7 mars 2013 4 07 /03 /mars /2013 17:29

 

 

 La route vers soi, 16 : Les « délires choisis »

Route vers soi

 

On  est toujours le délirant de l’autre…

En fouinant, j’ai découvert un petit billet sur le délire des poètes. En une sorte de caricature :

Je

Je me noie

Je me moi

Je, je, je,

Émoi, et moi?

Le texte n’est pas, ici, exact   dans les mots, mais dans le fond et la forme, oui. C’est une forme de crachat sur les possibilités de l’acte poétique qui est avant tout une recherche intuitive s’ouvrant sur l’infini. Et l’infini ne s’apprend pas dans les systèmes ou les approches expliquées qui ne sont, en fin de compte qu’un acte de la mécanique du cerveau. C’est rétrécir et évacuer le pouvoir des émotions, la recherche de ce qui nous est caché, tous que nous sommes dans un monde de plus en plus livré à des systèmes sociaux.

Entre un moteur de Honda et un système, il n’y a pas énormément de différence. Mécanique.

Plusieurs associent poésie et nombrilisme. Plus encore, certains – et l’Histoire l’a démontré – associent l’art à une action inutile, non tangible, non efficace. Littérature, musique, peinture, etc.  Même Krishnamurti voyait en l’art un moyen inefficace de « comprendre » le monde, d’en saisir l’essence, donc, le divin en NOUS.

De fait, chacun décide du moyen qu’il croit meilleur pour s’améliorer. Mais s’améliorer peut aussi avoir un but uniquement social. Nous pouvons également s’adonner aux deux à la fois. C’est loin d’être incompatible : une cellule ( un être humain) sera plus efficace s’il trouve une voie saine.

Il y a là une incompréhension totale de « l’abonné aux systèmes » voulant changer le monde et la cellule qu’est l’être humain dans sa fonction sociale. Il est impossible de réussir un système sans « réussir » les cellules de ce système.

Chaque être humain a sa façon de se réaliser. On ne réalise pas une société, on y participe.

Poésie ou méditation, il n’y a guère de différence. Poésie ou fabrication de cabanes d’oiseau, il n’y a guère de différence. L’unité consiste à apaiser son esprit pour retrouver les bonnes vibrations.

Ou, cela peut sembler nébuleux… Les « brûlés » des systèmes et des cirques des neurones ne peuvent voir : la « raison » veut du tangible. La raison a ses mesures. C’est cartésien… Toujours.

Le délire des abonnés des systèmes

Il n’y a jamais eu autant d’analystes instruits, de constructeurs « savants », d’ingénieurs de systèmes. L’erreur de la « solution » de par les systèmes est que l’on considère l’être humain comme une unité fixe. Or, c’est un être de raison, d’émotion, et d’un spectre infini de possibilités, de capacités, souvent tués par les systèmes eux-mêmes.

Les systèmes d’éducation actuels – malgré leurs découvertes de la richesse des individus – n’arrivent pas à « enrichir » cet individu. Dans la réalité, elle tente seulement, de façon hypocrite à niveler « l’apprenant » pour le mouler au contexte social et aux « valeurs » dirigées vers le matérialisme issu de la partie luciférienne de l’humain.

N’étant pas « un », comme un chiffre, toujours mobile, décontenancé, vibrant d’émotions, abonné à toutes les merveilles technologiques, notre nouveau sauvage du 21e siècle continuera de chérir les nouveaux dieux : les génies des systèmes. Un système humaniste, cherchant  à donner un certain bonheur à ses citoyens, se penchera plutôt vers une démarche plus simple, vers un système qui donnera à chacun la richesse qui lui appartient, et le droit de hurler, de chanter, d’écrire son bonheur, ses tourments, une vision du monde, etc.

Tout système « figé » est fasciste en partant. Une illusion géométrique…

Dans le film  Now is Good , le personnage principal, condamnée à 17 ou 18 ans à mourir, dira :

« La mort me poursuit comme un psychopathe… ».

Dès notre naissance, notre vie n’est qu’un parcours, une suite d’événements  qui se termineront un jour.

Il n’y a pas de solution à cette fin. Entre temps, chacun cherchera « sa » solution aux grands problèmes de l’existence, aux bonheurs que l’on peut y cueillir, bref, à vivre comme des condamnés.

Ça, pas un système ne peut le « réparer »… Ni construire une vie de « bonheur ».

On ne répare pas, ni ne construisons les « vivants » comme des machines.

On les aime… Ce n’est pas une « sentiment » qui nous fait frémir, transpirer, c’est un acte.

La première personne est peut-être un « Je ». Au moment de sa naissance, c’est un « Je » flexible qui essaie justement d’échapper aux systèmes.

Nous sommes tous à la construction de notre être… C’est une loi implacable de la Vie.

Nous pouvons toutefois nous abonner à une religion, un système, à l’athéisme, à « rien ».

 

Yoga

Sexe

Course

Psy

Livres

Culture de carottes

Fabrication de cabanes d’oiseaux

Bicyclette

Musique

Photographie

Carte de partis politiques

Spaghetti aux crevettes

Couchers  de soleil

Une sieste

 

Rien de compliqué…

 

Pour les « systèmes », nous ne sommes jamais assez agités. On dit « être actifs ». Il FAUT être actif…

Les meilleurs moments de la Vie, celle entre la naissance et la mort, sont justement ceux qui semblent ne pas voir d’importance.

Chacun délire  à sa manière. Comme s’il n’y avait qu’une façon d’être « intelligent » selon les normes actuelles.

Chaque été, au mois d’août, je vais à la cueillette des bleuets. Je parcours le sentier avec une mobylette, et j’atteins le petit boisé fraîchement coupé, tout boursoufflés de bleuets.

Il y a là une chose que je ne comprends pas : j’arrive avec des bleuets, rien que des bleuets. Mais ce sont les bleuets qui m’ont transformé…

Pas le bleuet en soit, mais l’acte de les cueillir lentement, avec acharnement, à travers les moustiques, la chaleur parfois accablante, la difficulté de marcher. La soif…

Le but n’est pas la quantité de bleuets ramassés… C’est la manière de le faire, sans besoin réel de faim, mais dans un acte libre, sans aucune référence à une obligation.

On nomme cela « LIBERTÉ ».

La liberté c’est de n’avoir pas le désir de tuer, mais la joie de vivre.

C’est ce « progrès » qui nous a été volé. C’est ce progrès auquel nous aurions eut droit après des milliers d’années.

Et ce ne sont certes pas les poètes qui vous l’ont volé…

 

Nous délirons tous.

Il y a les délires des mégalomanes qui tuent et ceux qui font vivre.

 

Il n’y a jamais autant eu de vendeurs d’avenirs.

Achetez-en!

Il n’y jamais eu autant de vendeurs de systèmes.

Achetez-en!

Il n’y a jamais eu autant de vendeurs d’assurance.

Achetez-en!

Cela vous permettra d’enrichir une banque qui veut votre bien.

 

Gaëtan Pelletier

7 mars 2013


Source : La route vers soi, 16 : Les « délires choisis » | LA VIDURE

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6 mars 2013 3 06 /03 /mars /2013 09:59

 

Etrange disparition de textes  ?

Je n’ai pas les mots aujourd’hui pour dire le ressenti de cette perte immense, sentiment d’être un peu orpheline d’un grand frère et d’appartenir à l’immense famille de tous ceux qui l’aimaient.

Je n’avais pas connaissance hier soir de la triste nouvelle. J’écrivais qu’un nouveau métier avait fait son apparition au Venezuela  gardien des semences. Aujourd’hui cela prend un sens nouveau. Un peuple est gardien des semences de la révolution.

Deux articles que j’ai voulu publier au cours des derniers jours ne sont pas passés, avec les autres pas de problèmes. Est-ce le hasard ?

L’un parlait d’une lettre aux africains et l’autre du début d’un long hommage qui durera tant que durera la mémoire humaine, l’hommage permanent des peuples à leurs libérateurs. Une étoile est née quelque part, dans la constellation de l’espoir, une étoile pour nous guider, une étoile pour donner de la lumière quand le soleil s’éteint.

Je n’ai pas les mots, tant de sentiments contradictoires, quand il n’est pas question de prendre le temps du deuil parce que la guerre est à la porte, parce que la guerre est dans les murs, un peuple a perdu son protecteur, les charognards s’agitent, de longtemps les gardiens des semences ne connaîtront pas le repos. C’est la grande patrie qu’il faut défendre contre l’invasion silencieuse qui sur tout le continent a déployé ses avant-postes et ses chevaux de Troie.

J’aime ce peuple debout pour qui révolution veut dire « Nous sommes unis par un même amour qui nous incite à prendre soin de la fragilité humaine, nous sommes les porteurs de flambeaux d’un monde d’amis, pas de rivaux. »

J’ai bien peur que nous ayons dans un avenir proche à affronter un déchaînement de ténèbres. Sommes-nous prêts ?

Aujourd’hui doit être un jour qui prélude à une renaissance, que les graines semées puissent germer et grandir. Un nouveau métier est né, et chacun peut en être, jamais nous ne serons trop, toujours complémentaires, Gardiens des semences, celle des vivants menacés et semences de mémoire, l’histoire de la tendresse qui traverse le monde et s’enracine dans la nuit des temps.

On peut ne pas être chrétien et adhérer cependant à ce qui nous fut transmis du message d’origine, parole de Jésus ? Paroles d’amour, de respect, de partage. Rien à redire. La figure du Christ est assurément une incarnation de la simplicité, et nombreux parmi ceux brûlés comme hérétiques ne vivaient rien d’autre que cette rigueur qui n’était pas austère, qui fondait ses richesses dans d’autres valeurs, l’inépuisable bonté de l’humain et cette joie qui habitent les bons convives.

