25 août 2009 2 25 /08 /août /2009 13:59


III Une vérité à dire : Marche camarade, cours, vole et transcende la vie.

Nous pourrions mentir comme mentent les puissants, les élites, les voleurs, les procureurs, les journalistes, les prostituées, les vendeurs et agents d’assurance, les flics et les truands, les généraux et les présidents, les conseillers et le clochard du coin des rues, nous pourrions mentir et peindre un tableau joyeux des luttes à venir sur les vieilles terres occidentales. Nous n’en ferons rien. Parce que en Occident il n’y a que des êtres qui bénéficient du système global de saccage, de viol et d’assassinat du reste de l’humanité. Les frontières, encore une fois, ne sont que des murs administratifs, l’Occident tient sa place dans chaque oligarchie des pays appauvris autant qu’il est ici le rocher granitique qui nous écrase. L’essor historique de sa puissance est le premier coup d’éclat du capitalisme mondial, le pillage des Amériques, le génocide des peuples natifs et la déportation des esclaves africains. Comment pensent-ils réformer un système né dans ce principe de destruction massive et totale pour le simple bénéfice des nantis ? Le sérieux de cette question qui glisse pourtant sur les piètres philosophies d’aujourd’hui ferme les fronts des véritables révoltés. L’Occident ne se réformera pas, pas plus qu’il n’humanisera sa mécanique implacable de domination. Il faudrait le détruire et que naisse un nouveau monde. Cela ne se fera sans doute pas, sauf au prix de sacrifices incommensurables. C’est à dire que chaque occidental est un soldat en puissance qui se battra jusqu’à la mort pour protéger sa vie en plein accord avec la morale et l’histoire qu’on lui a enseigné depuis toujours. Notre histoire de révolte en Europe est déjà pleine de martyres et de pseudo-héros de la révolte humaniste, et les choses n’ont pourtant pas changé de cap, de direction, de philosophie, de projet de civilisation. Pour nous l’occident est une place forte, une prison à ciel ouvert, un univers de béton et de ciment, de champs industriels et d’usines polluées, de supermarchés et d’écrans publicitaires, un monde du spectacle poussé à son paroxysme qui n’a d’autre résultat qu’une scotomisation générale. Pas une catatonie pourtant, les occidentaux sont les plus féroces, les plus hargneux, les plus sanglants et les plus violents. Le pouvoir de corruption de l’empire est immense, les émigrés le savent bien, les cœurs purs l’encaissent, les espoirs y sombrent.

Et voilà pourquoi il est sage de s’évader de cette prison pour rejoindre d’autres territoires du monde, non pas qu’ils soient libres mais les possibilités d’action et de victoires y sont plus élevées. Partout où il y a la révolution, j’irai. Cette phrase, de Bakounine ou de Che Guevara, est un testament des plus sensés acteurs d’un changement radical. Le nationalisme nous est étranger alors la théorie du maillon faible prend une consistance toute particulière. On attaque pas une escouade de CRS avec des pierres, pas plus qu’on attaque l’État français avec quelques livres et trois bouts de fer soudés entre eux. Et pour ce qui est de la formation des esprits, ce ne sont pas quelques universités populaires qui supplanteront la force du mensonge de l’éducation nationale et la porcherie télévisée, ce ne sont pas les traitres de la CGT (pauvre Pouget !) qui pousseront à l’expropriation, ce ne sont pas les partis qui formeront les masses... Ou bien, et ce travail prométhéen certains le font avec toute notre admiration, c’est un travail de plusieurs générations. Simplement, aux problèmes sociaux et économiques du capitalisme, aux terreurs et catastrophes, se profilent la toute logique destruction de la planète. Il semble qu’il n’y ait plus le temps. Notre génération est peut-être la dernière qui est une liberté suffisante d’action. Ici certainement pas, ou pas encore, alors il faut bien que les forces se réunissent, apprennent ensemble, frappent ensemble et se dispersent ensuite telles des apôtres de la propagande par le fait, des troubadours du chant de la victoire, des camardes aux expériences partagées. L’Occident a un talon d’Achille cause de son expansion meurtrière ; toutes ses ressources ils les tirent du pillage des pays du Sud, le priver de celles-ci c’est accélérer son effondrement en même temps que cela libère les territoires soumis à son impérialisme. Moins de puissance pour l’Occident, plus de puissance pour la Liberté. C’est donc qu’il ne faut pas attaquer l’empire en son point le plus organisé, et ceci n’est rien d’autre que l’application de la philosophie de la guérilla à l’échelle de la planète.

