, la chronique d’un massacre en cours à côté de quoi la question d’Evo devient secondaire. La chronique d’un ethnocide annoncé.

Il va nous montrer les balles qu’utilise l’armée contre le peuple. Dans les images qui accompagnent son témoignage on voit comment les militaires gazent les indigènes lors de l’enterrement collectif de victimes de la répression. Sur d’autres vidéos, nous voyons comment les soldats après avoir regroupé des indigènes les forcent à se mettre à genou.

D’après Esteban, forcer les indigènes à se mettre à genou, en particulier les femmes, est une des méthodes utilisées par l’armée pour intimider et humilier les indigènes, les soumettre par la terreur, les renvoyer au néant de misère dont selon, les racistes minoritaires – et fanatiques religieux diaboliques - qui ont pris le pouvoir, ils n’auraient jamais du sortir. Un des buts de cette terreur est de forcer à l’exil les sympathisants d’Evo Morales et autres militants de la souveraineté populaire, comme le déclare un des membre du gouvernement de fait.

Une discussion avec un intervenant séditieux en studio qui veut absolument attribuer à Evo la culpabilité du massacre actuel perturbe le fil d’info de la vidéo.

Esteban fait remarquer à son interlocuteur qui voudrait faire d’Evo la cause première du massacre, que quand bien même Evo aurait envoyé les troupes réprimer l’opposition, cela ne justifie en rien les massacres actuels. Dans l’aveuglement de la communauté internationale. Et ce qu’oublie de dire cet intervenant, c’est qu’alors que la majorité des marches indigènes sont pacifiques, les groupes dirigés par Camacho auquel devait s’affronter le gouvernement d’Evo, sont des groupes paramilitaires d’extrême-droite qui ont été entraîné pour semer la sédition violente dans le pays. Mais cela j’en parlerai par la suite. Sans écouter ce que dit le journaliste, l’intervenant refuse de comprendre que les manifestations actuelles dépassent de loin la question d’Evo Morales, que parmi ceux qui se lèvent aujourd’hui se retrouvent des opposants de Morales, qui sont les premiers surpris d’avoir été manipulés et utilisés par les groupements d’extrême-droite raciste minoritaires qui ont pris le pouvoir. Qui comprennent qu’ils ont ouvert les portes du palais présidentiel à ceux qui pendant des siècles les avaient maintenus sous le joug de la domination coloniale. Et voudraient les soumettre à nouveau à leur suprémaciste domination.

Il explique aussi, que seule équipe internationale sur le terrain ils ont droit à une ovation populaire. Je vous disais hier que de tout le pays montent les appels désespérés de ceux qui voient leur proches assassinés loin des yeux du « grand public ». Le métier de journaliste est devenu un métier dangereux, j’ai vu comment les équipes de journalistes arrivaient à l’Ambassade d’Argentine dans un état de stress profond après avoir été agressées dans leur travail par des suppôt des nouvelles « autorités » du pays, alors que des militaires gazent volontairement des journalistes sur le terrain. Lors du coup d’état au Honduras, les troupes avaient encerclé l’hôtel qui hébergeaient les journalistes avant de les escorter pour une évacuation hors du pays. Comme c’est le cas aujourd’hui en Bolivie, certains étaient revenus clandestinement dans le pays à leur risque et péril pour continuer leur travail, sans caméras, avec des téléphones cellulaires afin de filmer discrètement. Mais de très loin, le niveau de violence contre les journalistes au Honduras n’atteignaient pas ce qu’on a pu voir ces jours-ci en Bolivie, une violence organisée et encouragée par le gouvernement de fait. Il n’y avait pas non plus l’utilisation des réseaux sociaux faite en Bolivie pour les désigner comme cibles de la violence des partisans du gouvernement putschiste.

Dans tout le pays, les arrestations se sont multipliées. Comme pour les chiffres des morts : 23, des blessés :700 et quelques,  donnés par l’officialisme usurpateur semblent de loin inférieurs à ceux que laissent présager les témoignages sur le terrain. On ignore également le nombre réel d'arrestations. Aucune raison n’a été donnée par les putschistes pour justifier les détentions et les détenus sont maintenus au secret… je n’ai aucun doute quand à l’existence des mauvais traitements et tortures auxquels doivent être soumis les prisonniers, ni quand au fait que les disparitions forcées figureront au triste bilan de ce coup d’état. J’aimerais me tromper, mais toute l’expérience historique nous indique que c’est sans doute ce qui se passe aujourd’hui en Bolivie, et dans une moindre mesure au Chili où la haine des communistes et des populations natives mapuches est une caractéristique de force de répression marquées par le Pinochétisme. Depuis trop d’années, je vois se rassembler tous les indices d’un racisme blancoïde en Amérique Latine, depuis les commentaires des Sifrinos du Venezuela, qui veulent renvoyer les « crapauds », les indigènes et métisses à la soumission dont ils n’auraient jamais du sortir, aux partisans de Bolsonaro au Brésil et à ceux de Camacho, en Bolivie et quelques émules de Miami qui appellent ouvertement à la « Solution finale de la question indigène », leur élimination physique ou leur intégration forcée.

L’intervenant dans le studio en Argentine essaye de justifier la tuerie en argumentant que si l’armée et la police ne tuent pas, elles se feront agresser… On voit le journaliste atterré, il répond qu’il est témoin de ce qui se passe, que les manifestants arrivent désarmés à l’entrée des villes, qu’ils portent des bannières indigènes et des drapeaux blancs… « Ils n’ont pas d’armes, la majorité sont des femmes. Les femmes, ils les forcent à se mettre à genou. Il les frappent ». On voit des militaires donner des coups de pieds aux manifestants au sol.

C’est une image récurrente que l’ont retrouve dans plusieurs vidéos qui ont filtré : c’est au sens propre du terme que le gouvernement de fait oblige la population indigène à se mettre à genou. Depuis les hélicoptères les militaires tirent sur la foule. Le nouveau ministre Arturo Murillo annonce qu’une chasse aux principaux partisans d’Evo est ouverte dont beaucoup sont déjà emprisonnés ou en arrêt domiciliaire.

La désinformation contre laquelle je veux lutter ici : ce ne sont pas seulement les partisans d’Evo qui manifestent en réclamant la démission du gouvernement de fait, mais l’ensemble des populations indigènes en lutte pour leur droit à une vie digne que leur refuse les nouvelles autorités du pays. Et si je parle d’un fanatisme religieux diabolique, ce n’est pas que je crois au diable de la mythologie chrétienne, mais bien à celui que des hommes font exister quand il massacrent leur prochain au nom du Christ et d’une idéologie obscurantiste de chasse aux sorcières. Qualifier la spiritualité indigène de satanisme comme il le font et pratiquer des rites d’exorcisme pour purifier le pays de la sorcellerie de la Pachamama, encourager le meurtre et la répression féroce des populations natives, cela oui, c’est diabolique et me fait froid dans le dos.

Anne W

Quelques courtes vidéos illustratives depuis Noticias Bolivia.

A Cochabamba l'armée met les indigènes à genou. 17 11 2019

Veillée des morts de la répression à Cochabamba 17 11 2017

Dénonciation du gazage par les forces de l 'Ordre de la marche de deuil à El Chapare

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18 novembre 2019 1 18 /11 /novembre /2019 02:16

Dans des immenses Cabildo (réunion politiques) dans tout le pays la résistance des peuples originaires s'organise.

L’usurpatrice de la présidence de Bolivie a émis un décret qui exempte les Forces de l’Ordre d’assumer la responsabilité des conséquences de leurs actes pendant la répression. Qui se déchaîne.

Usurpatrice, parce que alors qu’elle ne représente qu’un faible pourcentage, et qu’elle n’est là officiellement que pour assurer la transition et organiser dans un délai de 90 jours de nouvelles élections, elle prend des décisions qui engagent l’avenir du pays.

La « ministre » des communication a déclaré que les journalistes gênants seraient accusés de sédition. Une annonce très vite mise en pratique contre plusieurs équipes de journalistes de télévision argentine qui ont depuis été évacuées. Des gens qui faisaient simplement leur métier : filmer et rendre compte des réalités de terrain. Mais dit l’un d’entre eux « Ce qui me fait peur ce n’est pas un procès pour sédition, cela ne tient pas la route. » Il explique que ce qui lui fait peur ce sont les attaques que plusieurs équipes ont subit dans la rue. Ils avaient été désignés dans les réseaux sociaux, avec leur photo, comme des fomenteurs de violence, des cibles à abattre.

Si certains pro-gouvernements les attaquaient avec parfois une grande violence, d’autres parts des gens humbles leurs demandaient de rester : « Il n’y a personne pour montrer ce qui nous arrive, ils nous tuent. Il faut le faire savoir dans le monde entier ».

Ce qui domine aujourd’hui dans les manifestations des peuples indigènes, c’est la colère face à l’humiliation : le racisme affiché du nouveau pouvoir, qui brûle et piétine leurs symboles comme leur bannière, la Whipala ; se moque des polleras, jupes traditionnelles des femmes ou pratique des rituels collectifs d’exorcisme des sorcelleries sataniques indigène : la spiritualité de la pachamama d’après ces « amoureux » du Christ. C’est vraiment effrayant, dans ce contexte, cela apparaît plus que comme un droit, comme un devoir d’éliminer le Mal et ceux qui l’incarnent.