C’est Socrate qu’on assassine, c’est Jésus qu’on assassine, ce sont les justes, les diseurs de vérité, ceux qui proclament les joies de la simplicité qu’il faut éradiquer. En finira-t-on un jour avec les assassins de l’amour et de la simplicité. Quelle folie habite donc notre espèce, comme une malédiction. Tant de belles personnes, douces, gentilles, généreuses, chaleureuses, tant de sourires d’enfants aux yeux qui brillent comme une promesse d’avenir… « ils » veulent y mettre un terme. Quelle haine de soi ne faut-il pas pour en en venir à une telle haine de l’autre, ce besoin de détruire, non par de protéger mais de conquérir et de détruire, comme une maladie de l’âme.

Des monstres, il n’y a pas d’autres mots, des monstres qui s’en prennent à la joie du monde qu’ils ne supportent pas, ils accaparent toujours et plus, et encore et encore et jamais ne connaissent l’assouvissement, comme des plus dures drogues, il leur en faut toujours d’avantages. Je les contemple incrédule depuis le nid de mon bonheur tranquille, fait de toutes petites choses et je les toise de toute la hauteur de mon mépris soutenu et portée par la colère qui m’habite face à la douleur, la mort, q « ’ils » portent   de par le monde, sans scrupule, sans conscience, sans état d’âme. Détruisant tout sur leur passage jusqu’à l’espoir d’un avenir.

Le meilleur d’entre nous nous a quittés, et tous nous savons que pour que son âme repose en paix nous devons prendre soin des semences qu’il nous a léguées.

 

Adios amigo, hasta luego !

 

Aujourd’hui nous pleurons, demain nous essayerons si petit que nous soyons d’être les nains dressés sur tes épaules de géant. Nous sommes tes héritiers  les Gardiens des Semences, une grande famille en train de naître.


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24 février 2013 7 24 /02 /février /2013 09:20

 

Quelques mots qui m’ont réchauffé le cœur. Je ne suis pas juive, mais mon arrière-grand-père, Robert Wolff, était juif berlinois et les nazis l’ont tué. C’est sa fille qui m’a élevée, il y avait dans notre entourage beaucoup de juifs. Tante Ginette, à qui j’ai demandé un jour, je devais avoir 5 ou 6 ans,  nous étions à table,  pourquoi elle avait un numéro sur le bras, grand silence chargé d’émotion autour de la table. Alors on m’a expliqué, c’était difficile à comprendre pour une petite fille à l’âge des contes de fée.

Wolff n'est donc pas mon nom officiel, mais il est celui dont je porte l'héritage, ce clan du loup aux valeurs duquel j'essaye d'être fidèle envers et contre tout et tous quand il faut.

Ce que disent les juifs pour la paix, traduit exactement l’esprit dans lequel j’ai été éduquée, celui d’un peuple persécuté depuis des millénaires et qui se sent co-chargé de cette responsabilité « Plus jamais ça ! Jamais, nulle part et pour personne ! »

Je parle rarement d’Israël, de Palestine parce que je ressens fortement l’antisémitisme qui couve sous de nombreux propos et que je refuse de quelque manière que ce soit de m’associer à cela. Jamais je ne pourrai me placer aux côtés de ceux qui encensent Faurisson et autres négationnistes ou ceux qui en dénonçant Israël ou les banquiers rapaces parlent « des juifs » et qui me font gerber.

Une image me hante, je l’ai déjà décrite, l’interview de deux jeunes militaires israéliens, assis dans un divan, physique aryen, corps de GI’s, propos dignes de l’arrogance raciste nazie, sauf que dans ce scénario le juif incarne la figure du surhomme et les palestinien celle de l’infrahumain. Derrière le divan, la mère juive italienne, qui a connu la déportation, elle écoute ses fils et des larmes silencieuse coulent le long de ses joues… je sais que cette douleur est celle qu’aurait ressentie ces juifs qui ont contribué à mon éducation et qui m’ont appris à me placer du côté des plus faibles que le plus fort veut écraser.

Je sais que comme les français, les belges, pendant la seconde guerre mondiale furent aussi tous ces collabos, tous ceux qui se sont tus et ont vu emmener la famille juive voisine parfois avec une joie maligne, comme les français, les belges furent ces héros de la résistance de mille manière, mettant leur vie en jeu, pour lutter contre le nazisme, libérer nos pays, créer des filières pour faire évader des enfants juifs au risque de leur vie, les juifs sont aussi bien ces justes qui portent le poids de la douleurs du monde et tentent d’y remédier que les bourreaux qui assassinent la Palestine ou les banquiers qui sont parmi ceux qui confisquent le monde dans ce qui ressemble de plus en plus à un génocide planétaire.

Aujourd’hui la fracture est là, entre ceux qui sont guidé par l’amour du prochain, la bienveillance, le désir d’un monde de paix et de respect où se décident ensemble tous habitants de toutes origines et de tous lieux comment nous allons habiter ensemble la planète – écosophie et ceux qui mu par la malveillance, la convoitise, le racisme, les marchands de guerre les fabricants de haines et ceux qui leurs obéissent. Et cette fracture est présente en tous lieux de la planète.

Aux juifs pour la paix qui ont écrit ce texte : merci, infiniment.

 

Les grosses ficelles du CRIF

Union juive Française pour la Paix 

Le CRIF de Marseille Provence s’offusque dans une tribune [1] du 18 février du fait que la Cimade PACA ait décliné son invitation à une cérémonie en mémoire des victimes juives du nazisme qu’il organisait [2] .
 Tout est dans le titre de la tribune : antisionisme et boycott versus mémoire victimes juives et nazisme.
La Cimade n’a rien à démontrer au CRIF ou à quiconque sur sa relation à la Résistance pendant l’occupation et à la déportation des Juifs de France, de Chambon sur Lignon aux filières de sauvetage organisées, son action parle pour elle. Et c’est à ce titre d’ailleurs que le CRIF de Marseille Provence l’a invitée.
Ce qu’a dit courageusement la Cimade PACA c’est qu’elle n’était pas prête à participer à une manifestation de ce type AVEC LE CRIF. Et nous, UJFP, partageons son point de vue.
Pourquoi ?
Parce que nous ne reconnaissons pas la « représentativité » d’un collectif d’associations communautaires qui ne représente guère qu’une très petite fraction de la « communauté » des 600 000 Juifs français.
Parce que cette représentativité a consisté pour ces organisations juives communautaires, qui ont dérivé vers un néo-conservatisme redoutable, à confisquer la parole de 600 000 personnes au profit d’une cause détestable, celle de l’occupation et de l’oppression du peuple palestinien, et cela avec des outils encore plus détestables : la manipulation et l’instrumentalisation de la mémoire juive et l’amalgame entre critique politique et racisme antisémite, au risque de provoquer ce que l’on prétend vouloir éviter. Le CRIF se distingue par son attaque systématique de toute parole critique contre Israël qu’il étiquette comme antisémite. Il demande, exige, fait pression pour que toute intervention publique sur la question du dit « conflit israélo-palestinien » cherchant à soutenir la cause palestinienne, c’est à dire celle de l’opprimé, soit attaquée jusqu’à obtenir que soit interdite toute parole dans des universités, des grandes écoles, etc. Gageons que cela ne vous attire pas que des sympathies. Le CRIF a ainsi réussi la redoutable opération de transformer le statut de l’antisémitisme en France : de racisme dangereux et contre lequel chacun doit se mobiliser, en arme de guerre anti-palestinienne au service d’Israël. Or c’est précisément cette mutation qui ouvre les vannes et libère la parole antisémite quand et là où elle existe. En ce sens le CRIF fait un sale boulot. Nous l’avions déjà dit [3] .
Mais aussi parce que nous non plus nous n’accepterions pas de manifester pour le souvenir de nos morts déportés victimes du Nazisme ou même contre l’antisémitisme avec ceux qui ont soutenu les opérations meurtrières sur la population civile désarmée et assiégée de Gaza. Cela nous semble un détournement ignoble de notre héritage. Pour nou, la seule « mémoire » est celle des devoirs conférés par l’horreur nazie : plus jamais ça pour personne, solidarité avec tous les opprimés, lutte contre toutes les formes de racisme. 

Messieurs du CRIF,
Nous sommes aujourd’hui à des années-lumière de vous, et nous vous plaignons d’avoir perdu tout sens éthique et toute sensibilité à la douleur d’autrui.
Mais nous vous le disons : Il est trop tard ! pour traiter la Cimade PACA d’antisémite, trop tard et ridicule. Les ficelles sont devenues trop grosses. Il suffit de consulter votre site, lire vos écrits pour comprendre où sont les appels à la haine. Une attitude qui ne mérite à nos yeux que mépris. Pourtant ne vous leurrez pas, et ouvrez les yeux. Dans votre dos, ceux-là même qui vous soutiennent en apparence, par crainte d’être traités d’antisémites, vous haïssent en réalité à cause de votre attitude menaçante, arrogante et insultante ; et ils vous haïssent avec des termes antisémites : « Ils sont les plus forts,... ils sont partout... !! »
Nous luttons avec la Cimade et beaucoup d’autres dans ce pays, contre tous les racismes l’islamophobie, le racisme anti-noir, anti-Rrom, pour les droits des sans-papiers, pour un avenir partagé entre Israéliens et Palestiniens sur la base de l’égalité des droits. Cela fait sans doute aussi de nous aussi des antisémites à vos yeux.
Pourtant l’Egalité, c’est la devise de la République que vous invoquez si souvent.

