Entretien du 30 mai 2016, remis en avant récemment pour son grand intérêt informatif quand il est question de comprendre les défis que doit relever Andres Manuel Lopez Obrador (AMLO), actuel président du Mexique qui a d’immenses défis à relever pour rendre au pays son indépendance, sa dignité et aux habitants le bien être et la paix.
Ce débat fait partie d’une série intitulé : L’intégration de l’Amérique du Nord dans un monde complexe et ce chapitre nous parle d’Energie, Sécurité et Souveraineté. Nous y voyons comment les précédent chefs d’états ont livré le Mexique aux USA à travers l’Initiative Merida (pseudo outil de lutte contre la drogue et le crime organisé, équivalent du Plan Colombia qui a fait exploser criminalité et le narcotrafic en Colombie) et du TLC, Traité de Libre Échange d’Amérique du Nord entre USA, Canada et Mexique et de son Programme d’Intégration Energétique.
Les invités sont reçu par Rosío Vargas Suárez, Chercheuse de l’Université Autonome du Mexique (UNAM), qui est docteur en Ingénierie de l’Énergie, Maître en Économie et Politique Internationale entre autres qualifications. Les invités sont 3 encyclopédies vivantes de l’histoire contemporaine du Mexique. Le docteur John Saxe-Fernandez (1944), diplômé des Universités Washington du Missouri, Brandeis du Massachusetts et de l’Unam est un vieux routier d’ études latino-américaine ;le ex-sénateur Manuel Bartlett diplômé en Droit de l’UNAM et de l’Université de Strasbourg, auteur d’une thèse intitulée « De l’obligation de l’état de réparer les dommages qu’il cause », après une longue carrière politique est aujourd’hui Directeur Général de la Commission Fédérale d’Electricité ; Quand au docteur Alfredo Jalife-Rahme (1948) lui aussi a un parcours remarquable après des études de médecine et une spécialisation en endocrinologie, il étudiera la psychologie avant de se réorienter vers la géopolitique. Si je devais vous cité tous les grades, titres, récompenses obtenus, toutes les recherches d’importances et travaux menés par ces 4 là, je n’en finira pas. Les écouter est vraiment passionnant. Je vous propose un compte rendu presque exhaustif, de cette discussion entre Sages Anciens.
Question de RVS : Comment définir l’intégration de l’industrie pétrolière mexicaine dans le cadre du projet géostratégique des USA : « intégration énergétique » de l’Amérique du Nord.
Docteur Saxe :Il s’agit premièrement d’une relation asymétrique : Le Mexique est un pays sous-développé, qui dispose de pétrole dont les USA sont les plus grands consommateurs.
Il faut tout d’abord considérer les antécédents historiques du Traité de Libre Commerce au moment de sa dicussion. Le moment où le Traité est discuté, puis envoyé et finalement adopté par le Congrès des USA. Ce qui ne va pas se faire sans rencontrer une opposition au Congrès. Le Vice-Président y répond
« Comment pouvez-vous vous opposer à ce traité qui est aussi important pour les USA que le furent l’achat de la Louisiane et l’achat de l’Alaska ».
Pour vaincre les réticences, il présente ce Traité comme ce qu’il est réellement:une opération de l’expansionnisme territoriale étasunien similaire à l’annexion de la Louisiane et de l’Alaska.1903, Jefferson pour la Louisiane et 1877 ? pour l’Alaska. Et donc il s’agit de mettre la main sur le territoire mexicain et ses ressources. Une intégration très asymétrique.
Comme le montre aussi la production de gaz à effet de serre pas personne dans chacun de ces trois pays. Pour les USA elle s’élève à 19 tonnes annuelles. Pour le Canada : 17. Alors que le Mexique à une émission de 3,4 tonnes par personne et par an.
Ce sont les même vers qui vont les consommations de cuivre, les consommations de ressources naturelles en général. Il s’agit d’une asymétrie abyssale en matière énergétique entre ces pays.
