10 septembre 2010 5 10 /09 /septembre /2010 17:51

 

 

 

 

 

 

 

clef de la politique américaine
et de la guerre en Irak

 
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Conférence donnée par Claude Timmerman le 15 mars 2003 Paris, maison des Salésiens au colloque d’Ile de France du Centre d’Etudes et de Prospective pour la Science


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Introduction (*)

Le rapport dit « de la Montagne de fer » est paru en 1967 aux Etats Unis chez Dial Press sous le titre original de:
« Report from the Iron Mountain on the possibility and the desirability of peace » (version PDF).

sans nom d’auteur, mais avec une introduction de Leonard C. Lewin qui y explique comment ce document lui est parvenu dans les mains et pourquoi il se devait de le faire connaître en le publiant, même sans autorisation.

Ce document était accompagné d’une préface d’un dénommé Herschel Mac Landress – que personne ne connaissait physiquement, mais dont le nom était connu par des articles économiques paraissant dans la revue « Esquire », certains d’ailleurs cosignés au début des années 60 par un certain John Fitzgerald Kennedy – qui attestait de la véracité et de la réalité des travaux dont ce rapport était à l’origine.

Compte tenu des conclusions de ce rapport, il créa une polémique importante lors de sa parution. Une controverse s’en suivit, étouffée à la demande de la Maison Blanche qui refusa toujours de reconnaître la moindre implication gouvernementale dans cette affaire.

Nous sommes alors en pleine guerre du Vietnam et Lyndon Johnson peut aisément agir sur la presse pour calmer le jeu…

Le rapport de la Montagne de Fer allait sombrer dans les oubliettes de l’Histoire devant les impératifs médiatiques de la guerre froide et du désengagement vietnamien…

Quel est le thème de ce rapport?

Rien moins que l’étude des bouleversements de la civilisation provoqués par l’éventualité d’un régime de paix perpétuelle et des substituts à trouver aux fonctions de la guerre pour maintenir, en régime de paix, la cohésion des sociétés.

A cette poque, aux Etats Unis, plusieurs études de ce genre, d’origines diverses, virent le jour.

Nous ne citerons que le livre de H. Kahn : « Thinking about the unthinkale » ce que nous traduirons par « Penser l’impensable  » destiné à sensibiliser l’opinion américaine sur la nouvelle façon de penser la guerre et la paix à l’ère nuclaire.

Le « Rapport de la Montagne de Fer » comme il fut dénommé se retrouva donc relégué sur les rayons des bibliothèques universitaires comme n’importe quelle étude de sociologie politique.

Il fut pourtant traduit en français par Jean Bloch-Michel et publié en 1968 chez Calmann – Lévy sous le titre:  »La paix indésirable? Rapport sur l’utilité des guerres. »

 

avec une préface du grand économiste américain J.K.Galbraith qui y déclare deux choses:

a) Il reconnaît être Herschel MacLandress, pseudonyme qu’il utilisait couramment dans ses écrits, notamment ceux cosignés par Kennedy qui était alors son élève!

b) Il déclare avoir été convié « par un ami fort connu, astronome, physicien et spécialiste des communications« , (p.xxii) à une réunion à Iron Mountain au cours de l’été 1963, invitation qu’il avait décliné, devant participer à un important séminaire sur la psychométrie en Italie pour lequel il s’était engagé à cette date. Voir cet ami  » fort connu  » en annexe…

Quoiqu’il en soit, Galbraith reconnaît sans aucune équivoque l’existence des réunions d’Iron Mountain et la véracité du rapport qui en découla…

Il tenait visiblement à épauler Léonard C.Lewin devant les dificultés d’édition de ce rapport.

Il conclua sa préface ainsi:

« De même que je prends personnellement la responsabilité de l’authenticité de ce document, je puis témoigner en faveur de la justesse de ses conclusions. Mes réserves ne concernent que l’imprudence avec laquelle il a été mis à la disposition d’un public qui n’était évidemment pas prêt à le comprendre. » (p.xxvii)

Cela se passe de commentaires!

Paru en France au sortir des « évènements » de mai 68 et entouré d’une discrétion médiatique exemplaire, le rapport sombra dans l’oubli bien que l’édition en fut épuisée rapidement.

Il fut réédité en 1984.

I – Historique

Comment Léonard C. Lewin s’est-il trouvé en possession d’un exemplaire de ce rapport?

Il l’explique très clairement dans l’introduction qu’il a rédigée pour l’édition originale.

