20 mai 2013 1 20 /05 /mai /2013 10:28

 

 

 

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Comment les E.U. convertissent trois pacifistes en violents terroristes.

 

FRAN QUIGLEY/KAOSENLARED –En seulement 10 mois, les E/U ont réussi à transformer une religieuse catholique de 82 ans et deux manifestants antinucléaires pour la paix accusés du délit d’entrée illégale en criminels fédéraux convaincus de violents crimes terroristes. A présent ils sont en prison, attendant leurs sentences pour leurs actions dans une installation de production d’armes nucléaires à Oak Ridge, Tenesse, leur histoire devrait faire froid dans le dos à toute personne préoccupée par la dissidence aux E.U.

Voici ce qui s’est passé

 Tôt le matin, le samedi 28 juin 2012, les pacifistes de longue date, la sœur Megan Rice, de 82 ans, Greg Boertje-Obed, de 57 ans et Michael Wallis de 63 ans, coupèrent la clôture métallique qui entoure l’installation de production des armes Oak-Ridge Y-12 et entrèrent illégalement dans la propriété. Y-12 appelé le Fort Knox de l’industrie d’armes nucléaires, entrepose des centaines de tonnes d’uranium hautement enrichi et travaille avec chacune des milliers d’armes nucléaires maintenue par les E.U.

Les trois se décrivent comme les Transform Now Plowshares, (Transformant maintenant  en socs). Ils arrivèrent comme des manifestants non violents pour désarmer symboliquement les armes. Portant des bibles, des déclarations écrites, des pancartes en faveur de la paix, des sprays de peintures, des fleurs, des bougies, des petites bouteilles de sang, du pain, des marteaux avec des versets bibliques et des cisailles. Leur intention étaient de suivre les paroles d’Isaïe 2:4 ; « De leurs glaives ils forgeront des hoyaux, Et de leurs lances des serpes: Une nation ne tirera plus l`épée contre une autre nation, plus personne n’enseignera la guerre à personne. » 

La sœur Megan Rice est une religieuse catholique de la Société du Saint Enfant Jésus depuis plus de 60 ans. Greg Boertje-Obed, menuisier, marié, avec une fille en âge d’université est vétéran de l’armée et vit dans une maison pour travailleurs catholiques à Duluth, Minnesota. Michael Walli, vétéran de deux périodes au Vietnam converti en pacifiste, vit à la Maison Dorothy Day pour Travailleurs catholiques à Washington DC.

Dans l’obscurité, les trois activistes coupèrent à travers un clôture portant une inscription qui disait ; “Défense d’entrer”. L’inscription disait que l’entrée non autorisée, un délit, était passible d’une peine allant jusqu’à un an de prison de d’une amende de 100 OOO dollars.

Aucun personnel de sécurité ne vint les confronter.

Alors  les trois grimpèrent une colline à travers d’épais arbustes, traversèrent une rue et continuèrent jusqu’à ce qu’ils voient l’Installation de Matériel d’Uranium Hautement Enrichi (Highly Enriched Uranium Materials Facility HEUMF) entourée de 3 clôtures,  illuminée par des lumières resplendissantes.

Alors ils coupèrent les 3 clôtures, pendirent leurs inscriptions pour la paix, et inscrivirent avec les sprays des consignes pour la paix dans le HEUMF. Ils ne virent  toujours pas de personnel de sécurité. Ils commencèrent à prier et chantèrent des chansons comme « Down by de Riverside » et « Peace is Flowing Like a River ».

Quand finalement arriva le personnel de sécurité, à presque 4h30 du matin, les trois se rendirent pacifiquement, furent arrêtés et emprisonnés.

Le lundi suivant, le 30 juillet, Rice, Boertje-Obes et Walli furent inculpés et accusés d’être entrés sans autorisation sur un site fédéral, un délit qui est sanctionné  d’une peine allant jusqu’à un an de prison.Frank Munger, un journaliste primé du Knoxville New Sentinel fut le premier à se demander publiquement : « Si quelques manifestants pacifistes désarmés habillés de vêtements obscurs peuvent arriver au centre du site en profitant de l’obscurité, cela provoque des questions quant à la sécurité de ce site face à des intrus plus menaçants ».

Le mercredi 1er août, on ordonna que toutes les opérations nucléaires à Y-12 soient suspendues afin que le site se concentre sur la sécurité. La détention pour sécurité » fut ordonnée par le contractant de sécurité en charge de Y-12 B&W Y-12(une société conjointe de Babcock & Willox Company & Bechtel National Inc.) et appuyée par l’administration Nationale de Sécurité Nucléaire.

