14 mars 2013 4 14 /03 /mars /2013 22:42

 

Ratzinger avait été mis en échec par Hugo Chavez dans sa tentative d’éradiquer la théologie de la libération et ses représentants en Amérique Latine. Notre gauche laïque, quand elle n’émane pas de la secte des athées universalistes, a du mal à reconnaître le phénomène et à l’accepter : La trilogie des libérateurs aujourd’hui au Venezuela sont le Christ, Bolivar et Chavez.

Il semble que Bergoglio prend un très mauvais départ puisque de toutes part surgissent les témoignages et documents qui mettent en cause ses liens de collaborateur avec la dictature militaire argentine et sa complicité avec des arrestations, enlèvements et disparitions de militants de gauches, prêtres compris.

Provocation ou maladresse, en tout cas il semble bien que les chrétiens d’Amérique Latine et les autres ne soient pas dupes. « Saint Hugo prie pour nous ! » dit le peuple du Venezuela qui désormais fait plus confiance à Hugo pour être leur intercesseur auprès de Dieu qu’aux prélats de l’église. Je constate, j’ai écrit en janvier, alors que l’église du Venezuela tentait une campagne de diffamation contre le président du pays « Si l’église devait excommunier Chavez, c’est Chavez que le peuple suivrait ». 

Il semple que depuis quelques années déjà Bergoglio peaufine son personnage d’austère jésuite irréprochable en vue de cette élection. Manque de bol, ce qui marcherait assurément en Europe, ne marchera pas en Amérique Latine où se sont établis des réseaux et relais de résistance à la désinformation grâce à un journalisme d’investigation de qualité et des chercheurs qui ne se laissent pas prendre dans les rets de l’autocensure. Empire et complots sont des mots qui font sens dans la région et ce n’est pas le bon sens.

Si le changement de pape avait aussi comme but de reprendre en main des troupeaux de fidèles latinos, c’est râpé d’avance, les peuples n’ont plus besoin d’église, ils ont besoin de l’amour qui relie les humains entre eux et avec les autres habitants de la planète. « Mais comment ne voient-ils pas tout cet amour » disent beaucoup de Vénézuéliens en parlant de leur révolution. « Faire une résolution demande beaucoup d’amour » disent les zapatistes. Et je suis bien d’accord avec eux, mais si d’autres ne le perçoivent pas, c’est que leur haine, justement les aveugle. C'est plus qu'une ombre au tableau,c'est un monde de ténèbres.

HABEMUS PAPAM - FRANÇOIS IER BERGOGLIO, UNE OMBRE AU TABLEAU
COUVERTURE DU LIVRE « EL JESUITA - CONVERSACIONES CON EL CARDENAL JORGE BERGOGLIO »

 

Opération conclave

Alors qu’en Allemagne était révélé en 2009 le passé de Benoît XVI au sein des jeunesses hitlériennes, Bergoglio chercha à laver son image dans la perspective d’un nouveau conclave. Les chapitres les plus éloquents de son livre « El Jesuita - Conversaciones con el cardenal Jorge Bergoglio» qui brossent un portrait angélique sont contredits par les témoignages et les documents sortis du sceau du secret. Et notamment par l’action du leader des Droits de l’Homme en Argentine, Emilio Mignogne, aujourd’hui décédé, qui avait dénonçait en son temps les prélats ayant abandonné le peuple des croyants et permis la dissimulation de documents compromettants qui impliquaient leur appui sans réserve à la junte militaire argentine. Le projet du «Jésuite », comme il aime à se qualifier, était de défendre son rôle comme provincial de la Compagnie de Jésus entre 1973 et 1979, afin de contrer les accusations des prêtres Orlando Yorio et Francisco Jalics qui l’accusait de les avoir livré aux militaires. A l’époque ils furent emprisonnés sans jugement pendant 5 mois, ainsi que le groupe paroissiale qui les accompagnait et dont on ne retrouvera jamais les corps.

A l’époque Bergoglio déclarait que ces accusations visaient à discréditer sa candidature comme papabile. Dans une biographie très documentée du cardinal, avec des preuves à l’appui, Horacio Verbitsky en a établit la véracité. Sans doute, lors du Conclave de 2005 où il avait ses chances d’être élu, Bergoglio incarnait-il une ligne plus ouverte que celle de Ratzinger. Avec le Hondurien Oscar Rodriguez Maradiaga et le Brésilien Hummes. En comparaison du cardinal de l’Opus dei, Mgr Juan Luis Cipriani Thorne, il est vrai qu’il n’est pas difficile d’incarner l’ouverture parmi les papabili d’Amérique. Bergoglio semblait définitivement grillé. Quant à Rodriguez Maradiaga, son soutien au putsch droitier dans son pays fait qu’il sait plus difficile de le considérer comme un papabile «de gauche », ou du moins social. Ceux ont misé aujourd’hui sur Bergoglio, présenté un peu rapidement comme un nouveau Luciani (Jean Paul Ier) parce qu’il prenait les transports en commun et vivait simplement, habillé comme un prêtre de base et non comme un prince de l’Eglise , ont oublié que cet ancien provincial des jésuites combattait la ligne d’ouverture du maître général des jésuites le Père Arrupe. Une ligne d’ouverture et de soutien aux jésuites engagés dans la résistance aux dictatures latino-américaines. Et qu’il doit sa promotion épiscopale à cinquante ans, au soutien amical du cardinal Antonio 

Quarracino, son prédécesseur à Buenos Aires. Un ultra-conservateur. Promotion inattendue comme son élection sur le trône de Pierre le 13 mars.

COUVERTURE DU LIVRE « IGLESIA Y DICTADURA », ÉDITÉ EN 1986

Des pasteurs livrés aux loups

Cette affaire au sein de la Compagnie de Jésus témoigne de l’implication de l’Eglise d’Argentine avec le pouvoir militaire. Dans son livre « Iglesia y dictadura », édité en 1986, à l’époque où Bergoglio était encore un illustre inconnu en dehors de la sphère cléricale, Emilio Mignone décrit « la complicité sordide » de l’Eglise catholique avec la junte militaire grâce à laquelle les prélats ont laissé, avec leur bénédiction, aux militaires la « sale besogne de nettoyer la cour intérieure de l’Église ». En 1976 à l’occasion d’une rencontre qui réunissait les représentants de la Junte militaire, le président de l’époque de la Conférence Épiscopale d’Argentine et un vicaire militaire, Adolfo Servando Tortolo, il avait été décidé qu’avant d’arrêter un prêtre, les Forces Armées avertiraient l’évêque du lieu. Et Emilio Mignone d’ajouter qu’ « en maintes occasions l’armée a reçu le feu vert des évêques». Le 23 mai de 1976 une compagnie de l’Infanterie de Marine fit une descente dans le quartier de Bajo Flores ou résidait le prêtre Orlando Yorio. Il fut emmené de force et porté disparu pendant cinq mois. Une semaine auparavant l’archevêque (Juan Carlos) Aramburu lui avait retiré, sans explication ni motivations, ses obligations sacramentales. Lors de son incarcération, le Père Yorio avait appris de la bouche de ses tortionnaires qu’il avait été dénoncé par son provincial qui était à l’époque Jorge Bergoglio. Emilio Mignone conclut son livre en se demandant «ce qui retiendra l’histoire de ces bergers qui ont livré leurs brebis aux loups sans les défendre ».
Source :
Siglo XXI
Partager cet article
Repost0
14 mars 2013 4 14 /03 /mars /2013 15:23

 

Deux textes pour une mise en perspective sur un thème fondamental : quelle écologie pour quel projet de monde. L’hypothèse étant que l’écologie a été créée de toutes pièces par le pouvoir central globalisant, en tant que matrice d’opinion ad hoc pour préparer les consciences à l’austérité et au génocide « parce qu’il faut bien sauver la planète » n’est-ce pas… et bien non… il existe d’autres éco-logiques j’y reviendrai en long, en large et en profondeur parce que le choix certaines prémisses pour fonder une écologie, un choix éthique, plutôt que d’autres débouchent sur des avenirs possibles antithétiques.

Entre la propagande d’associations écologiques au service du système et la réalité vécue du terrain, un monde de différence, deux logiques tout aussi valables l’une que l’autre en tant que logique, l’une au service du Profit contre l’existant, l’autre au service de l’existant, la différence les richesses des uns ne sont pas celle des autres, Amour, pays, prospérité contre haine, guerre et misère du monde. A lire donc :l’armée à la rescousse de la biosphère Maya  (et pourceux qui l'ignore, le terma biosphère désigne l'ensemble de la planète en tant que lieu de vie,en l'occurence il s'agit d'écosystèmes, soit)

 

 

Comment la ‘Guerre contre la Drogue’ au Guatemala est utilisée comme front pour libérer la terre au bénéfice des compagnies pétrolières.
 
Je ne suis pas allée à La Libertad, Petén, pour le poulet frit. J’y suis allée pour la guerre.
 
Ceci dit, pendant trois nuits de suite, j’étais assise sur le même tabouret en plastique en train de regarder la route principale de la ville et de manger le meilleur poulet que je n’ai jamais goûté. Le cuisinier, avec des billets pliés dans son tablier, surveillait une immense poêle en fonte remplie d’une douzaine de cuisses et de poitrines en train de frire dans une portion généreuse d’huile. Chaque nuit que je passais à La Libertad, je m’aventurais dehors pour du poulet frit, après la tombée de la nuit, quand la température descendait aux 30 degrés relativement confortables. J’étais assise à une table dehors, d’où je mangeais et regardais.
 
Tout semblait se passer en même temps : motos et mototaxis s’arrêtaient, redémarraient et tournaient ; les femmes attrapaient leurs enfants et traversaient les rues à grands pas ; les bus venaient et repartaient ; les camions traversaient à la vitesse maximale. Même après la tombée de la nuit, au milieu de la circulation, les gens vendaient des mangues (mûres ou pas mûres), dictionnaires, boissons et vêtements. Un groupe de pharmaciens en uniforme blanc finissaient leur shift de jour. Une nuit, des gardes forestiers armés étaient assis quelques tables plus loin et mangeaient, tandis que police et soldats, présents pendant toute la journée, semblaient disparaître une fois qu’il faisait noir.
 
Je n’arrêtais pas de me dire que tout paraissait normal. C’est comme s’il n’y avait pas de guerre. Et si La Libertad est connue ces jours-ci, c’est bien pour la guerre. Je m’attendais à une tension, peut-être un couvre-feu non officiel, des postes de contrôle intensifs ou des convois VUS (véhicules utilitaires sport) aux fenêtres teintées.
Quelque chose.
 
Le Guatemala apparaît à nouveau dans les nouvelles et celles-ci ne sont pas bonnes.
 
Le pays centre-américain est en train de récolter plus d’attention médiatique en tant qu’endroit chaud pour les groupes du crime organisé. Tandis que la couverture médiatique s’est concentrée sur les atrocités et l’augmentation de la criminalité organisée, une nouvelle ruée vers le pétrole a lieu dans le Petén, la même région du nord qui est de plus en plus militarisée et convoitée par des groupes criminels.
 
En mai 2011, la municipalité de La Libertad était le lieu du massacre le plus meurtrier du Guatemala depuis le conflit interne qui a duré 36 ans et qui s’est terminé officiellement en 1996. Vingt-sept travailleurs ont été tués sur un ranch qui s’appelle Los Cocos. La plupart des morts étaient des hommes indigènes Q’eq’chi. Quand le lendemain du massacre, les autorités sont entrées dans le ranch, ils ont trouvé 26 corps et 23 têtes décapitées. « Ça va, Otto Salguero ? Bâtard que t’es… On va te trouver et te décapiter aussi. Sincères salutations, Z200, » disait un message en espagnol écrit avec du sang humain sur le côté d’un bâtiment tout près des corps. Le bâtiment appartenait soi-disant à une cellule locale des Zetas.
 
Des images du carnage à La Libertad ont été mises en ligne, montrant des têtes éparpillées dans le gazon et des soldats qui gardent des corps décapités dont les mains étaient attachées. Elles ont choqué le monde et rappelé des souvenirs des années les plus obscures de l’histoire du Guatemala quand ce genre d’évènement était devenu presque banal dans certaines régions rurales. Mais contrairement au passée, ce n’était pas des hommes habillés en uniforme du gouvernement qui exécutaient le meurtre. Cette fois-ci, les Zetas étaient accusés. Les Zetas constituent un groupe narcoparamilitaire qui à l’origine a été formé par des forces spéciales mexicaines qui, à leur tour, ont déserté et rejoint le Cartel du Golfe, dont ils se sont séparés en 2010.
 
« Plus que contrôler les chaînes de distribution et l’infrastructure nécessaire pour faire fonctionner les opérations quotidiennes, les Zetas se concentrent sur le contrôle du territoire, » dit un rapport de septembre 2011 préparé pour InSight Crime, un think-tank fondé par George Soros. Le rapport, basé principalement sur des informations venant des sources gouvernementales et des articles de journaux, se réfère au massacre à La Libertad comme la première incursion des Zetas dans le Petén. Pour ce qui peut être prouvé, des trafiquants de drogue qui s’identifient comme des Zetas sont actifs au Petén. Fox News a même rapporté sur une banderole accrochée dans la capitale du pays vers la fin mars et signé par Z200, la mort menaçant les citoyens du Petén. Suite au massacre, le gouvernement a déclaré l’état d’urgence qui a duré jusqu’en janvier de cette année.
 
Cependant, prétendre que Petén est le territoire des Zetas, c’est ignorer d’autres intérêts importants dans cette région riche en ressources et plus grande que la Belgique.
Pour commencer, il y a des familles ‘trafiquants de drogues’ au Petén qui n’ont pas cédé le contrôle du marché de transbordement lucratif aux Zetas. Mais les groupes armés dont la présence est la plus visible dans la région sont la police et l’armée guatémaltèques. En journée, ils étaient une partie omniprésente de la vie dans la rue des nombreuses villes et villages que j’ai visités ici en me baladant à l’arrière de camions pick-up ou en groupes.
 
Un matin, quand j’étais avec un photographe et quelques locaux, j’ai visité le Parc national de Lacandón qui se trouve également dans la municipalité de La Libertad. Des centaines de familles paysannes de la communauté de Nueva Esperanza ont été déplacées du parc l’été dernier sous le prétexte qu’elles étaient impliquées dans le narcotrafic. Nous sommes entrés dans le parc avec quelques membres de la communauté et il n’a pas fallu longtemps avant que la police équipée d’armes semi-automatiques arrive, qu’elle enregistre nos noms et qu’elle approuve qu’on faisait signe de partir. Plus tard, nous étions mis en garde à l’entrée du Parc de Laguna del Tigre car notre présence aux différents postes de contrôle de l’armée vers l’entrée du parc pouvait créer des problèmes pour le peuple que nous souhaitions visiter.
Les deux régions protégées sont fortement militarisées et sont dites comme des lieux de passage par lesquels la drogue est acheminée au Mexique. Mais elles constituent également l’habitat de dizaines de communautés paysannes et elles se trouvent parmi les régions du Guatemala possédant le plus de ressources naturelles. Les évènements qui ont lieu au Petén sont beaucoup moins connus, mais méritent une plus grande attention – surtout de la part des Canadiens.
 
Pour accéder au Parc de Laguna del Tigre, il faut voyager à travers El Naranjo, une ville frontalière animée et limitrophe d’une rivière qui coule vers le Mexique. Pendant que nous étions en train de la visiter, les soldats fixait du regard l’autre côté de la rive ; de vieux bateaux en bois venaient et repartaient ; d’autres hommes armés sans uniforme gardaient une distance dans l’ombre des vitrines ; et un petit panneau sur l’aire de chargement représentait le logo d’un autre groupe puissant opérant dans la région : Perenco.
 
Perenco est une compagnie pétrolière basée à Paris qui a produit et exporté plus de 3.6 millions de barils de pétrole non raffiné l’année précédente quand le pétrole a remplacé la cardamome comme quatrième produit d’exportation après le café, le sucre et les bananes. La compagnie fait fonctionner 47 puits connus comme le Xan Field à l’intérieur du Parque national de Laguna del Tigre, formant une empreinte que toute personne disposant d’un accès à Google Maps peut observer. Le pétrole passe à travers un oléoduc de 475 kilomètres, appartenant également à Perenco et menant à la raffinerie de la compagnie près du centre ville de La Libertad. Ensuite, l’oléoduc continue jusqu’au terminal de la compagnie près de Puerto Barrios sur la côté atlantique. Perenco a racheté l’opération de ‘Basic Resources’ du Canada en 2001.
 
