16 août 2011 2 16 /08 /août /2011 10:07

 

 



 
Le Codex Alimentarius

Un sujet fort intéressant bien que largement ignoré : la question des vitamines contenues dans l’alimentation. Derrière cette question qui semble anodine, il y a l’enjeu de la santé publique. Certains veulent limiter ces vitamines ou carrément les interdire en tant que compléments alimentaires, comme la FAO ou l’OMS, les autres affirment qu’on connaît parfaitement les doses à ne pas dépasser et qu’il n’y a pas lieu de leur faire la chasse. Sauf, peut-être, pour enrichir l’industrie pharmaceutique…

Alors qu’en 50 ans, beaucoup d’aliments, à cause de la course au rendement, ont perdu la moitié de leur valeur nutritionnelle, les normes en matière d’alimentation font que les quelques vitamines et nutriments qui restent encore sont voués à disparaître totalement ou presque. Un exemple parlant : la pomme de terre, qui a perdu la moitié de ses vitamines, de son fer et un quart de son calcium.

Une pomme de terre de 136gr crue épluchée
Dose en mg Calcium    Fer    Vitamine A Vitamine C Vitamine B1 Vitamine B2 Vitamine B3
1951 11.00 0.70 20.00 17.00 0.11 0.04 1.20
1972 5.74 0.49 0.00 16.39 0.09 0.03 1.15
1999 7.97 0.30 0.00 7.25 0.09 0.02 1.74
% -27.55 -57.14 -100 -57.35 -18.18 -50.00 +45



Un brocoli cru de 93gr
Dose en mg Calcium    Fer    Vitamine A Vitamine C Vitamine B1 Vitamine B2 Vitamine B3
1951 130.00 1.30 3500.00 104.00 0.10 0.21 1.10
1972 87.78 0.78 2500.00 90.00 0.09 0.20 0.78
1999 48.30 0.86 1542.00 93.50 0.06 0.12 1.07
% -62.85 -33.85 -55.94 -10.10 -40.00 -42.86 -2.73



D'autres exemples à cette adresse


Aux Etats Unis, des études ont montré que ces dernières années, les aliments ont perdu au moins 10% de leur teneur en fer, zinc, calcium, sélénium etc. ce qui diminue l’apport nutritionnel par calorie consommé et favorise donc l’obésité et l’affaiblissement de l’organisme. De son côté, l’agriculture bio, avec des rendements moindres, produit des aliments qui contiennent 20% de certains minéraux en plus et 30% d’anti oxydants en plus. Dans certaines tomates biologiques, on a même deux fois plus de certains anti oxydants que pour les tomates « normales ».

Aujourd’hui encore, il est question de diminuer l’apport en nutriments au nom de la santé publique. Ainsi, le sodium, par exemple, est dans la ligne de mire des autorités sanitaires canadiennes. En effet, le sodium est accusé de favoriser l’hypertension. Alors, au lieu d’interdire l’alcool ou le stress au travail, on a mis en place des groupes de travail censés étudier une limitation de la teneur en sodium des aliments pour que les canadiens en consomment moins.

En dehors de cela, certains éléments présents depuis peu dans l’alimentation, notamment les OGM, réduisent nos capacités à assimiler ces nutriments.

C’est le site du Dr Rath qui en parle cette fois, un médecin qui se bat pour qu’on reconnaisse les vertus des thérapies douces au lieu de miser sur le tout chimique. Evidemment, il est fort critiqué et caricaturé par l’industrie en question.

Là, il évoque un énième rapport (rapport Cochrane) qui reprend 67 études portant sur la question, et qui affirme que les vitamines anti oxydantes sont dangereuses. Ce type d’étude est dans la vague actuelle qui consiste à pointer les dangers des compléments alimentaires, quitte à exagérer.


Etrangement, parmi les centaines d’études disponibles (815 apparemment) les auteurs n’en ont retenu que 67 pour faire un bilan qui se veut affirmatif quant à la dangerosité des vitamines anti oxydantes.

C’est un groupe appelé Cochrane Collaboration, qui évidemment se réclame indépendant, et déclare avoir pour but d’informer sur les soins médicaux qui existent, qui a pondu ladite étude.

