8 juillet 2010 4 08 /07 /juillet /2010 08:58

 

 

 

 

Le surendettement est un des outils de la confiscation du monde. C’est une des stratégies dans la conquête du Pouvoir par une oligarchie autoproclamée élite.

Pour les aspirants Maître du Monde, renoncer au moyen de pression, et de contrainte que représente la dette détenue par le FMI, donc par eux, in fine ce serait renoncer à leurs ambitions (on peut rêver…mais tout de même). Cela bien sûr, ils ne sont pas prêts de le faire, jamais ils ne renonceront autrement que par la force de la contrainte ou de l’abandon.

 

 Le but avoué d’une certaine oligarchie étant de favoriser la réalisation de profits personnels plutôt que de contribuer au bien-commun et au bien-être de l’humanité dans son ensemble, il est donc tout à fait légitime de s’interroger sur la validité des axiomes qui fondent leur logique.

Deux conceptions du monde s’affrontent. Un axiome fondateur de la logique des Profiteurs est l’attribution d’une valeur négative aux personnes qui ne contribuent pas à augmenter leurs fortunes déjà colossales et à ceux qui s’opposent à leurs desseins. Notre axiome fondateur : toute personne a droit au respect et aux moyens de la dignité du seul fait qu’elle existe.  

 Le langage des Profiteurs, de leurs vassaux, de leurs valets est de plus en plus transparent et dévoile le but que dissimulaient leurs doubles discours. Création d’un gouvernement et d’un nouvel ordre mondiaux à la solde de quelques financiers et capitalistes transnationaux, c’est un ordre du jour qui à présent se proclame fièrement. Si les subterfuges pour dissimuler l’installation de leur ordre sont nombreux, ils perdent en efficacité en même temps que tombent les masques. Ils ne suffisent plus à occulter les processus d’une stratégie de conquête et de confiscation du monde.

Le programme : Gouvernement mondial, Nouvel Ordre Mondial, réduction drastique de la population, main mise sur toutes les ressources de la planète, création de monopoles pour garantir l’univocité des médias, développement des moyens de contrôle et de répression pour éradiquer toute forme de dissidence, régression dans les secteurs de la santé, de l’éducation et du bien commun… bref de tout le secteur public qui constituait autrefois (il n’y a pas si longtemps) le champ politique. Le but étant d’assurer  à une oligarchie une domination quasi absolue sur notre planète et ses habitants. Un but irréalisable, un mauvais délire dont nous subissons les conséquences.

Les obstacles à ce projet se multiplient au fur et à mesure qu’une proportion toujours plus grande de l’humanité prend conscience de son existence et de ses conséquences néfastes pour la qualité de vie de la plus grande majorité des habitants de la planète. Cependant l’œuvre de destruction se poursuit handicapant toujours plus gravement les possibilités d’avenir des enfants de la Terre. C’est ce mouvement qu’il nous faut inverser. Comment ?

L’erreur de ces ambitieux sera toujours de sous-estimer la capacité de résistance de ceux dont ils se font des ennemis. Ils pensent pouvoir manipuler les masses à partir de données statistiques et d’équations qui négligent les qualités intrinsèques de l’humain en particulier et du vivant en général. A nous de leur opposer une résistance qui se fonde sur les qualités de solidarité, de partage, la créativité et la faculté d’invention qui sont le meilleur de nous-même. Là où les aspirants maîtres du monde misent sur le pire de l’homme répondons en faisant appel à notre cœur et notre intelligence pour élaborer,  développer et concrétiser un projet de monde qui nous convienne.

Une stratégie de résistance efficace s’oriente selon deux axes, à la fois opposés et complémentaires. Un de ces axes consiste en une transformation progressive de nos modes de consommation afin de ne plus nourrir les circuits de l’économisme Profiteur. L’autre est une construction permanente, celle d’une nouvelle économie dont la mise en œuvre ne domine plus nos existences mais au contraire se met au service d’une gestion cohérente et raisonnable des ressources de la planète pour le plus grand bien de l’ensemble de ces habitants.

Il est plus que temps de reconnaître les erreurs d’orientation de modes de gestions de la planète qui nous conduisent tout droit à la catastrophe. Les termes de l’alternative qui se posent à nous sont tous simplement ceux d’une question de vie ou de mort. Réduction drastique du nombre d’espèces et de vivants sur la planète  avec à la clé la disparition de l’humanité, inadaptée aux conséquences de la transformation industrielle de notre monde : la mort à court ou moyen terme, plus ou moins longue agonie avec son lot de souffrances inacceptables. Une progression de souffrances dont nous sommes les témoins au quotidien, des processus de dégradation de toutes formes de vie sur la planète, de l’ensemble de la biosphère menacée par le tout mécaniste.