Certains on pleuré de ce constat, sur les familles qu’ils ne verront peut-être plus, sur les paysages de leur enfance, sur les sourires familiers et les odeurs des matins qui se lèvent en Provence... c’est le champs triste des exilés, ce champs appris par cœur dans les chansons populaires de ceux qui, vaincus, ont pris la route sans pourtant renoncer au retour victorieux car l’exil est digne dans ce juste combat. Nous quittons les squats sans eau et sans jus, les têtes patibulaires de proprio et de leurs services de sécurité, nous quittons les tronches avinés et perdus des centres sociaux, nous quittons les bourgeois torturés de leur schizophrénie, nous quittons les groupuscules infiltrés jusqu’à la moelle, les réunions stériles au comptoir du néant et des fanfaronnades, nous quittons les nuits chaudes et absurdes, les bracelets qui tranchent les mains et la rapine pour quelques billets déjà brulés dans la survie...à dire vrai nous ne quittons pas grand chose, sinon l’ennui d’une situation inconsciente de l’urgence, le spectacle à peine crédible de la dégénérescence occidentale et de ces êtres broyés par leurs frustrations et leur maladie quotidienne. Il y a pourtant bien plus accessible que le suicide social pour les vrais cœurs révoltés. Les mondes en guerre n’ont certainement pas besoin de nous, la vérité est que nous avons besoin d’eux, sans rédemption ni repentance, simplement pour accomplir un devoir révolutionnaire et préparer l’estocade finale où qu’elle arrive.

Nous n’avons pas peur de dire que nous sommes loin, à l’opposé même, d’être des démocrates maqués au parlementarisme, que nous ne sommes donc ni réformateurs ni marxistes, et d’ailleurs de toutes les étiquettes aucune ne nous convient vraiment. Et c’est très bien comme cela. Nous n’avons pas peur de dire que les leçons nous amènent à la méfiance d’une quelconque avant-garde pour construire la révolution, en même temps que nous acceptons de marcher devant dans cette lutte contre le monde actuel, qui n’est qu’un monde ancien. Cela n’a rien d’une contradiction, c’est une évidence. Dans les heures graves et responsables, du poète au soldat, du boulanger à la caissière, de l’agriculteur au professeur, du salarié au chômeur, tous et toutes doivent être actifs à se battre. Eux ne sont pas supérieurs ou représentants de quoi que ce soit, ils sont justes plus lucides, plus courageux, plus fraternels et plus fermes pour leur destin et celui de leurs enfants. Nous affirmons avec force que l’organisation d’une société nouvelle ne part pas d’une feuille vierge, et bien que les bouleversements radicaux que cela va engendrer terrassent de terreur 80% du monde occidental, ils ravissent par leur justice et leur humanisme 80% de l’humanité. Le plus mauvais des statisticiens y trouve son compte.

Cette humanité unie, justement, non pas égale mais bien plus fortes de ses cultures et de ses histoires, nous ne sommes certainement pas tous des frères et sœurs mais le qualificatif de camarades transcende les lois du sang, cette humanité unie NE SERA JAMAIS VAINCUE par une poignée de nantis. On pourrait croire à une défaite permanente sous leur bottes mais cela est faux. Dans le monde souvent misérable et glauque qui sert de terrain de jeu à nos enfants, le peu de merveilleux et de bonheur nous le devons à cette humanité unie qui parfois sort de son esclavage brutale ou de sa torpeur collective et se lève pour mater les maitres et leurs charognes de collabos. Bien sur, c’est un aveu amer, nos morts sont innombrables tant et si bien qu’on ne saurait tous les nommer...et bien pour eux, justement pour ceux d’hier et pour ceux de demain, nous n’avons que ce principe à donner : Marche camarade, cours, vole et transcende la vie, c’est la meilleure attaque et le sincère serment d’une vie supérieure, partagée et valeureuse.