Parmi les griefs contre l’étude en question :

- dans ces 67 études, 47 portent sur des personnes atteintes de maladies comme Alzheimer, cancers, troubles cardiaques… et l’étude finale ne tient pas compte des causes de décès, qui sont automatiquement attribués aux vitamines. En outre, Rath explique que « Si un risque véritable de mortalité lié aux anti-oxydants avait existé pendant un essai, il aurait été arrêté. Mais aucune de ces études n’a été arrêtée et les auteurs omettent de donner cette information »

- dans un certain nombre d’études, les témoins ont pris des « nutriments testés », mais aussi des produits pharmaceutiques ou suppléments alimentaires non testés, ce qui implique des risques d’interférences des produits et fausse l’étude.

- les dosages de vitamines et les durées de traitement sont très différents d’une étude à l’autre.

- enfin, les auteurs eux-mêmes ont reconnu « quelques erreurs » dans le analyse d’études.

En 2003, aux Etats-Unis, on n’a identifié que quatre cas de décès liés aux suppléments de vitamines, dont deux sont sujets à caution. Mais, 70% des américains consomment des suppléments composés de vitamines au moins occasionnellement, et 40% régulièrement.

Mais, aucun de ces décès n’est lié au vitamines incriminées par le rapport (vitamines A et E, bêta carotène).


D’un autre côté, il semble qu’aux Etats-Unis, les effets secondaires liés aux médicaments sont la 4è ou la 6è cause de décès des personnes hospitalisées. En Suède, on considère que plus de 3% des décès sont liés aux effets secondaires des médicaments[1], ce qui en fait la 7è cause de mortalité.

Sous prétexte de « sécurité alimentaire », on va finalement empêcher les gens de trouver des compléments alimentaires qui renforcent leur organisme (même si certains, trop chimiques, sont plus nocifs que bénéfiques pour l’organisme). Les apports nutritifs des aliments ont diminué de 50% depuis le milieu du XXème siècle, du fait de l’industrialisation, de la standardisation alimentaires. A qui profite le crime ?

Le Dr Rath souligne que « nos hôpitaux ne regorgent pas de patients souffrant ou mourrant des effets des vitamines et autres thérapies naturelles . Par contre, on sait que les effets secondaires des médicaments de synthèse coûtent réellement 2 milliards de livres aux services de santé britanniques chaque année ».

Au Danemark, où l’étude Cochrane a été publiée, les compléments alimentaires sont en passe d’être interdits à la vente, à la suite du décès d’un homme qui avait pris un complément (interdit en France). Et ladite étude est le fruit d’une collaboration de Cochrane avec le Knowledge & Research Centre for Alternative Medicine (ViFAB) au conseil duquel on retrouve des médecins également présents dans les autorités sanitaires et le Copenhagen Trial Unit’s Centre for Clinical Intervention Research, specialisé dans le traitement chimique de différentes maladies.

L’un des auteurs, Christian Gluud, a de multiples liens avec l’industrie pharmaceutique. Bientôt ce genre de conflits d’intérêts semblera normal, mais il fut un temps où la recherche était indépendante et ne répondait pas obligatoirement à des logiques financières. Gludd est donc chercheur à l’hôpital de Copenhague, mais aussi membre du Conseil scientifique de BioLogue, un groupe qui organise des partenariats de recherche entre l’industrie pharmaceutique et les universités. Dans le conseil d’orientation, des scientifiques mais aussi des représentants de la même industrie pharmaceutique.

En outre, Cochrane Collaboration, l’organisation « indépendante » qui a publié l’étude mis en cause par Rath, a aussi proposé au British Medical Journal deux études largement financées par Pfizer sur des médicaments contre la migraine, dont l’un était fabriqué par Pfizer. D’ailleurs, Andrew Moore, le chercheur directeur des deux études qui a aussi été consultant pour différents labos, aurait carrément revendiqué le parrainage du labo.

Accessoirement, le PDG de Pfizer, par ailleurs, a été membre de la direction de la maison d’éditions de Cochrane Collaboration, John Wiley & Sons. Mais revenons à Gluud, qui a clamé dans son étude publiée dans une revue médicale que les compléments alimentaires n’aident pas à vivre plus vieux (mais ce n’est pas ce qu’on leur demande), que la vitamine A et les anti oxydants en général augmentent les risques de décès, et qu’il faut donc une réglementation rigoureuse encadrant leur utilisation.

