1 février 2012 3 01 /02 /février /2012 18:51

 

 



Le feu i brûle : le ton des bons Français change
D'une crise à l'autre. Il y a plus de deux ans, la Réunion, dans la foulée des Antilles, manifestait dans la rue contre la vie chère. Quasi émeutes là-bas, manifs molles ici. Et en métropole, levée de boucliers de la part du parisianisme de plume, les éditorialistes à écharpe rouge, et de la part du bon peuple, internautes sans z, mais avec le zèle anonyme, du français moyen, pour qui le domien est un paresseux qui vit aux frais de l'Etat, et doit se contenter de fermer sa gueule en mangeant des bananes (exercice périlleux s'il en est).

Deux ans plus tard, un drame national survient. Un incendie criminel met le feu au coeur écologique de l'île de la Réunion, le parc national des hauts, classé au patrimoine mondial de l'Unesco. La Réunion hurle à l'abandon : l'Etat mettra plus de quinze jours avant de prendre en compte l'ampleur des dégâts, et la nécessité de secours appropriés.
Les Réunionnais ne sont pas contents. Et bizarrement, les Français de France sont d'accord. Sur les forums d'internet, sur les ites d'information, cette fois, nulle invective à l'encontre de ces "paresseux", nul appel à "leur donner l'indépendance", nul racisme sous-jacent, mais une forme de... solidarité. Etonnant, non ?

Des intervenants sur différents forums mettent en avant la menace sur des espèces endémiques, sur la flore "unique au monde", menacée par les flammes, et argumentent sur la nécessité absolue pour l'Etat de faire son devoir.
Que les Réunionnais (ou les autres Domiens) soient écrasés par des monopoles qui les étranglent, qu'ils soient soumis à des lois iniques, c'est une chose. Mais que des margouillats rares ou des plantes endémiques soient menacés de disparition par le feu, là, c'est une question brûlante.


On aimerait parfois avoir une gueule d'Endormi, ou de Tuit-tuit, pour qu'on nous regarde enfin comme des citoyens français. Pas plus, pas moins, enfin vous connaissez le refrain... Juste pareil. On n'est pas une espèce menacée. Endémique, un peu, oui. On n'a pas besoin de votre compassion. Juste de la solidarité nationale (nationale, comme ça se prononce). Merci au passage aux pompiers de dehors, venus en renfort, comme l'a souligné lourdement la presse régionale de métropole ("un pompier de garges-les-Gonnesses blessé à l'île de la Réunion". Non, celle-là, on l'a inventée, mais allez jeter un oeil sur Google actualités, c'est pas loin de la vérité). En fait, ce qui arrangerait Christophe Barbier, rigolo patron de l'Express, journal pas rigolo, c'est que la Réunion soit une île déserte. Après tout, les margouillats ne se plaignent pas que la vie soit trop chère. Et ils n'emmerdent pas les lézards bien français.

François GILLET

Photo Imaz press Réunion


Mardi 15 Novembre 2011
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"Le vieux fascisme si actuel et puissant qu’il soit dans beaucoup de pays, n’est pas le nouveau problème actuel. On nous prépare d’autres fascismes. Tout un néo-fascisme s’installe par rapport auquel l’ancien fascisme fait figure de folklore […].

Au lieu d’être une politique et une économie de guerre, le néo-fascisme est une entente mondiale pour la sécurité, pour la gestion d’une « paix » non moins terrible, avec organisation concertée de toutes les petites peurs, de toutes les petites angoisses qui font de nous autant de microfascistes, chargés d’étouffer chaque chose, chaque visage, chaque parole un peu forte, dans sa rue, son quartier, sa salle de cinéma."

 

Gilles Deleuze, février 1977.

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