IV. Nous, révolutionnaires, nous ne sommes pas tristes !

Je sais que je sais peu de chose, mais j’ai une conscience et je dois m’en servir. Je pourrai ne rien dire, travailler en trainant les pieds et me coucher comme les autres dans le lit froid de la fatalité pour y passer mes nuits après la chope de bière achetée à la taverne. Mais la vérité c’est que cela je ne peux pas la faire.

Le peu que nous avons nous le partageons.

Nous savons que les Hommes naissent mauvais et que le travail dans cette vie et de se débarrasser de ces vices ennemis, de cultiver les vertus et les lois du cœur. Et nous ne le voyons pas beaucoup ici. Tout est fait pour s’enliser dans cette contradiction primitive du monde capitaliste, vivre seulement pour soi au milieu de la foule. Se croiser sans se voir, se parler sans se regarder et se sourire sans penser à autre chose qu’à se mentir. Quel sophisme qui ne donne rien d’autre que la schizophrénie, le dénie de l’amour et la justification de toute cette violence ! Encore une fois, nés mauvais ou pas particulièrement bons, c’est bien un long travail d’éducation par la théorie et par l’expérience, avec quelques livres sur les faits, les pensées et les poèmes libres et libertaires, un chemin de partage et d’échange de notre élément humain, l’acceptation de la difficulté, de la responsabilité, des efforts à fournir, et la grande vertu qui doit faire accepter le réalité, dominer la peur et faire taire les frustrations.

Les révolutionnaires ne sont pas tristes parce que conscients que cette vie supérieure est la seule qui peut les nourrir des meilleurs choses de la vie, des plus belles rencontres, des plus hautes satisfactions, des plus légitimes joies et d’un sens presque vertueux. Les larmes seront sèches, les sourires lumineux et les embrassades sans fin de se retrouver après nos actions communes pour ce monde meilleur que nous voulons tous. Tout le monde ne le veut pas, et ce détail responsable des malheurs du monde, loin de nous abattre, nous donnent la force de nous lever ensemble contre cette pseudo-fatalité.

Nous ne sommes pas tristes. Nous ne vivons pas dans des caves ou d’autres planques sordides, nous ne dormons pas entourés de nos armes - nous n’en avons pas, preuve de notre grande lucidité, pas plus que nous mangeons sur une table qui sert à préparer de terribles explosifs - nous n’en avons pas, preuve de notre grande lucidité. Nous vivons au grand jour, ensemble et parmi les ennemis quotidiens, jamais nous ne dissimulons nos idées et nos rêves, jamais nous n’abdiquons pour aucun combat de ce quotidien morose de leur société. Notre principe est bien plus joyeux, plus festif, notre commune est un lieu vivant et créatif, fier et efficace. Parfois nous sommes mélancoliques et la nostalgie de nos amis combattants dans cette guerre totale que nous livre les forces marchandes, impérialisme et société du spectacle, riches et cœurs secs, cette nostalgie nous serre les tripes. Mais ce n’est pas grand chose comparé au bonheur de leurs souvenirs, souvenirs qui ne servent qu’à bâtir le monde de demain, le notre, le votre. Nous avons appris la chaleur humaine avec eux, à respecter et à nous respecter, à lire dans les yeux plus que dans les livres, nous avons appris la misère et la grande valeurs de ceux qui disent non au péril de leur vie, car rien ne sert de vivre pour rien. Nous avons appris le mot capitalisme, non pas comme Marx et Proudhon nous l’avaient appris, non, nous l’avons appris de la bouche de ces enfants cloués à la misère, sans vêtement, sans maison, sans chaussure, sans autre éducation que celle de la rue, de ces jeunes que l’on assassine dans les quartiers populaires, de ces femmes seules avec leurs enfants et la pauvreté comme époux, de ces cœurs purs et révolutionnaires si tristes de ne jamais voir arriver les brigades internationales, tous ceux à qui on impose une vie misérable pour le confort de ceux d’ici, ceux qui déambulent saouls dans les rues, ceux qui vous bousculent sans demander pardon, ceux qui gueulent parce qu’ils ne savent pas chanter, ceux qui dansent seulement s’ils sont drogués, ceux qui se croient des Hommes mais qui ne sont que des choses sans conséquence individuelle en même tant qu’ils sont un fléau collectif. Mais cela, ceux d’ici ne veulent pas le savoir. Nous croyons qu’ils le savent quand même mais se fichent de leur responsabilité comme ils se fichent de la victime du capitalisme qui dort au coin de leur rue. Alors, que le capitalisme découpe à la machette des populations entières de l’autre côté de l’océan, c’est bien un problème que leur nombril ne saurait voir. Ils sont responsables mais n’acceptent pas leur responsabilité. D’ici vient ce barbarisme, responsable mais pas coupable. C’est une lourde erreur qu’ils ne soutiendraient jamais dans les yeux de ceux écrasés jusqu’au sang par leurs fautes, parce que ils sont coupables et responsables de leurs fautes. Et nous ne ferons pas que l’écrire, nous ne ferons pas que le crier, car notre génération n’accepte pas d’être le maillon faible de la lutte...alors citons Blanqui et concluons :