Alors ce qui mobilisent les personnes originaires aujourd’hui va bien plus loin que la question d’Evo président ou non, parmi les manifestants se rejoignent des natifs partisans d’Evo et d’autres qui ne le sont pas, unis par une même colère, une même volonté, celle de ne pas être renvoyés dans l’indignité d’une sous-humanisation dont ils ont trop longtemps soufferts. Et une même douleur, un couteau tourné dans les plaies non cicatrisées de la domination coloniale. Et c’est terrible de voir que nous en sommes là en plein 21ème siècle.

Plus bas, vous verrez comment un groupe d’indigènes de Cochabamba qui menaient une marche pacifique pour demander la démission du pseudo-gouvernement se se sont vu refuser l’entrée de la ville par l’armée. Ils évacuent les morts et les blessés… les chiffres officiels parlent de 10 morts pour les manifestations d’hier, de centaines de blessés et d’un nombre indéterminé d’arrestations. Les manifestants transportent leurs morts et leurs blessés dans l’attente d’une ambulance qui n’en finit pas d’arriver. Une pénurie d’essence généralisée laisse les villes sans approvisionnement et les vivre commencent à manquer.

Sur le site Noticias Bolivia vous pourrez trouver  des courtes vidéos qui donnent une idée de la situation. Les images parfois disent plus que les mots.

Anne W

PS, je vous renvoie à un texte qui m’a été signalé par un lecteur Pachamama est enceinte mais porte l’antichrist pour détruire les sacrements et retourner à l’idolâtrie et à la superstition, je ne sais pas trop qui sont ces catholiques du Salon Beige en lien avec l’extrême-droite, mais cela nous montre que l’Europe aussi est touchée et que ces fanatiques religieux ont des réseaux internationaux. Le pire c’est qu’il taxent les autres d’obscurantistes !

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17 novembre 2019 7 17 /11 /novembre /2019 05:24

Je suis en état de choc, j’ai passé la journée d’hier à chercher quelques documents fiables qui racontent ce qui de passe réellement en Bolivie. C’est de plus en plus difficile parce que les journalistes qui témoignaient de la répression se sont vu menacés et ont du fuir le pays. Comme lors du coup d’état au Honduras en 2009, la censure, les menaces de morts, les agressions, le menaces du nouvel officialisme, contre tout journaliste qui témoignait de la répression ont fait qu’il n’y a plus personne ou presque pour témoigner de ce qui est en réalité : un coup d’étatd’utra-droite et de fanatiques religieux, soutenu par les militaires. La vidéo que je vous présente ici a été diffusée par un journaliste mexicain Ruben Luengas de « Entre noticias » que je suis depuis plusieurs mois pour la qualité de son travail. Youtube lui a envoyé un message d’avertissement et de restriction pour le dissuader de la diffuser, Ruben Luengas s’indigne « Offensif, dit-il c’est ce que font les militaires aux indigènes, pas d’en informer. Voici ce que dit youtube à ce sujet : « Si une vidéo contient des sujets violents ou graphiques qui semblent avoir été diffusés avec des fins offensives, sensationnalistes ou irrespectueuses il est probable que youtube la retire pour ne pas publier des contenus qui incitent à des actes violents ou promeuvent des activités dangereuses . Nous révisons au cas par cas et admettons des exceptions à fins éducatives, artistique ou scientifiques... » C’est un reflet de la censure organisée pour occulter le coup d’état d’extrême-droite et de fanatisme religieux qui se déroule en Bolivie actuellement. A fin informatives et éducatives, je relaye ce contenu.

J’ai vu également beaucoup de gens qui ont manifesté contre la réélection d’Evo Morales qui sont atterrés parce qu’ils ont compris qu’ils ont été manipulés et que leur combat pour un changement de gouvernement a été confisqué par des fous dangereux. Plus de 10 000 personnes ont d’ores et déjà été arrêtées. Des lynchages de gens humbles, indigènes se multiplient pour créer dans le pays un climat de terreur et dissuader la population majoritairement indigène de résister. Alors que le MAS, le Mouvement pour le socialisme d’Evo Morales dispose de près des deux tiers des sièges du parlement, la présidente autoproclamée avec le soutien des militaires vient d’un parti d’extrême-droite qui dispose de 4 % des voix. C’est une constante, la même qu’on a pu voir en Ukraine avec Maiden, et dans les autres révolutions de couleurs : un réel mécontentement populaire se voit confisqué par des mouvements d’extrême-droite, alors que les leaders d’une réelle souveraineté populaire sont emprisonnés, quand ils ne sont pas assassinés par des francs tireurs et autres agents du système néolibéral qui dévoile ici sa nature fasciste.

Contenu de la vidéo :

Première partie une femme appelle à l’aide parce que le nouveau pouvoir tue et que la presse est absente. « Nous avons besoin d’aide, ils nous tuent de sang froid, ils tirent directement depuis les hélicoptères, ils veulent nous intimider. Nous avons besoin d’aide, s’il vous plaît » dit cette femme, alors que les avions militaires survolent les manifestations. Ensuite le journaliste qui a tourné la vidéo, avant de fuir le pays face aux menaces très concrètes de mort auxquelles sont équipe a été confrontée (récit sur Telefe), nous dit que sa peau est rouge à cause du soleil mais aussi des gaz lacrymogènes. Il explique avec beaucoup d’’émotion ici qu’il vont se réfugier dans un lieu sûr, mais ils seront dénoncés par des infiltrés et seront évacués dans une opération de sauvetage dont il dira que : « Cela ressemblait à un film d’action ». « C’est lamentable que pour dire la vérité tu doives t’enfuir comme un délinquant, ils nous qualifient de séditieux, accroche-toi Amérique Latine ». Après on voit la nouvelle ministre de communication qui dit que les journalistes coupables de sédition seront punis en fonction de la loi. En réalité, tout qui filme la réalité de la répression est considéré comme séditieux et voit son intégrité, voir sa vie mises en danger. Les uns après les autres, les journalistes quittent le pays et il est de plus en plus difficile d’obtenir des infos de terrain. Après à 2mn20 on voit comment sont arrêtés les opposants, Telefe donne le chiffre de 16 000 arrestation que je n’ai pu vérifier mais qui est plus que plausible.parce qu’il y a une arrestation systématique des opposants et qu’ils sont des millions. Dans la dernière partie, une femme dit que voilà ce que les médias ne montrent pas, comment ils sont massacrés. Les militaires ont voulu pénétrer dans sa maison où elle était là, simplement, en famille […] et ils disent : tuez-les, tuez-les… comme si nous autres ne valions rien. « C’est cela la démocratie pour Camacho, pour Mesa ? »

Les journalistes de Efe qui ont réalisé cette vidéo ont été menacés de mort avec la complicité de l’actuelle Ministre des Communication. Actuellement la censure est maximale en Bolivie et les quelques journalistes qui restaient sur le terrain ont du fuir ou se réfugier dans des ambassades.

Si un calme relatif est revenu à La Paz, dans d’autres régions du pays se déroulent des rafles d’opposants ou des meurtres de civils : la chasse aux indigènes est ouverte.

Chronique d’un ethnocide annoncé. Pendant la campagne de Bolsonaro au Brésil suivant un fil de discussion de l’extrême-droite sur le thème « Hitler était-il ou non socialiste », j’avais découvert le pire. Un autre fil de discussion dans lequel se distinguait l’extrême-droite de la Media Luna bolivienne, qui fut autrefois un des sites d’accueil de l’essaimage nazi de l’après-guerre.Dans ce fil il était question d’appliquer la solution finale à la question indigène en terminant l’extermination inachevée par la Conquista espagnole. Ce n’était pas deux trois commentaires anecdotiques, mais bien des dizaines par lesquels se renforçait la spirale de la haine.

Ainsi en écoutant les discours racisto-religieux du leader de la « société civile » en réalité de l’extrême-droite bolivienne, Camacho ou ceux de la pseudo-présidente, j’ai perçu les sinistres résonances qu’avait ce discours avec les fils de commentaires que j’avais pu lire quelques mois plus tôt.

Dans la vidéo qui suit, ce que je veux montrer, ce sont les premières secondes, le rituels pratiqué par les putschistes pour exorciser le Satan autrement dit la spiritualité indigène. « Le Christ est de retour au palais présidentiel et plus jamais la Pachamama n’y pénétrera », disent les putschistes.

Où on voit le rituel d'exorcisme religieux contre la spiritualité indigéne qualifiée de satanique pratiquée par ceux qui ont pris le pouvoir

Bolivie : la chasse aux indigènes est ouverte !

 

« […] nous allons finir de piquer ce maudit serpent […] La Conquista, la joie et la victoire aucun démon en va nous la prendre […] le seigneur nous a créé comme des guerriers […] et ce genre maudit va finir de tomber […] Shalom ”

Camacho, leader de la « Société civile » bolivienne

 

« Je rêve d’une Bolivie libre de rites sataniques indigènes, la ville n’est pas pour les indigènes, qu ‘ils aillent à l’Altiplano ou al Chaco. »

Jeanina Añez Chavez, présidente autoproclamée de Bolivie 2013

« La Bible est de retour au palais présidentiel »

Jeanina Añez Chavez, novembre 2019

 

Et tout est mis en œuvre pour que le massacre se passe loin des yeux de la « communauté internationale » et du grand public.