Nous pouvons imaginer d’autres manières d’habiter la planète et les mettre en pratique. Nous sommes nombreux à le faire mais pas encore assez, pas encore avec suffisamment d’énergie pour atteindre ce seuil critique qui ferait basculer le destin. Il est donc probable que, les contradictions du capitalisme aidant, nous nous dirigions vers une période de chaos hétéroclite dont tentera d’émerger une nouvelle civilisation dont les germes se sèment chaque jour et certain lèvent déjà, prometteurs. Nous pouvons chacun contribuer à la création de cette civilisation, Chacun a le choix : nourrir le monstre qui nous opprime ou poser les bases d’un autre possible. Chacun peut le faire à sa manière et à sa mesure, peu ou prou. C’est une question de conscience : objection et construction.

 La stratégie de l’abandon est une forme d’objection de conscience. Elle constitue un refus d’adhérer et de participer à un modèle économiste dont nous avons la conviction qu’il est néfaste pour toute vie sur notre planète. Une telle stratégie est menée par des personnes qui y adhèrent en toute conscience par un acte de volonté. Elle ne fait de prosélytisme qu’à travers l’exemple qu’elle donne et qui peut séduire ceux qui y sont confrontés.  Elle implique la mise en pratique d’autres formes de gestion économique de la planète et donc d’autres modes de production, d’autres modes d’échange entre producteurs. C’est une œuvre de construction pour contrecarrer des processus destructeurs de la vie. Simplicité volontaire et croissance qualitative sont deux concepts clés de cette stratégie qui refuse le consumérisme et le tout marchandisable.

Il faut rompre avec l’irrationalité qui consiste à n’abstraire que les aspects quantitatifs de phénomènes dont le caractère qualitatif est essentiel. Les programmes de gouvernement fondés sur de telles pratiques sont une réduction mortelle pour le vivant contraint de soumettre son devenir aux projections d’une abstraction-réduction utilisant les équations qui conviennent à certaines machines mais pas aux produits complexes de l’évolution. Entre la machine et le vivant existe une différence de nature qui entraîne que les lois qui créent las machines et les font fonctionner deviennent mortelles lorsque qu’elles sont appliquées à la gestion du vivant.

La stratégie de l’abandon implique non seulement une reconsidération des dettes des nations, de toutes les nations, privées de droits politiques à cause des obligations imposées par leurs créanciers qui confisquent l’essentiel du champ politique. La fonction politique se réduit toujours davantage au rôle d’interface entre des dictateurs économistes et une population qui n’a plus de véritables représentants en ce champ. En témoigne la chute de la participation aux processus électoraux. L’idée dominante est que voter ne sert plus à rien car tout se joue en dehors du champ de la démocratie. Nombreux sont ceux qui prennent la peine de se rendre aux urnes sans illusions espérant contribuer à ce que subsiste un minimum de contre-pouvoir. Aux yeux de l’opinion publique les élections ne sont plus qu’une mascarade, une manière de conserver une façade de démocratie dissimulant la mise en place d’une dictature économiste mondiale.

La virtualisation d’une grande partie de l’économie et la monnaie fictive qu’elle génère sont une des armes d’une guerre économique qui conduit à la confiscation du monde. La récente « crise des banques » met en lumière des processus à l’œuvre depuis des décennies. Le surendettement généralisé n’est pas le fruit du hasard mais celui d’une volonté de capture, une stratégie prédatrice qui concerne toutes les échelles de l’humanité.

Nous sommes nombreux à être convaincus que seul un changement radical de nos manières d’habiter la planète peut éviter que n’empire encore une situation déjà dramatique. Nous devons reconquérir les espaces de liberté qui nous ont été confisqués. Revendiquer ne sert à rien. Il nous faut construire les bases d’un autre monde. Pour cela il nous faut créer de nouveaux champs politiques ouverts aux voix de chaque habitant de la planète afin de donner un cadre légal à nos légitimes aspirations. Cela relève de la stratégie de la contrainte. Opposer la voix des peuples à celles des usurpateurs qui prétendent diriger notre monde et nos vies jusque dans leurs aspects les plus intimes.