Bureau national de l’UJFP le 20-02-2013

Notes 

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12 janvier 2013 6 12 /01 /janvier /2013 14:03

 

Que crèvent les mondialistes…

Que crèvent les sanguinaires cravatés

Que crèvent les grands projets assassinant les grands tout petits

Que crèvent les États et leur couchette putain aux hommes d’affaires parfumés à l’or

Que crèvent les grands de ce monde, portails organiques, lustrés, flamboyants, éteints…

Que crèvent ceux qui ne savent ni vivre au grand savoir du non-vivre

Que crèvent les animaux désâmés

Que crèvent les enterrés de chair

Qu’ils crèvent pour que l’on vive, enfin vivre, sans montre, sans horaire, sans rien, mais avec tout…

l’amour…

Pour qu’enfin ne crève l’amour des uns des autres encoffré dans le savantisme puant

Que crèvent ceux qui croient que l’or est buvable, alors que l’humain est constitué d’eau

Que crèvent les mangeurs de Terre, les affamés d’humains, les cannibales mondialistes

Que crève  ce lard de la planète,  ce blé soufflé, barbe-à-papa

 

Que crèvent les compteurs d’eau élus, les machines machinant les sous

Que crèvent les fabricants de douleurs

Que crèvent sorciers et fabulateurs de sciences falsifiées

Qu’ils crèvent tous, pour que nous puissions vivre et décider de nos vies, à petits pas, sans vouloir conquérir la lune, mais reconquérir la Terre qui nous a été volée.

Gaëtan Pelletier

12 janvier 2013

 

A lire sur le blog de Gaëtan Pelletier Que crèvent… | LA VIDURE

via cette fois encore Les Dernières Nouvelles du Monde | Scoop.it

 

Que nous ont-ils donc fait pour que les plus doux, les plus tendres , les plus pacifiques, les plus illuminés de vie se mettent ainsi en colère ?

Ce qu'ils nous ont fait : ils nous ont déclaré la guerre au nom de la haine et de la convoitise. A nous qui voulions vivre simplement, tranquillement, sans chichis. Ils se sont déclarés "hors humanité" en droit de choisir qui ferait partie demain de l'espèce hybrides des Saigneurs de Planète.

Des peuples se lèvent qui relèvent le défi, ils sont Le Peuple des Humains,sans races et de toutes couleurs, qu'un même amour uni, c'est celui de la vie.

 

 

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26 décembre 2012 3 26 /12 /décembre /2012 20:09
« Quitter la terre ferme des certitudes »

En Europe, certains connaissent Starhawk, la sorcière néopaïenne de San Francisco, pour l’avoir croisée lors des rassemblements de Seattle, de Gênes ou de Québec. Femmes, magie et politique, qu’ont publié ce printemps les Empêcheurs de penser en rond, est son premier livre traduit en français. Il date de 1982 - elle avait alors trente ans -, mais les enjeux qu’il définit, élaborés dans le contexte du reaganisme triomphant et de ce que l’on apercevait de l’évolution globale du monde à cette époque, collent parfaitement aujourd’hui. Si bien que c’est un livre qui tombe à pic, et même, qui produit une accélération, qui bouscule sérieusement, qui invite à s’aventurer plus loin, à penser autrement.



Même s’il a été écrit avant la naissance et le baptême officiel de l’altermondialisation (et même si Starhawk a publié récemment aux Etats-Unis un livre sur les mobilisations de ces dernières années), on peut le prendre comme un soutien de poids aux quelques penseurs francophones qui mettent en garde le mouvement actuel contre les insuffisances et les faiblesses constitutives auxquelles il s’expose lorsqu’il se contente de - comme elle l’écrivait déjà à l’époque - « dénoncer les abus les plus criants de la propriété ». Comme Annie Le Brun, qui juge dérisoire de ne faire que « brandir l’épouvantail économique », et qui doute que l’on puisse « lutter contre la séparation avec les armes de la séparation », Starhawk nous dit (dans un style très différent, certes) que la seule raison raisonnante est impuissante à nous tirer du très mauvais pas où nous sommes ; qu’elle ne fera même que nous y enfoncer un peu plus.

Pourquoi « sorcière » ? Dans une annexe captivante du livre, « Le temps des bûchers », elle étudie le coup de force qui s’est joué en Europe au moment de l’Inquisition. C’est l’époque des enclosures, des « mises en clôtures » : les terres autrefois exploitées collectivement par les villageois, même si elles appartenaient formellement au seigneur, sont clôturées ; on cherche désormais à en tirer un profit maximum : la valeur d’échange supplante la valeur d’usage. « La terre enclose, au lieu de servir de multiples besoins et objectifs, n’en servait qu’un, observe-t-elle. Quand une forêt était abattue et close pour la transformer en pâturage, elle ne pouvait plus fournir de bois pour le chauffage ou la construction, de glands pour les porcs, d’habitat pour le gibier, de lieu pour la cueillette des herbes thérapeutiques, ni d’abri pour ceux qui étaient amenés à vivre en dehors des confins de la ville ou du village. » L’organisation collective du travail est détruite : l’unité productive se réduit à l’individu. Les plus marginaux, privés de leurs derniers moyens de subsistance, deviennent entièrement tributaires des salaires. La chasse aux sorcières sert tous les objectifs de la révolution qui est en train de se produire. Elle contribue à détruire la communauté, puisque le risque de se faire dénoncer comme sorcier ou sorcière pousse chacun à se méfier de tous. Elle éradique le lien à la terre, ce lien que les villageois célébraient à travers les rituels marquant le cycle des saisons. Elle est aussi confiscation de la connaissance : en qualifiant les savoirs populaires de superstitieux et d’obscurantistes, voire de diaboliques, on substitue à la figure du guérisseur intégré à la communauté celle du médecin qui dispense sa science d’en haut. Le patient, privé de sa confiance dans sa propre culture et sa propre force, est désormais entretenu dans la conscience de son impuissance et de son indignité fondamentale. En martyrisant la chair des femmes, l’Inquisition exprime aussi une haine de la vie sensuelle qui se retrouve dans l’éthique protestante du travail : les tâches nourricières sont dévalorisées et même frappées d’« irréalité » ; le travail et le profit constituent une sphère autonome, une fin en soi, et condamnent le désir de confort, la jouissance immédiate de la vie ; sont glorifiés le contrôle, la domination du corps et de la nature.

« La fumée des sorcières brûlées
est encore dans nos narines ;
elle nous intime avant tout de nous considérer
comme des entités séparées, isolées
en compétition, aliénées,
impuissantes et seules »

Le monde qui émerge est celui de ce que Starhawk appelle la « mise à distance », et qu’un Miguel Benasayag - dans Le mythe de l’individu, notamment - nomme « séparation » : l’être humain est coupé de la nature, coupé de ses semblables, coupé de son propre corps. Cette idéologie « promet de façon mensongère que le soi peut entièrement se libérer de la terre, que la maîtrise et le contrôle peuvent complètement gagner sur les forces profondes de la vie et de la mort, que la nature peut être domestiquée ». On voit triompher la vision « mécaniste » du monde, dans laquelle les choses n’ont pas de lien les unes avec les autres, et ne sont que des entités inertes, dont la valeur est strictement d’échange. C’est la fin de l’immanence, conception selon laquelle la valeur sacrée réside dans chaque élément du monde et nulle part ailleurs : elle n’y est pas rapportée par un Dieu qui lui serait extérieur. L’immanence, qui avait survécu au catholicisme à travers les pratiques et les croyances qu’incarnaient les sorcières, mais aussi un certain nombre de sectes radicales, ne résiste pas à la mise en coupe réglée de la culture populaire qui se joue à l’époque de l’Inquisition.

Pour Starhawk, « le passé vit dans le présent », et cette histoire d’expropriation et de répression se poursuit jusqu’à aujourd’hui : « Nous pouvons lire dans nos journaux les mêmes accusations contre la fainéantise des pauvres. Les expropriateurs se déplacent dans le tiers monde, détruisant les cultures, pourvoyant la connaissance occidentale estampillée, pillant les ressources de la terre et des gens. L’éthique de la propriété les anime. L’agriculture scientifique empoisonne la terre de pesticides ; la technologie mécaniste construit des centrales nucléaires et des bombes qui peuvent faire de la terre une chose morte. Si nous écoutons la radio, nous pouvons entendre le crépitement des flammes à chaque bulletin d’information. Si nous regardons le journal télévisé ou sortons marcher dans les rues, où la valeur transcendante du profit augmente les loyers, le prix de l’immobilier, et contraint les gens à quitter leurs quartiers et leurs maisons, nous pouvons entendre le bruit sourd de l’avis de mise en clôture en train d’être cloué à la porte. (...) La fumée des sorcières brûlées est encore dans nos narines ; elle nous intime avant tout de nous considérer comme des entités séparées, isolées, en compétition, aliénées, impuissantes et seules. » C’est sans doute aux Etats-Unis, où les colons européens l’ont imposée par la violence en éradiquant la culture « immanente » des autochtones, que la « mise à distance » est le plus développée. C’est peut-être à elle, d’ailleurs, que les militants altermondialistes en veulent confusément lorsqu’ils s’en prennent aux Etats-Unis : le reconnaître ne leur permettrait-il pas d’assumer sans complexe leur anti-américanisme, en même temps que de se prémunir contre le manichéisme (invalidé du seul fait qu’une Starhawk représente, elle aussi, un visage des Etats-Unis) ?