Selon un résident local, qui demanda que son identité soit gardée secrète par peur de représailles, la militarisation de la région a plus à voir avec la protection des intérêts dd pétrole qu’avec le combat contre le crime organisé.
 
Il disait que « Dans le cas de Perenco, il s’agit d’une compagnie qui fournit des moyens financiers à l’armée du Guatemala pour pouvoir s’installer dans la région, », soulignant que six petites bases militaires et au moins 250 soldats, faisant partie d’un bataillon vert, existent à l’intérieur de Laguna del Tigre. Certains de ces soldats ont pris part dans les expulsions forcées des communautés vivant dans le parc et sont actuellement responsables de l’état de siège qui persiste pour ceux qui y vivent toujours. Non seulement il est défendu aux 25 à 30 communautés à l’intérieur du parc de couper un arbre sans permis, mais de surcroît elles vivent sous la pression permanente des soldats et des gardes armés.
 
« Tout d’abord, la simple présence des soldats est pesante pour les communautés à cause de la mémoire du peuple ; quand on voit un soldat, on voit quelqu’un qui est là pour tuer, » disait le résident qui se rend régulièrement dans la région. « Deuxièmement, ils ont construit un avant-poste militaire sur la route, à 15 ou 17 kilomètres d’ici, d’El Naranjo, où ils contrôlent tout ce que les communautés apportent au parc. » Il disait que les soldats empêchent les membres de la communauté d’amener les provisions, les outils et le matériel dont ils ont besoin pour leurs maisons, comme le zinc ondulé, des briques en ciment, du sable et des aciers à béton. « Ils leur mettent la pression en leur niant l’accès à ce dont elles ont besoin. Ceci est une autre manière de les obliger à quitter la région de leur propre initiative, » disait-il.
 
Perenco a détourné l’attention de ses impacts sur le parc en déclarant sur son site web que la compagnie « reconnaît la gravité des problèmes que le Parc rencontre, dont ceux causés par les communautés migrantes [sic] les techniques de l’agriculture sur brûlis. » Le gouvernement du Guatemala accuse également les habitants du parc des dommages environnementaux causés à une des zones humides les plus grandes d’Amérique centrale. « Je ne cesserai de dire que la plus grande menace pour le Parc de Laguna del Tigre sont les vaches, et non les oléoducs de Perenco, » disait l’ancien président Alvaro Colom en 2010.
 
L’ex-gouverneur de Petén, Rudel Mauricio Álvarez, soutient que le choix était entre le pétrole ou la drogue durant son mandat qui s’est terminé en 2012. J’ai rencontré Álvarez dans un café ouvert et moderne à Flores, la capitale pittoresque du Petén, suivant une échange sur Twitter concernant le mot narcoganadería, ou narcoranching (anglais), signifiant des fermes utilisées pour camoufler des activités de trafic de drogue.
 
« C’est ça la question. Qu’est-ce qui est pire ou plus nuisible : du pétrole ayant seulement un impact sur 450 hectares ou des narco-trafiquants (narcoranchers) possédant 140,000 hectares ? » demandait-il. « Tout le monde, les écologistes et tous les autres sont allés à l’encontre du pétrole… Ils rendent le vrai problème des régions protégées invisible, » disait-il, faisant une courte pause avant de revenir sur sa propre question. « Le problème n’est pas l’extraction de pétrole. Le problème, ce sont les narco-trafiquants. »
 
Aucune personne à qui j’ai parlé niait que Laguna del Tigre faisait partie d’un trafic où la cocaïne colombienne arrive par des pistes d’atterrissage privées pour ensuite être exportée au Mexique. Les opinions diffèrent sur dans quelle mesure les douzaines de communautés à l’intérieur du parc seraient impliquées dans le trafic. Álvarez soutient que la plupart des communautés sont des envahisseurs, financées par les narco-dollars. Cependant, contrairement à certains endroits au Mexique où le commerce de la drogue domine, je n’ai pas vu un seul VUS pendant mon séjour au Petén. Ma source à El Naranjo disait que les narcos resteraient entre eux, faisant des va-et-vient entre les régions, tandis que les communautés – dont beaucoup étaient composées de familles déplacées pendant le conflit interne – survivaient de leur récolte basique de blé, haricots et courges.
 
Une chose est claire. La présence des trafiquants de drogue à Laguna del Tigre n’a pas affecté la production de pétrole. En réalité, il y a un intérêt accru de la part des compagnies pétrolières pour le pétrole du Guatemala.
 
Ces derniers temps, un nombre de compagnies pétrolières canadiennes ont investi le Guatemala. La compagnie Quattro Exploration & Production, basée à Calgary, qui extrait activement du pétrole au Saskatchewan, a acquis presque 350,000 hectares au Guatemala depuis novembre 2011 pour des concessions pétrolières. Leur acquisition la plus récente est un bloc de concessions adjacent au Laguna del Tigre, ce dernier se trouvant à l’intérieur de la réserve de biosphère Maya. Récemment, d’autres compagnies comme Pacific Rubiales et Truestar Petroleum Corporation ont également été actives au Guatemala.
 
Le pétrole n’est qu’une des industries très bénéfiques du Petén. Un mégaprojet, poussé par l’élite, connu sous le nom ‘Cuatro Balam’ propose des biocarburants et de l’agriculture à grande échelle dans le sud du Petén ainsi que des investissements plus élevés dans l’infrastructure pour du tourisme de masse, partiellement financé par des groupes tels que la Banque Interaméricaine de Développement. Des groupes de conservation d’entreprises comme la Société pour la Conservation de la Vie Sauvage basée à New York, continuent de revendiquer de vastes étendues de terre pour des parcs. Il y a également la menace de nouveaux projets hydroélectriques, dont cinq sont proposés le long de la Rivière Usumacinta qui, selon les activistes, chasseraient 35,000 personnes de leur territoire.
 
Peu de profits, s’il y en a déjà, de ces activités économiques illicites ou licites bénéficiera un jour la majorité pauvre du Petén. Cette population demeure la plus probable à être déplacée de la terre dont elle dépend pour survivre et à perdre amis et proches puisque la guerre de la drogue s’intensifie au Guatemala.
 
Parmi tout cela, le nouveau président du Guatemala, Otto Pérez Molina, qui est un ancien général ferme dont la campagne était basée sur une politique intransigeante en matière de criminalité, a fait plusieurs appels publics pour la légalisation de la drogue. Certains analystes croient que Pérez Molina et son Parti patriote dirigeant, qui reçoit un soutien important parmi les soldats et les vétérans, doit choisir entre la peste et le choléra. Pour interrompre le trafic de drogue efficacement, il devrait se battre contre lui-même : l’armée, réputée depuis longtemps être impliquée dans le commerce de la drogue.
 
Indépendamment du discours de Pérez Molina, le Guatemala continue à armer encore plus de soldats et de policiers, soi-disant pour combattre le trafic de drogue, appliquant la stratégie du Département d’Etat des Etats-Unis dans la région. Stephen Harper a annoncé en avril que le Canada se joindrait aux Etats-Unis et au Mexique pour soutenir une nouvelle stratégie contre la drogue en Amérique centrale. La violence accrue et le paramilitarisme, qui ont déjà atteint des degrés stupéfiants au Petén, sont connus comme des effets secondaires de la politique antidrogue des Etats-Unis. « Comparé à d’autres régions, une augmentation de 10 % en aide militaire américaine était associée à une hausse de 15 % en attaques paramilitaires dans des régions où il y avait une base militaire colombienne, » ont déclaré des économistes, cités récemment dans le magazine américain ‘Foreign Policy’.
 
Aujourd’hui, après que la Colombie ait été le terrain d’essai pour la politique de drogue états-unienne pendant plus d’une décennie – pendant laquelle environ quatre million de personnes ont été déplacées, 50.000 ont disparu et des milliers d’activistes politiques, dissidents, unionistes et écologistes tués –, elle a la plus grande croissance économique de l’Amérique latine.
 
La dure leçon qu’on a apprise du cas colombien est que, malheureusement, la drogue et le pétrole se mélangent bien, et, il n’y a plus de doute que les politiques testées en Colombie sont appliquées actuellement au Guatemala. Quand Hillary Clinton a visité le Guatemala pour annoncer le financement des initiatives antidrogues dirigées par les Etats-Unis en Amérique centrale en 2011, elle était explicite sur le fait que son gouvernement était en train d’appliquer des stratégies auparavant utilisées en Colombie et au Mexique.
 
« Nous ne devons pas oublier que le président colombien Santos, tout comme Pérez Molina, veut étendre le ‘plan Colombie’. Cela signifie non seulement le renforcement du combat contre le narcotrafic mais surtout la conversion en une forme de paramilitarisme afin de générer une nouvelle sorte de contre-insurrection – non contre des mouvements sociaux mais contre des communautés indigènes, » disait Maximo Ba Tiul, un analyste maya poqomchi basé en Alta Verapaz. « Il s’agit de la remilitarisation du Guatemala comme projet patriotique. »
 
 
- Dawn Paley est une journaliste indépendante sans adresse fixe et ayant peu de possessions. Elle a cofondé la coopérative ‘Vancouver Media Co-op’ et travaille actuellement sur son premier livre traitant du capitalisme et de la guerre de la drogue.
 
(Source : Briarpatch  Traduit de l'anglais par Hanah Jabloune pour Investig'Action
Source en français : Investig'Action)
 



http://alainet.org/active/62129&lang=es

Partager cet article
Repost0
12 mars 2013 2 12 /03 /mars /2013 21:33

 

Merci Venezuela infos
Le président Chávez exige d’avancer vers une communication plus profonde et plus populaire « avec les travailleurs, depuis les usines », et critique l’incapacité du gouvernement à mettre en place l’État communal.

Au Venezuela, les médias privés dominent de manière écrasante (1). Télénovélas, films d’action importés, shows, manière de traiter les luttes sociales, etc.. constituent, avec leurs 80 % d’audience nationale, une hégémonie culturelle quotidienne, assez efficace pour freiner la construction de la démocratie participative. Le gouvernement bolivarien n’a pas encore osé démocratiser le spectre radio-électrique en profondeur comme l’a fait l’Argentine de Cristina Fernandez : un tiers des ondes radio et TV pour le service public, un tiers pour l’entreprise privée, un tiers pour le secteur associatif ou populaire (2). Il a cependant légalisé depuis 12 ans les médias communautaires ( = populaires) alors que ceux-ci restent réprimés, illégaux ou inexistants dans la plupart des pays. On en compte à peu près 300 à l’heure actuelle, des radios essentiellement, qui émettent librement sur une échelle locale (3).

Grand succès populaire au Venezuela : la télénovéla colombienne et son héros sympa, le trafiquant de drogue « El capo ».

AFP: Miedo en la TV venezolana tras salida del aire de programas

Depuis la victoire de Hugo Chavez aux présidentielles du 7 octobre 2012 s’est ouvert un débat intense sur « les tâches urgentes de la révolution ». Pour le dramaturge Luis Britto García « il est impossible de concurrencer la programmation importée par les médias privés. Mais il est inconcevable que tout l’appareil communicationnel public soit incapable de transmettre une télénovéla ou un programme humoristique de qualité, quand on considère la remarquable légion de talents qui appuient le bolivarianisme. Les médias de service public peuvent conquérir l’audience des médias privés sans répéter leurs lourdeurs : les incessantes interruptions de la publicité ou de campagnes publiques, la permanente pollution de l’écran par des logos, des messages de texte et des pubs par insertion, l’anarchie dans la programmation. »

Pour l’anthropologue et historienne Iraida Vargas-Arenas : « nos médias, y compris la télévision d’État, copient le modèle états-unien : décoration des plateaux, couleurs, mobilier et sa disposition, ainsi que le ton, l’habillement, la gestuelle, le langage et la cadence des présentateurs(trices), les intervalles calculés en fonction des interruptions pour passer des pubs (..) Persiste une sous-estimation des esthétiques et des goûts populaires considérés comme de mauvais goût. En tout cas il n’existe pas dans les médias d’État d’adéquation entre la forme et les contenus nouveaux que ces chaînes veulent offrir, sans parler du fait que ceux-ci mimétisent les modèles qui nous viennent du nord.

« Par ailleurs l’hyperconcentration du contrôle de l’information par les médias privés constitue une vraie menace et jusqu’à présent l’État vénézuélien n’agit que de manière réactive: à chaque attaque, une réponse défensive, sans qu’il existe, semble-t-il d’agenda communicationnel propre et parallèle, que ce soit sur le plan national ou international. Il serait nécessaire d’investir dans une amélioration qualitative des médias d’État, des médias populaires (radio, TV, documentalisme, maisons d’édition socialistes, écoles de formation de personnel, création de chaînes ou de systèmes de médias communautaires, etc..) »

Ce samedi 20 octobre le président Chavez, qui a nommé le journaliste Ernesto Villegas au poste de ministre de l’information et de la communication en remplacement d’Andrés Izarra, a exigé du gouvernement une offensive communicationnelle de grande ampleur, en suggérant par exemple de « réaliser des programmes avec les travailleurs des usines inaugurées « où s’expriment la critique et l’autocritique, cela nous alimente et cela nous manque. (..) Nous n’avons pas de système national de médias publics, c’est pourquoi nous devons le créer. Ce système doit être interconnecté avec d’autres systèmes comme celui des médias communautaires et populaires, en plus des médias régionaux et internationaux » a-t-il affirmé en conseil des ministres. 

Chavez a demandé combien, parmi l’équipe, avaient passé une nuit dans un quartier populaire, s’ils avaient lu le livre qu’il leur avait offert sur le processus de construction de la commune populaire, et il a demandé aux ministres de se souvenir de leur responsabilité dans l’Histoire, de se regarder tous les jours dans la glace. Tout en leur rappelant le besoin de faire un effort supplémentaire dans leur propre formation sur le processus de la construction du socialisme, il a lu un fragment d’un livre de l’intellectuel hongrois István Meszaros (4), pour appuyer son appel à connecter en profondeur les processus productifs avec les nouvelles unités productives urbaines et l’installation d’usines et de complexes industriels. Il a également exprimé des doutes sur l’utilisation de l’étiquette “socialiste” à tout bout de champ. « Je suis opposé à ce que nous disions « socialiste » à tout. Avenue socialiste, stade socialiste, boulangerie socialiste. Miraflores (palais présidentiel NdT) socialiste… cela en devient suspect. Celui qui le fait croit qu’il a réussi quelque chose en le baptisant “socialiste”. Ce n’est pas possible.”

Fortes critiques sur l’incapacité du gouvernement à construire des communes.

Tout en informant en direct la population sur la mise en route de nouveaux chantiers publics et de nouveaux projets sociaux tels que la participation de 27 conseils communaux du secteur Las Mayas, dans la zone de Coche (Caracas), dans la construction de 630 nouveaux logements qui font partie du projet Tazón-Las Mayas-El Valle, il a fortement critiqué l’incapacité du gouvernement à créer des communes (regroupement de conseils communaux, la commune est une organisation du pouvoir citoyen qui organise le développement sur les plans local et régional, NdT) : « Je vais devoir éliminer le Ministère des Communes parce que nous avons fini par croire que le problème des communes est celui d’un ministère et c’est une très grave erreur que nous commettons”. (5)

Le président vénézuélien a critiqué de manière directe le retard mis par les Ministres de l’Industrie, Ricardo Menéndez, ou Farruco (Ministre responsable de la Grande Mission Logement) dans l’aménagement de la ville nouvelle Ciudad Caribia, où était programmée la formation d’un complexe industriel communal, rappelant que l’objectif des travaux publics n’est pas la construction en soi mais l’amélioration des conditions de vie de la population et la construction d’une alternative au capital. “Nous ne pouvons continuer à inaugurer des usines qui sont comme des îles encerclées par la mer du capitalisme, parce que la mer les avale”.

