26 février 2019 2 26 /02 /février /2019 11:32
Au Venezuela comme ailleurs : un monde en plein délire 

Là, je le dis, on nage en plein délire. Délire au Venezuela, mais aussi délire mondial. Je savoure des moments de paix alors que le risque est grand d'avoir bientôt les missiles de Poutine braqués sur nos têtes.

 

Il y a le délire de Trump qui dans la même semaine se déclare ennemi de l'Europe, et des peuples d'Amérique latine. Il atteint les proportions d'un jamais vu de l'histoire. Trump s'était déjà déclaré ennemi de la Russie, de l'Iran, de la Chine... verrons-nous bientôt les USA, Israël et l'Arabie Saoudite, seuls contre le monde entier ? L’arsenal militaire mondial actuel pourrait détruire plusieurs fois la planète ou faire périr tous ses habitants… et cela en soi est une folie. Une folie que les peuples réprouvent dans leur ensemble, sans que cela ait jamais arrêté des dirigeants à la solde des marchands d’armes.

N'y aura-t-il personne pour mettre un frein à l’escalade belliqueuse avant que se produise le pire ?

 

Le plus fou est sans doute Xi Jinping, mais lui est un fou « raisonnable » (en apparence) qui cache bien son jeu. Le rêve de Xi est celui d'un grand malade... La francophonie manque cruellement de données à ce sujet, ce qui ne lui permet de mesurer le danger. Un des aspects de son projet est qu’il consiste en un monde unique, la planète comme foyer d’une humanité au destin commun, dans lequel le peuple dispose de droits économiques, pas de droits politiques. Un monde aussi où les divergences de point de vue politique sont considérées comme des maladies, des virus idéologiques à extirper des consciences qui en sont atteintes. Alors que sur le goban monde, la ligne de TGV Shangaï-Madrid, est une grande avancée de la Chine en Europe.

 

Le seul qui ne soit pas fou dans l'histoire, c'est Poutine. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'est pas dangereux.

 

La logique voudrait que Bernie Sanders s'auto-proclame président des USA. Pourquoi ? Le résultat des dernières élections présidentielles a été le suivant Taux de participation : 55,7 %; H. Clinton 65 653 514 voix 227 grands électeurs et D. Trump 62 984 828 voix 304 grands électeurs

Ce qui montre que le système électoral des USA est injuste puisqu'il permet à celui qui a été élu par une minorité d'abuser de ce pouvoir et de prendre des décisions qui ne reflètent l'idéologie que d'une minorité de minorité, la tendance fasciste du parti républicain. Ce n'est pas démocratique.

Selon notre conception de la démocratie, c'est le parti démocrate qui a gagné les élections présidentielles aux USA. Et donc, je cite Bernie Sanders, mais en réalité ce serait au Parti démocrate de choisir son président en vue d'auto-proclamation comme l'a fait l'Assemblée Nationale au Venezuela, en élisant Juan Guaido pour assumer cette fonction. Trump qui a été le premier a reconnaître Guaido , légitime lui-même ce genre de dangereuse logique.

Le 8 décembre des enfants chantaient des chants de Noël au Venezuela, vont-ils se retrouver plongés dans une guerre qui n'est pas la leur ?

Et le délire au Venezuela n'est pas triste non plus. Quand on confronte les sources officialistes avec celles de l'opposition, on y parle ni du même pays, ni des mêmes événements. Dimanche, chaque camp fêtait sa victoire, et chaque camp présente cette victoire comme celle du peuple dans son entier. Il y aurait donc deux peuples, et deux Venezuela évoluant dans des réalités parallèles ? Le risque est grand que la rencontre entre ces deux peuple soit explosive et sanglante.

 

La victoire de Guaido a été de courte durée, il pensait avoir créé les conditions pour une intervention militaire immédiate, il a du déchanter, à la réunion du Groupe de Lima, Lundi, il a été le seul avec Mike Pence a défendre cette position. Tous les autres participants veulent une issue pacifique du conflit.

 

Du côté de l'officialisme, on fête la mise en échec de la tentative de coup d'état et le Grand Chef, Maduro, le Conducteur de Victoires. Un cri de victoire sans doute un peu prématuré. Si la décision officielle du Groupe de Lima est d'intensifier les pressions sur le régime de Maduro pour permettre l'organisation d'élections vraiment transparentes, dans son discours, Juan Guaido a clairement annoncé sa volonté d'intensifier les processus de déstabilisation sociale par des actions de la société civile.

