29 février 2012 3 29 /02 /février /2012 12:24

 

Je voudrais pas crever

Je voudrais pas crever
Avant d'avoir connu
Les chiens noirs du Mexique
Qui dorment sans rêver
Les singes à cul nu
Dévoreurs de tropiques
Les araignées d'argent
Au nid truffé de bulles
Je voudrais pas crever
Sans savoir si la lune
Sous son faux air de thune
A un coté pointu
Si le soleil est froid
Si les quatre saisons
Ne sont vraiment que quatre
Sans avoir essayé
De porter une robe
Sur les grands boulevards
Sans avoir regardé
Dans un regard d'égout
Sans avoir mis mon zobe
Dans des coinstots bizarres
Je voudrais pas finir
Sans connaître la lèpre
Ou les sept maladies
Qu'on attrape là-bas
Le bon ni le mauvais
Ne me feraient de peine
Si si si je savais
Que j'en aurai l'étrenne
Et il y a z aussi
Tout ce que je connais
Tout ce que j'apprécie
Que je sais qui me plaît
Le fond vert de la mer
Où valsent les brins d'algues
Sur le sable ondulé
L'herbe grillée de juin
La terre qui craquelle
L'odeur des conifères
Et les baisers de celle
Que ceci que cela
La belle que voilà
Mon Ourson, l'Ursula
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir usé
Sa bouche avec ma bouche
Son corps avec mes mains
Le reste avec mes yeux
J'en dis pas plus faut bien
Rester révérencieux
Je voudrais pas mourir
Sans qu'on ait inventé
Les roses éternelles
La journée de deux heures
La mer à la montagne
La montagne à la mer
La fin de la douleur
Les journaux en couleur
Tous les enfants contents
Et tant de trucs encore
Qui dorment dans les crânes
Des géniaux ingénieurs
Des jardiniers joviaux
Des soucieux socialistes
Des urbains urbanistes
Et des pensifs penseurs
Tant de choses à voir
A voir et à z-entendre
Tant de temps à attendre
A chercher dans le noir

Et moi je vois la fin
Qui grouille et qui s'amène
Avec sa gueule moche
Et qui m'ouvre ses bras
De grenouille bancroche

Je voudrais pas crever
Non monsieur non madame
Avant d'avoir tâté
Le goût qui me tourmente
Le goût qu'est le plus fort
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir goûté
La saveur de la mort...

 

Boris Vian

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12 janvier 2012 4 12 /01 /janvier /2012 13:51

 

 

http://cieenghien.files.wordpress.com/2009/01/arbre_300.jpg 

 

 

Impressions ordinaires

 

Talentueux Renard

 

 

 

 