Alors oui, je relaie l’appel à l’aide des populations indigènes menacées d’ethnocide en Bolivie, alors que tous les journalistes qui voulaient témoigner ont du fuir le pays. Il n’est plus question de savoir si Evo a tort ou raison, il est question d’arrêter le retour des dictatures en Amérique Latine, et la montée mondiale de l’extrême-droite. 21 novembre grève générale en Colombie contre les méfaits du néolibéralisme, au Chili des forces de l’ordre Pinochétistes remettent en actions les vieilles pratiques de tortures et disparitions forcées, au Mexique une tentative de coup d’état se manifeste avec chaque jour plus de force, en Équateur la mobilisation est devenue permanente…

Et moi je ne peux pas dormir parce que je sais que ce qui se passe est gravissime et nous concerne tous

Anne Wolff

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3 juillet 2019 3 03 /07 /juillet /2019 12:13

 

 

De la banalisation de l'horreur

La traversée du Rio Bravo par les migrants, une tragédie quotidienne indéfiniment répétée.

Rien ne me met plus en rage, une rage douloureuse, que de voir comment les médias utilisent l’arbre pour cacher la forêt. Aujourd’hui le monde s’indigne parce qu’une petite fille salvadorienne est morte dans les bras son papa qui lui aussi a perdu la vie en tentant de la sauver des eaux traîtres du Rio Bravo.

 

Voici ce que vivent quotidiennement des centaines de familles qui se lancent dans la périlleuse traversée, alors même que la migra, déjà, veille sur l’autre bord, et cela dure depuis des années . Cette scène se reproduit tous les jours, plusieurs fois par jour, sans caméra pour témoigner, et nombreux sont ceux qui n’atteignent pas l’autre rive.

Et cela va continuer, cela se passe aujourd’hui, cela se passera demain,... mais les feux des médias éclaireront dorénavant d’autres sujets porteurs et les morts quotidiennes et atroces de milliers de migrants en route vers l’espoir, si ténu soit-il, sombrera à nouveau dans l’oubli.

 

 

Tout d’un coup toutes les caméras sont braquées sur les caravanes de migrants qui quittent massivement le Honduras, mais qui parle de ce goutte à goutte de migrants qui depuis des années, fuient le pays, et affrontent tous les risques d’un long voyage, dont aucun ne sortira indemne, comme en témoigne le récit de Maria Jose qui raconte l’enfer de son voyage depuis le Honduras jusqu’au USA, alors que bien plus tard, comme pour beaucoup d’autres migrants qui ont atteint le mythe étasunien, ses nuits sont hantées de cauchemars ?

Maria Jose : « […] les hôpitaux ce qu’ils font quand arrive un migrant, ils le tuent et ils vont l’enterrer comme x ou y dans les fosses pour ne pas subir d’enquête d’aucune sorte »

 

Combien de corps sans organes empilés dans des fosses resteront anonymes après avoir alimenté le trafic d’organes humains, devenu un des secteurs des plus lucratifs avec les trafics de drogues, d’armes et d’humains. Les pauvres devenant réserves d’organes pour les riches.

 

Des centaines de corps non identifiés s’accumulent dans les morgues des deux côtés de la frontière alors que des dizaines de milliers de familles du Honduras, du Salvador, du Guatemala cherchent, le plus souvent en vain, le proche qui a pris le chemin de l’exil et n’a plus jamais donné de nouvelles.

 

A l’époque j’écrivais :

Il y a aujourd’hui une sorte d’effet pervers de la normalité, comme quand à la fin de son récit Maria José dit que ces cauchemars et ces insomnies, finalement c’est normal, puisque la plupart des immigrants sans papier en souffrent. Normal est pris dans le sens d’acceptable puisque un grand nombre sont concernés. « Avoir des cauchemars après avoir traversé l’horreur, mais c’est normal ma p’tit dame, pas de quoi en faire un foin Tous les migrants vivent cela ». Banalisation et normalisation nous font à présent accepter l’inacceptable. J’ai remarqué cela en de multiples occasions. Il est devenu tout aussi anodin de dire, c’est normal, cela arrive tous les jours comme si la multiplication des faits les plus abominables, rendaient anodine, recevable, acceptable pour la conscience normale du citoyen lambda, une banalisation de l’horreur au quotidien.

 

Rien a changé.

 

Anne W

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27 juin 2019 4 27 /06 /juin /2019 14:47
Pour les Honduriens, le chemin de l'exil ?

Pour les Honduriens, le chemin de l'exil ?

Une hémorragie migratoire

La population du Honduras était évaluée à 9,2 millions d’habitants en 2017. Près de 70 % de la population est plongée dans la misère. Et la situation ne cesse d’empirer. Depuis le début de cette année 2019, jusqu’à fin mai 304 828 migrants honduriens – soit une moyenne de 1254 chaque jour et plus de 3,3 % de la population en 5 mois - ont été arrêtés par les Patrouilles Frontalières des USA, et il y a ceux qui ne se font pas prendre, ceux qui s’arrêtent ou disparaissent en chemin ou se rendent dans d’autres pays. Le flux migratoire vers l’Europe lui aussi s’intensifie (En Espagne, les habitants originaires du Honduras sont passé de 44 000 mi-2015 à 84 000 mi-2018, et le nombre des nouveaux arrivés suit une progression géométrique)… Si ce n’est pas une situation de crise qui demande un soutien de la communauté internationale et de l’opinion publique, je ne sais pas ce qu’il faudrait pour que se réveillent les consciences solidaires qui apporteraient leur appui à la transformation du pays, telle que la souhaite la population.

A l’échelle du Venezuela, cela ferait environ 1 millions de personnes qui auraient quitté le pays pendant la même période. Mais communauté internationale et opinion publique semblent plus sensibles aux exactions d’un « dictateur de gauche » qu’au régime de terreur imposé aux Honduriens depuis 10 ans par des dictateurs de droite, mis au pouvoir par un coup d’état organisé et pérennisé par les USA. Le Venezuela est omniprésent dans les médias, quoiqu’on pense par ailleurs de la situation au Venezuela, s’indigner pour ce qui s’y passe (ou non) et ne pas le faire, encore bien d’avantage, pour le calvaire que vivent les Honduriens dans leur pays, c’est soit de l’hypocrisie soit de la cécité politique.

La Doctora Figueroa actuelle figure de proue du mouvement

La Doctora Figueroa actuelle figure de proue du mouvement

« Nous n’avons pas peur, parce que en nous prenant tout, ils nous ont pris aussi la peur » Doctora Suyapa Figueroa

Depuis plusieurs semaines la population du Honduras est mobilisée, massivement, dans tout le pays. Encore une fois les médias montrent les quelques « fauteurs de troubles » qui pillent, agressent, incendient mais pas les milliers de mobilisation qui se multiplient dans les barrios des villes, dans les petites municipalités des campagnes jusque dans les fins fonds du pays… silence médiatique .

Pour vous donner une mesure de l’ampleur de ces mobilisations, une vidéo, d’une durée de 10 heures. Pendant que les caméras parcourent, un par un, les foyers de lutte qui se multiplient à travers le pays, le présentateur concentre et relaye les appels à rejoindre les points de concentration disséminés sur tout le territoire. Un général à la retraite propose de mettre son expérience au service du soulèvement et donne son numéro de téléphone pour que ses ex-collègues puissent se joindre à lui. Le Honduras compte 18 provinces, au fur et à mesure augmentent le nombre de celles dont les habitants rejoignent les mobilisations 11, 12...15 finalement, c’est la quasi totalité du pays qui se retrouve dans des concentrations de voisins, de collègues qui participent à la lutte.

Deux autres vidéos donnent une idée des formes que prennent ces manifestations, dans la première un orchestre s’est joint à la fête et les voisins dansent joyeusement, dans l’autre règne un climat d’inquiétude, alors qu’une partie de la police est en grève, quelques policiers tentent de faire ami-ami avec la population qui se méfie. A juste titre, les mêmes policiers qui viennent de tirer massivement des bombes lacrymogènes jusque dans les maisons où se trouvent aussi des enfants, veulent dialoguer matraque (vu l’instrument le mot est faible, cela ressemble à de grosses barres de fer de plus d’un mètre de long) à la main. Les voisins ont raison de se méfier, ces policiers tourneront plus tard à nouveau leurs armes contre le peuple. Le jeune homme qui a tourné cette vidéo, diffusée en direct, est un héros. Un parmi tant d’autres. Il a pris des risques immenses pour transmettre ces images, alors que les policiers le menacent de l’arrêter s’il n’efface pas celles où ils figurent. Heureusement, ils n’ont pas réalisé que ces images avaient déjà été diffusées. Il va continuer à tourner et à diffuser.

Plus tard des représentant des policiers signeront un accord avec le gouvernement, dans cet accord un article retient l’attention, c’est l’article 6 : Il garantit à la population hondurienne le respect des droits humains de toutes les personnes au niveau national, y compris celles qui exercent leur droit à la manifestation publique et pacifique. La police préventive, mais aussi les troupes d’élites Cobra (qui était aussi le nom d’un des escadrons de la mort qui sévissait dans le pays dans les années 80. Normal, ce sont les mêmes qui les ont créés) et Tigre ne veulent plus réprimer le peuple qui exerce ses droits. Leurs représentants se sont excusés auprès du peuple pour le mal qu’il lui ont fait. Ils ont ce jour-là un fort sentiment d’appartenance à ce peuple. La plupart sont de modeste origine, ceux qu’ils répriment au quotidien sont leurs frères, leurs cousines, leurs voisins, leurs parents… et de cela ils n’en veulent plus.