 


« La physique moderne reconnaît
ce que les chamans et les sorcières ont toujours su :
que l’énergie et la matière ne sont pas des forces séparées
mais des formes différentes de la même chose
 »

Pour tenter d’inverser la vapeur, les sorcières néopaïennes travaillent à redonner à chacun la conscience de son propre pouvoir, en même temps qu’à renforcer ses liens avec les autres et avec le monde. Au « pouvoir-sur », le pouvoir de l’autorité, imposé d’en haut, elles opposent le « pouvoir-du-dedans » - on retrouve là la dialectique du « pouvoir » et de la « puissance » que développe Benasayag. Cette force et ces liens ne sont pas des enfantillages gentiment ésotériques : ils existent réellement, et ne sont qu’atrophiés, escamotés. La vision mécaniste du monde, si elle continue à régner sur nos consciences, a été depuis plusieurs décennies invalidée par la science, fait remarquer Starhawk : « La physique moderne ne parle plus des atomes séparés et isolés d’une matière morte, mais de vagues de flux d’énergies, de probabilités, de phénomènes qui changent quand on les observe ; elle reconnaît ce que les chamans et les sorcières ont toujours su : que l’énergie et la matière ne sont pas des forces séparées mais des formes différentes de la même chose. » Elle écrit ailleurs que « nous sommes chacun une ride dans le nimbe de la terre », faisant ainsi écho au physicien Harold Morowitz (cité par Augustin Berque), pour qui « toute chose vivante est une structure dissipative, c’est-à-dire qu’elle ne dure pas en soi, mais seulement en tant que résultat du flux continuel de l’énergie dans le système. De ce point de vue, la réalité des individus pose problème parce qu’ils n’existent pas en eux-mêmes, mais seulement comme des perturbations locales dans ce flux d’énergie universel ». Ce sont ces flux d’énergie, cette force qui lie tous les éléments du monde - le prana hindou, le qi chinois, le mana hawaïen -, que les sorcières apprennent à célébrer et à manier, inventant de nouvelles formes de rituels.

 


Il ne s’agit pas pour elles de ressusciter tel quel un passé idéalisé : comme le notait la philosophe Isabelle Stengers dans un entretien à la revue Vacarme, à un moment où le livre de Starhawk, qu’elle a coédité et dont elle signe la postface, était encore en préparation, les sorcières américaines « en sont venues à se présenter comme des productrices de rituels. Le rapport entre ce qu’elles font et les anciens rites de sorcières ne passe pas par la question de l’authenticité. Elles se pensent héritières d’un savoir transmis, mais elles ne s’y tiennent pas. Elles inventent des rituels chaque fois qu’une situation les oblige à produire de la puissance collective - qu’il s’agisse de participer à un blocus contre une centrale nucléaire, de manifester à Seattle, ou encore de résister au désespoir, en faisant des actions de lamentation après le 11 septembre, des “productions de douleur” qui n’ont rien à voir avec la façon de Bush. Elles créent donc des rituels à la hauteur de la situation qu’il s’agit d’activer ». Parce qu’ils reposent sur un savoir construit, cohérent, en constante évolution, parce qu’ils incluent l’humour et la négativité, ces rituels ne semblent jamais ridicules ou ineptes. Starhawk fait notamment une évocation impressionnante de celui par lequel elle et ses amis célèbrent le solstice d’hiver, en allumant un grand feu sur la plage puis en se plongeant dans les vagues de l’océan, bras levés, avec des chants et des vociférations de jubilation. Avec son langage simple, concret (le grand principe des sorcières : « des choses, pas des idées »), elle est bien plus terre-à-terre que ceux-là même qui, se considérant eux-mêmes comme sensés et raisonnables, pourraient l’accuser de divaguer. L’un des grands mérites de son livre est de réancrer solidement le lecteur dans le monde, et de révéler, par contraste, l’irréalité et la déraison foncière des adeptes de la pensée mécaniste.

« Prendre le risque de faire ricaner »

Il reste que Femmes, magie et politique est une lecture aussi dérangeante que stimulante. Elle oblige le lecteur, même s’il se croit et se veut éminemment progressiste, à se reconnaître comme l’héritier du monde qui a brûlé les sorcières, au cours de cette période restée dans l’Histoire officielle sous le nom de « Renaissance » : elle l’oblige à se confronter avec ce qui, en lui, considère effectivement les anciennes guérisseuses comme des sorcièresTraité de physique et de philosophie) « notre ontologie instinctive ». Bref, rétrogrades, sales et superstitieuses (même si on commence timidement à redécouvrir la validité de leur médecine préventive et de leur usage avisé des plantes) ; avec sa propre tendance à dévaloriser et à rejeter le corporel et le nourricier ; avec sa propre adhésion à la vision mécaniste du monde, laquelle demeure, malgré les évolutions de la science, ce que le physicien français Bernard d’Espagnat appelle (dans son elle l’oblige à identifier les formes d’autorité qu’il véhicule en lui-même - et là aussi on pense à Benasayag écrivant, dans Résister c’est créer, que « le néolibéralisme est en nous ». Or, même si la vision mécaniste, qui se présente abusivement comme la seule vraie et raisonnable, produit des désordres de plus en plus évidents et de plus en plus graves, la réticence à s’en démarquer, l’espoir qu’on puisse résoudre la situation sans s’en écarter, restent très prégnants. Car au-delà d’elle, s’ouvre un terrain sur lequel on ne se sent guère à l’aise - surtout en Europe. En préparant cette traduction, les Empêcheurs de penser en rond étaient conscients du risque qu’ils prenaient : En France, écrivent-ils en quatrième de couverture, « ceux qui font de la politique ont pris l’habitude de se méfier de tout ce qui relève de la spiritualité, qu’ils ont vite fait de taxer d’être d’extrême droite. Magie et politique ne font pas bon ménage et si des femmes décident de s’appeler sorcières, c’est en se débarrassant de ce qu’elles considèrent comme des superstitions et de vieilles croyances, en ne retenant que la persécution dont elles furent victimes de la part des pouvoirs patriarcaux. Ce n’est pas le cas de la sorcière Starhawk et des femmes qui l’entourent. Non seulement elles ont pris au sérieux l’héritage des sorcières du passé sans aucun renoncement, mais elles le prolongent et transforment les idées que l’on se fait de la “magie”, “art des sorcières”. »

Starhawk elle-même, dans sa préface à l’édition française, se montre également consciente de la « crainte de tout irrationalisme chez les progressistes européens ». Penseurs et militants, uniquement soucieux de trouver la posture intellectuelle qui leur semble la plus avantageuse et de s’y tenir, répugnent en général à abandonner leur quant-à-soi narcissique, à « prendre le risque de faire ricaner », pour reprendre l’expression d’Isabelle Stengers. Elle remarque dans sa postface que la philosophie, en général, « se méfie de ceux qui osent des perspectives apparemment incongrues, dépourvues de la garantie de qualité qui authentifie la grandeur du chemin, rend impossible toute confusion avec une quelconque divagation, écarte la crainte de se retrouver en mauvaise compagnie ».

Cette crainte, dans le cas des écrits de Starhawk, est tout à fait justifiée. Parce que « la communauté s’oppose à la mise à distance », parce que « les institutions de la domination se sont établies en détruisant les communautés », elle affirme que « nous devons être intimement soucieux de préserver et de créer des communautés ». Elle a de très belles pages sur les vertus des groupes, « un manteau qui protège chacun de nous du froid, un filet qui nous reçoit quand nous tombons ». Mais elle n’élude pas ce qu’ils peuvent aussi avoir de frustrant, d’exaspérant, d’ennuyeux, ni combien ils sont difficiles à organiser, à faire tenir tout en respectant l’intégrité de chacun. Forte de son expérience et du savoir élaboré à cet égard avec ses compagnons de recherche et de lutte, elle décrit toutes sortes de méthodes pour tenter de remédier à ces difficultés : comment faire en sorte que les uns ne prennent pas trop de place tandis que d’autres se recroquevillent dans leur coin, comment circonscrire les orateurs qui tiennent le crachoir pendant des heures en soûlant tout le monde, comment lever l’autocensure de chacun et permettre une expression franche sans pour autant laisser les conflits ravager le groupe... Puisqu’on ne veut pas renoncer à la communauté, qu’on en a besoin pour agir, pour s’épanouir, mais qu’on connaît les difficultés qui se présenteront inévitablement, s’il faut y mettre de la méthode, du formalisme, eh bien, on en mettra : le raisonnement est imparable. On comprend tout l’intérêt d’Isabelle Stengers pour l’apport des sorcières dans ce domaine quand on lit ce qu’elle disait à Vacarme : sa conviction que « l’idée de faire de la politique autrement restera en panne tant que l’on ne parviendra pas à produire des groupes aussi inventifs dans leur mode de fonctionnement et de décision que le type de société auquel ils en appellent. Si on échoue à faire qu’on ait de l’appétit à se rassembler, à travailler ensemble parce qu’on se sent devenir plus intelligent à cause des autres, on reste dans l’esprit de sacrifice, avec toute la violence et le silence que cela suppose ».

 


Cultiver l’art du dosage plutôt que rechercher
un principe intrinsèquement bon

Mais, évidemment, le lecteur sent tout de suite naître en lui certaines inquiétudes : tout cela n’évoque-t-il pas le new age, dont l’idéologie et les principes de gestion des groupes furent si utiles aux experts en management ? N’y a-t-il pas là un risque de dérive sectaire ?... Que les choses soient claires : à plusieurs reprises, Starhawk se démarque explicitement du new age ; elle formule une critique sévère de l’idéologie du travail et de la logique d’entreprise ; elle conçoit le groupe comme un rehausseur de la personnalité singulière de chacun, comme un moyen de la révéler, de l’affermir, et non de la dissoudre ; loin d’imposer un dogme, elle insiste sur la nécessaire multiplicité des manières de vivre l’immanence (« si nous nous répandons partout par différents chemins, nous pouvons couvrir un espace beaucoup plus grand ») ; enfin, elle parle très simplement de sa propre tendance à jouer les « stars » : elle se félicite des correctifs que son mari ou ses amis apportent sans cesse à son autorité, car elle juge la situation d’égalité avec les autres bien plus enrichissante et gratifiante que le culte de la personnalité tant valorisé par la société américaine.