Mais avant tout, il faut replacer cela dans le cadre de la réunion de Chapultépec de 1945 quand les USA viennent annoncer au monde que le Mexique et l’Amérique Latine devront se spécialiser dans l’exportation de matières premières vers les pays capitalistes centraux qui vont les transformer.
Et le Mexique, à l’époque a joué le rôle du « mauvais du film ». La gauche mexicaine, voulait opérer la transformation de nos ressources Toute une structure pour la transformation du pétrole a été mise en place. Et ce que fait le TLC justement, c’est désactiver ou récupérer les processus d’industrialisation dans le pays, et cela débouche sur la mort de Pemex (Petroleos Mexicanos) ; et donc sur le suicide du Mexique. Nous allons voir le démantèlement de la capacité de transformation d’une ressource naturelle. Ce point de vue historique est un élément important de la problématique.
RVS adresse une question au docteur Jalife .: A cette question historique et structurelle,il faut ajouter l’introduction d’un élément conjoncturel, les replacer dans le contexte financier. C’est un facteur qui a eu des répercussion dans l’actuelle situation de Pemex surtout par le biais des rentrées financières pétrolières ? Comment se meut le Marché international sous influence de ces groupes financiers qui utilisent la géopolitique, ou qui produisent des événements qui ont des répercutions géopolitiques dans le prix international du pétrole. La répercussion de la chute des prix pétrolier a profondément affecté l’industrie pétrolière mexicaine.
Jalife : Le Centre Financier, le lieu où sont fixés les prix du pétrole, c’est la City de Londres. Il existe un rapport émis par un économiste, Phil Velegger qui montre que Wall Street est la place où ces prix sont vérifiés. C’est une domaine où il y a beaucoup de désinformation, et certaines données sont impossibles à vérifier. Mais admettons l’explication qui veut qu’il y ait eu à un moment donné une production de deux millions de baril en excès, cela n’explique ni ne justifie la chute des prix depuis un pic 150$, suivit d’une descente à une moyenne de 110$ le baril avant une chute jusqu’à 20$, cela n’a pas de sens. Et si nous allons voir du côté de la géométrie financiériste, qui va m’expliquer que dans les deux mois qui précèdent, le prix est remonté de 20 à 50$. Il n’y a plus les 2 millions de barils excédentaires ? Il est vrai que la production de certains pays a diminué alors que la Chine achète beaucoup parce que le pétrole est bon marché. Mais ce n’est pas une explication suffisante.
Où je veux en venir, et là je rejoins le propos du Docteur SAX. Après Chapultépec, Brezinski, dans les années 70 a réitéré cette division du travail imposée. Il a affirmé : « Nous ne voulons pas d’un Japon à notre Frontière » Un sujet qui touche aussi le Sénateur Bartlett, qui a vécu cet événement et qui devrait déclasser ses archives sur Brezinski. .
Il y a eu une division du travail, et nous n’avons même plus de Banque Nationale et encore moins transnationales Le problème, c’est que nous sommes un pays intégré dans le projet Amérique du Nord des USA en fonction de leurs besoins à eux.. et c’est pareil pour le Canada.
Nous continuons notre intégration à ce projet dont la matrice opérative est à Washington. Nous ne manions même plus de pétrole. Le prix du pétrole augmente alors que le peso se dévalue, c’est parce que nous n’avons déjà plus de pétrole pour le soutenir. C’est fini, et là nous allons aller chercher les ressources en eau profondes, et nous savons par avance que les 4 grandes pétrolières US vont débarquer, parce que nous n’avons pas les moyens de cette exploitation.
Cela dit quels sont les données du problèmes ? Nous assistons à une balkanisation du pays, une double balkanisation économique et éducative.Nous avons le Nord, les régions de la Maquila (des fabriques) ont une croissance de l’ordre de 10 % par an alors que Campeche qui avait les meilleures ressources pétrolière subit une « croissance négative » de – 7 %, Ciudad del Carmel y est devenue une ville fantôme. Les Chiapas sont à – 6,5 %,Tabasco – 6 %;...
