5 mai 2019 7 05 /05 /mai /2019 01:21

Guaido FLOP ?

La mobilisation appelée aujourd’hui par Guaido a été ridiculement faible et absurdement inefficace. Ici vous trouverez un diaporama qui montre le caractère absurde de ces gens qui gesticulent devant des forces de l’ordre et des militaires qui n’en ont strictement rien à fiche.

Une question récurrente : il n’est pas possible que les USA qui ont organisé avec succès des dizaines de coups d’état en Amérique Latine soient à ce point à côté de la plaque pour ce qui concerne la situation au Venezuela et le pouvoir de résistance de sa population et de ses militaires. Alors que toutes les actions menées par Guaido jusqu’ici ont renforcé le pouvoir de Maduro. Où veulent-ils en venir ? La réponse la plus courante : à une guerre civile de celles qui durent, mettent un pays et sa population à terre, incapables de reconstruire, incapables de résister. Ce qui entraîne une autre question : comment comptent-ils y parvenir ? Nous avons appris hier, par le chef du Pentagone, qu’ils réévaluent en permanence les plans d’opérations militaires en fonction de l’évolution de la situation sur le terrain. Malheureusement, ces plans nous ne les connaissons pas.

Au début de l’invasion de la Syrie, beaucoup de ceux qui combattaient le gouvernement ont choisi de lutter d’abord contre l’envahisseur, remettant à plus tard le règlement de différents politiques internes. Les Vénézuéliens sont en général bien informés de ce qu’entraîne une invasion des armées US ou proxy, les guerres civiles fabriquées par l’Empire du Nord qui conduisent un pays au désastre, semant la haine, la destruction, usant de substances comme l’agent orange ou l’uranium appauvri qui sont une destruction du potentiel génétique d’une population ; ils ont pu voir ce qui s’est produit en Irak, en Libye, en Syrie, ils connaissent le long calvaire subit par l’Afghanistan depuis que Brezinski a eu l’idée lumineuse d’inventer les Talibans pour contrer les Russes, une erreur que l’humanité paye très cher aujourd’hui.

En Europe, on a pu voir la droite et la gauche lutter ensemble dans la résistance au nazisme, autant que de familles divisées entre ceux qui collaboraient contre l’occupant et ceux qui le combattait.

Les producteurs de Guaido ont remanié son discours, ses déclarations réitérées par lesquels il affirmait qu’il pourrait demander une aide militaire des USA, lui avaient très vite aliéné la sympathie d’une partie de la population. Elles ont disparus et ses discours puent le marketing politique. Et parmi ces partisans les plus fidèles, beaucoup se lassent de ces faux départs, de ces grandes déclarations sans fondements : « cette fois c’est la bonne, cette fois l’armée est avec nous ! ». Alors que jusqu’aux armées de Colombie et du Brésil sont rétives face à l’idée de participer une intervention militaire au Venezuela sous égide du commandement Sud US.

Alors peut-être qu’il y a beaucoup de militaires qui ne sont pas fanatiques de Maduro, mais qui finalement face à la menace d’invasion pensent que la véritable défense du peuple passe par le refus de l’ingérence étrangère, le refus de se rallier à celui qui appelle à une intervention, à des sanctions plus dures. Ils ne veulent pas participer à l’invasion de leur propre pays sous commandement US, et on les comprend.

Alors oui, je suis certaine que les analystes US ne disposent ni des outils moraux, ni des outils intellectuels pour comprendre un peuple éduqué politiquement, qui comprend les principes d’une guerre de l’information, d’un coup d’état doux, de la guerre de basse intensité. Presque tout ce que je sais d’essentiel concernant les coup d’états doux, je l’ai appris de tous ces vénézuéliens qui en 2013, pour résister à la tentative de golpe, se sont mis à étudier les manuels de Gene Sharp et à rassembler des documents pour analyser leurs applications pratiques et inventer des manières d’y résister.

6 ans et quelques de Maduro, la résistance a perdu ce caractère jubilatoire qu’elle avait en 2013, elle n’a pas disparu. Maduro a crée sa propre doctrine politique, et le chavisme s’est fissuré. Beaucoup de ceux qui continuent à le soutenir le font parce qu’ils pensent que c’est la meilleure manière d’être fidèles à Chavez. D’autres rejettent Maduro, mais restent inconditionnellement fidèles aux Idées de Chavez, même si certains ont conscience que les pratiques et les idées de Chavez pouvaient diverger et que de manière latente beaucoup des maux qui accablent le pays aujourd’hui étaient latents du temps de Chavez. Pas toujours par sa faute, mais parce que l’appareil du parti et de l’état avait dès le départ attiré les corrompus, les avides de pouvoir. Ce n’est pas propre au chavisme. Cela arrive régulièrement de voir des politiciens changer d’orientation politique pour se rallier à un créneau électoralement porteur. Je l’ai vu plus d’une fois en Belgique. Je peux même dire qu’une partie des militants de gauche avec qui j’ai partagé mon adolescence étaient là parce qu’il pensait que la gauche était l’avenir, leur engagement était d’avantage une quête d’importance personnelle et de pouvoir qu’une défense d’idéaux. Leur avenir l’a démontré.