Une autre étude dans le même style et tout aussi médiatisée à grand renfort de communiqués de presse a été publiée à peu près en même temps par Cochrane, juste avant une réunion du Codex alimentarius (un organisme censé légiférer en matière de norme alimentaires) qui portait sur ces compléments alimentaires à base de vitamines et de minéraux.

Une journaliste du Sunday Times qui avait publié un article reprenant sans aucun recul les conclusions du rapport Cochrane, Rachel Johnson, a expliqué ensuite avoir subi des pressions afin qu’elle défende ladite étude. Même si elle considérait qu’il « y avait quelque chose de louche » derrière.



Le Codex Alimentarius


C’est une organisation créée en 1963 par la FAO et l’OMS pour établir des normes internationales en matière alimentaire (soi-disant pour « protéger le consommateur », mais en fait surtout pour faciliter le commerce). Il y a des Comités pour presque tous les domaines liés à l’alimentation. Aujourd’hui, plus de 300 normes du codex sont déjà obligatoires, de fait. La plupart datent de ces dernières années (2006, 2007, 2008…)

Le problème est que l’industrie y est fort bien représentée, et que le Codex a tendance à faire la chasse aux vitamines, compléments alimentaires et autres thérapies naturelles basées sur une meilleure alimentation.

C’est d’ailleurs en décembre de cette année que doit être prise une législation très contraignante portant sur les compléments alimentaires. Or, les normes, minimales, du Codex, sont recommandées pour éviter de perdre dans un conflit face à l’OMC, qui a reconnu lesdites normes. En effet : une réglementation plus contraignante sera assimilée à une barrière non tarifaire au commerce, un peu comme quand les Etats Unis portent plainte à l’OMC contre l’Europe qui refuse ses poulets aux hormones.

En revanche, les OGM[2], les pesticides, ou le sel et les mauvaises graisses ne posent pas de problème aux types du Codex. Et la définition qu’il donne des produits biologiques permet d’y ajouter des additifs dangereux comme le dioxyde de soufre qu’on met par exemple dans le vin « bio » ou le carraghénane, pour que l’industrie agro alimentaire puisse faire du bio sans changer son mode de production. Mais cette question mériterait un article à elle toute seule. Revenons aux compléments alimentaires.

En 2005, la commission du Codex a adopté le projet de directives en matière de compléments alimentaires à base de vitamines et sels minéraux, qui établissent des critères en ce qui concerne les teneurs maximales et minimales par portion journalière, le conditionnement et l’étiquetage de ces compléments quand ils sont alimentaires.

Immédiatement, ça embraye dans les autorités sanitaires nationales. Dès juillet 2009, on profite de la loi hôpital, Patients, Santé et Territoires (sic.) pour confier à l’Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments) « la mise en œuvre du système de vigilance sur les nouveaux aliments, les compléments alimentaires, les aliments qui font l’objet d’une adjonction de substances à but nutritionnel ou physiologique ainsi que sur les produits destinés à une alimentation particulière ». Première phase : « identifier les effets indésirables liés à leur consommation », bien qu’il ne s’agisse absolument pas d’une priorité sanitaire, contrairement aux OGM ou aux graisses saturées.

Anthony Taylor, qui observe le Codex pour le compte de la national Health care Federation, explique ainsi qu’ « il est tout à fait clair que le Codex privilégie toujours les intérêts économiques, surtout ceux des industries pharmaceutiques, chimiques et génétiques, avant ceux de la santé humaine. Il ne fait donc aucun doute que Codex est bien un instrument des forces qui poussent pour la « globalisation »(…) En contrôlant, et en limitant, l’accès à des aliments et compléments alimentaires sains et sûrs, le Codex, en fin de compte, protège surtout les intérêts des grandes multinationales pharmaceutiques. Pour cette industrie, tout ce qui développe la bonne santé, aux dépens de la maladie, est une menace directe au développement des ventes de drogues chimiques synthétiques, brevetées. »

En 1979 le Codex publie le ‘Codex general guidelines on claims’, révisé en 1991, un document qui prétend que seuls les produits pharmaceutiques chimiques sont bons pour la santé. Et le texte interdit de dire que :

- une alimentation normale n’apporte pas suffisamment de nutriments pour être en bonne santé.

- qu’on peut aussi se soigner, même en partie, avec une alimentation adéquate et/ou des compléments alimentaires.