On n’est donc ni dans le new age, ni dans une logique sectaire, mais dans une pensée qui n’est pas forcément immunisée contre eux. Et peut-être est-ce là un risque qu’il faut se décider à prendre. C’est ici qu’intervient la problématique des pharmaka que définissait dans Vacarme Isabelle Stengers : « Dans notre tradition - et ce depuis Platon - on discrédite les pharmaka - ces choses dangereuses qui demandent un art du dosage - au profit de ce qui porterait en soi la garantie d’être bon ou véridique. (...) Les pharmaka exigent une attention égale au devenir-poison et au devenir-vivant, productif. Nous n’avons pas cultivé l’art des pharmaka - la science des agencements mortifères ou des agencements producteurs de vie. Nous sommes donc très dépourvus. (...) Il n’y a pas de théorie générale des agencements. Ils demandent une prudence et une expérimentation pharmacologiques. Rappelez-vous ce que disaient Deleuze et Guattari : attention, prudence pour les lignes de fuite, parce qu’elles peuvent se transformer en lignes de mort. “Agencement”, c’est un terme neutre ; il y a des agencements pour le pire et il y a des agencements intéressants. Qu’est-ce qu’un agencement-secte par rapport à un agencement-sorcier-empowerment américain ? La seule réponse expérimentale : être attentif aux devenirs mortifères, y compris de ce qu’un groupe a lui-même créé pour produire de la vie. »

Peut-être ce qui est juste n’est-il pas aux antipodes de ce qui est faux, mais tout près, séparé de lui par l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette ; si tel était le cas, s’obstiner à arpenter les antipodes serait se condamner à la stérilité. S’atteler à l’art des pharmaka, ce serait quitter les dogmes monolithiques qui se veulent garantis tous risques, s’obliger à garder un esprit critique toujours en éveil, à évaluer les pratiques avec la plus grande honnêteté. Ce serait se fier à ce que l’on ressent, et déloger pour cela les formes les plus subtiles et les plus profondes de l’autocensure. Mais c’est peut-être justement cette confiance qui manque. « Ceux qui restent campés sur la terre ferme de leurs certitudes désespérées ont en tête des “cas” qui leur répugnent, écrit Isabelle Stengers dans sa postface. Sectes ! Messes nazies ! Que de fois j’ai entendu ce cri : “Mais ce serait ouvrir la porte à... !” Comme si “derrière la porte” se pressait en effet l’obscur, la masse dense et répugnante de tous les fanatismes, de tous les irrationalismes. Maintenir la porte fermée, surtout ne pas faire confiance. »

 


Isabelle Stengers :
« Ce qu’évoque Starhawk a autant de mal
à se frayer son chemin dans ma vie
que le sang dans les pieds débandés des Chinoises »

Femmes, magie et politique ne parle pas qu’à notre intellect, mais aussi à nos sensations. Ici, comme l’écrit encore Isabelle Stengers, « la question n’est pas d’adhérer mais de sentir. Un tel sentir peut faire penser autrement et l’expérience peut en être aussi pénible, insensée et douloureuse que celle de ces Chinoises d’antan, dont le sang fluait à nouveau à travers les pieds rabougris »... Le livre agit justement par la résistance, voire par la réprobation viscérale qu’il suscite. C’est parce qu’il prend à rebours tant de nos présupposés, et que par là il nous les révèle, que sa lecture est une expérience à part entière. Expérience que Stengers résume très bien : « Ce qu’évoque Starhawk a autant de mal à se frayer son chemin dans ma vie que le sang dans les pieds débandés des Chinoises. Même si je n’en ai pas d’expérience directe, je sens le type d’exigence des rituels de la Déesse, de toutes mes fibres aristocratiques, de toute ma haine de m’exposer, de tout l’espoir, l’anesthésie, le “à quoi bon” qui permettent de supporter ce monde. Elle frappe juste. C’est pourquoi il m’est impossible de mettre l’aventure des sorcières au compte de la naïve Amérique, voire des exotismes de l’expérimentation californienne. »

Cet effet de malaise, Starhawk le recherche sciemment. « Un changement de paradigme, de conscience, est toujours incommodant, écrit-elle. Chaque fois que nous éprouvons la sensation légèrement effrayante, légèrement embarrassante, que produisent des mots comme Déesse, nous pouvons être sûrs que nous sommes sur le chemin d’un profond changement dans la structure et le contenu de notre pensée. » Ou, ailleurs : « La magie est un autre mot qui met les gens mal à l’aise, aussi je l’utilise délibérément car les mots avec lesquels on se sent bien, les mots qui paraissent acceptables, rationnels, scientifiques et intellectuellement fiables, le sont précisément parce qu’ils font partie de la langue de la mise à distance. » Elle accueille avec sérénité les réactions qu’elle suscite ainsi chez ses interlocuteurs ; elle est habituée à provoquer « un rire nerveux ou stupide », et des sorties du genre : « si vous êtes une sorcière, hi hi, transformez-moi en crapaud » (elle répond parfois, paraît-il : « pourquoi faire dans la redondance ? »).

Il n’est pas forcément nécessaire qu’on sorte de là avec le désir d’imiter les sorcières américaines - au risque de les singer - pour que la lecture ait été profitable. Femmes, magie et politique agit par les changements de paradigme qu’il amorce effectivement - ou qu’il alimente - dans la tête et dans le corps, par les nœuds qu’il y défait, par les outils conceptuels qu’il propose pour penser son rapport au monde, à la nature et à la culture, à la singularité et au collectif. Loin de les opposer, il parvient à faire converger le désir de bien-être et celui de participer à la « bataille de notre temps ». Aussi éloigné du pessimisme cynique que des mièvreries de l’espoir, il conjugue la plus grande lucidité quant à l’évolution du monde avec une immense confiance dans sa propre force. C’est un livre à la hauteur. Voilà peut-être pourquoi il produit un effet aussi euphorisant.

Mona Chollet

Les photos publiées avec ce texte proviennent de l'album suivant
http://www.flickr.com/photos/auntiep/60453561/in/set-860297/
elles ne sont pas sans rapport avec l'idée que je me fait de la magie


Starhawk, Femmes, magie et politique, (très bien) traduit de l’américain par Morbic, postface d’Isabelle Stengers, Les Empêcheurs de penser en rond,

Source :  Périphéries - Femmes, magie et politique, de Starhawk


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10 juin 2012 7 10 /06 /juin /2012 11:29

 

"Je prends le chien, je démonte le chien, je remonte le chien et c'est toujours le même chien"

Pensée cartésienne

 

Aujourd'hui je vous présente quelques pensées du petit  René et de ses contradicteurs... ainsi que tout ces cartésiens qui n'ont jamais lu Descartes (ou si peu, ou ce qu'on leur en disaient) sachent un peu mieux, ce qu'ils disent en s'affirmant cartésiens. Tant  qu'à faire... Pour citer tous les passages qui m'ont fait rire ou affligée, il me faudrait l'accès à une bibliothèque,  certains sont assez croquignolets dans leur ingénuité.  L"épisode du poêle qui fonde  le discours de la méthode est à mourrir de rire. Voilà que notre petit René pour fonder une pensée universelle doit s'abstenir de manger, de pisser et tout autre fonction ou activité naturelle afin de se faire pure pensée.... et se plaint-il, voilà qui est douloureux et toujours à refaire.....et pour les athéistes théocratiques, rappelons tout de même que la nécessité de cette pensée pure, c'est qu'elle seule pourra être d'inspiration divine, il fonde &lors sa méthode dans un Dieu parfait qui ne peut donc lui inspirer que des pensées parfaites et la logique fera le reste....

Il semble que d'être resté dans son lit,  car de santé fragile, au lieu de suivre les cours avec ces petit camarades lui ai fait perdre le fil quelque part... Descartes c'est la pensée désincarnée.... avec les conséquences que l'on sait... ou non. J'ai néanmoins beaucoup de respect pour l'homme en vert qui surmontant sa débilité physique se combattit lui-même pour devenir (dit la légende) quoique toujours malingre un des meilleurs bretteurs de son époque.  Et non je ne suis pas cartésienne, car je suis rationnelle... et ne peux me contenter d'une pensée fondée dans la notion d'un Dieu parfait tout en reniant la nature en soi. Mais je ne suis pas une machine, je suis une humaine et donc d'une autre essence et une Terrienne, . ..


 

DESCARTES René (Discours de la méthode) :

L’homme doit se rendre comme maître et possesseur de la nature.

 

 

[...] ceux qui, sachant combien de divers automates, ou machines mouvantes, l'industrie des hommes peut faire, sans y employer que fort peu de pièces, à comparaison de la grande multitude des os, des muscles, des nerfs, des artères, des veines, et de toutes les autres parties qui sont dans le corps de chaque animal, considéreront ce corps comme une machine qui, ayant été faite des mains de Dieu, est incomparablement mieux ordonnée et a en soi des mouvements plus admirables qu'aucune de celles qui peuvent être inventées par les hommes.