C’est totalement limpide, les pays de Maquila, une distribution du travail imposée par les USA, sont en pleine croissance. On peut voir cela par exemple dans l’incroyable augmentation des prix du terrain, 1m carré en dans les meilleures zones vaut 3000$.Alors que les zones de richesse pétrolière, ils sont en train de la annihiler littéralement. Balkanisation. Ce n’est pas pour rien que les 6 états du Sud du pays sont en ce moment dans une situation de balkanisation éducative.
RVS ?. : Cette question de la spécialisation, à présent nous sommes en train de la redéfinir dans le cadre de la réforme énergétique, et ce n’est clair en rien. Sinon en ce que nous sommes devenus économiquement dépendants de produits pétrolier de meilleur valeur ajoutée que nous devons importer, et c’est que nous sommes en train de remettre en question. Je voudrais poser une question au sénateur Bartlett , elle concerne toute une série de lois qui avaient été approuvées par le Sénat et qui sont en lien avec tout ce processus de trans-nationalisation, en particulier en matière d’énergie. Et il y a là des questions délicates, comme celle des militaires, mis à disposition du Ministère Public et qui participent à des tâches de renseignement avec avec la possibilité d’opérer des fouilles de domiciles privés. Ou les lois qui concernent la privatisation des ports. Il y a toute une série de lois, comme ça, certaines fort récentes, il y a 3 jours, vient dêtre finalisée la loi du commandement unique comme commandement mixte. Comment peut-on contextualiser tous ces processus de trans-nationalisation dans ce cadre juridique ?
Manuel Bartlett : Je vais compléter les analyses qui précèdent en m’attaquant à la politique interne : il s’agit de livrer la présidence du Mexique à Washington. Et ce n’est pas une pression énorme qui a conduit à cette situation, mais bien une connivence de nos présidents de la République avec ce projet étranger. Depuis Salinas, ils ont tous facilité cette détermination des USA d’utiliser le Mexique à leur convenance. Et donc il y a un grave problème, les présidents PAN et PRI ont livré le pays. Ils ont accepté toute une série d’instruments et de mesures qui nous ont mené à nous retrouver en situation de colonie sous hégémonie totale des USA . La question est celle du pétrole, de l’électricité, de l’énergie. Les réformes ont été faites de manière opportune pour favoriser les intérêts des USA, pour que leurs transnationales puissent investir quand elles le veulent, où elles le veulent. Parmi les mesures véritablement inconcevables de la part de ces présidents qui n’ont aucunes capacité réelle, qui sont titeres (présidents mis en place par les USA), nous devons considérer celles qui concernent l’exploitation du pétrole par ces entreprises étrangères ou celles qui favorisent l’énorme main mise sur la distribution de l’électricité pour que ces entreprises qui débarquent puissent gagner de l’argent. Il est réellement question d’une occupation du territoire national.
Le système électrique mexicain, toutes les installations, les réseaux de distribution qui couvrent tout le territoire national ont coûté des milliards. Parmi toutes les informations qui nous parviennent de là-bas, il y a ce personnage, Carlos Pascual, qui avait été ambassadeur des USA pour les questions d’énergie en Irak, et qui a été envoyé au Mexique pour s’occuper de tout ce qui relève du domaine énergétique. Lui a expliqué devant le Congrès US ce qu’est la Réforme Énergétique à leurs yeux, il n’est pas seulement question de venir et de repartir avec le pétrole, non ils restent ici, et le Congrès n’en savait rien, parce que les principaux traîtres sont les Présidents et ceux qui manipulent l’information. Et cela personne ne s’en rend compte. « La Manœuvre » a dit Pascual devant le Congrès, « c’est de réorganiser les réseaux électriques de manière à ce que, dans les ports mexicains, puissent s’installer les transnationales US et que ces ports deviennent les plateformes d’exportation de leurs produits. Et donc toute ces structures extraordinaires sont conçue dans l’intérêt des transnationales, pour qu’elles utilisent les ports mexicains pour leurs exportations.
