21 mars 2014 5 21 /03 /mars /2014 14:41

 

 

LES ROMS ONT-ILS VOCATION A PRENDRE LE BUS ?
Témoignage de M. G. Faysal

Mercredi 19 mars 2014, vers 15 heures, dans la gare routière de la Courneuve, je fus témoin d'une discrimination raciste explicite et totalement décomplexée.
Le conducteur de la ligne veolia numéro 610 reliant La Courneuve à Sevran refusa clairement et simplement à un jeune homme et une personne âgée l'accès au bus. Le jeune homme protesta timidement en montrant les titres de transport qu'il s'apprêtait à composter, mais en vain : « Je ne prends pas de Roms dans mon bus » déclara fièrement le conducteur.
Très apeurées, honteuses, les deux personnes discriminées firent demi-tour ; lorsque je me mis à protester auprès du conducteur en parlant de plaintes et de poursuites, elles me prièrent d'arrêter visiblement effrayées par la perspective de voir cet événement peut-être banal pour elles, mais ô combien choquant pour moi, prendre des proportions qu'elles ne souhaitaient pas lui donner.
Il s'agit d'une discrimination raciste explicite, l'accès au bus – à un service public donc (la responsabilité de l'Etat - en principe antiraciste - est engagée même s'il s'agit d'une entreprise privée) ayant été refusé uniquement sur des critères physiques. Qu'il s'agisse là d'une conséquence de la stigmatisation des Roms assumée par plusieurs hauts responsables politiques français est une évidence. Les propos infamants de plus en plus banalisés tenus sur cette population autorisent implicitement, excusent par avance, voire encouragent purement et simplement de tels actes abjects, illégaux et absolument inacceptables.

Note de la rédaction:

Ce récit ne relate pas de faits exceptionnels. C'est malheureusement un comportement assez courant, chez les conducteurs de bus comme chez d'autres professionnels. Il nous rappelle d'une part l'histoire de Rosa Parks, cette femme noire qui dans l'Amérique ségrégationniste, le 1er décembre 1955 refusa de céder sa place dans le bus à un homme blanc. 
Il nous pousse aussi à nous interroger: s'il est inacceptable de caillasser des bus, comme cela arrive parfois, l'est-il plus de se laisser traiter pire qu'un chien? Certainement pas.
Ainsi, si à l'avenir vous êtes témoin de ce genre de comportement et que cela vous est possible, merci de prendre un numéro de téléphone où la victime de discrimination peut être jointe et de nous le communiquer.

Je peux le tourner dans tous les sens, essayer de trouver une échappatoire, une interprétation politiquement correcte, je n’y arrive pas. Ce que je sens là, c’est le vieux relent du nazisme, de la collaboration, réchauffé sans même un changement d’ingrédient de la recette. Alors que les gouvernements de France, la Belgique… livrent des Rroms par villages entiers à la violence nazie qui les traquent dans des pays où les crimes de l’extrême-droite se banalisent, quand leurs milices ne sont pas tout simplement des collaboratrices officieuses appréciées de polices locales, les populations cultivent avec orgueil le pseudo-élitisme des minables des sous-humains qui ont besoin de trouver des boucs émissaires et exutoires à leur néant existentiel et leur servir de marchepied au bas de l’échelle de la « hiérarchie sociale ».

Après cinq ans d’Europe fasciste au siècle passé, sans que les alliés finalement n’en soient trop préoccupés, rendant les armes avec beaucoup de bonne volonté aux occupants pour les uns et collaborant à qui mieux mieux, pendant que Messieurs Ford, Bush, et autres alimentaient l’effort de guerre nazi, sans que la résistance n’arrive à venir à bout de la peste, il aura fallu la menace du Soviétisation de l’Europe, alors que les Soviétiques étaient en train de battre les nazis pour que les pouvoirs étasuniens se décident à se bouger le cul pour récupérer le marché européen. Avec les ignobles et criminelles destructions de Dresde et Berlin, d’Hiroshima et Nagasaki, entre Terreur et augmentation des profits de reconstruction à la clé, giga feux d’artifice des marchands de morts des bourreaux de planète.

Ni le Soviétisme, ni le nazisme, ni le Marché Unique ne reflètent le monde dans lequel je veux vivre. Ce sont trois faces d’un même mal qui aujourd’hui conjuguent leur malfaisance pour créer un courant de micro fascisme dans les inconscients collectifs des zélés domestiques, des bêtes apprivoisées, dans un univers toujours plus carcéral, policé où la xénophobie, la haine, la violence sont à l’honneur… ainsi qu’une hiérarchisation contre nature des êtres qui accordent aux uns le droit, compensatoire, explicite ou implicite d’être les assassins, les tortionnaires des autres. Progrès ? Quel progrès ? Ce sont les mêmes pulsions mises aux services de politiques et d’asservissement de l’humain dont les avancées sont le plus notable progrès que nous ayons connu depuis plus d’un demi-siècle. La majorité des dites technologies que nous utilisons ont été mises au point dans les laboratoires des marchands de Mort et destinées en priorité à un usage guerrier.

Je sais que la réaction de ce conducteur de bus et l’absence de réaction du « public » devrait me faire peur, mais cela provoque en moi une telle révulsion, un tel dégoût et une telle colère que la peur s’efface. L’Europe de ces majorités silencieuses, consentant au pire construit sa propre prison, prononce sa propre condamnation à la misère et creuse sa propre tombe. Et cette fois, personne ne viendra à son secours, elle n’est plus sympathique aux peuples émergents et les pilleurs en ont presque finit avec ce continent aux faibles ressources naturelles. Quel avenir pour l’Europe de la xénophobie, de la mesquinerie, de l’avidité, de la haine ?

Anne

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"Le vieux fascisme si actuel et puissant qu’il soit dans beaucoup de pays, n’est pas le nouveau problème actuel. On nous prépare d’autres fascismes. Tout un néo-fascisme s’installe par rapport auquel l’ancien fascisme fait figure de folklore […].

Au lieu d’être une politique et une économie de guerre, le néo-fascisme est une entente mondiale pour la sécurité, pour la gestion d’une « paix » non moins terrible, avec organisation concertée de toutes les petites peurs, de toutes les petites angoisses qui font de nous autant de microfascistes, chargés d’étouffer chaque chose, chaque visage, chaque parole un peu forte, dans sa rue, son quartier, sa salle de cinéma."

 

Gilles Deleuze, février 1977.

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