Le jeudi 2 aout, Rice, Bertje-Odek et Walli se présentèrent devant le tribunal pour une audience préliminaire. Le gouvernement demanda que les trois soient détenus. Un procureur les qualifia de « danger potentiel pour la communauté » et demanda que les trois soient maintenus en prison jusqu’au procès. Le Magistrat des E.U. autorisa leur libération.

La sœur Megan Rice sortit de prison et admit rapidement devant les médias réunis que effectivement les trois étaient rentrés dans la propriété et qu’ils avaient agis en protestation contre les armes nucléaires. « Mais nous devions le faire, nous l’avons fait parce que nous voulions que soit révélée la vérité sur la criminalité qui existe ici, c’est notre devoir », dit Rice. Elle remit aussi en question toute l’industrie de l’armement nucléaire. « Nous avons le pouvoir, l’amour, la force et le courage pour en finir avec cela et transformer tout le projet, pour lequel ont été dépensés plus de 7,2 milliards de dollars », dit-elle. « La vérité nous soignera et soignera notre planète, soignera nos maladies, qui résultent de la désharmonie de la planète, causée par les pires armes de histoire de l’humanité, qui ne devraient pas exister. Pour cela nous offrons nos vies, pour la vérité sur la terrible existence de ces armes ».

Alors, le gouvernement commença à augmenter les accusations à l’encontre des manifestants antinucléaires  pour la paix.

Le jour suivant celui où le Magistrat ordonna la remise en liberté de Rice, Boertje-Obed et Walli, un agent du Département de l’Energie (DOE) déposa une plainte contre les trois avec ’une accusation de crime fédéral pour dommage à la propriété fédérale, un crime punissable d’une peine allant de zéro à 5 ans de prison, selon e code 18 des USA section 1363

L’agent de la DOE reconnu que les trois portaient une lettre qui déclarait “Nous sommes allé à l’installation Y-12 parce que notre propre humanité rejette les projets du nucléarisme, l’empire et la guerre. Notre foi dans l’amour et la non-violence nous encourage à croire que notre activité ici est nécessaire, que nous venons inviter à la transformation, à défaire le travail passé et présent de Y-12,à désarmer et en finir avec tous les efforts ultérieurs pour augmenter la capacité dY-12 vers une structure économique et sociale fondée dans la guerre et la construction de l’empire. »

Alors Rice, Boertje-Obed et Walli furent confrontés à une accusation de mauvaise conduite un crime passible de 6 ans de prison

Mais le gouvernement n’en resta pas là. La semaine suivante les accusations furent encore élargies. 

Le mardi 7 août, les E.U. élargirent les accusations contre les activistes pour la paix à trois charges. La première était l’accusation originelle de dommage à Y-12 en violation code  18, code 1361 des E.U., passible d’une peine allant jusqu’à 5 ans de prison. La seconde fut un dommage additionnel à la propriété fédérale supérieur à 1OOO dollars en violation du code 18 section 1363 des E.U. passible d’une peine allant jusqu’à 10 ans de prison. La troisième fut une accusation de pénétration illégale, un délit punissable d’une peine allant jusqu’à un an de prison selon le code 42 section 2278 des E.U.

A ce point, ils risquent jusqu’à 16 ans de prison. Et les actions des manifestants commencèrent à attirer l’attention du public national et international.

Le 2O août 2012, le New York Times publia une photo de la sœur Megan Rice en première page sous le titre « La religieuse qui fit irruption dans le sanctuaire nucléaire » ? Citant des experts nucléaires, qui qualifiaient leurs actions de « la plus grande rupture de la sécurité dans l’histoire du complexe atomique de la nation ».

 

A la fin du mois d’aout 2012, l’Inspecteur Général du Département de l’Energie publia un rapport exhaustif sur les failles de la sécurité d’Y-12. Qualifiant les activistes pour la paix de personne ayant enfreint la loi le rapport indique qu’ils purent aller aussi loin à cause de « multiples failles du système à différents niveaux ». Les failles citées incluaient « les caméras cassées depuis 6 mois, l’inefficacité de la réponse des alarmes, des problèmes de communication et beaucoup d’autres failles des contractants et de leur contrôleur fédéral.  Le rapport conclu que « Ironiquement la violation de la sécurité deY-12 pourrait avoir été un important « appel d’attention » concernant les problème de sécurité de l’installation ».

Le 4 octobre 2012, les défendeurs annoncèrent qu’ils avaient été informés de ce que, à moins de se déclarer coupables pour le moins d’un crime et de l’accusation de pénétration illégale,  ils seraient également accusés de sabotage contre le gouvernement, une accusation beaucoup plus grave. Plus de3000 personnes signèrent une pétition au Procureur Général des E.U. Holder, lui demandant qu’ils ne soient pas accusés de sabotage.