Et je m'étais ici particulièrement arrêté à faire voir que, s'il y avait de telles machines qui eussent les organes et la figure extérieurs d'un singe ou de quelque autre animal sans raison, nous n'aurions aucun moyen pour reconnaître qu'elles ne seraient pas en tout de même nature que ces animaux ; au lieu que, s'il y en avait qui eussent la ressemblance de nos corps et imitassent autant nos actions que moralement il serait possible, nous aurions toujours deux moyens très certains pour reconnaître qu'elles ne seraient point pour cela des vrais hommes. Dont le premier est que jamais elles ne pourraient user de paroles ni d'autres signes en les composant, comme nous faisons pour déclarer aux autres nos pensées. Car on peut bien concevoir qu'une machine soit tellement faite qu'elle en profère quelques-unes à propos des actions corporelles qui causeront quelques changements en ses organes, comme si on la touche en quelque endroit, qu'elle demande ce qu'on veut lui dire; si en un autre, qu'elle crie qu'on lui fait mal, et choses semblables ; mais non pas qu'elle les arrange diversement pour répondre au sens de tout ce qui se dira en sa présence, ainsi que les hommes les plus hébétés peuvent faire. Et le second est que, bien qu'elles fissent plusieurs choses aussi bien ou peut-être mieux qu'aucun de nous, elles manqueraient infailliblement en quelques autres, par lesquelles on découvrirait qu'elles n'agiraient pas par connaissance, mais seulement par la disposition de leurs organes. Car, au lieu que la raison est un instrument universel qui peut servir en toutes sortes de rencontres, ces organes ont besoin de quelque particulière disposition pour chaque action particulière ; d'où vient qu'il est moralement impossible qu'il y en ait assez de divers en une machine pour la faire agir en toutes les occurrences de la vie de même façon que notre raison nous fait agir. Or, par ces deux mêmes moyens, on peut aussi connaître la différence qui est entre les hommes et les bêtes. Car c'est une chose bien remarquable, qu'il n'y a point d'hommes si hébétés et si stupides, sans en excepter même les insensés, qu'ils ne soient capables d'arranger ensemble diverses paroles, et d'en composer un discours par lequel ils fassent entendre leurs pensées ; et qu'au contraire il n'y a point d'autre animal tant parfait et tant heureusement né qu'il puisse être, qui fasse le semblable. Ce qui n'arrive pas de ce qu'ils ont faute d'organes, car on voit que les pies et les perroquets peuvent proférer des paroles ainsi que nous, et toutefois ne peuvent parler ainsi que nous, c'est?à?dire, en témoignant qu'ils pensent ce qu'ils disent ; au lieu que les hommes qui, étant nés sourds et muets, sont privés des organes qui servent aux autres pour parler, autant ou plus que les bêtes, ont coutume d'inventer d'eux?mêmes quelques signes, par lesquels ils se font entendre à ceux qui, étant ordinairement avec eux, ont loisir d'apprendre leur langue. Et ceci ne témoigne pas seulement que les bêtes ont moins de raison que les hommes, mais qu'elles n'en ont point du tout. (…) Et on ne doit pas confondre les paroles avec les mouvements naturels, qui témoignent des passions, et peuvent être imités par des machines aussi bien que par les animaux; ni penser, comme quelques anciens, que les bêtes parlent, bien que nous n'entendions pas leur langage; car s'il était vrai, puisqu'elles ont plusieurs organes qui se rapportent aux nôtres, elles pourraient aussi bien se faire entendre à nous qu'à leurs semblables.

 

 

 

1646 DESCARTES (Lettre à William Cavendish) : « ce qui fait que les bêtes ne parlent point comme nous, est qu’elles n’ont aucune pensée, et non point que les organes leur manquent. Et on ne peut dire qu’elles parlent entre elles, mais que nous ne les entendons pas ; car, comme les chiens et quelques autres animaux nous expriment leurs passions, ils nous exprimeraient aussi bien leurs pensées, s’ils en avaient… Je sais bien que les bêtes font beaucoup de choses mieux que nous, mais je ne m’en étonne pas ; car cela même sert à prouver qu’elles agissent naturellement et par ressorts, ainsi qu’une horloge, laquelle montre bien mieux l’heure qu’il est, que notre jugement ne nous l’enseigne…Si elles pensaient ainsi que nous, elles auraient une âme immortelle aussi bien que nous ; ce qui n’est pas vraisemblable, à cause qu’il n’y a point de raison de la croire de quelques animaux sans le croire de tous, et qu’il y en a plusieurs trop imparfaits pour pouvoir croire cela d’eux, comme sont les huîtres, les éponges ».

 

 

 

Et quelques contradicteurs choisis en vrac parmi les nombreuses citations à ce sujet que nous livre , Kamala, la louve  site d'un ami des animaux, aussi éthologiste de renom. Un site dont chaque partie est l'ensemble est une réfutation de Descartes.

 

 

 

1769 DIDEROT (Entretien entre d’Alembert et Diderot) : « Tout animal est plus ou moins homme…Cet animal se meut, s’agite, crie…Prétendrez-vous avec Descartes, que c’est une pure machine imitative ? Mais les petits enfants se moqueront de vous, et les philosophes vous répliqueront que si c’est là une machine, vous en êtes une autre. »

 

 

675 LA FONTAINE (Fables) : « …qu’un Cartésien s’obstine/A traiter ce Hibou de montre et de machine !... Qu’on m’aille soutenir, après un tel récit,/Que les bêtes n’ont point d’esprit/Pour moi, si j’en étais le maître,/Je leur en donnerais aussi bien qu’aux enfants…J’attribuerais à l’animal/Non point une raison selon notre manière,/Mais beaucoup plus aussi qu’un aveugle ressort…. ».


1740 HUME (Sur la raison des animaux) : « ... aucune vérité ne m’apparaît plus évidente que le fait que les bêtes sont dotées de la pensée et de la raison aussi bien que les hommes. »

 

1764 VOLTAIRE (Dictionnaire philosophique) : « Des barbares saisissent ce chien, qui l’emporte si prodigieusement sur l’homme en amitié ; ils le clouent sur une table, et ils le dissèquent vivant pour te montrer les veines masaraïques. Tu découvres dans lui tous les mêmes organes de sentiment qui sont en toi. Réponds-moi, machiniste, la nature a-t-elle arrangé tous les ressorts du sentiment dans cet animal, afin qu’il ne sente pas ? A-t-il des nerfs pour être impassible ? Ne suppose point cette impertinente contradiction dans la nature. »

 

 

1648 MORE (Lettre à Descartes) : « De toutes vos opinions sur lesquelles je pense différemment de vous, je ne sens pas une plus grande révolte dans mon esprit, soit mollesse ou douceur de tempérament, que sur le sentiment meurtrier et barbare que vous avancez dans votre Méthode, et par lequel vous arrachez la vie et le sentiment à tous les animaux…Pourquoi, lorsqu’un chien pressé par la faim a volé quelque chose, s’enfuit-il, et se cache-t-il comme sachant qu’il a mal fait, et marchant avec crainte et défiance, ne flatte personne en passant, mais se détournant de leur chemin, cherche la tête baissée un lieu écarté, usant d’une sage précaution, pour n’être pas puni de son crime ? Comment expliquer cela sans un sentiment intérieur ?...Mais dites-moi, je vous prie, monsieur, puisque votre démonstration vous conduit nécessairement, ou à priver les bêtes de tout sentiment, ou à leur donner l’immortalité, pourquoi aimez-vous mieux en faire des machines inanimées, que des corps remués par des âmes immortelles... il n’y a rien qui puisse confirmer davantage tous les platoniciens dans leur sentiment sur l’immortalité de l’âme des bêtes, que de voir un aussi grand génie que le vôtre réduit à n’en faire que des machines insensibles de peur de les rendre immortelles. »


GANDHI : On reconnait le degré de civilisation d’un peuple à la manière dont il traite les animaux.

HORKHEIMER & ADORNO (La dialectique de la raison) : Dans ce monde, privé d’illusions, où les hommes ayant perdu la faculté de réfléchir sont devenus les plus intelligents des animaux et assujettissent le reste de l’univers –quand ils ne sont pas en train de s’entre-déchirer-, respecter les animaux est considéré non seulement comme de la sentimentalité, mais comme une trahison envers le progrès.


LEVI-STRAUSS Claude (Allocution à l’UNESCO en 1971) : Le respect que nous souhaitons obtenir de l’homme envers ses pareils n’est qu’un cas particulier du respect qu’il devrait ressentir pour toute forme de vie. En isolant l’homme du reste de la création, en définissant trop étroitement les limites qui l’en séparent, l’humanisme occidental hérité de l’Antiquité et de la Renaissance l’a privé d’un glacis protecteur et, l’expérience du dernier et du présent siècles le prouve, l’a exposé sans défense à des assauts fomentés dans la place-forte elle-même. Il a permis que soit rejetées, hors des frontières arbitrairement tracées, des fractions chaque fois plus prochaines d’une humanité à laquelle on pouvait d’autant plus facilement refuser la même dignité qu’au reste, qu’on avait oublié que si l’homme est respectable, c’est d’abord comme être vivant plutôt que comme seigneur et maître de la création : première reconnaissance qui l’eût contraint à faire preuve de respect envers tous les êtres vivants.


MERLE Robert (Le propre de l’homme) : Le propre de l’homme, est-ce le rire ? Mais les chimpanzés rient aussi. Le propre de l’homme, est-ce la raison ? Mais comment la refuser aux dauphins et aux primates, à qui l’on voit faire tant de choses étonnantes qui ne relèvent pas d’un simple dressage ? Le propre de l’homme, enfin, est-ce le langage ? Mais peut-on le dire encore quand on voit un chimpanzé s’exprimer avec les mains comme un sourd et muet ?

 

 

JPEG - 51.9 ko PICQ Pascal (Il était une fois la paléoanthropologie) : La belle inquisition, qui en d’autres temps condamnait un Bruno, un Vanini ou un Galilée, est menée aujourd’hui par nos ’humanités’ contre les éthologues et les paléoanthropologues. On les somme ainsi de s’occuper de leurs bêtes et de leurs bouts d’os ; car la question de l’homme n’est pas de leur compétence.


