Voici un texte qui raconte ... l'horreur... cela se passe en Haïti dans les années 1991 - 1995, cela s'est passé dans tous les pays où l'empire a imposé ses dictatures et répandu ses bourreaux dont beaucoup avaient été formés à l'Ecole des Amériques.... les bourreaux sont toujours présents dans les pays alliés des Etats-Unis et qui "bénéficient" de ces formations militaires dont les colonisateurs sont prodigues... cela pourrait se passer demain, partout sur le continent Sud, c'est la volonté ouvertement avouée de l'Empire. La Résistance est forte et déterminée en Amérique Latine, elle nous montre le chemin d'un autre monde possible, un monde de respect, de dignité, de tolérance dans ses rapports avec les autres habitants de la planète, dans ses matières d'interagir avec les ressources de notre planète mettant en oeuvre une sagesse ancestrale.
Je cherchais les mots pour transmettre le message :"Voici en réalité de quoi sont menacés les peuples d'Amérique Latine"... je ne sais combien nous avons été en Europe à retenir notre souffle pendant la durée de la crise en Bolivie, sachant quel était le sens de la menace, contenue dans cette tentative de coup d'état qui a lamentablement échoué...OUF ! mille fois OUF !, c'est une magnifique victoire du peuple Bolivien et du gouvernement qui l'incarne... mais c'est la victoire d'une bataille dans une guerre qui pourrait être longue. Les ennemis de l'Amérique Latine sont les nôtres, les combats qui se mènent là-bas sont des luttes d'avant-garde pour un monde dont seraient balayées la domination et l'exploitation.
Les mots qui décrivent la menace, ils sont là, dans le texte qui suit, ils parlent d'Haïti, ils parlent de chacun des pays qui a été soumis aux dictatures installées et maintenues par le pouvoir yanqui... je traduis en ce moment un texte sur l'opération Condor, et derrière chaque mot que je traduis il y a cette réalité décrite ci-dessous... Des textes importants pour tous ceux qui ont fermé les yeux à l’époque, pour tous ceux qui sont trop jeunes pour se souvenir et n’ont pas eu l’occasion d’apprendre. Des textes importants pour que ne soit pas sous-estimée, cette menace de « domination du spectre total » qui exprime la volonté du pouvoir militaire US… Spectre, c’est bien ce que nous serions tous et nos descendants si un tel projet aboutissait…zombis diraient les haïtiens.
En réalité le choix qui se pose aujourd'hui c'est le cri d'appel de l'humanité en résistance contre la déshumanisation forcée voulue et pratiquée pour quelques-uns par ceux qui les servent.
Aujourd'hui qui n'a pas fait consciemment, volontairement et avec détermination le choix de les combattre les soutient fusse par son inaction ou sa passivité. Aujourd’hui ceux qui les servent sans bien comprendre quel monstre ils nourrissent, ceux qui les servent et ne sont pas pourris jusqu’à la moelle comme beaucoup le deviennent au service de maîtres qui n’hésite pas à fabriquer des machines à tuer expertes en art de la torture… ceux qui les servent donc et qui ont encore en eux un peu de cette petite lueur faite de conscience, d’amour de bienveillance feraient bien de se remettre en question afin de cesser d’être les complices des pires crimes contre l’humanité qui ai jamais été perpétué et de ceux qui se préparent. En matière de crime contre l’humanité, il n’y a pas d’échelle dans la larbinité tout complice l’est à part entière de tous les crimes commis.
Ce texte intemporel a été publié le Vendredi 15 février 2008
écrit par une ethnopsychiatre, Cécile Marotte
et un médecin, Hervé Rakoto Razafimbahiny
publié aux Editions Regain et Cidihca en 1998 et aussi avec l'aide de Fokal fondation financée par le milliardaire Soros dirigée par Mme Michèle Pierre -Louis.
Un témoignage de ce qui s'est passé en Haïti entre 1991 et 1995
Un livre terrible qui dit la mesure du combat engagé par Lovinsky Pierre-Antoine et la violence démesurée des forces contre lesquelles il luttait.