- certains aliments sont dangereux. Ce qui devient pourtant de plus en plus le cas.

Dès lors, toute information qui ne va pas dans le sens du Codex est interdite. Le monopole de la vérité médicale appartient donc aux industriels.

Le 13 mars 2002, le parlement européen entérine une réglementation très contraignante au sujet des thérapies naturelles et des compléments alimentaires[3], malgré près de 400 millions de signatures pour défendre les thérapies alternatives. Ainsi, un pays ne peut autoriser des compléments alimentaires non avalisés par le Codex, mais il a le droit des les interdire complètement. Des quantités maximales et minimales de vitamines etc. sont établies.

Dès juillet 2005, il est question d‘appliquer toute une série de normes du Codex, par exemple :

- l’ionisation des aliments, c’est-à-dire leur irradiation au cobalt afin, soi-disant, des les « décontaminer ». La mesure devrait prendre effet incessamment sous peu.

- La suppression des suppléments alimentaires naturels, qui seront remplacés par des espèces de copies synthétiques fabriquées par les labos et faiblement dosées.

- La suppression progressive des médecines alternatives comme par exemple la médecine indienne ayurvédique, qui fait pourtant ses preuves depuis des dizaines de siècles et n’a rien de nocif puisqu’il s’agit d’être en harmonie avec sa nature et avec la nature.

- L’agriculture sera réglementées via les normes du Codex, qui sont loin de favoriser l’agriculture biologique.


Un exemple de non sens : l’irradiation des aliments

En 1999, l’OMS a déclaré que l’ensemble des aliments pouvait être irradié sans limite d’émission car « n’y a aucune conséquence nocive pour la santé ».

L’irradiation au cobalt émet des rayons gamma radioactifs et peut détruire les cellules en 24 heures avec une forte irradiation (10.000 radons). A des doses moins importantes, cela freine ou arrête la division cellulaire. Au passage, on sait que cela élimine une partie des substances contenues dans le produit irradié, comme les vitamines ou les oligo éléments.

Ainsi, des algues soumises à cette irradiation ont moins de chlorophylle a/L que les plantes non irradiées, mais plus de chlorophylle a dans chaque cellule que les algues non irradiées.

L’irradiation permet de retarder le mûrissement des fruits et légumes, peut tuer les bactéries responsables du pourrissement ou les insectes. En France, les herbes aromatiques surgelées sont ionisées, ainsi que l’ail, les oignons, les échalotes, qui normalement sont des aliments très nutritifs, mais aussi les germes de céréales pour produits laitiers, la farine de riz, la volaille, les cuisses de grenouille congelées, les crevettes congelées, le blanc d’œuf…

L’irradiation détruit par exemple 80% de la vitamine A présente dans les œufs et 48% du bêta carotène présent dans le jus d’orange.

En outre, l’irradiation qui détruit des éléments, en crée d’autres, dont certains sont cancérigènes comme les cyclobutanones qui apparaissent dans les aliments uniquement avec l’irradiation d‘acides gras et sont responsables de dommages génétiques chez les rats, le benzène, le xylène ou le toluène, responsables de l’apparition de cancers… Mais bien sûr, aucun risque pour la santé !

Et puis, l’irradiation fait muter génétiquement les aliments : au bout d‘une heure de rayons gamma, toute la structure moléculaire de l’aliment est cassée, l’ADN est détruit et il n’y a plus rien de vivant à l’intérieur, sans que l’aliment en question ait changé de forme à l’extérieur.

Il y a donc une autorisation pour irradier un certain nombre d’aliments, mais en 2002 un rapport européen montrait que 2,7% des 5.000 échantillons alimentaires testés dans différents pays européens étaient irradiés et non étiquetés comme aliments irradiés. 29% des compléments alimentaires censés améliorer la santé étaient irradiés !

Des pays comme le Brésil, la Thaïlande ou l’Afrique du Sud ont l’habitude d’irradier les fruits et légumes exportés. La Chine a 50 centres d’irradiation pour l’alimentation, contre 7 en 2003, et en Europe, plus de 15.000 tonnes d’aliments ont été irradiées. Evidemment, les contrôles sont quasi inexistants, puisque d’après les scientifiques autorisés, il n’y a aucun risque. En France, on ainsi eu droit à 216 contrôles pour 3.000 tonnes de produits alimentaires irradiés alors qu’en Allemagne, il y a eu plus de 4.000 contrôles pour 340 tonnes.