Hop là !... Me revoilà au chomedu ! Encore, et toujours je crois m'en débarrasser mais la poisse Misère est une salope trop fidèle, plus dévouée qu'une chienne !... je crois laisser loin derrière cette porte de la soupe-job populaire, mais non !... je l'entends toujours grincer pas loin, même quand je taffe !... Bah voui ! C'est pas évident de se poser sur un siège éjectable, contrat précaire, on peut être facilement expulsé, et, en moins de deux !... se retrouver à nouveau devant une conseillère a.n.p.e ! Adopter une face de truie désireuse d'y retourner !... Tenez, mon dernier travail, il m'a rendu chèvre. Le social. Le travail d'animation pseudo-culturelle pour les pauvres... c'est faire des bulles dans une plaie béante !... pourtant, plus dévoué que moi y avait pas ! La bonne-poire pour la gloire des autres, tout jésus-jésus, tout le coeur sur la main, tout disposé aux hyènes, tout con-con, abruti par la bonté biblico-républicaine appliquée !... que n'aurais-je pas du rester l'adolescent étincellant de feus et distributeur de coups-poings automatiques, j'en serais pas plus pauvre qu'en smicardant à tue-tête au gré de ces mélodies sorties de la flûte hantée par le management des gérants !
Elle vient gagner votre lucidité l'expérience des choses ordinaires,... Elle vient toute claire... les derniers seront les derniers, les exterminés, de la chair pour toutes les boucheries expiatoires... Mais c'est trop dur, alors on se ment encore pour retourner à la légèreté éberluée. Zoner en ville, dans la zgueguerie industrielle, à se croire plus forts que le destin... sous prétexte qu'on se la paye la conso, la cogne, le plan !... Et encore ! Faut voir la qualité de tout ça ! Peau de zobe !...
Je me souviendrai toujours de sa face, mi pieuse-mi poupée, son corps plastique, elle se déplace d'un bureau l'autre comme sur des échasses tassées par deux grosses cuisses et un bassin large donnant l'impression d'être enveloppé par une ceinture de chasteté... le genre de gonzesses chez qui on arrive jamais à deviner son type de chatte !... le cône relevé ?... en lèvres prohiminantes ?... aplatie avec une fente discrète ?... poilue beaucoup ? Poilue ciblé ? Un duvet ?... impossible de déceler, ce genre de femme n'a pas la croupe bavarde !... Ses chaussures me font penser à celles de Princesse Sarah, le dessin animé !... Aller, j'arrête là pour Saliha,... ça suffit comme ça !... Le genre de rapports professionnels qui m'ont fait passer le goût marxiste !... plus que les dominants, ce sont les travailleurs qui m'ont dégoûté du socialisme. Comment qu'elle a manoeuvré en suçant les chefs pour m'évincer, je l'ai prise en flagrant délit de manigance... Je vous jure que même la plus belle édition du Manifeste s'effrite quand on vit ça !... Marx m'a trompé ! Par séduction... Il n'y a qu'un pas entre l'esprit biblique et l'esprit communiste. Ce n'est que quand on regarde ses "camarades", franchement, sans fioritures, absolument crument, que l'on ne peut alors réagir au communisme que par un tonitruant éclat de rire !... Et pour ma part, un strident hurlement de regret d'avoir passé tant de temps, de cerveau, d'actes à y croire... Il m'a fait pédaler dans la semoule !...
Mais quelle a été la connasserie de Saliha ?... Je me souviendrai toujours de cette scène, mythique !... Mais il faut remonter plus avant...
J'arrive dans l'association... Saliha est au plus mal, elle est délaissée par ses paires, mise au placard quoi ! Avec le recul, elle avait du montrer les crocs trop près du bifteak des autres... ce genre de fronde est crucifié impeccable par ceux qu'ont le pouvoir, et vite-fait, pas une pas deux !... on te laisse pourrir tout seul, tout bleu, tout refroidi, pour punir tes appétits !... Donc, elle tourne en rond, ça rend vite balourd, avâchis, ferré, épave bouffée de chaleurs assassines ! Pieds perdus !... hystérie de cafard !... elle maudit, sans os à mordre, elle entre dans des rires interminables sans que personne ne sâche pourquoi, on dirait un petit démon-hobbit lui-même possédé par un démon la vâche-qui-jouit !... aboie beaucoup, d'un bureau l'autre, mais les paires ont mis les boule-quiesses, et ceux qui l'écoutent n'ont rien à voir avec le schmilblick... Il faut qu'elle existe pour rester dans l'ambiance, dans le moove de la structure, elle sort de son secteur et vient sur mon secteur... Je la tiens à l'écart mais son copinage personnel avec la boss m'oblige à céder du terrain si je ne veux pas m'attirer les foudres de tous, ameutés par la directrice, sa copine !... Elle prétexte trois bidules, parce qu'elle avait quand même besoin de moi... Structurer une association de locataires dans une des cités les plus délabrées, d'un côté les "gitans", et de l'autre les "magrébins"... Cet habitat ressemblait à un cadavre solidifié à l'air libre, en train de se décomposer en faisant tout un foin !... mais Saliha, toute seule, pauvrette, brunette à ganache de sainte-ni-touche, elle se serait faîte bouffer... Et dans le travail social, quand le public de banlieue est rustre, pas coopérant, nerveux, haineux, les piquants hérissés, méchant, intelligent, préoccupé par ses magouilles, alors le travailleur social doit assurer la présence de l'Etat dans un guépier... Ainsi, la hiérarchie des intervenants sociaux opère ainsi, elle fait supporter les tâches les plus ingrâtes à ceux qui sont le moins bien payés, genre : moi !... Dans cette logique, Saliha et la directrice m'ont reflilé la patate chaude, tout en se juchant aux abords, de temps en temps, apparaître dans des réunions que j'organise, elles attendent le bon moment pour choper la patate dès qu'elle sera plus tiède, enfin dégustable !... C'est à dire en langage du travail social : les SUBVENTIONS ! C'est le dieu du travail social, du monde associatif, pas un pet ne sort de leur arrière-train s'il n'y a pas un bifteck sous forme de subvention !... Ils sont prêts à lécher toutes les fesses qui puissent leur chier des subventions en quintes de diahrées dorées à encaisser !... ils se jettent sur toutes les tendances à la con pour entendre le compte en banque faire "gling, gling" avec des sous !... "Garde à vous ! Prêêts ! Parteeez ! Oueuuuuh ! Grrrrrrrrrr ! Han han !..." Et vas-y que je te foure du "vivre ensemble", que je te tartine de "prévention", que je te sauce à "l'insertion", que je t'endors avec de la "participation citoyenne", que je te gratine au "lien social" !... Ils se précipitent en rats pour exécuter ces délires sortis de salons parisiens, sous formes de projets débiles, insipides, du nivellement par le bas... Raccoler quelques clampins de cités, les plus tétanisés socialement, les moins vifs d'esprit, les plus atteints... Leur faire faire ces projets à la va-vite, à la médiocre, à la ronflant et surtout, enfin pouvoir justifier de subventions... Sur le papier, ils mettent, à l'écrit, que c'était un développement extraordinaire, formidaaable, le miséreux s'est enfin épanoui... "Mon cul oui !..." Moi, j'ai fais de l'altruisme et j'ai appris que ça coûte beaucoup plus cher que le bizness, j'ai mouillé le burnous, et ces deux malfrâtes m'ont payé en monaie de singe. Sauf que la directrice, elle tendait un peu vers moi[...] elles sont sorties du bureau en forçant un peu trop une normalité, l'allure de ces chieuses portait la sincérité en carton... C'était visible. Elles me mentaient comme des chirurgies esthétiques !...
Alors, quand je ne glande pas, par dépit, je me mets à chercher du taf... Je sais que les annonces, c'est pas du bon, trop souvent des plans foireux, les restes du grand festin de l'économie... Alors je contacte un pote, un vieux pote, lui aussi dans l'animation, je lui demande s'il sait où c'est que ça cherche en ce moment. Il me dit qu'il y a une structure qui s'occupe de personnes handicapées... Je me dis, teins !... Moi, handicapé social ! ça devrait faire bon ménage ! "File moi le contact", il me met en lien et je débarque dans la structure... Toujours ces murs fatigués des tristesses d'hommes, toujours cette fadeur, ce furtif permanent dans le travail social... cette atmosphère de lieu de transit perpétuel, cet impossible mensonge de l'attention pour les miséreux, toujours cette impression que ça roule à pneus crevés !... toujours cette ambiance flasque de tourne mou en rond. Le directeur, plutôt jeune, quarantaine, très bien dans son élément, ça change !... Mais encore ces tics que je reconnais !... Ces façons de peindre avec les ongles, de raconter plus qu'ils ne réussissent...
La palabre ! Le sport de l'animation sociale ! La jaquetence elle n'anime rien, elle anémie de conneries... A les entendre, n'y a que des zorros ! Mais faut voir quels zorros... Zorro dans le corps d'un sergent Garcia !... "Et moi j'ai lu untel, et moi je connais le "ça", le "moi", et le "surmoi" ! Et moi je connais, et moi j'ai développé, et moi j'ai fais grandir, et moi je suis avec les pauvres, et moi je fais marcher les élus à la baguette, et moi je suis franc et sans manières !... Et reuh gneu-gneu et rah gna-gna !..." De la bouse vernie que j'vous dis !... que seule la lecture de Jean Gautier peut décrasser, et encore !...
On discute, il me laisse apprécier le décor, les personnes handicapées...
A un moment donné, il me dit : "Tu vois celui-là, Thomas, il est capable de te dire, un mois après une partie de belotte, qui a remporté le troisième pli et avec quelle carte !..." Impressionné, je regarde Thomas, je le dévisage pour déceler ses atouts, il est atrocement effacé et à la fois terriblement présent, une sorte de lassitude du surdoué, résigné à l'à-quoi-bon ?!... Et puis, soudainement, il se reprend d'un intérêt ahurissant pour l'instant présent... Il se lève et mime un shampoin avec ses doigts, sur la tête d'une fille, le coquin, il se marre... La cliente malgré elle se pince la lèvre sur le côté, et tourne de gros yeux marrons vers le haut...
Le directeur m'indique la cour interieure, toute d'ombre innondée, toute nuiteuse, une sorte de trou au milieu des bâtiments... Toute sa surface est recouverte d'un énorme amas de canettes vides !... "C'est un des moyens de se financer, on récupère les cannettes usées et on revend l'alluminium, on arrive à financer certains projets comme ça..." Il me dit ça avec une sorte de détermination étonnante !...
J'acquièsce et je mime une reconnaissance ! Bien sûr que je salue la démarche, mais je me dis "Putain, on est dans une des plus grosses puissances financières de la planète et les personnes handicapées de ce pays sont en clauchardisation avancée pour se financer !..."
On baragouine quelques trucs... Il me laisse vaquer un peu dans la salle de vie... On se reparle, il me dit qu'il déjeûne tous les jours avec sa fille, elle ne va pas à la cantine, ils vont au resto. J'aime bien les gens qui sont Famille, vraiment. Mais j'ai pas d'atome crochu avec lui, sans animosité non plus. Il semble intéressé par moi... Disons qu'il n'y a pas grand monde qui se bouscule pour travailler dans cet univers... Et moi non plus !... j'allais me décider plus tard, après cette proposition qu'il me fait de participer à une soirée, une "boum" avec les personnes handicapées, afin de se déterminer si on bosse ensemble ou pas. Je dis : "ok", avec plaisir... C'est le samedi soir qui vient... Pi, avant de partir, une employée animatrice, me convie à venir avec elle pour raccompagner une personne handicapée chez elle, l'aider... Le directeur et elle avaient du se mettre d'accord pour que je vienne avec elle. A mon avis, pour tester ma motivation... J'accepte, et avant d'y aller cette animatrice lui envoie un pic à son dirlo, pour une augmentation qui tarde à venir, depuis deux ans qu'elle attend !... C'est fou ça !... Non pas ce cas particulier, mais cette répétition, tout se revit en photocopies, toujours les même mecs qui ont ce réflexe animal de regarder le cul de la secrétaire ou le corsage de la chargée de com, toujours ces employés éternellement affamés et feinteurs, toujours ces imprimantes qui mentent bruyamment quant aux vraies aspirations, toujours ces chefs bolchévicks sadiques sur tous les détails, toujours ces travailleurs sociaux tellement écartelés entre la vérité des poubelles sociales et les hypocrisies conservatrices des financeurs qu'ils ne pensent qu'à une chose en sortant du boulot : s'enfiler trois demis !... Toujours ce silence assourdissant des chaînes invisibles, toujours cet ennui, cette apathie, cette machine...