EXTRAITS :
Mais ce travail se veut surtour une réflexion sur la mémoire, sur l'exigence faite à une société d'oublier -de faire comme si elle oubliait- afin de survivre, alors que son passé même la porte à garder toujours présent le souvenir de son indépendance." (page 19)
J'ai filmé il y a quelques années, ces personnes qui tournaient sur le Champ de Mars à Port-au-Prince, réclamant justice. Des personnes pauvres, faibles et sans protection mais qui venaient à visage découvert manifester sur cette place. Or la violence contre les pauvres est telle en Haïti qu'il faut être plus que courageux pour oser exprimer des revendications telles qu'une demande de plus de justice, la condamnation des coupables, etc. D'autant plus que les auteurs de ces crimes n'ont jamais été ennuyés et que bon nombre d'entre eux ont été recyclés en 2004 où ils ont pû à nouveau et impunément exercer leurs talents de tortionnaires.
Ces femmes et hommes qui tournaient sur la place, pancartes à la main sur lesquelles étaient écrites toutes sortes de slogans, leurs voix résonnent encore dans mon coeur.
Etant donné
-que depuis le coup d'Etat de 2004, la répression contre les militants de gauche est revenue au niveau où elle l'était quand les makouts étaient officiellement au pouvoir, -que Lovinsky Pierre a été kidnappé,
- que son adjoint a reçu des menaces de mort,
les rondes sur le Champ de Mars s'arrêteront et la mémoire devra disparaître.
C'est le but recherché.
Le courage montré par ces personnes laisse deviner la force de conviction de Lovinsky Pierre. .Je ne le connais pas mais il fallait que ce soit un homme vraiment sans peurs pour arriver à ce résultat. Pour arriver à maintenir vivante et non oubliée la mémoire des exactions des militaires et de leurs sbires.
EXTRAITS :
Ces passages à tabac se déroulent dans la rue au moment de l'arrestation et se poursuivent au poste militaire ou à la caserne.(...)
- Le djak : la victime a les mains et les pieds liés; un bâton est placé à la jointure des genoux, parfois un autre sous les bras repliés afin de maintenir le corps plié en deux, en exposant particulièrement le dos et les fesses. La plupart du temps la victime a eu ses vêtements arrachés et se trouve donc nue. (...) Parfois les handicaps sont tels qu'il faut procéder à l'ablation des memebres inférieurs ou supérieurs.
- La kalot marassa : c'est une forme commune de torture et/ou de TCID. La "double gifle" consiste à frapper simultanément les deux oreilles de la victime avec les mains ouvertes; Il en résulte la plupart du temps une perforation du tympan, de graves infections de l'oreille pouvant entraîner surdité et/ou hallucinations auditives; des dents cassées et des fractures de mâchoire. (...) la bastonnade, le djak, la kalot marassa reprennent des formes de châtiment telles qu'on les pratiquait du temps de l'esclavage et que cette connotation culturelle a toute son importance dans le traitement des séquelles mentales. C'est en effet l'histoire à nouveau annulée, l'Indépendance et la dignité bafouée, l'humiliation de postures insupportables et d'une nudité qui rappelle celle de l'animal." (page 92)
Ce sont donc deux étrangers qui viennent rappeler à tous ces soit-disant nationalistes l'impact de la mémoire de l'histoire haïtienne dans la réalité, la vie et les événements nationaux et personnels. Quand des zen-tellectuels ont appelé à boycotter la commémoration du bicentenaire de l'Indépendance, poussés par des forces pour lesquelles ce bicentenaire ne représente rien, voire représente un moment négatif à gommer, ils étaient soit complices comprenant totalement la portée symbolique d'un tel boycott, ou suffisamment ignorants pour ne pas y voir, ce dont parle les auteurs "l'histoire à nouveau annulée, l'Indépendance et la dignité bafouée "
EXTRAITS
"Les savoir-faire de la répression
Comment la répression a-t-elle frappé et comment insidieusement a-t-elle pu continuer à frapper pendant plus de trois années ?