« L’État communal ! L’esprit de la commune qui est encore plus important que la commune elle-même ! Nous avons construit depuis des années une architecture de lois communales, nous avons accumulé des ressources pour ces projets, et nous sommes le premiers à ne pas utiliser ces lois ! Ramírez (Ministre du Pétrole et de l’Énergie, NdT) devrait déjà avoir installé vingt communes dans la frange de l’Orénoque, mais on croit que le problème incombe à d’autres. Nicolas (Maduro, actuel vice-président de la République NdT), je te donne la responsabilité des communes comme si je te donnais celle de ma vie (…) Lors d’une visite à la cité nouvelle de Caribia j’ai demandé où étaient les communes. Nous continuons à remettre les logements mais les communes je ne les vois nulle part. Nicolas, qu’en penses-tu, dois-je continuer à crier dans le désert à propos de choses comme celles-ci ? Permettez-moi d’être le plus dur possible dans ces autocritiques (…)  Indépendance ou rien, commune ou rien ! »

Notes

(1)  Lire à ce sujet: « Vénézuéla, qui étouffe qui ? »  http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-12-14-Medias-et-Venezuela

(2) La SIP, organisation de patrons de médias réunie à Sao Paulo (Brésil) le 16 octobre 2012, a dénoncé la loi argentine comme une « grave menace pour la liberté d’expression ».

(3) Voir la liste détaillée des médias populaires légalisés (auxquelles l’État a octroyé une fréquence hertzienne 24 heures sur 24): http://www.conatel.gob.ve/files/solicitudes/habilitaciones/Medios_Comunitarios_Habilitados_actualizado.pdf

(4) Professeur émérite de l´Université du Sussex, né en Hongrie (1930), assistant du philosphe György Lukács, exilé en Italie lors de l´invasion soviétique de 1956, Istvan Meszaros est un des plus importants penseurs marxistes actuels, auteur de “La théorie de l´aliénation chez Marx” (1970), de “Le pouvoir de l´idéologie” (1989) et de “Au-delá du capital, vers une théorie de la transition » (1995), oeuvre considérée comme la suite du “Capital” de Karl Marx. Son oeuvre « Le défi et le poids du temps historique », publiée au Venezuela par Vadell Hermanos, a remporté le Prix “Libertador” à la pensée critique. http://venezuelainfos.wordpress.com/2012/01/30/meszaros-une-revolution-socialiste-se-doit-de-planifier-le-temps-necessaire-pour-sortir-du-metabolisme-social-du-capital/

(5) Lire à ce sujet : « Au Venezuela les communes restent à construire », juillet 2012, http://venezuelainfos.wordpress.com/2012/07/01/au-venezuela-les-communes-restent-a-construire/

URL de cet article : http://venezuelainfos.wordpress.com/2012/10/21/le-president-chavez-exige-davancer-vers-une-communication-plus-profonde-et-plus-populaire-avec-les-travailleurs-depuis-les-usines/

Partager cet article
Repost0
12 mars 2013 2 12 /03 /mars /2013 10:27

 

Réponse au commentaire d'Anne-Marie   (Les coups de coeur d'Anne-Marie)   sur La propagande hollywoodienne et la CIA 

 

C’est en grande partie grâce à ces géants d’Amérique Latine sur les épaules desquel(le)s j’essaye de me hisser que ma vision du monde c’est petit à petit transformée. Ou plutôt, ils m’ont appris à nommer ce que je discernais tout en m’apportant l’immense soulagement : si la plus grande partie d’un continent à une vision similaire, c’est que je ne suis pas en train d’halluciner ou alors c’est une hallucination vraiment très collective !

Après j’ai compris que en montagne, et sans médias, non seulement je n’avais pas été prise dans les matrices d’opinions de la propagande, mais j’étais susceptible de recevoir comme un choc ce que je découvrais en revenant en ville et que les habitants qui y avait été habitué petit à petit par glissements successifs, des changements progressifs effectués de telle manière qu’ilsoit chacun sous le seuil de perceptions.

J’avais déjà perçu cette dérive quelques années auparavant. Je m’étais dit en rigolant que si j’étais prof d’univ, je collerais mes assistants à la tâche fastidieuse d’étudier tous les glissements qui dans un domaine donné constituaient des restrictions progressives d’espace de liberté.

Il y a une chose dont je me rends compte à présent, c’est que j’étais passée à côté de quelque chose de basique, essentiel : le pouvoir de la propagande. Le fait même que nous ayons été soumis à une arme de destruction massive des consciences, dont la propagande est un outil, pas le seul,  ne m’est apparu que récemment dans toute son ampleur.

J’avais bien vu qu’au fur et à mesure que la médias se retrouvait concentrée au main de quelques grosses firme capitalistes, et que les études de journalisme étaient rendue toujours plus insipide, nous nous retrouvions toujours d’avantage face à des outils de désinformation et de divertissement – de diversion – parce que c’est un rôle sous-estimé des médias  faire diversion, comme le font certaines mesures politiques, avec sarko, c’était la burka, avec Hollande, c’est le droit pour les homosexuels d’être des petits bourgeois comme les autres, pour un socialiste qui malgré leurs quelques enfants et leur longue vie commune n’a pas épouser sa Ségolène par refus d’ l’institution « bourgeoise » du mariage, c’est un comble !

Donc si j’ai encore du mal l’exprimer avec les bons concepts, je perçois clairement que ce qui est nommé « intérêts et sécurité des Etats-Unis » ne sont en fait ni les intérêts, ni la sécurité des habitants de ce pays, mais bien ceux du pouvoir central globalisant d’une corporation marchande, celle des grandes transnationales apatrides qui petit à petit confisquent le monde et jusqu’à notre liberté de penser, de manger, de nous soigner comme nous l’entendons.

Il faut que je relise certains textes concernant les nouvelles stratégies militaires des USA pour pouvoir exprimer techniquement les étapes d’un coup d’état militaire qui s’est produit dans ce pays pendant le premier mandat d’Obama, mandat pendant lequel tout démontre qu’il agissait comme mandataire des transnationales (qui l’ont sponsorisé), pas du peuple.

C’est d’autant plus important que ce déplacement de pouvoir qui fait du Pentagone le second échelon du pouvoir est un remaniement incluent un programme mondial sous le nom d’opérations conjointes et de cultures stratégiques. En France, opération Scorpion pour l’aspect « contre insurrectionnel), et ne sais plus le nom exact des clubs sécurité-défense, sortes d’opération Tupperware, destinées aux associations et cadres de la »société civile », afin de faire passer la pilule des nouveaux systèmes de contrôle et de répression (et de leurs coûts). Un détail ? Il existe d’incessant va et vient, entre l’armée US et les Sociétés des Marchands d’Armes, ont retrouvent les mêmes à différents moments à des postes à responsabilités grassement payés pour les seconds. Les opérations conjointes dans leur aspect militaire (incluent la militarisation des polices), 150 !!! cent cinquante pays du monde ont reçu la visite des instructeurs des Opérations Spéciales, et ont acheté le matériel de répression/contrôle des populations produit par les Marchands d’Armes.

Bref il n’y a que quelques pays principalement en Amérique Latine qui ont refusé poliment de former leur armée et leur police aux techniques de protection-défense des intérêts et de la sécurité des Etats-Unis transnationales dans le monde.  Quand on lit les analystes, les journalistes et divers blogs d’Amérique Latine, tout cela devient évident.

Si Obama a eu le rôle de vecteur d’une transformation politique lors de sont premier mandat, ce fut bien de rendre le pouvoir politique insignifiant, relégué au rôle de diversion, pendant que dans l’ombre se poursuit l’implacable avancée de l’Empire des Gros Marchands. Quelques textes sur ce blog décrivent l’ensemble du processus, il faudrait que je remette un peu d’ordre dans tout cela. Si le Grand Esprit de la Terre m’accorde un plus grand crédit Internet, ce sera fait. Mais j’ai d’autres priorités pour le moment. Montrer la différence par exemple entre le Président Hugo Chavez, mandataire populaire et Obama, marionnette populiste d’une dictature qui agit dans l’ombre, pendant qu’il fait joujou avec ses drones tueurs.  

Partager cet article
Repost0
10 mars 2013 7 10 /03 /mars /2013 12:26

 

 

 

Réapprendre le monde pour se le réapproprier.

J’ai essayé de rendre un peu de cette ambiance des 70, il parait que les 60 n’étaient pas tristes non plus. Souvenirs d’enfances…les infos…on a tout juste la télé,  je vois des tas de gens courir dans les rues, crier très fort et aussi des pavés qui volent. Je demande ce qui se passe, ma grand-mère (nul n’est parfait) me répond « Ce sont des voyous »… mai 68, elle avait rien compris, il s’agissait en fait de gens qui cherchaient la plage cachée sous les pavés, comme je ne tarderai pas à l’apprendre.

« Sous les pavés la plage », « L’imagination au pouvoir »…  et à gauche comme à droite, cette promesse d’une société de loisirs actifs… et cette indissociabilité des mouvements gauchistes et hippies de l’époque, la fête est au cœur de nos luttes. « Il y a de la joie dans l’air… » du bonheur… Il y a aussi cette rencontre avec les camarades venus d’ailleurs, bientôt arriverons les réfugiés Chiliens et autres militants menacé par le Condor.

J’ai commencé à fréquenter l’université bien avant d’y être étudiante, s’y pratique un sitting permanent, (« Des fraises et du sang », c’est aux states pas chez nous !) des discussions passionnées avec les étudiants de gauche venu du monde entier. Des bistrots accueillent les uns les vietnamiens de la droite dure, d’autres nous reçoivent nos camarades et nous. Plus tard je rencontrerai un ex-militaire d vietnamien devenu mercenaire au service des EU en Amérique Latine : « Tuer, toujours tuer, je n’en pouvais plus » me dit-il. Et je sens alors que j’ai froid dans le dos !

Nous nous battons contre LA guerre et donc contre toutes les guerres, mais nous ne savons pas ce que c’est la guerre. Nous nous battons contre toutes les formes d’exploitation de l’humain par d’autres qui ne les ont plus trop… Nous sommes à un tournant mais nous ne le savons pas. Comme ledit Stephen King dans un bouquin plus ou moins autobiographique, à ce moment-là tout était possible et nous n’avons rien fait. Le fait que nous ayons cru à l’époque à des versions dignes d’Hollywood des révolutions russes ou chinoises, en dit long notre conception de la révolution a déjà été revue et corrigée par Disney.

Il faut bien dire que cette jeunesse agitée dont certains s’attribuent pompeusement le titre d’avant-garde du prolétariat, le prolétariat elle ne sait pas trop ce que c’est. Les Trotskystes par exemple sont implantés principalement dans les lycées et parmi les classes moyennes de l’époque, une jeunesse dorée et cul-dans- le-beurre… les uns songent déjà à faire carrière dans le futur régime, alors que d’autres ne sont là que pour dépenser leur trop plein d’énergie. Un jour, un camarade trotskiste me tombe dessus plein d’enthousiasme : « On a recruté un jeune ouvrier », il en pleurerait d’enthousiasme, la connexion est faite entre l’avant-garde et le peuple. Le jeune ouvrier devient la mascotte, après on se rendra compte que c’était un flic… no comment.

Ce sont les grandes grèves des mineurs de 60-61 qui marquent en Belgique la fin de la lutte ouvrière comme telle parce que la fin de la classe ouvrière comme telle se dessine à l’horizon. De prolétaires, les ouvriers deviennent des nantis, des petits bourgeois qui défendent leurs acquis. Encore une fois que une fois que les exceptions me pardonnent, je parle en général.

La fausse prospérité de l’après-guerre, dont nous bénéficions à l’époque, encore pour quelques temps, va démobiliser les forces qui souhaitaient un réel changement de manière d’habiter la planète. Téloche, bagnole, machine à laver, le camping-car pour les congés payés à la Côte d’Azur dans des campings surpeuplés… Avec nos capitalistes on est tout de même mieux lotis que les Russes avec Staline ou les Chinois avec Mao.

A l’époque l’austérité et le manque de libertés « individuelles » apparaissent d’avantage comme des attributs d’une gauche à contre-courant de l’histoire que le capitalisme qui déverse en abondance, ses « nouvelles verroteries » sur les marchés créés dans ce but, et tout cela à crédit, mais nous ne le savions pas. Nos gouvernements nous endettent mais ne s’en vantent pas, et font passer cette soudaine abondance pour le résultat de leur bonne gestion. Le progrès est du côté du « Rêve américain », les savants russes et étasuniens mène une perpétuelle courses contre la montre, devoir de résultat… »Nous sommes les premiers à avoir marché sur la lune », c’est aussi un enjeu politique. En réalité espionnage aidant, les recherches se déroulent sur des terrains similaires et ne cesse de se talonner. 

C’est aussi l’époque où les techniques de manipulation des inconscients collectifs avancent à vitesse accélérée, faut bien dire que les Russes sont doués et ont ce grand avantage de pouvoir utiliser le matériel humain à leur convenance sans avoir à se soucier d’opinion publique. Ce qui est évidemment très bénéfique pour la recherche au service du Progrès.

Manque de bol pour nous, une fois que l’opinion publique va vivre plus à Beverly Hills ou Dallas, suspendue dans l’attente du prochain épisode de sa série préférée, dont les héros, à force font partie de la famille, la révolution ? C’est quoi…  Je n’ai pas vu un seul épisode de Dallas ! Mais bon comment y échapper quand les gens autour de vous commencent à parler de J.R.  comme d’un vieux pote temporairement en difficulté, mais on lui fait confiance, on le connait, il va s’en sortir.

Un petit livre réunissant quelques essais d’Umberto Eco « La guerre du faux » décrit  assez bien ce qui se passe là. Fiction et réalité se mélange jusqu’à l’indiscernable, les militaires-là qui massacrent ce village, c’est pour de vrai ou c’est du cinéma ? Une petite anecdote mais qui en dit long, toujours à la même époque des copains musiciens (de gauche) que le système fait une tentative qui restera sans suite, de récupérer, parte tourner un clip au Luxembourg, avec quelques gamins qui leur sont gentiment fourni par leur « manager ». Notre grande vedette nationale  Plastic Bertrand  est là également pour tourner son propre clip… des gamins s’approchent de lui, le touche et s’étonnent « Tu existes en vrai ! » Ben oui, moi j’ai bien cru longtemps que les confitures du magasin, c’étaient des faux fruits.

Une autre image, on descend à Genève avec le fils d’ami qui doit avoir 3-4 ans à l’époque. Dans l’appartement la télé est allumée, un film – comme beaucoup entrecoupé de scène de grade violence », je ne fais pas attention, quand soudain je vois le petit garçon, fasciné, le regard plein d’horreur. Chez lui, il n’y a pas la télé. Pour les gamins chez qui elle fonctionne parfois en permanence, la violence est banalisée… Cela aussi fait partie de la propagande. La guerre partout, des scènes d’une violence inouïes, c’est banal donc c’est normal. Et la confusion entre réalité et fiction accentue le désinvestissement de la réalité.

Encore une fois, je pourrais donner une multiplicité d’exemples qui vont dans le même sens. Quelques personnes ont pris la peine d’établir le lien entre des enfants et jeunes tueurs et l’usage imposés de certains médicaments à la jeunesse potentiellement turbulente. 6millions de petits étasuniens sous Ritalin, j’ai des potes qui se défoncent avec ça, de ceux qui ont l’expérience de drogues dites dures… « Ton neveu, on lui donne du Ritalin ? Tu peux m’en amener, tu peux m’en amener » Débit saccadé, j’ai ces consonance d’un appel pressant en écho…

En France, en Belgique, on y est aussi. En Belgique, pour ma génération, les militantes trop sautillantes et autres jeunesses un peu allumée du caisson… de la joie à l’état pur, je vous dis on essayait de leur filer du lexotan. On m’en a prescrit, je ne demandais rien, je n’avais aucun problème de santé, j’étais plutôt bien dans ma peau (avec les réserves des doutes de l’adolescence, normal) ma mère avait dit au médecin que j’étais un peu trop »nerveuse » et j’en ai pris, pendant deux semaines, avant de tout balancer, c’est quoi cette merde… D’abord j’étais pas nerveuse, j’étais plutôt « excité comme une puce », débordante d’énergie, de santé, d’enthousiasme pour notre « nouveau monde »… c’était plutôt  bon signe… si je suis une « survivante », c’est que tous ces moments de joie forme une petite nappe phréatique de vitalité, je m’y ressource quand le doute me prend.

