7 décembre 2012 5 07 /12 /décembre /2012 09:45

 

 

 

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Bon je patauge un peu là. Encore toute imprégnée d’une part d’un stage prolongé dans le monde glauque de la géopolitique et d’un autre qui ne l’était pas moins de confrontation avec les institutions de mon pays et associations dérivées. J’ai donc la tête toute pleine de de cette situation internationale (globale), catastrophique. Et de cette Union Européenne qui incarne une volonté qui n’a absolument plus rien à voir avec celle des habitants des pays où s’exerce son pouvoir.

Et les petits copains de mon noyau rhizomial, pour le moment, pas trop  en mesure de me soutenir dans ce projet en ce moment ; je vais devoir attendre que le soleil du printemps ait remis en marche leurs horloges biologiques de largués du système (et pour beaucoup  de sans résidence fixe ) que l’hiver a complètement déchargé.  Et oui, quand on a plus de logement à soi, l’hiver est la saison où la priorité est de survivre le mieux possible. Et en ce qui nous concerne, depuis 2007 (environs) nous voyons que les uns après les autres perdent leurs logis pour n’en point retrouver, ce qui amène des conditions d’hébergement de plus en plus difficile et une promiscuité qui génèrent des tensions. De cela il sera question dans des textes à caractère plus général qui exprimeront la réalité vécue de la vie sans résidence fixe, non plus du point de vue des « autorités » qui tentent de l’encadrer, mais du terrain. De mon point de vue, celle de l’expérience de quelqu’un qui est à la fois du terrain et observatrice de ce terrain… parce que cela fait partie de qui je suis, que d’avoir toujours en éveil un regard d’observatrice d’un point de vue plus anthropologique.

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Même si j’ai une grande envie de me tourner vers le positif, le constructif, vers ce que la vie apporte de beau et d’intéressant, je sais que je ne pourrai faire l’économie du bilan de mon expérience avec divers Pouvoirs (pas très) Publics et associations, elles sont partie du contexte auquel tout projet d’habitat groupé, toute tentative d’installer un lieu d’habitat nomade ou semi-nomade et de produire dans des formes non conventionnelles est confronté. Les lois en vigueur depuis quelques années donnent un droit de regard grandissant au Pouvoir Public sur les manières de vivre des habitants d’un lieu. La question de la fiscalité joue elle aussi un rôle essentiel, sans parler de tout l’arsenal croissant de contrôle qui s’exerce sur les personnes bénéficiant de revenus de remplacement.  Les diverses associations qui travaillent sur le terrain émanent en général de ces mêmes pouvoirs soit parce qu’elles reçoivent leurs subsides et donc aussi leurs « instructions », soit parce qu’elles sont directement issues des partis politiques qui composent ces Pouvoirs.

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Et j’ai recueilli de nombreux témoignages  et critiques de leurs « clients »  allant du tragique (notamment le constat du peu de résultat effectif au regard des moyens soi-disant mis en œuvre, l’inadéquation entre l’offre et la demande….) jusqu’au plus drôle… parce que parfois ces « aidants » sont tellement imbus d’eux-mêmes, positionnés dans leur rôle d’experts qui ont tout compris, lorsqu’ils se heurtent à des personnes matériellement démunies mais ô combien culturellement plus riches, cela peut déboucher sur des situations cocasses…

Deux constats complémentaires à ce sujet : le premier est que nombre de ces associations essayent de s’assurer un monopole sur un créneau de pauvreté donné, moyen de garantir la persistance des subsides et le deuxième est qu’elles deviennent très vite – même si de bonne volonté au départ – des alibis du système… vous voyez bien « on fait quelque chose pour les pauvres ». Oui mais quoi et comment ?

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Cela m’amènera à parler de la manière dont est réellement traité la question de la pauvreté en Belgique, je vais devoir aussi me pencher sur les mesures relayées par le nouveau « gouvernement ». « Relayées » parce que les gouvernements nationaux prennent de moins en moins de décisions. Ils font appliquer des mesures européennes qui sont – pour faire  bref  - dictées soit par les créanciers de l’Europe, soit par des industriels dans le jeu de dupes,  promesses de créer de « l’emploi » versus chantage à la délocalisation. Et donc les associations elles-mêmes sont prises dans ces logiques comme celles si pernicieuses de la remotivations par l’activation sociale qui prends pour critères motivant le désir d’emploi et de pouvoir d’achat, etc… là aussi, il y a beaucoup à développer, mais cela ne se fera de manière efficace que lorsque les personnes concernées elles-mêmes mèneront le débat… j’espère que cela va se faire.