En frappant les couches populaires qui avaient osé se démasquer on frappait des cibles aux conditions de vie plus que précaires et qui n'avaient pas toujours les moyens d'une véritble organisation de résistance face à de multiples groupes armés, civils ou para militaires(...) En outre, les générations des années 1960, les adultes d'aujourd'hui, ont des repères et des ancrages symboliques et traditionnels vacillants : générations qui peuplent Bolosse, St-Martin, Cité Soleil, Raboteau, Jean Rabel, Trou du Nord...qui souvent appartiennent à des familles disloquées par l'exode rural, les départs des "boat people" (lequels ne sont jamais vraiment interrompus), ou massacrés, dans un dénuement économique tel que les premières et souvent les seules solutions à trouver sont celles de la survie et ne concernent plus que la survie.
Par ailleurs les auteurs de la répression ont cette fois-çi un visage flou et difficilement cernable; les termes mêmes d'"attaché", de civil armé rendent les diverses formes d'attaque à la fois plus indirectes et plus inattendues. Elles peuvent surtout revêtir mille visages et ceci n'importe quand." (...)
L'un des savoir-faire principaux des auteurs de la répression et donc d'avoir visé des cibles fragiles, au moins au plan économique et social, mais surtout d'avoir pour cibles des individus privés de recours structurel à queque niveau que ce soit ".(...)(Pages 36-37)
Une remarque. Dans cette solitude des couches populaires face à leurs bourreaux, on peut voir toute la faiblesse, l'indigence, la non-représentativité des partis dits démocratiques, des associations , de cette présumée société civile qui en général se sont empressés de déserter le terrain des quartiers pauvres, quand ils y avaient quelques officines."
EXTRAITS :
Cette difficulté ou cette impossibilité d'un recours à la justice et au droit a contribué à garantir l'impunité d'un recours à la justice et au droit, a contribué à garantir l'impunité continuelle des auteurs quand bien même ceux-çi étaient connus, que l'on savait où ils habitaient et comment les retrouver. La confusion et l'insécurité ont contribué à décimer de manière massive les cibles populaires malgré leurs tentatives d'organisation et de résistance comme par exemple le "marronage" stratégie d'adaptation sur laquelle nous reviendrons plus longuement." (page 37)
Une autre remarque. Vous aurez constater que le terme de "maronnage" de héroïque qu'il était en faisant référence aux "negmawon", à ceux qui fuyaient l'esclavage, a glissé tout doucement ces derniers temps vers une connotation négative. De plus en plus, "marroner" est employé chez les zen-tellectuels, comme un comportement "barbare", "sauvage" "irresponsable" contraire à la "civilisation". En ce faisant, ces zen-tellectuels lui enlève son contenu symbolique et dépouille la culture populaire d'un référent fort et d'un agent de cohésion sociale. Cet aspect de leur participation aux côtés des élites à la lutte contre les couches populaires ne devrait pas être minimisé; dans la mesure où ces zen-tellectuels sont en général des enseignants, passeurs de savoir à des jeunes générations dépourvues d'autres sources et moyens d'information. En dévoyant le concept de marronage, en utilisant les termes de "barbares", de "chimères", de "bandits", de "rats" pour désigner l'ensemble des couches populaires, les zen-tellectuels tout puissants, ont contribué à divulguer chez leurs étudiants issus de classe moyenne, une idéologie favorisant leur coupure des couches populaires et servant le intérêts des élites commerçantes.
EXTRAITS :
Les cibles de la répression
On sait que les membres dirigeants des organisation communautaires des quartiers populaires-elles sont nombreuses- ont joué un rôle essentiel dans la victoire électorale de Jean-Bertrad Aristide, et que le nombres de victimes des violations du droit à la vie, à l'intégrité et à la sécurité de la personne ont été prises pour cibles en raison de leurs activités militantes ou de leur appartenance politique. Les femmes notamment ont été prises pour cibles en raison des activités ou de l'appartenance politique de leurs maris et accusées à ce titre de crimes de droit commun ! Déjà sous Duvalier, et pour la première fois dans l'histoire d'Haîti, les femmes avaient été visées spécifiquement et on assite ici à une reprise de cette forme de répression. (...)