Je l’ai déjà dit  « Moi les médicaments, Beurk ! » C’est peut-être pour cela que je suis en bonne santé, malgré mes dérives des dernières années. Mais voilà, les drogues légales étaient déjà là pour réfréner  nos enthousiasmes militants et nos aptitudes à mettre beaucoup d’énergie à faire la fête… Ce sont les lavandières qui ont inventé de French Cancan, au bal du samedi soir, elles devaient avoir une sacré énergie pour se démener comme cela après une semaine de dur labeur. Un peu de ritalin ou de lexotan aurait sans doute arrangé ce problème devenu socialement réprouvé… les débordements d’énergie de la jeunesse, les trop grandes pulsions de vie.

Bientôt les caméras dans les rues détecteront les comportements « déviant », notre belle jeunesse s’en va devoir apprendre à marcher droit si elle ne veut pas se faire repérer les jours de guindailles. Triste monde !

Pendant que nous cultivions notre illusion de monde meilleur à venir, c’est « le meilleur des mondes » qui s’installait en douce sur notre territoire. Les stratégies de la néocolonisation par les transnationales  sont récurrentes. Là nous entrons dans une nouvelle phase de leur conquête de la domination du monde, le gant de velours est usés, les carottes transgéniques sont trop cuites, nous entrons dans l’ai de la « main de fer » et du bâton.

Mais comment en sommes-nous arrivé là.

Statégies néocoloniales appliquées à la seconde guerre mondiale. Première étape : fabrication de la guerre. Catalyse des tensions entre différents groupes qui seront armés par les mêmes. Le système est un système cybernétique dont les mécanismes de renforcement sont conçus pour que les Profiteurs en sortent toujours gagnant et sur possible sur plusieurs tableau à la fois. Je suis certaine qu’il doit y avoir quelques parts des diagrammes qui en tracent les principaux mécanismes. On arme les uns, on arme les autres et tous payent ou s’endettent, les marchands d’armes ont déjà gagné, les deux parties leur sont redevables. Après peu importe qui sera vainqueur de la guerre, ceux qui ont faits cette guerre sont perdants par rapport à ceux qui l’ont fabriquée, impulsée, organisée…. Les forces vives de la nation  sont affaiblies par la guerre, et une partie des infrastructures du pays sont détruites… Un dernier petit coup sur Dresde pour faire bonne mesure.

Ne pas perdre de vue que l’entité « gouvernement des Etats-Unis » est une officine de second rang (parmi les outils effectifs) par rapport au pouvoir transnational, central, et globalisant, qui par son intermédiaire met l’armée du pays à son service.  Aujourd’hui le gouvernement US (pas contrôlable à 1OO%) est passé au troisième rang derrière le Pentagone (qui émane directement du pouvoir central), histoire d’un coup d’état silencieux).

Néocolonisation, première étape, guerre et destruction.

Deuxième étape, reconstruction. Les « autorités » traditionnelles du pays sont évincée, une nouvelle classe dirigeantes est créés de toute pièce composées d’autorités traditionnelles convertie et d’une classe de nouveaux riches qui doit sa fraiche fortune au nouveaux maîtres, VBD, le boucher en est l’exemple parfait en Belgique et les petits livres « VDB » et ses amis sont exemplatifs. Après les marchands d’arme, vient le tour des promoteurs immobiliers. Ces livres démontent les mécanismes de la destruction de Bruxelles et de sa reconstruction qui s’en sortent multimillionnaires. Un exemple, l’immeuble qui a abrité la grande poste place de Brouckère. Faut d’abord mettre à bas un peu de mémoire, on appelle les copains, Froidecouer ou Crèvecoeur (c’est pas une blague, ils s’appellent vraiment comme cela, la Belqique est le pays du surréalisme) amène leur bull et ciao Bruxelles ma belle. Reconstruction, toujours les copains, Blaton dont la devise pourrait être détruire ou construire on s’en fout du moment qu’on s’enrichisse. Construction d’une tour modèle US garantit. Le droit d’emphytéose est cédé à une société pour un franc symbolique, VBB y a ses hommes de paille, deux étages sont loués à prix d’or à la commune de Bruxelles dont il est bourgmestre. A chaque étape, lui et ses copains du CEPIC ,extrême-droite catholique, se sont enrichis. Ils ont à présent les moyens de participer à la stratégie de la tension, VDB, prépare son coup d’état militaire… il va échouer, trop tôt, l’opinion publique est loin de se laisser berner. Il faudra quelques décennies supplémentaires et les plus lucides d’entre nous, se pose aujourd’hui la question « Elle  en est où aujourd’hui, l’opinion publique ? »

Pour cette étape de destruction, j’ai abordé la question urbaine. La colonisation de la campagne, la transformation du paysage m’entraînerait loin dans des considérations écosophiques qui viendront plus tard. « Les palombes ne passeront plus » et autres récits du paysan, historien et romancier Michelet donnent quelques bonnes description qui incluent l’état d’esprit dans les campagnes face à cette transformation qui va créer un nouvel exode rural.

Ce qui nous mène à une troisième étape : propagande et colonisation culturelle, substitution progressive du Marché Unique Mondial Globalisé au marchés locaux. Ce qui ne va pas sans une transformation induite des mentalités, des modes de vie, des habitudes.

Principe de base : le prêt conditionné… on vous prêtes de quoi reconstruire à condition que vous achetiez ce qu’on vous dit d’acheter pour en faire ce qu’on vous dit de faire. Et effectivement comme je le disais ci-dessus, une nouvelle caste va y trouver l’occasion d’un enrichissement immédiat qui en fait une collaboratrice dévouée : les nouveaux riches, qui n’étaient rien et soudain se retrouvent à des postes de pouvoir et ou d’influence dans leur pays par la grâce des nouveaux maîtres.

Si nous voulons reconquérir notre territoire, nous devrons nous aussi user de cette notion qu’utilisent les paysans et les gouvernements rebelles d’Amérique Latine, celle de « Bien Mal Acquis » appliquée à la Propriété Privée dans un système de capture.

A chaque étape, il y a eu des prêts. La guerre, cela coute cher, la reconstruction aussi. A chaque étape ces prêts sont conditionnés et permettent l’introduction du Marché sur nos territoires. A chaque étape, les prêts sont demandés et accordés sans compter. Les emprunteurs ont confiance, les bénéfices promis sont juteux, ils n’ont sans doute même pas conscience qu’ils prennent un risque. Les créanciers eux, jubilent. Il est de plus en plus clair qu’ils savent déjà, que surgira la crise opportune… adieu bénéfice, course en avant de crise en crise, d’endettement en nouveaux endettements, effondrement de nos économies. Nos gouvernements ont mis en gage notre patrimoine commun, les créanciers réclament leur dû, privatisation… ils se sont appropriés notre territoire, il leur faut aussi nos âmes.

Après il y a tous les rouages, mais le mécanisme de base est très simple et il fonctionne tout aussi bien à l’échelle des ménage, dans le crédit à la consommation pour des objets qui doivent être remplacés de plus en plus vite et l’immobilier, on connait l’histoire. Pourquoi vous croyez-que les banquiers ont prêté à tour de bras aux étasuniens ou aux espagnols, sans demander aucune garantie des prêts pour investissement immobiliers ? Vous les croyez cons ? Incompétents ? Vous êtes naïfs, la machine de capture est bien rôdée, et quelques-uns ont été grassement payés pour porter le chapeau d’une incompétence programmé, de quoi être largement consolés de passer pour l’imbécile de l’histoire, avant d’être réengagés discrètement ailleurs, le temps de se faire oublier..

Ce n’est pas un complot, c’est une stratégie, l’Europe première région du monde à bénéficier des joies de la néo-colonisation.

Et j’arrête là pour le moment

Anne

Partager cet article
Repost0
9 mars 2013 6 09 /03 /mars /2013 22:19

 

 

De la propagande, de la propagande et encore de la propagande. J’ai suivi la première campagne électorale d’Obama. En souvenir de « Devine qui vient diner ce soir », je l’ai intitulée « Devine qui va présider demain ? » La superproduction entre toutes les superproductions. Rien à dire, de la belle ouvrage, les cadrages, parfaits, avec ce qu’il faut d’émotion, les textes, peu consistants mais mobilisateurs des émotions populaires… surtout éviter la consistance, entre les lignes cependant il annonce la couleur, il parle de sueur et de larmes et de sacrifices qu’il faudra encore fournir pour enfin réaliser le grand rêve  « « « américain » » »,

Tellement bien fait qu’on a envie d’y croire, malgré que toute notre histoire récente nous raconte que dans un monde sans alternative  l’alternance est une fiction, puis tout un coup, les ficelles sont trop grosses, même s’il a le chic pour distiller le pathos avec un incontestable talent, j’ai une petite idée de qui sont ses sponsors  et des montants versés (Goldmann Sachs $ 900 millions, s’offrir le gratin d’Hollywood pour mettre en scène la campagne, c’est pas donné non plus. Alors quand il nous fait le coup de la petite vieille qui lui a envoyé un mandat de $3,  grâce aux économies réalisées sur le fuel de chauffage, fournit gracieusement pas le gouvernement bolivarien du Venezuela sans doute, Obama ne nous le dit pas, il y va de légers trémolos et d’une ébauche de larme, c’est grâce à ces gens-là qu’il peut faire campagne, il est le candidat des pauvres qui le soutiennent…. On a vraiment envie d’y croire, comme quand le pathos d’un film nous prend aux tripes de manière totalement irrationnelle et qu’un se dit… « N’oublie pas c’est du cinéma…et alors cela prend une autre dimension : fiction. Retour sur terre.

Obama n’est pas un acteur, c’est un simulateur… il sait jouer sur commande des émotions utiles à sa propagande avec un parfait contrôle de soi. Encore que là, il semble que de temps en temps il commence à se lâcher et la façade alors se craquelle. La pression de la mauvaise conscience peut-être, encore que je doute que ce mec ait à proprement parler une conscience. Mais cela n’a plus d’importance à présent qu’il est réélu, il peut laisser d’avantage tomber le masque.

Hollywood ce sont aussi les manières de vendre un candidat, de faire passer une mesure désagréable. Les campagnes électorales n’ont plus de programmes mais des scénarios publicitaires qui ont le temps de la campagne comme durée de vie.  En France cela reste du « petit budget », série B. Mais les principes sont les mêmes. Et en Belgique tout le monde s’en fiche, il y a longtemps que tout le monde a compris que nous ne sommes plus gouvernables, alors quelques guignols se dévouent pour interpréter une fiction de gouvernement qui maintient une illusion de pays, et c’est bien lamentable. Pas besoin de guignols de l’info, chez nous c’est naturel.

Et tout cela, la Belgitude, à laquelle nous sommes attachés, cède toujours plus de terrain à l’acculturation hollywoodienne. Et notre bonne humeur, faite de surréalisme et d’autodérision, bon enfant, si propice à ce multiculturalisme dans lequel personne ne perd ses racines, mais s’ancre toujours d’avantage dans le rhizome… mais notre bonne humeur fout le camp, même si elle a la peau dure, la sinistrose prend place… C’est aussi cela Hollywood, un mirage, un horizon de convoitise, et le Lotto pour seul espoir, et du coup à beaucoup, leur vie parait terne… le Lotto, c’est comme l’emploi, chacun peut gagner mais tous ne le font pas…. Et pendant ce temps, la vie passe et ne revient pas. Propagande, quand tu nous tiens !


La propagande hollywoodienne et la CIA

 

CIA Hollywood

« L’une des tendances les plus répandues dans la culture occidentale au 21e siècle est presque devenue une obsession aux États-Unis : « l’histoire hollywoodienne ». Les studios privés de Los Angeles dépensent des centaines de millions de dollars pour confectionner sur mesure des événements historiques afin qu’ils conviennent au paradigme politique prédominant. » (Patrick Henningsen, Hollywood History: CIA Sponsored “Zero Dark Thirty”, Oscar for “Best Propaganda Picture”)

Black Hawk Dawn, Zero Dark Thirty et Argo, ne sont que quelques unes des productions récentes démontrant comment l’industrie cinématographique actuelle promeut la politique étrangère étasunienne. Le 7e art a toutefois été utilisé depuis le début de 20e siècle et la coopération d’Hollywood avec le département de la Défense, la CIA et d’autres agences gouvernementales n’est pas une nouvelle tendance.

En laissant Michelle Obama présenter l’Oscar du meilleur film, Argo de Ben Affleck, l’industrie a montré sa proximité avec Washington. Selon Soraya Sepahpour-Ulrich, Argo est un film de propagande occultant l’horrible vérité à propos de la crise des otages en Iran et conçu pour préparer l’opinion publique à une confrontation prochaine avec l’Iran.

« Ceux qui s’intéressent à la politique étrangère savent depuis longtemps qu’Hollywood reflète et promeut les politiques étasuniennes (déterminées par Israël et ses sympathisants). Ce fait a été rendu public lorsque Michelle Obama a annoncé le gagnant de l’Oscar du meilleur film, Argo, un film anti-iranien extrêmement propagandiste. Dans le faste et l’enthousiasme, Hollywood et la Maison-Blanche ont révélé leur pacte et envoyé leur message à temps pour les pourparlers relatifs au programme nucléaire iranien […]

Hollywood promeut depuis longtemps les politiques étasuniennes. En 1917, lors de l’entrée des États-Unis dans la Première Guerre mondiale, le Committee on Public Information (Comité sur l’information publique, CPI) a enrôlé l’industrie cinématographique étasunienne pour faire des films de formation et des longs métrages appuyant la “cause”. George Creel, président du CPI, croyait que les films avaient un rôle à jouer dans “la diffusion de l’évangile américaniste aux quatre coins du globe”.

Le pacte s’est fortifié durant la Seconde Guerre mondiale […] Hollywood contribuait en fournissant de la propagande. En retour, Washington a utilisé des subventions, des dispositions particulières du plan Marshall et son influence générale après la guerre pour forcer l’ouverture des marchés cinématographiques européens réfractaires […]

 

 

Lire la suite ici : La propagande hollywoodienne et la CIA | Mondialisation

 

Qui vous propose aussi

SELECTION D’ARTICLES

En français :

Lalo Vespera, Zero Dark Thirty : Oscar de l’islamophobie radicale

Lalo Vespera, Zero Dark Thirty et masque de beauté

David Walsh, Démineurs, la cérémonie des oscars et la réhabilitation de la guerre en Irak

Samuel Blumenfeld, Le Pentagone et la CIA enrôlent Hollywood

Timothy Sexton, L’histoire d’Hollywood : la propagande pendant la deuxième guerre mondiale

Matthew Alford et Robbie Graham, La politique profonde de Hollywood

En anglais:

Patrick HenningsenHollywood History: CIA Sponsored “Zero Dark Thirty”, Oscar for “Best Propaganda Picture”)

Soraya Sepahpour-Ulrich Oscar to Hollywood’s “Argo”: And the Winners are … the Pentagon and the Israel Lobby

Harry V. Martin, The Real Iranian Hostage Story from the Files of Fara Mansoor

Rob Kall cited inWashington’s Blog, The CIA and Other Government Agencies Dominate Movies and Television

Marjorie Cohn, “Zero Dark Thirty”: Torturing the Facts

Matthew Alford and Robbie Graham, Lights, Camera… Covert Action: The Deep Politics of Hollywood

 

 

Mais encore : trouvé via Les Dernières Nouvelles du Monde | Scoop.it

Qui nous propose également ceci sur le thème de la propagande

 

 

LesDernièresNouvellesduMonde's insight:

En combinant les idées de Gustave Le Bon et Wilfred Trotter sur la psychologie des foules avec les idées sur la Psychanalyse de son oncle, Sigmund Freud, Edward Louis Bernays a été un des premiers à vendre des méthodes pour utiliser la psychologie du subconscient dans le but de manipuler l’opinion publique. Pour lui une foule ne peut pas être considérée comme pensante, seul le ça s’y exprime, les pulsions inconscientes. Il s’y adresse pour vendre de l’image dans des publicités, pour le tabac par exemple, ou il utilise le symbole phallique. En politique, il « vend » l’image des personnalités publiques, en créant par exemple le petit-déjeuner du président, ou celui-ci rencontre des personnalités du show-biz. Il considère qu’une minorité intelligente doit avoir le pouvoir « démocratique » et que la masse populaire doit être modelée pour accepter. Il est l’une des sources des méthodes ultérieures de propagande. On sait par exemple que Goebbels s’en est
fortement inspiré. Il fut identifié comme l’un des personnages les plus influents du XXe siècle par le magazine Life


Propaganda. Comment manipuler l’opinion en démocratie

Un ouvrage d’Edward Bernays

« La manipulation consciente, intelligente, des opinions et des habitudes organisées des masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays ».