Il fut contacté l »hiver 1966 / 67 par un dénommé John Doe, c’est du moins le pseudonyme qu’il lui a conservé, « professeur dans une grande université du Middle West. Sa spcialité est une des sciences de l’homme, mais je ne le caractériserai pas avec plus de précision« . (p. 09)

John Doe lui explique qu’il a été contacté téléphoniquement de Washington, l’été 1963, par une certaine Mrs. Potts qui lui indiqua qu’il devrait contacter une tierce personne au Département d’Etat ce qu’il fit.

Cette personne annonça alors à John Doe qu’il avait été choisi pour faire partie dune commission de la plus haute importance « dont les travaux étaient de déterminer, avec précision et réalisme, la nature des problèmes que devraient affronter les Etats-Unis dans le cas où les conditions nécessaires à l’établissement d’une paix permanente seraient réunies, et d’établir un programme en vue de faire face à cette éventualité« . (p. 10)

A cet effet il devra se rendre à Iron Mountain, localité du nord de l’Etat de New York, où il retrouvera les autres membres de la commission sélectionnés comme lui pour participer à ce « groupe d’étude spéciale ».

Iron Moutain est connu pour l’existence d’un gigantesque abri antiatomique qui sert à stocker des archives des plus importantes sociétés qui y tiennent parfois des réunions très confidentielles, notamment les sociétés pétrolières comme la Shell et la Standart Oil.

John Doe va y retrouver quatorze personnalités du monde universitaire, politique et économique (voir en annexe) avec lesquelles, durant trois ans, il va participer à l’élaboration de ce fameux « rapport du groupe d’étude spéciale ».

Effaré des conclusions de ce rapport, John Doe avait cru nécessaire de le faire connaître au grand public par l’intermédiaire d’un ami sur lequel il savait pouvoir compter, même si la commission interministérielle, qui était à l’origine de ce rapport, avait tenu à le conserver secret: Leonard C. Lewin allait s’en occuper.

La ligne générale du rapport est pour le moins inquiétante. Les questions initiales n’ayant pu trouver de réponses à travers les multiples analyses et synthèses qui avaient été effectuées, les membres du groupe d’étude spéciale étaient parvenus à la conclusion suivante:

« La paix durable, bien que n’étant pas théoriquement impossible, est probablement inaccessible; même dans le cas où il serait possible de l’établir, il ne serait certainement pas dans l’intérêt le mieux compris d’une société stable de parvenir à la faire règner. …/

La guerre remplit certaines fonctions essentielles à la stabilité de notre société; jusqu’au moment où d’autres procédés susceptibles de remplir les mêmes fonctions n’auront pas été découverts, le système qui repose sur la guerre devra être maintenu – et amélioré quant à son efficacité. » (p. 14)

On comprend qu’une telle analyse ait pu poser des problèmes moraux à « notre ami » John Doe et qu’il ait tenu, ayant participé à la rédaction dudit rapport, à soulager sa conscience en donnant les moyens de faire connaître ces travaux au grand public.

En fait l’initiative de ce « groupe d’étude spéciale » remonte à l’hiver 1961et sera mise en place par l’administration Kennedy sous l’égide de MacNamara et des deux conseillers Busk et Rusk.

Le Département d’Etat mettra deux ans à sélectionner les quinze protagonistes de ce groupe. C’est l’époque de la crise des missiles de Cuba..

L’idée primitive était d’étudier les conséquences à long terme de la planification d’une paix perpétuelle. Le choix de ses membres prit plus de deux ans et les convocations furent adressées l’été 1963. Vu les liens qui unissaient Galbraith et Kennedy, on comprend que le premier ait été pressenti pour faire parti de ce groupe!

Les membres eurent pour seule instruction de poursuivre leurs travaux selon trois critères:

a) une objectivité de style militaire,
b) le refus de toute idée ou idéologie préconçue,
c) la prise en considration dans tous les domaines, des théories ou des faits en rapport avec le problème
. (p. 57)

Les réunions ne se tinrent pas toujours au « bunker » de Iron Hill, mais souvent dans des hôtels un peu partout dans l’état de New York.

Paradoxalement, Kennedy ayant été assassiné le 22 octobre 1963, époque du tout début des travaux du groupe, c’est l’administration Johnson qui suivit ces travaux durant le début de la guerre du Vietnam.

II – Démarche de recherche des « fonctions de la guerre ».