On accompagne lourdement un vieil homme, polynésien, ex-chercheur scientifique, accidenté, il n'arrivait plus à se mouvoir, il dépérissait dignement dans ses habits classiques, bien repassés, nickels... Quelle droiture !... Riche et triste, riche et incapable d'en profiter... C'est là que l'on a envie de secouer tous les bien-portants qui chichitent avec leurs niaises et pathétiques difficultés nombrilistes...
C'est samedi soir... Ca me dit trop rien d'y aller, j'y vais !... Grand réfectoire, on me laisse me démerder... je me mets à la sandwicherie, pour être en contact avec le public, je vais et je viens... Les boissons, les jambons, le beurre, les friandises, la musique, les lumières... Petit à petit la fête s'installe sans commandement, elle s'impregne et s'étend simplement dans cet air compact, un brin rafraichi par tout un pan de portes vitrées... Il y a ceux sur fauteuil roulant, puis les autres, chacun avec son handicap...
L'une était coquette, un peu trapue, tête large, cheveux tirés en arrière avec barettes couleurs amour, une pipelette à la "public-relation", snobeuse et attentive, avec sa cour autour, comme si tous nous étions là pour elle !... Pi, un autre, rapide, affolé, hyper-communicatif, dérangeant, un sens de la répartie verbale sans que quelqu'un ne lui adresse la parole !... Un autre est en méditation super-profonde, dans une douce et intrigante introspection, malgré les décibelles de Je rêvais d'un autre monde !... Ils se lachaient tous ! à leur façons... quelques uns semblaient sortir d'un long sommeil, d'autres d'un roman de Stephen King, quelques uns n'étaient présents que physiquement. Je les servais, sympathisais... j'avais envie de me barrer ! je cherchais la sortie !... Vous savez ce que c'est que de voir la vraie vie, toute crue, qui se raconte toute seule sans prononcer un mot ?... De voir des vrais vivants ?... des personnes avec de vraies différences d'esprit, pas les notres artificielles, communistes !... Non ! Que du vraiment personnel, des particularités exhorbitantes !... Je n'avais jamais vu autant d'êtres humains, aussi brut de pomme, aussi épais, les émotions en de telles propagations !... les états-d'âme aussi expressifs... des âmes nudistes, étalées au rouleau,... les énigmes personnelles aussi découvertes... Se flanquer aussi purement, diamant, dans le moment présent !... Voir des humains au plumage si ouvert, je vous jure, il n'y a pas plus coeur à coeur ! Étirés à longue tringle... tous leurs motifs apparents, en ombres et lumières !...
On réalise d'autant plus que, nous, les bien-portants, les normaux, standardisés au bavardage et à la moulinette des propagandes politiques, religieuses, intellectuelles... ne sont plus que de l'humain en bois aglomérés tout en un, bien lourds, haineux de la légèreté !... On n'est pas habitués !... Moi non plus... Je me voyais dans toute mon appartenance à la Norme !... J'avais la nostalgie des chaînes, de la non-humanité, de la farceuse déprimante !... Vite, revoir un type ronflant dans les clous, ou une donzelle paramétrée à l'impotence pédante...
J'alterne entre je-suis-bien-présent, et je médite à comment abréger cette affaire.
Quand !... Surprise à l'entrée de la salle des fêtes... une agitation, un brouillon astrale... La lune a apporté ici même une tigresse des steppes du nord ! Cette jeune femme se presse d'entrer, vite, lassée d'être accueillie... Elle oublia ses parents, comme s'ils n'avaient été que de vulgaires transporteurs, un prétexte qui doit rentrer à la maison et la laisser... Ni une, ni deux ! Dans le tintamarre ! Direct ! Pieds volants. Elle se propulse au centre, dresse ses deux bras vers le ciel, elle salue l'Univers. Aux prises avec une rage joyeuse. C'était une celtique. Une essence scandinave l'habitait. La vandalouse. Blonde féérique. Sa beauté évidente avait quelque chose d'innacessible, d'insaisissable... Son visage retenait tout son charme vers l'intérieur, rien ne devait être distribué aux autres yeux !... angoisse !... Quelle intelligence physique !... La musique elle même n'arrive pas à la suivre !... hep ! Clack ! Elle bondit, courre vers la grande porte vitrée ! En gaieté virile !... elle discute avec son reflet ! hystérique !... on dirait deux bonnes vieilles copines qui ne se sont pas vues depuis très longtemps, euphoriques, mais sans un mot, seulement des rires, d'un autre monde, et de l'effervescence gestuelle !... J'avais envie d'aller la prendre dans mes bras !... aspirer toute sa fougue, qui, je le sentais bien, la torturait fol !...
Au fure et à mesure, tout cela me semble vain. Petit. Marécageux. Sinistre. Tangeant. Glissant. Dangereusement révélateur de l'absurde. Infatigable étalage de vérités. Sans issue. Bouclé en boucle. Une agitation dans un bocal... Je tente d'aller voir le dirlo pour lui causer, prendre la température. Il me nargue avec cette manie des patrons à toujours forcer la distance. Un peu comme pour garder cet écart nécessaire au coup de fouet !... Mais moi, là !... il m'en fallait pas plus pour trouver raison à m'esquiver...
Le contrat. Même pas encore signé, et déjà il fait le kakou ! le boss à la con !... Je connais la suite avec ce genre de personnes... Je tourne les talons, je deviens une petite ombre qui va vers la sortie, un intru qui ne laisse pas de traces sur le carrelage... Il fait froid cette nuit là, à Marseille, côté nord, là où le vent refroidi toutes les tendances, en soufflant plus qu'ailleurs dans la ville...
J'attends le bus de nuit... Je suis encore imprégné par tout ça, je suis effroyablement présent à moi même sous cet abrit-bus, un cosmos à moi tout seul... J'ai envie de redevenir rien pour moi même... pas de crainte de ce côté là, le Système est là pour ça... Le lendemain je redeviens un bon petit bipède qui sert à rien !... un énième surnuméraire que tout invite à disparaître sans regret, sauf pour ma mère, pour qui je suis la moitié de l'univers.
Merci Yog pour ce texte, lire la suite Talentueux Renard - Yog' La Vie
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8 janvier 2012 7 08 /01 /janvier /2012 01:26