 

http://exdisciplesleblog.unblog.fr/2007/12/19/propaganda-comment-manipuler-lopinion-en-democratie/

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
9 mars 2013 6 09 /03 /mars /2013 13:55

 

 

Et donc me voilà parcourant le champ de bataille déserté par la gauche qui s’est rendue sans combattre sinon entre soi. L’illusion électorale et la promesse d’un monde de loisir et d’abondance ont calmé les ardeurs belliqueuses de la classe laborieuse en quête de dignité.

 

Désormais la « démocratie » est un du, le système est consacré, on ne lutte plus pour y mettre fin, on revendique, on récrimine, et lutte pour le droit d’être un bon consommateur. « Emploi et pouvoir d’achat » des revendications d’esclaves du système, de ceux qui n’ont pas connu ou ont oublié le monde d’avant, se gavant de hamburger ketchup et bière (avec alcool pas comme au states), ils rêvent « américain ».

Du temps de mon enfance, les « petites gens » avaient des rêves plus nobles, les droits conquis ne l’ont été que par l’alliance du bon sens du peuple partagé avec quelques bourgeois éclairés, n’en déplaisent à certains. Deux auteurs – russes- Tolstoï et Zinoviev et deux auteurs français, Sartre et Laborit,  m’ont apporté beaucoup dans ma recherche de ce qu’est la « liberté » et Bush a fait le reste.

Les russes d’abord. Tolstoï, mon préféré, et qu’on ne vienne pas me dire que de tels auteurs, tout bourgeois ou nobles qu’ils soient n’ont pas contribué à l’humanisation de l’homme. Mon préféré c’est « Anna Harénine », non pour Anna, dont je me fiche à vrai dire mais pour Constantin Levine, l’agronome, incarnation de Tolstoï, je saute des passages pour poursuivre le fil de ses réflexions. Je prends alors vraiment conscience que homme, femme, d’ici ou d’ailleurs dans l’espace et dans le temps, certains être semblent partager les fibres d’une sensibilité commune.

Cela me donne vraiment envie de le relire… et¨donc Tolstoï va vouloir accorder la liberté aux serfs d’une de ses terres pour y créer une sorte de commune. Les serfs refusent parce que cette liberté leur semble trop chargée de risques et de responsabilités, alors que là, ils ne manquent de rien. Et Zinoviev fera résonnance à cela, Zinoviev est un dissident écrivain et logicien d’URSS, dont je recommande vraiment la lecture de « L’antichambre du paradis ». Une fresque de l’URSS au quotidien, traversée par l’évangile selon Yvan. Yvan c’est la parole libre de ceux qui se réunissent, assis sur des caisses en bois, dans les parcs, au coin d’une rue,  pour partager la vodka… et philosophent, une autre figure de la liberté. Zinoviev partira vivre aux USA, il donnera des conférences. Un petit bouquin, « Ni liberté, ni égalité, ni fraternité », de quoi faire faire un bond en avant à nos »universalistes » sectaires et aux utopistes libertaires. Ce n’est pas que Zinoviev, soit contre la liberté, l’égalité ou la fraternité, ce qu'il nous explique justement c’est que ces concepts n’ont aucun sens universellement donné une fois pour toute et reconnu de sens commun par tous.

Il nous raconte le désarroi de ses compatriotes débarquant aux Etats-Unis et se trouvant face à l’obligation de faire sans cesse des choix (liberté) et bien, ils trouvent cela pénible. Ce qui fait résonance avec le refus de la liberté des serfs de Tolstoï dont l’argumentaire est de l’ordre « Hé là, mon gars, t’es responsable de nous, tu ne vas pas te débarrasser de nous comme ça…qui nous donnera ceci, cela quand on en a besoin… » Un parallèle avec l’état providence ?

Mais continuons notre parcours et voici Sartre, celui de la Nausée, mais aussi celui des « Chemins de la liberté » Dans la Nausée, le héros, en quête de liberté absolue, va se libérer peu à peu de tous ces attachements et de toutes ces obligations, abdiquer de toutes ses responsabilités, et peu à peu le monde va perdre sa consistance, se déformant sous ses yeux. L’histoire se termine avec Roquentin, sur un quai de gare, attendant le train pour nulle part, absolument libre et absolument seul.  Moralité : la liberté sans responsabilité est une liberté vide. Il n’existe pas de liberté absolue mais bien des espaces de liberté. Une espèce en voie de disparition, à protéger d’urgence. Les espaces de liberté sont fonction des responsabilités assumées et de la contingence. Un peuple qui ne prend pas la responsabilité active de la préservation des espaces de liberté, se verra privés de ceux-ci. Déléguer sa responsabilité politique c’est aussi déléguer ses droits, la nation souveraine et le peuple souverain sont deux entité totalement différentes, dans la première les droits ont été confisqués « par les représentants de la nation », éléments de réflexion trouvé dans un cours de droit constitutionnel, c’est encore une histoire de subtile glissement de sens. Le genre de notion qui me semble-t-il devrait être enseignée à chacun dès qu’il est en âge de comprendre. Mais cela c’est l’intérêt des peuples, pas celui de la nation.

Quand on veut refonder un monde, mieux vaut examiner les fondations.

Les « Chemins de la liberté » m’ont beaucoup appris sur ce qu’est la guerre réelle…je relirais avec plaisir. Un passage décrit la transformation de la perception du même paysage dans le pays en paix et dans le même en guerre, le paysage rassurant, familier soudain devient la source de danger possible, derrière le buisson dont la vue apaisait, peut se cacher l’ennemi qui va bientôt surgir et Sartre poursuit ainsi de proche en proche, jusqu’à la louche entre en état de guerre, une arme possible contre l’ennemi qui attaque ? Je pense à ces petites familles dont les pays sont quotidiennement survoler par les drones tueurs et qui redoutent à chaque instant de la nuit (en général,  ils volent de nuit) que le prochain soit pour eux…les dégâts « collatéraux, ce sont aussi ces peuples plongés en permanence dans la terreur. L’état de guerre est une privation de liberté. L’état de peur et à plus forte raison de terreur est une privation de liberté. La négation de tout espace de liberté possible. La terreur est une prison intérieure lovée dans les entrailles, partout on l’emmène avec soi.

La politique du soupçon à laquelle on nous incite aujourd’hui dans nos vie quotidienne, qui se double d’appels à la délation requalifiée de civisme est la forme atténuée (de basse intensité ?) de l’état de terreur. Voir le microfascisme de Deleuze (dans la colonne de droite). 

Celui qui n’a pas peur de se faire agresser peut à présent redouter de se faire dénoncer à tort par un voisin jaloux. Les petites boites pour dénonciations anonymes que posait l’Inquisition (voir Leroy-Ladurie qui en reprend le texte et le contexte pour un village dont j’ai oublié le nom. Edifiant !). Une nouvelle liberté offerte au peuple, celle de dénoncer et d’en tirer gloriole et éventuellement d’autres avantages, la vache du voisin dénoncé par exemple… Hier les délateurs rasaient les murs profils bas, aujourd’hui ils font la fête en se vantant de leurs exploits… Grâce à eux on a arrêté cet incivique petit vieux – un clochard, beurk ! - dont le clébard chiait sur le trottoir (le chien  on l’a piqué, le vieux est à l’asile). Scandale ! clament les braves gens qui trinquent en levant haut leur verre. Vive la propreté ! Vive la sécurité ! Vive la liberté ! Les chiens à l’abattoir ! Les vieillards à l’hospice !

Je n’exagère même pas, certains en sont là, cela correspond à l’idée qu’ils se font de leur propre liberté… et ceux qui vont plus loin, ils sont plus rares mais ils existent : »Et plus vite il crèvera le vieux moins on payera d’impôts pour nourrir sa sale tronche, et en Grèce, certains passent à l’acte ,tant qu’à nettoyer autant y aller à fond, exit le vieux, exit le chien, deux bons coups de barre de fer et l’affaire est réglée.. J’ai ouï dire qu’à Bogota aussi, cela barde pour les vagabonds… Et c’est là qu’il s’agit de choisir quelle liberté vous importe et ce que vous êtes prêts à donner de vous-même pour qu’elle puisse exister.

Celle dans laquelle le vieux et son ami chien ont le droit de finir leur jour, tranquilles, en ne manquant de rien, pas même d’un brin de causette avec les voisins, sur un banc, à la veillée. « Allez viens boire la soupe Papy » Ou la liberté qui veut que l’on se débarrasse du fardeau de ces bouches inutiles, et les barres de fer feront très bien l’affaire, propre et sans gaspillage d’énergie. Encore que ceux qui se chargent de ce genre de nettoyage n’y vont pas à l’économie, ils ont tendance à rouer de coups leurs victimes dans une grande explosion de haine exultante.

 

 

Et Laborit que nous dit-il ? C’est dans « La nouvelle grille ». J’étais déjà arrivée à la conclusion que la liberté était un concept vague, flou, un peu fourre-tout et chacun à la sienne. Et hop, la notion fécondante ! Laborit nous dit Liberté et Démocratie sont des concepts émotionnels. Le genre de concept idéal pour la manipulation des inconscients collectifs…tout le monde y va d’une même émotion mais pas d’un même contenu mais cela, n’a aucune importance. La plus magistrale illustration d’utilisation d’un concept émotionnel pour manipuler une foule : Le slogan de la première campagne d’Obama « Yes we can… », le mantra d’une grande messe collective. Et depuis qu’a pu faire chacun de ceux qui l’ont hurlé en y projetant son rêve ? Et ce rêve commun d’une majorité du peuple étasunien, en finir avec les guerres et ce rôle de gendarme du monde que personne n‘a sollicité, et s’occuper un peu du bien être dans le pays… « Oui  cela on le peut » criaient-ils à l’unisson, les voilà bien bernés.

 

C’est un bon outil de résistance à la manipulation, quand quelqu’un veut vous inclure dans une dynamique collective fondée sur des slogans, demandez-vous qu’elle est vraiment la consistance de ces slogans, son sens commun condition d’une action collective consciemment partagée. Je bannis la notion de masse du vocabulaire de mon monde rêvé sauf dans son sens de masse critique mais la masse critique nécessaire pour que ce monde advienne n’est pas faite de magma d’inconscients collectifs se déchaînant sous la pression des émotions mais bien de l’action concertée, organique, collective, auto organisée de personnes déterminées chacune d’abord personnellement, elles ont effectué un choix volontaire et conscient  et se rejoignent pour agir de manière  complémentaire. Ce choix volontaire et conscient de chacun, je l’appelle liberté, la possibilité qu’une masse critique soit atteinte pour que des choix de liberté personnelle trouvent résonance et se réalise par une action collective, c’est la contingence. La liberté est toujours fonction de la contingence qui constitue ces conditions de possibilité. On a toujours la liberté de souhaité nager dans un lac de montagne quand on crève de soif au milieu du désert… la contingence n’est alors pas favorable à la concrétisation de ma liberté, et si soudain elle le devenait, on parlerait de miracle, l’irruption de l’improbable, que par nature on attendait pas, que l’on attendait plus. Ainsi dans le monde contraignant de la pensée unique, nous sommes quelques-uns qui continuent à miser sur l’improbable, un monde de paix et de bien-être pour tous. Oser le penser, oser le dire, oser le mettre en œuvre à sa petite échelle, cela semble dérisoire, et pourtant cela participe de la persistance de ce monde comme possible et quand un seuil de masse critique est proche, nul n’est si petit qu’il ne puisse jouer un rôle déterminant.

Et nous continuons à miser sur ce monde parce que les « lois »s de la nature nous disent que si ce monde doit advenir, il y a toutes les chances qu’il surgisse quand et où on ne l’attendait pas entrant en expansion par résonance, et  c’est là que nul de ceux qui en participe n’est trop petit pour servir de relai et d’amplificateur.

Conclusion : la liberté n‘est pas un concept universel dont le sens est sans équivoque partagé par tous. Aucune proposition politique ne peut donc être élaborée sur ce concept sans qu’il soit très explicitement signifié ce qu’on entend par là.

Je vais donc poursuivre en précisant, j’utiliserai liberté dans un sens proche de « droit à l’autodétermination ».

Et Bush, là-dedans ? Bush ici est un symbole, celui d’une certaine conception de la « Liberté et de la Démocratie », un art consommé en fait d’instrumentaliser le caractère émotionnel de ces concepts à des fins manipulatoires, non sans auparavant avoir utilisé les matraquages de toutes les formes de propagande pour créer les matrices d’opinion susceptible d’y réagir dans le sens voulu. Et cela marche ! Et cela court, et même à gauche.

La pensée inclusive et les formes de recouvrement sont alors exclues. « Qui n’est pas avec nous est contre nous » à quoi je réponds « Qui n’est pas explicitement contre vous est avec vous », et me voici par un de ces étranges amalgames de la pensée unique, l’amie des Talibans. Et c’est là que nous entrons dans l’espace subtil des zones de recouvrement.

Suis-je amie des Talibans parce que je refuse l’hégémonie de l’Empire des Transnationales ? Pour savoir de qui on est ou non l’ami ou l’allié, il faut se tourner vers l’avenir et se demander : Si tel réalise son projet de monde et moi le mien, quel type d’interférences auront nous ? Je suis certaine d’une chose, c’est que je ne veux sous aucun prétexte vivre dans un monde régenté par les Talibans, mais je ne me sentirais pas mieux dans un monde soumis à la dictature d’intégristes catholiques… Et ce que d’autres en pensent pour eux-mêmes, les concerne au premier chef.

Je peux aussi pousser un peu plus avant. Si les fabricants d’armes et marchands de haine, via leur entreprise d’ingérence internationale (CIA) n’avaient pas jugé bon de sponsoriser et de renforcer les Talibans pour en faire une pièce maitresse de leur jeu d’échec contre les Russes en Afghanistan, nous n’en serions pas là. Le problème Taliban, mais aussi, l’émergence de l’Islam sur la scène internationale comme religion de guerre est une conséquence de jeux stratégiques irresponsables qui se permettent de financer et de renforcer des mouvements contraires aux principes qu’ils prétendent défendre. Après, les Talibans ont essaimé, constituant une multiplicité de petits noyaux qui ont grandi, détachés des origines, s’agrandissant des victimes et témoins des conséquences pour les peuples de la région des ingérences et guerres US ou de l’OTAN. Et cela est une autre donne. Et un sacré chaos… du genre dont toujours plus d’imprévisible peut émerger qui laissera les pronostiqueurs pantelant. Je suis donc en droit de dire que les fauteurs de guerres restreignent de mille manières mes espaces de liberté entre autre en créant les conditions qui font que je vis à présent dans un monde de soupçon là ou existait un monde de respect, en méfiance d’autrui là ou existait l’ouverture.

Parce que cela sont les lois de la nature et non leur «science  économique » inventées de manières à ce que « la loi du plus riche soit celle du plus fort et  toujours la meilleure », en méconnaissance absolue des vraies processus de la nature et de la vie, processus étant un terme plus adapté que celui de loi quand il s’agit de décrire l’existant, et sa permanente évolution.

Ceux qui inventent des lois pour le vivant, toujours, cherchent à le contraindre, qui cherche à le contraindre provoque des états d’instabilité.