 

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Echo de paroles partagées : L’emploi sera certainement au cœur des débats que je relayerai ici. Nous avons déjà beaucoup discuté par le passé. Et non… malgré quelques rares paresseux rédhibitoires parmi nous, si la plupart d’entre nous veulent gagner leur pain à la sueur de leur front, nous voulons le faire dans la joie et sans les liens de subordination qu’implique l’emploi, mais surtout sans qu’il génère de bénéfice pour des Profiteurs n’ayant aucun souci du bien commun si ce n’est pour sans cesse le détruire en s’appropriant les secteurs jusque-là publics, le réduire à la portion congrue en imposant des mesures d’austérité grâce au pouvoir discrétionnaire d’usuriers dont disposent et abusent nos créanciers. Nous désirons que notre travail contribue au développement du bien public et non à sa destruction.

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C’est un des constats de mon travail et de mes tentatives pour créer un lieu d’habitat productif au cours des dernières années en partant de rien, matériellement parlant, parce que notre petit groupe était d’une grande richesse non seulement de ces qualités humaines qui font les bons convives mais aussi de talents et savoir-faire diverses et variés qui mis en complémentarités et se doublant de soutien extérieurs en sympathie avec notre démarche nous aurait garanti les moyens non seulement de remettre en état un bâtiment abandonné, mais aussi de développer des espaces ouverts de convivialités et des ateliers de productions qui tenaient la route. Toute une partie du projet se fondait dans l’impératif de travailler au maximum avec des objets et matériaux de récupération.

 

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Ancien local de l'ssociation des Intemittents et des précaires expulsés sans relogement

Pour la majorité d’entre nous ne sommes que subsidiairement des consommateurs, et peu nous chaut cette soi-disant production de richesses qui appauvri la planète et donc, nous, ses habitants qui n’avons que faire de ces babioles à courte durée de vie qui arrosent le marché et rempli les poches de grand fraudeurs. Lutter donc contre le gaspillage, contre toutes les formes de gaspillage était donc un point fondateur de notre démarche. Le coup de la verroterie ont connait, et cela ne marche pas avec nous… Si vous voulez nous faire taire reste plus qu’à refaire le coup des couvertures infestées de variole, nul doute que nous y arrivions petit à petit… mais c’est une autre débat.

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J’étais surtout interpellée par ce gaspillage de talent humains dont beaucoup de ne demandaient qu’à s’exprimer mais ne trouvait plus les moyens de le faire, faute de lieux mais aussi faute des outils adéquat… dans un monde sans roulotte, pas évident pour le forgeron vagabond de transporter son enclume dans son sac à dos. Il fut un temps où les artisans trouvaient partout des relais où déployer leur savoir-faire… un temps pas si lointain. Heureusement certains y parviennent encore. Mais pour d’autres des barrières se dressent qu’ils ne savent comment franchir parce qu’ils n’ont déjà pas (entre autre) l’expérience de la vie nomade et de ses relais, mais aussi parce que nombre de ces relais ont disparus au cours des dernières décennies, pour diverses raisons ou plutôt de diverses manières mais pour une unique raison, industrialisation qui a pour but de concentrer les bénéfices entre quelques mains dans le cadre d’un Marché Unique.

 


Certains aussi ont plus de difficultés à surmonter les obstacles que leur impose le monde de la concurrence, ils n’ont assurément pas des caractères de battants, et je serai la dernière à le  leur reprocher car leur gentillesse m’est précieuse. Que m’importe qu’il faille les prendre par la main pour les conduire jusqu’à l’atelier : quand je vois alors leurs capacité en action et la passion qu’ils mettent  à réaliser de beaux objets utiles ou à produire des œuvres d’art pour la beauté du geste et le plaisir de nos yeux, je ne peux que regretter tout ce qui dans notre société réduit ces talents à l’inaction.