 

 

 

Lettre de Danielle Bleitrach au président du CRIF

source : histoiretsociete

Monsieur le Président du CRIF,

je me permets de me présenter, je m’appelle Danielle Bleitrach et je suis un professeur d’université à la retraite. Je suis née en 1938 et ma petite enfance a été marquée par la peur, la fuite devant le nazisme. J’en ai conservé une répulsion face à l’antisémitisme et toutes les formes de racisme, dix huit membres de ma famille ont été déportés, une seule d’entre eux est revenu et encore est-ce parce que sa mère à l’appel de son nom pour la chambre à gaz s’est jeté en avant à sa place. 

Donc si mon choix n’a jamais été le sionisme pour des raisons qu’il serait trop long de vous expliquer je n’accepterai jamais que quiconque soit inquiété, traqué, humilié parce qu’il est né dans une famille juive, musulmane ou chrétienne. je suis capable croyez le bien de la pire des réactions devant un antisémite ou un négationniste.

Mais comme le disait Einstein je regrette que certains juifs n’aient tiré aucune leçon humaine de deux mille ans de martyre et de l’horreur de la Shoah. dois-je vous rappeler la suite des paroles d’Einstein : “Si les juifs ne se souvenaient pas des leçons de 2000 ans de martyre, ils mériteraient ce qu’il adviendrait d’eux”. Tous les jours je crains que la folie, le bellicisme d’israêl débouche sur une issue fatale et tous les jours j’espère en une autre issue de paix. Parce que c’est là le destin que la haine de l’autre prépare pour les juifs israéliens et à cette seule idée je revis les cauchemars de ma petite enfance. Il faut absolument aboutir à ce que le peuple israélien, juifs et arabes aient une patrie et que le peuple palestinien jouisse lui aussi d’une patrie viable.

Attiser la haine c’est vouer au malheur alors que nous avons tous un rôle à jouer, et vous plus que quiconque dans la recherche de la paix dans la justice. Un juif sait que sans justice il n’y a pas de paix pour personne et les prophètes du peuple juif n’ont cessé de proclamer cette nécessité de la justice. La survie de beaucoup d’entre nous a dépendu  de justes qui refusaient l’iniquité des leurs.

Votre fonction vous oblige à vous souvenir de cette leçon qu’Einstein demandait de ne jamais oublier, c’est la survie et l’honneur de ce peuple qui se joue entre israéliens et palestiniens et les juifs doivent aider à ce que triomphe la paix et la justice pas d’attiser de l’extérieur des souffrances qui n’ont que trop duré.

Et je tiens à l’honneur de mon peuple parce que j’appartiens à ce peuple juif, c’est Hitler qui m’a définie dans cette appartenance comme j’appartiens à la nation française, c’est donc à ce double titre que j’exige de vous la dignité de ceux que vous reprpésentez et que vous vous conformiez au rôle de pacificateur que l’immense majorité des juifs français attend de vous.

Je pense monsieur le président que vos récentes interventions, la manière dont vous avez tronqué les propos de Salah hamouri sont un déshonneur pour le peuple juif et pour les citoyens français et cela témoigne d’une volonté d’attiser les haines.

Comment vous monsieur le Président du CRIF non content d’encourager au bellicisme, de refuser la sagesse de l’apaisement vous vous  permettez de prendre en otage les juifs français dans des combats misérables ?  Non content d’avoir tout fait pour qu’il y ait le silence sur l’enfermement pendant sept ans un jeune homme français dont rien ne démontre la culpabilité et dont la victime supposée est bel et bien en vie, non content d’avoir encouragé cet acte inique contre un de nos concitoyen, vous mentez sur ses propos, pour développer autour de lui dès son retour la haine, voir le crime.

L’insulte est grande et elle exige réparation.

Monsieur nous sommes dans la période de Hannouka, la fête des lumières, celle de l’identité juive confirmée retrouvée et vous osez vous mal conduire à ce point, vous devez  envoyer une lettre officielle, publique à Salah hammouri dans laquelle vous demanderez qu’il vous pardonne après sept ans de prison de l’avoir sali, cela vous honorera, nous honorera tous.

J’attends votre réponse et je suis certaine que vous aurez à coeur de vous montrer à la hauteur de votre fonction, de ceux que vous représentez et des lumières du judaïsme qui veille sur l’humanité., sur toute l’humanité, pas seulement sur les juifs, c’est cela son élection cette universalité.

Danielle Bleitrach

Source : Lettre de Danielle Bleitrach au président du CRIF « Changement de société

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22 décembre 2011 4 22 /12 /décembre /2011 11:15

 


Nous sommes les nouveaux prolétaires
Les plus nombreux sur cette terre
Non, nous ne réclamons pas notre part du gâteau…mais du pain et de l’eau
La lune pour chacun et le soleil pour tous… gratuitement et gracieusement
Petits, moyens et grands bourgeois
Qu’avez-vous fait de l’air et de la lumière ?
Des billets de banque et des centrales nucléaires
Qu’avez-vous fait de l’argent des petites gens?
Des casinos qu’on ouvre. Des entreprises qu’on ferme !
Non, nous ne voulons pas nous enrichir
Parce que c’est toujours aux dépens de quelqu’un

Nous sommes les nouveaux prolétaires
Et nous nous apprêtons à vous faire la guerre
Nous ne voulons plus avoir de problème de subsistance
Nous avons pleinement droit à l’existence
Petits, moyens et grands bourgeois
Votre spectacle est abominable, remboursez!
Nous sommes pauvres et désarmés
Mais défoncés, indignés et enragés
Nous nous apprêtons à vous renverser
Où ? Quand ? Comment ?
Ça y est! Vous nous craignez déjà!
Et vous faites semblant de nous ignorer
Je vais vous dire ce qui vous attend
On va cesser d’avaler vos couleuvres
Et mettre à terre votre système planétaire
On n’achètera et ne vendra plus rien
Que ce qui est naturel et nécessaire
Au feu les gadgets et les objets abjects
Œil pour œil
Vous n’ouvrirez plus le vôtre
Tant que nous ne pourrons pas fermer le notre…
Camarades… On arrête cette machine infernale
On ne collabore plus avec les forces du mal
On bloque le marché… jusqu’à ce qu’on soit tous rétribués
Pour la décence… J’appelle à un bouleversement dans tous les sens
Et pour commencer une grève des échanges

Silence

 

Merci Nomind Les Dernières Nouvelles du Monde: 2012 : Bonne année les pauvres !

