Parce que cette enquête est vraiment intéressante, et non par prosélytisme politique. Je n’appartiens à aucun parti et suis bien en peine de savoir pour qui je vais voter aux prochaines élections. Mais j’apprécie la démarche, d’une enquête fort complète, avec la possibilité de réponses libres. Une enquête qui a suscité l’intérêt des 41.420 personnes qui y ont répondu, des hommes, des femmes, des jeunes, des vieux, (entre 15 et plus de 90 ans) ; des Wallons, des Flamands et des Bruxellois, des travailleurs et d’autres qui ne le sont pas, des personnes ayant fait des études supérieurs ou non, tout cela fort bien distribué, bref un beau panel d’une large représentation de personnes différentes,. Le PTB est manifestement mieux implanté en Flandre où il trouve ses origines, mais cela aussi rompt avec l’idée d’une Flandre près de tomber dans le nationalisme séparatiste et la fermeture sur soi que cela implique.
Il et certain aussi que ce n’est pas un échantillon représentatif de l’ensemble de la population, mais cela montre que des Belges, qui veulent le rester dans le cadre d’une Belgique solidaires et sans racisme, se sentent encore motivés par la politique et se retrouvent à travers un parti qui représente leurs aspirations.
Cela montre aussi que si les gens semblent se lasser de la politique, c’est surtout parce qu’ils ne se sentent plus concernés par des partis qui décident par-dessus-leurs têtes, sans les son consulter et le plus souvent méprisant carrément leur volonté, ils sont cependant sensibles et intéressés par une démarche de démocratie participative, pas celle actuelle où des « lobbies citoyens » auto-proclamés s'arrogent le droit de parler pour d'autres qu'ils font taire. J’espère que le PTB continuera dans cette voie et approfondira sa démarche non seulement de consultation mais en mettant en place une véritable participation des gens à la prise de décisions.
En tout cas des résultats qui me réconcilient avec une Belgique que je ne reconnaissais plus.
Ce matin, le PTB a présenté à la presse les résultats de la grande enquête électorale qu'il a effectuée auprès de 41.420 Belges. Voici un aperçu des données les plus marquantes.

A l’automne 2013, le PTB+ a entamé sa campagne pour les élections de 2014 par une enquête à grande échelle. 41420 Belges ont exprimé leur opinion sur ce qui doit changer en Belgique et sur la manière dont ils voudraient que leur pays change. Pour élaborer cette enquête, nous avons impliqué nos membres et obtenu l’aide d’experts. L’analyse des résultats s’est effectuée en collaboration avec le groupe professionnel « Sociologie ».
La lutte contre la pauvreté, l’emploi et l’avenir des jeunes sont les trois thèmes les plus importants qui ressortent des préoccupations des personnes interrogées. Et celles-ci voudraient voir ces questions traitées selon la philosophie « Les gens d’abord, pas le profit ».
Le PTB+ a présenté 24 thèmes. Parmi ceux-ci, 41.420 participants ont coché les thèmes les plus importants, prioritaires selon eux. Top 3 des résultats (dia 18):
La pauvreté (27% comme thème n°1 + 43% plaçant ce thème dans le top3, voir plus loin)
L’emploi (9% comme thème n°1 + 28% plaçant ce thème dans le top3, voir plus loin)
Les impôts/fiscalité (7% comme thème n°1 + 17% plaçant ce thème dans le top3, voir plus loin)
Le thème de la pauvreté ressort très fortement : près d’1 sondé sur 3 estime que la lutte contre la pauvreté est le thème le plus important. C’est le surprenant « gagnant », et cela parmi toutes les catégories : tant parmi les actifs que les non-actifs, tant en Flandre qu’en Wallonie et à Bruxelles.
« Notre parti en tiendra compte, parce qu’il s’agit d’un signal très important, déclare Peter Mertens, le président du PTB. Tant pour les gens qui ont des difficultés à nouer les deux bouts, mais aussi pour tous les autres. Cela contredit ce que l’on entend en permanence dans les médias, que les gens ne se soucieraient plus guère des autres, que la solidarité est devenue un concept vide. Lorsque l’on interroge plus de 40.000 personnes et qu’il en ressort que la pauvreté est pour eux le problème le plus important, c’est un signal très fort. Nous exigeons donc résolument que tous les revenus et allocations au-dessous du seuil de pauvreté soient augmentés à un niveau de vie décent. Il n’est pas acceptable que des pensionnés, des chômeurs, des handicapés ou des personnes dépendant du revenu de survie vivent sous le seuil de pauvreté dans un pays comme la Belgique. C’est tout bonnement scandaleux, et c’est une bonne chose que cela ressorte de la plus grande enquête politique jamais menée. Ramener toutes les allocations au-dessus du seuil de pauvreté coûterait 1,5 milliard d’euros par an. C’est beaucoup d’argent, mais c’est parfaitement payable si l’on supprime les intérêts notionnels. Cette politique de cadeaux fiscaux coûte en effet 6,2 milliards par an à notre pays. Il s’agit donc de faire des choix. » Le PTB partage donc la revendication des Réseaux belges de lutte contre la pauvreté.