Le Président du Parti Libéral, Luis Zelaya manifeste. Il est inrviewé par Dick Emanuelsson

Le Président du Parti Libéral, Luis Zelaya manifeste. Il est inrviewé par Dick Emanuelsson

La lutte touche des strates de population qui ne s’étaient jamais mobilisées

Depuis 10 ans le peuple du Honduras est mobilisé, quotidiennement. Qu’est-ce qui a changé ? C’est que des strates de la population qui n’avaient jamais participé à ces mobilisations, ce sont à présent impliquées, comme l’entrepreneur Adolfo Facusse membre d’une des 7 familles qui concentrent la richesse du pays, comme le président du Parti Libéral d’opposition qui sont d’accord pour affirmer que le président doit démissionner. Des médecins, des professeurs, des membres des classes aisées qui n’avaient jamais manifesté descendent dans le rues pour se joindre à la lutte pour la récupération du pays. Tous sont d’accord, le pays doit se redresser et pour cela le Président doit démissionner. Il faut en finir avec la gangrène de la corruption.

 

« Il y a quelque chose d’important dans ce processus de lutte, dans ce processus de pouvoir et de souveraineté politique, la participation à ce processus insurrectionnel a permis aux membres des différents Collèges Universitaires de sortir de leur bulle d’élitisme et de s’identifier à la Cause du Peuple du Honduras, de se rappeler qu’ils font partie du Peuple." Professeur Hernandez, membre de la Plateforme pour la réforme de l’éducation.

 

Un phénomène nouveau : parmi les migrants qui fuient le pays, se retrouvent de plus en plus de membres des classes aisées, des professionnels qui ne trouvent plus de travail ou ne peuvent plus exercer leur métier dans des conditions dignes (médecins, professeurs...), des jeunes fraîchement émoulus des universités qui n’ont aucun espoir de trouver jamais un travail, des entrepreneurs parce que la misère galopante a réduit comme peau de chagrin les marchés du pays. Ceux-là partent le plus souvent avec des papiers en règle, nombre d’entre eux ont pour destinations privilégiées l’Espagne et l’Allemagne...

Ceux qui restent au pays se joignent à la lutte, pour eux aussi, c’est devenu une question de survie. Les politiques néo-libérales ont conduit le pays à la ruine. Il y a actuellement une catastrophe humanitaire au Honduras dont l’ampleur ne peut se mesurer qu’avec celle vécue par les Haïtiens. La tornade qui a frappé le Honduras a un nom, elle s’appelle coup d’état militaire, un coup d’état qui se perpétue depuis 10 ans.

Ici le Peuple commande et le Gouvernement obéit.

Ici le Peuple commande et le Gouvernement obéit.

 

Un exercice de souveraineté populaire contre la continuité des politiques étasuniennes dans le pays

Les luttes se sont cristallisées autour de celles menées contre les programmes de privatisation et de l’enseignement et de la médecine qui parachèveraient le génocide de la population. Elles ont pris la forme d’un grand exercice collectif de souveraineté populaire. Alors que la Plateforme contre la privatisation de la médecine et de l’éducation a entamé son dialogue alternatif, d’autres Plateforme se créent dans d’autres secteurs. La méthode : diagnostiquer cm² par cm², les maux dont souffre le pays, formuler des propositions pour y remédier avec la participation de professionnels compétents, nationaux et internationaux. Lors de l’inauguration du dialogue alternatif de la Plateforme, plusieurs ont répondu présents. Ils sont là pour faciliter la formulation technique, pratique des propositions de solutions, sans oublier jamais que dans une démocratie, le dépositaire du pouvoir est le peuple dont les représentants doivent gouverner en lui obéissant.

Gouverner en obéissant, depuis longtemps les zapatistes font valoir ce principe. Aujourd’hui Andres Manuel Lopez Obrador président des États-Unis du Mexique l’a repris comme principe fondateur de sa manière de gouverner le pays. Un anachronisme, puisque c’est ce que depuis toujours la démocratie représentative prétend être : un système dans lequel les élus doivent exécuter le programme sur base duquel ils ont été élu par le peuple et qui a force de mandat. Et qu’ils doivent consulter la population quand surgissent des imprévus, pour modifier leur mandat en fonction des nouvelles exigences des électeurs. Un principe que la réalité dément en permanence, jusque dans la « plus grande démocratie du monde ». A titre illustratif voici ce qu’en a dit Obama : « Les hommes et les femmes communs, courants ont une mentalité trop étriquée pour gouverner leur propres affaires. LOrdre et le Progrès peuvent seulement survenir quand les individus renoncent et délèguent leurs droits à un souverain tout puissant »

 

C’est sans doute pour cela que le premier acte significatif de politique d’étrangère de l’administration Obama a été de permettre que se perpétue au Honduras un coup d’état militaire, condamné à l’unanimité par la communauté internationale. Lorsque Manuel Zelaya, président renversé en exil du Honduras, se rendra à l’ONU, 192 délégués se lèveront pour lui rendre hommage et l’acclamer. Et pourtant très vite, cette même « communauté internationale » acceptera de se laisser gagner par la cécité qui règne depuis , alors le Honduras agonise dans le silence complice de ceux qui sont tellement prompts pourtant à s’indigner, mais seulement pour les thèmes qui leurs sont désignés par les mises en scène de la propagande médiatique.

Si je parle ici d’Obama, du tandem Obama-Clinton en fait, c’est pour mettre l’accent sur cette continuité des politiques de déstabilisation de l’Amérique Latine. Le coup d’état élaboré sous l’administration Bush est réalisé sous celle d’Obama, et le dernier épisode de sa perpétuation à lieu, depuis les élections présidentielles de 2017. A présent, c’est l’administration Trump qui veille au maintien au pouvoir d’un président élu par une élection anti-constitutionnelle (aucun président ne peut exercer deux mandats) et frauduleuses. La fraude était tellement flagrante, que même le président de l’OEA Luis Almagro (le même qui veut la peau de Maduro et dirige le très contesté groupe de Lima) avait à l’époque demandé leur annulation immédiate et l’organisation de nouvelles élections, transparentes.

Cette notion de continuité des politiques des USA en Amérique Latine est importante. Negroponte qui avait été ambassadeur des USA au Honduras pendant les sinistres années 80, qui y avait patronné la création des escadrons de la mort (une pratique qu’il réitérera plus tard en Irak), s’est rendu en juin 2008 au Honduras afin de poser les prémisses de ce coup d’état avec les conspirateurs locaux. Deux autres importantes figures de l’époque joueront un rôle majeur dans la conception, la réalisation et la poursuite de ce coup d’état Le Général Romeo Vasquez Velasquez et le Lieutenant Billy Joya, les deux ont sévit au Honduras dans les années 80, mais pas seulement. On les retrouve au service de Pinochet ou de la dictature argentine. Après le Coup, Billy Joya, se présentera même à la télévision avec un gros dossier, pour expliquer comment ce nouveau coup d’état militaire a été conçu en se fondant sur celui qui avait conduit au renversement de Salvador Allende le 11 septembre 1973, et pourquoi Mel Zelaya devait être renversé pour les même raisons qu’Allende. Le spectre du communisme, selon lui, plane sur le Honduras. Après le coup d’état, le président de fait, Micheletti, fera de Billy Joya son principal conseiller militaire (et en méthodes de répression). Joya réinvente les escadrons Cobra, du nom d’un des escadrons de la mort dont il avait été membre pendant les 80. Quand à Vasco Velasquez qui a dépassé depuis longtemps l’âge de la retraite, j’ai appris récemment qu’il s’accroche et refuse toujours d’abandonner la passionnante activité qui consiste à organiser la répression d’un peuple rebelle, c’est le sens de sa sinistre vie. Il y a de nombreux exemples de cette persévérante continuité, ce qui est important à retenir : Alors qu’une lueur d’espoir se dessine au Honduras, pour qu’elle puisse illuminer le pays, il ne faut jamais oublier que l’ennemi réel se cache derrière les apparences, c’est celui qu’il faut combattre et abattre de telle manière que son retour cette fois devienne impossible.

Aux commandes de la guerre nucléaire, un caractériel narcissique entouré de faucons et/ou de fanatiques religieux

Aux commandes de la guerre nucléaire, un caractériel narcissique entouré de faucons et/ou de fanatiques religieux

Un puzzle mondial évolutif au dessin encore indéfini

Tout cela se déroule à un moment où cet ennemi est affaiblit mondialement. La réorganisation des pouvoirs géopolitiques mondiaux, la maladresse de Trump dont il est plus rapide de citer les amis internationaux que tous les ennemis qu’il s’est créé sur toute la planète - qui nouent chaque jour entre eux de nouvelles alliances - menace les USA d’avoir à se battre en même temps sur tous les fronts. La menace d’une guerre avec l’Iran est réelle, alors que l’Iran a noué des alliances avec l’Irak, la Syrie, le Hezbollah, soutient au Yemen des « rebelles » qui se montrent de plus en plus efficaces pour contrer l’immense pouvoir militaire de la dynastie des Saoud, avec des armes de fabrication « maison ». La Chine, la Russie, l’Inde ont signé un Traité de collaboration en matière de défense, l’Union Européenne pour la première fois depuis sa création, comme annexe de Washington et de ses lobbys, montre quelque velléité d’indépendance dans sa diplomatie mais aussi en matière de défense. Je ne suis pas une spécialiste de la géopolitique internationale, mais il me semble évident que si les USA peuvent encore se prétendre première puissance mondiale dans le domaine militaire, leur suprématie est remise en question. Quand j’écoute les évaluations de puissance selon les critères en vigueur, il me semble qu’ils mettent l’accent sur le pouvoir de destruction massive de chaque armée mais ne prennent pas suffisamment en compte la créativité dont peuvent faire preuve les résistances locales, Vietnam-Yemen même ennemi, même résistance acharnée. Les USA sont talonnés de prés, sinon dépassés, par la Chine et la Russie. Et donc, c’est pure logique, de penser que face à l’alliance militaire de ces deux pays, les forces militaires étasuniennes seraient en très en mauvaise posture. Surtout s’ils avaient à combattre en même temps l’armée Iranienne et ses alliés , la résistance du peuple du Venezuela, et sur tous les autres fronts de guerre et champs de bataille sur lesquels sont présentes les troupes étasuniennes. Ce serait la fin des USA et celle de notre monde.