 

le Vagabond de R.L. Stevenson :

  • Donnez-moi la vie que j’aime,
    Le long de ma route un ruisseau,
    Donnez-moi le ciel joyeux et le chemin de traverse.
    Dormir sous le buisson, regarder les étoiles,
    Tremper son pain dans la rivière –
    Telle est la vie qui me convient
    Toujours et à jamais.

    Que s’abattent les coups qui me sont destinés,
    Advienne ce qui devra ;
    Mais donnez-moi la face de la terre
    Et la route qui m’attend.

    Richesse, espoir, amour n’importent
    Ni un ami qui me connaisse ;
    J’ai pour seul désir le ciel, là-haut,
    Et la route qui s’en va.

    Ou que l’automne me prenne
    Par les champs où je m’attarde,
    Faisant taire l’oiseau dans l’arbre,
    Mordant mes doigts bleuis.
    Le champ couvert de givre est blanc comme farine –
    L’âtre offre un tiède abri –
    Je ne veux céder à l’automne,
    Ni même à l’hiver !

    Que s’abattent les coups qui me sont destinés,
    Advienne ce qui devra ;
    Mais donnez-moi la face de la terre
    Et la route qui m’attend.
    Richesse, espoir, amour n’importent
    Ni un ami qui me connaisse ;
    J’ai pour seul désir le ciel, là-haut,
    Et la route qui s’en va.

    Robert Louis Stevenson – Le Vagabond (1896)

 

 

Cadeau de  hobo-lullaby

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20 décembre 2011 2 20 /12 /décembre /2011 09:08

 

Rimbaud
Rimbaud par Verlaine dans une lettre à Delahaye, 26 octobre 1875.
Du livre Passion Rimbaud, Claude Jeancolas.

spacePitoyable frère ! Que d'atroces veillées je lui dus ! "Je ne me saisissais pas fervemment de cette entreprise. Je m'étais joué de son infirmité. Par ma faute nous retournerions en exil, en esclavage". Il me supposait un guignon et une innocence très bizarres, et il ajoutait des raisons inquiétantes.

Je répondais en ricanant à ce satanique docteur, et finissais par gagner la fenêtre. Je créais, par delà la campagne traversée par des bandes de musique rare, les fantômes du futur luxe nocturne.

Après cette distraction vaguement hygiénique, je m'étendais sur une paillasse. Et, presque chaque nuit, aussitôt endormi, le pauvre frère se levait, la bouche pourrie, les yeux arrachés, - tel qu'il se rêvait ! - et me tirait dans la salle en hurlant son songe de chagrin idiot.

J'avais en effet, en toute sincérité d'esprit, pris l'engagement de le rendre à son état primitif de fils du soleil, - et nous errions, nourris du vin des cavernes et du biscuit de la route, moi pressé de trouver le lieu et la formule.

 

 

Source : Vagabonds : Arthur Rimbaud - Illuminations

Autres poèmes vagabonds: Poèmes, chansons et ballades de vagabond

 

Vagabonder :aller au hasard, à l'aventure


VAGABONDER : Définition de VAGABONDER

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3 octobre 2011 1 03 /10 /octobre /2011 12:52

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J'ai croisé tant de gens sur ma route qui ont voulu me faire changer, qui voulaient que je m'adapte, que je rencontre leur dieu, que je sois autre, que je fasse de leur propos mon chemin de vie, ou plutôt mon sentier............je ne peux que les remercier grâce à eux, j'ai pu poursuivre mon propre chemin, vers ma liberté intérieure, la mienne, qui m'est propre, celle pour laquelle, je suis en vie...........j'ai ma propre manière de penser, ma propre manière de faire lTerre et Arc en Ciele vide, d'entendre le silence même au milieu du bruit.
Et si je me suis trompée qu'importe, j'aime l'imperfection, mon imperfection, elle fait partie de moi............
C'est vrai, je peux  dire avec des mots crus (comme je suis une femme, c'est politiquement incorrect) à un boss qu'il  me prend la tête, de dire à un facho qu'il me donne envie de vomir.....pour ne pas dire autre chose..je suis sans doute irrécupérable.mais je ne veux pas être autrement.............
C'est vrai, je peux être auprès d'une personne en fin de vie, et essayer d'adoucir ses derniers moments.........
J'ai appris tout cela, au fur et mesure des rencontres, au fur et à mesure des expériences, j'ai tout accepté de manière égale, avec un certain sourire, sachant que je comprendrais un jour ou l'autre par moi-même.............
Tout ça c'est ma liberté d’être moi,  pouvoir pleurer,  pouvoir rire,  pouvoir crier, pouvoir dénoncer l'inacceptable............je ne serai sans doute jamais éveillée................mais je m'en fou royalement, je ne cherche rien et surtout pas l'éveil, j'aurais trop peur de ressembler à tous ceux qui croient l’être et qui sont incapables de tendre la main, de sourire à celui qui n'a plus le courage, de donner de l'énergie à ceux qui n'en ont plus...........ce que je veux c'est pouvoir me battre pour défendre les valeurs auxquelles je crois, pouvoir dire mdr à ceux que ça dérange, pouvoir écouter sans rien dire, pouvoir pleurer en silence.....
Prendre la vie comme elle vient, sans chercher plus loin, la vie c'est cadeau, le coeur c'est cadeau, l'amour c'est cadeau, le partage c'est cadeau.....................