Mais le  décembre 2012, les E.U. présentèrent un nouvel acte d’accusation contre les manifestants. La première charge fut la nouvelle accusation promise de sabotage. Les accusés furent accusés d’intention d’endommager, interférer et faire obstruction à la défense nationale des E.U., de dommage intentionnel au E.U. et de dommage intentionnel aux installation nationale de sécurité en violation du Code 18 des E.U. section 2155, punissable de 20 ans de prison. Les charges 2 et 3 furent les accusations antérieures les crimes d’atteinte à la propriété, avec une condamnation potentielle à la prison allant jusqu’à 15 ans de plus. 

L’accusation originelle de délit de pénétration illégale avait totalement disparu. Rice, Boertje-Obed et Walli risquent alors jusqu’à 35 ans de prison.

En seulement 5 mois, les accusations du gouvernement les convertirent d’accusés d’un délit d’effraction en accusés de multiples crimes de sabotage. 

Le gouvernement connu également le succès en dépouillant les trois du droit de présenter quelque défense ou témoin concernant les effets dommageables des armes nucléaires. Le bureau du Procureur des E.U. présenta un document qu’il appelait « Motion pour exclure que les accusés présentent des arguments sur concernant les Justification de Défense ». Dans cette motion les E.U. demandent qu’il soit exclu que les manifestants pour la paix présentent des arguments en appuyant l’illégalité des armes nucléaires., l’immoralité des armes nucléaires, le  droit international ou des convictions religieuses, morales ou politique  concernant les armes nucléaires, les principes de Nuremberg développées depuis la  seconde guerre Mondiale, des protections en vertu du Premier Amendement, les nécessités ou le politique des E.U. concernant les armes nucléaires. »

 

Rice, Boertje-Obed et Walli argumentèrent contre la motion. Mais malgré un solide témignage de l’ex Procureur Général des E.U. Ramsey Clark, une déclaration dun médecin de réputation internationale et autres, le tribunal se prononça en défaveur des défendeurs.

Pendant ce temps, le Congrès examinait la violation de la sécurité, et l’attention des médias envers le jugement augmentait avec un notable article du Washington Post, avec une couverture de CNN et la participation de AP et Reuters.

Le procès eut lieu à Knoxville au début du mois de mai 2013. Les trois activistes furent accusés  de toutes les charges. Rice, Boertje-Obed et Walli furent appelés à la barre et admirent ce qu’ils avaient fait et expliquèrent pour quel motif. L’administrateur fédéral pour Y-12 dit que les manifestants avaient porté dommage à la crédibilité du site aux E.U. et globalement et il alla jusqu’à affirmer que leurs actes avaient eu un impact sur la dissuasion nucléaire.

Aussitôt que le jury se fut retiré, le gouvernement mis en prison les protestataires parce qu’ils avaient été convaincus de “crimes de violence”. Le gouvernement argumenta que couper des clôtures et peindre des consignes avec des sprays étaient des dommages à la propriété et en tant que tel constituaient un crime de violence pour lequel la loi imposait l’emprisonnement jusqu’au verdict.

La défense signala que Rice, Boertje-Obed et Walli étaient resté en liberté depuis leur arrestation sans aucun incident. Les avocats du gouvernement argumentèrent que deux des manifestants avaient violé leur liberté conditionnelle en participant à une audience du Congrès sur les problèmes de sécurité de Y-12, un acte qui avaient été approuvé par leurs agents de liberté conditionnelle..

Les trois furent emprisonnés immédiatement. Dans leur décision de mise en détention jusqu’au verdict, le tribunal argua que tant les sabotages comme les dommages à la propriété étaient définis par le Congrès comme des crimes fédéraux de terrorisme. Vu que les sentences potentielles étaient de dix années ou plus, le tribunal jugea qu’il y avait une forte présomption en faveur de l’incarcération, qui n’était infirmée par aucune circonstance spéciale qui justifiait leur mise en liberté jusqu’au verdict.

Les trois activistes non violents pour la paix sont actuellement en prison en tant que prisonniers fédéraux en attente du verdict qui sera prononcé le 23 septembre 2013.

En 10 mois une religieuse de 82 ans et deux pacifistes ont été transformés avec succès par le gouvernement des E.U. de manifestants non violents antinucléaires accusés d’un délit d’effraction en criminels convaincus de violents crimes terroristes.

Fran Quinley est un avocat dIndianapolis qui travaille sur des thèmes de pauvreté locale et internationea;e. Ses rubriques apparaissent toutes les deux semaines dans de Indianapolis Star.

Source anglaise: http://www.commondreams.org/view/2013/05/15-7

Source espagnole :

Cómo convirtió EEUU a tres pacifistas en violentos terroristas | CONTRAINJERENCIA

Traduction française Anne Wolff

 

three_0.jpgFrom left, Greg Boertje-Obed, Sister Megan Rice, and Michael Walli. (Photo: Saul Young/News Sentinel)

 

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