Joseph de Maistre dans « Les soirées de Saint Pétersbourg » faisait déjà dire à l’un de ses personnages dans la conversation consacrée à la guerre au chaptre VII :

« La guerre est un mal nécessaire. »

Plus proches de nous, divers analystes réfléchissant sur la nature de la violence sociale et son expression opposent:

- La guerre, expression de la violence organisée et maîtrisée par une société stable,

et

- Les désordres de rue qualifiés aujourd’hui pudiquement « d’incivilités », fruits de l’expression de la violence individuelle ou de petits groupes d’individus plus ou moins organisés en marge de la société dont ils se trouvent marginalisés.

Ces désordres, s’ils dégénèrent en troubles graves, traduisent l’incapacité de leur société d’origine à contrôler leurs excès et contribuent à son instabilité (insécurité, pillages, émeutes, coups d’état, etc…)

Force nous est de constater que dans toutes les civilisations connues à ce jour, l’idée de paix ne se définit jamais autrement que par rapport à la guerre. Les définitions des dictionnaires français eux-mêmes en disent long sur la conception que s’en est faite notre civilisation.

On lit classiquement en effet deux définitions de la paix:

Paix : « Intervalle de temps séparant deux guerres »,

Paix : « Etat de non-belligérence »,

On est pas plus explicite!

On peut aussi se rappeler la maxime de Clémenceau :

« La paix n’est que la continuation de la guerre par d’autres moyens. »

Nul doute que les membres du « groupe d’étude spéciale » n’aient eu présent à l’esprit ces concepts lorsqu’ils cherchent dans un premier temps à définir et à classer les diverses fonctions de la guerre dans notre civilisation.

Leur travail s’axe d’emblée sur deux questions:

« A quoi faut-il s’attendre dans le cas où la paix surviendrait?

A quoi devons-nous nous préparer pour faire face à une telle éventualité? » (p.53)

Le groupe part en effet de cette constatation:

Il n’y a certainement aucune exagération à dire qu’un état de paix générale dans le monde conduira à des changements dans les structures sociales de toutes les nations du monde, changements qui seraient d’une ampleur sans équivalent dans l’histoire, et révolutionnaires.

Les conséquences économiques d’un désarmement général, pour ne parler que de la conséquence la plus évidente de la paix, obligeraient à reconsidérer toutes les modalités de la production et de la distribution dans le monde, dans une mesure qui ferait paraître insignifiants les changements survenus au cours des cinquante dernières années.

Des changements gros de conséquences se produiraient également dans les domaines politique, sociologique, culturel et écologique. (p.52)

Pour avoir un maximum d’indépendance d’esprit, le groupe a décidé de s’affranchir dans ses recherches de tout jugement de valeur morale ou religieuse, de bannir toute idée de « bien », de « bon » ou de « mal » et de s’attacher aux seuls concepts globaux nominatifs liés à la société.

« Nous avons essayé d’appliquer à notre manière de penser les critères de la physique, dont les caractéristiques ne sont pas, comme on le croit, d’être exclusivement quantitatifs mais comme le dit Whitehead :

« d’ignorer tout jugement de valeur; et, par exemple, tout jugement esthétique ou moral. » …/…
[Le choix que nous avons retenu] Dans le cas qui nous concerne, cela a été simplement la survie de la société humaine en général, et de la société américaine en particulier, et, ceci étant le corollaire de la survie, la stabilité de la société. » (p. 61)

Sur les rapports entre la guerre et la société, le groupe de recherche spéciale affirme:

« L’erreur fondamentale consiste à affirmer de façon inexacte que la guerre, en temps qu’institution est subordonnée au système social qu’elle est censée défendre » (p. 84)

Et de conclure son analyse sur la guerre de cette façon:

« La capacité d’une nation de faire la guerre constitue l’exercice de son plus grand pouvoir social; la guerre, faite ou prévue, est une question de vie ou de mort, dans les proportions les plus importantes, pour le contrôle de la société.

Il ne fa ut donc pas s’étonner si les institutions militaires, dans chaque société, réclament de passer les premières dans tous les domaines» (p.88)

 

 

 

III – Les fonctions de la guerre

A partir de ces considérations le groupe définit cinq fonctions principales liées à la guerre, en dehors bien entendu d’un quelconque rôle militaire:

a) Une fonction économique

A propos de la production et de l’économie de guerre le groupe constate:

« …dans le cas du « gaspillage » militaire, il est évident que l’utilité sociale est manifeste. Cela provient du fait que le « gaspillage » de la production de guerre s’accomplit complètement en dehors des cadres de l’économie de l’offre et de la demande. En tant que tel, ce « gaspillage » constitue le seul secteur important de l’économie globale qui soit sujet à un contrôle complet et discrétionnaire de la part de l’autorité centrale. » (p. 93)

Et le groupe d’ajouter que si la guerre est le moyen d’écouler les stocks, ce qui est un raisonnement trop « simpliste » (sic), l’économie de guerre d’une manière générale contribue à la stabilisation des progrès des économies… « …du fait que ce secteur n’est pas sensible aux contractions qui peuvent se produire dans le secteur privé, et qu’il a fourni une sorte de pare-chocs ou de balancier de l’économie ». (p.95)

Et de constater que durant la seconde guerre mondiale le niveau de vie américain avait augmenté!