Dès les années 50, on avait montré que des animaux qui consomment des aliments irradiés souffrent de nombreux problèmes sanitaires, que certains en mouraient prématurément, que d’autres avaient des anomalies génétiques, d’autres faisaient des fausses couches, avaient des problèmes de reproduction, du système immunitaire, des hémorragies internes mortelles, des tumeurs, des problèmes de croissance et des carences nutritionnelles.

En novembre 2008, une boîte d’aliments pour chats a du retirer toute une gamme de produits qui avaient été irradiés à fortes doses car un groupement de vétérinaires australiens avait remarqué des troubles neurologiques chez les chats qui en avaient mangé.

Et pour preuve que les anti oxydants sont bénéfiques, voici un article sur une trouvaille récente en la matière : « Les chercheurs de l’Unité de Recherche sur les Herbivores de l’Inra et la société Phytosynthèse ont mis au point un mélange antioxydant de vitamine E et de différentes plantes capable de protéger de l’oxydation les acides gras essentiels de type oméga 3, de la viande chez les bovins en production. Ce mélange valorisé par un brevet (EP 1902631), lutte efficacement contre les radicaux libres générés par le stress des animaux et permet d’obtenir des viandes d’une plus grande valeur nutritionnelle ».

Question à dix mille : à qui l’OMS a t-elle confié la mission d’évaluer la dangerosité des aliments irradiés ? A l’AIEA, l’Agence Internationale de l’Energie Atomique, qui a pour but de promouvoir le nucléaire.

Pourtant, l’OMS, la FAO, le Codex, la Commission européenne en font une panacée en se réfugiant derrière l’argument de la santé publique !


La chasse au millepertuis, concurrent du Prozac

Le cas du millepertuis, une plante utilisée depuis des siècles pour ses effets sur l’humeur et qui pousse partout, est également révélateur de cette tendance à empêcher les remèdes naturels de trouver leur place.

Le millepertuis, donc, s’utilise à l’état naturel pour régler les troubles de l’humeur (les dépressions « légères et moyennes » du moins, mais aussi l’asthme, les bronchites, les sciatiques…), et a l’avantage de ne pas entraîner d’effets secondaires, ce qui n’est absolument pas le cas des traitements chimiques. Mais surtout, il est au moins aussi efficace sur le long terme que les médocs.

On sait en revanche que les « médicaments » contre la dépression ont une fâcheuse tendance à rendre suicidaires certains patients.

Dans un pays où un tiers des gens sont sous médocs pour une dépression ou quelque chose qui s’en approche, l’idée d’utiliser des plantes efficaces et sans effets secondaires devrait faire son chemin. Mais, non.

Le problème du millepertuis ? Certaines autorités sanitaires considèrent qu’il peut interagir avec des médicaments, et qu’il est, par conséquent, dangereux.

L’Allemagne l’a ainsi classé dans les anti dépresseurs, et le millepertuis ne s’obtient plus que par ordonnance[4]. Et en France, la DGCCRF (directions générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) a décidé de l’interdire en 2000 car il réduisait l’efficacité de certains médocs comme le Prozac, selon l’Afssaps[5] (Agence française de Sécurité sanitaire des Produits de Santé). Des agents de contrôle ont même fait le tour des pharmacies pour être sûrs qu’aucune boîte de millepertuis n’était vendue, ce qui a occasionné quelques saisies de la vilaine plante un peu partout en France.

En 2001, une seule société, Arkoparma, commercialise 80% du millepertuis vendu en France, car l’autorisation de fabriquer des produits à base de millepertuis n’est octroyée qu’au compte goutte par l’Afssaps.

Pendant ce temps-là, les cultivateurs bio et autres qui en cultivent se voient saisis et poursuivis puisqu’il est interdit de consommer et de produire cette plante (à cause des interactions avec les médocs). D’autres plantes séchées vendues en sachet sont interdites, comme le buis, le bleuet, la prêle, le souci, connaissent le même sort…

En 2002, il revient… avec le statut de médicament. On en peut donc plus s’en procurer normalement (dans les herboristeries par exemple), et la production est contrôlée.

