18 août 2009 2 18 /08 /août /2009 10:31

Ceci est un complément à l'article du Tacle que j'ai publié hier.
HONDURAS : DES COMMANDOS ISRAÉLIENS METTENT LEUR EXPÉRIENCE DE PALESTINE ET DE COLOMBIE AU SERVICE DES FORCES ARMÉES DU HONDURAS - LE TACLE


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Une photo publiée à la page 52 du quotidien La Tribuna édité à Tegucigalpa montre le militaire habillé d’un treillis de camouflage vert et d’un casque qui, avec sa main gauche, traîne le jeune Magdiel au sol.

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Le détail important est le fusil qu'il tient dans sa main droite, semblable à un M16 mais en plus petit. Ce type de fusil est utilisé uniquement par les officiers des Forces Armées, spécialement de l'armée de terre.

À Tegucigalpa, grâce à ses vêtements et à son visage, les parents ont parfaitement identifié Magdiel en découvrant la photo de sa capture dans La Tribuna. En même temps, ils apprenaient par la radio l’annonce d’un mort à El Paraíso et par les descriptions détaillées ils ont su immédiatement qu'il s'agissait de lui.

La police d’El Paraíso a prétendu s’être trompée en informant que deux jeunes avaient été capturés alors qu’ils fumaient de la marijuana, ceux-ci avaient été gardés en cellule et ensuite libérés. Mais ces deux gardes à vue n'ont aucun rapport avec Pedro Magdiel, qui avait été emmené de la sortie de la ville d’El Paraíso où il participait activement aux protestations, comme le prouvent de nombreuses photographies et vidéos, sur la route vers le poste de douane de Las Manos.

L’officier de l'armée de terre devra clarifier à qui il a livré le prisonnier afin de déterminer qui sont ceux qui l'ont torturé et assassiné. Magdiel présentait au moins 47 blessures peu profondes dans le dos et plusieurs doigts cassés, des coups sur ses bras, une blessure à la tête et une blessure au cou.

Selon le médecin qui a fait la levée du corps, il a dû mourir vers deux heures du matin, c'est-à-dire près de dix heures après son arrestation. Si nous acceptons comme vraie la version de la police qu’il n'a été admis dans aucune de ses cellules, la question première est : où l’ont-ils séquestré?

Cependant, c’est la police d’El Paraíso qui a donné l’information à 6h45 du matin qu'un cadavre avait été trouvé, selon la Chef de la Direction Nationale de Recherche Criminelle de la zone.

À plusieurs reprises les porte-parole de la police ont nié avoir détenu des personnes.

Le même jour où l’on apprenait la mort de Magdiel, la police niait la détention de quelque quarante personnes alors que la presse internationale était parvenue à vérifier qu'elles étaient retenues dans les cellules du Quartier général Départemental de la Police Nationale du département d’El Paraíso. Cela a provoqué des agressions contre plusieurs journalistes, mais a également permis la venue des défenseurs des droits humains qui ont obtenu à six heures de l'après-midi la libération de toutes les personnes parmi lesquelles se trouvaient une dizaine de mineurs, y compris un enfant de onze ans.

Les réponses aux questions devront être données par le Commandant de la 110ème brigade d'Infanterie, le Colonel Alcides Flores García, le Lieutenant Colonel d'Infanterie Edilberto Recarte Ocampo, le Commandant du Sixième Bataillon et le Colonel d'Infanterie Arcadio Castillo Martinez, Commandant du Neuvième Bataillon d'Infanterie. Ces unités sont les principales unités militaires dans la région d’El Paraíso et l’officier arrêtant Pedro Magdiel qui apparaît sur la photo appartient sûrement à l’une d'elles.

Ce qui est clair c’est que la mort du jeune habitant de la capitale n'a rien voir avec la délinquance de droit commun comme l’a déclaré le chef des Forces Armées Romeo Vásquez Velásquez et le responsable, au moins, de sa capture est l’un de ses subalternes. Donc, se sont les Forces Armées qui sont appelées à éclaircir cette situation.

Pedro Magdiel Muñoz Salvador a participé à l’allumage d’un feu de bois sur la route dans l'après-midi de vendredi, il a peut-être été filmé par un policier et, selon les versions des organisateurs, il a été filmé par plusieurs manifestants lorsqu’il a été arrêté, soi-disant, par la police.