La tension monte, le comportement erratique de Trump, dominé par ses émotions le rend difficile à gérer pour son équipe de faucons qui veulent mettre le feu aux poudres, l’horizon temporel de Liaponov, durée pendant laquelle peut être prévue l’évolution d’un système, est au raz des pâquerettes, nous sentons que le dénouement se rapproche sans savoir avec certitude ni quand ni comment il se produira, s’il nous conduirat vers le chaos ou si de nouveaux équilibres se dessineront en faisant l’économie de la force brutale.

 28 juin 2009. Depuis ce jour le peuple du Honduras affronte la répression

28 juin 2009. Depuis ce jour le peuple du Honduras affronte la répression

Le Honduras a besoin de soutien

Le Honduras a besoin d’un soutien International que ce rééquilibrage des rapports de force pourrait favoriser. En période d’imprévisibilité, le conditionnel est de rigueur. Ce sont aussi des moments qui favorisent l’amplification des battements d’ailes de papillon, des phénomènes de résonance qui peuvent faire de l’improbable une nouvelle réalité, pourvu que les résonances soient bien relayées. L’improbable en l’occurrence, c’est ce gouvernement de Souveraineté Populaire, que le peuple du Honduras, comme d’autres, aspire à mettre en place, et dont il pose en ce moment même les prémisses, des Plateformes de lutte qui formulent des propositions dans les différents domaines de gouvernement d’un pays, des Plateformes qui devraient être réunies sous égide d’une Plateforme Commune, posant les fondations d’une Assemblée Constituante qui se déroulerait sous un gouvernement de transition, mis en place avec l’aide et la supervision de la Communauté Internationale. C’est une option, celle que présente, la porte-parole du mouvement, la Doctora Suyapa Almagro, qui a été plébiscitée comme leader de la Plateforme de Lutte contre la privatisation de la santé et de l’enseignement. La création et la mise en œuvre de nouvelles plateformes, sous omniprésente menace de la terreur d’état, est l’étape de cette option qui se déroule en ce moment. Le but est un pays de bien vivre pour chacun et pour tous, un rêve rendu possible parce que la population a pris en main son destin, diagnostique des maux et formule des besoins et souhaits concrets, et s’apprête, ensemble avec tous les talents du pays, et tous ces soutiens extérieurs de compétente bonne volonté qui se manifestent, a concevoir les meilleures solutions pour y parvenir.

Pour pouvoir constituer un gouvernement transitoire qui permette le déroulement d’une Assemblée Constituante Originaire (dirigée par le peuple) le Honduras a besoin su soutien de la communauté internationale. Et l’opinion publique peut faire pression en rendant visible le Honduras, et manifeste sa sympathie pour le projet.

 

Demain, sera le sinistre anniversaire de 10 ans de coup d’état indéfiniment perpétué qui ont conduit le pays au désastre et plongé les habitants dans un tsunami de misère. Et après demain… ?

 

 

Anne Wolff

 

Pour de meilleurs lendemains

Pour de meilleurs lendemains

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26 juin 2019 3 26 /06 /juin /2019 02:15
La docteure Figueroa, présidente du Collège des Médecins et leader incontestable et appréciée de la plateforme

La docteure Figueroa, présidente du Collège des Médecins et leader incontestable et appréciée de la plateforme

L’actuel soulèvement qui se poursuit jour après jour au Honduras est catalysé par la privatisation des systèmes de santé et de l’éducation que veut mettre en place le « gouvernement ». Déjà la situation actuelle est gravissime, la majorité des enfants qui terminent l’école primaire n’accèdent pas à l’enseignement secondaire. Les hôpitaux manquent de matériel médical, de fournitures et de médicaments. Les patients ne peuvent se procurer les médicaments qui leurs sont prescrits... La privatisation achèverait de consacrer ce qui ressemble de plus en plus au génocide du peuple du Honduras, alors que plus de 60 % de la population vit dans la misère, et que l’exode est devenu le chemin obligé de ceux qui veulent avoir une chance de survie. Le soulèvement du peuple du Honduras, c’est le cri d’un peuple en colère qui veut en finir une fois pour toute avec la dictature et participer à la reconstruction du pays. Un pays où il ferait bon vivre pour tous.

Il y a quelques jours a été lancée le Dialogue Alternatif de la Plateforme contre la privatisation de la santé et de l’éducation. Il illustre parfaitement le sens de cette lutte et la manière dont la conduisent, au risque de leurs vies, des personnes éminemment respectables.

Ce moment est le passage d’un seuil dans cette lutte, passage de la protestation à l’action constructive, qui a été rendu possible par la massive mobilisation d’un peuple déterminé à prendre son destin en main. Ce dialogue, c’est le point de départ d’une transformation totale du mode de gouvernement du pays, de la dictature à la souveraineté populaire. C’est un moment d’histoire écrit par le Peuple.

 

Le but de ce dialogue alternatif est de réaliser un plan de santé et d’éducation COHÉRENT qui permette à chaque habitant(e) d’accéder tant à une bonne éducation qu’aux soins médicaux dont il ou elle aurait besoin pour conserver une bonne santé. Si des techniciens de haut niveau technique du pays et des invités expérimentés participent à la conception de ce plan, les populations des diverses régions du pays jusqu'aux plus petites municipalités, des divers secteurs d'étude et de travail, sont invitées à former leur propres tables de dialogues pour participer à son élaboration. « Con mucho alegria », avec cette joie contagieuse et cette chaleur humaine qui toujours refont surface, chez le peuple résistant du Honduras, jusque dans les pires moments  de douleur, d’affrontement et de répression.

La capacité d’auto-organisation du peuple du Honduras, sa détermination sont exemplaires.

L’Assemblée se lève pour une minute de silence et de recueillement offerte à ceux qui ont perdu la vie depuis les débuts de cette lutte. La première réunion de la plateforme a eu lieu le 12 avril en cette même salle du collège médical. On se s’engage pas dans une lutte contre l’état au Honduras sans mettre sa vie en danger.

L’Assemblée entonne ensuite en cœur l’hymne national. Parce qu'il est question ici d'un projet de patrie.

Le but de dialogue est d’établir une radiographie cm² par cm², de la situation dans l’ensemble du pays et des besoins de toute la population en matière de santé et d’éducation, afin de formuler un projet en adéquation avec les besoin réels des habitants. La proposition d’un modèle alternatif, incluant, respectueux des droits humains et tous sont appelés à participer.

Ce jour-là sont présent les coordinateurs de la plateforme, les professionnels de la santé et de l’enseignement, le peuple militant. Il y a aussi quelques invités de marque, observateurs, rapporteurs et professionnels venus apporter une aide technique. Le Représentant de l’Union Européenne, un représentant de l’Ambassade de France, un représentant de l’Ambassade du Canada, un représentant de l’Ambassade de Costa Rica, un représentant du Programme des Nations Unies pour le développement et la représentante de la haute commission des Nations Unies pour les Droits Humains. Et cela est remarquable, puisque ces mêmes instances soutiennent le projet de développement pour la région initié par Andres Manuel Lopez Obrador et élaboré par la CEPAL (Commission de l’ONU pour le développement économique de l'Amérique Latine) qui ne pourra malheureusement être mis en pratique au Honduras que lorsque le pays sera débarrassé de la corruption. Des représentants du gouvernement sont également présents : le vice-ministre de l’éducation et un membre du ministère de gouvernement et justice. Accueillis entre huées et applaudissements, la présentatrice leur rappelle que pour participer à cette plateforme, ils doivent en respecter les principes comme l’égalité entre participants.

[Pendant ce temps, les USA, Israël et quelques pays d’Amérique Latine envoient au Honduras des armes et des contingents de militaires « pour faire face aux situations d’urgence », entendre  « réprimer le peuple en résistance »]

Cet engagement est aussi engagement politique, une lutte contre les politiques néo-libérales imposées depuis plus de trente ans dans le pays, dans la région et dans le monde. Leur échec à assurer le bien-être des populations, le développement des pays est amplement consommé, il est temps de changer de modèle. C’est aussi une lutte contre la corruption qui gangrène tous les rouages de l’état sur tout le territoire.