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Ce monde de concurrence met l’accent sur des « qualités » autrefois décriées comme un certain talent à évincer les rivaux par tous les moyens y compris les plus sordides, alors qu’il est évident que la Terre est potentiellement plus riche en ressources dans un monde de coopération que dans un monde de concurrence. Face à l’explosion démographique deux attitude sont possible, celle qui consiste à prôner la nécessité d’une réduction de population (et certain s’attache déjà à mettre cette option en pratique par tous les pires moyens que l’imagination de l’homme ait pu imaginer) ou l’autre qui consiste à dire que ce qui est en cause ce sont nos modes de production et de consommation et qu’il faut donc les transformer. Pas par la tarte à la crème surie de l’éco-industrie qui ne leurre que les bobos qui en profitent mais par un changement complet et planétaire de notre manière d’habiter le monde. Ajoutons ce corollaire dont le constat est récurrent, quand les populations atteignent un certain état de bien-être, corrélativement une stabilité démographique l’accompagne ou même on peut constater des phénomènes de dénatalité… parfois localement inquiétants.

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Cette question d’attitude face aux nombres d’humains en présence sur notre planète, est cruciale parce que source de deux possibilité d’avenir radicalement inconciliables et je redoute que dans les temps futurs, ces deux conceptions s’affrontent avec les conséquences de souffrances dont nous pouvons déjà observer les effets aujourd’hui. Cette guerre faite à l’humain est cause autant des morts de Libye que de celle du postier qui se suicide, en passant par toute la gamme des méthodes mise en œuvre officielle ou occulte et ses effets qui ne sont pas toujours immédiatement discernables comme tels. De nombreux pays « développés » constatent d’ores et déjà une régression de l’espérance de vie de leur population. Il serait intéressant de se pencher sur les facteurs qui provoquent cette régressions.

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Deux logiques donc qui s’affrontent, celle malthusienne très clairement  énoncée par Larry Summer, ancien directeur du FMI, conseiller économique d’Obama dès la première heure et qui hiérarchise la valeur des êtres humains dans une échelle qui n’a rien à voir avec celle de leur contribution au bien public, mais bien dans ce qu’ils représentent comme dégagement de profit potentiel dans le cadre de l’économie de marché et d’intérêt d’ordre privé. Axiome d’un enchaînement logique spécifique dont on peut reconnaître très clairement les retombées dans notre quotidien. Face à cette logique, celle qui veut que chaque personne ait droit au respect et aux moyens de la dignité du seul fait qu’elle existe. Ce sont les mêmes points de vue irréconciliables qui s’affrontent ici. Et sur ces points il n’y a pas de médiation possible, parce que les systèmes du mondes impliqués ne peuvent coexister sans heurt sur la même planète, surtout parce que les premiers manifestent cette volonté absolue et totalitaire d’universaliser leur système. La coexistence est chaotique puisque les partisans de la deuxième solution sont souvent amené à la faire exister sous forme de zones autonomes temporaires dont certaines avaient d’emblée vocation d’être éphémères mais dont d’autres sont dans l’impossibilité de persister dans la durée parce que malgré leur légitimité et parfois leur légalité elle se heurtent aux forces de répression du système, voir par exemple les expulsions de bâtiments abandonnés occupés par des personnes sans-abri en France – en  plein hiver - alors que le conseil d’état a prononcé un arrêt qui impose au gouvernement de leur attribuer un logement.

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Il est donc évident que toute volonté de vivre d’une manière non conforme se heurte à des difficultés aggravées du fait qu’existe une volonté opposée de mettre un terme à toute alternative et que cette volonté disposent de la puissance qui lui donne les moyens d’imposer son point de vue et de mettre ceux qui s’y opposent en situation de Résistance à l’occupant, comme cela se démontre très clairement en Grèce aujourd’hui où de nombreux habitants parlent de la Troïka et ces mercenaires comme de forces d’occupation. Je sais que nous sommes nombreux à redouter que les nouveaux traités récemment adoptés, notamment le MES (mécanisme européen de stabilité) pour la zone euro ne nous entraîne et nous accule à une situation de misère et d’exploitation de même nature. Plus nombreux qu’on ne le croit sont ceux qui partout en Europe vivent déjà cela et leur nombre ne cesse d’augmenter.

C’est aussi ce qui détermine notre démarche :  si nous voulons un monde plus doux, il faudra le construire en mettant en œuvre des initiatives locales et en créant des lien d’affinité, d’échange et de complémentarité, bref un rhizome entre les différentes petites étoiles de la constellation de l’espoir.

 


Anne Vagabonde (hiver 2011-2012)

 

 

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