 

 

Un texte Turquoise sur TERRE ET ARC EN CIEL, une oasis du rhizome : Terre et Arc en Ciel

 

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30 septembre 2011 5 30 /09 /septembre /2011 10:22

J'avais omis dans mes confessions de vous avouer que je ne figure pas non plus sur facebook... voici donc l'occasion de corriger ce manquement. Rappelez-vous, je suis asociale, les réseaux sociaux, la mise en scène de soi que cela suppose, la quantité de personnes qui visitent, souvent de manière superficielle, l'effet de diversion (voir billet précédent) ne me tentent pas. Je préfère les blogs, plus conviviaux. J'observe que des gens qui n'ont presque plus d'existence conviviale sont accro à leur mur (un mur vous aves dit) à partir duquel il se donnent une illusion d'existence en toute bonne virtualité... et l'aspect évoqué ci-dessous, d'exploitation commerciale de la vie privée me gêne très fort... les origines douteuses  de la création de ce réseau interviennent aussi dans cette méfiance instinctive qu'il suscite en moi...je pourrais allonger la liste... en bref je préfère les rhizomes et la convivialité qu'ils supposent aux réseaux et à la socialité <u'il promeuvent... société du spectacle quand tu nous tient... j'ai également une autre conception de l'amitié.... Anne

 

Source : Sur la Toile

Internet, Web 2.0 Vous en avez marre de Facebook? Vous n'aimez pas que Marc Zuckerberg exploite votre vie privée à des fins commerciales? Et bien le site Reddit vient de mettre en avant une démarche, complètement légale, afin de venir ennuyer Facebook. Concrètement, il s'agit ici de faire appliquer une directive européenne concernant la protection des données personnelles. Il est ainsi possible à n'importe quel utilisateur de réclamer auprès de Facebook toutes les données stockées par le réseau social depuis la création du compte, et de les recevoir par CD. Le site Forbes fait d'ailleurs part d'une internaute inscrite depuis 2007 sur le réseau social, et qui suite à sa demande a reçu un pdf de 880 pages. Tout y est dedans, le nombre de pokes, les invitations, l'historique du mur, les conversations, ...



La procédure est de plus extrêmement simple. Il faut tout d'abord se rendre sur le formulaire approprié, muni d'un scan d'une pièce d'identité. Remplissez ensuite les différents champs, et particulièrement celui concernant la loi en indiquant « Section 4 DPA + Art. 12 Directive 95/46/EG ». Il ne reste plus qu'à cliquer sur « Envoyer ». Il faut cependant savoir que le service est surchargé suite à la très grande demande des européens, et il faut bien compter au minimum 40 jours d'attente.


Source : Sur la Toile

en passant par Comment se venger de Facebook? - Hémisphère Gauche

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30 septembre 2011 5 30 /09 /septembre /2011 10:09

 

Voici le texte que m'envoie  Yog'La vie suite à mes confessions...prenez-en de la bonne graine

r:Les stratégies et les techniques pour la manipulation de l'opinion publique et de la société

 

 

 


1. La stratégie de la diversion. Élément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l'attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d'informations insignifiantes. La stratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher le public de s'intéresser aux connaissances essentielles, dans les domaines de la science, de l'économie, de la psychologie, de la neurobiologie, et de la cybernétique. Garder l'attention du public distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importance réelle. Garder le public occupé, occupé, occupé, sans aucun temps pour penser; de retour à la ferme avec les autres animaux.

2. Créer des problèmes, puis offrir des solutions. Cette méthode est aussi appelée "problème-réaction-solution". On crée d'abord un problème, une "situation" prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu'on souhaite lui faire accepter. Par exemple: laisser se développer la violence urbaine, ou organiser des attentats sanglants, afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de la liberté. Ou encore: créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlement des services publics.

3. La stratégie du dégradé. Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l'appliquer progressivement, en "dégradé", sur une durée de 10 ans. C'est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles ont été imposées depuis les années 1980 à maintenant. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n'assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution si ils avaient été appliqués brutalement.

4. La stratégie du différé. Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme "douloureuse mais nécessaire", en obtenant l'accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d'accepter un sacrifice futur qu'un sacrifice immédiat. D'abord parce que l'effort n'est pas à fournir tout de suite. Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que "tout ira mieux demain" et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour s'habituer à l'idée du changement et l'accepter avec résignation lorsque le moment sera venu. Exemple: les accords multilatéraux du FTAA que les USA ont imposé en 2001 aux pays du continent américain pourtant réticents, en concédant une application différée à 2005.

5. S'adresser au public comme à des enfants en bas-age. La plupart des publicités destinées au grand public utilisent un discours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrement infantilisant, souvent proche du débilitant, comme si le spectateur était un enfant en bas-age ou un handicapé mental. Exemple typique: la campagne TV française pour le passage à l'Euro ("les jours euro"). Plus on cherchera à tromper le spectateur, plus on adoptera un ton infantilisant. Pourquoi? Si on s'adresse à une personne comme si elle était âgée de 12 ans, alors, en raison de la suggestibilité, elle aura, avec une certaine probabilité, une réponse ou une réaction aussi dénuée de sens critique que celles d'une personne de 12 ans.