Le dialogue alternatif est issu de l’échec du dialogue tenté avec le gouvernement, spécialiste en Consultations biaisées, dont il décide par avance des résultats auquel devrait parvenir le simulacre de dialogue. Les conditions d’un nouveau dialogue avec le gouvernement : il devra intégrer la Plateforme comme interlocuteur à part entière, alors que l’entièreté des débats devra être transmise en direct par les médias, un médiateur international spécialisé dans les politiques publiques devra être présent garantissant le respect des droits humains et de l’impartialité des débats. Des conditions inacceptables pour le gouvernement et donc la plateforme se met au travail sans lui, commençant à écrire l’histoire d’un nouveau système de santé et d’éducation pour le pays, une nouvelle histoire du Honduras. Sachant que le lutte pour faire respecter la Constitution qui accorde à tous le droit à la santé, à l’éducation – actuellement un fiction de droits - se gagne dans la rue. Et que le slogan que tous reprennent à présent : "Fuera JOH !" qui appelle à la démission du président Juan Orlando Hernandez, est à présent dans toutes les bouches, comme la condition de possibilité d'une régénération du pays.

La docteure Figueroa, présidente du Conseil des Médecins et leader incontestée et aimée du mouvement prononce alors quelques mots. Elle remercie les présents mais aussi tous ceux, innombrables, qui dans tous le pays se sont mobilisé pacifiquement pour défendre les droits de tous. En particulier la jeunesse, les étudiants qui se sont dédiés de tout cœur à cette lutte. Elle remercie aussi les patients qui sont leur raison d’être et leur inspire une vocation de service. « Le peuple s’est mobilisé pour un meilleur avenir face à un gouvernement qui non seulement utilise le pouvoir à son propre profit mais qui aussi oublie que le véritable pouvoir repose dans le peuple et non dans les charges qu’il occupe de manière transitoire. La forme du pouvoir établie par l’article 4 de la constitution est représentative, le pouvoir n’est pas exercé directement par le peuple sinon par des personnes élues pour agir en tant que ses représentants, en son nom et pour son bénéfice et non le contraire comme cela se produit aujourd’hui. Le dialogue citoyen alternatif sera un exercice de participation - incluant, objectif, formulant des propositions - entre différentes personnes, groupes, secteurs de la société hondurienne, incluant des représentants de l’état et d’organisations internationales et coopération qui convergent en fonction de l’Intérêt Général de la société pour concevoir un Plan pour l’amélioration intégrale du système de santé et d’éducation publique. Ce plan entend récupérer les système de santé et d’éducation publique du pays - qui aujourd’hui sont externalisés selon un modèle de gestion de services –  qui, finalement, puisse parvenir à ce que l’éducation et la santé soient garanties et reconnues comme des droits fondamentaux et non comme des biens du Marché, comme c’est le cas en ce moment ». Elle fait valoir que ces fonctions de l’état doivent être à charges de professionnels compétents et expérimentés de la santé et de l’éducation à l’écoute des besoins de chacun(e) et non remis entre les mains de gestionnaires de marchés.

Différentes Tables de Travail vont être mises en action, les premières concernent le secteur de la santé. 1)Une étude du cadre législatif et normatif en vigueur. 2)Une étude de l’affectation efficiente et rationnelle des budgets. 3) Une étude du rôle du secrétariat de l’éducation et de celui de la santé, de leurs attributions constitutionnelles et légale. 4)Modèle d’attention au système de santé. 5) décentralisation pour rendre accessibles santé et éducation dans tous le pays 6) Bilan de l’état des système de santé et d’éducation et de ses ressources humaines dans tout le pays. Afin d’ouvrir des espaces pour tous ceux qui jusqu’ici ont été exclus 7)Une table d’administration, contrôle et gestion des ressources et d’identification des situation d’urgence.  8)Une autre table sera plus spécifiquement orientée vers l’enfance et la jeunesse, leurs besoins spécifiques en matière d’éducation et de santé. 9)Une table fondamentale est celle qui sera chargée de la lutte contre la corruption. Celle sans quoi rien n'est possible.

Parallèlement des tables spécifiques seront consacrées aux différents aspects du système d’éducation. Et le processus est ouvert à la création de nouvelles tables en fonctions d’autres thématiques spécifiques qui seraient identifiées.

Chaque Table aura à sa disposition un coordinateur et un rapporteur et sera composée d’au moins 10 personnes reconnues pour leurs compétences, pour leur intégrité et leur compromission social, ils seront assistés par une équipe technique qui facilitera les processus internes de travail de chacune des différentes tables. Chacune comptera aussi la présence d’observateurs nationaux et internationaux ayant les mêmes qualités d’intégrité et d’engagement social. Ceux-ci seront présents afin de rendre compte du sérieux du travail effectué, de sa transparence, de son objectivité et de sa rigueur technique.

Après que soit posé un diagnostique des forces et faiblesses des deux systèmes, des propositions stratégiques et opératives seront formulées et présentées publiquement et officiellement aux autorités à charge de ces domaines. La plateforme, représentée par des membres des échelles nationales, régionales et municipale, des hôpitaux, des écoles et universités, des organisations populaires et de travailleurs, etc. et des personnes qui s’impliquent individuellement, accompagnera la création et contrôlera la mise en œuvre du Plan afin que celui-ci ait un visage humain, le visage et l’empreinte d’un peuple qui a été historiquement exclu des décisions pour le pays et qui aujourd’hui réclame un espace pour l’exercice de la participation et qui par dessus tout réclame ce qu’on lui a pris : « Non à la privatisation ! », conclu la docteure Figueroa

 

J’ai entendu beaucoup de discours qui résonnent comme le bla bla bla des pieux souhaits et de manifestations de bonne intention dont on sait à l’avance qu’ils ne déboucheront jamais sur quoi que ce soit de concret, comme j’ai participé à ces réunions et tables de travail dont on réalise très vite que les conclusions dirigées ont été décidées à l’avance par quelque instance « supérieure ». Ici chaque mot résonne de la réalité concrète de ces millions de personnes mobilisées, impliquée, actives dans la réalisation de cette transformation du pays, chaque mot est chargé de l’intégrité, la rigueur, la compétence, la force de travail de ceux qui conduisent ce Projet. Et dans la salle le public enthousiaste est gonflé de l’espoir qui s’est en ce moment substitué à la colère.

A ce moment la présentatrice de cet événement nous apprend que 7 militants de la plateforme viennent d’être arrêtées dans un autre département du pays. L’ombre de la répression plane omniprésente.

Le prochain intervenant est le professeur Hernandez qui va expliquer comment la Plateforme a identifié les personnes qui seront observatrices et conseillères du processus. « Il y a quelque chose d’important dans ce processus de lutte, dans ce processus de pouvoir et de souveraineté politique » fait-il remarquer ,  "la participation à ce processus insurrectionnel à permis aux membres des différents Collèges Universitaires de sortir de leur bulle d’élitisme et de s’identifier à la Cause du Peuple du Honduras, de se rappeler qu’ils font partie du Peuple."

Il va alors présenter les différents observateurs et conseillers choisis pour accompagner ce travail. Il y a des conseillers du Honduras au parcours de lutteurs sociaux éprouvés et d’autres venus de pays, Costa Rica, Bolivie et même États-Unis et du Canada qui ont participé dans leurs pays respectifs à des luttes similaires.

Le prochain intervenant (dont le nom m’échappe) est le président du Conseil d’infirmerie du Honduras. Il y a 37 ans dans les années 80, synonyme de dictature au Honduras, il était un étudiant en médecine et se retrouvait avec un de ces professeurs (présent dans la salle) et un autre médecin à discuter des conditions de possibilité de l’autonomie universitaire alors légalement limitée. Ils étaient trois, aujourd’hui ce sont des millions de personnes qui se sont mobilisées, le peuple s’est organisé. S’il évoque la sinistre mémoire des 80, trop semblable à la dictature actuelle, c’est pour rappeler que : « Tout se qui est légal n’est pas correct. A une époque, l’esclavage était légal et ce n’était pas correcte. Des peuples ont été soumis à la souffrance de manière légale et ce n’est pas correct. Or les humains doivent toujours agir en fonction de ce qui est moralement correct. »

Article 3 de la Constitution du Honduras : Nul ne doit obéissance à un gouvernement usurpateur ni à qui assume des fonctions ou des emplois publics par la force des armes ou par des procédés qui contreviennent ou méconnaissent ce que cette Constitution et les lois établissent. Les actes validés par de telles autorités sont nuls. Le peuple à le droit de recourir à l’insurrection en défense de l’ordre constitutionnel

Cette inauguration va se poursuivre pendant encore plus d’une heure, et confirmer la qualité des intervenants, de leur expérience,  du travail entrepris et du soutien qu’ils veulent apporter à la résistance du Honduras. Les gens qui sont venus sont tellement nombreux que beaucoup d’entre eux n’ont pu trouver place dans la salle, une mobilisation se déroule dans la rue aux environs du Collège de Médecine. A la fin de cette présentation, tous vont aller les rejoindre pour constituer ensemble une marche pacifique qui se rendra à l’Université Nationale pour soutenir les étudiants et professeurs qui y sont en lutte. Symbiose et interaction de ceux qui ensemble forment un peuple uni.

Ce sont là les délinquants qui sèment le chaos au Honduras selon ce que diffusent les médias de propagande.

 

Anne Wolff

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24 juin 2019 1 24 /06 /juin /2019 12:30
Le Honduras résiste (image alainet)

Le Honduras résiste (image alainet)

 

Alerte ! Désinformation éhontée sur la situation au Honduras !

