Un fait incontournable est étrangement omis quand il s'agit d'aborder la situation en Ukraine : la Russie voisine est la deuxième puissance nucléaire mondiale.
Les évènements récents en Ukraine provoquent naturellement des débats et discours très partisans. Il s'agit pourtant du type de situation où un certain recul et une analyse plus objective permettent de mieux saisir les enjeux concrets et les périls qu'ils impliquent.
En commençant par exemple par ne pas perdre de vue que Vladimir Poutine ne peut résumer à lui seul la vaste et diverse population russe ou son histoire. Il en va de même pour Barack Obama ou Angela Merkel, la personnification excessive nuit à la compréhension, elle brouille l'écoute.
Ensuite, avec la même distance, visualiser l'évolution récente d'une carte d'Europe et de Russie en mode accéléré, d'Ouest vers l'Est :
- fin du Pacte de Varsovie, la plupart de ses anciens membres rejoignant l'Europe et l'OTAN,
- fin de l'URSS,
- implosion de la Fédération de Russie, dont certains Etats rejoignent l'OTAN (sans oublier la guerre en Yougoslavie et sa disparition),
- à présent en Ukraine, l'Europe et l'OTAN influent et agissent à 500km de Moscou...Capitale de la deuxième puissance nucléaire mondiale.
Il suffit d'imaginer un instant quelle serait l'attitude des USA si la Californie -qui aurait récemment pris son indépendance- était sur le point de rallier un "Pacte de Varsovie ressuscité", qui inclurait des troupes, chars et missiles nucléaires russes basés au Mexique. Car ni l'ALBA ni Cuba, particulièrement sans missile et l'URSS, ne suffiraient pour représenter une situation équivalente.
Et voilà que l'Europe et l'OTAN s'invitent en Ukraine tout en reprochant à la Russie de le faire en Crimée. Deux territoires voisins qui firent longtemps partie intégrante de la Russie impériale, soviétique puis fédérale. De fait, l’actuelle Ukraine est le berceau historique où naquit la première "Russie" (Rus' de Kiev). Ceci, une fois encore, non pour justifier mais pour tenter de se représenter la perception russe de la question, car il est illusoire de prétendre résoudre un conflit sans prendre en compte les divers intérêts qui s'opposent. Que ce soit aux Iles Malouines, en Irak, en Afghanistan, en Libye, en Syrie, au Congo, au Mali…ou en Crimée.
Déni ou provocation nucléaire?
Le plus étrange restant l'omission systématique de la donne nucléaire*, particulièrement dans le chef de ceux qui d'ici, tiennent les discours les plus belliqueux et agressifs. Quels objectifs poursuivent-ils? Les possibilités ne sont pas légions, comptent-ils sur une réédition sans condition, clefs en main, de Moscou? Sur un effondrement si subit que la Russie ne pourrait utiliser ses "armes de dissuasions" nucléaires? Ou estiment-ils désormais qu'un conflit armé impliquant directement les premières puissances nucléaires mondiales, aux frontières de l'une d'entre elles, soit une option envisageable, sérieusement?
" - "Qu'allons nous faire des huit millions de Russes qui restent sur le territoire de l'Ukraine ? Ce sont des pestiférés", se demande Choufritch.
- "Putain, il faut les fusiller avec des armes nucléaires", répond Timochenko, selon l'enregistrement.
Dans une partie de la conversation dont elle ne conteste pas l'authenticité, Timochenko dit qu'elle va "utiliser tous ses contacts, soulever le monde entier, pour qu'il ne reste de la Russie pas même un champ brûlé". (Le Figaro)