« Des milliers de jeunes gens instruits, ouvriers et bourgeois, frémissent sous un joug abhorré. Pour le briser, songent-ils à prendre l’épée ? Non ! La plume, toujours la plume, rien que la plume. En temps de tyrannie, écrire est bien, combattre est mieux, quand la plume esclave demeure impuissante. Eh ! bien, point ! On fait un journal, on va en prison.

Mais à quoi bon ces plaintes ? C’est la sotte habitude de notre temps de se lamenter au lieu de réagir. La mode est aux jérémiades. Jérémie pose dans toutes les attitudes, il pleure, il flagelle, il dogmatise, il régente, il tonne, fléau lui-même entre tous les fléaux. Laissons ces bobèches de l’élégie, fossoyeurs de la liberté ! Le devoir d’un révolutionnaire, c’est la lutte toujours, la lutte quand même, la lutte jusqu’à l’extinction. »,
(tiré de Instructions pour une prise d’armes)

Alors peut-être est-ce notre tour, bien que allergiques aux commandement ne le soyons pas au pouvoir, que l’imagination et l’ardeur toute fraiche des nouvelles générations bousculent ce fatras sans aucun sens, sans autre sens que la haine du prochain et du lointain, que l’amour ne soit pas méprisé c’est notre arme depuis toujours contre les forces des puissants, et si dans la misère, dans l’oppression et dans la résistance existe ce lien, j’en ai vu s’aimer sur les cartons des villes et d’autres encore sur le chemin de l’émancipation, déclarons la lutte comme se déclarent la vie, la liberté, la justice et la révolution pour ces sentiments qui nous tiennent debout.

 
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commentaires

N
Deux vidéos qui me sont revenues à l'esprit en lisant vos lignesSpeak whiteIl n'y a plus rienMerci pour votre travail.
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A
<br /> Honte sur moi, je n'ai toujours pas publié le texte que vous m'avez envoyez en commentaire alors que ce texte fais partie de ceux qui m'ont ouvert la conscience, il était publié dans "alternative<br /> libertaire" au début des années 80. A partir de là j'ai fait du chemin qui me conduit à penser que l'avenir du monde vient de l'Amérique indigéne, je suis retée scotchée sur une émission de Zelea<br /> tv aujourd'hui 180 minutes, 3 heures luttes indigènes en Bolivie, Mapuches de Chile, constituantes en Bolivie,  3 films entrecoupés d'entrevues...et le "principe créateur" qui nous dépasse et<br /> nous englobe...les humains ? trop compliqués pour moi...j'appartiens à la terre, elle ne m'appartiens pas...à partir de là : que du bonheur...alors ils cherchent quoi les<br /> capitalistes...pathologique et lamentable...<br /> <br /> <br />

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Gilles Deleuze, février 1977.

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