Lorsqu’on ne prend pas seulement en compte le premier choix (thème le plus important) des répondants, mais que l’on considère les trois priorités (les répondants donnaient leur top 3), nous obtenons une liste différente (dia 19):
Pauvreté (43% placent ce thème dans le top 3)
Emploi (28% placent ce thème dans le top 3)
Avenir des jeunes (21% placent ce thème dans le top 3)
Outre les thèmes de la pauvreté et de l’emploi, ressort celui de « l’avenir des jeunes » : un répondant sur cinq place cette préoccupation dans son Top 3. « Nous tenons bien sûr compte de ces résultats, non seulement pour l’élaboration de notre programme, mais pour le rayonnement de notre parti. Nous sommes le parti du travail, celui des travailleurs. Et l’emploi atteint un haut score, chez tout le monde. Nous sommes aussi un parti en croissance, qui attire précisément énormément de jeunes. Nous sommes donc particulièrement heureux que l’avenir des jeunes s’avère une préoccupation largement partagée par tous les groupes de population. Nous nous soucions de tous ceux qui ont des difficultés dans notre société. Ce qui fait que notre parti pose des choix de société, nous choisissons un camp. Pas celui des multinationales sur-subsidiées, pas le camp des organisations patronales, pas celui du petit cercle du haut monde financier. Non, celui de la classe des travailleurs, des jeunes et de tous ceux qui sont en difficulté dans la société, conclut Peter Mertens. Et cela se voit également dans nos listes. Ce n’est pas un hasard si nous avons autant de jeunes en tête de liste. Et ce n’est pas un hasard si c’est Frédéric Gillot, ouvrier métallurgiste, qui tire notre liste à Liège. Et d’autres vont encore suivre. »
Pour 9 des 24 thèmes, les personnes interrogées pouvaient choisir parmi trois propositions de solutions celle qui leur semblait être la meilleure, ou en suggérer une autre. Si l’on reprend les quatre thèmes les plus importants, voici ce qui ressort :
59% des répondants trouvent que « le droit au travail, un emploi stable avec un salaire décent » est la solution la plus importante pour offrir un avenir aux jeunes (dia 31)
46% des répondants trouvent que les échappatoires fiscales doivent être supprimées pour les multinationales et qu’elles doivent payer le taux légal de l’impôt des sociétés (dia 32)
43% des répondants trouvent que les emplois-relais est la solution la plus importante pour l’emploi : « Les jeunes doivent remplacer les plus âgés » (dia 30)
Le thème de l’emploi est également central comme solution contre la pauvreté. 42% pensent que le gouvernement doit combattre le chômage au lieu de combattre les chômeurs (dia 29).
Peter Mertens : « Le gens optent résolument pour des emplois stables avec un salaire décent. Cela diverge donc entièrement de la généralisation du travail intérimaire, de l’élargissement des chèques-services ou de faire travailler les gens plus longtemps. Sous-emplois, emplois sous-payés, flexibilité ou modèle allemand : une enquête auprès plus de 40.000 personnes démontre clairement que la population n’en veut absolument pas. Les gens veulent un emploi stable, et ils veulent aussi que le gouvernement montre l’exemple. Cette enquête nous apprend aussi que les gens veulent toujours que les travailleurs plus âgés puissent transmettre leur expérience aux jeunes, ce qu’on appelle des emplois-relais. »
46% des répondants trouvent que les échappatoires fiscales doivent être supprimées pour les multinationales, et qu’elles doivent donc payer le taux légal de l’impôt des sociétés. Il est connu que c’est l’une des revendications du PTB. « Les échappatoires fiscales pour les grandes entreprises sont gigantesques. Il n’est pas normal que la nettoyeuse chez ExxonMobil paye plus d’impôts que la multinationale ExxonMobil elle-même. Il faut supprimer ces échappatoires fiscales, et cela signifie que le systèmes des intérêts notionnels doit être immédiatement supprimé », déclare Peter Mertens.
Nous voulions également connaître l’opinion des répondants à propos d’un certain nombre d’idées politiques qui vont entièrement à l’encontre du discours dominant. Des propositions différentes ont donc été présentées. Les résultats sont surprenants :
89% des répondants attendent du gouvernement qu’il intervienne activement dans l’économie, et ce en partant des besoins de la population. 60% se déclarent « tout à fait d’accord » avec la proposition : « Pour combattre la crise, l’Etat doit intervenir dans l’économie, en partant des besoins des gens, pas du profit. » En 29% se déclarent « d’accord ».
85% des répondants veulent une lutte active contre le racisme (dia 42). 57% sont « tout à fait d’accord » avec l’idée : « Le racisme sème la division entre les gens. Il faut profiter de la richesse de la diversité dans une société qui défend la solidarité, où il y a place pour chacun et où tout le monde a les mêmes droits. » Et 28% se déclarent « d’accord ».
81% des répondants se prononcent pour l’unité du pays (dia 43). 61% est « tout à fait d’accord » avec la proposition : « La Belgique doit rester unie. La scission serait un désavantage pour la population et coûterait beaucoup d’argent. » En 20% se déclarent « d’accord ».
