15 mars 2019 5 15 /03 /mars /2019 11:56

 

Selon diverses enquêtes, 95 à 98% de la population pense que le pays va mal, voir très mal. Des enquêtes précédentes, au cours des ans ont montré que le peuple du Venezuela polarisé est d'accord sur une chose au moins : le refus de toute intervention militaire étrangère, de toute ingérence US dans le pays. La « communauté internationale » divisée quand à savoir si Maduro doit dégager ou non, est, elle aussi, d'accord dans son ensemble, à quelques rares exceptions près : les problèmes du Venezuela doivent se régler pacifiquement, et toute intervention militaire US ou proxy est exclue.

Pourtant le bulldozer de l'intervention militaire US avance inexorablement, et rien ne semble pouvoir la détenir.

Trump s'est entouré, pour « résoudre » le problème de l'Amérique Latine,  d'une clique d'assassins patentés, dont certains (Abrams, Cruz) ont acquit leur expérience de soumission des peuples à la domination US pendant la période des dictatures;. Experts en meurtres sélectifs, en torture, en disparitions forcées et escadrons de la Mort, experts en Terreur qui brise les Peuples, ils exercent aujourd'hui leurs talents contre le peuple rebelle (ou non) du Venezuela.

Que la gestion de Maduro soit une catastrophe, je n'ai aucun doute à ce sujet. Que les réseaux d'approvisionnement en électricité, en eau sont dans un état déplorable, chaque jour, ces dernières années, le confirme des dizaines de protestations de voisins de tout le pays qui vivent ces coupures d'électricité récurrentes, qui parfois pendant des mois n'ont pas d'accès à l'eau potable, c'est un fait. Mais le grand Apagón (coupure d'électricité qui affecte également la distribution de l'eau) soit une recette assassine made in USA, me semble plus que plausible : la recette annoncée pour la suite des événements par Bolton et autres Abrams consiste à créer les conditions d'une révolte du peuple contre Maduro en produisant pour ce peuple les conditions d'une lente agonie. Capables du fait, qui en doute ? Logique dans le programme de déstabilisation en cours. Et cela c'est insupportable.

Maduro a été réélu président avec 30% de soutien. Quelques 6 millions de voix d'un corps électoral de 20 millions d'inscrits. Guaido est membre de Volontad Populaire, un parti minoritaire de l'extrême droite dont la population a déjà rejeté les méthodes de déstabilisations violentes qui l'affecte dans son ensemble, sans distinction d'opinion. Il se vante d'avoir 90% du peuple derrière lui, alors que si 20% le suivent, c'est beaucoup En moins de 2 mois, il a réussi à perdre son potentiel de popularité. Il n'est que trop évident qu'il est un pion des USA et que sa mission est de créer le condition d'une" intervention humanitaire" ou de "devoir de protéger" dans le pays.

Et comme il est complètement stupide, il annonce clairement la couleur : « Les morts (de son coup d'état) ne sont pas un coût pour nous, ils sont un investissement dans le futur. » Aller dire cela aux familles des investis... si possible des indigènes ou des gamins «des quartiers les plus pauvres, où l'ont retrouve cette terrible déliquescence des jeunes qui sévit dans une grande partie de l'Amérique (USA compris). Des enfants sont armés souvent dès l'âge de 12 ans, parfois d'armes lourdes, le seul apprentissage qui leur est offert est celui de la mort. Las Pandillas et autres Maras, sont aussi au départ un phénomène promu depuis les USA pour déstabiliser l'Amérique Latine afin de mieux pouvoir la piller. Ces gamins l'opposition les arment en ce moment, (selon différentes sources avec des armes de guerre) en vue d'une intensification des processus de déstabilisation. Maduro et cie arment eux aussi des civiles. Les conditions d'un carnage se mettent en place.