 

 

Comme vous le lirez par la suite, le Honduras est au bord du précipice et la désinformation médiatique atteint des proportions ignominieuses. La narration qu’elle nous impose est celle d’un chaos que sèment dans le pays desbandes de délinquants qui pillent et incendient des bâtiments et manifestent violemment contre les forces de l’Ordre.

La réalité est tout autre. Pour l’immense majorité de la population, le pays est un enfer dans lequel les habitants sont soumis au règne de la terreur. La violence ciblée - contre tous ceux qui s’opposent aux exactions et aux pillages d’un narco-gouvernement, qui se confond avec le crime organisé et à ceux que pratiquent les Corporations auxquelles ce gouvernement à littéralement livré le pays - s’accompagne d’une violence aveugle, arbitraire, terreur sur fond de désolation, de ruine et d’une profonde misère.

C’est la cause de l’exode massif des honduriens, les nombreux enfants qui partent seuls inclus. Des personnes entament cette longue et dure marche avec l’infime espoir que, peut-être, avec beaucoup de chance, ils feront partie des quelques rares qui parviennent au but, la terre promise du mieux vivre, le mythe étasunien. Pour beaucoup partir, c’est fuir sans se retourner, parce que de toute façon, quoiqu’il arrive, cela ne pourrait être pire… pas même le grand risque de mourir, de disparaître en chemin. Un pas après l’autre pendant des milliers de kilomètres de privations et de dangers permanents, où comme victime de traite humaine, si pour ces migrants le Honduras est un enfer, le chemin ne l’est pas moins, la différence c’est qu’au bout du chemin il y a la faible lueur d’espoir qui n’existe plus dans leur pays.

J’ai entendu beaucoup d’appels venus du Honduras, au cours des derniers jours, ils viennent des voisins du plus pauvres des barrios écartés du fin fond du pays, ils viennent des paysans, des populations indigènes et garifunas, il viennent du corps médical, de celui des professeurs, d’autres corporations professionnelles et syndicats et autres associations, ils viennent aussi de membres de Partis politiques Traditionnels comme le Parti Libéral ou d’entrepreneur, de membres des corps de police et des groupes d’élites, de militaires actifs ou retraités,... ils disent à l’unisson : « Le pays est au bord du précipice, nous ne sommes ni des délinquants ni des terroristes, nous somme le peuple du Honduras qui d’une seule voix demande d’être entendu par la communauté internationale : le Président Juan Orlando Hernandez doit partir. Le pays doit avoir une chance de se reconstruire en mettant un terme à la corruption, au narcotrafic, à l’infiltration du crime organisé dans tous les rouages de l’état. Le pays doit avoir une chance de se reconstruire en consacrant les sommes démesurées qui ont été consacrées à la militarisation de la sécurité à des projets d’espoir, des projet de travail, d’éducation, de santé, de culture. »

La dégradation elle n’est pas neuve, alors que Manuel Zelaya, élu président en 2006 sur les listes du Parti Libéral avait entamé un redressement du pays, avec l’accent posé sur la justice sociale, le 28 juin 2009, il est renversé par un coup d’état militaire. Alors que l’ONU condamne le coup d’état à l’unanimité -tous les délégués se lèveront pour lui rendre hommage, quand Zelaya en exil s’y présentera - le tandem Clinton-Obama manœuvrera pour que ce pérennise le coup d’état. Cette fois encore ils seront aidé par la « communauté médiatique de propagande » qui désinformera massivement dans une opération éhontée de manipulation des inconscients collectifs : « Manuel Zelaya, le président déchu du Honduras » est matraqué de toute part, alors qu’officiellement sont toujours en cours les négociations qui devraient lui permettre de rentrer dans la légitimité de sa fonction de président. L’administration Obama contribuera activement à la réalisation des fraudes électorales qui permettront que le coup d’état se perpétue pendant 10 ans. Ce sont les mêmes qui construiront les cages où sont encore enfermés les enfants (et les adultes) du Honduras qui depuis fuient le pays, arrivent épuisés aux USA et se font capturer par la « Migra » ou les « bons citoyens » qui lui viennent en aide.

Les même ce ne sont pas tant les présidents que ces structures inamovibles du pouvoir qui à travers les alternances présidentielles poursuivent depuis des décennies les politiques impérialistes des USA en Amérique Latine (et dans le monde). Mais cela n’excuse en rien, ceux qui assumant des fonctions officielles de gouvernements contribuent à rendre cela possible. En ce qui concerne le Honduras, activement Hillary Clinton, et Obama par sa passivité son discret retrait depuis le coup d’état.

Où je veux en venir, ici spécifiquement : Est-il possible de renverser cela ?

Le premier acte de politique étrangère du Président des États-Unis du Mexique, Andres Manuel Lopez Obrador a été d’initier un programme de lutte contre la migration forcée qui prétend attaquer le mal à la racine sous forme d’un plan commun de développement pour les pays d’Amérique Centrale (Guatemala, Salvador et Honduras) et le Sud du Mexique. Pourquoi le Sud, parce que le Mexique est un pays balkanisé. Schématiquement : alors que les états du nord ont des croissances économiques positives qui peuvent atteindre un taux de +11 %, ceux du Nord subissent des croissances négatives qui peuvent être de l’ordre de -11 %. Ils sont donc eux aussi un des lieux d’origine de la migration qui « affecte » les USA.

Et ce plan prétend être un modèle pour le monde : Arrêter de lutter contre la migration forcée en luttant contre les migrants avec des mesures coercitives, prendre le mal à la racine, permettre à des personne qui n’ont aucune envie de partir de chez elles d’habiter leur pays dans des conditions de bien vivre.

 

(Cela vous semble évident ? Je ne sais combien de fois, j’ai posé la question à des militants des droits des immigrés « Que faites-vous pour que dans leur pays existent des conditions de vie décente ? » Pas un(e) n’a pu répondre à ma question de manière convaincante. Et pourtant c’est la vraie question et c’est une question d’équité. )

 

Ce plan a été conçu sous égide de la CEPAL (la Commission Économique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes de l’ONU), en faisant appel aux pays concernés, à toute organisations, associations, nations et organisations de nations prêts à le soutenir. Il a été présenté au mois de mai dernier. J’y reviendrai certainement. Ce que je veux mettre en évidence ici, c’est que la mise en œuvre de ce plan au Honduras sera impossible tant que ce pays sera soumis à la dictature d’un narco-gouvernement corrompu. C’est clair, net, sans appel. Pas un dollar, un lempira qui serait accordé au gouvernement du Honduras où à ses représentants qui contrôlent les rouages de l’état (la corruption et le crime organisé infiltrent jusqu’aux municipalités et leur forces de répressions), n’a aucune chance de parvenir à ses destinataires.

 

La semaine dernière les prémisses de la mise en pratique du plan ont été initiées, par un accord de coopération signé entre le présidents des EU du Mexique et celui du Salvador. « Sembrando vida » consiste en l’ensemencement et la culture de 200 000 mille hectares au Sud du Mexique et 50 000 au Salvador avec des arbres fruitiers et d’autres fournisseurs de bois. Ce plan, qui donnera du travail productif dans la durée à des centaines de milliers de personnes, est aussi un plan de lutte contre le réchauffement climatique qui affecte sévèrement les agriculteurs de la région. Le Mexique accordera une aide de 30 millions de dollars au Salvador pour la réalisation de ce projet. J’ai appris depuis que déjà la Communauté Européenne a décidé d’apporter son soutien à ce projet, elle ne sera certainement pas la seule.

Bukele a dit de AMLO : « Il veut vraiment le bien de son pays ». Je le pense aussi. Je ne peux pas me prononcer en ce qui concerne Bukele qui vient d’accéder au pouvoir et est le président qui a le meilleur taux d’approbation d’Amérique Latine, Lopez Obrador en tout cas a choisi de lui faire confiance.

 

Il existe au Honduras une volonté majoritaire de réunir les forces pour concevoir et mettre en place un projet d’union nationale pour la régénération du pays comme celui qui se met en place au Mexique. Mais ces forces potentielles de transformation ont besoin du soutien de la communauté internationale et des personnes de bonnes volonté.

 

Ce que chacun peut faire, c’est chercher à s’informer sur la réalité de l’enfer que traverse le pays et sur la vitalité d’une résistance qui puise toujours au plus profond de la terreur, de la douleur, la force de chanter et de rire face aux armures des militaires. Le monde a laissé tomber le Honduras en 2009. L’enfoncera-t-il d’avantage encore par son silence et sa passivité en 2019 ?

 

Anne W

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21 juin 2019 5 21 /06 /juin /2019 12:39

 

 

Accord signé entre le Secrétaire de Sécurité et des Polices Nationales du Honduras et les Représentants de la Police Préventive et des Groupes d’élite Cobra en grève.

La Conférence de Presse qui précède la signature de l'accord

L’accord nous est présenté par le délégué du Commissionné aux Droits Humains qui a servi de médiateur pour sa rédaction.

 

Premier point de l’accord, le secrétaire d’état de sécurité et des polices nationales s’engage à fournir aux policiers une nourriture suffisante pour leur assurer la santé dont ils ont besoin pour assurer leur (sale ?) boulot.

Deuxième point : il s’engage à fournir aux directions policières des uniforme de qualité pour assurer l’(in-?)dignité de leurs fonctions.