Selon d'autres témoins la police l’avait détenu jusqu'à 6h30 le matin du samedi 25 juillet et relâché à cette même heure.

À 7h heure du matin, c'est-à-dire, 30 minutes après sa libération, il a été trouvé mort à 100 mètres du barrage policier dans un lieu désolé, à côté du mur d’une boutique de torréfaction de café dans un champ ouvert.

Après la levée du cadavre par la police, le fonctionnaire du ministère public et le médecin légiste en présence de deux représentants du COFADEH, le médecin légiste a calculé que la mort était survenue entre 8 et 10 heures auparavant.

Qu’est-ce que ça signifie?

La levée du corps s’est faite exactement aujourd'hui samedi à 12 heures.

La mort de Pedro Magdiel Muñoz Salvador s’est donc produite entre 2h et 4h du samedi matin.

Si les versions des témoins coïncident avec le fait que la police a libéré M. Pedro Magdiel Muñoz Salvador à 6h30 samedi matin, cela signifie que Pedro Magdiel Muñoz Salvador a trouvé la mort alors qu’il était entre les mains de la police.

El Heraldo, un quotidien hondurien qui fait même disparaître de ses photos le sang des victimes honduriennes, avec le logiciel Photoshop, pour cacher les conséquences du coup d'État, ce quotidien qui en un temps record, à 12h 22 de l’après midi, c'est-à-dire, seulement 22 minutes après le début de la levée du cadavre à l'Est du pays, alors qu’à ce moment-là, le délicat processus pour déterminer les causes du décès de M. Muñoz n’était même pas terminé, a informé que selon Javier Cerrato de la police nationale, cet appareil d’État n’avait rien à voir avec la détention du jeune.

Alors qui a opéré l’arrestation du jeune homme ?

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1 - Dans l'après-midi du samedi, un fourgon de la Police Nationale avait fait irruption à grande vitesse, portant le numéro de série « COE-16 », TEG, avec le slogan « SERVIR ET PROTÉGER », il était bondé d'unités du COMMANDO COBRA, qui pointaient les gens, tiraient en l'air et lançaient des bombes lacrymogènes. Deux personnes ont été renversées par ce véhicule qui avait viré à droite vers une autre rue dix mètres avant le barrage militaro-policier. Ils ont fait demi-tour et sont revenus mais ils ont tourné vers Las Manos en renversant presque les rangs de militaires et de policiers.

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2. Un policier (photographié) était chargé de filmer et d'enregistrer les manifestants. Après la levée du cadavre, j'ai demandé au fonctionnaire du ministère public s'ils pouvaient demander d’enregistrer le contenu de la vidéo et reconnaître le policier qui accomplissait cette tâche, et que ce serait important pour que la recherche puisse analyser tous les éléments et ainsi dessiner une hypothèse pour pouvoir compléter le cas d’assassinat. Le fonctionnaire du ministère a dit que tout ce qui peut résoudre le cas est possible, c'est-à-dire même la demande de la vidéo de la police.

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3. Si Pedro Magdiel Muñoz Salvador apparaît dans cette vidéo, ce qui est très probable puisqu'il a été très actif dans la « construction » du feu de bois et des barricades, en apportant, comme disait une dame au cours de notre entrevue, des pneus et des branches d’arbres, des troncs et des feuilles (qui produisent beaucoup de fumée), alors, quel est celui qui a eu connaissance, à part les soldats, les policiers et le commandement des troupes en uniforme groupé à l’arrière mais surveillant avec des jumelles, le contenu de la vidéo où, certainement, on peut voir les visages des manifestants actifs ce samedi-là ?

4. Le jeune maçon, militant du Frente Nacional de Resistencia contra el golpe de estado, a eu une mort terrible, victime de ces sadiques qui le torturaient, sûrement pendant de longues heures, si l’on tient compte qu'il a été arrêté vers 17heures le vendredi après-midi et qu’il est mort entre 2h et 4h (2-4 a.m.) du samedi matin.

5. Quel est ou quels sont les secteurs de la société passée ou actuelle du Honduras, qui représentent une telle cruauté et une telle insensibilité humaines ?


Les photos suivantes du corps sans vie de la victime, accompagnant la plainte déposée, ont été prises par Mirian Huezo Emanuelsson.


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Source: Centro independiente de noticias, Mexico, 29 juillet 2009

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