« Avant d'écouter ce que les gens disent, regardez ce qu'ils font »... la protection humanitaire des USA assure souvent à ses protégés la plus grande des stabilités : la mort. Plonger des peuples dans une lente agonie, ils sont experts, ils ont au cours du temps et de multiples interventions de déstabilisations dans le monde perfectionné la méthode avec un sadisme consommé. S'il y a bien un métier à création d'emplois permanente aux USA, c'est celui de tortionnaire aux Ordres du Pouvoir des Corporations dont la sécurité des Biens et Intérêts motivet les guerres US, militaires, armées privées, paramilitaires ou cartels, en fonction de la stratégie du moment alors que pour les jeunes psychologues qui voudraient faire une belle carrière, la voie est tracée, devenir Maître en « Art d'infliger la souffrance » est un créneau prometteur. Souffrance individuelle, souffrance collective pour les peuples chez qui il faut détruire toute capacité de rébellion ultérieure. Avec le Venezuela, ils ont affaire à forte partie, nulle doute que leurs méthodes seront à la hauteur du défi.

C'est insupportable !

La guerre économique est une réalité qui affecte la vie de la population, l'incompétence du gouvernement aggrave les choses. Pour tous ceux qui s’obstinent à ne vouloir voir qu'un responsable de la tragique situation actuelle : torts partagés.

Maduro a bien donné un coup de timon. Mais il l'a fait en trahissant son serment « Comuna ou nada », « la Commune ou rien ». Au lieu de développer les conditions du pouvoir populaire, il l'a confisqué et à mis en place un régime de centralisme-démocratique, dans la plus pure tradition Mao-Stal. Les informations circulent du bas vers le haut de la hiérarchie du Parti, les ordres viennent d'en-haut. Nous savons qu'au cours de son histoire à géométrie variable, la démocratie s'est appliquée à des catégories plus ou moins restreintes de citoyens, les habitants d'un territoire qui disposent du « Droit de Cité ». Pour Maduro comme dans la Chine de Mao, les citoyens sont ceux qui lui rendent un culte de personnalité, qui adhèrent inconditionnellement à la « Vérité du Parti », les autres au mieux des inutiles gênants; au pire, une catégorie qui ne cesse de trouver de nouvelles victimes de la vindicte du pouvoir : des Traîtres à la Patrie.

Comme Xi Jinping a qui il a fait officiellement allégeance, il est un héritier de Mao, seulement voilà, il est beaucoup moins intelligent que Xi et perdu dans les contradictions de sa duplicité : construire un régime totalitaire tout en tenant un discours de « pouvoir populaire »... socialisme est un concept dont l'Histoire nous a appris qu'il pouvait être accommodé de bien des manières, y compris les plus objectivement fascistes d'entre elles, comme le nazisme ou l'actuel modèle chinois. « Pour le peuple des droits économiques, pas de droits politiques » dit Xi.

« Si o Si » fascisme de l'ultradroite ou fascisme de l'ultragauche, pour le peuple le résultat est le même, une intolérable souffrance.

Mao dansait à Shangaï alors que 20 à 50 millions de chinois mourraient des conséquences de ses choix erronés, la Grande Famine fut le résultat du Grand Bond en avant, qui a échoué également à industrialiser le pays. Lui aussi niait la réalité de l'agonie de millions de paysans. Maduro danse à Caracas, pendant que le peuple s'entre-déchire aux frontières. Au moment même où son Ministre Bernal nous dit que de vieilles dames de la milice populaire ce sont vaillamment battues aux côtés de l'armée, sous le feu croisé des balles contre un ennemi dix foix supérieur en nombre ! Lui aussi nie la réalité de la crise humanitaire bien réelle qui affecte le pays. Mais danser pendant que le peuple s'entre-déchire pour lui conserver le Pouvoir ?

Le Venezuela est un terrain fertile pour qui voudrait analyser les contradictions de gauche qui ont conduit à son atomisation, suivie d'une dissolution dont elle ne s'est jamais remise, un processus bien connu en Europe. En quelques années, en observant ce qui se produisait au Venezuela depuis la mort de Chavez, j'ai revécu la crise des années 7O, quand la gauche européenne, qui malgré ces divergences, formait une grande famille capable de s'unir contre un ennemi commun est devenue le champ des zizanies internes qui l'ont rendu inefficiente.

