Narco Capitalisme. Première partie
Narco Capitalisme. Partie 2 : Le modèle économique de Colombie
Narco Capitalisme. Partie 3 : Application du modèle au Mexique
Narco Capitalisme. Partie 4 (et fin) : La face cachée du modèle colombien
Source originelle e Anglais “Drug War Capitalism”
Posted in Colombia, En español, Guatemala, Honduras, Mexico by dawn on 20/08/2012
Dan Paley a plongé sous la surface de la guerre contre les drogues en Colombie et au Mexique. Elle explore les mécanismes utilisés, les rapports évaluant les dévastations humaine et économique, analyse les raisons potentielles pour lesquelles cette guerre se poursuit et suggère d’autres axes d’enquête. Version PDF . PDF of an extended edition for the web.
Le Capitalisme narco
Tant aux États-Unis qu’au Canada, il existe des groupes qui fournissent des efforts soutenus pour mettre en lumière les emprisonnements injustes en masse et la criminalisation des gens pauvres, par-dessus-tout, les personnes pauvres de couleurs, pour des faits « en relation avec la drogue ». Mais on rencontre trop peu d’analyses sur les raisons cachées et les mécanismes de cette guerre ainsi que sur son ’impact économique au Mexique et au-delà.
Avant même que le retrait d’Irak ou d’Afghanistan se fut achevé, les États-Unis étaient déjà impliqués dans une série de conflits en voie d’intensification depuis la frontière nord du Mexique jusqu’au Pérou. Les gouvernements et les médias mainstream ont collé à cette guerre l’étiquette de « Guerre contre les drogues ». Il est important d’examiner comment l’extensive « Guerre à la drogue» se connecte avec l’expansion d’entreprises transnationales qui prennent le contrôle de marchés, de main d’œuvre et de ressources naturelles.
Au Honduras, quatre indigènes ont été assassinés par des tirs à balles en mai, quand la police hondurienne ouvrit le feu depuis un hélicoptère du Département d’Etat étasunien et sous la supervision d’agents étasuniens en uniforme. Au Mexique sous la guidance des EU, du Canada, d’Israël et de Colombie, la police et l’armée ont été transformées.
En Colombie, la guerre se prolonge depuis quatre décennies et des milliards de dollars ont été gaspillés, mais à présent elle est requalifiée de guerre contre le crime. Durant la décennie des années 80, l’Etat Colombien se convertit en un état paramilitarisé, dans un processus qui se manifesta par des menaces, attentats et assassinats sélectifs ou massacres collectifs de fonctionnaires gouvernementaux (principalement mais non pas exclusivement de gauche) ; et de leaders politiques populaires, ouvriers, paysans, professeurs, activistes de droits humains et membres des organisations non gouvernementales.
L’assistance des EU à la Colombie, sous forme d’un programme de lutte contre la drogue consista dans le renforcement de groupes paramilitaires et de polices non officielles, lesquelles, selon des rapports patrouillaient aux côtés de l’armée Colombienne et furent impliquées dans la grande majorité des massacres et déplacements forcés dans le pays.
Dire que la guerre contre la drogue a échoué, c’est n’y rien comprendre », affirme Noam Chomsky, dans un discours au mois de mai. « A chacun de se demander ce qu’avaient à l’esprit les planificateurs devant tant d’évidence que ce qu’ils prétendent faire ne fonctionne pas. Quelles sont les intentions probables ?[i]
Les commentaires de Chomsky mettent le doigt sur un domaine urgent d’investigation pour les activistes et journalistes qui désirent comprendre les guerres actuelles contre les drogues. Il est chaque fois plus évident qu’il y a beaucoup de travail à faire pour relier ensemble les motivations de la militarisation dirigée par les EU dans les Amériques.
Une reconsidération de la dite guerre contre les drogues, requiert - entre autres choses - une évaluation de la manière dont elle a favorisé l’expansion des investissements étrangers directs et des industries extractive en Colombie, au Mexique et en Amérique Centrale.
La guerre quand les chocs ne suffisent pas.
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“Ceci est ce à quoi ressemble le commencement du néolibéralisme”, commente Raquel Gutierrez réfléchissant sur ce que cela signifiait d’essayer de comprendre la guerre en cours au Mexique. Actuellement enseignante à l’Université Autonome de Puebla, Raquel était militante clandestine en Bolivie au milieu des années 80, quand les premières politiques néo-libérales prirent effet dans le pays, entrainant une paupérisation de la classe ouvrière. Dix ans ont passé depuis qu’elle est revenue au Mexique.