 La grève du consumérisme est une des armes de la stratégie de l’abandon. Ne plus consommer les produits des Profiteurs implique la nécessité de produire les nôtres. Substituer à l’économie industrielle une économie artisanale privilégiant la distribution à petite échelle sur des marchés locaux. Avec à la clé le plaisir de la conquête et du développement de savoir-faire. Ceux qui pratiquent l’artisanat connaissent ce plaisir de la création. Quant aux autres, il ne tient qu’à eux de le découvrir et d’acquérir des compétences. Nul n’est tenu à une conversion immédiate et radicale, mais chacun peut s’y préparer, aménager sa vie à l’échelle locale et quotidienne. Sortir du virtuel, se détourner des leurres, déconstruire les mythes pour ancrer son quotidien dans le concret et la convivialité : affinité et complémentarité conjuguées dans des solidarités qui constituent nos moyens d’existence.

A plus grande échelle, les pays qui se sont organisés pour rembourser leur dette au FMI, ceux qui refusent d’en contracter de nouvelles, afin de retrouver leur indépendance pratiquent également cette stratégie. Les alliances multilatérales se multiplient pour créer de nouveaux échanges hors du contrôle de l’oligarchie financière et économiste transnationale.  Partout où cela est possible, il faut cesser de remplir les caisses de l’oligarchie en reconstruisant une économie de subsistance et d’artisanat à partir de cellules de base en interaction. Beaucoup pratiquent déjà cette stratégie. Mais chaque personne, chaque micro ou petite entreprise, chaque association qui s’ajoute au rhizome est un ancrage de plus dans la réalité d’un autre monde (plus doux) en construction, en action.

Pour ceux qui verraient dans cette proposition une forme de retour en arrière, il faudra nuancer leur jugement. Si nombre de ces propositions se fondent dans des valeurs qui ont été évincées très récemment  par la généralisation de la pensée économiste néo-libérale, ces valeurs n’ont jamais disparu. Si elles n’ont plus beaucoup de place dans les discours publics, ni dans les médias officiels, elles fleurissent dans les conversations privées, parfois comme la nostalgie d’un futur antérieur qui n’est jamais advenu mais surtout comme un espoir qui subsiste, une flamme qui continue de brûler dans les cœurs de ceux qui  portent ces valeurs et les partagent : espoir de contribuer à construire le monde plus doux que ces valeurs définissent.

Dans la pratique, il s’agit d’une grande marche en avant qui s’inscrit immédiatement dans le paysage. La réalité, c’est aussi le chômage qui ne cesse de croître et touche en Europe des dizaines de millions de personnes. La réalité, ce sont des industries restructurées et délocalisées qui ont de moins en moins besoin de main d’œuvre humaine pour assurer leur production. La réalité, c’est la multiplication permanente des sans-abris et des désœuvrés qui ne cessent d’atteindre de nouveaux groupes de population.  La réalité, c’est la prise en compte de ces personnes ne contribuant plus à la genèse du (de leur) Profit comme valeur négative par les pontes du FMI. La réalité c’est la volonté d’instaurer la « paix » sur la terre en réduisant les populations dissidentes ou « superflues ». La réalité, ce sont les régions de la planète rendues inhabitables pour cause de radioactivité ou autres pollutions létales. Réel ou inventé, le dérèglement climatique n’est qu’un leurre. Focalisant l’attention des foules, il la détourne de problèmes encore plus urgents, sources de souffrances, de pollutions, de dégradations irréversibles bien réelles.

L’urgence de la restauration, de l’entretien et de l’amélioration des écosystèmes est aussi une réalité. La réalité c’est aussi une foule de talents, de compétences, de savoir-faire qui rêvent d’avoir les moyens de s’exprimer et de contribuer à la bonne convivialité du monde, à la production de beaux objets durables et d’aliments de qualité, bref des personnes qui souhaitent participer à poser les bases d’une nouvelle renaissance du monde. Ce n’est qu’en créant nos propres moyens de production, notre propre artisanat, nos propres marchés et nos rhizomes d’échange et de solidarité que nous pourrons mettre en action une grève du consumérisme tout en menant une vie de qualité. Cela ne se fera pas sans développer la recherche, la créativité, l’inventivité et les différents savoir-faire qui en concrétisent les résultats. 

 

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Gilles Deleuze, février 1977.

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