Je peux reconnaître différents courants de pensée qui coexistent bien ou mal aujourd’hui dans la « gauche » vénézuélienne, mais il est difficile d’évaluer l’importance de chacun de ces courants. La « gauche » (si on considère le madurisme comme un courant de gauche) continue à constituer un courant qui rassemble environs 50 % de la population, plutôt plus que moins. Il faudrait nuancer, mais ici ce qui importe, c’est que la partie de la population toute tendance confondue qui voient en Guaido un problème de plus plutôt qu’une solution pour le pays constitue une immense majorité.

S’y unissent les courants de gauche, on y retrouve également une opposition pour qui la souveraineté, le droit à l’autodétermination, le refus de l’ingérence sont des valeurs importantes. Je pense à des projets comme celui d’Arbenz au Guatemala, renversé par un coup d’état de United Fruit USA en 1954, qui était un projet qui impliquait la disposition nationale des ressources du pays, la fin de leur exploitation par des corporations étrangères, mais impliquait l’existence d’un capitalisme local. Et il existe très clairement un courant capitaliste nationaliste qui refuse la domination US... Ce n’est pas mon idéal, mais mon idéal n’est pas de ce moment de l’histoire, sinon à travers des structures locales, des communes, souvent éphémères contre lesquelles le système mène une lutte sans merci. Et oui, Chavez a beaucoup apporté à ce courant. A sa mort de nombreux témoignages de mouvements populaires évoquait cela, leur projet ne faisait pas partie du socialisme du 21ème siècle, mais Chavez avait contribué à l’ouverture d’espace de libertés qui permettaient leur permettait d’exister et d’expérimenter.

Un des plus grand soutien de Lula au Brésil, était le mouvement des sans terres. Leur projet d’agriculture divergeait complètement de celui de Lula et de Dilma, mais pendant leurs mandats, les mouvements populaires ont disposés d’espaces de liberté, de lieux pour habiter le monde, sans contraintes ni répression. A peine Dilma destituée, l’armée prenait d’assaut le siège du MST.

Une chose est de voir le système dont on rêve appliqué partout de manière uniforme, autre chose est de chercher les possibilités de compossibilité (exister simultanément) de diversités.

Maduro n’a pas respecté cela, il a lutté contre de nombreux mouvements qui n’adhérait pas à l’idéologie toujours plus sectaire et messianique du PSUV qui s’affirme comme La Vérité. Des mouvements créatifs, productifs, des mouvements qui pouvaient apporter des outils de lutte contre la guerre économique. Cela fait mal au cœur, par exemple, de voir laissés à l’abandon les potagers de l’agriculture urbaine encouragée par Chavez.

Aujourd’hui le monde paysan est en lutte contre un régime qui a choisi de développer l’agro-industrie plutôt que l’agriculture paysanne. Et certains mènent cette lutte avec succès alimentant une commune, une municipalité, apportant leurs produits à juste prix sur des marchés locaux. Il y a une guerre contre la paysannerie, cela peut venir de groupes paramilitaires à la solde de gros propriétaires terriens, comme de fonctionnaires du régime, ils agissent parfois ensemble. Il y a des assassinats ciblés, des expulsions violentes, des récoltes ou une école brûlées, du matériel détruit, des paysans emprisonnés, des semences qui n’arrivent pas à temps, des promesses de l’état qui ne sont pas tenues… et pourtant des paysans s’acharnent et luttent pour le droit de produire une souveraine alimentation. C’est gens-là ne veulent pas de Guaido et de ses maîtres étasuniens. Je vous parle de ceux-là parce que la souveraineté alimentaire est une question qui m’intéresse beaucoup, et que donc c’est un aspect que je connais mieux. C’est une catégories parmi une multiplicité populaire qui rejette complètement le « titere » de Trump.

Mike Pompeo a appelé les vénézuéliens à ce soulever contre le régime. La semaine dernière Eliott Abrahms leur avait promis des montagnes de dollars s’ils choisissaient le « bon camp »… mais ce n’est pas cela que cherche la « gauche » vénézuélienne. Elle a goûté à ce sentiment de plénitude qu’éprouve un peuple qui peut décider de son destin, librement, collectivement, activement. Ce sentiment d’avoir partagé des idées qui vont faire partie des pratiques, d’avoir une influence sur son devenir personnel et collectif, participant à une commune création des moyens d’une bonne vie. Cela rend digne et heureux, alors les dollars cela reste des bouts de papier à valeur variable, cela fait partie de la grande arnaque.