« Un résultat totalement différent de ce à quoi on pourrait s’attendre lorsqu’on voit tous les jours les titres des journaux et les tweets de politiciens et chefs de grandes entreprises. La plupart des gens veulent précisément que le gouvernement intervienne activement dans l’économie, et cela non pas pour donner des cadeaux aux banques et aux multinationales, mais pour partir des besoins des gens, commente Peter Mertens. C’est un tout autre son de cloche qui vient d’en bas, de près de 40.000 personnes qui se retrouvent dans le slogan “les gens d’abord, pas le profit”. Et qui donc accordent de l’importance à un Etat actif, qui respecte les postiers, les accompagnateurs de train, les gens des services publics, et qui veulent que ces services soient étendus au lieu d’être saignés à blanc. »
L’antiracisme obtient également un haut score. « Il est très réjouissant de constater que 85% des répondants soutiennent une attitude antiraciste active, déclare Mertens. Cela montre qu’il existe une base réelle pour l’unité et la solidarité, et qu’une grande majorité pense que l’unité dans la diversité est bien plus importante que tout tribalisme, nationalisme ou colonialisme mental par lesquels on veut nous diviser. Même chose à propos de l’unité de notre pays. L’enquête a été effectuée dans toutes les provinces, en Wallonie, en Flandre et à Bruxelles. Et on constate que les préoccupations les plus importantes sont les mêmes dans tout le pays. Il existe donc deux opinions publiques totalement différentes. Les gens ordinaires, les travailleurs, les jeunes, ceux qui ont des difficultés partagent les mêmes préoccupations, quelle que soit la langue qu’ils parlent. »
Pour le PTB+, cette enquête à grande échelle marque le début de sa campagne électorale. « Les résultats de cette enquête sont d’une incroyable richesse. C’est un coffre au trésor. Nous en tirerons tous les enseignements possibles pour l’élaboration de notre programme », souligne le président du PTB.
« Il est absolument unique qu’une campagne électorale débute par une grande enquête auprès de la population. Qui fait cela ? Réponse : le PTB+. Pour nous, la démocratie ne signifie pas juste noircir une case le 25 mai et puis se taire pendant cinq ans. Non, la démocratie est une action, déclare Peter Mertens. La démocratie est un processus continu de questions-réponses, par lequel nous entamons notre campagne et que nous n’interrompons pas. C’est ancré dans notre fonctionnement. Nous ne faisons pas un rapide petit sondage, nous mesurons l’impact de propositions et solutions précises. Nous allons donc dialoguer en permanence avec les gens sur notre programme et nos propositions. »
Le PTB a l’ambition d’entrer au Parlement. « Il y a bien trop peu de débat au Parlement, concernant le chômage, les cadeaux fiscaux aux entreprises, la législation SAC… Il y a bien trop d’unanimité, c’est une grande fanfare libérale, et c’est pour cela qu’il faut une voix neuve, une voix fraîche, la voix d’une gauche conséquente », conclut Mertens.
« Le résultat de cette très large enquête auprès de 41.000 personnes démontre ce que , en fait, nous savions déjà, analyse le Pr Jan Blommaert : les gens ordinaires veulent la sécurité d’emploi et non la flexisécurité, ils veulent un salaire décent et des droits sociaux et non des sous-statuts et des salaires de misère, ils veulent une sécurité sociale solide basée sur la redistribution et la solidarité, et ils sont prêts à payer des impôts à cet effet-là ; ils s’opposent aux avantages fiscaux et au fricotage des entreprises et fortunes et demandent une fiscalité juste ; ils estiment que ceux qui gagnent trop sont au sommet de l’entreprise et non à sa base ; ils veulent un Etat de droit transparent et s’opposent aux amendes SAC ; ils veulent un gouvernement et un Etat intègres et transparents et une politique démocratique qui donne la possibilité à la population de s’exprimer pour tout ce qui la concerne. »”
Il est intéressant de constater que le Pr Blommaert souligne surtout l’opposition entre les résultats de l’enquête et le discours dominant : « Les porte-parole de la droite affirment en permanence que "tout le monde est d’accord sur le fait qu’il faut réduire la charge salariale", que "chacun réalise qu’il va devoir faire un effort", que s’en prendre aux paradis fiscaux est "populiste", que la lutte contre la fraude est une "chasse aux sorcières" sur "celui qui entreprend, travaille dur et épargne", que "nous devons oser mettre en œuvre les réformes nécessaires" dans le système des pensions et qu’il faut s’en prendre durement à la petite fraude sociale car « sinon il n’y a pas de base pour la solidarité". Eh bien, cette enquête à grande échelle place tout-à-coup la question la question de cette "base" sous un tout autre jour. En effet, tout le monde n’est pas d’avis que nous devons gagner moins, que nous devons démanteler la sécurité sociale et la législation sur le travail, de laisser les capitaux bien tranquilles et de puiser dans la société les moyens pour faire des cadeaux fiscaux aux entreprises. En réalité, bien peu de gens sont de cet avis. La masse - la base démocratique, disons - pense dans une tout autre direction. C’est un des grands bénéfices de cette enquête d’avoir mis cela en évidence. »