« Le fait que la guerre soit un »gaspillage » est précisément ce qui la rend susceptible de remplir ses propres fonctions. Et plus vite l’économie accomplit des progrès, plus lourd doit être ce volant de secours. » (p.94)

Ce qui avait été souligné, en 1957, par un ancien secrétaire à la Défense, Frank Pace, par cette formule:

« S’il existe, comme je le suppose, une relation directe entre le pouvoir stimulant que comportent de grandes dépenses d’armement et une augmentation substantielle du taux d’accroissement du produit national brut, cela provient simplement du fait que les dépenses militaires, per se, peuvent être favorisées exclusivement pour des motifs économiques en tant que stimulant du métabolisme national. »

 

b) Une fonction politique

La fonction essentielle de la guerre sur le plan politique concerne la stabilité sociale et la reconnaissance d’un état en temps que nation de par la puissance qu’il est susceptible d’imposer aux autres s’il en a les moyens techniques.

« La guerre, en temps que système social, a non seulement constitué un élément essentiel de l’existence des nations en temps qu’entités politiques indépendantes, mais elle a également été indispensable à la stabilité intérieure de leurs structures politiques. Sans elle, aucun gouvernement n’a jamais été capable de faire reconnaître sa « légitimité », ou son droit à diriger la société. La possibilité d’une guerre crée le sentiment de contrainte extérieure sans lequel aucun gouvernement ne peut conserver longtemps le pouvoir ». (p.100)

C’est donc par la menace que l’on maintient la cohésion politique d’une société: tout le travail du « groupe d’étude spéciale » sera, nous allons le voir, de définir et d’exploiter la meilleure menace possible. Pour lui, la guerre est garante de la légitimité politique de l’état!

 

c) Une fonction sociologique

La fonction essentielle sociologique observée est celle de l’utilisation des éléments asociaux ou de conserver un rôle nécessaire aux éléments antisociaux dans la société.

« Les mouvements sociaux, facteurs de désintégration et d’instabilité, décrits en gros comme « fascistes », ont traditionnellement pris naissance dans des sociétés à qui manquaient des soupapes de sûreté, militaires ou paramilitaires, susceptibles de satisfaire les besoins de ses éléments. » (p.104)

« Les euphémismes courants – « délinquence juvénile » et « aliénation » – ont connu des équivalents à toutes les époques. Autrefois de tels problèmes étaient réglés par les militaires sans complications judiciaires, par le moyen des bandes armées et de l’asservissement pur et simple.

Mais il n’est pas difficile d’imaginer, par exemple , le degré de désintégration sociale jusqu’où auraient pu aller les Etats-Unis au cours des deux dernières décennies, si le problème des rebelles sociaux, nés de la Deuxième Guerre Mondiale, n’avait pas été prévu et réglé de manière efficace. Les plus jeunes de ces rebelles, et les plus dangereux, ont été pris en main par le système de service militaire sélectif (Selective Service System ). » (p.104)

  dLa seconde fonction observée est celle de l’utilisation de personnes inaptes à tout type d’emploi dans l’administration, le commerce, l’industrie ou l’agriculture, ce que l’on a pu appeler autrefois « la chair à canons » et plus récemment de façon moins péjorative « les chiens de guerre », pour lesquelles l’armée et les activités guerrières étaient les seules possibles.

En matière de cohésion sociale, le rapport insiste sur l’analyse des sociétés anciennes pour souligner le rôle des meurtres rituels et des sacrifices humains, par exemple dans les sociétés précolombiennes.

« Dans ces sociétés, le sacrifice humain avait pour but de maintenir le vestige d’un « gage » de l’aptitude que conservait la société à faire la guerre et de sa volonté de la faire – autrement dit de tuer et d’être tué – dans le cas où quelque circonstance mystérieuse – c’est à dire imprévue – rendrait cette éventualité possible. …. / …
C’était avant tout, sinon exclusivement, une façon symbolique de rappeler que la guerre avait été autrefois la force centrale organisatrice de la société, et que les conditions de sa réapparition pouvait revenir
» (p.112)

Sans préjuger de la remise en place d’une forme « moins barbare » lors de la transition vers des régimes de paix, le groupe retient que:

« L’existence d’une menace extérieure à laquelle il est ajouté foi est, par conséquent, essentielle à la cohésion sociale aussi bien qu’à l’acceptation d’une autorité politique. » (p.113)

 

d) Une fonction écologique

La fonction essentielle observée sur le plan écologique est celle de régulation des populations.