En plus, il y avait une série d’exigences qui sont de terreur :l’état devait leur offrir des garanties sous forme d’un Régime Pénal Spécial en matière d’énergie. Avec toute l’hypocrisie utilisée par le Président et ses sénateurs, ils ont sorti des transformations aux lois régissant l’industrie pétrolière, pour augmenter les peines. Cette loi punitive en est venue à établir que toute atteinte aux installations pétrolières relève du terrorisme de manière à paralyser toute tentative d’action à leur encontre de la part de la population. Et cela concerne tout le dispositif, les oléoducs, les plateformes, les bureaux, pour lesquels ont été établies des pénalités fort supérieures à celles qui existaient.
RVS ?« Comment opère en réalité ce régime de sécurité en Amérique du Nord ? Comment le vivons-nous ?
Sax: Il s’agit d’un concept d’intervention et de regroupements de pays, elle à un nom, et elle a aussi un budget : »Elle s’appelle « Initiative Merida». Elle avait un budget total prévu entre 2,5 et 3 milliards, et j’ai revu les chiffres hier, jusqu’ici elle a dépensé à peu près 1 565 millions de dollars. Un grande quantité en équipements militaires et le reste pour une quantité de choses dont il n’y avait de comptes à rendre à personne de l’usage qui était fait de cet argent. Aux USA, il y a eu une série de Commissions du Congrès, mais ici l’ex-secrétaire des relations extérieures de Calderon, Espinoza Villarreal, quand on lui a demandé de montrer les documents relatifs à l’Initiative Merida a répondu « Mais il n’y a aucun documents signés . Ce n’est régi ni par le droit international, ce n’est pas régi non plus par la loi interinstitutionnelle des Traités », c’est la réponse qu’elle a donné à des députés qui l’ont enregistrée. Carlos Facio, un journaliste qui publie comme moi dans la Jornada a sorti cette info. Il faut rappeler au public qu’il existe des règles de fait. Pourquoi de fait ? Mais parce qu’elle sont en rupture avec les lois constitutionnelles aux USA et elles sont en rupture avec l’appareil constitutionnel au Mexique. Par exemple, il est interdit d’utiliser des militaires pour des actions relevant du Ministère Public, mais aux USA aussi il existe une telle loi de 1878, le Posse Comitatus Act qui est une loi du Congrès des États-Unis signée le 18 juin 1878 par le président Rutherford B.. Cependant Bush a approuvé une telle violation de la légalité par le biais d’un décret du Commandement Nord, et Obama a poursuivit avec d’autres décrets pour soutenir cette force militaire qui agit à l’intérieur des USA, au Canada et au Mexique.
Ce qui est important, c’est l’aspect territorial, c’est aspect d’occupation territoriale qui présidait au Traité de Libre Commerce, et qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui. L’United States Department of Homeland Security, DHS, est un département du gouvernement fédéral des États-Unis officiellement créé le 27 novembre 2002 par le Homeland Security Act (en français, « Loi sur la sécurité intérieure ») Cette création devrait concerner la sécurité intérieure des USA, homeland : c’est un concept territorialisé, cela veut dire sécurité du territoire de la patrie, cela évoque les années 30 en Allemagne, mais c’est comme cela que cela s’appelle et on le traduit mal. Pourtant le DHS va étendre son aire d’action, son périmètre de sécurité au Canada et au Mexique. Et en plus, et cela est importantissime, quant le sénateur (Bartlett) dit que c’est un concept d’ordre colonial, c’est effectivement un concept d’ordre colonial par lequel, une nation comme le Mexique subit une intervention autant en ce qui concerne sa frontière Nord avec les USA, que sa frontière Sud avec le Guatemala. Il met en œuvre des programmes appelés « programmes de frontières intelligentes », des programmes spécifiques. L’Empire Britannique avait fait pareil avec les principautés de l’Inde : « Vous pouvez faire tout ce que vous voulez chez vous, sauf mener une politique internationale, sauf mener une politique de défense et sauf mener une politique économique, de cela nous nous en chargeons ». Et ce que nous vivons ici, cela ressemble beaucoup à cela !