Le mois dernier, à Miami, Trump a lancé sa grande croisade contre le Socialo-communisme international. Un climat de chasse au sorcière, alimentée par une intense diffusion de propagande rallie les adeptes de l'éradication de la gauche, requalifiée de peste, dans le monde. Xi Jinping sa propre croisade, son rêve pour le monde, un Nouvel Ordre Mondial, sous hégémonie chinoise. Tout un programme de « rééducation » des consciences et de maîtrise des ressources de la planète dont les chinois seraient les bénéficiaires privilégiés. Encore une fois, un sujet bien mieux documenté en espagnol qu'en français. En tout cas en ce qui concerne la meilleure des sources, les déclarations de Xi en personne.

Le problème auquel je dois faire face, comment - au milieu des experts qui débattent du Venezuela en s'apprêtant à compter les morts des deux camps comme autant de victoires, d'investissement de part et d'autre pour des projets de monde que refusent la majorité des habitants de la planète – faire entendre les voix multiples du peuple du Venezuela qui ne soutient ni Guaido, ni Maduro et qui est le grand oublié des débats qui se tiennent à son sujet ? C'est un problème récurrent. On peut observer le même phénomène partout dans le monde, des options politiciennes désavouées par les peuples s'imposent alors qu'inexorablement TINA « There is no alternative » au Nouvel Ordre Mondial avance contre la volonté de la majorité des habitants de la planète.

Poutine, comme Xi, l'a affirmé dans ses discours de politique étrangère. Il souscrit totalement au principe de l'établissement d'un Nouvel Ordre Mondial, mais il souhaite que sa mise en œuvre soit plus « raisonnable » que celle appliquée par les USA. Je pense que contrairement à Xi, il n'a pas les moyens de se porter candidat à l'hégémonie. Son combat est celui d'un partage équitable des marchés entre Corporations Russes, Chinoises et US. Pour chacune de ces versions de l'Ordre, les peuples sont des réservoirs de main d’œuvre et des créateurs de richesses, qui ne leurs sont destinées que dans la mesure où cela favorise la Paix Sociale et la Productivité. Des miettes. Chacun de ces projets aussi implique la création d'une catégorie de citoyens privilégiés qui reçoivent de belles miettes du gâteau terre, alors que le reste de la population est réduite à un statut d'infra-humanité. C'est un raccourci, mais on peut le voir aux USA par exemple, avec les dizaines de milliers de fois où se reproduit cette scène horrible, des personnes agonisent dans les affres du manque crée par de nouvelle drogues pharmaceutiques, héroïne X 10, au milieu des tentes et autres abris de fortune qui sont devenus le mode de vie de la population sans cesse croissante des sans abris, parmi laquelle on retrouve plus de 50 000 vétérans.

Si le socialisme réel a été un échec, le capitalisme ne vaut pas mieux. Un des travail de sape de la conscience populaire menée par la CIA et agences apparentées dans le monde a été de créer une polarisation des peuples qui conduit à la guerre entre voisins, à la guerre entre frères, pendant que les Maîtres accaparent les ressources du pays. Il fallait aussi rendre toute existence d'une Europe forte et unie impossible, l'Europe comme annexe des lobbyistes de Washington, chargée d'ouvrir de nouveaux marchés pour les Transnationales US. Pourtant face à la crise du Venezuela l'Europe ébauche une position indépendante et rebelle : pas d'intervention militaire; Pour le Venezuela il faut une solution pacifique. Ce qui lui a valu d'être déclarée par Trump, ennemie des USA. Va-t-on changer de maîtres, de satellite des USA à subordonnés de la Russie ou vassaux de la Chine ? Notre sort est intimement liés à celui de l'Amérique Latine, dont le potentiel et la pratique de Résistance et l'intelligence collective sont à présent bien plus vitaux, énergiques que les nôtres.

C'est cela aussi, le Nouvel Ordre Mondial, une interdépendance accrue entre chaque point du globe, une interdépendance centralisée dont le programme 5G représente le modèle le plus aboutit, antennes, relais et caméras intelligente partout, C'est la Chine qui domine ce Marché qui a pour enjeu le contrôle du monde. On attendait Big Brother, c'est Big Sister qui se pointe encore bien plus redoutable, issue d'un pays où le lavage de cerveau est une pratique de masse, fruit d'une déjà longue expérience.