Les autorités militaires du gouvernement de facto invoquent souvent de présumés groupes terroristes qui travailleraient à soulever la popultaion et, sous couvert de les démanteler, les agents de la répression visent des citoyens ordinaires afin de créer un climat de peur et d'insécuité. (...) (page 40)
Quand on sait que c'est 80% de la population qui rentre dans les "normes " de cete communauté sinistrée dont nous parlions plus haut et qui a constitué l'ensemble des cibles de la répression, c'est la société civile elle-même qui est en question; on veut d'un pays, mais sans la société de ce pays. Haïti mais moins 80% des Haïtiens." (page 41)
Les auteurs de la répression
La plupart du temps les hommes armés en civil agissent à la nuit tombante, sans prendre même la peine de se masquer le visage, assurés qu'ils sont d'une totale impunité. Armés de pistolets ou de fusils mitrailleurs Uzis et M1, ils circulent dans des pick-up rouge ou blanc dont certains portent des plaques d'immatriculation officielle; c'est donc dire dire qu'outre l'impunité, les tueurs sont souvent dotés d'un équipement solide et efficace.(...) On a fréquemment signalé l'existence de groupes paramilitaires ou de bandes de délnquants tolérés et utilisés volontiers par l'armée; les zenglendos avec le consentement exprès ou tacites des autorités de facto. (...) (page 42)
Mais parmi les exactions commises, plus encore si l'on peut dire que les meurtres à bout portant, les zenglendos se livrent à toutes sortes d'horreurs qui ébranlent gravement l'équilibre mental des victimes directes comme celui de leurs témoins obligés et qui dans tous les cas laissent des séquelles quasi irréversibles: tels les viols d'enfants devant leurs parents ou devant toute la famille, ou l'obligation sous la menace des armes faite à un parent d'avoir des relations sexuelles avec l'un de ses enfants, ou encore pour un groupe de quatre ou cinq civils armés le fait d'abuser à plusieurs d'un membre de la famille devant des témoins terrorisés et impuissants. " (page 43)
Aux "zenglendos", aux agents classiques de la répression tels que la police, l'armée et les attachés s'est ajouté un nouvel acteur: le Front Révolutionnaire pour l'Avancement et le Progrès Haïtien, le FRAHP, rebaptisé par la suite Front révolutionnaire armé. (...) Beaucoup d'anciens militaires, d'attachés, d'anciens macoutes et de civils correctement armés le composent et font de ce mouvement à facade politique, une force paramilitaire redoutable.(...) Là encore on peut dire que ce mouvement n'a pas surgi inopinément en 1993, mais qu'il est une tentative de réorganisation de la répression au sein du chaos politique et social que représente la période de la post-dictature. En somme les auteurs de la répression ont bénéficié des séquelles de la dictature, à savoir l'absence d'une réelle société civile qui incluerait de fait une société de droit, le manque de recours institutionnels pour la majorité de la population. Le terrain éait prêt pour une violence aberrante. Cette violence eut lieu." (pages 44/45)
Voici, lectrices et lecteurs, contre quoi se battait Lovinsky Pierre-Antoine. Il se battait contre l'oubli de ces crimes qui se sont passés sans interruption entre 1991 et 1995; pour que justice soit faite aux victimes innocentes, aux femmes violées, aux orphelins. Voici pourquoi sa disparition est un drame immense pour sa famille, pour les victimes et pour Haïti où les hommes de bonne volonté et de convictions comme Lovinsky Pierre-Antoine et Jean Dominique sont de véritables trésors nationaux.
Les "gens de bien", aujourd'hui comme hier, à la période de l'esclavage, à celle de l'Occupation américaine, pendant la dictature duvaliériste, pendant le coup d'Etat de 1991, pendant celui de 2004, ont toujours trouvé les mots pour démoniser ceux qui luttent contre l'oppression; ils ont aussi toujours trouvé les armes pour les terroriser et les tuer.
Ce n'est pas nouveau.
On pourrait même dire que le peuple haïtien pourrait être pris comme exemple de peuple martyrisé.
Et ce n'est pas fini.
Car malheureusement, les diables ont été lâchés dans la nature.
On ne sait pas ce que lui réserve l'agenda des ex-macoutes, ex-zenglendos, ex-attachés, ex-FRAHP , ex,ex,ex, reconvertis en gren-nanbounda.
Ces derniers temps on parlerait d'une punition collective qui s'assimilerait à une famine généralisée...
"Contrôlez la nourriture et vous contrôlerez les peuples." pour paraphraser Kissinger et sa célèbre phrase sur le pétrole.