Depuis 2000 environ, le millepertuis est la cible de nombreux articles qui pointent sa dangerosité. The Lancet l’a fait, mais le Quotidien du Médecin, en France, l’a fait aussi presque en même temps.

Plus récemment, en 2005, l’Afssaps a décidé de retirer de la vente et d’interdire la fabrication de tout un tas de produits utilisés en phytothérapie, qui sont en France considérés comme des médicaments « par fonction ». C’est-à-dire que sans être des médicaments, on les utilise pour se soigner et donc ce sont des médicaments, réglementés et contrôlés comme tels. Enfin, beaucoup plus que les vrais médicaments pour lesquels les effets secondaires ne sont pas vraiment un frein. Parmi ces produits, le millepertuis, mais aussi l’aloe vera, l’ephedra, le gui, la rhubarbe…

Au Québec aussi, le millepertuis est en passe de devenir un monopole des pharmacies et des médecins. L’Ordre des pharmaciens veut en effet le retirer de la vente libre et le classer comme médicament en raison des interactions avec les médicaments. Exactement le débat qu’on a eu en France quelques années plus tôt.

Enfin, le millepertuis comme les autres plantes d’ailleurs, n’est pas brevetable et ne rapporterait donc pas grand-chose à l’industrie, qui préfère les mélanges chimiques bien plus rentables. Les labos ont peur de tous ces remèdes naturels, qui en plus sont préventifs. Pfizer, qui vend un médoc proche du prozac, le Zoloft, a par exemple racheté en 2000 une boîte qui vendait du millepertuis, Warner Lambert, pour… faire cesser la production.

Finalement, même l’OMS a reconnu l’efficacité du millepertuis, au moins pour les dépressions « légères et moyennes ». On les trouve en pharmacie (Mildac de Merck et Procalmil d’Arkopharma) pour les dépressions, mais bien sûr on recommande d’éviter d’en prendre avec des médocs comme le Prozac.

Il reste donc une grande part d’hypocrisie au sujet du millepertuis, que les laboratoires essaient de cantonner à une utilisation minimale. On a par exemple pensé l’utiliser contre l’hyperactivité des enfants, mais comme des études ayant réalisé des tests qui n’ont duré que huit semaines alors que le millepertuis met 4 à 8 semaines pour agir, on n’a évidemment pas démontré qu’il était plus efficace que des médocs.

Aujourd’hui, le millepertuis est considéré en France comme un complément alimentaire et est soumis aux règles de plus en plus restrictives sur les compléments alimentaires. On ne le trouve qu’en pharmacie, produit par des labos. Du coup, certains amateurs de tisane au millepertuis se demandent pourquoi la plante ne fait plus d’effet ou presque.



On s’en rend vite compte : les mesures sanitaires prises un peu partout ne vont pas dans le sens de la santé des consommateurs mais dans celui de l’industrie pharmaceutique et agroalimentaire qui ont un poids énorme dans les décisions prises en la matière.

La logique voudrait que les organismes sanitaires soient davantage inquiets des risques des OGM et des taux de suicide liés au Prozac qu’à l’interdiction des compléments alimentaires. Mais, non : c’est tout l’inverse. Si on n’a pas l’esprit mal tourné, on pourrait être perplexe.



[1] Essentiellement des hémorragies liées à des médicaments tels que l’aspirine.

[2] En 2007, après trois ans de discussions, le Codex a refusé le principe de précaution, et de faibles teneurs en OGM sont admises. A peine a t-il émis quelques recommandations concernant l’étiquetage.

[3] Dont la définition, selon le texte, est « denrées alimentaires dont le but est de compléter le régime alimentaire normal et qui constituent une source concentrée de nutriments ou d’autres substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique seuls ou combinés, commercialisés sous forme de doses, à savoir les formes de présentation telles que les gélules, les pastilles, les comprimés, les pilules et autres formes similaires, ainsi que les sachets de poudre, les ampoules de liquide, les flacons munis d’un compte-gouttes et les autres formes analogues de préparations liquides ou en poudre destinées à être prises en unités mesurées de faible quantité »

[4] Où près de 3 millions d’ordonnances prescrivent du millepertuis chaque année.

[5] Après que les autorités sanitaires US aient fait de même suite à un article paru dans la revue médicale financée par l’industrie pharmaceutique, The Lancet, en février 2000.

Source : Agoravox

et ecophilosophat

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