Et quelles que soient les critiques que l’on peut faire, avec raison, à Chavez, par ailleurs, il a été un catalyseur de ces mouvements, dans toute la région, pas l’unique, mais un des plus importants, un courant qui a fleuri à un moment de l’histoire, et c’est cela aussi que Trump avec sa guerre au communisme, au socialisme promet de détruire. Et c’est pour cela que son représentant Guaido n’aura jamais un soutien populaire.

Mais Guaido occupe la scène pendant que l’essentiel se décide et se déroule en coulisse. Tout ce qui peut servir à détruire ce grand courant de pouvoir populaire, auto-organisé, autodéterminé, souverain, tout plein d’amour de la Vie qui a traversé et traverse encore l’Amérique Latine. Ce que Trump annonce c’est le passage d’une guerre de basse intensité qui s’est réactivé progressivement dans toute l’Amérique Latine depuis le coup d’état au Honduras en 2009, et qui chaque jour ajoute des noms à la listes des morts assassinés par les Corporations, du sang, des larmes, des dépossessions,… et Trump, et sa bande de conseillers assassins, ce qu’il voudraient c’est transformer cette guerre de basse intensité en guerre totale, pour en finir une fois pour toute avec toute velléité de souveraineté populaire.

Quand je vois le modèle de contrôle social mis en place en Chine, un contrôle absolu du comportement grâce à la technologie 5G, je vois que Big Sister laisse Big Brother loin, loin, dans la préhistoire du contrôle social absolu. Le système chinois, c’est bien la confirmation que ceux qui se battaient et se battent contre la volonté de contrôle des comportements, ne sont pas des zozos paranoïdes.

Alors, oui bien sûr je m’intéresse aux luttes pour le partage du monde, guerre entre trois empires, après tout, ils prétendent diriger nos destins et donc je me sens concernée. Ce qui me désole, c’est de voir que cela devient communément admis, que le monde des Empires, c’est cela l’avenir de l’humanité… ce qui me désole, c’est que les experts discutent de la grande télé-novela des amours et disputes entre Trump et Poutine, et Xi… un vrai feuilleton. Ce qui me désole, c’est que ces experts peuvent disserter pendant des heures, sans que jamais, la volonté des populations n’intervient comme un facteur capable d’influencer leur propre avenir. Dans leurs équations elle est un facteur négligeable. C’est normal, c’est comme cela, c’est déjà joué. Sans nous, en dehors de nous. Je ne sais pas trop comment on peut changer le cours des choses, mais je ne renoncerai jamais à chercher les moyens de le faire. Et je sais que je ne suis pas seule. Loin de là.

 

Pas de nouvelles des grandes réunions de critiques populaires convoquées par Maduro. Je ne lui fais aucune confiance. Les RAAS, cette organisation chargé de détecter l’ennemi historique dans chaque quartier, dans chaque foyer, doivent y participer, et je ne pense pas que Maduro ait l’intention d’abandonner le système de crédit social à la chinoise qu’il met en place. Mais peut-être se verra-t-il débordé par toute cette bonne volonté populaire désireuse de reprendre en main le pouvoir politique en tant que communes et assemblées de communes.

 

Ben voilà, il n’y avait pas grand-chose à dire de Guaido, Leopoldo, et l’Opération Liberté

 

Anne W

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de Anne Wolff
  • : Comprendre la globalisation, apprendre à y résister
  • Contact

Profil

  • Anne Wolff
  • Amoureuse de la vie, d'une fleur, d'un papillon, d'un arbre, du sourire d'un enfant, je m'oppose à tout ce qui conduit à la destruction systématique de ce que la nature a créé, de la vie, de la beauté du monde, de la tendresse et de la dignité
  • Amoureuse de la vie, d'une fleur, d'un papillon, d'un arbre, du sourire d'un enfant, je m'oppose à tout ce qui conduit à la destruction systématique de ce que la nature a créé, de la vie, de la beauté du monde, de la tendresse et de la dignité

No Pub

Malgré les publicités imposées dans sa nouvelles versions qui apparaissent sur ce blog,celui-ci reste un acte gratuit.

Recherche

Nouvelles formes du fascisme

"Le vieux fascisme si actuel et puissant qu’il soit dans beaucoup de pays, n’est pas le nouveau problème actuel. On nous prépare d’autres fascismes. Tout un néo-fascisme s’installe par rapport auquel l’ancien fascisme fait figure de folklore […].

Au lieu d’être une politique et une économie de guerre, le néo-fascisme est une entente mondiale pour la sécurité, pour la gestion d’une « paix » non moins terrible, avec organisation concertée de toutes les petites peurs, de toutes les petites angoisses qui font de nous autant de microfascistes, chargés d’étouffer chaque chose, chaque visage, chaque parole un peu forte, dans sa rue, son quartier, sa salle de cinéma."

 

Gilles Deleuze, février 1977.

Toutes Dernières Archives