6. Faire appel à l'émotionnel plutôt qu'à la réflexion. Faire appel à l'émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l'analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l'utilisation du registre émotionnel permet d'ouvrir la porte d'accès à l'inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements…

7. Maintenir le public dans l'ignorance et la bêtise. Faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage. La qualité de l'éducation donnée aux classes inférieures doit être la plus pauvre, de telle sorte que le fossé entre l'ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures.

8. Encourager le public à se complaire dans la médiocrité. Encourager le public à trouver sympathique le fait d'être bête, vulgaire, et inculte…

9. Remplacer la révolte par la culpabilité. Faire croire à l'individu qu'il est seul responsable de son malheur, à cause de l'insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l'individu s'autodévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l'un des effets est l'inhibition de l'action. Et sans action, pas de révolution !

10. Connaître les individus mieux qu'ils ne se connaissent eux-mêmes. Au cours des 50 dernières années, les progrès fulgurants de la science ont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie, et la psychologie appliquée, le "système" est parvenu à une connaissance avancée de l'être humain, à la fois physiquement et psychologiquement. Le système en est arrivé à mieux connaître l'individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même. Cela signifie que, dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes.

Vous voilà prévenu, donc à même de résister !

 

 

Source

 

Prendre conscience, c'est transformer le voile qui recouvre la lumière en miroir. (Lao Tseu)

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7 septembre 2010 2 07 /09 /septembre /2010 19:57

 

GIFS GUITARD ET VIOLON

  

 

 

Le musicien Joshua Bell

 


Le musicien était debout dans l'entrée de la station « Enfant Plaza » du métro de Washington DC. Il a commencé à jouer du violon.C'était un matin froid, du mois de janvier.

Il a joué durant quarante-cinq minutes. Pour commencer, la chaconne de la 2ème partita de Bach, puis l'Ave Maria de Schubert, du Manuel Ponce, du Massenet et à nouveau, du Bach.
A cette heure de pointe, vers 8h du matin, quelque mille personnes ont traversé ce couloir, pour la plupart en route vers leur travail.


Après trois minutes, un homme d'âge mûr a remarqué qu'un musicien jouait. Il a ralenti son pas, s'est arrêté quelques secondes puis a démarré en accélérant.
Une minute plus tard, le violoniste a reçu son premier dollar : en continuant droit devant, une femme lui a jeté l'argent dans son petit pot.
Peu après, un quidam s'est appuyé sur le mur d'en face pour l'écouter mais il a regardé sa montre et a recommencé à marcher. Il était clairement en retard.
Celui qui a marqué le plus d'attention fut un petit garçon qui devait avoir trois ans. Sa mère l'a tiré, pressé mais l'enfant s'est arrêté pour regarder le violoniste. Finalement sa mère l'a secoué et agrippé brutalement afin que l'enfant reprenne le pas. Toutefois, en marchant, il a gardé sa tête tournée vers le musicien.


Image


Cette scène s'est répétée plusieurs fois avec d'autres enfants. Et les parents, sans exception, les ont forcés à bouger.
Durant les trois quarts d'heure de jeu du musicien, seules sept personnes se sont vraiment arrêtées pour l'écouter un temps.
Une vingtaine environ lui a donné de l'argent tout en en continuant leur marche. Il a récolté 32 dollars. Personne ne l'a remarqué quand il a eu fini de jouer. Personne n'a applaudi.
Sur plus de mille passants, seule une personne l'a reconnu.
Ce violoniste était Joshua Bell, actuellement un des meilleurs musiciens de la planète. Il a joué dans ce hall les partitions les plus difficiles jamais écrites, avec un Stradivarius valant 3,5 millions de dollars.

Joshua Bell
Photo courtesy Sony

Deux jours avant de jouer dans le métro, sa prestation au théâtre de Boston était « sold out » à des prix avoisinant les 100 dollars la place.

Ceci est une histoire vraie. L'expérience a été organisée par le « Washington Post » dans le cadre d'une enquête sur la perception, les goûts et les priorités d'action des gens.
Les questions étaient : dans un environnement commun, à une heure inappropriée, pouvons-nous percevoir la beauté ? Nous arrêtons-nous pour l'apprécier ? Reconnaissons-nous le talent dans un contexte inattendu ?

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Une des possibles conclusions de cette expérience pourrait être :
Si nous n'avons pas le temps pour nous arrêter et écouter un des meilleurs musiciens au monde, jouant pour nous gratuitement quelques-unes des plus belles partitions jamais composées, avec un violon Stradivarius valant 3,5 millions de dollars? A côté de combien d'autres choses passons-nous ?.

 

HighwayToACDC.com • Voir le sujet - Le plus grand violoniste du monde dans le métro de Washigton

 

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7 mai 2010 5 07 /05 /mai /2010 16:14
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  • : Le blog de Anne Wolff
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  • Amoureuse de la vie, d'une fleur, d'un papillon, d'un arbre, du sourire d'un enfant, je m'oppose à tout ce qui conduit à la destruction systématique de ce que la nature a créé, de la vie, de la beauté du monde, de la tendresse et de la dignité
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Au lieu d’être une politique et une économie de guerre, le néo-fascisme est une entente mondiale pour la sécurité, pour la gestion d’une « paix » non moins terrible, avec organisation concertée de toutes les petites peurs, de toutes les petites angoisses qui font de nous autant de microfascistes, chargés d’étouffer chaque chose, chaque visage, chaque parole un peu forte, dans sa rue, son quartier, sa salle de cinéma."

 

Gilles Deleuze, février 1977.

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