En réalité :

« Qui provoque l’instabilité déchaîne l’imprévisible »

C’est tout pour aujourd’hui

Anne

Partager cet article
Repost0
8 mars 2013 5 08 /03 /mars /2013 22:11

 

Quelques petites pièces supplémentaires dans le puzzle du nazisme.  Quelques indices supplémentaires des connexions entre fanatiques racistes étasuniens et leurs cousins du Troisième Reich. Des connexions, des associations, des ramifications, mais aussi une idéologie pernicieuse et destructrice. Et qui réapparait aujourd’hui en force au grand jour, et reçoit le soutien d’une partie de l’opinion publique à qui sont offertes des versions édulcorées mais non moins destructrices, à terme. Détruire l’autre parce que je ne peux supporter l’idée qu’il soit mon semblable ? Une maladie de l’âme en quelque sorte. Entrer dans un devenir post-humain, plutôt cyborg que noir ?

Je ne sais pas, L’idéologie n’explique pas tout. Cela n’apparaît pas tout seul une idéologie. Je n’ai pas vraiment d’empathie avec ce genre de vision du monde, et il me semble bien que le moindre brin d’herbe est de meilleure compagnie que de tels monstres. Que faut-il avoir dans la tête pour ne pas ressentir de la douleur en détruisant toute la beauté du monde. Quel genre de vie faut-il avoir vécu pour ne l’avoir jamais perçue, jamais rencontrée, jamais partagée ? Mais plutôt que de creuser ce genre de question, je préfère retourner à mes brins d’herbe. Que de ténèbres recèle tout cela.

Mais bon, dans les conditions actuelles, on ne peut pas non plus totalement s’en désintéresser.

 

 

Le nazisme comme projet de white supremacy au niveau planétaire



par Domenico Losurdo


 



 

Le texte qui suit est extrait d’un essai du philosophe et historien italien Domenico Losurdo, intitulé "White supremacy e controrivoluzione. Stati Uniti, Russia bianca e Terzo Reich", publié une première fois en 2008. Nous remercions chaleureusement Domenico Losurdo d’avoir accepté de le voir mis en ligne sur notre site. Nous remercions également notre ami Valerio Starita d’avoir bien voulu le traduire pour les Indigènes de la république. Parmi les nombreux ouvrages de Domenico Losurdo publiés en France, nous vous recommandons particulièrement "Le révisionnisme en histoire. Problèmes et mythes", Albin Michel, 2006, et,plus récemment, "Contre-histoire du libéralisme", éd.La Découverte, 2013, qui souligne le lien entre libéralisme et production des races sociales. Pour ceux qui n’aiment pas trop lire,on ne saurait trop conseiller un petit livre intitulé "Le péché originel du XXème siècle", éditions Aden, Bruxelles, 2007.

Hitler lui-même fait implicitement référence aux théoriciens de la white supremacy [ ] quand en 1928 il s’exprime très positivement sur l’ « union américaine » qui, « stimulée par les doctrines de certains chercheurs raciaux, a fixé des critères déterminés pour l’immigration [] ». C’est un exemple dont il est nécessaire de tirer profit : « Introduire en pratique dans la politique appliquée les résultats déjà disponibles de la doctrine de la race sera un devoir du mouvement national-socialiste ». D’autre part les enseignements venus d’outre-Atlantique sont également précieux sur le plan proprement théorique ; nous sommes en présence de « connaissances et résultats scientifiques », d’une « doctrine de la race » générale qui illumine l’ « histoire mondiale [3] ». Voilà une clef précieuse désormais à notre disposition pour lire de façon adéquate, au-delà des apparences, les conflits politiques et sociaux non seulement du présent mais aussi du passé.

Il convient de prêter particulièrement attention à l’influence exercée par Stoddard sur la réaction allemande et sur le nazisme. Nous avons vu la grande considération que lui vouaient en particulier Ratzel, Spengler et Rosenberg : mais il s’agit également d’un auteur encensé par deux présidents états-uniens (Warren Gamaliel Harding et Herbert Hoover). L’interprétation du premier en particulier donne à réfléchir : « Quiconque prendra le temps de lire attentivement le livre de Lothrop Stoddard, Le Flot montant des peuples de couleur contre la suprématie mondiale des blancs, se rendra compte que le problème racial présent dans les Etats n’est rien d’autre qu’un aspect du conflit racial auquel le monde entier fait face ». On comprend alors l’intérêt reconnaissant et même l’enthousiasme du nazisme. Alors qu’il passe quelques mois en Allemagne, Stoddard rencontre non seulement les plus grands « scientifiques » de la race, mais également les plus grands dirigeants du régime, c’est-à-dire Himmler, Ribbentropp, Darré et le Fürher en personne [4].

Tout cela ne doit pas nous étonner. Le Troisième Reich se présente comme la tentative, développée dans les conditions de la guerre totale et de la guerre civile internationale, de réaliser un régime de white supremacy à l’échelle planétaire et sous hégémonie allemande, en ayant recourt à des mesures eugénistes, politico-sociales et militaires. Il convient d’éviter - observe Rosenberg en 1927 - la confrontation suicidaire qui a eu lieu pendant le premier conflit mondial :

« Le programme peut être ainsi synthétiquement formulé : l’Empire britannique prend en charge la protection de la race blanche en Afrique, en Inde et en Australie, l’Amérique du Nord prend en charge la protection de la race blanche sur le continent américain, tandis que l’Allemagne la prend en charge dans toute l’Europe centrale en étroite collaboration avec l’Italie, laquelle obtient le contrôle de la Méditerranée occidentale afin d’isoler la France et de vaincre les tentatives françaises de conduire l’Afrique noire à la lutte contre l’Europe blanche [5] ».

Mais ce qui est essentiel, c’est le discours d’Hitler (cité plus haut) aux industriels allemands à la veille de la prise du pouvoir. À ses yeux, la question décisive, autour de laquelle tournent toutes les autres, est claire : « l’avenir ou le crépuscule de la race blanche [6] ». Afin de déjouer les menaces qui pèsent sur la « position dominante de la race blanche » il convient de renforcer à tous les niveaux son « aptitude à la domination » (Herrensinn) [7]. Il faut d’autre part identifier clairement l’ennemi, sans perdre de vue le fait que c’est la néfaste agitation bolchévique (ou plutôt judéo-bolchévique) qui stimule d’un coté la révolte des peuples coloniaux et de l’autre dégrade la bonne conscience des blancs se considérant détenteurs d’un droit naturel à la domination. C’est elle qui promeut la « confusion de la pensée blanche européenne » c’est-à-dire de la « pensée européenne et américaine » et vise en définitive à « détruire et éliminer notre existence en tant que race blanche [8] ». La lutte menée par la race et la civilisation blanche contre ses ennemis est la clef de la compréhension de tous les conflits : l’Espagne conquise par Franco est une Espagne tombée « dans une main blanche [9] », et ce malgré le fait que les troupes coloniales marocaines aient largement contribué à la victoire.

Plutôt que de « blancs », Hitler préfère parfois parler de « nordiques », d’« aryens » c’est-à-dire d’ « occidentaux » : « Notre peuple et notre Etat ont été eux aussi édifiés en faisant valoir le droit absolu et la conscience seigneuriale de cet homme dit nordique, des composantes raciales aryennes que nous possédons encore aujourd’hui au sein de notre peuple [10] ». Mais les termes en question sont utilisés dans une large mesure comme synonymes aussi chez les théoriciens états-uniens de la white supremacy. Il reste clair que pour Hitler, restent exclus de l’espace sacré de la civilisation les peuples coloniaux (y compris les « indigènes » de l’Europe orientale où l’Allemagne est appelée à édifier son empire continental), les bolchéviques et, naturellement, les Juifs, étrangers à la race blanche, à l’Occident et à la civilisation pour de multiples raisons : ils viennent du Moyen-Orient, ils sont concentrés au sein de l’Europe orientale, sont les principaux inspirateurs de la barbarie bolchevique orientale et, de plus, font tout ce qu’ils peuvent pour alimenter le conflit au sein des peuples blancs et occidentaux.

À la lumière de la trahison consommée d’un pays comme la France envers la race blanche, il est clair qu’il est du « devoir en particulier des Etats germaniques » de bloquer le processus d’ « abâtardissement [11] ». Comme nous le savons, en ayant évité la contamination raciale qu’ont subi les latins, les Etats-Unis ont obtenu une position dominante sur le continent américain. Grâce à la cohérence et à la radicalité dont elle fait preuve dans sa lutte pour la suprématie blanche et aryenne au niveau planétaire l’Allemagne est destinée à jouer un rôle hégémonique en Europe et, par extension, dans le monde. La conclusion de Mein Kampf est éloquente : « un Etat qui, à l’époque de l’empoisonnement des races, se dédie à l’entretien de ses meilleurs éléments raciaux, deviendra nécessairement le patron de la terre [12] ». L’obstination des autres pays germaniques à refuser de faire front commun avec le Troisième Reich contre la menace représentée par la révolte des peuples coloniaux et par la conspiration judéo-bolchévique n’est pas seulement l’expression d’un aveuglement politique mais également d’un abâtardissement racial. Sur son journal, Goebbels note : les élites anglaises « sont tellement infectées de judaïsme à cause des mariages juifs qu’en pratique elles ne sont plus en mesure de penser de façon anglaise [13] ». Aux yeux du Führer, le ministre anglais de la guerre est un « juif marocain » et du « sang juif » coule dans les veines de F.D. Roosevelt, dont la femme a d’ailleurs un « aspect négroïde [14] ».

Avec le développement de la guerre contre les Etats-Unis, ces derniers commencent a être décrits de façon analogue à celle dont les théoriciens états-uniens de la white supremacy et Hitler lui-même avaient décrit l’Amérique Latine : la république nord-américaine est désormais elle aussi caractérisée par un « mélange de sang juif et négrifié [15] ». Alors que la défaite se profile déjà pour le Troisième Reich, son leader se comportera jusque à la fin en champion de la white supremacy : il continue à se prononcer pour la « domination blanche » et à célébrer l’expansion des « blancs » en Amérique ; malheureusement, l’ « américanisme » se trouve désormais être « judaïsé » et dégénéré [16]. La « désaryanisation » dont Stoddard avait parlé à propos de l’Amérique Latine est désormais mobilisée pour expliquer la guerre que la république nord-américaine mène contre un autre peuple germanique et l’alliance qu’elle a noué avec l’ennemi mortel de la race blanche (la Russie bolchévique et juive).

Progressivement, le nazisme trouve des sources d’inspiration dans le langage (ainsi que dans les institutions et dans les pratiques) des Etats-Unis de la white supremacy. Il ne s’agit plus seulement de l’Untermensch et de la Esbgesundheitslehre et de l’horreur envers la Rassenmischung et la Rassenschande, ou Blutschande. Le Troisième Reich prive les juifs de la citoyenneté politique : de même que l’Amérique était réservée aux blancs, l’Allemagne est désormais le pays des aryens. Ceux qui se trouvent être contaminés par du sang juifs sont considérés comme « mulâtres » (Mischlinge) [17], tout comme sont « mulâtres » (Mischlinge) aux Etats-Unis ceux que l’on soupçonne d’avoir la moindre goutte de sang noir dans les veines. Par ailleurs, quand pendant quelque temps les dirigeants nazis ont pensé à introduire la ségrégation raciale dans les trains contre les juifs, il est clair que l’antécédent des mesures analogues appliquées aux Etats-Unis (et en Afrique du Sud) contre les noirs [18] joue un rôle non négligeable.

Hitler ne perd pas de vue non plus le sort réservé aux Amérindiens. À son époque, Ratzel avait observé : « Mal située, la réserve (Reservation) fonctionne comme une prison voire pire étant donné qu’elle ne garantie même pas le maintien en vie » ; « les Indiens sont contraints de rester sur leurs terrains arides et stériles, et on leur interdit de chercher une nouvelle situation ailleurs ». Selon Hitler ce sont les Polonais, les indigènes de l’Europe orientale qui doivent être enfermés dans une « réserve » (Reservation) ou encore dans un grand « camp de travail » (Arbeitslager) [19]. Plus précisément, Hans Frank, qui dirige le « gouvernement général » (Governatorato générale) (les territoires polonais n’ayant pas été incorporés directement au Reich), déclare que les Polonais sont appelés à vivre dans « une sorte de réserve » : ils sont « soumis à la juridiction allemande » sans être des « citoyens allemands » [20] (c’est-à-dire précisément le traitement qui était réservé aux peaux-rouges).

Si les Polonais et les habitants de l’Europe orientale appellés à être expropriés, déportés ou décimés sont les Indiens de la situation, les survivants, destinés à alimenter le travail servile ou semi-servile, sont les Noirs : il n’est pas permis au Allemands de « se mélanger [...] au niveau du sang » avec une race servile [21].

Un destin encore plus tragique attend les Juifs. Ceux-ci - comme l’avait observé Stoddard - occupent une position élevée « dans le ”corps des officiers” de la révolte » bolchévique et coloniale [22]. C’est la logique qui guide le Troisième Reich dans la « solution finale ». Il est intéressant de noter que cette expression apparaît déjà aux Etats-Unis aux XIXème et le XXème siècles, dans des livres qui, bien que d’une manière encore vague et sans la cohérence génocidaire de Hitler, invoquent la « solution finale et complète » (final and complete solution) ou encore la « solution finale » (ultimate solution) du problème respectivement des « peuples inférieurs » et des Noirs en particulier [23].

Au début du XXème siècle, dans les années qui précèdent la formation du mouvement nazi en Allemagne, l’idéologie dominante du Sud des Etats-Unis est exprimée lors des « Jubilés de la suprématie blanche », qui voyaient défiler des hommes armés et en uniforme, inspirés par « une profession de foi raciale » ainsi formulée :

« 1) « C’est le sang qui comptera » ; 2) la race blanche doit dominer ; 3) les peuples teutoniques se déclarent pour la pureté des races ; 4) le nègre est un être inferieur et restera comme tel ; 5) « Ceci est un pays de l’homme blanc » ; 6) Aucune égalité sociale ; 7) Aucune égalité politique [...] ; 10) Que l’on inculque au nègre cette instruction professionnelle qui lui permette de servir le blanc au mieux [...] ; 14) Que l’homme blanc de la condition la plus basse compte plus que le nègre de la condition la plus élevée ; 15) Les précédentes déclarations indiquent les directives de la Providence » [24].

Ceux qui professent ce catéchisme sont des hommes qui s’emploient à affirmer dans la théorie et la pratique l’absolue « supériorité de l’aryen » et sont même prêts à « envoyer en enfer » la Constitution pour pouvoir déjouer « la menace nationale épouvantable, malheureuse » que représentent les Noirs. Oui - observent des voix critiques isolées - terrorisés comme ils le sont, « les Noirs ne font de mal » à personne et de toute façon les bandes racistes sont prêtes à « les tuer et les effacer de la surface de la terre » ; elles sont décidées à instaurer « une autocratie absolutiste de race », avec « l’identification stricte de la race la plus forte avec l’exigence même de l’Etat [25] ».

On comprend alors que, après avoir souligné les points communs entre le Ku Klux Klan et le mouvement nazi (entre les hommes en uniforme blanc du Sud des Etats-Unis et les « chemises brunes » allemandes), une chercheuse états-unienne contemporaine considère que l’on peut arriver à cette conclusion : « Si la Grande dépression n’avait pas frappé l’Allemagne avec toute la force avec laquelle elle l’a frappée, le national-socialisme pourrait être traité comme on traitait auparavant le Ku Klux Klan : comme une curiosité historique, dont le destin était déjà scellé [26] ». Ainsi, plutôt que l’histoire idéologique et politique (assez semblable dans les deux pays), ce qui explique l’échec de l’instauration de l’ « autocratie absolutiste de race » aux Etats-Unis et le triomphe de la dictature hitlérienne en Allemagne serait la diversité de la situation objective et la différence d’impact de la crise économique. Il est probable que cette affirmation soit excessive. Pour autant, les rapports d’échange et de collaboration restent fermes, à l’image du racisme anti-noir et antijuif, qui s’établissent dès les années 1920 entre le Ku Klux Klan et les cercles allemands d’extrême droite. On peut même se demander si, pour comprendre la réalité du Troisième Reich, la catégorie d’ « autocratie absolutiste de race » ne serait pas plus précise que celle de « totalitarisme ». Initiée dans le Sud des Etats-Unis et développée ultérieurement à partir de la lutte contre un pays, la Russie soviétique qui, comme le dit Stoddard, avait vu en son sein l’ascension au pouvoir des « renégats » de la race blanche, ou encore, comme le dit Spengler, qui avait jeté le « masque blanc » et faisait désormais partie du « peuple de couleur de la terre », la contre-révolution déclenchée au nom de la white supremacy débouche finalement sur le nazisme.