Le sénateur : Le HDS, il est ici, il opère ici. Le HDS est un département fasciste que Bush a imposé après l’incident (traduction personnelle et relativiste. NdT) des Tours Jumelles, et le personnage mis à sa direction, Jeh Johnson est un personnage sinistre. C’est un avocat qui a justifié les assassinats sélectifs qui sont une violation de tous droits. C’est ce qui permet au président des USA de décider que l’on va tuer untel avec un drone et qu’on va pouvoir tuer n’importe qui. Et le HDS à les mains libres pour agir au Mexique en tant que partie de l’Amérique du Nord et ils disent : « La sécurité de l’Amérique du Nord doit être garantie par l’Amérique du Nord ». Johnson est venu ici et Peña Nieto (ex-président) l’a reçu avec les drapeaux, alors qu’à l’époque il n’était encore que secrétaire et violait tous les respects de hiérarchie. Et nous voyons ainsi comment s’est imposé ce régime pénal spécial qui s’applique à ceux qui vont toucher une installation pétrolière ou électrique, alors que ces transnationales vont s’installer sur toutes les propriétés des paysans, sur les territoires indigènes. Et s’ils protestent, s’il osent toucher la moindre de ces installation étasunienne, ils seront accusés de terrorisme. Parce que, en plus, ces lois prévoient un Droit d’Occupation Temporaire des Terres par ces Corporations, en fonction des besoins pour leur installations, et donc ce sont elles qui décident.
Or jusque-là ceux qui défendaient ce territoire national, c’étaient les polices municipales, ce sont elles qui protégeaient de la destruction, par les minières et les pétrolières qui viennent s’installer, ce qui est aussi leur propres lieux de viet. La structure politique du Mexique fondée dans la notion de « municipalités libres », ce qui fait des polices municipales une institution fondamentale structurelle. Mais ils vont prétendre qu’elles sont « contaminées » et qu’il faut les faire disparaître et les remplacer par un commandement unique. Ce commandement unique va regrouper la Police Fédérale, l’armée et la marine du Mexique. Ainsi va être instauré le commandement unique faisant disparaître toute possibilité de reprise du territoire national. Et in fine l’armée devient la force dominante des forces de contrôle social.
Et cela ne s’arrête pas là : l’armée, elle, est placé sous la domination du Commandement Nord des USA. Tout cela est anticonstitutionnel, et ils prennent alors une autre décision inconstitutionnelle qui est de faire participer l’armée mexicaine à des Opérations Internationales de « Paix » des Casques Bleus. Ce qui est interdit par la constitution s’il n’y a pas d’autorisation du Sénat, pourtant ils envoient des militaires, participer à différentes missions. Peña Nieto, dans ces « farces » qu’il fait à la télévision, a félicité la secrétaire des relations extérieures pour la participation antérieures (à sa présidence) des militaires à des missions au Liban, etc.. Ils s’en fichent de l’autorisation constitutionnellement nécessaire du Sénat pour décider de telles missions.
Jalife : John Kerry déclare alors : « Nous avons 72 pays qui sont en guerre contre les Jihadistes ». Beaucoup disent que ce n’est pas possible que le Mexique se voit impliqué dans la « guerre contre le terrorisme », mais nous le sommes déjà, par Ordre de Kerry, sans que ni le Président, ni le Sénat n’en soient informés, n’en aient conscience.
Sénateur… Je vais terminer. Lors du changement de direction du Commandement Nord, e secrétaire de la défense, Ashton Carter a pris la parole et il dit « Je veux remercier le Secrétaire Mexicain de la Défense et le Commandant de la Marine, je veux dire qu’ils sont d’ores et déjà en train d’aider à la sécurité du monde entier, participant à toutes classes d’activités ». C’est ce que dit le Secrétaire de la Défense US, cela ne pourrait pas être plus publiquement, plus clairement : nous sommes au service du Commandement Nord des USA, sur tous les théâtres de guerres du monde, sans qu’ici en été dit une seule parole.