WAAL Frans de (L’âge de l’empathie) : L’empathie se construit sur la proximité, la similitude et la connaissance de l’autre –en bonne logique, puisque nous avons évolué pour favoriser la coopération à l’intérieur du groupe. Combinée avec notre intérêt pour l’harmonie sociale, qui exige une répartition équitable des ressources, l’empathie place l’espèce humaine sur la voie menant à des sociétés à petite échelle qui insistent sur l’égalité et la solidarité. Or nous vivons aujourd’hui au sein de sociétés beaucoup plus importantes, où cette insistance se révèle plus difficile à entretenir… Certains scientifiques se transforment en ‘singes de la sagesse’, plaquant la main sur leur bouche et leurs oreilles dès qu’on aborde les états intérieurs des autres animaux.

 

1660 BARY (Philosophie accommodée à l’intelligence des dames) : « Quelques autres disent que les bêtes agissent par instinct et par conséquent qu’elles sont irraisonnables. La proposition est trop vaste, et la conclusion n’est pas assez juste. Il y a dans les enfants une faculté qui est distincte de l’instinct, c’est-à-dire de cette impression secrète qui les porte à téter, et à faire plusieurs autres choses qu’ils n’ont pas apprises. Il y a aussi dans les bêtes une puissance qui est différente de la lumière avec laquelle elles sont créées, et comme par la faculté qui est distincte de l’instinct, les enfants apprennent à chanter, à jouer du luth, et à former cent autres habitudes, par la même faculté aussi les bêtes apprennent à danser, à battre du tambour, et à contracter cent autres gentillesses…Je n’ai rien à répondre à cela si ce n’est que la raison est répandue dans la plupart des actions bestiales, que l’Histoire des animaux est remplie d’un nombre incalculable de ruses, et que c’est avoir une fausse idée de la raison que de combattre la raison des bêtes. »

 

1871 DARWIN (La descendance de l’homme et la sélection sexuelle) : « On peut évidemment admettre qu’aucun animal ne possède la conscience de lui-même si l’on implique par ce terme qu’il se demande d’où il vient et où il va, qu’il raisonne sur la mort ou sur la vie, et ainsi de suite. Mais, sommes-nous bien sûrs qu’un vieux chien, ayant une excellente mémoire et quelque imagination, comme le prouvent ses rêves, ne réfléchisse jamais à ses anciens plaisirs, à la chasse ou aux déboires qu’il a éprouvés ? Ce serait là une forme de conscience de soi. …si les facultés mentales de l’homme différent immensément en degré de celles des animaux qui lui sont inférieurs, elles n’en différent pas quant à leur nature. Une différence en degré, si grande qu’elle soit, ne nous autorise pas à placer l’homme dans un règne à part. »

 

Et je terminerai avec cet adversaire permanent de Descartes et pourtant co-contributeuren mathématique puisque si l'un nous a laisser la géométrie analytique, l'autre inventa le calcul intégral.

Livre III
Des mots

THÉOPHILE. Je suis réjoui de vous voir éloigné du sentiment de M. Hobbes, qui n'accordait pas que l'homme était fait pour la société, concevant qu'on y a été seulement forcé par la nécessité et par la méchanceté de ceux de son espèce. Mais il ne considérait point que les meilleurs hommes, exempts de toute méchanceté, s'uniraient pour mieux obtenir leur but, comme les oiseaux s'attroupent pour mieux voyager en compagnie, et comme les castors se joignent par centaines pour faire des grandes digues, où un petit nombre de ces animaux ne pourrait réussir ; et ces digues leur sont nécessaires, pour faire par ce moyen des réservoirs d'eau ou de petits lacs, dans lesquels ils bâtissent leurs cabanes et pêchent des poissons, dont ils se nourrissent. C'est là le fondement de la société des animaux qui y sont propres, et nullement la crainte de leurs semblables, qui ne se trouve guère chez les bêtes.

 

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31 mai 2012 4 31 /05 /mai /2012 14:10

Je souscris tout simplement...

Évolution : le singe à mallette
Quand la pensée philosophique rejoint les aspirations poétiques:  Désobeissance civile décerne son premier Prix "Art, politique, philosophie & humour" à Mr Gaëtan Pelletier pour l'ensemble de son oeuvre de blogger. Un Prix honorifique où il n'y a rien à gagner sinon une reconnaissance amicale infinie   . Un coup de chapeau, en somme.  G.Hadey






Le corps humain a été construit pour marcher, courir, jouer, travailler… avec ses muscles.
Bien sûr, il a un cerveau.

Le 21e siècle est l’ère des singes assis… Il y a là une sorte de schizophrénie lamentable et pénible. De fait, l’Homme n’est pas fait pour travailler, il est construit pour se déplacer et ensuite lambiner, s’écraser et « jouir » des plaisirs simples de la vie.

Il est né pour cueillir des fraises, attraper des truites, pêcher, puis rentrer à la maison – bien en forme – faire l’amour comme un dieu, roter, se coucher et se réveiller avec comme cadran,  un coq.

En fait, ça aurait dû se passer comme ça. Son cerveau lui permettant de bâtir une société où le monde du travail – façonné avec son « génie »,  aurait pu lui permettre de vivre une vie décente, riche du potentiel interne de ses émotions, de ses relations avec autrui, et accepter la mort, l’inéluctable, tout en se disant qu’ici bas est une aventure et un beau film tridimensionnel de toute la féerie de la création.

C’est un athée, ou un lunatique, qui après quelques réussites scientifiques, d’organisation, s’est pris pour le centre du monde.

C’est un singe 2.00

Point.

***

Instruit?

Oui. C’est une partie de « l’évolution » : la création d’esclaves instruits. Au lieu de travailler, de roter, de faire l’amour, il travaille comme un défoncé pour se payer un peu de paresse.

Sans le savoir, il est devenu un mica qui se prend pour un diamant.

L’Histoire de l’humanité est l’Histoire de la recherche d’échapper au labeur.

Je souhaite la bienvenue à tous les athées qui trouvent le sens de leur vie, loin de la terre, loin des vaches, loin des arbres, loin des oiseaux, et qui ont tout fourré leur vision du monde dans un écran plat et dans leur carrière.

Il a acheté l’idée de la carrière : un bout de vie dans l’immensité.

Il a commencé à se plaindre de la bourgeoisie fainéante, changeant de « système » pour devenir le pire des fainéants rêvant de devenir un roi fainéant qui embrochera des serviteurs grâce à ses dons d’administrateur.

C’est un crapaud qui a trop fumé d’idées et qui va finir par exploser. Emportant avec lui ses semblables… C’est déjà commencé.

C’est l’âge de la bouffissure. Nos voisins américains en surpoids ne sont qu’un exemple externe des ballonnés de l’intérieur.

On se croirait à l’Église catholique, avec ses bâtisses-églises devenues en format social un stade olympique, des tours à bureaux, une tour Eiffel, et autres hyper accessoires de l’orgueil humain. Comme le catholicisme, on y retrouve la stratification des valeureux, saints, sous-saints, petits dieux guérisseurs, etc.

Rien n’a changé.

C’est toujours un gâteau historique à étages, jugeant du haut de leurs talons – maintenant fabriqués des écoles qui livrent des étagères sociales en format de diplômes, cette petite lettre de noblesse qui intellectualise permet de pontifier, d’établir des lois contre nature, etc.

Notre Homme a échappé au travail « musculaire ». Soit. Maintenant il fait du jogging, de la méditation, avale des pilules, consulte des psys, se lève à 5h le matin, embarque dans son vaisseau quadraroues, et s’en va pester dans les bouchons de circulation. On lui vend des voitures qui consomment moins, mais des acheteurs qui consomment plus.

?


Il ne fume plus, c’est mauvais pour la santé.

Il boit, c’est une activité sociale.

Il doit être vert dans un monde où le pétrole est dans les sables bitumineux.

Il ne doit pas désobéir.

Il doit marcher en silence et ne pas casser de vitres.

Mais il a le devoir d’aller tout saccager dans un autre pays…

***

Il ne croit à rien… Mais c’est un athée qui veut mourir riche.

Il porte une montre en or, mais il n’a plus de temps.

Le plus étrange est que tout le monde rêve de devenir « quelqu’un » ou de gagner à la loterie.

La Terre est devenue un immense Facebook : on a tous des amis virtuels qu’on ne connaît pas… Et des dieux virtuels auxquels on s’abonne.

La « solidarité » humaine mondiale a autant de valeur qu’un PCAA (1).

On ne va plus vers l’autre, on le twitte.

***

P.-S. Aujourd’hui, Facebook a été réévalué à 100$ milliards. Lors de la sortie du film relatant la fondation de Facebook, on a évalué (en 2007 ) la valeur de Facebook à 25$ milliards.

***

1-      PCAA . En termes financier, Papiers commerciaux adossés à des Actifs.
En termes humains, emprunts de faux amis, ou virtuels, n’ayant qu’une valeur  virtuelle.


Gaëtan Pelletier


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28 mai 2012 1 28 /05 /mai /2012 10:14

 

 


Montéhus

Paroles (extrait)

 

Sur cette butte là y'avait pas d'gigolettes
Pas de marlous ni de beaux muscadins.
Ah c'était loin du Moulin d'la Galette,
Et de Paname qu'est le roi des patelins.
C'qu'elle en a bu du bon sang cette terre,
Sang d'ouvriers et sang de paysans,
Car les bandits qui sont cause des guerres
N'en meurent jamais, on n'tue qu'les innocents !

La butte rouge, c'est son nom, l'baptême s'fit un matin
Où tous ceux qui grimpaient roulaient dans le ravin.
Aujourd'hui y'a des vignes, il y pousse du raisin,
Qui boira d'ce vin là, boira l'sang des copains.