 

Or « La société civile » est un acteur clé des processus de déstabilisation des coups d'état doux. Au Venezuela, l'histoire de sa fabrication comme outil de lutte contre le chavisme est amplement documentée. Ce sont des organisation comme la NED, l'USAID et OTPOR qui ont assuré sa formation à grands coups de subsides en millions dollars... Et les leaders de cette société civile ont été entraînés à des techniques paramilitaires. Des bruits circulent, malheureusement fort plausible : les USA feraient entrer de l'armement lourd au Venezuela. Des armes destinées à cette société civile.

Pacifiques manifestants de la société civile armés de mortiers faits maison.

Pacifiques manifestants de la société civile armés de mortiers faits maison.

Un phénomène d'autant plus inquiétant que, dans l’autre camp, on a pu voir sur le terrain samedi Iris Varela, la Ministre du Système Pénitentiaire entourée de civils lourdement armés. La rumeur veut que ce soit des prisonniers libérés par Iris. La rumeur est plausible, une partie de la gestion des prisons au Venezuela est basée sur les bonnes relations qu'entretient la Ministre avec les Pranes, les chefs de bandes criminelles. Elle n'hésite pas à poser en leur compagnie dans de grandes embrassades, elle n'hésite pas non plus à passer par dessus les autorités du système judiciaire pour accorder à ses favoris des statuts de liberté sous contrôle.

Je m'étais plongée dans le bourbier des prisons au Venezuela après l'incendie de Policarabobo, prison de fortune, qui avait fait au moins 68 mort. Les prisons sont surchargées, les « prisons improvisées, provisoires qui durent se multiplient, locaux inadéquats, absence de toute logistique et de personnel compétent. Iris avait alors déclaré que cela ne la concernait pas.... elle, s'occupe du vrai système pénitentiaire : les prisons camps de vacances pour ses pranes chouchous et d'autres qui sont des vrais centres de « redressement idéologique » qu'approuverait certainement Xi Jinping. Et donc des dizaines de milliers de prisonniers au Venezuela ne dépendent de la responsabilité de personne et pourrissent dans des basses fosses crasseuses, surpeuplées, dépendant souvent entièrement de leur proches qui doivent leur fournir jusqu’à l’eau qu’ils boivent.

 

Lors de ce dramatique événement je venais de reprendre le blog, des premiers doutes se sont insinués dans mon esprit concernant le régime de Maduro, après « plus ample informée » j'étais parvenue à la conclusion que soutenir Maduro, c'est soutenir Staline, Mao et Xi Jinping, pas le projet de Chavez.

 

La Ministre Iris Varela, entourée de ses pranes armés dimanche à la frontière

La Ministre Iris Varela, entourée de ses pranes armés dimanche à la frontière

Soit, ce que je voulais mettre en lumière, c'est qu'il y a des bandes armées des deux camps qui menacent d'en découdre, provoquant une montée de violence dont la première victime serait le peuple, ce peuple qui dans son immense majorité ne veut pas de la guerre. Les bandes à Iris, elles ont été entraînées sur le terrain dans l'extrême violence des pandillas, à côté de ces bandes existent les « collectifs » qui sont également des bandes armées, exécutrices des sales besognes du régime. Et des composantes d'une guerre civile possible il en existe d'autres comme les infiltrations de FARC , de paramilitaires colombiens, et autre navy seals sous couverture... Ce que veux Guaido, c'est mettre le feu au poudres des fusils de la guerre fratricide.

 

Les seules voix raisonnables qui s'élèvent aujourd'hui, viennent du peuple. Peuple chaviste mais aussi du côté opposition se multiplient les voix qui mettent le peuple en garde contre le délire de Guaido et sa volonté de plus en plus affirmée de provoquer les conditions d'une intervention militaire US du Venezuela ou d'une de leurs armées proxy. Alors que le message final de le rencontre du Groupe de Lima, le dit clairement, ce qui permettrait l’intervention militaire là, tout de suite, celle dont veulent les USA : ce serait l’assassinat de Juan Guaido ou de es proches. Un crime dont comme le dit le communiqué, Maduro est coupable par anticipation. Guerre préventive et coupable par anticipation, deux notions qui jouent un grand rôle dans les marketing de guerre étasunniens. Comme Guaido a prouvé que « ya no sirve » qu’il ne sert pas à grand-chose en pratique…

 

Ni Guaido, ni Maduro ! Pas d'intervention étrangère ! Des slogans qui rassemblent toujours plus de Vénézuéliens, sans pourtant qu'ils arrivent à former un mouvement organisé susceptible de faire valoir son point de vue. Ils sont pourtant ensemble le potentiel de reconstruction de ce pays dévasté par la conjugaison des attaques de déstabilisation incessantes de la droite et l’incompétence (pour ne pas dire pire) de son gouvernement.

 

Anne W.

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