Mais le groupe constate que la guerre a un effet sélectif (on pourraît presque dire une pression de sélection au sens darwinien) négatif.

En effet, dans la plupart des sociétés, ce sont les éléments les plus doués et les plus forts qui historiquement embrassaient la carrière militaire et se trouvaient de ce fait les plus exposés.

« Dans les sociétés humaines, ceux qui se battent et qui meurent dans des guerres nécessaires à la survie de l’espèce sont en général les plus forts de ses membres sur le plan biologique. Il s’agit là donc d’une sélection naturelle à l’envers » (p.115)

Le rapport évoque les autres moyens classiquement utilisés dans les sociétés anciennes pour réguler les populations:

- l’infanticide (Chine, Amérique précolombienne)
- la vie monastique (Tibet, Europe chrétienne)
- l’émigration forcée
- l’application étendue de la peine de mort (Chine Impériale)

On peut également songer à la pratique de la capture d’esclaves comme en Afrique Noire ou dans les Balkans (Janissaires, femmes circasiennes, etc…)

Le rapport souligne enfin l’intérêt des nouvelles armes de destruction massive qui n’éliminent plus préférentiellement les militaires mais massiverment les populations civiles dans leur globalité.

« Le second facteur, encore actuel, est l’efficacité des méthodes modernes de destruction de masse. Même s’il n’était pas nécessaire de recourir à leur usage pour lutter contre une crise de surpopulation mondiale, elles offrent peut-être paradoxalement, la première possibilité, dans l’histoire de l’humanité, de mettre fin aux effets régressifs de la guerre sur la sélection naturelle. Les armes nucléaires ne choisissent pas. Leur usage mettrait fin à la destruction disproportionnée des membres les plus forts de l’espèce… » (p. 117 / 118)

Enfin le rapport souligne que la régression des maladies, l’accroissement de la longévité et la très forte régression des maladies infantiles autrefois fatales conduisent à laisser se développer des mutations indésirables pour l’espèce.

« Il semble clair qu’une nouvelle fonction quasi-eugénique de la guerre est en train de se développer, dont il faudra tenir compte dans tout plan de transition vers la paix. » (p.119)

 


e) Une fonction scientifique et culturelle

Le rapport constate que la guere et les activités militaires constituent le moteur essentiel de la recherche scientifique et que celle-ci a largement influencé le développement de l’art surtout en matière de peinture, sculpture, littérature et musique.

« La guerre est la principale force qui soit à l’origine du développement de la science, à tous les niveaux, depuis la conception abstraite jusqu’à l’application technique. La société moderne accorde une grande valeur à la science « pure », mais il est historiquement indiscutable que toutes les découvertes d’importance majeure qui ont été faites dans les sciences naturelles ont été inspirées par les nécessités, réelles ou imaginaires, de leur époque. Les conséquences de ces découvertes se sont étendues beaucoup plus loin, mais la guerre a toujours fourni le stimulant qui a été à leur origine. » (p.122)

On ne peut que songer en lisant ces lignes au nombre colossal de publications sur l’acétylcholinestérase… premier enzyme « travaillé » par la biologie moléculaire des laboratoires militaires, car il intervient dans les mécanismes physiologiques de paralysie respiratoire liés aux gaz de combat, notamment les gaz asphixiants!

D’autres fonctions mineures de la guerre sont également évoquées:

- Un « facteur de libération sociale », facteur psychologique de dispersion des tensions

- Un facteur de stabilisation des conflits entre générations, permettant »… aux générations les plus âgées et par conséquent physiquement diminuées, aptes à maintenir leur contrôle sur les générations les plus jeunes, en les détruisant au besoin. » (p. 125)

- Un facteur de contrôle du chômage, en permettant bien évidemment de recréer des emplois par l’économie de guerre et en éliminant certains de ceux qui se seraient engagés, ou plutôt de ceux qui auraient été enrôlés…

 


IV – Les substituts aux fonctions de la guerre

 

La suite à lire sur : Le « Rapport de la Montagne de fer » clef de la politique américaine et de la guerre en Irak /  IG

 

Source : Le « Rapport de la Montagne de fer » clef de la politique américaine et de la guerre en Irak /  IG

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