Sur cette butte là on n'y f'sait pas la noce
Comme à Montmartre où l'champagne coule à flots,
Mais les pauvr's gars qu'avaient laissé des gosses
Y f'saient entendre de terribles sanglots ...
C'qu'elle en a bu des larmes cette terre,
Larmes d'ouvriers et larmes de paysans
Car les bandits qui sont cause des guerres
Ne pleurent jamais, car ce sont des tyrans !

La butte rouge, c'est son nom, l'baptême s'fit un matin
Où tous ceux qui grimpaient roulaient dans le ravin.
Aujourd'hui y'a des vignes, il y pousse du raisin,
Qui boit de ce vin là, boit les larmes des copains.

Sur cette butte là, on y r'fait des vendanges,
On y entend des cris et des chansons :
Fi
lles et gars doucement qui échangent
Des mots d'amour qui donnent le frisson.
Peuvent-ils songer, dans leurs folles étreintes,
Qu'à cet endroit où s'échangent leurs baisers,
J'ai entendu la nuit monter des plaintes
Et j'y ai vu des gars au crâne brisé !

La butte rouge, c'est son nom, l'baptême s'fit un matin
Où tous ceux qui grimpaient roulaient dans le ravin.
Aujourd'hui y'a des vignes, il y pousse du raisin.
Mais moi j'y vois des croix portant l'nom des copains ...

 

Source : Texte de : La butte rouge

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20 mai 2012 7 20 /05 /mai /2012 12:15

 

le totalitarisme français devient de plus en plus fou

 

" Je préfère qu'on m'abatte moi, plutôt que le sanglier. Je me mettrai en travers". Un retraité de 83 ans a prévenu ce samedi 12 mai qu'il ferait barrage de son corps au péril de sa vie si les autorités viennent lui prendre le sanglier qu'il a recueilli il y a un an et qui coule des jours heureux chez lui, dans le Tarn-et-Garonne. Yvan Blaise, ancien viticulteur à Saint-Paul-d'Espis, un village de 630 habitants du Quercy blanc, a trouvé celui qu'il a baptisé Bamby le 28 février 2011 alors qu'il accompagnait une partie de chasse. "Sa mère avait dû être tuée la veille. Je me suis enlevé une chaussette de la botte et je l'ai mis dedans", raconte Yvan Blaise.

Bamby avait un ou deux jours. Il pesait 800 grammes. Yvan Blaise et sa femme Alice, 80 ans, l'ont nourri au biberon. Aujourd'hui, Bamby pèse 86 kilos. Il vit dans un parc clos, avec un abri paillé et un bassin. Yvan Blaise s'est attaché à cet animal qui est "comme un gros chien, c'est une bête très intelligente, et reconnaissante en plus. Pour les gens, il a ses têtes. Mais il n'embête personne".

"Je suis cardiaque"

Aussi est-il tombé des nues le 5 mai quand deux gardes-chasse sont venus l'informer qu'il ne pouvait plus garder un animal sauvage. "Ils ont dit qu'ils saisiraient la bête, qu'ils l'abattraient. Et puis que je paierais une amende. On a 780 euros de retraite par mois. Comment voulez-vous qu'on paie ?". "J'aurais très mal si on me le prend, je suis cardiaque.

Le maire, Camille Mallevialle, s'inquiète: "Vu sa santé, si on le lui enlève, je crains un drame". Lui non plus ne comprend pas. "Il faut voir cet animal. Il vous suit partout et se laisse caresser comme un chien. Et puis c'est archi-clôturé, en pleine campagne". Yvan Blaise croit à une dénonciation. Mais de qui ? Le maire n'a jamais reçu la moindre récrimination.

Sur le site de la Dépêche du Midi qui a rapporté l'information, la réaction des internautes est unanime: "Tous avec vous papy !" ou "Foutez lui la paix !". La préfecture n'a pas répondu aux sollicitations. Le parquet n'était pas joignable.

En 2011, une agricultrice de Dordogne, Evelyne Cornu, avait refusé de se séparer de sa laie, "Mimine" , qu'elle hébergeait depuis 11 ans. Elle avait été condamnée à 200 euros d'amende et sommée de s'en séparer par le tribunal de grande instance de Périgueux. Mais finalement, après dix mois de procédures, le tribunal correctionnel de Périgueux avait autorisé Evelyne Cornu à garder le sanglier femelle, en lui donnant seulement une amende de 100 euros avec sursis. C'est le site du journal Sud Ouest qui rapporte cette issue heureuse.

La Dépêche du midi rappelle aussi que l'acteur Alain Delon avait plaidé en faveur d'une laie et de son propriétaire, Maurice Gayral, "sorti de l'alcoolisme grâce à son animal".

 

 

Trouvé chez Roland Mi iras limake

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11 mai 2012 5 11 /05 /mai /2012 22:37

 

Un besoin de beauté, un besoin de lumière après cette plongée dans l'enfer des guerres nucléaires et de leurs irréversibles conséquences... ben voilà. 

 

Pablo Neruda à Rafael Alberti ( le chant général)


J'ai décidé de suivre la très belle initiative cubaine du festival international de poésie de La Havane ayant lieu du 21 au 27 mai, en rendant hommage aux trois poètes dont le gouvernement espagnol à décidé d'effacer le nom des institutions et des rues d'Espagne : Rafael Alberti et Miguel Hernandez, tous deux espagnols et Pablo Neruda le chilien.

Ces trois poètes sont liés par leur amitié profonde et leurs engagements en tant que républicains pour contrer le fasciste franco.

Ils sont très chers à mon coeur pour toutes ses raisons en plus de leur poésie qui me touche.

Vous retrouverez donc diverses initiatives sur mon blog, qui ne sont pas des groupes de lecture, j'aimerais bien vous lire ce que j'édite mais c'est impossible, et j'anticipe dès aujourd'hui car je serais absente la semaine du festival.

Je vous remercie d'avance pour votre intérêt et votre sympathie.

 

Amitiés républicaines

 

caroleone

 

 

 

 

A Rafael Alberti (Puerto de Santa Maria, Espagne)


 

Rafael, avant d’arriver en Espagne, je vis venir à

ma rencontre

ta poésie, rose intégrale, grappe biseautée,

et depuis lors elle a été pour moi non pas un souvenir

mais une clarté parfumée, l’émanation d’un

monde.

 

 

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A ton sol durci par la cruauté tu as donné

cette rosée que le temps avait oubliée.

L’Espagne en s’éveillant te portait à la hanche,

à nouveau couronnée de perles aurorales.


 

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Tu te souviendras : j’apportais des songes

corrodés

par des acides implacables, des séjours

parmi des eaux d’exil et des silences

d’où les racines amères émergeaient

comme des troncs calcinés dans une forêt.

Comment pourrai-je, Rafael, oublier ce

temps-là ?


 

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Je vins à ton pays comme quelqu’un qui

tombe

sur une lune de pierre et trouve partout

les aigles de terres en friches, l’épine sèche des

ronciers,

mais ta voix, matelot, était là, m’attendant

pour me souhaiter la bienvenue et m’offrir le

parfum

de la giroflée, tout le miel des fruits de mer.

 

Et je voyais ta poésie, nue, sur la table.

 

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Les pinèdes du sud, les races du raisin

à ton diamant taillé ont donné leurs résines,

et au contact d’une clarté si belle, l’ombre

qui m’escortait, à grands lambeaux se

dissipa.

 

 

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Architecture érigée en pleine lumière,

comme les pétales,

à travers le parfum grisant de tes poèmes,

je vis l’eau de jadis, la neige héréditaire,

et à toi plus qu’à tout autre je dois

l’Espagne.

Avec tes doigts je touchai le pain de la ruche

et le désert,

je connus les rivages rongés par le peuple

comme par l’océan, et les gradins

où la poésie fit briller et déchira

toute sa robe de saphirs.

 

 

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Le frère seul enseigne, tu le sais. Et à cette heure

dont je parle

non seulement tu m’enseignas ce que j’ai dit,

la splendeur morte de notre origine,

mais la droiture de ton destin,

et lorsque le sang revint visiter l’Espagne

je défendis le patrimoine du peuple, le mien.

 

 

pablo-picasso-01.jpg

 

Ces choses tu les sais, tout le monde les sait.

Je ne veux qu’être auprès de toi,

et aujourd’hui, alors qu’une moitié de vie déjà te

manque,

et la terre de ton pays à laquelle plus que l’arbre tu

as droit,

aujourd’hui que dans les malheurs de la patrie le

deuil

de qui nous aimons et ton absence obscurcissent

l’héritage de l’olivier dévoré par les loups,

je veux t’offrir, ah ! Si je le pouvais, frère

sublime,

cette joie étoilée qu’alors tu me donnas.

 

Picasso-Baigneuse-assise-au-bord-de-la-mer.-Early-1929.-163.jpg

 

Nous touchons toi et moi la poésie

comme une peau céleste,

et j’aime avec toi cueillir une grappe,

ce rameau de vigne, cette racine des

ténèbres.

 

picasso1.jpg

 

 

L’envie qui ouvre des portes chez l’homme

n’a pu ouvrir ta porte ni la mienne. Ah ! Qu’il

est beau

lorsque par exemple la colère du vent

fait déferler dehors son vêtement

et que le pain, le vin, le feu se trouvent près

de nous,

de laisser aboyer le marchand de furie,

de laisser siffler celui-là qui passe entre tes

pieds,

et avec tout le rite de la transparence

de lever son verre plein d’ambre.

 

 

picasso-la-baignade.jpg

 


 

Pablo Neruda

 

Extrait tiré du Chant général

 

Source : coco Magnanville

 

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