Domenico Losurdo

Références citées :

Joseph Goebbels 1991, Tagebücher, a cura di Ralf Georg Reuth, Beck, München-Zürich

Klaus Hildebrand 1969, Vom Reich zum Weltreich. Hitler, NSDAP und koloniale Frage 1919-1945, Fink, München

Raul Hilberg 1988, The Destruction of the European Jews (1985) ; tr. fr., di Marie-France de Paloméra e André Charpentier, La destruction des Juifs d’Europe, Paris, Fayard

Adolf Hitler 1961, Hitlers Zweites Buch. Ein Dokument aus dem Jahre 1928, a cura e con commento di Gerhard L. Weinberg, Deutsche Verlags-Anstalt, Stuttgart

Adolf Hitler 1965, Reden und Proklamationen 1932-1945, (1962-63), a cura di Max Domarus, Süddeutscher Verlag, München

Adolf Hitler 1981, Hitlers politisches Testament. Die Bormann Diktate vom Februar und April 1945, con un saggio di Hugh. R. Trevor-Roper e una postfazione di André François Poncet, Knaus, Hamburg

Stefan Kühl 1994, The Nazi Connection. Eugenics, American Racism and German National Socialism, Oxford University Press, New York-Oxford

Domenico Losurdo 2005, Controstoria del liberalismo, Laterza, Roma-Bari

Domenico Losurdo 2007, Kampf um die Geschichte. Der historische Revisionismus und seine Mythen - Nolte, Furet und die andere, Papyrossa, Köln

Nancy MacLean 1994, Behind the Mask of Chivalry. The Making of the Second Ku Klux Klan, Oxford University Press, New York-Oxford

Wolfgang Ruge, Wolfgang Schumann (a cura di) 1977, Dokumente zur deutschen Geschichte. 1939-1942, Rödelberg, Frankfurt a. M. 

Lothrop Stoddard 1984, The Revolt against Civilization. The Menace of the Under Man (1922), ristampa, Scribner, New York

C. Vann Woodward 1963, Origins of the New South 1877-1913 (1951), Lousiana State University Press ; tr. it., di Luciano Serra, Le origini del nuovo Sud, Il Mulino, Bologna

(Le texte intégral a été publié une première fois dans « Belfagor. Rassegna di varia umanità », gennaio 2008, pp. 1-29 ; et réédité dans Andreas Piras, ed., Imperia. Esperienze imperiali nella storia d’Europa, Il Cerchio, Rimini, 2008, pp. 141-168)

 

[1] En anglais dans le texte (NdT).

[2] Hitler 1961, p. 125.

[3] Hitler 1961, p. 127

[4] Kühl 1994, p. 61 ; le procès de Harding est mentionné dans l’introduction de Stoddard 1925a.

[5] Cité par Hildebrand 1969, p. 85.

[6] Hitler 1965, p. 78 (27 janvier 1932).

[7] Hitler 1965, p. 75.

[8] Hitler 1965, p. 77.

[9] Hitler 1965, p. 753 (5 novembre 1937).

[10] Hitler 1965, p. 80.

[11] Hitler 1939, p. 444

[12] Hitler 1939, p. 782 (Schlusswort).

[13] Goebbels 1991, p. 1764 (12 marzo mars 1942).

[14] Cr. Losurdo 2007, chap. I, § 2.

[15] Hitler 1965, p. 1797 (11 décembre 1941).

[16] Hitler 1981, pp. 124-5 et 55-6.

[17] Hilberg 1988, pp. 149 sqq.

[18] Hilberg 1988, pp. 146-7.

[19] Hitler 1965, p. 1591 (2 octobre 1940).

[20] Cité par Ruge, Schumann 1977, p. 36.

[21] Hitler 1965, p. 1591.

[22] Stoddard 1984, p. 152.

[23] Cf. Losurdo 2005, chap. 10, § 4

[24] Dans Woodward 1963, pp. 334-5.

[25] Dans Woodward 1963, p. 332.

[26] MacLean 1994, p. 184.

 

Source :
Les Indigènes de la république » Le nazisme comme projet de white supremacy au niveau planétaire

Partager cet article
Repost0
8 mars 2013 5 08 /03 /mars /2013 21:03

 

L’éclatement de la gauche a coïncidé avec l’introduction massive de drogues dures, provoquant une démobilisation massive de la jeunesse la plus turbulente. Insensible aux chants de sirènes des dealers, j’ai pu observer les effets sur d’autres. Observer n’est peut-être pas le bon mot, c’est de certains de mes plus proches amis dont il est question, et beaucoup ne sont plus là pour témoigner, être témoins de la douleur de veux qu’on aime, voir leur conscience petit à petit engloutie par des substances mortelles qui en deviennent maîtresse, c’est souvent dur et plus encore l’impuissance.

Et aujourd’hui je continue « d’observer » ; et un constat s’impose, Big Pharma a assurément conquis ses parts de marchés de la drogue, en toute légalité. Connaissez-vous le Rovitrol ? Il y a peu, je n’en avais jamais entendu parler, cela remplace parait-il le Rohipnol qui avait mauvaise presse, et en plus d’être prescrit à tour de bras, pour diverses raisons, comme des problèmes de manque d’alcool au réveil, cela circule aussi au marché noir, et certains lorsqu’ils prennent cela avec de l’alcool deviennent furieux…

La drogue est un problème majeur, elle a englouti une partie de la gauche que j’aimais,  potentielle ou avérée…. Exit la conscience politique, j’ai besoin de ma dose…

Petit détour complotiste. Nous avons déjà fait connaissance avec les trolls, « Serré-du-cul » et « Rabat-joie », une nouvelle figure s’inscrit dans le paysage : le dealer. J’ai assez bourlingué pour avoir croisé certains d’entre eux, beaucoup de petits poissons et quelques-uns d’un peu plus d’importance. Il y a une règle que mes amis respectent, c’est tout à leur avantage, c’est aspect de leur histoire, je ne partage pas, je n’ai pas à savoir, qui ne sait ne peut parler. Cela me permet d’avoir une relation sur d’autres plans un peu plus constructifs… mais bon. Un dealer, cela n’apparaît pas sui generis, celui qui planterait quelques pavot dans son jardin n’irait pas très loin avec cela.

Une série de question se posent donc : d’où vient la drogue ? qui organise le trafic ? qui en tire bénéfice ? Avant cette arrivée massive, il y avait de petites filières pour « initiés », soit des gens avec pas mal de pognon qui avaient leurs sources, soit les voyageurs qui ramenaient d’avantage des quantités conso personnelle et partage avec les potes, que de monter le gros bizness.

Il va y avoir deux étapes qui vont constituer un élargissement des cercles des consommateurs, chaque fois : plus de quantités offertes pour des prix plus bas et une diversification des substances, je parlais de l’augmentation terrifiante de l’usage de drogues pharmaceutiques. En prison, il y a longtemps qu’ils ont compris qu’en plus des médicaments distribués et parfois imposés gracieusement par l’administration, il faut laisser couler les petits trafics pour éviter les ambiances d’émeute. Quand l’ensemble de la société ressemble toujours d’avantage à l’univers carcéral, les mêmes méthodes s’imposent. Une constante est aussi le coup double, les services secrets finançant leurs guerres illégales en jouant du trafic d’armes et de drogues et en les déversant sur les « quartiers à risques », ghettos noirs par exemple.

Aux hippies la drogue sera présentée comme le chemin d’une mystique sans efforts qui ouvrent les chemins de l’ésotérisme, à  ceux qui envisagent de se révolter, elle est proposé comme un chemin de transgression de »l’ordre établi »… A présent à tous, des drogues sont présentées comme le moyen de juguler la souffrance morale née de conditions de vie de plus en plus insupportable. Dans tous les cas, elle ne permet pas le développement d’une conscience politique partagée.

Après les années d’illusion donc, la gauche implose sous l’impulsion de forces intérieures, introduites pour la faire éclater, il y a un morcèlement ? Les plus timorés, socialistes bourgeois principalement, mais aussi des anciens de la base propulsés aux sommets des syndicats signent des deux mains le contrat social et deviennent une composante du système. Certaines adhésions ont certainement eu leur prix, et je le dis aux petits ambitieux actuels qui sont à gauche avec une vocation de pouvoir personnel, le système adore pouvoir exhiber ses convertis et il est prêt à payer pour faciliter les conversions. Militer à gauche peut donc être un tremplin pour sauter quelques échelons de la hiérarchie à droite. Là non plus je ne donnerai pas de noms, mais les exemples foisonnent.

Me voici donc en errance au début des années 80, mais où c’est qu’elle est passée ma gauche ? Nous sommes alors un groupe d’amis, pas des militants, mais nous avons pour la plupart d’entre nous des idéaux et une sensibilité de gauche, et nous essayons de les appliquer dans notre vie quotidienne en même temps que nous nous soucions de l’impact sur l’environnement de nos manière de vivre… à la recherche de la simplicité. De temps en temps, ponctuellement nous participons à des actions militantes, mais ce n’est pas ce qui nous rapproche.

Des groupes comme notre tribu, j’en ai croisés pas mal au cours de mes errances. Certains étaient tout droit venus en repli après avoir été déçus par la politique. Faute de pouvoir construire le monde avec tous les camarades (à l’époque l’expression circulait encore librement) du monde entier… « Camarades, debout, debout, le monde va changer de base, nous ne sommes rien soyons tout ! » L’internationalisation de la lutte on y croyait.

Une évidence vu de l’époque, si les entreprises commencent à délocaliser parce qu’ailleurs la main d’œuvre est exploitable à merci, ben, on va soutenir les camarades « d’ailleurs », pour que eux aussi bénéficient de conditions de travails décentes – en attendant d’en finir une fois pour toute avec l’exploitation… l’internationalisme cela s’appelait… certains doivent bien s’en rappeler.

Quand la « classe ouvrière » commence à râler parce que les salauds de gosses de jaunes leur pique leur boulot, on est mal avec la révolution. Je  ne fais pas partie de la classe ouvrière et n’en suis pas issue, mais j’ai eu d’autres luttes, d’autres engagements, d’autres partages et de solidarités. Et nous étions nombreux de toutes origines sociales et ethniques, beaucoup d’entre nous faisaient partie de cette gauche essaimée. Mais le temps passant, les plus jeunes ne savaient même pas de quoi il était question, à part ceux à qui de plus anciens avaient transmis leur expérience. N’oublions pas que pendant la durée de ce récit, du début des 70 a maintenant la population mondiale a doublé.

Alors même que nous entrions en « crise », que les systèmes d’enseignements étaient progressivement démantelés, que la gauche latino se faisait massacrer et en Europe affadie ou négligeable  découragée, la gauche ne servait plus qu’à maintenir une fiction d’alternance. Que veut dire alternance quand il n’y a plus d’alternative.

Je pense que la carotte présentée par le « pouvoir » a fait son effet, puisque 2000 sera la société d’abondance et des loisirs dans le système capitaliste aussi, encore un petit effort et on y est, pourquoi encore se battre contre le capitalisme puisque finalement c’est kifkif. Et c’est certain que je n’aurais pas eu des amis du monde entier qui venaient me parler de la réalité capitaliste dans les pays « sous tutelle » comme dit la « Déclaration de droits de l’Homme », j’aurais pu y croire.

Cela fait presque 40ans maintenant que la mondialisation nous conduit de crise en crise, toujours « passagères » mais toujours plus grave, réduisant (en chiffre absolu, mais soit on est beaucoup plus) mais aussi an proportion toujours plus de gens à la misère). Alors que dans notre conception du monde, premier monde, première version, le progrès avait un sens positif qui n’était pas remis en question, progrés de la qualité de vie, pour tous et partout, aujourd’hui le progrès est celui d’une régression sur tous les plans, progrès de la dégradation de l’existant au Profit d’une réalité remédiée alors que le capitalisme a fait de la planète son grand laboratoire et que nous ne sommes pas loin du grand hôpital de Nietzsche. 

Ce renversement sémantique témoigne d’un renversement du cours des choses. Nous pourrons après nous intéresser à la manière dont se greffe les épiphénomènes, mais l’essentiel, c’est cela, pendant que nous sommes encore occupés à essayer d’inscrire notre projet de monde dans le cadre modestement revu et corrigé d’expériences locales, un changement s’est produit, nous sommes engagés sur une trajectoire qui conduit le monde très loin de l’abondance, la paix planétaire et la prospérité promises.

Et nous ne mesurons pas l’ampleur du phénomène, ce que mondialisation et globalisation veulent dire dans le cadre de ce projet qui apparait en filigrane, jusqu’à devenir de plus en plus visible, l’instauration d’une gouvernance (pas d’un gouvernement) mondiale, non pas une démarche politique émanant des peuples, mais bien une gestion économiste technocratique de l’ordre du quantitatif. Production – Consommation – Profit dans le monde du tout marchandisable, imposée « d’en-haut » à ceux « d’en-bas » qui n’ont pas été consulté, et beaucoup de ceux qui ont voulu s’y opposer ont été muselés. Notre monde est un monde sans haut ni bas… et quand j’emploie ce genre d’expression consacrée par l’usage, j’ai toujours envie de demander, en haut et en bas de quoi au fait ?

Refusant de participer à l’entreprise de prosélytisme clientéliste qu’était devenue une gauche racoleuse, dont les pratique sociales se limitaient à faire de la politique sans implication de terrain, ne franchissant les portes des usines qu’en période de campagne électorale, n’ayant pas envie de passer ma vie en querelles groupusculaire, mais ayant aussi tiré les leçons de ma brève carrière (à succès) d’agitatrice politique, ayant compris que les manipulations et instrumentalisations de la gauche parles « agents du pouvoir » ou des ambitieux, nous mettait souvent au service de causes contraires à celles que nous pensions servir, n’ayant reconnu ni dans le modèle « soviétique » ni dans le modèle chinois l’incarnation de mes aspirations, ne voulant pas renoncer cependant à transformer le monde en au moins un peu meilleur, me voilà en quête d’un jardin sans clôture. Peu, c’est mieux que rien.

Je crois que nous sommes nombreux à avoir penser que si nous la société dans son ensemble ne voulait pas de nos propositions, on allait pas forcer les gens quand même… On était des gamins enthousiastes à l’idée de participer à quelque chose de beau, de grand, de généreux, pas des aspirants dictateurs… tant s’en faut. Il est clair que quelque part on se disait que les gens finiraient bien par voir qu’on s’éclatait un peu plus que les constipés du système. Et qu’ils se demanderaient pourquoi ils continuaient à se faire brimer dans des emplois à 3 sous  avec des petits chefs, des sous-chefs, des chefs, des grand chefs et des carcans partout.

On avait toujours rien compris, nous pensions pouvoir construire « en marge » alors qu’ils avaient commencé à l’effacer la marge. Le début programmé de la fin de toute alternative possible… ce n’est pas un complot ce sont les méfaits d’une idéologie à vocation totalitaire.

Donc la gauche que j’aimais, une partie c’est engloutie dans la drogue, une partie des dirigeants a fait alliance avec le système sous forme de « contrat social », il y a les opportunistes qui ont changés de drapeaux, ceux qui regrettent que le temps « perdu » a militer face défaut à leur plan de carrière,  et d’autres atomisés ont essaimer porteurs d’un idéal de gauche, d’un projet de gauche qu’ils ont essayés de réaliser dans un cadre local en dehors des circuits de la politique, du politique en action.

La gauche que j’aime c’est celle-là, la suppression des alternatives la menace dans le silence étourdissant des gauches « officielles ».

Mais d’où vient cette menace ? C’est ce que je vais essayer de retracer ensuite. Et de montrer aussi qu’aucun projet de gauche ne tient la route dans le cadre d’un contrat social au sein du système global.

Anne

Partager cet article
Repost0
8 mars 2013 5 08 /03 /mars /2013 15:59

 

 

  Grandes résolutions, j’ai décidé ce matin de m’atteler à cette tâche ardue : me situer politiquement.