Troisième point, il s’engage à les informer des droits qui leurs sont accordés par la loi, dont la plupart du temps, ils n’avaient pas connaissance jusqu’ici.

Quatrièmement, il s’engage à travailler conjointement avec le haut commissionné aux Droits Humains pour le Honduras afin de mettre en place des conditions de travail décentes.

Cinquièmement, il s’engage à organiser des réunions périodiques avec les différentes directions policières pour les informer de l’évolution des processus qui les concernent et de créer une Table afin qu’ils puissent déposer librement leur requêtes et plaintes.

Six : Il garantit à la population hondurienne le respect des droits humains de toutes les personnes au niveau national, y compris celles qui exercent leur droit à la manifestation publique et pacifique.

Sept, elle s’engage à ne pas mener de processus disciplinaires et sanctions laborales à l’encontre des policiers qui exercent leurs droit constitutionnel de revendication et de grève dans le cadre de ce conflit.

Huit et neuf, les membres de la police qui participent à ce conflit pourront avoir recours au service de ressources humaines pour protéger leurs droits et auront accès direct aux instances supérieures pour transmettre les requêtes qui ne seraient pas transmises par la voie hiérarchique. Tout cela se fera sous contrôle du Commissionné National des Droits Humains.

 

Un peu d’histoire : Après le coup d’état militaire de 2009, le président de facto, Micheletti, choisit comme conseiller militaire Billy Joya Amendola. Joya avait fait ses classes dans le Chili de Pinochet et on le verra, lors du coup d'état, à la télévision du Honduras, présentant un gros dossier : l’élaboration du coup d’état sur le modèle de celui du 11 septembre 73 au Chili, expliquant qu’il fallait éliminer Zelaya pour les mêmes raisons qu’il fallait faire disparaître Allende et la résistance Chilienne. Pendant les années 80, sous le commandement de l’Ambassadeur US Negroponte, leur créateur (il récidivera en Irak), Joya fait partie de l’escadron de la mort B »-16 et des unités Lince (linx) et Cobra. C’est pour célébrer la réactivation de ce « bon vieux temps des dictatures » que seront recrées les unités Cobra après le coup d’état militaire de 2009. En juillet 2013, ce ne sont pas des lynx qui cette fois leur seront adjointes mais les toutes nouvelles unités d’élites Tigre, formées par le FBI et la DEA. (aide au développement fournie par les USA)

Alors oui : que cette nuit, ces jeunes policiers aient introduit le respect de droits humains constitutionnels de la population incluant celui de manifester publiquement et pacifiquement comme condition indispensable de l’accord, alors que son application devra se faire obligatoirement sous-contrôle du Commissionné National de Droits Humains Roberto Herrera Caceres, c’est un accord historique.

L’autre accord historique des dernières 24 heures est celui de développement conjoint signé par les présidents du Salvador et celui des EU du Mexique. Un programme qui devrait s’étendre au Guatemala et au Honduras, mais dont l’application est empêchée par le haut taux de corruption qui règne dans ces pays. Les fonds ne parviendraient pas à leur destinataires. Le Mexique donnera 30 millions de dollars afin de générer 20 000 emplois au Salvador. Une méthode de gestion des flux migratoires qui vise à supprimer leur cause en transformant les conditions de vie qui provoquent la migration forcée.

Voici les premières lignes de la Déclaration de Principe de MORENA (mouvement de régénération nationale du Président et de beaucoup d’autres Mexicains), un mouvement qui a fait raz de marée dans le pays et déborde les frontières internationalement, un mouvement qui propose un modèle pour le monde, un modèle qui fait appel à la bonne volonté, à la bienveillance, au meilleur de chacun  :

 

Il n’y a rien de plus noble et de plus beau que de se préoccuper des autres et de faire quelque chose pour eux. Le bonheur peut aussi s’atteindre en agissant pour le bénéfice d’autrui, voisins, compagnons d’étude ou de travail, quand une action est menée pour le quartier, la collectivité, le peuple où le pays. Ces actions nous définissent comme genre humain, formant une communauté, construisant une citoyenneté et faisant de ce monde un endroit un peu meilleur.

 

Et je souscris, parce que ce bonheur, je le connais. Sinon pourquoi le blog, sinon pour ce plaisir de partager, pour le plaisir de l’acte gratuit, apporter une contribution, si petite soit-elle à la collectivité. Il existe des personnes comme cela pour qui faire du bien aux autres, c’est se rendre soi-même heureux, je le sais j'en suis et j'en connais beaucoup d'autres.. Depuis des décennies, une question résonne en moi et insiste : « Comment les gens gentils pourraient-ils changer le cours de l’histoire ? », et là je vois des millions, des dizaines de millions de contribution à une réponse qui tient la route. De petites gouttes d’eau qui forment un grand courant.

 

Je connais bien à présent le cynisme, la cruauté, l’insensibilité de ceux qui nous ont fait un monde dans lequel les dépenses militaires des nations prennent le pas sur celles consacrées au bien-être des personnes. Comme je connais toute cette bienveillance humaine que j’ai rencontré tout au cours de ma vie, parmi des milliers, des dizaines de milliers de personnes de toutes origines, sociales, nationales, culturelles. Ces gens gentils avec qui j’aimerais que nous puissions contribuer un jour à changer le cours de l’histoire pour qu’enfin advienne l’humanité.

 

Cette nuit, entendre les jeunes des escadrons Cobra et Tigre s’excuser devant le peuple pour le mal qu’ils lui ont fait, voir qu’ils ont introduit les droits du peuple comme condition de leur accord, cela participe, un peu (et peut-être un peu plus, l’avenir nous le dira) à cette transformation du monde, vers un monde où chacun(e) aurait la possibilité de donner le meilleur de soi-même. Que rêver de plus beau ?

 

Anne W

 

Et en prime

1)la troisième manifestation de dizaines de milliers de professeurs au Chili. Pour vous montrer que le fascisme, cela se combat d’abord par la préservation de sa joie de vivre.  Les fascistes ne sont pas marrants, ils traînent comme une condamnation leur haine de l’autre qui traduit leur profond mal-être.

Hier, triste souvenir, la force de répression ont pénétrer dans les Collèges, mais je n'en sais pas plus

Troisième manifestation des professeurs contre la stratégie de destruction de l'enseignement du Gouvernement

 

2)Et un bouleversant cadeau de la joie comme forme de la résistance, un extrait du film « La noche de los Lapices », un groupe de jeunes militants, enlevés par la dictature militaire argentine, chantent dans leur cellule, bravant la torture, la terreur. Une histoire vraie, seul un d’entre eux, Pablo, survivra pour raconter l’horreur, les autres adolescents font partie des disparus… Je ne sais pas s’il existe une version française de ce film, mais s’il y en a une, vraiment je vous la recommande.

 

Plus jamais ça !

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21 juin 2019 5 21 /06 /juin /2019 10:01

Le peuple du Honduras manifeste avec cette "alegria" qui le caractérise au plus profond de la misère, de la terreur

our vous montrer un autre aspect de ces manifestations populaires que les grands médias veulent faire passer pour des actes de violence et de pillage d’un peuple sans respect.

Un accord vient d’être signé entre le gouvernement et les forces préventives de police et celles d’élite Cobra mettant un terme au mouvement de grève des « fusils baissés ».

Est-ce que cela va mettre un terme au gigantesque soulèvement populaire ? Est-ce qu’une fois satisfaits les policiers vont reprendre sans état d’âme leur rôle de répresseur du peuple ?

Est-ce qu’il est vraiment possible que l’Amérique Centrale se transforme sous la pression à présent conjuguée, multipliant leurs forces, du président des États-Unis du Mexique AMLO et de celui du Salvador, entraînant un effet domino ?

« Petit espoir deviendra grand, pourvu que les USA ne le tue pas dans l’œuf ». Amlo peut peut-être convaincre Donald Trump de l’intérêt qu’il y a a soutenir des programmes de développement dans les pays d’origine, plus efficaces et sans doute moins coûteux que les murs, leur vigilance et les emprisonnements de migrants, la continuité des politiques de déstabilisation de l’Amérique Latine depuis des décennies montrent que les présidents ont fort peu à dire dans les prises de décisions de ces politiques qu’ils sont chargés de faire appliquer.

Quand il est question des différents candidats de l’opposition à la présidence du Venezuela, les experts expriment la divergence de leur stratégie en ces termes : « Ils représentent différents investisseurs. » Tout est dit, il n’est plus question de choix politique de peuples qui élisent des mandataires qui leurs obéissent, mais bien de la mise en place de gestionnaires (gouvernance et non gouvernement) par des Corporations dont ils défendent les intérêts dans leur pays.

Je retourne suivre ce qui se passe au Honduras

 

Anne W

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"Le vieux fascisme si actuel et puissant qu’il soit dans beaucoup de pays, n’est pas le nouveau problème actuel. On nous prépare d’autres fascismes. Tout un néo-fascisme s’installe par rapport auquel l’ancien fascisme fait figure de folklore […].

Au lieu d’être une politique et une économie de guerre, le néo-fascisme est une entente mondiale pour la sécurité, pour la gestion d’une « paix » non moins terrible, avec organisation concertée de toutes les petites peurs, de toutes les petites angoisses qui font de nous autant de microfascistes, chargés d’étouffer chaque chose, chaque visage, chaque parole un peu forte, dans sa rue, son quartier, sa salle de cinéma."

 

Gilles Deleuze, février 1977.

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