Raquel fit une pause et tapota sa cigarette, comme si elle cherchait à se rappeler un langage oublié. Cela ne vint pas. Après elle me demanda si j’avais lu le livre de Naomi Klein, « La doctrine du choc ». J’opinai de la tête. Silence. “Le problème, c’est qu’au Mexique les chocs n’ont pas fonctionné” dit-elle. Ce n’est pas que les chocs aient manqués. Les politiques néolibérales furent d’abord introduites sous la forme de programmes d’ajustement structurel. Ce qui mit fin à une période de croissance économique soutenue, l’industrialisation par substitution aux importations, et les prix élevés du pétrole connu comme le miracle mexicain.
“De 1980 à 1991, le Mexique reçu 13 prêts d’ajustement structurel de la Banque Mondiale, plus que n’importe quel autre pays », écrivit Tom Barry dans son livre La vengeance de Zapata, publié en 1995. « Six accords avec le FMI, qui fit des pressions croissantes pour libéraliser le commerce et l’investissement furent également signés ».[ii]
Dans la décennie des années 80, parfois appelée la “décennie perdue”, les prix du pétrole chutèrent en même temps que le peso. De plus de mille entreprises estatales en 1983, l’état mexicain n’en possède plus que 2OO en 1993. En 1991, le programme mexicain rapporta plus d’argent aux coffres du gouvernement ($ US 9,4 milliards) que toutes les ventes des autres entreprises publiques en Amérique Latine prises ensemble.[iii] A la fin de l’année 1994, le Mexique signa le Traité de Libre Echange de l’Amérique du Nord et fut témoin du soulèvement zapatiste en plus d’être soumis à une autre dévaluation de la monnaie..
Mais au tournant du 21ème siècle, le territoire et l’économie du Mexique n’étaient toujours pas totalement ouverts aux investisseurs étrangers. « Malgré les réformes, les résultats de l’économie mexicaine dans les 3 dernières décennies ont été insatisfaisants» dit un rapport publié au début de cette année par la Banque Centrale du Mexique.[iv].
Les communautés paysannes et indigènes continuent à exercer la propriété communale sur les terres riches en ressources. Une grande classe moyenne est propriétaire de petites entreprises et les familles les plus riches du Mexique ont maintenu le contrôle sur les secteurs lucratifs de l’économie. En accord avec le département d’Etat des EU, les dix familles les plus riches du Mexique « ne sont pas l’unique obstacle pour améliorer la compétitivité de l’économie mexicaine. » Pemex, la 17ème plus grande entreprise pétrolière du monde est restée entre les mains de l’état.[v]
Quelque chose de plus qu’un choc économique est en cours : une stratégie intégrale éprouvée pour intensifier les investissements étrangers directs. Cela nécessite de s’assurer de ce que la police locale, l’armée et tout le système juridique fonctionnent en accord avec les normes étasuniennes. C’est cela la stratégie qui est familièrement connue comme la guerre contre les drogues.
Depuis la présidence de Nixon, le gouvernement des EU a investi quasi un milliard de dollars[vi] dans la « guerre contre les drogues » dans des pays comme la Colombie et l’Afghanistan. Les liens directs entre les politiques de lutte contre la drogue et un climat meilleur pour les investissements se révèle à travers un examen attentif de l’engagement des EU en Colombie de 2000 à 2006. La stratégie s’est perfectionnée et amplifiée dans les deux dernières décennies à travers une expérimentation tant à l’intérieur du pays qu’internationale.
[i] La Jornada. “‘L’échec de la lutte antinarco est intentionnel”, affirme Chomsky. “13 mai 2012. Référence du 14 mai 2012 ici : http://www.diario.com.mx/notas.php?f=2012/05/13&id=31c61357e326f44eaad52d40dac06e74.
[ii] Barry, Tom. Zapata’s Revenge. South End Press, 1995. pp 43
[iii] Teichman, Judith. Privatization and political change in Mexico. Pittsburgh: University of Pittsburgh, Biblioteca Digital de Investigación. 12/22/2009. Références ici : http://digital.library.pitt.edu/cgi-bin/t/text/text-idx?idno=31735055592376; vista = toc, c = pittpress.
[iv] .Sánchez González, Manuel. “Economía Mexicana: Una mirada de Largo Plazo”. Banco de México. 08 de marzo 2012. Référence du 20 de marzo 2012 voir : pág. 24.
[v] Petro Strategies Inc. “World’s Largest Oil and Gas Companies.” Consulté le 10 mai 2012 ici :http://www.petrostrategies.org/Links/worlds_largest_oil_and_gas_companies.htm.
[vi] Robert J. Bunker (2011): “Grand strategic overview: epochal change and new realities for the United States.” Small Wars & Insurgencies, 22:05, 736.
Posted in Colombia, En español, Guatemala, Honduras, Mexico by dawn on 20/08/2012
Source originelle en Anglais “Drug War Capitalism”
Version espagnole : Rebelion. El Capitalismo narco
Traduction Anne Wolff
A suivre