Le Venezuela pourrait devenir un modèle de résistance. Pas de quoi se réjouir cependant, parce qu'il le paye très cher en terme de souffrance, infligée volontairement par tout ceux qui veulent le réduire à une masse soumise, Maduro, Guaido, les USA ou la Chine - qui en a déjà accaparé les ressources, l'usure chinoise bénéficie de l'expérience du Plan Marshall et autres USAID : Comment s'approprier un pays en l'amenant à s'endetter au-delà de ses capacités de remboursement, tout en jouant les gentils bienveillants. Tous sont d'ores et déjà les bourreaux du Venezuela.

Voilà pourquoi, bien que je suive attentivement le déroulement des événements, j'ai du mal à les rapporter. Cela n'a rien de réjouissant. Je ne veux pas compter les points, personnes sacrifiées pour l'intérêt d'autrui. La question aujourd'hui est au Venezuela comme ailleurs : Comment unir les populations qui sont les victimes d'intérêts impérialistes de toutes parts ? Comment construire leur (notre) statut de sujet politique (souveraineté populaire) à part entière ?

La réponse au Venezuela, je la trouve dans les Communes. Pas celles socialistes placées sous la domination du Parti, mais dans toutes ces expériences communales spontanées, vivantes et pleines d'espoir, quand des voisins s'organisent pour se donner ensemble les moyens de vivre au mieux, de résister ensemble aux effets de la crise. C'est le premier sourire depuis le début de ce texte, je vois les voisins de barrios de Caracas qui organisent la distribution de l'eau, les familles paysannes qui reprennent les terres oisives de l'état et leurs installations vandalisées, des projets initiés au temps de Chavez que Maduro a littéralement saboté, destruction de l'agriculture paysanne au profit d'une agro-industrie qui comme tout ce qu'il a initié est résolument improductive. Là oui, je vois de belles personnes, pleines de détermination, sourire aux lèvres et manches retroussées œuvrer ensemble pour le Bien Commun. Et elles, me donnent envie de continuer malgré la tentation du désespoir, a relayer à la mesure de mes petits moyens le combat du peuple du Venezuela pour son droit à l'autodétermination. Cela ne se joue pas qu'avec des armes, cela se joue dans l'efficacité d'un quartier d'une commune où les voisins organisent la distributions de l'eau, source première de la vie. Un problème auquel nous risquons d'avoir à faire face au cours des décennies qui viennent. L'ONU met en garde, d'ici à 2030, ce sont 60 à 90% de la population mondiale qui sont menacés de manque d'eau potable.

Dans le dilemme priorité à l'Agriculture Paysanne ou Industrialisation, pays en état de Souveraineté Alimentaire ou Grande Puissance affamée,  on retrouve également un parallèle avec l'histoire maoïste de la Chine, réforme et contre-réforme agraire, jusqu'à la stérilisation des campagnes.

Quand même, avant de vouloir construire une grande puissance, établir les conditions de la Souveraineté Alimentaire est une priorité. Tout était en place pour y parvenir au Venezuela quand Chavez est mort. Tout a été détruit ou abandonné, par les choix de Maduro. Un peuple qui se donne les moyens de bien manger, ne dépend plus d'une aide de l'état qui le rend docile. Souveraineté alimentaire et souveraineté populaire vont de paire. La première chose que les USA se sont attaché à détruire en Europe, c'est l'agriculture paysanne nous livrant au bon vouloir des multinationales et de leur Super Marché. Qui détient la nourriture détient le pouvoir...

Le Venezuela est le point focal d'enjeux planétaires, Nouvel Ordre Mondial à toutes les sauces ou Souveraineté Populaire. Que va faire la Chine, dont les "investissements" au Venezuela sont menacés par la reprise en main US, ce qui ferait reculer irrémédiablement leur avancée triomphale, vitesse TGV, vers l'hégémonie mondiale ?  Des enjeux qui nous concernent.

 

Anne W

 

 

 

 

 

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Gilles Deleuze, février 1977.

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