Sax ajoute : Nous vivons aussi une tragédie humanitaire, si nous faisons le compte des morts de la période Fox, (Vicente Fox Quesada, né le 2 juillet 1942 à Mexico, est un homme d'État mexicain, président de la République du 1ᵉʳ décembre 2000 au 30 novembre 2006) ce sont 300 000 morts et entre 27 et 36 000 disparitions forcées.
Ce massacre va continuer ? Roberta Jacobson, la nouvelle ambassadrice (juin 2016 – mai 2018) des USA au Mexique l’a dit : « Je viens ici pour relancer l’initiative Merida », autrement dit le programme d’intervention et d’occupation. Le point central auquel je veux en venir, la transformation, le tournant, ce n’est pas seulement une guerre irrégulière du Pentagone, qui aurait pour cible le crime organisé et le narcotrafic – alors qu’on sait très bien que personne ici ne combat ni le narcotrafic, ni le crime organisé et que l’armée est utilisée dans des tâches de répressions - mais en plus le changement légal qui a été mentionné, ils étendent cela à la guerre contre le terrorisme qui suppose une hyper défense des installations des Corporations Transnationales. Avec tous les dangers que cela présente. Comme l’anticipation d’un scénario électoral tragique pour 2018, parce que le terrorisme et l’antiterrorisme se prêtent à toutes formes de persécutions politiques. Et donc le pays est en période de risque majeur pour la Nation à présent que le lien est fait entre guerre contre le narcotrafic et guerre antiterroriste. Et le Mexique propose sa jeunesse comme chair à canon. Et la Secrétaire aux Relations Extérieures a annoncé que le principe de non intervention a été aboli comme élément de la politique extérieure, précisément pour adapter le Mexique à ce contexte.
Les 3 : On assiste donc à la pure et simple négation de principes constitutionnels historique. L’armée, sous direction du Commandement Nord, a été transformée en outils de l’occupation du territoire.
RVS ? J’ai une dernière question pour le Docteur Jalife qui concerne justement cette intégration Nord Américaine avec hégémonie des USA en tant que puissance énergétique. Nous voyons qu’il y a réellement tout un projet géopolitique dans lequel il y a des choses innovatrices. Est-ce que nous en sommes réellement arrivé à un renversement des structures de pouvoir international en faveur des pays consommateurs, en faveur du Marché, et sous le contrôle des USA, à partir justement de l’énergie, du pouvoir que leur donne le fracking et la révolution énergétique.
Jalife à le dernier mot : C’est assez clair la direction que prend le monde, le monde prend un chemin de dé-globalisation - Le FMI, déjà, vitupérait contre l’Ordre Néo-libéral Global – le monde se dirige vers une régionalisation qui inclut le régionalisme énergétique. Lle Mexique dispose de la troisième réserve de gaz de schiste, de shale gaz et shale oil, mais ces réserves se trouvent dans des lieux qui ne disposent pas de l’immense quantité d’eau nécessaire pour leur extraction. Pas grave, qu’est-ce qu’ils font faire ? Il vont détourner des rivières, comme ils l’ont fait pour le Rio Panuco… et que meurent les vilains paysans qui sont la troisième partie de la population du pays.Quelle importance ! Moins il y a de Mexicains, mieux c’est ! Et c’est là que vient la partie intéressante. Cette intégration est pire que l’intégration coloniale à l’époque de la Nouvelle Espagne qui tolérait – encore - la présence des habitants. Ici, il s’agit d’un intégration de franchise, une intégration du Mexique, dans le cadre d’une intégration totale, mais… sans mexicains !
Traduction, mise en forme Anne Wolff
Lecture complémentaire sur les mêmes sujets, Opération Merida et application du TLC :
Par Dawn Paley Première partie Narco Capitalisme.
Narco Capitalisme. Partie 4 : La face cachée du modèle colombien et son application au Mexique
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