14 mars 2013 4 14 /03 /mars /2013 22:42

 

Ratzinger avait été mis en échec par Hugo Chavez dans sa tentative d’éradiquer la théologie de la libération et ses représentants en Amérique Latine. Notre gauche laïque, quand elle n’émane pas de la secte des athées universalistes, a du mal à reconnaître le phénomène et à l’accepter : La trilogie des libérateurs aujourd’hui au Venezuela sont le Christ, Bolivar et Chavez.

Il semble que Bergoglio prend un très mauvais départ puisque de toutes part surgissent les témoignages et documents qui mettent en cause ses liens de collaborateur avec la dictature militaire argentine et sa complicité avec des arrestations, enlèvements et disparitions de militants de gauches, prêtres compris.

Provocation ou maladresse, en tout cas il semble bien que les chrétiens d’Amérique Latine et les autres ne soient pas dupes. « Saint Hugo prie pour nous ! » dit le peuple du Venezuela qui désormais fait plus confiance à Hugo pour être leur intercesseur auprès de Dieu qu’aux prélats de l’église. Je constate, j’ai écrit en janvier, alors que l’église du Venezuela tentait une campagne de diffamation contre le président du pays « Si l’église devait excommunier Chavez, c’est Chavez que le peuple suivrait ». 

Il semple que depuis quelques années déjà Bergoglio peaufine son personnage d’austère jésuite irréprochable en vue de cette élection. Manque de bol, ce qui marcherait assurément en Europe, ne marchera pas en Amérique Latine où se sont établis des réseaux et relais de résistance à la désinformation grâce à un journalisme d’investigation de qualité et des chercheurs qui ne se laissent pas prendre dans les rets de l’autocensure. Empire et complots sont des mots qui font sens dans la région et ce n’est pas le bon sens.

Si le changement de pape avait aussi comme but de reprendre en main des troupeaux de fidèles latinos, c’est râpé d’avance, les peuples n’ont plus besoin d’église, ils ont besoin de l’amour qui relie les humains entre eux et avec les autres habitants de la planète. « Mais comment ne voient-ils pas tout cet amour » disent beaucoup de Vénézuéliens en parlant de leur révolution. « Faire une résolution demande beaucoup d’amour » disent les zapatistes. Et je suis bien d’accord avec eux, mais si d’autres ne le perçoivent pas, c’est que leur haine, justement les aveugle. C'est plus qu'une ombre au tableau,c'est un monde de ténèbres.

HABEMUS PAPAM - FRANÇOIS IER BERGOGLIO, UNE OMBRE AU TABLEAU
COUVERTURE DU LIVRE « EL JESUITA - CONVERSACIONES CON EL CARDENAL JORGE BERGOGLIO »

 

Opération conclave

Alors qu’en Allemagne était révélé en 2009 le passé de Benoît XVI au sein des jeunesses hitlériennes, Bergoglio chercha à laver son image dans la perspective d’un nouveau conclave. Les chapitres les plus éloquents de son livre « El Jesuita - Conversaciones con el cardenal Jorge Bergoglio» qui brossent un portrait angélique sont contredits par les témoignages et les documents sortis du sceau du secret. Et notamment par l’action du leader des Droits de l’Homme en Argentine, Emilio Mignogne, aujourd’hui décédé, qui avait dénonçait en son temps les prélats ayant abandonné le peuple des croyants et permis la dissimulation de documents compromettants qui impliquaient leur appui sans réserve à la junte militaire argentine. Le projet du «Jésuite », comme il aime à se qualifier, était de défendre son rôle comme provincial de la Compagnie de Jésus entre 1973 et 1979, afin de contrer les accusations des prêtres Orlando Yorio et Francisco Jalics qui l’accusait de les avoir livré aux militaires. A l’époque ils furent emprisonnés sans jugement pendant 5 mois, ainsi que le groupe paroissiale qui les accompagnait et dont on ne retrouvera jamais les corps.

A l’époque Bergoglio déclarait que ces accusations visaient à discréditer sa candidature comme papabile. Dans une biographie très documentée du cardinal, avec des preuves à l’appui, Horacio Verbitsky en a établit la véracité. Sans doute, lors du Conclave de 2005 où il avait ses chances d’être élu, Bergoglio incarnait-il une ligne plus ouverte que celle de Ratzinger. Avec le Hondurien Oscar Rodriguez Maradiaga et le Brésilien Hummes. En comparaison du cardinal de l’Opus dei, Mgr Juan Luis Cipriani Thorne, il est vrai qu’il n’est pas difficile d’incarner l’ouverture parmi les papabili d’Amérique. Bergoglio semblait définitivement grillé. Quant à Rodriguez Maradiaga, son soutien au putsch droitier dans son pays fait qu’il sait plus difficile de le considérer comme un papabile «de gauche », ou du moins social. Ceux ont misé aujourd’hui sur Bergoglio, présenté un peu rapidement comme un nouveau Luciani (Jean Paul Ier) parce qu’il prenait les transports en commun et vivait simplement, habillé comme un prêtre de base et non comme un prince de l’Eglise , ont oublié que cet ancien provincial des jésuites combattait la ligne d’ouverture du maître général des jésuites le Père Arrupe. Une ligne d’ouverture et de soutien aux jésuites engagés dans la résistance aux dictatures latino-américaines. Et qu’il doit sa promotion épiscopale à cinquante ans, au soutien amical du cardinal Antonio 

Quarracino, son prédécesseur à Buenos Aires. Un ultra-conservateur. Promotion inattendue comme son élection sur le trône de Pierre le 13 mars.

COUVERTURE DU LIVRE « IGLESIA Y DICTADURA », ÉDITÉ EN 1986

Des pasteurs livrés aux loups

Cette affaire au sein de la Compagnie de Jésus témoigne de l’implication de l’Eglise d’Argentine avec le pouvoir militaire. Dans son livre « Iglesia y dictadura », édité en 1986, à l’époque où Bergoglio était encore un illustre inconnu en dehors de la sphère cléricale, Emilio Mignone décrit « la complicité sordide » de l’Eglise catholique avec la junte militaire grâce à laquelle les prélats ont laissé, avec leur bénédiction, aux militaires la « sale besogne de nettoyer la cour intérieure de l’Église ». En 1976 à l’occasion d’une rencontre qui réunissait les représentants de la Junte militaire, le président de l’époque de la Conférence Épiscopale d’Argentine et un vicaire militaire, Adolfo Servando Tortolo, il avait été décidé qu’avant d’arrêter un prêtre, les Forces Armées avertiraient l’évêque du lieu. Et Emilio Mignone d’ajouter qu’ « en maintes occasions l’armée a reçu le feu vert des évêques». Le 23 mai de 1976 une compagnie de l’Infanterie de Marine fit une descente dans le quartier de Bajo Flores ou résidait le prêtre Orlando Yorio. Il fut emmené de force et porté disparu pendant cinq mois. Une semaine auparavant l’archevêque (Juan Carlos) Aramburu lui avait retiré, sans explication ni motivations, ses obligations sacramentales. Lors de son incarcération, le Père Yorio avait appris de la bouche de ses tortionnaires qu’il avait été dénoncé par son provincial qui était à l’époque Jorge Bergoglio. Emilio Mignone conclut son livre en se demandant «ce qui retiendra l’histoire de ces bergers qui ont livré leurs brebis aux loups sans les défendre ».
Source :
Siglo XXI
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