Pour Hannah Arendt, trois plans de l’existence humaine sont le travail (cycle de la consommation), l’œuvre (qui s’inscrit dans la durée), LE politique (manière des humains de s’organiser entre eux).

Or nous pouvons constater aujourd’hui une réduction de ces dimensions humaines par une projection de l’ensemble sur le plan de la consommation. Une opération de réduction qu’on appellera modernité, un accident de l’histoire qui risque bien de nous être fatal. La politique est une confiscation par quelques-uns - qui le monopolise - du politique qui est   de chacun et de tous. Au cours des dernières décennies, nous avons vu que des pouvoirs économiques s’appropriaient non seulement nos médias qu’ils ont rachetés mais la caste politique qu’ils fabriquent à présent à grand coût de propagande. Pour enfin reterritorialiser l’ensemble sur le seul plan économiste. Et nous retrouvons bien cette notion de la consommation, mise en évidence par Hannah A., comme unique préoccupation admise.

Il est urgent de nous réapproprier nos histoires, les manuels scolaires sont des outils de propagandes qui ancrent dans la conscience des enfants, les mythes de la non-civilisation que nous sommes à présent.

Au cours des derniers mois, je me suis interrogée sur le sens de mon engagement dans ce contexte inédit qui est le nôtre à présent. Une question persiste qui traverse mon histoire depuis la fin des années 70 : « Où est passée la gauche que j’aimais ? »

Nous sommes nombreux  jeunes et ados de cette époque, à avoir traversé une époque militante en nous vivant comme les bâtisseurs du monde à venir. L’avenir nous appartenait. Nos chemins croisaient les sentiers hippies dans un refus commun des guerres d’Indochine : « Vietnam ! Laos ! Cambodge ! L’Indochine vaincra ! »… et nous étions unis par ces aspirations communes de ceux qui projetaient l’an 2000 comme société de loisir actif quand les humains, tous bien nourris, seraient débarrassés du travail obligation/exploitation pour se consacrer au travail plaisir/acte gratuit (pour la beauté du geste). invention/création.

Nous étions portées par l’élan, la force de ces récents anciens qui avaient conquis les droits et les espaces de liberté qui nous permettaient de réinventer le monde débarrassés enfin des carcans de l’Inquisition, pensée libre et féconde, et des jougs de l’exploitation… nous en aurions bientôt fini avec ces surcharges inutiles : les coûts patronaux et les administrations pléthoriques  nécessaires au maintien de leur Ordre.

Nous n’avions rien compris, nous n’avons rien venir, nous étions idiots et cela, chacun l’est pour soi. Et la gauche a cessé d’exister… Une partie, les jaunes se sont rendus aux arguments du système, ils s’en sont fait les complices, supplément d’âme ou alibis. L’autre partie s’est atomisée, morcelée en groupuscules qui depuis ne cessent de se quereller, incapables de reconstruire une unité qui permettent d’intégrer les variantes. Nous savons à présent que cet état de choses a été provoqué volontairement par ceux qui déjà déroulaient les programmes de leur projet de domination globalisée du monde.

Petite digression, du côté du complot. Je pourrais dire que je suis adepte de la théorie du complot depuis le 11 septembre... 1973, depuis que les troupes de Pinochet sponsorisées par le département d’état US et formées à l’Ecole des Amérique ont pris La Moneda conduisant Allende à la mort. Cela s’appelle ingérence colonisatrice et elle est polymorphe. Dans la mesure où la majorité des formes d’ingérence se produisent de manière occulte de manière a favoriser le déroulement d’un projet de monde dont les moyens et la fin sont volontairement dissimulés par leurs auteurs, aux autres habitants de la planète alors que ce programme à leur vie et leur avenir pour enjeu : oui, il y a un complot. Après le coup d’état au Chili, il y a eu le plan Condor, et toutes les formes de manipulations destinées à saper la gauche européenne de l’intérieur. Tout une partie de ces processus étant connues grâce à « leurs documents », alors je vous le dit pour ne pas voir les complots et manipulations qui se trame en permanence et se mettent en place dès qu’apparait un mouvement du ou de la politique susceptible de nuire à la réalisation du programme.

Ainsi donc, cette jeunesse ambitieuse, architecte en puissance de futurs joyeux, un monde construit en chantant, si elle a semé des graines n’a quant à elle pas eu le temps de grandir qu’elle avait disparu minée par d’autres ambition ou par la zizanie qui n’a depuis cessé de miner ses rangs et le fait encore aujourd’hui. Que les vieux militants obstinés et fidèles à leurs idéaux mepardonnent, et je sais qu’il en existe qui malgré toutes les trahisons des dirigeants de partis ou syndicaux n’ont jamais désarmés, le combat contre la désillusion aura été leur principal combat sans gloire, juste une question de confiance et de fidélité. Pardonnez-moi de vous dire que jusqu’ici, votre isolement vous rend négligeables pour le système, que vous contribuez à maintenir cette illusion de dissidence possible qui n’en a plus pour longtemps. Jusqu’ici : parce que la ténacité de vieux militants qui humblement n’ont jamais désarmé est exemplaire et une source de force pour d’autres. Vous êtes assurément une des composantes de la gauche que j’aimais.

Parmi les « récupérés » certains aussi ont ma sympathie, ils jouent les idiots utiles dans les institutions et autres associations, personnes ne les écoutent, mais ils témoignent de la diversité des opinions exprimées dans les débats. Ils planent sur leur petit nuage survolant un monde imaginaire. Et de temps en temps on leur permet de réaliser une action, cela met un peu de fantaisie dans l’austérité. Je n’ai pas pour eux le respect que j’ai pour les vieux militants, mais ils sont en général de ceux que tout le monde aime bien : les doux rêveurs.

Mais que sont devenus les autres, les atomisés ? Les uns, déçus, ont juré qu’on ne les y prendrait plus. Ils sont comme on dit « rentré dans le rang » et certain ne se souviennent même plus à présent qu’ils avaient autre fois rêvé d’un avenir meilleur. On les retrouve aussi parmi ces classes moyennes bobo-écolos, homo cretinus autosatisfactus,  leur panier en paille sous le bras pour faire son (super)marché bio… Sans méchanceté, notre parti Ecolo regorge de ce genre de spécimens dont la connaissance de l’écologie est équivalente à celle que j’ai du Chinois Mandarin. De vraies calamités, à la masse, ils ont fait d’avantage à eux tout seul,  pour discréditer l’écosophie que l’ensemble des autres partis toute tendances politiques confondues ; ils ont favorisé l’instauration de toute une série de mesures ‘austérité racket » sans obtenir aucune avancée écosophique.

Parlons un peu d’écosophie, pourquoi le choix de ce terme. Je récapitule donc : très tôt, j’ai douze ans, ma vie va s’inscrire dans le cadre d’un engagement politique. A treize je commence à déserter l’école, aucune envie d’apprendre des conneries qu’il me faudra désapprendre par la suite… « Hé les mecs, avec un monde à construire, pas de temps à perdre avec des diversions, exit les cours d’histoire. Et surtout les heures d’enfermement ! » Me v’là « agitatrice politique » comme ils disaient. J’avoue sans aucune honte que mon bagage politique était alors plutôt limité et que mon engagement était d’avantage fondé dans le désir de vivre sur une planète où chacun ayant le respect de tous et les moyens de la dignité pourraient enfin œuvrer en paix. Le politique donnant une dimension collective et conviviale à nos existences. Cette conception que nous étions nombreux à partager, - passant de la parka militante à la chemise indienne sans changer de peau, nous dépensant à crier notre force de vie dans les manifestations avant d’aller danser jusqu’au lever du jour suivant - est bien sûr historiquement située, et plus spécifiquement située à la charnière de deux mondes. Nous sommes les enfants de l’Après-Guerre, la dernière nous dit-on alors au moins dans nos régions et bientôt dans le monde inspiré par nos sages préceptes « Paix et prospérité ». Je fais appel aux témoins de cette époque, et j’essaye de me reporter, et je sais que certains me diront que j’avais un point de vue de gosse de bourges. Ben oui, j’ai pas choisi, je suis une gosse de bourges et même pour une partie de ma famille de très gros bourges… et à douze ans, je n’avais pas encore eu l’occasion de repasser au crible les valeurs véhiculées par mon éducation, après j’étais bien trop occupée à changer le monde (ou du moins à me l’imaginer). Je l’ai fait depuis – passer aux cribles de mon projet de monde, les évidences dans lesquelles j’ai grandi, sociale ou familiales) et ce que je peux remettre en question ne se détermine pas en fonction de critères de classes.

Orwell ou Huxley, nous apparaissaient à l’époque comme plein d’imagination, mais un peu timbrés aussi pour inventer de telles fictions. De là à postuler que ceux qui les mettent en pratique aujourd’hui, et bien pire,  sont encore plus timbrés, il n’y a qu’un pas que je franchis allègrement.

Nous étions une gauche joyeuse, conquérante d’espaces où poser nos pénates, nous avions l’âme en fête, nous serions les contemporains de la fin des guerres et de toute les formes d’injustices et d’exploitation/oppression et du travail, enthousiasmant et utile, nous avions plus qu’il n’en fallait en perspective pour donner sens et consistance à nos destins.

« Nous », j’ai compris plus tard que nous avions été minés, pas seulement par « Serré-du-cul » et « Rabat-Joie », les espions du pouvoir, des trolls en vérité, venus nous rabattre le caquet, mais aussi par ceux qui nourrissaient d’autres ambitions purement personnelles ou sectaires et que ceux-là instrumentalisaient la puissance du mouvement pour leur propre fins. Et d’autres un peu espions et un peu ambitieux, se retrouvent aujourd’hui dans les échelons supérieurs de la hiérarchie sociale, quelques-uns ont conservé l’étiquette gauche collée sur leur pedigree, d’autres l’ont fait disparaître. Je ne donnerai pas de noms malgré que certains, fort connus, me viennent en tête. Non ?

Petit à petit, le mouvement s’est transformé, il est méconnaissable. J’ai donné les grandes lignes de cette transformation. Les trolls étant ce qu’ils sont, ils monopolisent les réunions, les détournent dans de futiles polémiques, mille fois recommencées, Kronstadt, Potemkine, Yalta… « Poum, poum tralala, l’anarchie vaincra »… les petites ritournelles de l’inertie militante,… une fois réglées les querelles théoriques, les discussions s’engagent pour savoir quelle secte aura son nom en tête de l’affiche de convocation à la prochaine, manifestation, le problème, c’est que quand cela est enfin réglé, les militants de base, les petites mains censé ronéotyper l’affiche se sont barrés, lassés ou appelés par d’autres obligations… Pendant ce temps, les flics expulsent à la matraque, les hyppies, des territoires occupés, campements,  marchés libres,  place publique, plage. Je le sais, j’y étais aussi….

En bonne militante et personne qui n’aime pas dépenser ses petits sous pour des bêtises, en faisant un « calcul de conséquences » à partir des effets produits sur d’autres, j’évite le piège des drogues qui commencent à envahir massivement le marché. Un petit tour du côté du complot, ne le perdons pas de vue, vu que Big Brother lui nous observe. Mais non je ne suis pas parano, Un coup de chance vu que je me retrouve sur deux listes d’organisations passées dont les membres ne doivent jamais être totalement hors de vue de la sûreté de l’état, et je vois effectivement les « grandes oreilles » se pointer aux tournants (de ma vie),j’en rigole, c’est au contribuable de se plaindre pour le gaspillage ainsi fait de son argent. Je ne vole pas dans les magasins, mais je ne suis pas contre par principe, juste un truc de conscience et de dignité à préserver, donc si un surveillant me colle, je le promène un moment, cela laisse le champ libre pour d’autres… Et certains doivent savoir que j’adore raconter n’importe quoi, et tout, et son contraire, surtout quand je sais qu’il y a des micros sous le bar du bistrot.

Donc la gauche part en couille, « Rabat-Joie » prend du galon, et moi je commence à me poser pas mal de questions et estime que je manque des connaissances de bases pour y répondre… détour étude, jury central (équivalent du BAC),des maths et des sciences pour éviter au maximum les matières sujettes à polémiques, et parce que j’aime cela. Université, première année, agronomie…

Notre professeur de botanique, un pionnier, nous initie aux fondements de l’écologie. Club de Rome, René Dumont, J’adore cela, j’aime la vie et en comprendre quelques mystères m’enchante, je plonge… Je suis toujours de gauche, mais je n’ai toujours pas approfondi les questions d’histoires qui me tracassaient, je suis plongée dans un autre univers ou les étoiles lointaines servent de référents, la Tour des Sciences. L’écologie depuis fait partie intrinsèque de ma manière de vivre et de penser.

Et comme je ne suis pas là pour raconter les aléas de mon histoire personnelle mais bien en parler en tant que située dans une époque et des courants de pensées, je vous en épargne les accidents et méandres. Je dois interrompre mes études après la première année, dans une ambiance catastrophe,  je reviendrai à l’université, 15 ans plus tard, pour étudier la philo, avec quelques questions assez précises d’écologie politique. Et j’ai trouvé quelques réponses qui m’ont renvoyée à d’autres questions comme le veulent à la fois la démarche philosophique et l’évolution constante et accélérée de notre monde… Encore que pour être précise plutôt que de parler d’évolution il faut parler de « destruction accélérée de tout ce qu’a inventé et créé l’évolution pendant une durée interminable et incommensurable à l’échelle dérisoire de durée de nos vies humaines et de notre histoire ».

Pour raconter la suite je me placerai du point de vue que j’ai aujourd’hui. Ici je voulais relater cette période pendant laquelle nous n’avons rien vu venir. Perdus dans une illusion, conjuguée au futur antérieur, celle d’un monde à venir qui serait de loisirs et de prospérité. A l’époque la droite comme la gauche promettaient pour l’an 2000, une société d’abondance pour autant que nous acceptions de suivre leur chemin.

L’introduction du nucléaire civil, c’est faite sur le slogan d’une énergie bientôt gratuite, en quantité illimitée. Pour situer…Propre, on en parlait pas trop à l’époque.

L’étape suivante consistera à retracer ce chemin, du monde imaginé à la réalité, un chemin de désillusion qui pourtant n’a fait que renforcer mon engagement envers les valeurs d’amour, de partage, de générosité, de dynamiques créatives, le monde une invention continuée, un monde dans lequel chacun à droit au respect et aux moyens de la dignité du seul fait qu’il ou elle existe, un monde dans lequel il y a plusieurs monde, certains le vivent déjà, il lui ont donné un nom Communalité.

Anne

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de Anne Wolff
  • : Comprendre la globalisation, apprendre à y résister
  • Contact

Profil

  • Anne Wolff
  • Amoureuse de la vie, d'une fleur, d'un papillon, d'un arbre, du sourire d'un enfant, je m'oppose à tout ce qui conduit à la destruction systématique de ce que la nature a créé, de la vie, de la beauté du monde, de la tendresse et de la dignité
  • Amoureuse de la vie, d'une fleur, d'un papillon, d'un arbre, du sourire d'un enfant, je m'oppose à tout ce qui conduit à la destruction systématique de ce que la nature a créé, de la vie, de la beauté du monde, de la tendresse et de la dignité

No Pub

Malgré les publicités imposées dans sa nouvelles versions qui apparaissent sur ce blog,celui-ci reste un acte gratuit.

Recherche

Nouvelles formes du fascisme

"Le vieux fascisme si actuel et puissant qu’il soit dans beaucoup de pays, n’est pas le nouveau problème actuel. On nous prépare d’autres fascismes. Tout un néo-fascisme s’installe par rapport auquel l’ancien fascisme fait figure de folklore […].

Au lieu d’être une politique et une économie de guerre, le néo-fascisme est une entente mondiale pour la sécurité, pour la gestion d’une « paix » non moins terrible, avec organisation concertée de toutes les petites peurs, de toutes les petites angoisses qui font de nous autant de microfascistes, chargés d’étouffer chaque chose, chaque visage, chaque parole un peu forte, dans sa rue, son quartier, sa salle de cinéma."

 

Gilles Deleuze, février 1977.

Toutes Dernières Archives